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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 18:46
Quand le mercure "plombe" les dents

Publié le 23-11-11 à 16:56    Modifié le 27-11-11 à 08:34     par Le Nouvel Observateur     4 réactions

Seule contre tous, la France refuse de faire interdire les amalgames dentaires, en dépit des risques pour la santé.

Soins dans un cabinet dentaire (JACQUEMART/ISOPIX/SIPA) Soins dans un cabinet dentaire (JACQUEMART/ISOPIX/SIPA)

Entre 17 et 18 tonnes ! telle est la formidable quantité de mercure qui continue chaque année d'être déversée dans les dents creuses des Français, sous forme d'amalgame dit à tort "plombage" , pour en obturer les caries. Il s'agit d'un peu glorieux record européen car le mercure, chacun le sait depuis longtemps, est un dangereux poison - notamment un redoutable neurotoxique -, dont on essaie un peu partout de débarrasser la dentisterie. La Suède, la Norvège, le Danemark, le Canada en ont interdit l'emploi par les dentistes, ou du moins strictement restreint l'usage. Le gouvernement américain s'est prononcé pour la "suppression progressive des amalgames", de même que le Conseil de l'Europe. Et, dans tous les pays développés, le mercure dentaire est en déclin. Pourtant, début novembre à Nairobi (Kenya) où 125 pays s'étaient réunis pour préparer une future convention mondiale limitant le plus possible toutes les utilisations du mercure -, la France a bizarrement fait cavalier seul, réaffirmant son opposition officielle à toute interdiction des amalgames.


"Risques d'effets létaux toxiques"


Pour André Cicolella, président du RES (Réseau Environnement Santé), "cette position française sur le mercure dentaire constitue un nouvel exemple de dysfonctionnement de la sécurité sanitaire" . Etant celle de l'Afssaps, elle démontre que, malgré les leçons tirées après le scandale du Mediator, la santé des Français n'est toujours pas à l'abri des "expertises entachées de conflits d'intérêts". Marie Grosman, vice-présidente de l'Alliance mondiale pour une dentisterie sans mercure, et coauteure avec Roger Lenglet du livre "Menace sur nos neurones" (Actes Sud), parle même d'une "collusion malséante entre l'Afssaps et l'Ordre des dentistes". Sur les dix experts qui, en 2005, avaient défini la doctrine française en la matière, " trois au moins avaient des liens avec des fabricants d'amalgames". Or les dentistes, surtout français, aiment beaucoup le plombage au mercure : c'est traditionnel, rapide et facile à poser. Et puis on persiste à leur enseigner en fac que "l'amalgame est sans danger", ou que "le patient devrait avoir en bouche environ 530 ( !) obturations pour voir sa santé affectée" - alors que, selon une étude allemande, avec un seul amalgame, la teneur en mercure de la salive dépasse déjà très largement celle admise pour l'eau potable. Or chacun d'entre nous avale quotidiennement un litre de sa salive. D'ailleurs, dans leurs notices - que les dentistes ne lisent pas -, les fabricants eux-mêmes mettent en garde. On y lit des phrases comme "risque d'effets létaux aigus toxiques", ou "le mercure est reconnu comme causant des malformations du foetus et des troubles de la reproduction". D'où ce paradoxe épinglé par Marie Grosman : "Les débris de vieux amalgames sont classés comme déchets dangereux et interdits de poubelle, alors qu'ils ont passé des années dans la bouche du patient, à quelques centimètres de son cerveau. "


Remplacer les vieux "plombages"


Or cela ne fait aucun doute, le mercure de nos dents creuses s'échappe peu à peu. Les vieux amalgames retirés après dix ans de séjour en bouche ne contiennent plus que la moitié de la quantité initiale. Avalé avec la salive et inhalé sous forme de vapeur, il est véhiculé par le sang et va se fixer dans divers organes - dont le foie, les reins, les intestins et le cerveau. Cette pollution sournoise perturbe les systèmes immunitaire et endocrinien, et favorise divers troubles. Cela va de l'irritabilité à la rectocolite hémorragique, de l'insomnie au tremblement des mains, de l'allergie à la perte d'équilibre. Le mercure traverse le placenta, passe dans le lait maternel et notamment perturbe le développement cérébral : on a démontré que "le Q.I. de l'enfant est inversement proportionnel au taux de mercure du cordon". Et aussi que la pose d'amalgame en début de grossesse multiplie par quatre le risque de bec de lièvre. Bref, il faudrait vraiment s'en débarrasser et remplacer les vieux "plombages" par l'un des deux matériaux qui ont fait leurs preuves, avec une longévité égale ou supérieure : les composites polymères et le ciment verre ionomère - ce dernier ayant en outre l'avantage d'être moins coûteux que l'amalgame. A la prochaine carie, exigez-le de votre dentiste !

 

Fabien Gruhier - Le Nouvel Observateur

 

Article paru dans l'hebdomadaire du 24 novembre 2011

 

 

 

Lire aussi (Santé) :

 

http://www.wikistrike.com/article-la-grippe-espagnole-de-1918-est-due-aux-vaccins-89664859.html

 

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L'insupportable vidéo

Le quotidien Libération a diffusé sur son site Internet l'enregistrement écœurant d'une réunion interne du géant pharmaceutique Schering-Plough (MSD). Vous pouvez voir la vidéo en cliquant en bas de ce message.

Cette réunion a eu lieu en juin dernier. On y entend le directeur médical expliquer comment neutraliser certains médecins qui risqueraient de donner un avis négatif à la Haute Autorité de Santé (HAS) sur leur nouveau médicament contre l'hépatite C, le Victrelis :

« Il y a des mecs qui n’aiment vraiment pas Schering Plough et MSD, il faut aller les voir avec une valise de biftons et leur dire “écoutez on va signer un petit contrat tous les deux”. Il y en a qui vont voir l’argent arriver, ils ne vont rien comprendre.»

Cette phrase fait mal. Mais le reste de l'entretien est à l'avenant.

Sont confirmés les pires soupçons sur les industriels du médicament : des stratégies pour faire taire les médecins et chercheurs qui ne sont pas convaincus de l'utilité d'un de leurs nouveaux médicaments ; des stratégies également pour faire nommer comme experts auprès de la Haute Autorité de Santé (HAS) des médecins qui leur sont favorables.

Leur problème aujourd'hui est que ces médecins favorables, qu'ils appellent dans leur jargon les « positifs », sont en général les mêmes que ceux qui ont reçu de l'argent de leur part. Et la nouvelle loi sur les conflits d'intérêt interdit désormais à la Haute Autorité de Santé de les consulter.

Mais qui sont les heureux bénéficiaires des « valises de biftons » ???

Un point sur lequel l'enregistrement pirate de Libération ne nous dit rien, malheureusement, c'est... qui sont les heureux médecins de la Haute Autorité de Santé qui reçoivent les valises des labos pharmaceutiques ???

Car, dans toutes les affaires de corruption, il y a un corrupteur... et un corrompu. Le second est, d'une certaine façon, plus coupable encore que le premier. Tous les deux auront nuit à la collectivité par leurs agissements. Mais l'un aura donné de l'argent... l'autre en aura reçu.

Le système pervers des « Autorisations de Mise sur le Marché »

Pour garantir au public que les médicaments ne soient pas (trop) nocifs, l'Etat a créé le système des « Autorisations de mise sur le marché » (AMM). Ces AMM sont accordées en France par l'HAS.

La procédure d'AMM est très longue, lourde, et coûteuse. Mais la motivation des laboratoires pharmaceutiques est énorme.

En effet, l'AMM ne se limite pas à l'autorisation de vendre un médicament. Dans les pays où existe une Sécurité Sociale, c'est-à-dire tous les pays industrialisés, cette AMM ouvre aussi le droit au médicament d'être remboursé par la Sécurité Sociale.

Dès que l'AMM est obtenue, c'est donc le jackpot pour le laboratoire pharmaceutique, et ce indépendamment des qualités réelles du médicament. En effet, dans la mesure où le coût du médicament est très largement pris en charge par l'assurance-maladie, et puisque cela ne coûte rien au médecin, et peu au malade, pourquoi se priver ? Cette seule « motivation » suffit en général déjà à assurer aux fabricants des revenus considérables.

Mais il y a plus pervers encore : les médecins savent qu'ils sont juridiquement « couverts » à partir du moment où ils prescrivent à leurs malades un médicament dans le cadre de l'utilisation prévue par l'AMM. Ils n'ont donc plus de question à se poser, plus de scrupules à avoir. Au contraire : la priorité pour eux serait plutôt d'éviter de se voir reprocher de n'avoir pas prescrit à leurs malade le dernier médicament !

C'est ce qui explique les enjeux financiers énormes qui tournent aujourd'hui autour de l'HAS. Comme le génie de la bouteille, elle a la capacité de couvrir d'or les laboratoires pharmaceutiques qui auront obtenu ses faveurs (les AMM), sans que cela ne lui coûte quoi que ce soit (c'est l'assuré social qui paye).

A ce petit jeu, ne prospèrent effectivement que les labos pharmaceutiques les moins scrupuleux, et qui ont les techniques les plus au point pour « persuader » les responsables de l'HAS de leur donner leurs AMM.

Et tant pis pour le patient.

Une nouvelle loi qui empire la situation

Les propos des dirigeants de Schering-Plough sur les « valises de biftons » sont d'autant plus consternants qu'ils font suite à des échanges intéressants où on les entend s'inquiéter, légitimement, de la nouvelle loi sur les conflits d'intérêts.

Cette loi, votée sous le coup de l'émotion suscitée par le Médiator, interdit de faire travailler sur les dossiers d'autorisation des médicaments les personnes qui ont reçu de l'argent du laboratoire, sous quelque forme que ce soit (recherche, étude, participation à un groupe de travail, etc.).

Le problème est que les laboratoires qui veulent développer de nouveaux médicaments s'adressent de préférence aux meilleurs spécialistes de la maladie concernée. Ils sont de plus obligés de mobiliser des équipes importantes de médecins pour chaque projet.

La Haute Autorité de Santé (HAS) ne pourra désormais plus consulter aucun de ces médecins, qu'ils soient d'ailleurs favorables ou pas au nouveau médicament. Pour rendre sa décision d'autorisation, dont les conséquences sont décisives pour la vie de milliers de patients, elle sera obligée de recourir à des médecins qui, par définition, n'ont jamais travaillé sur le dossier.

Cela signifie, pour les patients, que la HAS sera bien souvent obligée de se priver de l'avis des meilleurs spécialistes, avec les risques d'erreur que cela comporte.

Pour l'Etat, la priorité n'est pas le patient, mais d'ouvrir son parapluie. Surtout, ne plus risquer un nouveau scandale type Médiator. Sa stratégie est simple : imposer des règles tellement strictes que l'HAS interdira les nouveaux médicaments dès qu'il existera le plus léger soupçon. Peu importe le sort des malades qui en avaient besoin ou qui auraient pu être aidés.

L'important est de pouvoir communiquer sur le fait que les membres de l'HAS sont, désormais, « propres ».

Pour terminer sur une note positive, consolons-nous en pensant que ce système épouvantable ne nous est pas réservé. Il est en cours dans tous les pays industrialisés...

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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Pour voir la vidéo de Libération, cliquez ici : http://www.liberation.fr/economie/06014396-le-laboratoire-merck-et-les-valises-de-biftons

 

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Le laboratoire Merck et ses "valises de bifton"

Libération jeu., 24 nov. 2011 14:52 CST «Libération» diffuse l'enregistrement d'une réunion interne qui en dit long sur la vision décomplexée des conflits d'intérêt qui s'exprime encore au sein de…

 

Pour lire la suite cliquez ici

 

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