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Mercredi 20 février 2013
La Banque publique d'investissement, un échec annoncé ?
Note d'eva : Et on cherche à la confier à Ségolène Royal pour l'éloigner du Gouvernement (Valérie, jalouse, ne la veut pas près de Hollande) ?
c'est le point de vue d'une élue communiste, Michèle Leflon, détaillant les réserves précedemment évoquées ici : Le pôle public financier, c'est maintenant
Source :
Avec le projet de Banque Publique d'Investissement, annoncé au conseil des ministres de cette semaine, le gouvernement se contente d’essayer de corriger à la marge « les défaillances du marché » caractérisées, aujourd’hui, par le refus des banques de faire crédit pour le développement économique et les PME pour cause de rentabilité insuffisante.
Il aurait été nécessaire de développer les moyens d’une maitrise nouvelle du crédit bancaire pour sécuriser l’emploi et la formation, engager une transition écologique, et impulser un nouveau type de croissance réelle avec les investissements nécessaires en France et en Europe. Au lieu de cela, c’est le seul soutien à l’investissement des entreprises innovantes et exportatrices qui sera l’objectif central de la BPI, sans aucune conditionnalité en matière d’emploi, de formation, de progrès écologiques.
Les ressources de la BPI seraient limitées avec, au bout du compte, une capacité de financement de 30 milliards € en prêts et garanties auxquels s’ ajouterait une capacité d’intervention en fonds propres de 10 milliards €...à comparer avec l’encours de crédits aux entreprises qui, en aout dernier, se chiffrait à plus de 1007 milliards d’euros ! C’est dire, en réalité, la minceur des moyens.
Car la BPI, pour se refinancer, disposerait certes d’une réaffectation partielle des sommes collectées en Livret A et LDD, mais, pour l’essentiel, ferait appel au marché financier, ne pouvant accéder à la monnaie créée par la BCE. (pas de taux zéro-1%, donc)
Autrement dit, ses opérations, conditionnées par la rentabilité financière, ne stimuleraient aucun changement des critères du crédit et des relations banques-entreprises et n’auraient aucun lien avec la politique monétaire de la BCE, tandis que l’octroi de quelques pouvoirs aux régions s’inscrirait dans une « gouvernance » très centralisée !
Nous sommes très loin du véritable pôle public bancaire nécessaire pour développer une sélectivité nouvelle du crédit favorable à l'économie réelle, à la satisfactions des besoins des hommes et des femmes et non à celle des actionnaires. Pourtant, la satisfaction des besoins dans un cadre de transition écologique serait tellement créatrice d'emplois !
Mais c'est vrai aussi que l'alignement de F. Hollande sur la politique européenne ultralibérale ne contribue pas à réorienter la Banque Centrale Européenne et sa politique monétaire afin de favoriser l’emploi en quantité et qualité et l’expansion des services publics et cela rend tout plus compliqué !
Je vous invite à aller lire en cliquant ici la très intéressante lettre ouverte à François Hollande rédigée par le Collectif " Pour un Pôle public financier au service des Droits !" Ce collectif regroupe des organisations syndicales des banques mais aussi des associations, comme ATTAC ou la coordination nationale des hôpitaux et maternités de proximité.
Après la tribune publiée par 120 économistes (à lire en cliquant ici) dénonçant comment le traité européen organise de fait la garantie par les États des grands patrimoines financiers privés, cette lettre ouverte montre à nouveau les convergences de plus en plus larges pour une nouvelle politique économique mettant l'humain d'abord.
L'avenir est devant nous : on ne lâche rien !
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La dérisoire réforme bancaire de François Hollande, suite
Posted: 19 Feb 2013 10:55 PM PST
Hier, le Parlement a adopté la première mouture du projet de loi de réforme bancaire du gouvernement. Un texte qui démontre l’inutilité complète du PS qui a proposé une loi moins ambitieuse encore que celles passées aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, des pays pourtant guère interventionnistes.
Beaucoup de bruit pour rien
On se souvient que, pendant la campagne électorale, François Hollande avait fait, le temps d’un discours, de la finance son ennemi. Mais, dans une logique toute sarkozyste, il était allé quelques jours après dire le contraire absolu au Guardian, vantant alors toutes les réformes néolibérales menées par de précédents gouvernements socialistes, comme si les Français et les journalistes ne lisaient pas la presse internationale, ce qui avait déclenché une belle polémique.
Du coup, il n’y avait pas grand chose à attendre. Et de facto, comme avec Sarkozy, la France est en retard dans la réforme de la finance. Alors que Berne ou Londres imposent des normes prudentielles plus sévères que Bâle 3 (malheureusement assouplies) pour tenir compte de la crise, le projet de loi français n’aborde même pas le sujet… Bref, sous Hollande comme sous Sarkozy, comme le soulignent beaucoup, Paris se montre moins contraignant que Londres. Un comble !
Le refus du Glass Steagall Act
L’élément le plus emblématique est clairement le refus de couper les banques en deux, comme l’avait fait Franklin Roosevelt après la Grande Dépression. Pourtant, l’ensemble du Glass Steagall Act, qui avait influencé les lois du monde entier, avait assuré des décennies de stabilité financière et son démantèlement a immédiatement provoqué de nouvelles crises. Mais comme souvent, les socialistes restent sourds aux leçons de l’histoire. Leur cerveau est encore débranché.
La simple séparation dans des filiales différentes ne changera rien en cas de panique car il est bien évident qu’une filiale peut en couler une autre et que les déposants pourront toujours craindre la faillite de leur banque, ce qui n’aurait pas été le cas avec une stricte séparation. Mais le comble du ridicule a été atteint lors des auditions en commission des finances quand le président de la Société Générale a admis que moins d’1% de son activité serait touchée par le projet…
La colère des économistes
Le plus extraordinaire est que depuis quatre ans, d’innombrables économistes ont fait des propositions de véritables réformes du système financier : Frédéric Lordon, Jacques Sapir ou Jean-Luc Gréau, dans son dernier livre, absolument excellent (et bientôt en résumé dans le blog). Bref, ce ne sont pas les idées qui manquent et la grande majorité des économistes sérieux (de droite comme de gauche) soulignent la nécessité de couper les banques, a minima en deux.
Certains, proches des théories du 100% monnaie, proposent même de les couper en trois : dépôt, prêt et investissement. Olivier Berruyer, sur son très recommandable blog, a publié un papier très critique du projet gouvernemental et les économistes atterrés ont qualifié la loi de « dangereuse et inapplicable ». Bref, de droite, de gauche, des fédéralistes ou des souverainistes, les critiques sont sévères à l’égard du projet gouvernemental. Il est désolant que le PS fasse si peu.
Bien sûr, le lobby bancaire a sans doute eu une grande influence, mais cela n’a été possible que parce que les socialistes ont arrêté de réfléchir sur la question, alors qu’une simple analyse des carences actuelles, puis la définition des principes d’une réforme aurait permis de présenter une réforme bien plus solide.