« La religion écologique du "sauver la planète" risque de nous emporter dans des débordements idéologiques, non sans danger de totalitarisme, comme certaines gouvernances mondiales qui sont déjà préconisées ; tout cela évidemment pour le bien de l’humanité et au nom de "la science", comme ce fut le cas des idéologies totalitaires du XXe siècle. » (Henri Atlan, « La religion de la catastrophe », in Le Monde, 27 mars 2010 )
Après la guerre du Vietnam, le gouvernement américain avait commandé un rapport à la CIA pour répondre à la question : dans la perspective d’une fin de la guerre froide, par quoi pourrait-on remplacer l’antagonisme USA-URSS afin de mobiliser l’Amérique ? Deux réponses avaient été proposées : la conquête spatiale, et l’écologie. Comme on l’a vu, la première solution s’est révélée fort couteuse et peu opérationnelle en matière de mobilisation des esprits. Si les extra-terrestres avaient eu la bonne idée de nous attaquer à ce moment-là, il est sûr qu’on aurait choisi cette alternative. Mais un autre danger a été découvert qui, menaçant l’humanité, pourra servir d’argument à l’embrigadement planétaire : le réchauffement climatique.
N’oublions pas que les projets actuellement initiés à l’échelle internationale sont tous plus ou moins pilotés par des gens qui sont en rapport avec ce qu’on appelle le club de Bilderberg. Or, comme l’avait montré Alex Jones, un des objectifs poursuivis par cette organisation est de favoriser par tous les moyens l’instauration d’une gouvernance mondiale. En somme, les capitalistes rêvent de construire une sorte d’Union Soviétique planétaire dont ils auraient le contrôle, grâce notamment à la manipulation des outils cybernétiques. Dans cette perspective, les humains qui ne font pas partie de l’élite dirigeante ne sont que des pions destinés à faire tourner la machine (cf. Matrix). Mais, plutôt que de les contraindre par la terreur stalinienne, le développement des sciences humaines permet aujourd’hui d’élaborer des méthodes plus fines de conditionnement, dont le résultat serait de faire adhérer les gens à leur propre asservissement. La propagande dite démocratique, où des partis politiques aussi peu différents que les cravates de leurs représentants mâles suscitent des débats publics sans enjeu réel afin de faire croire aux « citoyens » qu’ils se dirigent eux-mêmes, fait partie d’un système dont les éléments sont réduits à de simples données statistiques. Voter librement dans les élections organisées par l’Etat n’est pas dire ce qu’on veut pour cela se réalise : c’est augmenter d’un point une liste de chiffres. L’essentiel de l’opération est que les gens soient persuadés de choisir ce qui leur arrive, alors qu’en fait ils ne font que signer leur abdication en tant qu’acteurs de leur propre vie. L’Etat dit démocratique est alors le lieu où leur existence est agrégée sous forme de pourcentage.
Il en va de même pour le « climat ». On sait ce que c’est, bien sûr, quand on habite quelque part. Il pleut, il fait soleil, le froid s’installe, la chaleur dure, etc. Chacun connaît le climat de sa région. Mais globalement, à l’échelle d’une planète, le climat n’est qu’une statistique. On le calcule de la même manière qu’on fait des moyennes pour deviner quel parti aura plus de voix qu’un autre. La technique des sondages est la même que celle de la météo. C’est la logique du supermarché, où toutes choses sont équivalentes. Son outil est mathématique. Son idéologie pratique est l’écologie politique qui fait le lien entre : la marchandise, des événements naturels (comme l’élévation de la température, la pluie, etc), et l’Etat dit démocratique. Dans la glorieuse marche de l’humanité domestiquée vers la réduction de tout ce qui existe à l’état de marchandise, on a réussi le prodige d’inventer une monnaie « carbone », encore plus abstraite que le dollar, qui sert désormais de matériau à toutes sortes de spéculations financières (et à enrichir les papes de l’écologie, comme le fameux Al Gore). Comme si un pet qu’on lâche à New York empoisonnait l’air à Marrakech, la nouvelle logique de la marchandise appliquée au climat prépare les esprits à accepter toutes les dérives du pouvoir : au nom de n’importe quoi qui a lieu n’importe où, on obligera les gens de n’importe où ailleurs à faire n’importe quoi d’autre. Car l’important dans la loi n’est pas son contenu, mais les armes qu’elle donne au pouvoir pour justifier ses actes.
Certes, il y a des dangers qui guettent la planète du Capital, et ce n’est pas une mince affaire pour ses administrateurs de trouver de nouvelles stratégies pour empêcher les gens, devenus de plus en plus intelligents et désireux de vivre, de renverser l’ordre du monde. Depuis l’invention de la cybernétique, on sait que le contrôle le plus efficace d’un processus ne consiste pas à le diriger (comme un chef donne des ordres), mais à l’influencer de manière latérale, d’en catalyser les étapes indirectement. C’est pourquoi les Etats dits démocratiques ont abandonné la direction des principaux médias, pour en laisser l’administration aux mêmes groupes financiers qui veulent établir la gouvernance mondiale. Désormais, les mêmes techniciens de la pub monteront les campagnes des produits fabriqués, la propagande des partis et les opérations destinées à manipuler les populations, en prenant les gens pour des cons. Pour que les benêts se mobilisent comme un seul robot pour défendre l’ordre qui les asservit, on leur invente de bonnes raisons, avec des images chocs, des refrains entraînants, et on leur donne les réponses qu’on avait préparées d’avance. Plutôt que la peur du Tsar, on leur invente des frayeurs passagères, qui se catapultent à la façon dont une nouvelle lessive remplace l’ancienne tout en promettant le même résultat : après les oiseaux porteurs de fièvre (premier essai), on découvre opportunément un virus né du cochon pour expérimenter la prise en main des populations par l’Etat devenu thérapeute (les nouvelles divinités maléfiques se sont réfugiées dans l’infiniment petit). Peu importe la réalité du danger, l’important est de mettre en oeuvre des stratégies. Et, dans l’ensemble, ça marche. On le fait pour que les gens deviennent les éléments d’un ensemble, justement. Des pions qu’on pique, qu’on effraie, qu’on rassure, et qui appelleront eux-mêmes leurs surveillants au secours pour qu’on les aide à s’enfermer spontanément dans leurs cellules capitonnées.
Tu trembles, petit homme ? L’Etat Mondial est là pour te garantir une existence, certes peu aventureuse, mais tellement douillette. Ecoute la voix de ton maître. Il te dit : lève-toi, soumets-toi, prends ta place dans la chaîne des humains. Ce n’est pas le moment de n’en faire qu’à ta tête, d’agir selon ton bon plaisir : l’urgence est de sauver la planète. De qui ? De quoi ? Et puis, elle est où, cette planète ? Elle parle comment ? Elle a envie de quoi ? … T’occupes : les experts sont là pour apporter les explications et on te dira que faire au moment venu. O benêts ! Que de couleuvres on vous fait avaler.
C’est pourtant vrai que le climat va mal. D’abord celui de l’air tout simplement, devenu irrespirable dans les villes, à cause des voitures que les travailleurs robotisés sont si fiers d’avoir pour se conduire eux-mêmes dans leurs lieux de souffrance et d’ennui. Et l’eau ? Elle est comment, l’eau ? Ici et là, elle tue. Et la nourriture ? Je veux dire la vraie. La plupart des benêts ne savent même plus ce que c’est. Et ils sont prêts à défendre leurs rayons de supermarchés pour avoir le droit de s’enfiler les produits frelatés dont on les a persuadés qu’ils sont meilleurs que ceux de la semaine dernière. Sans parler du climat social, avec ses agressions, ses peurs, ses suicides, ses grèves ratées, ses manifs sans plaisir, ses syndicats de merde et ses partis soporifiques. Il va très mal, le climat social. Pire qu’une tomate transgénique sous effet de serre. La faute à qui ? Bien sûr, nigaud, au manque de gouvernance ! Confie-nous tes poumons, ton estomac et ton zizi, nous en ferons de bons produits, avec campagnes de pub appropriées. Arrête de penser que tu pourras vivre par toi-même, signe-nous un bon à tirer et nous allons t’apprendre à Sauver la Planète.
Mais quoi ? … La campagne risque de foirer ? … Les gens ne marchent pas dans la combine ? … Que nous contez-vous là ? … Ça branle dans le manche ? … Sauve qui peut, les capitalistes !
http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4502
Ecologie UMP : poubelle jaune ou bleue
Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’écologie-UMP s’est vue reprise de la manière la plus sèche par le chef de l’État, pour avoir clairement incriminé le Medef dans un attentat écologique d’envergure. Le groupuscule aurait tailladé le canot pneumatique de la taxe carbone, déjà abimée par les flots. Après la disparition du Grenelle et la volte-face de Sarkozy de Nagy-Bocsa sur l’écologie, face aux paysans, il faut peut-être s’inquiéter du sort de l’écologie UMP, comme de la crédibilité d’un chef qui prive trop souvent les mots de poids et les promesses de valeur.
Le système Fox News français a trouvé sa formule « petit chef », bien à l’image des larves qui s’y trainent pour beugler en chœur dans les micros la gloire de l’économie de marché à hochets tricolores.
Une économie qui a marché sur la délicate figure de Chantal Jouanno, sous-ministre de l’écologie-UMP, par chef d’état-UMP interposé. L’homme de l’Elysée à donc « recadré » de quelques mots cinglants celle qui a désigné un coupable pour le sabordage de la taxe carbone.
25 mars 2010. Jouanno lâche dans Libération, « C’est clair, c’est le Medef qui a planté la taxe carbone. Au nom de la compétitivité. Est-ce que le Medef s’est ému des 2 milliards de bonus distribués aux banquiers ?". Ajoutant pour cadrer tous les responsables, que les "céréaliers intensifs" n’y sont pas pour rien non plus. Pour faire bonne mesure, elle s’avoue « désespérée » de l’abandon de la taxe carbone.
A quoi ça sert d’avoir un papa patron, d’avoir été amenée au développement durable par Guéant, puis installée directrice de cabinet et de com du Chef, dans son highland des Hauts de Seine, jusqu’en 2006 ? A quoi bon avoir exercé la haute fonction de conseillère en développement durable, en 2007, à l’Elysée cette fois, où Jouanno pilote le Grenelle de l’environnement, avant de se voir bombardée, au début 2009, secrétaire d’état en charge de l’Écologie, en remplacement de Nathalie Kosciusko-Morizet ?...
Ben...A rien. Le 26 mars 2010, soit 14 mois après être devenue ministre, elle est électrocutée par son Président. Le propos sarkozien est simple et sans appel. « Les ministres n’ont pas à être désespérés, ils ont à faire leur travail ».. « Je n’ai pas apprécié ses propos » appuie le maître. « Il y a une stratégie, elle a été fixée par François Fillon et par moi-même, que chacun s’y tienne. ». Non mais !...
Avant de suivre la cohorte des Calvi, Etienne, Muhlmann, Drucker, Arnaud, Pulvar et autres préposés à la parole divine du jour, « Recadrée ! Recadrée ! Aaaaamen !... », quelques éléments piqués dans la petite tirelire de bon sens posée sur le meuble-télé de chaque foyer français. Cochonnet en plastique peut-être, ou en neurones, allez savoir.
Présence réconfortante, en tous cas, les jours où la com obscurcit tout et où le n’importe quoi est présenté comme le sublime sceau du dieu horloger.
Piécette de bon sens 1.
Qui a lancé le Grenelle de l’environnement, en invitant tous les partenaires possibles et pensables, par affiches, mails, télés, bref avec un arsenal com qui a coûté à la collectivité une somme rondelette ? Qui a affirmé ainsi l’écologie comme principe et objectif, à la fois, pour la droite au pouvoir ? Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa lui-même. « Je veux que le Grenelle soit l’acte fondateur d’une nouvelle politique, d’un New Deal écologique en France, en Europe et dans le monde », [disait-il.]
Bien malin qui pourrait citer même une mesurette fondamentale issue du Grenelle de l’Environnement et perceptible par tous les français. Une décision, un acte simple, concret et important qui aurait mis l’écologie au cœur de l’activité socio-économique. Le Grenelle s’est perdu dans la rumeur médiatique permanente. On attend toujours ses grandes mesures pour encadrer la culture commerciale des OGM, on espère encore la concrète réduction de moitié de l’usage des pesticides agricoles, on patiente pour le développement des énergies renouvelables, on imagine les investissements étatiques « verts » dans la recherche, les logements et les transports propres qui auraient pu créer, par exemple, les 600 000 emplois « écolos » que des responsables verts ont dit possibles...Si l’État mettait réellement sa volonté et ses moyens au service du virage écologique.
Piécette de bon sens 2.
Qui a propulsé la taxe carbone, après le pschitt du mirage Grenelle, comme une vraie réponse, certes tardive, laborieuse et contestée par les productivistes et pollueurs de tous territoires ? Qui a déclenché ce feu d’artifice censé draper de vert l’ensemble d’une droite notoirement acquise à la croissance et hostile à tous ces lois qui empêchent de brûler les ressources, l’air et les sols pour une croissance infinie dans un monde qui ne l’est pas ?
Au hasard, on va dire Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa, discours d’Artemare, 10 septembre 2009.
« ...Comme cela, c’est clair. On crée la taxe carbone. »...« La taxe carbone est une innovation considérable »... « il en va de la fiscalité écologique comme de tant d’autres choses : il y a ceux qui en parlent, et il y a ceux qui la font. C’est pour moi, profondément, une question de responsabilité. Une question de responsabilité vis-à-vis de nos enfants et des générations à venir, car cette mesure contribuera à dessiner un monde meilleur pour eux. ».
Contre toute attente, le 6 mars 2010, au salon de l’Agriculture, virage conceptuel à 180%. L’environnement, « ça commence à bien faire », lâche le locataire de l’Élysée.
Ces derniers jours la taxe carbone a été reportée par Fillon, à l’Assemblée, « sine die » comme on dit avant de fermer le sac-poubelle.
Hier, le Président s’en prend à sa secrétaire d’État, lui signifiant qu’elle a commis une faute et qu’elle a eu tort de lui déplaire.
Changement total de direction au sommet de l’Etat, donc. On re-signe avec la croissance. La succession des demi-tours paraît trop rapprochée pour être hasardeuse, d’autant que les médias se sont empressés de rapporter le contentement des députés UMP après l’enterrement de la taxe carbone. Ce qui signifie qu’on veut nous faire savoir que toute la majorité est concernée par ce dévoilement des hardes crasseuses de la croissance sous le body vert pomme. On devrait s’y habituer, pourtant, aux changements de direction et aux mensonges tellement avérés que même la presse embarquée parfois les relève...
Accentuation de la dérive monarchique. Ce que les appointés au fin de mois UMP appellent « recadrage » n’est assorti d’aucune explication quant au cœur de l’affaire. Car, enfin, c’est bien le lobby patronal qui est pointé du doigt, et de quelle façon ! Le Medef a fait ni plus ni moins que capoter la dernière mesure écologique significative lancée par l’Etat-UMP a révélé Chantal Jouanno, ajoutant qu’elle en était « désespérée », ce qui en dit long sur la main-mise du Medef et la perspective de changement possible. Pourquoi ce constat serait faux, Sarkozy de Nagy-Bocsa n’en souffle mot. Il ne tente pas du tout non plus de démontrer combien la France est guidée par l’intérêt général et non par un groupuscule privé dont le caractère anti-social ne cesse de s’affirmer.
En lieu et place, il expulse ce qui n’est pas autre chose qu’un mouvement d’humeur. « J’ai pas aimé », voilà le cœur de la réaction du garant de l’intérêt général. Chantal Jouanno, en tant que personne, ne méritait pas ça, et nous non plus. On est bien obligé de voir là un trouble et terrible écho aux « kleenex » que les patrons-voyous jettent à la rue sans vergogne.
Le crime suprême dans la cour d’extrême-droite qui tient le pouvoir et les médias n’est pas aujourd’hui de mentir, mais de dire la vérité.
La faute impardonnable, c’est de dévoiler et critiquer ceux qui poussent sans cesse à une économie managériale inhumaine profitant aux seuls portefeuilles déjà obèses de quelques-uns, les mercenaires du Medef.
Le désastre annoncé c’est, enfin, le déni total d’une fraction de décideurs archaïques et corrompus qui choisissent de suivre la voie détruisant de plus en plus rapidement l’écologie de la planète et nous avec.
Comment les français, assez intelligents, quoi qu’en pense le pouvoir, pour saisir la farine et les mains qui les roulent, auraient-il pu ne pas s’abstenir massivement pour les Régionales ? Comment n’auraient-ils pas signifié qu’ils ont bien compris qu’on les fait évoluer dans des décors truqués ne menant nulle part ? Comment ne seraient-ils pas en droit de dire que l’élection régionale est une farce, aujourd’hui, comme les autres, puisqu’elle reconduit les mêmes qui ont planté le pays depuis vingt ans ? Comment les français ne se détourneraient-ils pas en masse d’un responsable majeur qui change d’avis comme de chemise et sert toujours les intérêts d’un quarteron bien ciblé aujourd’hui : ceux qui traitent comme du bétail à produire les salariés, sans oublier de saloper tout ce qu’ils touchent.
Comment, enfin, les français n’auraient-ils pas dû se détourner devant une entreprise permanente de manipulation rhétorique qui renvoie la politique encore plus en zone rouge ?...
Dans le 4X4 du « développement durable », autre nom de la croissance, le patronat et ses représentants ont décidé de foncer de nouveau à tombeau ouvert. Allons, français, pressons !
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