Un sentiment d’optimisme semble apparaître depuis le début de la semaine. Explication générale : certains investisseurs espèrent que le 26 août, à l’issue de la réunion des banquiers centraux à Jackson Hole, Ben Bernanke annoncera un troisième plan d’assouplissement quantitatif (QE3 – quantitative easing). Il est vrai, comme le dit Thierry Sarles, responsable de la gestion de taux, CPR Asset Management : «Le rendez-vous annuel de Jackson Hole est devenu quasi incontournable depuis deux ans. Ben Bernanke nous a fait la surprise à chaque fois d’annoncer des politiques ambitieuses et importantes en termes de montant ». Pour rappel, à l’issue de la réunion de 2010, l’annonce du QE2 avait permis aux marchés financiers de grimper de 30%.
Alors : jamais deux sans trois ?
Pour le moment, l’inflation sous-jacente est jugée importante et l’avenir n’encourage pas à l’optimisme de ce côté. Or la banque centrale américaine vient d’annoncer qu’elle étendrait son engagement pour le maintien de « taux bas pendant au moins deux ans ». Se fondant sur ces considérations, les experts de la banque BNP concluent : il ne faut logiquement pas s’attendre à une «annonce significative à Jackson Hole cette année ». Explication de Dominique Barbet, responsable de la recherche économique de marché chez BNP Paribas : «La mise en place effective du QE3, si elle est décidée, est du ressort du FOMC et pas du ressort du seul responsable de la Fed. Le cadre ne parait pas justifié. En 2010, la décision avait déjà été formellement prise par le FOMC».
Cela dit, à Jackson Hole, il y a un impératif à respecter : rassurer des investisseurs en manque de confiance… leur faire croire que les conclusions tirées des statistiques macro-économiques dernièrement publiées sont trop pessimistes et qu’il faut espérer dans les vertus de la baguette magique de la FED.
En conclusion, selon la plupart des commentateurs, les signes ne sont suffisamment pas assez mauvais pour justifier un QE3. Une bonne débâcle boursière donnerait certainement plus de crédit à cette opération séduction. N’oublions pas que ces dernières semaines, les critiques furent nombreuses pour rappeler que le QE2 avait fait plus de mal que de bien sur le plan macro-économique. Mais dans pareil débat, il y a toujours des contradictions. Certains s’attendent donc néanmoins, même s’ils sont peu nombreux, à ce que Ben Bernanke annonce un plan d’achat massif des bons du Trésor de l’ordre de 600 milliards de dollars. Nous aurions alors des investissements encore plus importants sur des actifs plus dangereux et, inévitablement, une nouvelle dégradation du dollar… avec un renchérissement des matières premières et des métaux précieux.
Si jamais il n’y a pas d’annonce de QE3, on pourrait alors avoir un carnage sur les marchés. La soupe médiatique actuelle aurait permis de pousser les gérants de fonds à se gaver de titres qui plongeraient et les modalités imposées par l’AMF contraindraient tous les porteurs de papier, même les plus perspicaces, à ne rien gagner. D’aucuns font valoir qu’une bonne chute des indices sur les niveaux annoncés par Trader Noé (dans la lame de fond) justifierait alors l’annonce d’un QE3. Faut-il y croire ? Ce serait tout de même trop gros !