par Christine Bierre
23 janvier 2012 (Nouvelle Solidarité) — John Quincy Adams, un grand Président américain, s’était opposé à ce que les Etats-Unis deviennent « un petit bateau à rames, à la remorque d’un navire de guerre britannique ».
Il disait aussi que « l’Amérique ne doit pas aller à l’étranger, chercher des monstres à détruire. (…) Elle pourrait devenir la dictatrice du monde. Elle ne serait plus [alors] le maître de son propre esprit ». (4 juillet 1821)
A défaut de s’inspirer d’un grand Français comme Charles de Gaulle, Nicolas Sarkozy aurait pu s’inspirer d’un grand Américain. Malheureusement ce n’est pas cette Amérique qu’il aime, mais l’Amérique impériale, inféodée à l’Empire britannique. Non seulement il trouve plaisir à la guerre ; il aime encanailler la France, la traînant, en Junior Partner, derrière les guerres coloniales de l’Empire britannique.
Les propos qu’il a tenus aux ambassadeurs de France, sur l’Iran, sont inquiétants. Ils montrent un individu surexcité, voulant soumettre par la force un pays qui aujourd’hui, avec tous les problèmes qu’il a (et ils sont énormes), a su mieux maintenir son cap vers le développement que le secteur transatlantique tout entier menacé d’implosion par la crise financière. L’Iran et ses alliés dans la région, la Russie ou la Chine, sont loin d’être parfaits mais ils n’ont pas sombré dans la cupidité financière, comme les élites françaises et occidentales l’ont fait depuis une trentaine d’années.
Dans ses remarques aux ambassadeurs et selon des proches, cités par Nathalie Nougayrède dans un article du Monde, Nicolas Sarkozy rêve d’amener la France dans un triangle Etats-Unis, France, Israël, afin de jouer un rôle clé dans la région.
Le Président français, qui a adopté la ligne de la propagande de l’ultra-droite israélienne selon laquelle l’Iran aura la bombe d’ici un an, prétend que soit les Occidentaux empêchent l’Iran de se doter d’une bombe, soit Israël lancera une attaque militaire d’ici six mois, probablement après l’élection américaine.
Ceci ne laisserait pas aux Occidentaux d’autre choix, toujours selon Sarkozy, que d’adopter les sanctions économiques les plus virulentes contre l’Iran, forçant ce pays à choisir « entre l’implosion du régime ou lâcher la bombe » ! M. Sarkozy s’est vanté d’avoir été celui qui a conduit l’Union européenne à décider des sanctions virulentes qu’elle doit rendre publiques le 24 janvier : le gel des achats de produits pétroliers et des transactions avec la Banque centrale iranienne.
M. Sarkozy prétend que ces mesures mettront l’Iran devant un choix existentiel. Dans un Iran surchauffé par les menaces qui pèsent sur lui et par les batailles factionnelles qui le traversent avant les élections législatives de mars, elles risquent, au contraire, de pousser un Iran, acculé, à se lancer dans des provocations qui seront le prétexte à une guerre.
Et alors, ce ne sera pas seulement le visage ensanglanté d’un Président arrêté et tué dans l’exercice de ses fonctions – celui de Kadhafi – qui hantera la France, mais le fait d’avoir fourni le prétexte à l’éclatement d’une nouvelle guerre mondiale, potentiellement thermonucléaire.
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