C'est l'un des plus grands centres d'écoute du monde. Dans cette base secrète protégée par des miradors, des chiens policiers et des barbelés électrifiés, treize immenses antennes paraboliques espionnent, jour et nuit, toutes les communications internationales qui transitent par les satellites visés.
Où est cette base, dont " le Nouvel Observateur " publie ici la photo ? Aux Etats-Unis ? En Russie ? Non, dans le Périgord, sur le plateau de Domme, à côté de l'aéroport de Sarlat. Le lieu est officiellement (et pudiquement) appelé " centre radioélectrique ". Là, le service français d'espionnage, la DGSE, surveille quotidiennement des centaines de milliers - des millions ? - de discussions téléphoniques, d'e-mails, de fichiers ou de fax. C'est le site principal des " grandes oreilles " de la République.
Ce n'est pas le seul. A l'instar des Etats-Unis et des pays anglo-saxons liés à eux, la France a, ces dix dernières années, mis en place un réseau mondial d'interception. " Le Nouvel Observateur " peut confirmer l'existence - et publier les photos - de trois autres bases d'écoutes " satellitaires " de la DGSE. L'une - dont le nom de code est " Frégate " - est cachée dans la forêt guyanaise, au coeur du centre saptial de Kourou. L'autre, terminée en 1998, est accrochée au flanc du cratère Dziani Dzaha, sur l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien. Toutes les deux sont gérées en commun avec le BND (Bundesnachichtendienst), le service secret allemand. Le troisième centre est dans la banlieue ouest de Paris, sur le plateau d'Orgeval, aux Alluets-le-Roi. Au total, une trentaine d'antennes " couvrent " la quasi-totalité du globe, à l'exception du Nord sibérien et d'une partie du Pacifique.
Il y aura bientôt d'autres stations. Elargir son réseau d'écoute " satellitaire " est " une priorité " de la DGSE, comme l'écrit le rapporteur du budget 2001 de la défense, Jean-Michel Boucheron. A cette fin, le service secret français dispose chaque année de moyens financiers accrus. Une nouvelle station est en construction sur le plateau d'Albion, là où étaient stockés les missiles nucléaires avant le démantèlement des silos ; une cinquième est en projet sur la base aéronavale de Tontouta, en Nouvelle-Calédonie.
Bien entendu, cet ensemble est - et restera - beaucoup moins puissant et performant que son modèle anglo-saxon dont il est souvent question depuis quelques mois et que l'on appelle communément " Echelon".
Voir la suite ici :
http:// reseau.echelon.free.fr/reseau.echelon/domme.htm
(1) Lire au sujet d'Echelon : " Surveillance électronique planétaire ", par Duncan Campbell, Editions Allia.
http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=4437