REUTERS/Thierry Roge
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Cela a été un des rebondissements de la crise des dettes souveraines du début d’année. La Chine jette son poids financier considérable dans le soutien de l’euro en rachetant les dettes souveraines des pays en difficulté. Une décision aux multiples implications.
L’euro sert l’intérêt de la Chine
Ce qui est très intéressant dans le choix de la Chine de prendre le risque d’acheter des dettes souveraines qui présentent un risque de restructuration non négligeable, c’est que cela montre que l’Empire du Milieu y a un intérêt. Et si la Chine a un intérêt dans le maintien de la monnaie unique (que les Etats-Unis défendent également), on peut quand même s’interroger légitimement sur les intérêts que défend cet euro auquel tiennent tant les non européens.
En effet, en soutenant l’euro (comme elle le fait avec le dollar), la Chine maintient la surévaluation de la monnaie européenne et ses exportations. Selon les statistiques de l’INSEE, en 2009, la Chine a exporté 214 milliards d’euros vers l’UE et a importé seulement 81 milliards, soit plus de 2,5 euros d’exportation pour 1 euro d’importation. Bien sûr, les écarts de salaire jouent un grand rôle, mais des études montrent aussi que le wuan est sous-évalué de plus de 50% par rapport à l’euro.
Un mécanisme délétère
En clair, avec des parités plus raisonnables, le déficit commercial avec la Chine (qui représente plus de 100% du déficit de l’Union Européenne), serait nettement inférieur. La Chine est en train de faire avec l’Europe ce qu’elle fait avec les Etats-Unis : elle finance les déficits pour s’assurer que les consommateurs locaux continuent à acheter les produits chinois, doublement favorisés par les conditions salariales et sociales locales et le taux de change très sous-évalué du wuan.
Certains disent que la Chine préfère prendre le risque d’un défaut partiel pour financer le développement de son économie.
Et il faut dire qu’avec 2 600 milliards de dollars de réserves, la Chine est devenu le prêteur de dernier recours du monde entier.
Malheureusement, si la Chine cumule les excédents, c’est aussi parce qu’elle ne veut pas avoir besoin un jour du FMI, comme certains pays asiatiques dans les années 90.
Cette crise a profondément nourri les déséquilibres commerciaux actuels.
Cet épisode montre deux choses : l’absurdité d’un monde où un pays en voie de développement finance la consommation des pays dits développés.
Ensuite, en mettant tout son poids dans la balance, Pékin pourrait bien prolonger la vie de l’euro de quelques mois, voir quelques années.