Episode méditerranéen du 1 au 9 novembre : un orage tropical méditerranéen
(par Patrice Laya ) Du 1er novembre au 9 novembre, seize départements du sud de la France auront été mis en vigilance météorologique avec pour plusieurs d'entre eux une mise en alerte rouge pour cause de fortes pluies et d'orages : les Pyrénées-Atlantiques, la Haute-Corse, la Corse-du-Sud, l'Ardèche, les Bouches-du-Rhône, le Gard, l'Hérault, la Haute-Loire, la Lozère, le Var, le Vaucluse, l'Aveyron, la Drôme et la Corse. Toute cette semaine 44, pour ces départements, les routes coupées, des villages inondés, des transports scolaires interrompus, des habitants évacués en urgence devant la montée des flots boueux... Outre la pluie violente, le vent a soufflé en violentes rafales, en milieu de semaine, sur le littoral. Elles ont atteint par endroits jusqu'à 100 km/h. Si ces vitesses n'ont rien d'exceptionnel, elles ont cependant contribué à accentuer les inondations.
Les observateurs parlent de plus de 800 mm de précipitations au pied du Mont Aigoual. Et de nombreux secteurs ont reçu plus de 500 mm, comme en témoigne la carte des cumuls au 9 novembre que nous a transmis le service d'astreinte de Predict services. Il faut remonter aux années quarante pour retrouver un événement météo de cette ampleur, un événement que les spécialistes qualifient de « tropical storm méditerranéen »
Dernière heure : lors du colloque « Assureurs et risques climatiques » présidé par le climatologue et Prix Nobel de la paix, Jean Jouzel, chacun estimait que l'épisode pluvieux de ce début de novembre 2011 caractérisait le réchauffement climatique. Toutefois, si on étudie la formation des épisodes cévenols et méditerranéens, ils sont consécutifs à la formation de masses nuageuses importantes sur la mer qui en fin d'été, à accumuler les températures. Cette année, les températures de l'eau enregistrées au large de Barcelone, point de départ des formations nuageuses, avoisinaient les 30 degrés. L'autre événement qui pourrait être mis en cause nous arrive des Canaries, haut lieu des courants cycloniques, où au large de la Restinga une zone de bouillonnement circulaire, dont la surface montre de l'évaporation a été identifiée par le navire océanographique Ramon Margalef. Les scientifiques à bord décrivent la présence de "sédiments de nouvelle génération et des particules en suspension" ainsi qu'une haute température de l'eau. Alors, cet épisode de novembre est consécutif au réchauffement climatique ou à cette éruption volcanique sous-marine, voire d'autres phénomènes plus lointain... ? Exprimez-vous. |
Dans le Var, où il est tombé en trois jours l'équivalent de plus de trois mois de précipitations, plusieurs cours d'eau, tels que le Carami à Brignoles et l'Argens dans le nord-est du département, sont sortis de leur lit. A Roquebrune-sur-Argens, commune déjà touchée en juin 2010, l'Argens a dépassé sa crue de référence. Conséquence, un millier de pompiers, de gendarmes et de policiers ont été mobilisés, au moins 1 600 personnes ont été évacuées et plus de 11 500 foyers étaient privés d'électricité.
Au total, plus de 5 000 interventions ont été réalisées par les sapeurs-pompiers et les renforts de la sécurité civile, 9 hélicoptères de la sécurité civile ont été opérationnels sur la zone sud avec capacité d'intervention nocture (dont hélitreuillage). Une unité de pompage mobile a été engagée au profit du département des Bouches-du-Rhône afin d'intervenir sur un des canaux du Rhône à proximité du centre hospitalier d'Arles.
La tempête qui vient de s'abattre sur les Méridionaux fut en tous points "remarquable", estime Météo France. "Elle l'était par sa durée, par la zone qu'elle couvrait du Languedoc à la Corse et par la présence de très forts cumuls de pluie". Pour Alix Roumagnac de la société Predict Services, que nous avons personnellement rencontré aujourd'hui, « l'événement est majeur en terme de cumuls, de zones touchées et de durée », « il est 10 fois supérieure en terme d'intensité que l'épisode varois de juin 2010 »,
Compte tenu de l'importance des précipitations et des inondations, le bilan humain peut-être qualifié de satisfaisant. La bonne gestion de l'alerte a permis une gestion optimisée de l'événement, près de 1200 PCS (plan communal de sauvegarde) ont été engagés sur le territoire mis en vigilance dont 120 PCS engagés au maximum. À l'évidence, il y a un changement d'état d'esprit, les élus maîtrisent de mieux en mieux leur organisation pour prévenir leur population et mettre en sécurité. De plus, les gens sont plus attentifs et conscients des risques. Dans les communes déjà inondées il y a 17 mois, les habitants ont intégré les bons gestes, mise en sécurité des biens, barrièrage des portes, montée dans les étages voire sur le toit.
Réuni mercredi 9 en colloque sous l'égide de la FFSA et du HCFDC, les spécialistes semblaient unanimes, « cet événement est un tournant dans la gestion des crises »...gageons qu'ils aient raison et que le déploiement des PCS et de la culture du risque dans les collectivités poursuivent, malgré les difficultés budgétaires, son développement.
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http://www.securite-commune-info.fr/la-lettre-du-14/11/2011-de-sci/episode-mediterraneen-du-1-au-9-novembre-un-orage-tropicalmediterraneen.html |
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