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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 16:49

T. Banon et une des filles de DSK

 

http://1.bp.blogspot.com/-cSnEGJJgR4Y/TdNhphYO8vI/AAAAAAAAC_M/oGDlnyyQCg4/s1600/Tristan_Banon.JPG

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Photo placée par eva

 

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Les sept façons de vérifier la version de Banon (et de DSK)
Certains détails de l'interview au centre de l'affaire devraient être faciles à vérifier.
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Si, à New York, le dossier d'agression sexuelle dans lequel Dominique Strauss-Kahn est accusé se délite, en France, une autre affaire vient de faire surface. Tristane Banon, une amie de la fille de Strauss-Kahn, et filleule de sa seconde femme, porte plainte contre lui pour tentative de viol.

Strauss-Kahn espère que l'effondrement du dossier de New York discrédite Banon. Dans un communiqué émanant de ses avocats, il «remarque que cette plainte tombe comme par hasard au moment où le caractère mensonger des accusations contre lui, aux États-Unis, ne fait plus aucun doute». Mais ce n'est pas vrai. La fausseté des accusations de New York reste incertaine. Et le dossier Banon est un autre problème. La plaignante, à New York, a échoué aux tests de corroboration. Banon va forcément passer des tests similaires, et leurs résultats seront peut-être différents. Ses allégations peuvent-elles être confirmées? Posons les éléments du dossier...

Banon déclare qu'en février 2003, lorsqu'elle avait 23 ans, elle avait interviewé Strauss-Kahn pour un livre. Ensuite, il l'avait appelée et donné rendez-vous à une adresse parisienne, pour un entretien complémentaire. C'était dans un appartement. Là, il l'avait touchée et était devenu de plus en plus insistant. Elle avait résisté.

Lors d'une émission de télévision, voici quatre ans, elle avait déclaré, selon le Telegraph, que la rencontre s'était finie «très, très violemment, puisque je lui ai dit clairement (...) moi j’ai donné des coups de pieds, il a dégrafé mon soutien-gorge, il a essayé d’ouvrir mon jean». Pour l'Agence France Presse, le compte-rendu était un peu différent: «Je lui ai dit clairement 'non, non!', et on s’est battu au sol, pas qu’une paire de baffes. Je lui ai donné des coups de pieds, et il a essayé de dégrafer mon soutien-gorge, d'ouvrir mon jean». Dans une interview qui vient juste d'être publiée dans L'Express, Banon explique:

«Ses doigts dans ma bouche, de ses mains dans ma culotte (...) [il] m'a attrapé la main puis le bras, je lui ai demandé de me lâcher (..) Il m'a tirée vers lui, on est tombés par terre et on s'est battus au sol, pendant plusieurs minutes (...) il s'est montré violent. Quand j'ai compris qu'il voulait vraiment me violer, je me suis mise à lui donner des coups de pied avec mes bottines, j'étais terrorisée et je lui ai dit: 'Vous n'allez pas me violer?' Et puis j'ai réussi à me dégager, j'ai dévalé les escaliers (...)»

Banon déclare qu'elle a essayé d'arrêter Strauss-Kahn en lui rappelant qu'elle avait quasiment le même âge que sa fille. Selon elle, il a répondu:

«Qu'est-ce que Camille vient faire là-dedans?»

Dans sa biographie autorisée, publiée voici quatre mois, en parlant des affirmations de Banon, Strauss-Kahn déclare:

«La scène qu'elle raconte est imaginaire. Vous me voyez, moi, jetant une jeune femme à terre, et lui faisant violence comme elle le raconte?»

Il précise que Banon l'a «contacté de la part de ma fille Camille (...) L'interview s'est déroulée normalement, et à la fin, j'ai appelé Michel Field pour qu'il lui accorde un entretien à son tour».

Il semble que Strauss-Kahn décrive là la première interview, et nie avoir appelé Banon une seconde fois, pour un entretien complémentaire à l'appartement. Une telle dénégation fait qu'il est facile de vérifier ses dires, et ceux de Banon, grâce à des données extérieures. En voici quelques-unes:

1. L'appartement.

Banon déclare qu'il était situé «entre Montparnasse et l'Assemblée nationale, dans une rue proche du boulevard des Invalides; il m'a dit que c'était l'appartement d'un ami». Elle dit qu'il «était quasi vide, blanc, poutres apparentes, une machine à café, une table ronde (...) une bibliothèque vide, et, tout au fond, une chambre avec un lit». Si Strauss-Kahn nie le fait qu'ils aient été tous les deux dans un tel appartement, il devrait être possible de savoir s'il existe, et si c'est le cas, de savoir lequel de ses amis en est propriétaire.

S'il existe, l'exactitude de la description de Banon pourra être vérifiée. Si cela concorde, Strauss-Kahn devra expliquer comment elle peut savoir à quoi il ressemble. Par ailleurs, s'il admet l'avoir rencontrée là-bas, d'autres journalistes français pourraient être interrogés pour savoir s'il a déjà donné d'autres interviews dans cet appartement, ou s'il le réservait à des jeunes et jolies femmes.

2. Le magnétophone.

Dans sa déclaration de 2007, Banon avait dit:

«J'ai posé le magnétophone tout de suite pour enregistrer, il a voulu que je lui tienne la main pour répondre, parce qu'il m'a dit 'je n'y arriverai pas si vous ne me tenez pas la main', et puis après la main, c'est passé au bras, et c'est passé un peu plus loin».

Dans son dernier entretien, elle déclare que lorsque Strauss-Kahn lui a tenu la main, elle lui a dit qu'elle voulait partir, «Il a arrêté le dictaphone, m'a attrapé la main puis le bras», et c'est de là qu'est partie la bagarre. Si ces affirmations sont exactes, elle doit avoir un enregistrement où on entend Strauss-Kahn lui demander de lui tenir la main, ce qui pourrait contredire sa version des faits, où il dit que l'interview s'est passée normalement. Où est l'enregistrement?

3. Le coup de fil à Maman.

Banon déclare :

«Et puis j'ai réussi à me dégager, j'ai dévalé les escaliers, je me suis retrouvée dans ma voiture, j'ai appelé ma mère car je n'arrivais même pas à conduire tellement je tremblais».

La mère de Banon se souvient-elle de cette conversation?

4. La contravention.

Banon dit avoir écopé d'un «PV» (une amende de stationnement française) au parcmètre, où elle avait garé sa voiture pour l'entretien. Où est cette contravention? L'adresse pourrait aider à localiser l'appartement, et l'heure pourrait être vérifiée par rapport à l'emploi du temps de Strauss-Kahn. On pourrait aussi la comparer à ses archives téléphoniques, pour voir s'il a bien appelé Michel Field ensuite.

5. Les SMS.

Banon affirme qu'après avoir quitté l'appartement, Strauss-Kahn «m’a envoyé tout de suite un texto en disant 'alors je vous fais peur ?', d’un air un peu provocateur (...) et après il a pas arrêté de m’envoyer des SMS». Ses archives téléphoniques font-elle état de tels SMS? Et si c'est le cas, comment Strauss-Kahn peut-il les expliquer?

6. Les excuses.

Strauss-Kahn déclare que, ces quatre dernières années, avec la mère de Banon, une autre responsable du Parti Socialiste, ils se sont croisés deux ou trois fois, lors de réceptions. Selon le biographe de Strauss-Kahn, «Ils ont parlé des accusations que la jeune écrivain portait contre lui. Et se sont, selon lui, quittés en bons termes, comme si toute l'affaire était un malentendu. Mais la mère de Banon affirme que, lors d'une conversation, Strauss-Kahn lui a dit «Je sais pas ce qui m'a pris, j'ai pété un plomb». Cette déclaration, de la mère, n'est liée à aucune des affirmations de la fille. C'est une citation directe de Strauss-Kahn. Comme l'explique-t-il? La mère délire-t-elle autant que la fille?

7. François Hollande. 

Banon déclare que François Hollande, qui était à l'époque premier secrétaire du Parti socialiste, avait eu vent de son agression, et l'avait appelée pour lui conseiller de porter plainte. Mais Hollande déclare n'avoir «eu aucune connaissance des faits - réels ou supposés» et n'avoir «jamais eu connaissance» de telles graves allégations. Pour Banon, aujourd'hui, «il ment». Est-ce vraiment le cas? Ou un tel défaut de mémoire diminue-t-il la crédibilité des accusations de Banon?

Dans tous les cas, Banon mérite qu'on compare ses déclarations à des preuves. Ça la discréditera peut-être. Ça discréditera peut-être Strauss-Kahn. L'important, c'est de se concentrer sur la corroboration et la falsification, pas sur qui gagne ou perd. Oubliez l'affaire de New York. Mettez de côté vos idées reçues sur les hommes riches, et celles qui portent plainte pour viol. Banon, comme Strauss-Kahn, a le droit à une audience équitable, et un examen approfondi. Ne la croyez pas sur parole. Et lui non plus. 

 

William Saletan - William Saletan


Traduit par Peggy Sastre

 

http://www.slate.fr/story/40671/DSK-Banon-versions


 

 

 

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