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MARKHAMAT (Kirghizstan) (AFP) - Violences au Kirghizstan: état d'urgence dans le Sud, mobilisation partielle de l'armée
Le Kirghizstan a décrété samedi l'état d'urgence dans une deuxième ville du Sud de ce pays d'Asie centrale et ordonné une mobilisation partielle de l'armée, à la suite de violences interethniques meurtrières.
L'état d'urgence a été décrété à Djalal-Abad par le gouvernement intérimaire, "contraint de prendre cette décision car la zone de déstabilisation s'étend", a déclaré son chef adjoint, Azimbek Beknazarov, à la télévision nationale.
"Les violences, le nombre de pillages et de massacres augmentent (...). Si on ne prend pas de mesures opportunes et efficaces, les troubles peuvent prendre une plus grande ampleur et dégénérer en un conflit régional", a renchéri le gouvernement dans un communiqué.
"Afin d'assurer la sécurité des citoyens, de protéger le régime constitutionnel (...) et de rétablir l'ordre, le gouvernement ordonne une mobilisation partielle au Kirghizstan", a-t-il indiqué.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé avoir autorisé les forces de l'ordre à tirer sans sommations sur des groupes utilisant des armes à feu dans le sud du pays.
"Depuis hier (vendredi), la situation est devenue incontrôlable", a souligné la présidente par intérim du Kirghizstan, Rosa Otounbaïeva, après une deuxième journée de violences entre Kirghiz et membres de la minorité ouzbèke. Celles-ci ont au total fait au moins 75 morts et près d'un millier de blessés, selon un nouveau bilan du ministère kirghiz de la Santé.
Le gouvernement provisoire, qui s'est emparé du pouvoir après un soulèvement populaire début avril à l'origine de la fuite du pays du président Kourmanbek Bakiev, a appelé les officiers retraités de la police et de l'armée à se rendre dans la région d'Och, afin d'"empêcher une guerre civile".
Vendredi, le gouvernement a décrété l'état d'urgence et un couvre-feu à Och et dans plusieurs districts voisins.
La Russie a accordé une aide humanitaire au Kirghizstan, mais lui a refusé une assistance militaire.
Aux yeux du président russe, Dmitri Medvedev, "il s'agit d'un conflit intérieur et la Russie ne voit pas, pour le moment, les conditions pour participer à sa résolution", a déclaré son porte-parole, Natalia Timakova, faisant allusion à l'assistance militaire sollicitée plus tôt dans la journée par Mme Otounbaïeva.
En revanche, le Kremlin a décidé d'"accorder une aide humanitaire" à cette ancienne république soviétique où la Russie dispose d'une base militaire. Un avion médicalisé du ministère russe des Situations d'urgence, avec dix médecins à bord, s'est déjà envolé pour le Kirghizstan, a annoncé un responsable du ministère.
La Commission européenne a également annoncé samedi l'envoi d'un expert humanitaire au Kirghizstan afin d'évaluer la situation et de mobiliser des fonds en conséquence.
Des milliers de femmes et d'enfants ouzbeks ont fui les violences en se rendant à Markhamat à la frontière proche de l'Ouzbékistan voisin, ce qui pourrait déboucher sur une crise humanitaire. Tandis que l'Ouzbékistan se disait "extrêmement alarmé", le comité international de la Croix-Rouge s'est déclaré "profondément inquiet".
Les violences à Och ont commencé dans la nuit de jeudi à vendredi par des bagarres entre Ouzbeks et Kirghiz qui ont dégénéré. Des voitures ont été en endommagées et brûlées, des immeubles d'habitation incendiés.
La stabilité du Kirghizstan est primordiale, notamment pour les Etats-Unis qui y disposent d'une base militaire essentielle au déploiement des troupes américaines en Afghanistan.
Depuis le soulèvement d'avril, qui avait fait 87 morts et conduit à la chute du régime de M. Bakiev, le Kirghizstan a connu plusieurs vagues de violences.
http://www.la-croix.com/afp.static/pages/100612211241.x50ezxeb.htm
Kirghizistan, Ouzbékistan : Premières informations sur le “Massacre d'Och”
Le 10 juin 2010, des rixes locales entre les populations d'ethnie kirghize et ouzbèke dans la partie kirghize de la vallée de Ferghana [en anglais] ont dégénéré en véritable massacre suivi d'un exode des Ouzbeks du Kirghizistan [en anglais]. Le conflit semble avoir éclaté à l'instigation de la pègre kirghize afin de déstabiliser la région et ne serait pas sans rapport avec les événements révolutionnaires au Kirghizistan il y a deux mois. Bien qu'à l'évidence le conflit, même provoqué par les criminels, ait des racines plus profondes.
Réfugiés dans les faubourgs d'Osh, Source: diesel.elcat.kg (cliquez sur l'image pour voir d'autres photos)
Entourée de montagnes, la vallée de Ferghana, une région densément peuplée d'Asie Centrale, est l'une des mosaïques ethniques les plus complexes du monde. Sur un territoire grand comme 1/5e de la France vivent 11 millions de personnes. Les frontières des républiques nouveau-nées d'Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizistan ont été littéralement dessinées sur la carte par les fonctionnaires de Staline à l'époque soviétique, laissant plus de problèmes que de solutions avec quantité de villages et villes kirghizes du côté ouzbek et vice versa. Pauvreté, prédominance rurale et haut niveau de chômage sont les déterminants de la situation générale.
Och, la deuxième plus grande ville du Kirghizistan, est un cas particulièrement compliqué, puisqu'une part significative de sa population est (ou était) ouzbèke. Les relations difficiles entre les populations kirghize et ouzbèke sont apparues au grand jour lors des émeutes d'Och en 1990 [en anglais], qui ont éclaté dans des circonstances similaires et se sont soldées par plus de 300 morts et un millier de blessés.
On a peu d'informations sur ce qui s'est passé pendant ces trois dernières journées de violence et de troubles, car il n'y a pratiquement pas d'électricité dans la ville. Des blogueurs réussissent toutefois à poster des éléments sur la toile. Yelena Skochilo (l'utilisatrice LJ morrire [en russe]), qui vit aux Etats-Unis, a, comme lors de la révolution d'avril 2010 au Kirghizistan, tâché de compiler toutes les principales sources d'information. Mais, reconnaît-elle, il y en a trop peu de crédibles :
Эмоций просто через край, но я понимаю и разделяю страх беззащитных людей…Что известно точно: пожар в микрорайоне Черемушки и одиночные пожары по городу. Много провокаторов. Жители постоянно слышат выстрелы. Позвольте привести одну цитату, которая отражает общую картину и вы поймете, почему я не хочу вести time line. Я знаю этого человека лично и могу полагаться на его данные.
“… мне позвонил и спросил: “…, значит нам никто не поможет?”. никому не пожелю такого. я чуствовала себя как собака….я их встретила у туберкулезного диспансера. я села за руль и всем кричала. что он кыргыз. нам с трудом удалось его вывезти из этого района.по улице шли около 20 солдат, а за ними шла толпа молодых и не молодых людей кыргызской национальности. я тоже незнаю, что делать. “
Les émotions débordent, mais je comprends et partage l'effroi des gens sans défense… Ce qui est tout à fait sûr : il y a un incendie dans le quartier de Tcheremouchki et des incendies isolés à travers la ville. Beaucoup de provocateurs. Les habitants entendent constamment des coups de feu. Permettez-moi d'apporter une citation, qui reflète le tableau général, et vous comprendrez pourquoi je ne veux pas écrire une chronologie. Je connais personnellement son auteur et je peux me fier à ses éléments.
“… il m'a téléphoné et a demandé : “…alors, personne ne va nous aider ?” Je ne souhaiterais ça à personne. Je me sentais comme un chien….Je les ai rencontrés au dispensaire anti-tuberculeux. J'ai pris le volant et j'ai crié à tout le monde qu'il était Kirghize. A grand peine nous sommes arrivés à le faire sortir du quartier. Dans la rue il y avait une vingtaine de soldats et derrière eux, une foule de jeunes et moins jeunes d'ethnie kirghize. Je ne sais pas non plus quoi faire.”
NewEurasia.net est devenu la source majeure en anglais de photos, vidéos et d'informations de dernière heure sur l'évolution des événements. Mil.wms.kg a publié des photos [en russe]. Le blogueur vivant au Kirghizistan sherboto a lui aussi mis en ligne des photos [en russe] des incidents. L'agence de presse officielle kirghize Akipress.org et Kloop.kg ont fourni leurs chronologies des événements (disponibles ici et ici). Des utilisateurs du forum diesel.elcat.kg ont posté des photos de la foule de réfugiés [en russe].
Le 13 juin, les conflit est monté en ligne [en anglais], avec l'apparition de comptes pro-Kirghizes et pro-Ouzbeks. (En même temps, il y a nettement moins de sites ouzbeks du fait des strictes réglementations anti-internet dans le pays). Plusieurs sites kirghizes sont tombés. Registan.net, où étaient discutés les événements, est aussi tombé, probablement par l'effet Digg. L'utilisateur Youtube saveosh, clairement pro-ouzbek, a présenté une vidéo Google Maps de 6 minutes [en anglais]. Même si elle est une source d'information valable, la version présentée par cette vidéo est loin d'être neutre.
Les hashtags Twitter #Osh, #Uzbeks, #JA (pour Jalalabad, la deuxième ville où il y a aussi eu des affrontements) et #freekg ont été utilisés pour regrouper les tweets sur cette affaire.
Auteur : Alexey Sidorenko - Source : Global Voices