20 mars 2013
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mardi 19 mars 2013
La scandaleuse occupation de la Palestine
The Economist consacre cette semaine un dossier très intéressant sur le processus de paix au Moyen-Orient. L’occasion d’évoquer les pistes possibles pour régler le conflit israélo-palestinien mais aussi évoquer la scandaleuse tutelle et occupation de la Cisjordanie.
Quand Israël charcute la Palestine
La carte publiée par The Economist est absolument stupéfiante et permet de se rendre compte à quel point l’état israélien opprime les territoires palestiniens. Même s’il s’agit d’un dossier que je suis fréquemment et sur lequel j’écris depuis longtemps, l’ampleur de l’occupation et du mitage du territoire cisjordanien dépasse encore ce que j’imaginais. Il suffit de voir la carte pour constater que « l’autorité » palestinienne n’exerce son autorité que sur une petite partie de la Cisjordanie (en marron).
En effet, sur les parties en beige, Israël assure le contrôle de la sécurité. Et les parties en vert clair sont totalement sous contrôle israélien, tandis que les zones en bleu correspondent aux colonies. Enfin, Tel Aviv a construit un mur de séparation qui ne s’embarasse pas vraiment des frontières de 1967. Tout ceci pose de nombreux problèmes. Tout d’abord, avec un territoire aussi morcelé et occupé, les autorités locales n’ont d’autorité que le nom, ce qui les affaiblit considérablement.
Ensuite, cela complique sévèrement les négociations pour aboutir à la constitution de deux Etats. D’ors et déjà, lors du processus d’Oslo, avaient été évoqués des échanges de territoire pour pouvoir intégrer une partie des colonies au sein d’Israël. Mais plus la colonisation continue, plus cela devient difficile et plus les tensions augmentent. En outre, certains Israéliens ne veulent pas abandonner le contrôle de la frontière de l’est. Cela amène certains à prôner une solution à un Etat.
Israël, la nouvelle Afrique du Sud ?
The Economist explore cette option dans un long papier passionnant. Mais s’il souligne que cette idée progresse actuellement, il note qu’elle vient plutôt des marges des deux camps : quelques idéalistes qui pensent que les deux peuples pourraient cohabiter pacifiquement, ou les ultras des deux camps : israéliens pensant pouvoir conserver la maitrise de cet Etat, quite à ne pas reconnaître la citoyenneté des palestiniens, ou palestiniens s’appuyant sur la démographie pour l’emporter.
Du coup, une telle option ne semble pas crédible. Mais il y a le risque qu’Israël finisse comme l’Afrique du Sud, comme le montre la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions). Cette réponse citoyenne et non violente rejoint complètement la démarche qui m’anime depuis plusieurs années. The Economist souligne qu’Israël « ne pourra pas rester à la fois démocratique et juif s’il continue à contrôler la vie de millions de palestiniens sans leur donner de pleins droits politiques ».
C’est pourquoi la solution de deux Etats semble largement préférable et il faut vraiment faire pression sur Israël pour la leur faire accepter. Aujourd’hui, comme il est le plus fort, il a tendance à faire ce qu’il veut, méprisant le peuple palestinien. Mais un tel comportement est à courte vue : que se passera-t-il quand Israël ne sera plus le plus fort de la région ? Mieux vaut qu’il ait montré l’exemple de la modération car si ses adversaires du moment ne retiennent que la loi du plus fort, un jour, celle-ci risque de se retourner contre l’état israélien. C’est pour sa sécurité qu’il faut le lui faire comprendre.
Rien ne peut justifier la colonisation progressive et continue de la Cisjordanie. Cette guerre à mèche lente créé légitimement de très forts ressentiments qui sont une bombe à retardement extrêmement dangereuse pour la région et pour Israël. Il est temps de le lui faire comprendre plus durement, pour son bien.
http://www.gaullistelibre.com/2013/03/la-scandaleuse-occupation-de-la.html#comment-form