Notre amie, Danièle Dugelay, retraitée de l'Enseignement et militante, nous envoie ce témoignage révélateur :
La curiosité n’étant pas toujours, à mon avis, un vilain défaut, je ne me sens en paix que lorsque j’ai la réponse à la question que je me pose, surtout si elle me concerne en tant que citoyenne.
Question : Que sont devenues les affaires personnelles, éventuellement les caravanes et les voitures, qui appartenaient aux Roms renvoyés par avion dans leur pays ?
Le « 3939 » m’a répondu qu’il ne répondait pas à ce genre de question, mais donnait des renseignements administratifs aux usagers. Je m’en doutais, mais j’ai insisté : « Vous êtes au service des usagers, mais pas des citoyens ». Comme la fonctionnaire a reconnu que « c’était la même chose », elle a fini par m’expliquer qu’il s’agissait de décisions préfectorales prises par chaque préfecture concernée. J’ai donc appelé une Préfecture concernée. Comme la standardiste ne savait pas qui me passer, je lui ai suggéré le cabinet du préfet. Une fois là, je me suis platement excusée du dérangement car je voulais surtout avoir ma réponse et voilà à peu près notre dialogue, après que j’ai eu posé ma question.
- Tout a été déposé en fourrière, sauf ce qui n’était pas récupérable ; comme certaines caravanes trop abîmées pour être transportables.
- Mais, Madame, vous êtes sûrement d’accord avec moi : même détériorées, ces caravanes étaient leur propriété ?
- Oui, mais que voulez-vous qu’on en fasse ?
- Et les voitures et caravanes qui ont été mises en fourrière, est-ce qu’ils devront payer pour les reprendre ou les faire reprendre ?
- Je n’en sais rien, mais certainement que le règlement de la fourrière sera appliqué.
- Donc, si je comprends bien, c’est la préfecture qui a disposé de leurs biens ? Ainsi, le droit de propriété doit être respecté pour tout le monde, sauf pour les Roms ?
- Ah, non. On les a renvoyés chez eux et c’est à la Roumanie qu’il appartient de s’occuper d’eux.
- Je suis d’accord avec vous sur le point que c’est un problème européen, mais puisqu’ils sont citoyens de l’UE, pourquoi les empêcher de circuler comme les autres européens ? Ils ont bien les mêmes droits !
- Pour augmenter encore le chômage en France ? Vous avez vu où on en est ?
- Et vous savez certainement, Madame, que notre constitution reconnaît à chacun le droit au travail. C’est un droit que l’Etat devrait respecter.
- Et tous les miséreux en France ? Qu’on s’occupe d’abord des nôtres.Vous avez vu tous ces retraités qui cherchent dans les poubelles ?
- Ah, là, Madame, nous sommes d’accord : toute cette misère dans notre pays, c’est « dégueulasse ».
- Oui, c’est dégueulasse (je sens qu’elle s’énerve). Et eux, on va leur donner 300 euros pour retourner chez eux. Et, ensuite, ils vont revenir, voler (sic) pour se nourrir ! Ah, non !
- Ils devraient pouvoir circuler comme tous les autres et il y a suffisamment de richesses en France pour que chacun puisse manger à sa faim.
- Ah, oui, et comment ?
- Cela prouve que c’est le système qui ne va pas, il faut changer. C’est le libéralisme actuel qui ..
- Ah, alors, là, vous ne m’entraînerez pas sur ce terrain (elle est franchement en colère. Je préfère arrêter).
- Vous avez raison, nous ne sommes pas du même bord et il vaut mieux en rester là. N’empêche que les lois ne sont pas respectées. Au revoir et merci, Madame.
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