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Illusion d’un monde sans drogue titrait le quotidien Le Devoir samedi le 18 juin et l’auteur de l’article de constater les faibles résultats atteints par les «combattants» et les «exterminateurs» anti-drogues (1). De ce constat d’échec est né la dernière lubie de la petite bourgeoisie militante (les bobos) qui consiste à nous inviter à signer une pétition en faveur des narcotrafiquants et des banques blanchisseuses de narcodollars pour la raison que la «guerre» contre les drogues est de toute façon inefficace, inutile et entraîne des massacres au Mexique, en Birmanie, en Colombie et en Afghanistan, ce dernier point étant strictement exact (2).
Le prétexte est simple, puisque la guerre anti-drogue est meurtrière, qu’elle est inefficace, quand elle n’encourage pas carrément la contrebande, le crime organisé et la consommation, alors mettons fin à cette soi-disant lutte policière et politique et encourageons la libre circulation et la libre consommation de ces poisons (cocaïne – héroïne – hachich) dont les enfants du peuple et de la classe ouvrière sont les premières victimes comme vous le savez certainement.
La manigance pétitionnaire s’appuie sur une mystification et sur une aberration. La mystification concerne la soi-disant guerre que les autorités gouvernementales internationales et nationales mèneraient pour l’éradication de la production et de la contrebande de la drogue. En 2001 quand les méchants terroristes, ces horribles Talibans, pas ceux avec lesquels l’armée américaine négocie présentement son retrait d’Afghanistan – non, ceux-là sont de bons Talibans (3) -, mais plutôt les Talibans méchants, ceux qui refusent même de négocier les conditions de la défaite et du retrait américain, et bien ces gens sanguinaires et sans pitié avaient éradiqué la culture du pavot (produit = héroïne) des champs afghans.
La glorieuse armée américaine colonisatrice ayant envahi leur pays en 2001, la culture du pavot reprit de plus belle dans les champs afghans sous la supervision des responsables de la lutte anti-drogue du Pentagone et de la CIA qui vit ses sources d’approvisionnement enfin rétablies et les banques « blanchisseuses » de narcodollars enfin ragaillardies (4).
Comme on le voit, la meilleure façon d’éradiquer le trafic de la drogue c’était de laisser en paix les méchants Talibans et d’éloigner les narcotrafiquants du Pentagone et de la CIA de la tentation des champs afghans. Nous pourrions répéter le même constat à propos du Laos, du Cambodge et de la Birmanie pendant et après la guerre du Viêt-Nam. Souhaiteriez-vous que nous examinions les activités des assassins membres des milices paramilitaires colombiennes ou encore celles au Panama avant le limogeage du président narcotrafiquant Noriega que la justice américaine a puni de la prison a vie pour avoir trompé ses caïds planqués à Langley (Virginie) ?
Rien n’est plus simple que de combattre la culture du pavot et de la cocaïne dans les pays du tiers monde. Il suffirait que les pays impérialistes occidentaux utilisent de façon différente les milliards de dollars dilapidés sous le couvert de combattre le fléau de la drogue et sous le couvert d’aider à la reconstruction des pays qu’ils ont bombardés et ravagés ; il suffirait, dis-je, que ces pays garantissent à chaque paysan afghan, colombien et autres, un prix fixe assez élevé pour chaque boisseau de céréales livré sur le marché ; ce prix devrait être réajusté à la hausse (jamais à la baisse) en cas d’intempéries, de sécheresse ou de mauvaises récoltes. Aucune autre forme d’aide occidentale ne serait alors nécessaire. Si les agriculteurs des pays du tiers monde trouvaient un avantage financier à cultiver autre chose que des plantes hallucinogènes, ils le feraient. Évidemment, la CIA aurait ensuite bien du mal à approvisionner son réseau de narcotrafiquants, mais ça ce serait son problème.
C’est là que surgissent les pétitionnaires afin que nous nous mobilisions pour rendre légal ces armes de destruction massive afin de rétablir le commerce des narcotrafiquants (cocaïne – héroïne, etc.). Croit-on que le nombre d’assassinats diminuerait dans nos villes surpeuplées si on légalisait le meurtre ? Pourtant, les sociétés humaines luttent contre le meurtre depuis la nuit des temps et le nombre de meurtres augmente sans cesse ! Il faut cependant poursuivre les meurtriers et combattre ce fléau coûte que coûte et ne jamais légaliser meurtre, assassinats et exécution extrajudiciaire, ceci concerne aussi les armées américaines, israéliennes et autres qui ne se privent pas d’assassiner les civils désarmés (comme en Libye présentement).
Ceux qui prétendent mener la guerre à la drogue mènent de fait la guerre aux bandes rivales sur les marchés lucratifs d’Amérique du Nord et d’Europe qu’ils considèrent comme leur chasse gardée. Voilà pourquoi leurs « efforts » ne sont jamais couronnés de succès. Ici je me fourvoie : leurs efforts sont souvent couronnés de succès en ce sens que très souvent ils attrapent leurs concurrents, qu’ils arraisonnent légalement, vous savez ces « dealers » indépendants, rebelles, qui s’obstinent à refuser de verser une commission aux parrains états-uniens de ce commerce très lucratif.
Parfois, pour faire exemple, un gros caïd est sacrifié sur l’autel de la répression, comme en politique internationale quand Laurent Gbagbo ou Mouammar Kadhafi sont sacrifiés pour terrifier la communauté des larbins chargés de gérer leur entité néo-coloniale sous la botte impérialiste. Il n’est jamais mauvais que les troublions tremblent devant la colère de leurs parrains tout puissants.
Et nous voilà tous réunis dans la salle d’audience des « chefs d’État et chefs de la diplomatie de l’ONU, de l’UE, des États-Unis, du Brésil, du Mexique et d’autres pays, (qui) vont briser le tabou et appeler publiquement à considérer de nouvelles propositions, dont la décriminalisation et la régulation des drogues. Ce pourrait être un de ces tournants critiques qui ne se présente qu’une fois par génération — à condition que nous soyons suffisamment nombreux à exiger la fin de cette folie. » (5). Vous l’aurez compris, la pseudo folie ici étant de lutter contre le poison des narcotiques et autres drogues assassines plutôt que de les légaliser. On combat farouchement l’usage du tabac mais on devrait réguler l’usage de l’héroïne et de la cocaïne selon ces pétitionnaires ?
Entre nous, quel est l’intérêt pour ce groupe de nous proposer de signer une pétition afin de donner notre soutien aux trafiquants légaux de Washington et de Tel-Aviv plutôt qu’aux trafiquants illégaux de Medellin, de Mexico, de Rio de Janeiro ou de Kaboul (6) ?
Que cette soi-disant lutte pour l’éradication du commerce de la drogue se révèle inefficace, cela ne fait aucun doute. Tant que personne ne pourra arraisonner et fouiller les avions privés de la CIA, les navires du FBI, les chars blindés des escadrons anti-drogues en Colombie et en Afghanistan ainsi que les autos patrouilles de la police à New-York, à Washington et à Mexico, rien ne sera fait de véritablement efficace pour gagner la guerre contre ce fléau. L’humanité combat les criminels de guerre et les génocidaires depuis très longtemps. Puisque cette guerre semble presque impossible à gagner décriminalisons et régulons les génocides ce pourrait être « un tournant critique qui ne se présente qu’une fois par génération », surtout pour les peuples soumis aux génocides. On commence à réguler par quel peuple à génocider ?
La solution au problème du hachich, de la cocaïne, de l’héroïne et de toutes les autres drogues mortelles n’est pas d’en légaliser ni d’en valoriser l’usage auprès des enfants, des adolescents et de la population miséreuse en général, mais d’exiger des comptes de ceux qui sous le couvert de les combattrent dirigent effectivement le commerce de ces poisons.
Un jour peut-être, les petits-bourgeois libéraux et « démocrates », friands d’élections démocratiques, comprendront-ils que le commerce monopolistique de cette marchandise est soumis aux lois générales du commerce des marchandises sous l’impérialisme, et que sans le renversement du système capitaliste lui-même les peuples du monde ne parviendront jamais à éradiquer ces produits dangereux – mortels – décadents produits par une société crapuleuse – assassine – décadente.
D’ici là laissons les « bobos » à leurs supputations naïves à propos des manifestations hypocrites de l’ONU ainsi qu’à leur plaisir anticipé de pouvoir bientôt s’approvisionner à meilleur compte sur des marchés « enfin » légalisés.
Robert Bibeau
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(1) http://www.ledevoir.com/societe/justice/325814/l-illusion-d-un-monde-sans-drogue?utm_source=infolettre-2011-06-18&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne
(2) http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/03/us-bank-mexico-drug-gangs?INTCMP=SRCH
(3) « La situation est confuse autour du sort du Mollah Omar. Selon le Washington Post, le gouvernement américain était en train de négocier avec le célèbre chef borgne en vue de faciliter le retrait des troupes US d’Afghanistan. » http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/la-chine-menace-les-usa-en-cas-d-94790
(4) http://www.guardian.co.uk/world/2011/apr/03/us-bank-mexico-drug-gangs?INTCMP=SRCH
(5) http://www.avaaz.org/fr/end_the_war_on_drugs_fr/?cl=1082877927&v=9210
(6) http://www.avaaz.org/fr/end_the_war_on_drugs_fr/?cl=1082877927&v=9210
http://www.centpapiers.com/legaliser-l%E2%80%99heroine-et-la-cocaine-%E2%80%93-pour-ou-contre/74164
http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
robertbibeau@hotmail.com
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