Après 5 mois de bombes OTAN, il est clair que la guerre civile en Libye est bloquée, malgré les annonces par les insurgés de victoires militaires (comme celle de lundi -Brega conquise- immédiatement démentie par les kadhafistes) et d’ « imminentes » offensives finales pour « libérer » Tripoli.
Même les « humanitaires » (USA, OTAN, France, jusqu’à l’Italie du futile Frattini qui depuis quelques jours ne se montre plus) ont dû s’en rendre compte. Pour rompre l’impasse il faut une initiative diplomatique, « une solution politique » (sur laquelle même l’OTAN continue à papoter, entre deux bombardements). Hier (mardi 19 juillet, NdT), le Département d’Etat étasunien a confirmé les contacts d’envoyés - qui devraient être Jeffrey Feltman, secrétaire assistant pour le Proche Orient, et l’ambassadeur en Libye Gene Cretz- avec de non mieux spécifiés émissaires libyens. La rencontre se serait tenue samedi à Djerba, en Tunisie. Selon les Usa il ne s’est pas agi de « négociations » mais seulement de la remise d’un message « clair et ferme », « simple et non ambigu » : Kadhafi doit s’en aller. La rencontre a été confirmée bien que lue d’une autre manière par les Libyens. Le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, a parlé d’un « pas important pour réajuster les rapports avec les USA », soutenu par Tripoli comme « n’importe quel dialogue et initiative de paix, pourvu qu’il ne prétende pas décider de l’avenir de la Libye depuis l’étranger », et sans poser de « pré conditions ». Washington insiste à dire que « ce ne sont pas des négociations » et que d’autres rencontres ne sont pas prévues.
Mais il semble clair que même les Américains n’y croient plus beaucoup. Idem pour les Français du très belliqueux Sarkozy, qui à ce qu’il semble ont eu des rencontres similaires avec les Libyens, eux aussi à Djerba. Sarko (le président N. Sarkozy, NdT), tout comme l’anglais Cameron (qui pour le moment a d’autres chats à fouetter), depuis le début de la « guerre humanitaire », est le plus endiablé des « volontaires » (sa réélection de 2012 se jouant aussi sur le front libyen, entre autres raisons) mais lui aussi alterne désormais entre postures napoléoniennes et diplomatie souterraine. Il devrait aujourd’hui recevoir à l’Elysée les chefs militaires des insurgés de Misrata, accompagnés de ce triste charlatan de nouveau philosophe Bernard-Henri Lévy, pour assurer de nouvelles fournitures d’armes après celles, très critiquées et jusqu’à présent inutiles, parachutées aux insurgés sur les montagnes du Djebel Nefussa. « Le compte à rebours a commencé », a tenté de répéter le ministre de la défense français Gérard Longuet. Mais ça fait 5 mois qu’ils répètent la même litanie et désormais même eux n’y croient plus.
Ceux qui travaillent pour une plus logique solution négociée sont les Russes (qui ne sont pas aller se mettre en rang derrière l’Occident pour reconnaître le Cnt de Benghazi comme « seul représentant légitime » de la Libye), les Turcs et les Sud-Africains pour le compte de l’Union africaine. Lundi (18 juillet, NdT) c’était le président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, hier (19 juillet) le président russe Dmitri Medvedev qui s’est dit convaincu qu’ « un compromis » entre Tripoli et Benghazi est encore « atteignable » et garde une position « équidistante » entre les deux parties (contrairement à l’ONU et à l’OTAN).
Aujourd’hui le ministre des affaires étrangères russe Serghei Lavrov rencontrera son homologue libyen Abdelati al Obeidi « dans le cadre des efforts de l’Union africaine pour qu’on cesse de répandre le sang et pour trouver une solution politique ».
Edition de mercredi 20 juillet de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20110720/manip2pg/09/manip2pz/307021/
.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=25710