Par Menthalo – Le regretté Christopher Story (assassiné en juillet 2010) de worldreports.org avait dans cet article « the octopus has been severely wounded » (qui a été effacé par BigBrother des archives de google) mis en lumière une tentative de corruption active du chef du shaddow-cabinet, George Osborne, sollicitant des fonds à Derispaka sur le yacht de Nathanael. L’affaire avait fait grand bruit outre-Manche, il en reste quelques traces sur le net, comme ici dans le Telegraph. Nathanael Rothschild a donc longtemps œuvré dans une semi-pénombre à tisser les fils d’un empire dans les matières premières, jouant de ses relations politiques et bancaires avec plus ou moins de discrétion, comme le montre cette introduction. A partir de 2010, son hyperactivité dans ce méga-monopoly va devenir plus apparente. Il va multiplier des structures d’investissement et les introductions en bourse pour lever des fonds et/ou réaliser ses profits.
Rusal
En 2010, Nathanael Rothschild faisait la promotion de RUSAL, dont 16,5% des parts étaient introduites en bourse. Il annonçait y avoir investi 100 Millions de $. »Je connais le groupe de l’intérieur. Ce n’est pas la société la moins chère du secteur, mais c’est une très belle affaire, bien meilleure que ses concurrents Alcoa ou Chalco. En témoigne le très grand intérêt exprimé par des centaines d’investisseurs pour son introduction en bourse. L’offre a été sur-souscrite 1,4 fois … Rusal peut compter sur la formidable force de vente de Glencore, le numéro un mondial du négoce en matières premières, actionnaire à hauteur de 8,65% de son capital. »
L’introduction en bourse de RUSAL à la bourse de Hong Kong a été repoussée plusieurs fois par les autorités. Elle n’a été autorisée que parce que quelques grands noms de la finance ont annoncé vouloir prendre des participations, avec au premier chef Nathanael Rothschild, le magnat des médias sino-malais Robert Kuok (ça aide pour faire la promotion du titre), le fonds spéculatif new-yorkais Paulson & Co et une banque publique russe (VEB). Malgré le soutien de quelques magnats, les autorités de Hong Kong n’ont pas permis que le titre soit vendu aux particuliers. Il était réservé aux professionnels avec un achat minimum de 1 million de HK$. L’introduction a permis de lever 2,24 Milliards de $… pas assez pour désendetter totalement le groupe. En mars 2012, Rusal annonçait une chute du bénéfice de 92%. Depuis, les actions ont chuté de plus de la moitié de leur cours d’introduction. Une technique qui ressemble beaucoup à celles pratiquées sur le marché de Toronto et qui est longuement décrite dans l’autobiographie d’un ancien golden-boy, « le loup de Wall Street », qui sort bientôt en film. On introduit un titre au plus haut en faisant monter la cote, tout en jouant la baisse sur les options, permettant de très grosses plus-values. D’ailleurs, à 20 ans ce loup de Wall Street avait fait ses premières armes à « La Compagnie Financière » d’Edmond de Rothschild.
On retrouve Nathanael Rothschild dans un fonds d’investissement, VALLAR Plc, qu’il créé à Jersey en juillet 2010 pour investir dans le marché du charbon, qui va lui permettre de lever 1 milliard de $ par une introduction en bourse à Londres. Ce fonds va changer de nom en 2011 pour s’appeler BUMI (cité ci-dessous).
En juin 2011, il créé un nouveau fonds d’investissement en partenariat avec TONY HAYWARD (l’ex-président de BP). Ce fonds s’appelle VALLARES et doit s’investir dans le gaz et le pétrole. Introduit à la bourse de Londres (LSE:VLRS), il leur permet de lever 2,2 Milliards de dollars.
Glencore
Marc Rich, de son vrai nom Marc David Reich, qui, enfant, avait fui l’Allemagne nazie, va se lancer dans le négoce de Matières Premières en 1970, avec un de ces amis, Pincus Green. Leur truc était de commercer avec des pays ayant des problèmes politiques, comme l’Afrique du Sud, par exemple, mais aussi d’inviter les barons du pétrole dans une villa de la Côte d’Azur préalablement remplie de jeunes et aimables pensionnaires de Madame Claude (source Bloomberg). Dans un interview de Daniel Ammann, Rich reconnaitra que l’on trouve dans son livre « The King of Oil », qu’il travaillait avec le MOSSAD. Sa société Marc Rich Trading & Co fondée en 1974 va vite devenir un des leaders mondiaux dans son domaine.
Poursuivi pour évasion fiscale par l’administration américaine en 1983 et par le FBI pour avoir fait du négoce avec l’Iran pendant la crise des otages entre 79 et 81, il s’enfuit en Suisse où il vit toujours. A l’époque, l’embargo lui permettait d’acheter le pétrole moitié-prix en Iran pour le revendre le double aux Etats-Unis. Sa société change de nom pour Glencore.
Rich va essayer de prendre le contrôle du marché du Zinc en 1993-1994. Son échec va mener la société au bord de la faillite, forçant Marc Rich a céder la majorité de sa société à Willy Strothotte et l’actuel président Yvan Glassenberg. D’où venaient les fonds de ces financiers ?… car Glassenberg a commencé comme négociant en charbon sans un sou vaillant ?
Bill Clinton graciera Marc Rich dans les dernières heures de son mandat, à la demande de plusieurs personnes influentes, dont le premier ministre israélien Ehud Barak.
William Strothotte, un charmant stratégiste d’origine allemande et à l’excellente réputation sur le marché des matières premières a été nommé président pour essayer de redonner une meilleure image à la compagnie, dont le sulfureux fondateur poursuivi par toutes les polices, ternissait le succès. Strothotte prenant sa retraire, il est remplacé en 2002 par le requin aux dents longues, Yvan Glasenberg.
Yvan Glasenberg siège au conseil d’administration de RUSAL, leader mondial de l’aluminium où Nathanael Rothschild a été actif. Normal puisque Glencore détient désormais 8,65% du groupe. Glasenberg est également au conseil de Minara Resources dont l’ancien président est aujourd’hui co-fondateur de la Compagnie minière BUMI avec Nathanael Rothschild.
Il est normal que Glencore, devenu le leader mondial du commerce de minerais, soit proche des actionnaires de référence d’un groupe leader comme Rio Tinto, mais les liens avec Nathanael Rothschild sont aujourd’hui plus concrets et plus officiels.
En janvier 2010, Nathanael avait souscrit pour 40 millions de $ d’obligations convertibles (en actions) de Glencore. Un excellent investissement puisque GLENCORE a été introduite en bourse à Londres et à Hong Kong en mai 2011 avec succès, permettant de lever 10 Milliards de $ et valorisant l’entreprise à 60 Milliards de $.
Les méthodes de la compagnie n’ont pas changé. Elle faisait des affaires avec Saddam Hussein pendant l’embargo de l’Irak et elle est sûrement la première à Téhéran dont le pétrole est interdit d’exportation. A un certain niveau, on est totalement au-dessus des lois.
Pot-pourri
Considérée par Greenpeace comme la société la plus impénétrable qui soit, Glencore est sur leur liste des sociétés à surveiller.
La société Glencore est poursuivie sous de nombreux chefs d’accusation dans de nombreux pays, notamment pour son mépris total pour les réglementations sur l’environnement. Fin 2010, GLENCORE nomme TONY HAYWARD, ancien président de BP, déchu pour sa mauvaise gestion du désastre écologique de Deepwater Horizon, responsable de son « comité pour l’environnement, la santé et la sécurité« . Quelle ironie !
Glencore achète ainsi le carnet d’adresses de Hayward s’il en était besoin ou plutôt renvoie l’ascenseur, après quelques mauvais coups faits ensemble, qu’il s’agisse de jeunes filles en fleurs ou de transactions pétrolières passées, présentes et à venir.
Yvan Glasenberg est devenu le plus riche des israélo-sud-africains (il a la double nationalité), devant Johann Ruppert (l’associé de Lord Rothschild et de Bill Winter cf mon Histoire de l’Argent ) et Nicky Oppenheimer (le roi du diamant dont l’aventure familiale a été financée par les Rothschild).
Finalement dans ce petit monde, tout le monde connait tout le monde. On est en famille, c’est cool.
Bizarre ! vous avez dit Hasard ? comme c’est Khazar ?
Justement Glencore ces jours-ci investit au pays des Khazars, le Khazachstan. Le 27 septembre dernier, la société de négoce suisse a renforcé sa participation dans le producteur de zinc, KAZZINC passant de 50,7 à 69,6% et envisage de prendre 93%. Glencore s’intéresse aux 300.000 tonnes de zinc, 130.000 tonnes de plomb et 240.000 tonnes de cuivre extraites par Kazzinc chaque année, mais aussi à ses ressources en or. Sa mine Vasilkovskoye est la première mine d’or du Kazakhstan avec 1,5 million d’onces. Kazzinc produit 45 Millions d’onces d’Argent.
Glasenberg, marchant dans les traces de Marc Rich, s’intéresse aux pays en plein bouleversement politique. L’explosion de l’URSS en 1991 va créer un climat particulièrement favorable aux affairistes. Toutes les entreprises publiques de l’ancienne Union Soviétique sont privatisées au profit d’oligarques qui cherchent souvent des profits rapides, parce qu’incapables de gérer durablement une affaire. Le Kazakhstan ne va pas échapper à la règle. Bulat Utemuratov va être probablement le plus brillant de ces oligarques. Dés 1982, à 35 ans, il travaille dans le commerce international, ce qui ouvre l’esprit manifestement. En 90, il rejoint l’équipe au pouvoir à différents postes dont Ministre des Relations économiques étrangères. Il va même à partir de 1992, être en charge de la commercialisation à l’étranger des matières premières Kazakhs, ce qui va assurer le début de sa fortune. En 1995, il fonde la Almaty Merchant Bank en association avec MeesPierson Merchant Bank, la banque de la famille royale hollandaise. Des postes clés et honorifiques de la banque vont être offerts aux proches du Président kazakh, Nazarbayev, dont Utemuratov est le plus proche conseiller. Simultanément, Utemuratov rencontre Marc Rich avec qui il commence de longues et fructueuses affaires. Le kazakh est appelé le « cardinal gris », tant son influence est incontournable. Il est totalement au-dessus des lois et se moque des frontières. Sa banque a la réputation d’être une grande lessiveuse pour blanchir les fonds des occidentaux et par le biais de société diverses, il fait main basse sur une partie de l’appareil de production du pays.
En 1997, l’ex société de Marc Rich, Glencore, va prendre une participation majoritaire d’une des sociétés KAZZINC, qu’il détenait par le biais d’une société écran Verny. Alors que Glencore apparait aujourd’hui en pleine lumière du fait de son introduction en bourse, des hommes politiques dans l’opposition au Khazakhstan dénoncent le fait que Utemuratov est l’homme de paille du Président khazakh lui même et que ces richesses ont été volées au pays.
La S.E.C. de Londres est dans ses petits souliers parce que l’affaire n’est pas une première. Le 9 février 2007, les troupes boliviennes investirent les mines et fonderies de Glencore en décrétant la nationalisation. Evo Morales vint lui même signer les documents devant une foule de supporters en liesse. Glencore avait acheté ces installations deux ans auparavant au président précédent, qui s’était outrancièrement enrichi sur les matières premières du pays.
Glencore est bien sûr également très présent au Nigeria, où le pétrole a souvent un arrière-goût de sang.
« Qui se ressemblent, s’assemblent » dit le dicton. Voilà donc un aperçu de cette équipe de voyous sans foi ni loi, avant d’entrer enfin dans le vif du sujet, qui me préoccupe.