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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 04:14

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lerebelleekolo.blogspot.com

 

 

No future ?

 

 

Nous arrivons au terme de la série de billets (voir liste intégrale à la fin de l’article) que nous avons consacrée à l’absence de prospective en politique et à ses conséquences dans le domaine de l’énergie. Après avoir exploré les aspects techniques de la question, le temps est maintenant venu d’en aborder le volet politique.
  
Un constat tout d’abord, en forme de rappel : la situation actuelle, qui conjugue des ressources fossiles en voie d’épuisement et des énergies dites alternatives (éolien, solaire terrestre, biomasse…) en quantité insuffisante, nous conduit dans une impasse énergétique. La seule autre option qui nous est aujourd’hui proposée – l’énergie issue de la fission nucléaire – est un cadeau empoisonné, un remède pire que le mal, une option létale.
  
Tout est donc en place pour que nous entrions dans un Moyen Âge énergétique (et politique), où les ressources raréfiées vont engendrer paupérisation, conflits en tous genres et, en définitive, mort de la démocratie.
  
Afin de raccourcir la durée de ces Dark Ages – cette période sombre, pour employer l’expression américaine qui désigne le Moyen Âge – nous avons proposé d’investir dès maintenant sur deux fronts : d’une part celui de la culture et de l’éducation, d’autre part celui des énergies du futur, solaire spatial, fusion nucléaire et exploitation de l’hélium 3 lunaire.
  
En faisant progresser au maximum la recherche et la mise en place de ces technologies, nous optimiserions ainsi, sur le plan énergétique, les conditions de surgissement d’une future Renaissance. Comme celle qui eut lieu au XVe siècle, elle serait probablement caractérisée par un nouveau cycle de découvertes et de colonisation, la colonisation spatiale cette fois.
  
  
Accélérer de nouveau…
  
Le reproche majeur que l’on peut adresser à cette option, c’est qu’elle ne tire pas les leçons de l’histoire. L’accélération croissante que nous avons vécue depuis cinq siècles nous a envoyé « droit dans le mur » et on peut craindre qu’après la période de désagrégation que nous venons d’entamer, envisager de rebâtir un schéma de fonctionnement analogue n’aboutisse, en définitive, qu’à recréer les mêmes effets : une accélération croissante de la vitesse d’évolution de la civilisation qui débouche, une fois de plus, sur un effondrement. C’est le fameux phénomène dit des équilibres ponctués, fort bien décrit par François Roddier dans la série de billets qu’il a consacrée à ce sujet (voir références à la fin de l’article).
  
Pour éviter cette répétition d’accélérations suivies d’effondrements, une alternative est proposée : le ralentissement, la « non-croissance », dont l’objectif est d’atteindre un équilibre durable, basé sur le refus d’augmenter de manière sensible la consommation énergétique, la généralisation des énergies « douces » et du recyclage, etc.
  
  
… ou ralentir la machine ?
  
De prime abord, l’approche peut sembler fort séduisante car elle semble résoudre la problématique accélération / effondrement qui vient d’être décrite. Elle se heurte cependant à deux objections.
  
La première, c’est que l’immense majorité des individus va bientôt être contrainte à la décroissance et au ralentissement, et ce ne sera pas une partie de plaisir, très loin de là ! Des richesses atrophiées, plus rares, ne vont pas se répartir de façon plus juste et plus égalitaire à la surface du globe. On peut craindre que ce ne soit exactement le contraire : la féodalité comptait infiniment plus de serfs que de seigneurs. Avec la décroissance et le ralentissement imposés qui s’annoncent, on sera très loin du bonheur pour tous !
  
Le second obstacle, c’est que s’il existe sur cette planète deux types de civilisations, les premières basées sur le « ralentissement volontaire », les secondes à la recherche d’une nouvelle accélération, les secondes l’emporteront et les premières disparaîtront.
  
Pour qu’une civilisation basée sur le ralentissement volontaire puisse perdurer, il faut qu’elle soit seule à la surface du globe, qu’il n’en existe aucune autre qui vienne la « challenger ». Cette condition implique l’existence d’une « autorité suprême » au plan mondial qui ait les moyens d’empêcher toute velléité d’accélération. C’est là que le bât va commencer à blesser très sérieusement…
  
  
Mais dans quelles conditions ?
  
Pour atteindre un objectif de ce type, l’« autorité suprême » doit de facto se comporter en dictature, compte tenu de la nécessité d’enserrer la société dans un carcan très rigide afin d’éviter qu’elle n’accélère. Toute innovation scientifique ou technologique, mais aussi tout changement culturel ou politique, toute idée nouvelle (que l’on songe rétrospectivement aux idées du siècle des Lumières, « tremplin » de l’accélération du changement social), représente une menace d’accélération, de modification trop rapide du « biotope » existant et, à ce titre, doit être considéré comme « anti-social » ou « impie », selon le modèle répressif (« laïc » ou « religieux ») mis en place.
  
On pourrait objecter que ce but ne sera pas atteint par la force mais par l’adhésion de tous à un « nouveau contrat social »… Ne rêvons pas, cette chimère a déjà été poursuivie et s’est terminée – pour ceux qui la dénonçaient – derrière les barbelés. Que ces barbelés changent de forme dans le futur ne fera que modifier les modalités de la répression, pas sa finalité.
  
L’enfer est pavé de bonnes intentions et, comme il arrive assez fréquemment, le but recherché – une sorte d’harmonie universelle « soft », d’équilibre avec la nature – risque fort de se terminer en « dictature verte » ou en « dictature de la lenteur ». N’y voyez pas une attaque, déguisée ou non, contre nos « Verts » d’aujourd’hui mais la simple conséquence du fait que toute civilisation qui a absolument besoin « d’être seule pour survivre » ne peut déboucher que sur la tyrannie.
  
La politique est l’art du possible. Croire qu’elle peut mener au jardin d’Eden, à l’équilibre éternel ou à la société parfaite, est bien sûr une illusion ou un leurre. Pour sortir de « l’enfer » que constituera le nouveau Moyen Âge, il est fort possible que nous – ou plutôt nos descendants – aurons le choix entre la « peste » d’un ralentissement imposé par la force ou le « choléra » d’une nouvelle accélération qui débouchera – de manière quasiment certaine – sur un nouvel effondrement quelques siècles plus tard. Perspectives peu enthousiasmantes en apparence mais qui, au-delà des enjeux liés à l’énergie que nous avons évoqués dans cette série de billets, nous ramènent aux options du possible et à un choix culturel. Mais ceci, comme l’écrivait Rudyard Kipling, est une autre histoire…
  
  
Lundi
© La Lettre du Lundi 2011
  
Liste des billets consacrés à l’absence de prospective en politique et à ses conséquences dans le domaine de l’énergie :
Les chênes qu’on abat
Le bout de l’impasse
Sortir de l’impasse (1)
Sortir de l’impasse (2)
Sortir de l’impasse(3)
  
 
Série de billets de François Roddier :


Bientôt la fin de l’espèce humaine ?
Les lois implacables de la thermodynamique
La fin des espèces et des civilisations

 

 

http://lalettredulundi.fr/2011/05/27/no-future/

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