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21 août 2010 6 21 /08 /août /2010 02:00

Sans références culturelles, le peuple US se laissse envoûter par les illusionnistes d'un univers factice de strass et de paillettes
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Dans cet article, "Pimps, Whores, and the Glitterati Who Game the Global Empire", paru dans Dissident Voice, le 10 août 2010, Gary Corseri explique, entre autres, que le peuple des Etats-Unis a été dépouillé de toute culture historique collective, comme les grandes luttes sociales, et qu'il n'a plus qu'une notion mythique du passé.

Il y a quelque chose qui cloche quelque part

Les proxos, les putes et les célébrités qui jouent l'empire mondial

Il y a peu de chances que Michelle ou Barack Obama aient lu ou se soient intéressés aux auteurs de pièces de théâtre américains Clifford Odets et William Saroyan. Les deux hommes étaient devenus très populaires pendant la Grande Dépression – l'arrière-grand-mère de la "Grande Récession" (que, franchement, je préfère appeler par son vrai nom: "la Grande Dépression II”). Puis, comme aujourd'hui, il a fallu du courage à certains artistes pour se faire connaître dans l'univers mielleux et prospère des chimères de l’Hollywood de Fred Astaire-Ginger Rogers, et pour annoncer que l’empereur et l’impératrice n’étaient plus vêtus que de leur vanité.
Peut-être était-ce plus facile à l’époque. Les Américains lisaient encore et ceux qui étaient informés et cultivés allaient voir des pièces caustiques en prise directe avec les réalités sociales. Il y avait un mouvement syndical et les hommes qui se rendaient dans les réunions militantes apprenaient à affiner leurs discours avec des mots clairs comme "patrons" et "travailleur". Les femmes lisaient à leurs enfants des contes de Hans Christian Andersen et leur enseignaient la frugalité et la compassion envers les moins fortunés qu'eux. Des poètes/poétesses comme Edna St. Vincent Millay étaient engagé-es dans la défense de Sacco et Vanzetti qui avaient été pris comme boucs-émissaires en tant qu’anarchistes.

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Will_Rogers.jpg
Will Rogers

Un des hommes les plus populaires du pays était *Will Rogers, un humoriste qui faisait tourner un lasso au dessus de sa tête tout en disant ironiquement qu’il ne croyait qu’à ce qu’il lisait dans les journaux – et tout le monde comprenait qu’il ne croyait pas un seul mot de ce qu’il disait – et qu’il ne fallait pas qu’ils y croient non plus.
Plus personne ne sait se servir d'un lasso aujourd'hui; les Américains sont peut-être ceux qui sont le plus déconnectés de tout contexte culturel.
Il y a un mois environ, j’ai aperçu à la télé Maman Michelle sur une plage du Golfe du Mexique touché par la marée noire qui incitait ses compatriotes à descendre la rejoindre : Venez vous baigner! Mangez du gumbo (plat traditionnel de Louisiane, NDT)! Soutenez l’économie du pays !
Quinze jours plus tard, la revoilà en robe de soirée décolletée – joli décolleté, First Lady! - jouant à se faire passer pour plus "cougar" que Naomi Campbell !
Et, puis, tiens ! On dirait qu’il y a un gala à la Maison Blanche avec Paul McCartney en vedette.
Avance rapide, et deux semaines plus tard, on la retrouve avec sa fille de dix ans, Sasha, dans l’hôtel le plus cher d’Espagne. Il paraît que la "Première Famille" paie les factures concernant ses "dépenses personnelles", mais le contribuable en est de sa poche d’au moins 375.000 dollars pour le carburant d'Air Force 2, les frais pour les agents des services secrets qui les accompagnent, etc. (une nuit d'hôtel coûte la bagatelle de 6500 dollars - sans compter le service d'étage).
Mais qu’est-ce c'est de nos jours que ces misérables 375,000 dollars? - trois francs six sous pour un peu d'intimité entre une mère et sa fille.
Demandez aux ouvreurs d’huitres du Golfe du Mexique ce que cette somme représente pour eux. Demandez à M. et Mme Américain-Dépossédé-de-ses-Biens obligés de céder leur maison aux banques renflouées.
Mais, inutile de demander aux Clinton. Apparemment, cela ne leur pose aucun problème de lâcher 2 millions de dollars pour le mariage de leur fille Chelsea.
Vous vous souvenez quand la candidature malheureuse d’Hillary à l'investiture démocrate avait accumulé une énorme dette? Les Démocrates se sont indignés : aidez cette pauvre Hillary à rembourser ses gogos à talons aiguilles !
Vous vous souvenez du séisme à Haïti, il y a 6 mois? Il y avait Bill et un nouveau pote à lui, George Va-t-en-Guerre Bush, qui faisaient un numéro de claquettes sur les décombres de Port-au-Prince, agitant leurs chapeaux pour que les petits Américains envoient leurs sous aux petits Haïtiens qui mouraient de faim.
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Aux dernières nouvelles, il y a encore plein d’enfants qui meurent de faim à Haïti, et davantage encore en Irak depuis l’invasion et l’occupation américaines. Combien d’enfants pourrait-on nourrir avec 2 millions de dollars?
Moscou suffoque, le Pakistan se noie, Gaza s’étiole, les nuages de la guerre s’amoncèlent au-dessus de l’Iran et de la Corée … il y a des endroits où il n'y a plus de vie dans les océans … mais, hourrah ! Chelsea vient d’épouser son banquier!
Il y a vraiment quelque chose qui cloche quelque part !
Neuf ans après le 11 sept et personne n’a encore eu l’idée de construire des maquettes des Tours Jumelles puis de lancer sur elles des maquettes d’avion pour démontrer comment un effondrement vertical a pu ou n’a pas pu se produire ! Nous sommes noyés dans les manipulations, la "science" et la "vérité" servent l’état et la finance, et nous pouvons rigoler avec Bush des armes de destruction massive absentes et des bras et des jambes manquants des petits Irakiens !
Nous n’avons aucune référence qui replace dans leur contexte les images qui défilent à toute vitesse dans notre monde technologique postmoderne: juste une vague notion mythologique de héros herculéens — Washington, Jefferson, Lincoln — dont tous, si on y regarde de plus près, avaient des pieds d’argile. L'image que nous avons de l’avenir depuis la seconde guerre mondiale – le rêve d’un peuple courageux et indépendant à l'origine de vies d’épanouissement et de sécurité - s'estompe au fur et à mesure que nous nous approchons, et que nous nous retrouvons dans une monstrueuse galerie des glaces où figurent les silhouettes ondulantes du "travailleur", du " col bleu", du "profession libérale", des "progressistes", des "conservateurs", de l'"homme", de la "femme", avec, planant au dessus de leurs têtes, comme des dieux, des géants et les Néphilim de la bible, nos "célébrités", ces Colosses de la gloire et de la fortune que nous adorons, craignons et vénérons, car ils possèdent le pouvoir de vie et de mort.
Mais nous n'avons aucune culture littéraire propre. Nous ne regardons pas les grandes pièces de théâtre d’autrefois sur nos grands écrans de télé haute définition, qui diffusent en boucle du sport, des massacres, des rires en boite, des infos et des analyses formatées, des émissions de "télé-irréalité". On nous ressert les rediffusions de séries policières et leurs ersatz pour nous avertir des dangers de la rue, notre unique salut étant de nous en remettre à l’autorité officielle - de plus en plus zélée et envahissante.
Des sitcoms débiles discréditent la vie des gens ordinaires (c'est-à-dire de la majorité de la population) et banalisent leurs luttes. Nous ne savons plus nous parler, ni percevoir la simple expression de ce qui est authentique et de ce qui est moral. Nous sommes une nation de faux semblants – des hommes et des femmes sans consistance qui défilent comme des mannequins dans l'allée des cauchemars de nos enfants.
Je suis conscient qu'on peut voir le passé à travers des lunettes roses. Et je ne pleure pas la disparition de ses pires aspects – le gaspillage, l'ignorance et la violence. Mais quelles cataractes avons-nous contractées qui nous empêchent de voir clair dans le jeu de ces bling-blings qui nous possèdent et nous oppriment ?
Peut-être que si nous avions une culture littéraire, peut-être que si nous étions encore un peuple qui lit et réfléchit, et qui encourage le théâtre militant … peut-être qu’alors serions-nous capables d'apprendre, et de gagner en maturité et en profondeur de vue. Et alors, peut-être, comprendrions-nous des pièces de théâtre comme celles d’Odet et de Saroyan, et le " Singe Velu" d’Eugene O’Neil — des tragédies sur la dignité, voire l’héroïsme des "petites gens".
Et alors, peut-être aurions-nous une vision globale qui nous permettrait de saisir l’étendue de l’histoire humaine, même la nôtre – courte, baignée de sang avec, en contrepoint, des actes de bravoures. Nous pourrions nous rencontrer pour nous raconter nos histoires respectives. Nous ferions notre éducation et l’évaluerions, non pas selon les critères des programmes stupides du "*No Kid Left Behind" et ceux des programmes d'"enseignement" de la période Bush basés sur des tests, tout aussi stupides et honteux, mais selon notre capacité à raconter nos histoires, à celle de réagir sous la pression des circonstances, et selon les valeurs humaines essentielles que nous aurons partagées.

Gary Corseri a été publié dans Dissident Voice et dans des centaines d'autres revues, ses pièces ont été jouées à la Bibliothèque présidentielle Carter"(Carter Presidential Library), etc. Il a enseigné dans les prisons et les universités. Parmi ses livres: Holy Grail, Holy Grail, A Fine Excess, and Manifestations.

Quelques citations de Will Rogers:
"Ce n'est pas ce que nous ignorons qui nous pose problème. C'est ce que nous tenons à tort pour vrai".
"Tout le monde est ignorant, sur des sujets différents".
"Ce n'est pas difficile de devenir humoriste quand tout un gouvernement travaille pour vous"
"Mes ancêtres ne sont pas arrivés sur le Mayflower, ils sont venus les accueillir à la descente du bateau".

Note perso:
Les "Gliterrati", les "bing-bling", quoi, sont aussi chez nous aujourd'hui. Arrivés en force en 2007 jusque dans les palais de la république, ils se sont installés comme s'ils en étaient les propriétaires.
Et ils remplissent les pages des magazines pipole. Chouchou à vélo; Chouchou qui se dispute sur le lieu de tournage du film de Woody Allen où "joue" Chochote (on se demande pourquoi WA avait besoin d'aller s'embrouiller avec cette engeance!); Chouchou qui tape sur l'épaule de Poutine ou de quelque roi ou reine; Chouchou qui emmène sa famille et ses "amis" dans les visites officielles.
L'étalage de la vulgarité et de l'inculture. Quant à la culture et à l'éducation, ils suivent la voie tracée par les oligarques US qui les ont depuis longtemps abandonnées pour les remplacer par le culte de l'argent et de la réussite matérielle, ignorant (et s'en méfiant) les intellectuels au bénéfice de "célébrités" parées des plumes du paon.
Ici aussi.
Le ministre de l'éducation, éduqué chez les jésuites, a fait des études de marketing, est entré chez L'O.. al en 1990, où il était DRH jusqu'en 2002: c'est dire si c'est l'homme de la situation dans un ministère où les postes tombent comme à Gravelotte.
Quant au sulfureux ministre de la culture, il a montré son incompétence et son élitisme d'entrée de jeu. Il y a peu de choses à attendre de sa part pour la promotion d'une culture populaire.
Non, vraiment, il n'y en a aucun qui soit à sa place à la tête d'une république.
Et le strass ne fait que souligner leurs prévarications.

Et puis, pendant que le manant regarde les étoiles, tout s'écroule autour de lui.

Et, enfin, Obama se serait baigné dans le Golfe de Mexico. Bizarrement, la presse n'était pas la bienvenue. Allez savoir pourquoi.


Auteur : emcee - Source : Des bassines et du zèle

 

 

http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=15155

 

 


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