Une pétition contre la guerre
qui se prépare contre l'Iran :
http://stopwaroniran.org/petition.shtml
Merci de faire circuler la pétition
Rony Brauman ne peut bien entendu pas se départir d'une certaine bienséance de langage, et traite au passage comme le veut la tradition, Kadhafi de Tyran. Cela déforme évidemment ce qu'il dit, car après tout, tout est bon pour se débarrasser d'une tyrannie, non?, mais l'essentiel n'est pas là. Aujourd'hui il nous faut bien hurler tous en coeur contre ces salauds de Russes et de Chinois qui empêchent le si brave Occident de venir en aide aux Syriens, - et parler le moins possible des conséquences directes d'une telle «aide», ou alors sur le ton des phénomènes naturels inévitables.
En Libye, la responsabilité de protéger à l'épreuve des faits
MSF vient de retirer ses équipes de Misrata (Libye), refusant le rôle d'auxiliaire médical de la torture que voulaient lui attribuer des chefs de milices locales. En prenant cette décision, MSF s'est appliquée la règle éthique qui, du code de Nuremberg à l'appel d'Amnesty aux médecins, nous enjoint de ne soigner qu'au bénéfice du patient. Traiter un blessé pour permettre à ses bourreaux de le torturer à nouveau, c'est s'inscrire dans le processus même de la torture et c'est ce refus qu'a justement exprimé MSF.
La nouvelle n'est pas passée inaperçue mais a filé dans le flot d'une actualité au demeurant chargée. Discrète, elle n'a manifestement pas troublé ceux qui n'avaient pas assez de mots pour dénoncer ces pratiques il y a quelques mois, lorsqu'elles servaient de paravent de légitimité à l'opération «Unified Protector».
Cette guerre, on le sait, a été conduite au nom de la «responsabilité de protéger les populations civiles» (dite R2P), ce qui appelle une responsabilité politique particulière de la part des «protecteurs» vis-à-vis des «protégés». Rappelons que c'est pour fournir un bouclier à la population de Benghazi que fut enclenchée la campagne militaire, et que de cet objectif limité, l'Otan est passée à une guerre contre le régime lui-même. C'est notamment parce que les conséquences de cette guerre me paraissaient à l'évidence impossibles à assumer que j'ai pris position contre elle. De fait, la situation en Libye se dégrade continûment. Les affrontements entre groupes armés se multiplient, la société se militarise et se fragmente en identités locales, on se bat pour le contrôle des ressources. Le CNT est impuissant. Reconnu dans une précipitation sans précédent (à peine trois semaines après sa constitution, dans l'ignorance de sa composition), dûment consacré «révolutionnaire», «démocratique» et «légitime» par la France et le Royaume Uni, il n'est visiblement rien de tout cela aux yeux d’une bonne partie de la population libyenne.
Le gouvernement de transition n'a pas plus de pouvoir, ne disposant d'aucune base institutionnelle sur laquelle (re)construire un État comme l'a montré Patrick Haimzadeh dans le livre et les articles qu'il a publiés à ce sujet [1] . Au moment où les forces occidentales entamaient leur retrait d'Afghanistan et d'Irak, avouant à demi-mot leur total échec, les mêmes s'engageaient en Libye pour en changer le régime également, mais avec une nouvelle recette intitulée «no boots on the ground». Cette fois-ci, ça allait marcher. De fait, cette guerre sans aucune perte du côté Otan s'est conclue par la mise à mort du tyran. La victoire militaire est incontestable, ce dont personne ne pouvait douter sérieusement. Son résultat politique, autrement dit les conséquences pratiques pour les Libyens, est une tout autre affaire, dont se détournent visiblement ceux que la Libye semblait encore obséder il y a peu. On les comprend car il n'y a pas lieu de pavoiser. La guerre est le terrain d'élection des entrepreneurs de violence, elle a sa dynamique propre, favorise les plus radicaux ; les réactions en chaîne, les mèches qu'elle allume sont incontrôlables, et c'est pourquoi la notion de «guerre humanitaire» réapparue sous le nom de code R2P est à mon sens intenable.
[1] Au cœur de la Libye de Kadhafi, JC Lattès, mars 2011, « Libye: qui veut lâcher BHL? », Mediapart, 22 avril 2011.
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Libye: Un ancien ambassadeur en poste à Paris torturé à mort
Reuters le 03.02.12
Omar Brebech, qui était ambassadeur de Libye en France en 2008, a été torturé à mort le mois dernier par des miliciens révolutionnaires de la ville de Zentane, affirme ce vendredi le groupe de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW).
Zentane, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tripoli, est la ville où est détenu Saïf al Islam Kadhafi et l'annonce de la mort d'Omar Brebech renforce les craintes sur le sort réservé au fils de l'ancien «guide» libyen.
Blessures multiples et plusieurs côtes cassées
Selon un rapport d'autopsie que HRW a pu consulter, l'ancien ambassadeur libyen à Paris a été retrouvé mort le 20 janvier à Zentane, au lendemain de son arrestation à Tripoli. Il avait des blessures multiples et plusieurs côtes cassées.
«Human Rights Watch a consulté le rapport de la police judiciaire de Tripoli qui précise que Brebech est mort sous la torture et qu'un suspect non identifié a reconnu l'avoir tué», précise l'ONG basée à New York.
HRW ajoute que des photos du corps montrent bien que Brebech a été torturé. La milice de Zentane qui serait responsable de cet assassinat, Al Chohada Achoura, n'a pu être jointe vendredi.
Omar Brebech, qui était âgé de 62 ans, a été en poste à Paris de 2004 à 2008, d'abord comme attaché culturel puis comme ambassadeur par intérim lors des neuf derniers mois de son affectation en France.
Reuters
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Libye: le premier procès de partisans de Kadhafi est reporté au 15 février
AFP, 5/02/12
BENGHAZI — Le premier procès de partisans de Mouammar Kadhafi s'est ouvert dimanche devant un tribunal militaire à Benghazi (est), avec 41 personnes accusées d'avoir comploté contre la révolution libyenne, avant d'être reporté au 15 février à la demande de la défense.
"Nous ouvrons le premier procès en relation avec la révolution du 17 février", a déclaré le juge Ali Hamdi à l'ouverture d'une audience publique entourée de strictes mesures de sécurité.
La défense composée d'une quinzaine d'avocats a contesté la tenue du procès devant un tribunal militaire, la grande majorité des accusés étant des civils.
Les partisans de Kadhafi sont accusés notamment de "soutenir l'ancien régime contre la révolution libyenne" déclenchée le 17 février, de former "une bande dans le but de commettre des actes criminels" et d'aider des détenus à s'évader de leur prison.
Les accusés ont été arrêtés fin juillet à Benghazi après un raid meurtrier mené par les ex-rebelles libyens contre un groupe de partisans de l'ancien régime, qui avait fait 15 morts, dont quatre ex-rebelles.
[...] Ce procès se tient au moment ou des milices formées d'anciens rebelles qui avaient combattu le régime Kadhafi font l'objet de critiques grandissantes de la part d'organisation de défense des droits de l'Homme, qui les accusent de torturer des prisonniers, pour la plupart des fidèles à l'ancien pouvoir.
La semaine dernière, Amnesty International et Médecins sans frontières (MSF) ont dénoncé une pratique "généralisée" de la torture, parfois à mort, sur des détenus partisans présumés de l'ancien régime. Les autorités ont assuré jeudi qu'elles enquêteraient sur ces affaires.
Les Nations unies ont aussi pointé du doigt les "brigades révolutionnaires" accusées de détenir des milliers de personnes dans des prisons secrètes. Selon les ONG, la Libye compte environ 8.500 détenus dans une soixantaine de prisons gérées en majorité par les milices.
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