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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 03:57

http://fortune.fdesouche.com/8846-gouvernement-mondial-une-escroquerie-et-une-menace

 

Un ouvrage remarquable de l’économiste Georges Corm, ancien ministre
libanais de l’Economie, nous donne l’opportunité de le présenter et ce
faisant, revenir sur cette mondialisation que l’on nous présente comme
inéluctable et sur la financiarisation de l’économie. Nous allons examiner
comment l’Occident veut, à travers le libéralisme sauvage, imposer une
vision du monde qui fragilise les sociétés et les laisse en proie à
l’errance.(1)

Fethi Gherbi explique les fondements du néolibéralisme, écoutons-le :
«Après le démantèlement de l’empire soviétique, le dernier des empires
européens, il s’attelle fiévreusement à mettre la main sur le reste du
globe, à imposer sa globalisation. (...) L’État Providence est mort de sa
belle mort. Tous les acquis que les travailleurs ont arrachés aux démocraties
libérales grâce à leur lutte et à la pression qu’exerçait le camp
socialiste sur le «monde libre», se réduisent comme une peau de chagrin.
(...) Empires disloqués, nations éclatées, voilà l’orientation que le
néolibéralisme veut imposer au sens de l’histoire. Le capital a horreur des
frontières comme il a horreur des solidarités.»(2)

Néolibéralisme destructeur des structures collectives

«Le mouvement, rendu possible explique Pierre Bourdieu par la politique de
déréglementation financière, vise à mettre en question toutes les structures
collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur : nation,
dont la marge de manoeuvre ne cesse de décroître. (...) Ainsi s’instaurent
le règne absolu de la flexibilité, avec les recrutements sous contrats à
durée déterminée ou les intérims et les «plans sociaux» à répétition.
Pour lui, le libéralisme est à voir comme un programme de «destruction des
structures collectives». Le néolibéralisme vise à la ruine des instances
collectives construites de longue date par exemple, les syndicats, les formes
politiques, mais aussi et surtout la culture en ce qu’elle a de plus
structurant et de ce que nous pensions être pérennes.»(3)

Pour sa part, Dany-Robert Dufour tente de montrer que, bien loin d’être
sortis de la religion, nous sommes tombés sous l’emprise d’une nouvelle
religion conquérante, le Marché ou le money-théïsme. Il tente de rendre
explicites les dix commandements implicites de cette nouvelle religion, beaucoup
moins interdictrice qu’incitatrice - ce qui produit de puissants effets de
désymbolisation, comme l’atteste le troisième commandement : «Ne pensez
pas, dépensez!». «Destructeur de l’être-ensemble et de l’être-soi,
écrit Dany Robert Dufour, il nous conduit à vivre dans une Cité perverse.
Egotisme, contestation de toute loi, acceptation du darwinisme social,
instrumentalisation de l’autre : notre monde est devenu sadien.»(4)

Une autre conséquence de cette mondialisation débridée est la
financiarisation de l’économie, en clair, la spéculation est à l’honneur,
elle est de loin préférée à l’économie réelle, celle issue du travail.
Une fine observatrice des mutations et de la mondialisation, Susan Georges,
interviewée par Rue 89 à propos de cette débâcle, déclare : «(...) En
2009, Le monde était alors à un cheveu de la catastrophe. Le G20 a parlé des
paradis fiscaux, de l’emprise des marchés financiers, de l’emploi, de
l’environnement, etc. Et puis une fois que les banques ont été sauvées,
tout cela a complètement disparu. Le G20 et le G8 bricolent des solutions pour
sauver les banques une deuxième fois. Et puis rien. Pourquoi cette
résignation? Les gens pensent peut-être que leurs dirigeants sont en train de
sauver la Grèce ou l’Espagne. C’est complètement faux, ils sont en train
de sauver les banques qui ont acheté de la dette grecque ou de la dette
espagnole... Il ne s’agit pas de faire quoi que ce soit pour les peuples. Non
seulement on sauve les banques une seconde fois, mais qui le fait? Ce sont les
peuples, par l’amputation de leur retraite, la baisse de leur salaire, la mise
à pied de fonctionnaires.»(5)

Interrogée sur le changement elle déclare : «Apprendre. Il faut commencer
par apprendre. Aujourd’hui, la politique est devenue bien plus compliquée.
(..) Quand on disait «Arrêtez l’apartheid», on n’avait pas besoin d’un
long discours. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Si on ne sait pas comment
ça se passe, ce qui est voté, à quel moment, on ne peut agir. Donc il faut
apprendre, aider d’autres à apprendre, organiser, faire des alliances. Et
communiquer. Nous travaillons sur une autre approche : «Pour changer la banque,
changez de banque.» (...)Pour un pouvoir politique, la première décision à
prendre est de prendre le contrôle des marchés financiers, des banques. Ça
crève les yeux. Ils font la pluie et le beau temps : il faut les mettre sous
tutelle. Le G20 est illégitime. Il ne représente que les grands joueurs du
système. Où est le G172?»(5)

Cette financiarisation fait des heureux : Les traders. On apprend que le
montant moyen des 100 premiers bonus atteint 1,65 million d’euros. Les bonus
versés par les banques françaises se sont élevés à près de trois milliards
d’euros en 2010, 8200 «professionnels des marchés» se sont vu attribuer 2
milliards d’euros. Des montants qui étonnent. Lesquels font le parallèle
avec les rémunérations moyennes et médianes des dirigeants du Cac 40, proches
de 2,5 millions d’euros.

L’industrie publicitaire

Nous retrouvons la même «indignation» que celle de Susan Georges chez
Stéphane Hessel, auteur du minilivre et best-seller titré «Indignez-vous!»,
qui évoque la gauche, un XXIe siècle qui a mal débuté,
et...l’indispensable indignation. «Il y a toujours eu des raisons de
s’indigner, mais ce besoin est plus fort aujourd’hui. La première décennie
du XXIe siècle a mal tourné. La dernière décennie du XXe siècle, elle,
avait été une période faste, entre la chute du mur de Berlin et la mise en
place par les Nations unies des Objectifs du millénaire pour le développement.
Il y a eu des grandes conférences : Rio sur l’environnement, Pékin sur les
femmes, Vienne sur les droits de l’homme et le droit au développement,
Copenhague sur l’intégration sociale...Ces conférences disaient : il y a des
choses à faire! Et puis, en 2001, après la chute des tours, on a vécu le
rejet de ces initiatives. Ce fut la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak.
Aux Etats-Unis, c’est la décennie de George Bush. Tout cela justifie que
quand l’on reçoit en pleine figure un petit livre de 25 pages qui dit :
«Faut s’indigner, faut résister, y en a marre!», cela a cet étonnant
effet. Il y a une nuance importante. Le «révoltez-vous» de Sartre rappelle la
Révolution d’Octobre, peut-être aussi Mai 68, des moments forts, importants,
mais qui n’ont pas donné lieu à un vrai changement en termes de justice et
de démocratie. La dignité est un terme intéressant. Il figure dans
l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme [dont
Hessel était l’un des rédacteurs, Ndlr] : «Tous les êtres humains naissent
libres et égaux en dignité et en droits.» La dignité, plus que la révolte,
est quelque chose qui marque l’individu humain. Le citoyen est fier de sa
dignité d’homme et quand elle lui semble attaquée, il est normal qu’il
s’indigne. (...) Il y a énormément de choses à faire, et elles sont à
portée de main de chacun. Il faut, par exemple, lutter contre une économie
entièrement dominée par le profit, et on peut le faire en s’engageant par
exemple dans l’économie sociale et solidaire. (...) Il faut écouter les
gens, savoir ce qui les indigne, comprendre sur quoi on peut travailler avec
eux, et non pas leur dire, comme le font les idéologues : voilà ce que tu dois
faire.»(6)

Justement, l’ouvrage de Georges Corm fait le procès de la mondialisation
comme étant le fossoyeur des solidarités qui rentraient dans les prérogatives
de l’Etat-Nation. Pour Bernard Gensane, l’ouvrage de Georges Corm est très
utile de par sa remarquable dénonciation d’un néolibéralisme qui a réussi
à faire dépérir l’État et ses fonctions de protection de la société.
Bien au contraire. «La crise a été presque exclusivement traitée comme un
problème de techniques et de pratiques bancaires et financières à réformer
ou mieux contrôler.» «Éclipsant totalement le personnel politique qui leur a
donné les clés d’un pouvoir non démocratique, les gouverneurs de banque
centrale sont devenus des personnages «hors du commun». (...) Le capitalisme
financier est un monde sans foi ni loi, sans perspectives (hormis le profit à
court terme), sans démarche programmatique. L’absence de contre-pouvoir
politique à sa folle marche en avant, produit régulièrement des catastrophes
(..) Dans le monde du capitalisme financier, «les questions essentielles ne
sont plus débattues». La gestion de la réduction des émissions de gaz à
effet de serre a été confiée à ceux qui polluent. Plus aucun responsable
n’est inquiété. Madoff est condamné pour la galerie, mais pas Goldman-Sachs
ni Alan Greenspan, responsable institutionnel de la spéculation boursière.
Dans cette jungle, disparaissent le sens du bien public, le respect de l’État
(«L’État n’est pas la solution, c’est le problème», disait Reagan).
Son rôle même de producteur de richesses (éducation, formation
professionnelle, santé, infrastructures, salaires des fonctionnaires dépensés
en achat de biens produits par le secteur privé) n’est plus reconnu. Ce recul
de l’État a favorisé, jusque dans les pays de tradition jacobine, une
fragmentation de la société sous l’effet du multiculturalisme à
l’anglo-saxonne. Celui-ci tend, rappelle l’auteur, «à transformer les
villes en ghettos urbains ethniques ou religieux et à réorganiser les
quartiers suivant les niveaux de fortune». Par ailleurs, le recul de l’État
a permis un véritable inceste entre le monde des affaires et celui de la
politique (Berlusconi, Hariri, Dick Cheney, les oligarches russes).»(7)

Dans une interview réalisée par Pascal Boniface, Gorges Corm explicite le
fil conducteur de son ouvrage. Ecoutons-le : «Le nouveau mode de fonctionnement
du monde est constitué d’un pouvoir qui est mondialisé au sens où si l’on
ne se plie pas à ses règles on est ostracisé ou combattu avec virulence et
d’une économie qui est globalisée, c’est-à-dire ouverte à tous vents.
Dans ce contexte, peut s’exercer ce que l’on appelle la dictature des
marchés, c’est-à-dire celle des grands spéculateurs financiers, celle des
agences de notation et des principaux médias économiques. (...) Il y a une
formidable concentration de pouvoir politique, financier et économique, mais
aussi médiatique, aux mains de quelques dirigeants politiques ou économiques
et directeurs d’agences de financement et de fonds de placements et de
banques. (...) L’ «industrie publicitaire» est le bras armé de ce système
qui nous emprisonne. Il coûte 400 milliards de dollars par an qui sont payés
par les victimes du système, c’est-à-dire les consommateurs. Vous imaginez
ce qui pourrait être accompli avec cette somme dans le domaine des protections
sociales qui se réduisent partout comme une peau de chagrin sous l’effet de
l’idéologie néolibérale. (...)»(8) L’un des arguments répété ad
nauseam est la sécurité. Georges Corm écrit : «Rien n’a été plus propice
au démantèlement de l’Etat de droit et de «providence» sociale que la
grande peur suscitée par les questions sécuritaires dans un contexte
idéologique largement préparé par l’idéologie du choc des civilisations,
popularisée par le livre de Samuel Huntington qui ne fait que reprendre des
thèmes éculés sur les risques de «déclin de l’Occident» face à
l’Orient. Au thème de la subversion communiste a succédé celui du danger de
«l’islamo-fascisme» dont George Bush fils avait fait son leitmotiv quasi
quotidien. (...) Du côté de l’Orient musulman, la montée du fondamentalisme
est résultée de plusieurs facteurs, dont l’instrumentalisation des trois
monothéismes au cours de la Guerre froide pour lutter contre l’extension du
communisme, mais aussi la perpétuation de l’hégémonie américaine et les
occupations militaires qu’elle a entreprises en Irak et en Afghanistan, sans
parler du comportement israélien dans les territoires palestiniens occupés et
l’appui que reçoit Israël des Etats-Unis et des gouvernements
européens.»(8)

Totalitarisme

«Il en a assez, Georges Corm! écrit Robert Solé. Assez d’entendre parler
des exigences de la mondialisation. (...) Dans ce système, il ne voit que des
sociétés déstructurées, des familles éclatées par des mouvements
migratoires, des crispations identitaires mortifères, des Etats progressivement
dépossédés de leurs compétences...On a jeté aux orties, selon lui, toutes
les bases de l’éthique héritées de la Renaissance et des Lumières. Un
totalitarisme de la pensée a été remplacé par un autre, écrit Georges Corm.
Le système ne peut être critiqué qu’à la marge. Faire la révolution?
L’économiste libanais a passé l’âge des barricades. Il prône une
«dé-mondialisation progressive» qui permettrait de «défaire les mécanismes
les plus nocifs», mettre un terme aux absurdités économiques et sociales du
système actuel et y «ramener de la raison et de l’éthique». Ses espoirs se
tournent pourtant du côté des Etats-Unis : parmi les facteurs possibles de
changement, il parie sur «un déclin continu de la puissance économique
américaine». On ne sait si c’est d’abord une prédiction ou un
souhait.»(9) D’où viendrait le salut? Corm analyse «les forces du
changement». Au premier rang desquelles il situe le Forum social mondial,
héritier des utopies planétaires de société universelle, juste et
équitable. (...) En conclusion, Corm estime que l’on ne saurait faire
l’impasse, malgré ses limites, sur l’État-Nation qui «exprime le désir
d’une collectivité humaine d’être maîtresse de son destin par des
mécanismes de représentation de ses membres et le contrôle des actes de ses
dirigeants élus afin d’assurer la conformité et l’intérêt de la
collectivité et de tous ses membres».(7)

Il rejoint ce faisant, les écrits prophétiques de Bourdieu que nous avons
cités plus haut. Il nous faut nous indigner car la mondialisation n’est, en
définitive, pas autre chose que la dissolution des souverainetés-notamment les
plus fragiles-par la marchéisation de tout, alors démondialiser selon le mot
de Corm c’est repolitiser. L’Etat retrouvera alors sa légitimité.

1.Georges Corm : Le nouvel Ordre mondial Editions la Découverte. 2010

2.Fethi Gharbi : L’émiettement de l’humain Site Bellaciao 20 mai 2010

3.Pierre Bourdieu : L’essence du néolibéralisme. Le Monde diplomatique
Mars 1998

4.Dany Robert Dufour : L’Art de réduire les têtes, Editions Denoël,
Paris. 2003.

5.C.E. Chitour : Le Néolibéralisme : Destruction du collectif....Le Grand
soir

5.Zineb Dryef, Pascal Riché Interview de Susan George, Rue89 17/01/2011

6.Chloé Leprince Pascal Riché Interview de Stéphane Hessel : Rue89
30/12/2010

7.Bernard Gensane : George Corm. Le nouveau gouvernement du monde.
Idéologies, structures, contre-pouvoirs
http://www.legrandsoir.info/George-Corm-Le-nouveau-gouvernement-du-monde-Ideologies-structures-contre-pouvoirs.html


8.Le nouveau gouvernement du monde Pascal Boniface. Interview Georges Corm, 28
10.2010

9.Robert Solé : Georges Corm : pour une «dé-mondialisation». Le Monde
04.01.11

Professeur Chems Eddine Chitour

Ecole Polytechnique enp-edu.dz


Jeudi 20 Janvier 2011

 

 

http://www.alterinfo.net/DEVANT-LE-NOUVEAU-GOUVERNEMENT-DU-MONDE-S-indigner-et-resister_a54094.html

 

 

1.Posté par Abelkader DEHBI le 20/01/2011 12:29
Le début du Salut pour l’Humanité, ce sera seulement le jour où, des millions et des millions de citoyens du monde – hommes et femmes – descendront à la même date convenue, pour une protestation permanente dans les rues des grandes capitales du monde en criant leur indignation et leur ras-le-bol, et en dénonçant clairement et sans ambigüité, le seul vrai responsable des malheurs du monde : l’hydre criminelle, impérialiste et raciste que représente le Mouvement Sioniste Mondial et ses organisations satellites qui contrôlent les Gouvernements, les Finances, l’Information, l’Energie et les Industries de la mort. http://abdelkader.blogs.nouvelobs.com/
4.Posté par BAB le 20/01/2011 18:59
La plupart de nos politiques de droite et de gauche, vendus aux financiers, sont pour la mondialisation. Aucun nous dit la vérité la dessus comme quoi cela va nous amener un esclavages des peuples au profit d'une petite minorité de tres riches financiers.
5.Posté par Michele le 20/01/2011 20:54
Les principes-clé des Maitres du Monde, et le nouvel esclavage qui en découle, tel que George Orwell l'avait annoncé dans "1984"...
Les maitres du monde :http://www.syti.net/Topics.html
http://www.alterinfo.net/DEVANT-LE-NOUVEAU-GOUVERNEMENT-DU-MONDE-S-indigner-et-resister_a54094.html
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Gouvernement mondial :
une escroquerie et une menace

 


Nos « élites » n’ont plus que cet adjectif à la bouche : mondial. Gouvernance mondiale, autorité mondiale, nouvel ordre mondial, et même gouvernement mondial : il serait indispensable, dans notre intérêt bien sûr, qu’émerge une forme d’organisation mondiale du pouvoir capable de résoudre les grands défis de notre temps. C’est parce que ces derniers, le changement climatique, les épidémies, le capitalisme financier, le terrorisme, ont une dimension planétaire que cette perspective serait inéluctable. Les médias relaient généralement cette analyse sans se poser de questions.

Tout semble si logique. Effectivement, qui dit problème mondial dit autorité mondiale pour le solutionner. Et pourtant, si on se penche réellement sur la question, on s’aperçoit qu’il y a dans cette équation une escroquerie intellectuelle, et deux menaces de premier ordre.

Une escroquerie intellectuelle d’abord. En effet, prétendre que seul un pouvoir mondial est en mesure de trouver des réponses à des problématiques de dimension planétaire sous-entend qu’il n’y aurait pas d’autre alternative à l’opposition factice monde/nation.

Il y aurait d’un côté le niveau mondial, forcément moderne, forcément adapté, forcément efficace, et de l’autre côté le niveau national, dépassé, trop petit, inefficace. Quiconque émettra des doutes sur le projet mondialiste se verra jeter à la figure ce raisonnement, supposé mettre fin à tout débat. 

C’est une escroquerie. Parce qu’il existe depuis tout temps une articulation entre le national et le niveau global, qu’on nommait auparavant « international ». Un Etat-nation peut par définition agir sur son territoire, mais il peut aussi agir en dehors, s’il parvient à coopérer avec les autres Etats-nations, dans le cadre d’une collaboration internationale, qui peut d’ailleurs prendre des formes variées : souple ou structurée, voire très intégrée. Il y a même des enceintes prévues pour cela, à commencer par l’ONU.

Un problème mondial, comme le terrorisme ou la pollution par exemple, peut donc parfaitement trouver une parade face à lui sans qu’on soit obligé de mettre en place une autorité globale au-dessus des nations. C’est en coopérant, en passant des accords, en s’engageant sur des objectifs communs, que les Etats-nations peuvent agir efficacement contre ce type d’enjeux à dimension mondiale.

Il y a d’ailleurs eu de tout temps des problèmes de taille mondiale. Et de tout temps, les nations ont su réagir ensemble : face au terrorisme international depuis des décennies déjà, face aux épidémies, face à l’organisation des communications internationales.

Il faut donc refuser la fausse alternative mondial/national, qui sonne inexorablement comme une opposition, parfaitement idéologique, entre le moderne et l’archaïque. Il faut refuser ce piège, qui vise à légitimer la mise en place d’autorités supranationales qui échapperont au contrôle et à la responsabilité démocratique.

Parce qu’il y a en effet derrière cette escroquerie intellectuelle une double menace.

D’abord, une menace essentielle vis-à-vis de la démocratie. Les autorités nationales sont l’émanation dans les pays démocratiques d’une volonté populaire, souvent imparfaite certes, mais réelle. Quand un gouvernement national agit, sur son territoire ou au niveau international, il représente un peuple, devant lequel il sera redevable.

Ce n’est évidemment plus le cas lorsqu’on passe à un niveau mondial, au-dessus des nations. Devant qui serait responsable une autorité ou un gouvernement mondial, pour reprendre l’expression de Jacques Attali ? Il n’y a pas de peuple mondial.

On le voit bien déjà en Europe. L’absence de peuple européen rend insupportable l’excès de pouvoir dont jouit la Commission de Bruxelles, souvent dénoncée à juste titre parce qu’échappant à tout contrôle démocratique.

Ce problème européen serait décuplé au niveau mondial. Très vite, cette autorité mondiale au-dessus des nations réclamerait, toujours pour notre bien, de plus en plus de prérogatives. Il faut lutter contre le changement climatique, cela nécessite donc des instruments d’action : la politique environnementale, mais aussi la politique d’aménagement du territoire, la politique des transports, etc.

L’exemple de l’Union européenne nous permet d’imaginer sans grande difficulté vers quel gouffre antidémocratique nous nous aventurerions. Nous avons déjà assez à faire avec nos « élites » nationales et l’oligarchie européenne pour ne pas avoir à subir une nouvelle oligarchie mondiale.

Le pouvoir politique doit nécessairement correspondre aux réalités des peuples. Le principe qui veut qu’à un peuple corresponde un gouvernement et un parlement ne relève pas seulement de la science politique. Il est éminemment pratique, parce que lorsqu’il est bafoué, c’est la démocratie qui recule, et finalement nos libertés qui disparaissent peu à peu.

La seconde menace du schéma mondialiste tient au contenu-même des politiques qui seraient mises en place si une autorité mondiale supranationale voyait le jour.

Le fait que des politiques soient arbitrées au niveau mondial aurait nécessairement un impact fort sur les décisions prises et le contenu de ces politiques. En matière commerciale par exemple, on comprend bien que le débat entre libre-échange et protectionnisme, pourtant essentiel à l’heure où le capitalisme financier sans frontières vacille, serait nécessairement tranché dans le sens du libre-échange.

L’autorité mondiale en effet ne connaitrait plus de frontières dans les politiques dont elle aurait la charge. Et sans frontières, il n’y a pas de protection et de protectionnisme possibles. Le libre-échange s’imposerait donc de façon quasi-automatique.

Ce schéma est reproductible dans bien des cas, sur d’autres sujets essentiels pour notre vie quotidienne, à fort impact sur le chômage, le pouvoir d’achat, les délocalisations.

Encore une fois, on retombe assez vite sur l’exemple miniature d’autorité mondiale que nous connaissons bien : l’Union européenne. Comme son fonctionnement supranational est par essence antidémocratique, il induit aussi par définition un certain nombre de choix idéologiques : le libre-échange total en Europe (au point que le continent est devenu la zone la plus ouverte du monde), le moins-disant social et la course à la baisse des salaires via l’alignement par le bas.

Sachons décoder l’actualité et repérer les raisonnements fallacieux. Ils cachent souvent une volonté d’enfumer les opinions publiques au bénéfice de quelques oligarchies puissantes, celles qui ont tout intérêt à ce que rien ne change et que tout continue d’aller dans la même direction.

L’Observatoire de l’Europe

 

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