Par JBB (Article 11)
Et si le temps virait à l'émeute ?
C'est une question centrale, affleurant largement dans le débat sur la séquestration des patrons ou sur les manifestations de Strasbourg et de Bastia. C'est surtout une question qui va devenir de plus en plus essentielle, tant l'autisme du gouvernement et l'exaspération croissante ne laissent guère entrevoir d'autre issue. Alors : bientôt un, deux, trois, cent émeutes ?
Vous sentez ?
Non ?
Mmmhhh…
Vous ne voyez rien monter ?
Non plus ?
Mmmhhh…
Vous êtes bouchés à l'émeri ?
Pas à votre connaissance ?
Mmmhhh…
Ok, reprenons rapidement.
Des salariés qui décident de faire prisonnier - un temps seulement, mais prisonnier quand même - leurs patrons, à tel point que Sarkozy s'est cru obligé d'y aller de son avertissement : « Qu'est ce que c'est que cette histoire d'aller séquestrer les gens ? On est dans un Etat de droit, je ne laisserai pas faire les choses comme ça », a tonné l'incontinent, doublé sur sa droite par un Jean-François Copé qui s'est dit « scandalisé » par le séquestration des patrons.
Des étudiants qui investissent leur université, à Rennes, Strasbourg et Orléans, ou s'invitent au Crous, à Paris.
Des barres de fer et des cocktails molotov qui ressortent de sous les manteaux, en Alsace ou en Corse.
Des forces de l'ordre qui pètent les plombs, usent de moyens disproportionnés et illégaux, laissent libre court à leur goût de la violence et se comportent en moins que rien, à Bordeaux, Strasbourg ou Bastia.
Un présidentiel meneur de revue qui a perdu tout contact avec ce peuple qui est censé l'avoir choisi comme représentant, seulement capable de pavoiser dans des sommets internationaux mais pas foutu de se déplacer en son royaume autrement que derrière une armée de policiers et de gendarmes, à tel point que même le très modéré journaliste Jean Quatremer constate qu'il y a un problème : « La République tchèque vient, à distance, de donner une bonne leçon de démocratie à la France. Alors que Barack Obama s'est déplacé durant deux jours dans une ville fantôme quadrillée par 10 000 policiers et vidée de ses habitants, il a pu se faire sans problème acclamer par 30 000 personnes à Prague, ce matin (…). Les Tchèques ont fait la tranquille démonstration que l'on peut assurer la sécurité d'un président américain sans décréter l'état de siège, comme les autorités françaises l'ont fait à Strasbourg pendant le sommet de l'OTAN. »
Des jeunes pour cibles de toutes les politiques étatiques, eux qui sont promis au chômage une fois sur le marché du travail et sont victimes d'un véritable harcellement législatif - qu'il s'agisse de les empêcher de picoler ou de télécharger - , certitude que la fracture générationnelle est désormais telle qu'elle ne pourra se régler autrement que dans la rue.
Et un président qui fait l'autiste, seulement capable face au chômage et à l'augmentation de la misère de dire son refus de toucher au paquet fiscal - « Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts, moi (…) moi, j'ai été élu pour réconcilier la France avec l'entreprise et avec l'usine » - et de prôner de nouvelles déductions pour les imposés à l'ISF, au prétexte que « ça va bien au-delà de la gauche, de la droite, c'est du bon sens ».
Je sais, je sais : vous connaissez cela aussi bien que moi.
Et il n'y avait nul besoin de ce récapitulatif pour vous convaincre que les choses vont de mal en pis et vous persuader que l'exaspération finira bien par se trouver un exutoire.
Mais quand même : un petit résumé n'est jamais inutile.
Tant mettre bout à bout ces données ne laisse guère entrevoir d'autre horizon que celui de la colère et de l'émeute.
Un avenir sombre et ardent qui conduit à relativiser largement tout le bruit soulevé - ces temps-ci - autour de la question de la violence, celle des black blocks, des Corses ou des ouvriers licenciés.
Puisque ce n'est qu'un début.
Que ce sera pire, forcément.
Et qu'il faut se rendre à l'évidence : jamais grand changement ne s'est opéré avec des petites fleurs et de douces paroles.
Bref, ce ne sera au fond que justice si, à la violence du gouvernement - dans sa police ou sa politique - , répond un jour celle des opposants
http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=3081
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AFP
10/04/2009
Grèce : Violence contre des banques
Des jeunes cagoulés ont brisé aujourd'hui vers midi les vitrines de quatre banques dans le quartier de Pétralona, près du centre d'Athènes, a-t-on appris de source policière.
Armés de barres de fer et de masses, une dizaine de jeunes ont endommagé des agences de la Banque Nationale de Grèce, la première du pays, Millenium Bank, la Banque du Pirée et Eurobank avant de prendre la fuite, selon les employés des banques endommagées.
L'opération menée à une heure de grande affluence, n'a duré que quelques minutes, selon eux. Aucune arrestation n'a eu lieu jusqu'ici, la police est arrivée après la fin de l'opération.
Il s'agit de la seconde opération-commando des jeunes casseurs à Athènes dans un mois.
Le 13 mars, une cinquantaine de jeunes cagoulés avaient brisé plusieurs vitrines de banques et commerces, et endommagé des voitures dans deux rues commerçantes du quartier chic de Kolonaki, au centre d'Athènes.
Ils avaient pris la fuite avant que la police arrive sur place en laissant sur leur passage des tracts demandant la libération d'un jeune arrêté en 2007 pour un braquage de banque à Athènes, et considéré par la police comme appartenant à la mouvance anarchiste.
Les autorités grecques sont confrontées à une intensification de la violence contestataire depuis les troubles urbains déclenchés à travers le pays par la mort d'un adolescent de 15 ans tué à Athènes le 6 décembre dernier par les balles d'un policier.
(blog de Sly)