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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 00:06

 

 

Tsassé  Phinées

 

Une analyse des médias et de la propagande qu’ils véhiculent 
Extraits du roman de Tsassé Phinées
"Les scandales du monde" (en quête d'Editeur)
voir :

(…) Symel mit le téléviseur en marche. Sa chambre était modeste et relativement belle.
                « Mesdames et messieurs, merci de regarder Canalvision, les titres du journal. L’avion présidentiel a été volé tôt ce matin. Les enquêtes ont commencé pour identifier les responsables de cette disparition mystérieuse.
Grève à la compagnie ferroviaire. Les employés demandent des augmentations de salaires.
Le colloque réunissant les agriculteurs autour du thème : « Une agriculture responsable et productive » a pris fin ce jour. Reportage sur les conclusions de cette rencontre par notre envoyée spéciale.
En Orient, des missiles sol-sol et sol-air ont été exposés au public dans le musée de l’armée. Les pays voisins dénoncent une provocation. Nous écouterons leurs porte-parole joints par notre correspondant dans la région.
Un spectaculaire accident de circulation dans la banlieue ce matin. Heureusement, aucune victime. Témoignage de notre correspondant sur place ». (…)
(…) Symel commença :

-Parlons du journaliste qui nous apparaît à la télévision, et qui nous présente le journal. Son regard est projeté dans le nôtre, et cela joue déjà psychologiquement. Son regard, sa mine et sa voix nous forcent à l’écouter. Il parle avec tant d’assurance, c’est ainsi que nous prenons ses informations pour argent comptant. Il y a ensuite la récurrence de l’information. Les chaînes de télé ou de radio diffusent et rediffusent souvent de fausses informations, et le corollaire c’est que, ces informations qui passent chaque trente minutes, chaque une heure et chaque jour, s’installent dans l’esprit et deviennent indéboulonnables. Un mensonge répété plusieurs fois devient une vérité.

                - Rappelle-toi de ce pays d’Orient, celui qui a subi tout un lynchage médiatique l’année surpassée, fit Soal.
                -Oui, acquiesça Symel, chaque jour il y avait une information négative sur ce pays. On l’accusait d’être une menace pour la paix dans cette région, d’être un Etat terroriste, bref, un pays de l’axe du mal. Chaque événement, même un accident de chien, était une occasion pour diaboliser ce pays. Et ce qui arriva fut tragique.
                -Souviens-toi, renchérit Soal, en ce temps-là, nous étions convaincus par la version des médias, et pourtant leurs informations étaient fausses. Les richesses de ce pays étaient l’objectif des grandes puissances qui nous manipulaient avec leurs grands médias. On nous fit non seulement accepter cette guerre, mais on nous poussa à la soutenir. Les dirigeants de ce pays d’Orient étaient opposés à l’impérialisme et à une exploitation abusive de leurs richesses. Il fallait donc les chasser du pouvoir pour installer des dirigeants plus malléables.

          Symel reprit :  
- Tu vois comment il est si fréquent et si facile pour les médias de fabriquer une vision erronée des choses, de procéder à un véritable lavage des cerveaux en liberté.
                -Guilfa, dit Soal, souviens-toi de lui. Ce garçon qui ne croyait pas à tout ce que les médias disaient. Il pestait parfois que certaines maisons d’éditions étaient au service des bourgeois, et qu’elles promouvaient la pensée unique. Il ajoutait que celles-ci publiaient les livres qui servaient les intérêts et les idéologies des bourgeois, et refusaient de publier ceux qui étaient dérangeants. Nous nous moquions de lui, le traitant d’adepte de la théorie du complot ou d’ami des terroristes. Il déclara - sans douter un instant - que l’attentat le plus spectaculaire et le plus meurtrier du siècle était un complot gouvernemental. Selon lui, le gouvernement de ce pays puissant avait lui-même perpétré l’attentat. Il contredisait ainsi la version officielle que les médias relayaient. Cet attentat permettait à ce gouvernement de trouver des prétextes pour attaquer les pays riches en pétrole et autres matières premières, en les accusant de soutenir les terroristes. Plus tard, ce qu’il disait se révéla vrai. Nous le traitions pourtant de fou. Comme nous étions si ignorants, si ridicules !
               
                Symel se leva et dit :
                -Les médias sont des déclencheurs de guerres. Les grands groupes industriels ou les pays puissants cherchent toujours à ériger une seule information, et pour cela, ils mettent les moyens dans les médias qu’ils détiennent ; ils ne commettent jamais l’erreur de ne pas en détenir. Ils utilisent ces médias pour la désinformation et en l’occurrence la manipulation. Ils font tout ceci afin d’obtenir le pétrole, le diamant, bref, les matières premières. Les journalistes sont utilisés comme des relais conscients ou inconscients de ces manœuvres détestables. (…)

(…) -Les hommes politiques ont compris une chose, commença Soal. Ils ont compris qu’il est nécessaire de s’emparer des médias et de les contrôler. Ils sont les amis des propriétaires de médias, ou bien propriétaires eux-mêmes. Les patrons des médias sont les amis des dirigeants politiques, puisqu’il est important qu’il y ait des connivences entre les journalistes et les politiques sur un plan privé, pour un bon encadrement de l’information. Ainsi, ils forment des couples aux relations très intéressées. Les informations sont d’ailleurs confectionnées à domicile ; informations favorables aux politiques bien sûr. Alors, quand le peuple se fait avoir par des informations fabriquées, et que les dirigeants et les politiques vont bien, les journalistes de leur côté ont des augmentations, des avancements… Ils deviennent vedettes, présentateurs des grands journaux télévisés, des émissions politiques. C’est le renvoi d’ascenseur ; tout se négocie.
                -Ils peuvent faire dire aux journalistes tout ce qu’ils veulent, fit Symel avec indolence.
                Soal poussa un grand soupir et dit :
                -Les groupes publicitaires leur appartiennent, et ces derniers ont une manière très subtile d’encenser les hommes politiques, de les défendre, ou encore de les aider dans l’accomplissement de leurs projets parfois cyniques. Ils les installent carrément dans le quotidien des gens, et les moins perspicaces se font berner et deviennent des soutiens inconditionnels.

                Symel ajouta :  
- Les instituts qui réalisent les sondages, voilà d’autres pions ! Ils vous martèlent des chiffres en faveur de leur candidat préféré, si bien que vous ne prenez plus la peine de soutenir un autre candidat. Vous avez l’impression d’être une infime minorité.
                -Le mois passé, chez nos amis du pays voisin, n’a-t-on pas vu l’un de ces instituts violer carrément la loi électorale pour…  Soal ne termina pas sa phrase. (…)
               
                (…) -Et tu sais pourquoi ils ont passé leur temps à démolir le président sortant ? demanda Soal à brûle-pourpoint.
                Symel répondit sans hésiter :
                -Il réduit l’écart entre les riches et les pauvres, et cela, les riches qui détiennent les médias et ces instituts de faux sondages ne veulent pas l’accepter.
                -Revenons à notre sujet. Nos journalistes sont pour la plupart des prisonniers privilégiés.
                -Explique-toi, dit Symel en bâillant.
                -Ils ne sont ni dans les chaînes ni dans les cellules, mais des plates-formes leur sont offertes pour s’exprimer. Mais curieusement, ils ne disent pas ce qu’ils pensent, fit Soal fermement. (…)
                (…) Les deux garçons semblaient un peu fatigués.

                Symel reprit la parole et dit :
                -On leur impose une éternelle ligne éditoriale, et au fil du temps, ils se laissent convaincre que le traitement de l’information émane d’eux et non de leurs chefs. C’est pour cette raison qu’ils ne voient pas leurs menottes.
                -Parlons des vedettes qui nous présentent les journaux des heures de grande écoute
                -Ceux qui présentent les belles émissions, compléta Symel.
                -Voilà ! s’exclama Soal, ils sont pour la plupart ceux qui ont fait allégeance à la classe dirigeante et opulente. Ils ont prêté serment de ne rien faire allant à l’encontre des intérêts de cette classe.
                Symel changea presque de sujet et dit :
                -Certains journalistes au moment où ils prennent leur retraite, fondent des maisons de presse ou bien créent des ‘blogs’ sur la toile, afin de s’exprimer librement. C’est pour laver la honte de l’oppression qu’ils ont subie toute leur carrière durant. (…)

                (…) -Cela s’installe involontairement dans le subconscient. Il n’est pas facile de résister à ces propos qui détruisent les nations et même les continents. Tu vois que ce sont toutes ces choses qui appellent à cor et à cri le tribalisme, le séparatisme, et s’ensuivent guerres civiles, génocides et que sais-je encore. Les puissants divisent ainsi pour régner et exploiter.
                -Aujourd’hui, reprit Soal, les médias sont si puissants qu’on pourrait dire qu’ils sont dans certaines situations le premier pouvoir. Parfois, ce sont les médias qui façonnent l’exécutif, le législatif et le pouvoir judiciaire. Ils ont l’art d’user et d’abuser du mensonge, de la calomnie et de la diffamation. Il suffit d’appliquer à certaines informations, surtout les plus importantes, le principe de l’info des quatre doigts pour espérer avoir la vérité.
                -C’est quoi  l’info des quatre doigts ? demanda Symel. (…)

                (…) -Voilà ! lança Soal en souriant. En fait, il est diabolisé par les puissants parce qu’il empiète sur leurs intérêts, et ose défier ouvertement les pays qui se sont érigés en gendarmes de la planète. Le plus paradoxal c’est que ceux qui piétinent vraiment les droits de l’Homme et la démocratie ne sont jamais vilipendés. Aucun doute : c’est parce qu’ils protègent les intérêts des puissants, qui se fichent aussi des droits de l’Homme. Dans la majorité des cas, quand ces médias encensent un homme politique, c’est une mauvaise personne. Si tu cherches à mieux connaître cette personne, tu auras tout le contraire de ce qu’ils disent de lui. (…)

                (…) Les médias sont devenus des puissantes armes de déstabilisation des pays et des régimes anti-impérialistes. Ils fabriquent des reportages, offrent leurs antennes aux opposants de ces régimes, accusent lesdits régimes de tous les maux, même les maux qui existaient avant eux… Ils simulent dans les reportages des morts qu’ils attribuent à ces régimes. Les médias corrompent les civils afin que ceux-ci disent ce qu’ils veulent diffuser. Les puissants n’hésitent pas à donner aux médias ces sommes qui servent à corrompre. Ce sont des investissements qui rapportent gros quand ces régimes tombent. Ils discréditent par tous les moyens les pouvoirs en place dans les pays hostiles à l’impérialisme. Ils appellent subtilement leurs armées à la révolte. Ils mettent par exemple en avant certains chefs de ces armées, pour leur faire tous les éloges, afin que leurs frères d’armes se rallient à eux pour créer le désordre et installer les pantins des bourgeois.

                Symel se leva de la chaise et ajouta :    
                -Avec les mots, on convainc facilement les petits esprits. La peur est devenue le terreau sur lequel pousse l’arbitraire. Pour atteindre leurs buts criminels, il suffit que des personnes ou des gouvernements malintentionnés la distillent.
                -Peur, terreau du crime, fit Soal pensif.
                -Oui, reprit Symel. Ils distillent (…)
                (…) -Ils appellent ces guerres : Missions salvatrices,  Guerre pour la paix, c’est tellement cynique et bidon. Le pire dans tout cela, c’est qu’ils sèment la haine des autres. On voit les autres peuples comme des dangers potentiels ; et pourtant, derrière toutes ces manipulations, se cachent des intérêts égoïstes (…)


Tsassé  Phinées
Etudiant camerounais
Ecrivain

 tsassephinees@yahoo.com 

Afrique, Cameroun : Brillant jeune écrivain cherche éditeur engagé

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