
SANTE - Devant le congrès de la Mutualité française réuni à Nice, le président de la République, François Hollande, a demandé samedi 20 octobre une enquête administrative à la suite du drame survenu la veille dans le Lot.
Une mère a perdu son enfant en le mettant au monde dans sa voiture sur l'autoroute A-20, alors qu'elle faisait route vers une maternité de Brive, en Corrèze, faute d'établissement capable de la recevoir dans le nord du département du Lot, où elle réside.
"Le drame qui s'est produit hier (...) nous appelle une nouvelle fois, encore, à ne rien accepter en matière de désert médical", a déclaré le chef de l'Etat. "C'est pourquoi j'ai demandé à la ministre des Affaires sociales [Marisol Touraine] de diligenter une enquête administrative pour tout connaître des conditions de ce drame", a-t-il poursuivi.
Un peu plus tôt, déjà, le président de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, avait demandé à l'Agence régionale de santé (ARS) que la lumière soit faite sur cet accouchement. "Ce drame se serait-il produit s'il y avait eu une maternité plus proche ?" s'est-il interrogé avant de poursuivre: "Nous avons dit les risques liés à la fermeture de la maternité. Une enquête sera évidemment diligentée. Je demande expressément à l'Agence régionale de santé de nous en transmettre les conclusions intégrales".
En attendant, FTVi vous explique comment on en est arrivé là.
Dans le Lot, 30 minutes pour rejoindre une maternité
Le Lot a perdu en 2009 sa maternité de Figeac, et celle de Gourdon quelques années plus tôt. Le département de 170 000 habitants, ne compte plus qu'une seule maternité, à Cahors.
Résultat, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), citée par La Dépêche du midi, il figure "parmi les huit départements dans lesquels 'plus de la moitié des femmes accouchent à une demi-heure ou plus de leur domicile alors que moins de 15 % sont dans ce cas en Île-de-France et dans le département du Nord'".
C'est pourquoi François Hollande a également répété samedi un de ses engagements formulés pendant la campagne: "aucun Français ne doit se trouver à plus de 30 minutes de soins d'urgence".
ISelon Michel Antony, président de la Coordination nationale pour la défense des hôpitaux et maternités de proximité, le Lot n'est pas un cas isolé. D'après lui, entre huit et neuf départements ne disposent plus que d'une seule maternité, et la région parisienne et le Sud-Est ne sont pas épargnés, à l'image des menaces pesant sur la maternité des Lilas ou de la fermeture en mars de la maternité de La Seyne-sur-Mer (Var).
Les politiques publiques mises en cause
Pour cette Coordination, le drame de l'A-20 illustre "l'aspect néfaste des regroupements de maternité". Et d'exiger un "moratoire sur les fermetures de maternités".
Interrogé sur France Info, le président du syndicat national des gynécologues obstétriciens, Jean Marty, a lui aussi mis en cause les politiques publiques."La désertification médicale, dont on s'étonne, c'est effectivement la conséquence de cet abandon par l'administration de tout ce qui n'est pas les pas grosses structure, explique-t-il. On sait, que lorsqu'une maternité ferme, toutes les compétences médicales (...), tous les praticiens qui ont travaillé dans cette maternité, ne vont pas travailler dans les structures qui regroupent les maternités fermées."
Dans une étude publiée mardi, l'association de consommateurs UFC-Que choisir a couplé les disparités géographiques liées aux déserts médicaux et aux dépassements d'honoraires. Pour quatre spécialités médicales, dont la gynécologie, l'association avait dénoncé, carte à l'appuie, "l'intolérable fracture sanitaire" en France.
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http://www.francetvinfo.fr/une-mere-perd-son-enfant-en-accouchant-sur-l-autoroute-les-deserts-medicaux-mis-en-cause_158193.html
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