On le savait déjà : chaque année la France dégringole un peu plus dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières, et en huit ans elle est passée de la 10ème place (2002) à la 44ème place (2010). Un récent sondage effectué dans leurs rangs permet de révéler la conscience des journalistes sur cette dégradation de leurs conditions de travail, même si certains paradoxes dans leurs réponses suggèrent l'existence d'un certain climat de peur en leur sein, probablement dû aux différentes évictions de journalistes importants. A-t-on voulu faire des exemples pour soumettre l'ensemble des journalistes ? Et est-ce que tout ça a marché ? C'est ce qu'on va essayer de voir ici...
A l'occasion des Assises du journalisme, assemblée qui se tenait à Poitiers du 8 au 10 Novembre, un sondage CSA révèle que 85% des 513 journalistes interrogés répondent être plutôt heureux voire plus d'exercer leur métier, mais que 53% d'entre eux pensent que leurs conditions de travail ne sont pas satisfaisantes (http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jtv9dVgGz_vuPKa11QXa4Xx7tORw?docId=CNG.5d92fcff6f7468a19d3f0513f138928e.5a1). Étrange paradoxe... Car comment peuvent-ils être heureux d'exercer leur métier dans des conditions dégradées ? Et d'ailleurs comment s'effectue cette dégradation des conditions de leur travail ? Est-ce là l'expression de la conscience de la perte de la liberté de la presse dénoncée par Reporters sans Frontières ?
Autres chiffres issus du même sondage : pour 76% des journalistes leur métier évolue négativement (contre 63% en 2007 au dernier sondage de ce type), 62% considèrent que la liberté de la presse s'est détériorée ces dernières années (dont 73% des moins de 29 ans), et un peu plus de la moitié considère que les sujets liés à la politique ne sont pas traités correctement et que les partis politiques n'ont pas les mêmes conditions pour exprimer leurs opinions.
Alors d'où vient cette réponse exprimant un bonheur majoritaire, quasiment soviétique (85%), d'être un journaliste français ? Elle vient peut-être d'une raison toute simple : la peur. La peur d'être éliminé du métier, de re-dégringoler pigiste si un seul d'entre eux a le malheur de s'écarter de la « ligne éditoriale » actuelle, et de donner un avis un peu trop large ou un peu trop personnel sur un sujet donné. On va voir que pour comprendre la méthode mise en place il faut souvent aller chercher parmi les médias étrangers.
Les points de vue étrangers.
C'est bien souvent en fouillant sur les sites des journaux étrangers que l'on en apprend le plus sur la France, par une prise de recul et l'obtention d'un avis extérieur, et la situation de notre presse ne fait pas exception.
En juin 2009, la Télévision Suisse Romande (TSR) diffuse un documentaire sur l'influence de Nicolas Sarkozy sur les médias français, intitulé « Sarkozy le vampire des médias ». On y accuse le nouveau président de la France d'être un « Roi-Soleil » médiatique, de faire régner la terreur dans les rédactions en sanctionnant les journalistes qui feraient preuves de trop d'autonomie, d'organiser des démonstrations médiatiques à la sécurisation presque paranoïaque empêchant les journalistes de poser des questions ou de retranscrire un fait sous un angle différent de celui imposé, de faire jouer ses services de renseignements pour identifier les informateurs des journalistes, etc, etc... Le présentateur de l'émission, Jean-Philippe Ceppi, commence d'ailleurs son reportage en rappelant les liens que Nicolas Sarkozy entretient avec les patrons des médias français et leurs conséquences sur les journalistes qui se trouvent affiliés à ces grands groupes de presse : « Il ne fait pas bon être journaliste par les temps qui courent dans les rédactions françaises. Mises à pied, sanctions, auto-censure,le climat que fait régner l'omni-président dans les rédactions vaut à la France un triste record européen : le pays où les interventions policières et judiciaires contre les journalistes ont été les plus nombreuses ». Tout un programme...
Dans ce reportage, on voit les difficultés rencontrées par les journalistes suisses pour obtenir une accréditation leur permettant de couvrir le déplacement présidentiel de leur point de vue objectif, les peurs ressenties par les journalistes français à l'idée d'annoncer le départ de Cécilia Sarkozy du domicile conjugal, la publication des photos d'elle et de son amant étant qualifiée de « crime de lèse-majesté ». On y voit également le remplacement du président de Radio France, car désireux de préserver la liberté d’expression il refusera de brider l'humoriste Stéphane Guillon. On y voit enfin la mise ne place de la nomination directe du président de France Télévisions par le Président de la République lui-même, permettant alors un éventuel contrôle de l'information diffusée sur les chaînes du service public, comme le déplore David Pujadas.
Nicolas Sarkozy étant également très proche de Martin Bouygues, propriétaire de TF1, et de Arnaud Lagardère (actionnaire à 20% du groupe Canal Plus) il a désormais une influence directe ou indirecte sur la quasi-totalité des chaînes fournissant de l'information en France (TF1, France 2, France3, Canal +, France 5, I-Tele, LCI).
Et Nicolas Sarkozy n'aime pas les journalistes qui lui résistent ou qui pourraient donner une mauvaise image de lui. En 2009 lorsque Patrice Machuret, journaliste politique à France 3 couvrant les déplacements présidentiels, publie un livre intitulé « l'enfant terrible » dans lequel il révèle que le président consulte secrètement un « gourou » qui lui envoie des « ondes positives », il est traité par Nicolas Sarkozy de « crétin » et de « honte de la profession ». Cette information sur les consultations de Nicolas Sarkozy auprès d'un gourou est-elle avérée ? Qui est ce gourou ? En tout cas l'information n'est pas démentie, et aucun autre journaliste ne semble vouloir y mettre le nez...
Et cette toute puissance médiatique, cette trop forte influence de la présidence sur les médias, s'est ressentie très tôt parmi la population française, bien avant la diffusion de ce reportage.
Déjà, en 2008, les chiffres étaient alarmants
Déjà en 2008, l'association « le cercle des 5C » avait réalisé une étude alarmante sur l'estime de la population envers l'indépendance des journalistes. Sur le site www.journaliste.com ( http://www.journalisme.com/content/... ) on peut encore trouver les chiffres de l'enquête réalisée sur un millier de personnes, et dont les résultats étaient alors édifiants.
A la question portant sur l'indépendance des journalistes vis-à-vis des « entreprises qui sont propriétaires des médias », 73% les estimaient « pas très indépendants » voire « pas du tout indépendants », montrant là toute la conscience populaire du poids que pouvaient déjà avoir les groupes financiers désormais propriétaires des journaux sur la qualité de l'information. On pourra citer notamment le licenciement en 2006 de Alain Genestar, directeur de la publication de Paris Match pendant 20 ans, qui fut poussé vers la porte après avoir publié en une des photos de Cécilia Sarkozy et de son amant, et ce dans un magazine possédé par un Arnaud Lagardère qui n'est autre qu'un ami personnel de Nicolas Sarkozy. Alain Genestar déclarera plus tard à la TSR avoir servi d'exemple ayant consisté à montrer aux autres journalistes que la possibilité d'une éviction n’épargnait pas les plus grands noms (Reportage « Sarkozy le vampire des médias »)
Dans cette même enquête et concernant l'indépendance des journalistes vis-à-vis des politiques, 72% des interrogés les estimaient « pas très indépendants » ou moins. Déjà la connaissance du « off », c'est-à-dire de toutes les relations qui peuvent exister hors antenne ou dans les rédactions entre journalistes et politiques était bien présentes dans les esprits. Il est vrai que la connivence politico-médiatique n'était plus aussi bien camouflée qu'à l'époque où, en 1994, Pierre Carles tentait par son reportage « Pas vu, pas pris » de dénoncer les ententes hors antenne entre les patrons de presse et les hommes politiques importants, ainsi que le silence approbatif du quasi-ensemble de la classe journalistique environnante. Désormais le « off » existe beaucoup moins, tout simplement car la connivence est visible au grand jour entre le pouvoir et les patrons des grands groupes financiers (Bolloré, Lagardère, Bouygues...).
Cette défiance n'était pas pour autant conjoncturelle car 44% des gens interrogés considéraient que devant l'émergence de l'information sur internet les grands médias n'avaient rien changé de leur façon d'informer, révélant un ancrage plus ancien de la mauvaise qualité perçue de cette information, et laissant planer là le spectre d'une défiance de plus longue date. Sur le même thème, seulement 54% des gens soit à peine plus de la moitié du panel considéraient que l'information distillée par les journalistes était « de meilleure qualité que celle générée par les institutions publiques ».
Le tableau de l'information des grands médias était alors clair : elle n'était composée pour l'opinion que du recopiage des messages officiels du pouvoir politique et des grands groupes financiers. Un copier-coller de dépêches AFP, dans le meilleur des cas, formant une « ligne éditoriale » semble-t-il présidentielle.
Quelques victimes de la « ligne éditoriale »
Et elle est bien longue ces dernières années, la liste des victimes qui ont osé s'écarter de cette « ligne éditoriale ». On peut ou non apprécier leurs œuvres respectives, mais de célèbres journalistes ont disparu de nos antennes et des colonnes de nos journaux, comme sous l'effet d'une purification rampante destinée à imposer une vision unique de l'information. Il y eut également des émissions qui en firent les frais.
D'abord « Arrêt sur Images », l'émission de Daniel Schneidermann qui analysait et décryptait les médias et donc la dégringolade de la France dans les classements mondiaux de la liberté de la presse. Schneidermann sera licencié de France 5 pour faute grave le 1er Juillet 2007, comme le rappelle un article du site acrimed.org ( http://www.acrimed.org/article2664.html
), pour avoir « tenu des propos inadmissibles », pour avoir « laissé entendre que l'arrêt de l'émission était lié à des pressions politiques », et pour globalement avoir tenu « de graves accusations mettant en cause l'indépendance de la direction du groupe France Télévisions ». Dans ce même article écrit par Henri Maler, la direction de la chaîne est alors qualifiée de « petite oligarchie cooptée aux commandes de l'audiovisuel public ». Précédemment il avait été licencié du journal « Le Monde » pour avoir estimé que la direction du journal ne répondait pas aux accusations du livre « la face cachée du Monde » de Pierre Péan et Philippe Cohen, livre dénonçant l'intégration cachée du grand quotidien dans les réseaux de pouvoir français.
Ensuite une autre disparition d'émission : « Ripostes » de Serge Moati. Émission politique du dimanche soir, elle avait pour atout de présenter équitablement toutes les tendances politiques de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. Mais c'est peut-être le fait que son présentateur, pourtant un ancien conseiller de François Mitterand, ait une certaine tendance a laisser parler les partis extrêmes qui provoquera l'arrêt de l'émission en 2007. Relégué dans une émission de cinéma, Serge Moati ne pourra plus donner la parole à tout le monde.
Des chroniqueurs de presse viennent ensuite. Une victime parmi tant d'autres : Siné. En 2008, il écrit dans « Charlie Hebdo » : « Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! » Coupable de liberté d'expression, il fut accusé d'antisémitisme et renvoyé de « Charlie Hebdo ». A tort, car le journal sera condamné le 30 novembre 2010 à 40.000 euros d'amende pour rupture abusive de contrat, le Tribunal de Grande Instance de Paris reconnaissant le droit à la satire et considérant qu'il « ne peut être prétendu que les termes de la chronique de Siné sont antisémites ».
Des journalistes, ensuite. Robert Ménard, ancien patron de Reporters sans Frontières, grand défenseur de la liberté d'expression ce qui l'a amené a donner la parole à des gens comme Alain Soral, Dieudonné, Eric Zemmour ou Thierry Meyssan (que personnellement je ne cautionnerais pas pour l'ensemble de leur œuvre mais qui ont néanmoins tout à fait droit à la parole). Cette tendance à favoriser la pluralité des opinions lui vaudra des attaques de moralité étranges, et il fut notamment accusé de cautionner le recours à la torture (Rue89, 2007) ou de tenir des propos homophobes (février 2010). En tant que fondateur de Reporters sans Frontières, il est aussi à l'origine du constat alarmant de la disparition progressive de la liberté de la presse dans notre pays. Début 2011, lorsqu'il demande dans un livre intitulé « Vive Le Pen » à ce que le Front National ait son droit à la parole, il subit de vive critique qui provoqueront son licenciement de RTL en juin 2011. Il s'était pourtant expliqué clairement, en vain : « Je ne voterai pas Front National mais je pense que ce parti, qui doit être considéré comme républicain aussi longtemps qu'il ne sera pas interdit, doit bénéficier du droit à la liberté d'expression. Je dirais la même chose du Front de Gauche ou de la Ligue Communiste Révolutionnaire. Défendre la liberté d'expression n'est pas défendre l'extrême droite. »
Des chroniqueurs télévisé, aussi. Zemmour et Naulleau font eux aussi partie des victimes, éliminés à la rentrée pour être remplacés par deux journalistes féminines peut-être plus consensuelles à l'orée de la campagne présidentielle. Par qui a été réclamée leur éviction ? On ne le saura probablement jamais : ces deux-là ont lynché tellement de monde sur le plateau d' « On est pas couché » qu'il sera très difficile de remonter aux sources...
Des présentateurs de journaux télévisés, de plus. Patrick Poivre d'Arvor fut le présentateur du 20 heures de TF1 durant 21 ans, et il en fut débarqué pour des raisons obscures. L'homme, qui n'est pas un ange et qui a été accusé de différentes affaires au cours de sa carrière (interview truquée, plagiat...), déclarera en juillet 2008 sur Europe 1 : « mon éviction n'est pas journalistique », laissant planer le doute d'une intervention présidentielle concernant son remplacement par Laurence Ferrari à la tête du journal le plus regardé de France. Il est vrai que PPDA, traditionnellement attaché aux interviews présidentielles, avait comparé Nicolas Sarkozy en juin 2007 à un « petit garçon en train de rentrer dans la cour des grands », ce qui avait évidemment déplu.
Des journalistes du net, eux-aussi. Les journalistes de Rue89 furent attaqués en justice pour avoir sorti des informations confidentielles sur l'interview présidentielle effectuée sur France 3 le 3 juin 2008. On y voyait la préparation de l'interview du président et la façon dont il imposait le rapport de force avec les journalistes, et dont il imposait les sujets de l'interview. On le voyait aussi reconnaître son intervention directe sur des « mises au placard » de journalistes, ici semble-t-il pour protester contre l'éviction d'un journaliste. France 3 se vit alors obligé de porter plainte contre deux journalistes du site Rue89 et contre leurs informateurs. Devant l'ampleur de l'affaire, cette plainte sera retirée quelques jours plus tard.
Les humoristes aussi sont touchés. Stéphane Guillon et Didier Porte, licenciés de France Inter à l'été 2010, ont fait les frais de leur irrévérence. Didier Porte publiera d'ailleurs à se propos « Insupportable ! Chronique d'un licenciement bien mérité » et Stéphane Guillon « On m'a demandé de vous virer ».
Le président de Radio France, Jean-Paul Cluzel, poussé vers la sortie car laissant trop de liberté d'expression aux humoristes irrévérencieux envers le pouvoir, et également d'après « le Canard Enchaîné » ayant déplu à Nicolas Sarkozy lorsqu'il a posé nu dans un calendrier d'Act-Up en faveur de la lutte contre le SIDA.
Parmi les patrons de presse on peut citer Alain Genestar, directeur de la publication de Paris Match pendant 20 ans, déjà mentionné plus haut pour avoir été écarté de son poste après la publication des photos de Cécilia Sarkozy et de son amant. Il y a également Laurent Joffrin, directeur de « Libération », qui même s'il ne fut pas évincé fut plus ou moins sermonné en conférence de presse pour avoir parlé de « monarchie élective », sous les rires de ses confrères journalistes. Pourquoi ces méthodes ? C'est également dans le reportage de la TSR de 2009 sur notre paysage médiatique qu'on en apprend la raison profonde, au fil des différents témoignages proposés : la volonté du pouvoir serait de créer une « presse de révérence ». L'expression vient d'un commentaire effectué par Jean-Michel Thénard, journaliste au « Canard Enchaîné » : « Cette conférence de presse était en effet assez symptomatique des rapports compliqués entre la presse et le pouvoir en France. On a une presse qui est moins une presse d'investigation qu'une presse de révérence. Si un confrère pose une bonne question qui ne plaît pas au monarque personne ne va le soutenir. Si le monarque tape sur le confrère, les gens vont sourire. C'est une sorte de théâtre de la cruauté télévisuelle car ça donne le spectacle d'un Nicolas Sarkozy qui lui a parfaitement compris le système et donc se joue des journalistes.[...] Si les journalistes présents faisaient corps et obligeaient le monarque à répondre aux questions, l'ambiance serait tout à fait différente. »
Une « presse de révérence »... Qui se plie à l'information qu'on lui donne et qui ne cherche plus à s'opposer... C'est cette étrange unité de ton qu'il convient d'examiner, notamment par l'examen du traitement médiatique de l'affaire de l'incendie de Charlie Hebdo et son absence de point de vue divergeant.
Le traitement médiatique de l'incendie de « Charlie Hebdo »
Dans la nuit du 1er au 2 Novembre 2011 les locaux de l'hebdomadaire satirique « Charlie Hebdo » étaient incendiés par un cocktail molotov. Cette semaine-là, le magazine était rebaptisé « Charia Hebdo » et mettait en couverture une caricature du prophète Mahomet, à des fins de provocation car cela est interdit par l'Islam et considéré comme une offense dans de nombreux pays musulmans. Quelques jours avant le site internet de cette publication était victime d'un piratage informatique remplaçant sa page d’accueil par une photo de la Mecque et des versets du Coran. Ce piratage informatique a été revendiqué par un groupe de hackers turcs nommé « Akincilar », et ce pour lutter contre « les publications qui attaquent [leurs] croyances et [leurs] valeurs et qui proposent des contenus pornographiques et satanistes. » Ce groupe de hackers nie néanmoins toute implication dans l'attaque incendiaire de « Charlie Hebdo ».
Alors qui a jeté ce cocktail molotov ? Normalement l'objectivité journalistique devrait faire dire aux journalistes une phrase du genre : « on ne sait pas, personne n'a revendiqué quoi que ce soit ». Ou bien « Rien ne prouve que les incendiaires soient musulmans. » Pourtant ces mises en garde ont été rarement faites par les journalistes. Les sujets, à la télévision et dans les articles de presse, faisaient systématiquement le rapprochement entre l'attaque informatique, la couverture du magazine et l'incendie, désignant alors plus ou moins implicitement des musulmans comme étant responsables de cette attaque, et comptant sur notre « temps de cerveau disponible » pour faire les amalgames désirés. Hier encore, Jeudi 10 Novembre, un article du Nouvel Observateur titrait « Charlie Hebdo : quand la religion sert de munitions aux cons ». ( http://leplus.nouvelobs.com/contribution/212529 ;charlie-hebdo-quand-la-religion-sert-de-munitions-aux-cons.html ). Et le même jour la mosquée de Montbéliard a été incendiée, probablement en représailles de ces événements de « Charlie Hebdo » dont ne connaît pas formellement les auteurs. Des centaines de messages d'indignation ont été posté sur Facebook par des musulmans, et de leur côté des salafistes manifestent devant l'ambassade de France au Caire en faisant toujours plus monter la pression entre communautés sur la base de faits mis en avant de façon douteuse.
Pourtant la plupart des déclarations des politiques étaient prudentes : François Fillon, Martine Aubry, François Hollande, Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon condamnaient la violence de l'acte sans faire de lien avec une quelconque religion ou une quelconque communauté ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Charia_Hebdo ).
D'autres étaient déjà plus ambiguës, ne faisant qu'implicitement le lien entre l'incendie et les musulmans, parlant d'« attentat » ou de « terrorisme », notions qui sont depuis des années associées par les médias à l'extrémisme d'une partie de la religion musulmane. Après l'incendie Claude Géant déclarait qu'il fallait pour tous les français « se sentir solidaires » contre l'« attentat » de « Charlie Hebdo » (source : Europe1). De même Jean-François Copé parlait d'« attentat contre un journal » et d'« amalgames entre religion et politique » (source : Le Figaro). Marine Le Pen parlait quant à elle de nouvelle forme de « terrorisme » (Source : Le Figaro). Frédéric Mitterrand faisait le lien entre « les intimidations dont a fait l'objet « Charlie Hebdo » ces derniers jours et l'attaque de sa rédaction » (Source : Le Figaro). Déclarations à propos desquelles Bernard Maris, journaliste à « Charlie Hebdo », déclarera dans Le Monde : « Il ne faut pas avoir peur d'être soutenu par des cons. » ( http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2011/11/02/heberge-par-liberation-l-equipe-de-charlie-hebdo-se-remet-au-travail_1597556_3236.html ).
Ce sont donc bien les médias qui créent délibérément cette association entre l'incendie et les musulmans et qui la propagent, pas les principaux responsables politiques, ou en tout cas pas publiquement.
Dans le traitement journalistique de l'actualité dans les grands médias télévisés l'objectivité a disparue. Une info est dictée sous un angle précis, et tout les journalistes répètent sans en changer une ligne, tous rendus bien dociles par des licenciements répétitifs qui ont évincés de grands noms du journalisme et qui pourraient bien les toucher à leur tour. Aucun ne va essayer de s'écarter de la version officielle, de peur de perdre rapidement son poste et de redevenir pigiste en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Alors que sur ce sujet précis de l'incendie du magazine il y avait pourtant matière à polémique et à un débat :
A qui profite le crime ? Certainement pas aux musulmans. Même dans l'hypothèse ou les incendiaires seraient adepte de l'Islam il s'agirait probablement d'un acte isolé en aucun cas représentatif d'une communauté religieuse. Riss, directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, mettait pourtant en garde dès les premières heures d'interview contre un événement du type de l'« incendie du Reichstag ». « Dans ce numéro, il y a un article sur les catholiques intégristes aussi. […] Cela peut être l'extrême-droite, des fanatiques... » déclare-t-il dans les colonnes de www.lemonde.fr ( http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2011/11/02/heberge-par-liberation-l-equipe-de-charlie-hebdo-se-remet-au-travail_1597556_3236.html ). Alors pourquoi les journalistes ne suivent-ils pas la piste de l'extrémisme catholique, à l'heure où ils agissent à visage découvert contre la pièce de Romeo Castellucci (dont le côté provoquant est également largement discutable) ? Mystère... Il semblerait qu'il faille montrer du doigt les musulmans et communiquer abusivement sur l'extrémisme d'une partie d'entre eux.
La couverture de « Charlie Hebdo » fait référence à la prise de pouvoir de partis islamistes adeptes de la Charia, en Tunisie notamment, et là aussi les grands médias télévisés aiment à nous le rappeler. Mais pourquoi ces journaux ne précisent-ils pas que depuis des semaines ils nous présentent des révolutions arabes idéalisées, et que la montée en puissance de ces partis islamistes n'a que trop peu été couverte par leurs journaux ? Pourquoi cette volonté soudaine de nous montrer le diable là où il y a quelques semaines on nous montrait une bénéfique libération ?
Les réactions musulmanes sont montrées du doigt lorsque des groupements s'insurgent contre des caricatures du prophète Mahomet, et on invoque alors leurs revendications comme étant une attaque à la liberté d'expression. C'est la seconde fois que « Charlie Hebdo » publie des caricatures de Mahomet avec la même réaction épidermique de certains musulmans mais que se passerait-il si « Charlie Hebdo » mettait en une des caricatures du Talmud, et de ses fameux passages racistes ou autorisant la pédophilie ? D'ailleurs pourquoi « Charlie Hebdo » ne le fait-il pas ? Le magazine a-t-il d'ailleurs seulement le droit de le faire au nom de la liberté d'expression à la française qui est en vigueur aujourd'hui ? Compte tenu des réactions obtenues suite à la diffusion récente d'« un Œil sur la Planète » sur le sujet de la Palestine, je doute que ces publications se feraient dans un silence complet ou une hilarité complice. Il semblerait que l'humour ne doive concerner que certaines religions et pas d'autres, et qu'on ne cherche l'intégrisme que là où ça nous arrange.
Le traitement de cet affaire est donc orienté et basé sur des accusations vagues qui ne font que monter les communautés les unes contre les autres. L'information est désormais unique, normalisée, et gare à celui qui s'écartera de la ligne éditoriale.
Dans notre pays la liberté de la presse disparaît peu à peu, le classement de Reporters sans Frontières l'atteste. Mais il ne sert à rien de rechercher d'éventuelles menaces exercées directement sur les journalistes : elles n'existent pas. Le journaliste a le droit aujourd'hui de publier l'article qu'il veut, mais en étant tout à fait conscient qu'il sera peut-être écarté demain, mis sur un banc de touche pour s'être éloigné de la « ligne éditoriale » comme l'on été de plus grands noms du journalisme avant lui. Il s'agit probablement de techniques d'intimidation dont le but recherché est clair : que chaque journaliste s'autocensure de lui-même, s'il ne veut pas se retrouver à la rue, banni de l'antenne ou des colonnes des grands journaux.
Et c'est peut-être ça qui explique ce paradoxe du sondage dans lequel une majorité de journalistes se disent contents d'exercer leur métier alors qu'on les bâillonne de plus en plus : chacun se dit « qu'est-ce qui va m'arriver demain si je commence à critiquer mon métier, ou à montrer du doigt les problèmes que je vis au quotidien ? ». Ce paradoxe est ce que dans les études de marché on appelle la différence entre le désir réel et le désir exprimé : on pense une chose mais on en exprime une autre car on se sent obligé de correspondre à une influence, une mode, une idéologie, ou bien tout simplement parce qu'on a peur de dire tout haut ce que l'on pense.
par (son site) samedi 12 novembre 2011
http://mathieu.zeugma.over-blog.com/
.http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/l-information-en-france-tu-la-104120?debut_forums=0#forum3120403
Mon commentaire :
Un article qui fait du bien ! Et "exhaustif". Et c'est une journaliste qui le dit, attachée à la neutralité, à la diversité, au pluralisme, à la liberté de l'information. Je vais relayer sur mon blog contre la désinformation, cordialement et bravo, eva
NB : Il faudrait peut-être tenter de savoir pourquoi ces changements ? Dus seulement au petit Poucet ? Vraiment ? Ou un groupe impose-t-il une Pensée unique au service de l'Empire militaro-financier ? Suivez mon regard... Notre pays est occupé ! Mon analyse est insensée ? Elle a été reprise par le très influent Liesi (Bulletin trimestriel).. Alors ? On va plus loin ?
On se souvient des polémiques pas si lointaines autour de la place de l’islam dans la Renaissance européenne. Le livre de Jerry Brotton, Le Bazar Renaissance. Comment l’Orient et l’islam ont influencé l’Occident, (Les liens qui libèrent, Paris, 246 pages, 2011, 21 euros), apporte une contribution majeure à l’histoire de ce que fut la Renaissance. Je publie ci-dessous la préface que j’ai rédigée.
Un merveilleux voyage à travers notre Histoire
« Et si l’Europe ne devait pas ses savoirs à l’islam ? » Sous cette interrogation accrocheuse, le chroniqueur Roger Pol-Droit présentait, dans le prestigieux Monde des livres (4 avril 2008), Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne. Avec, en guise de résumé : « L’historien Sylvain Gouguenheim récuse l’idée que la science des Grecs ait été transmise à l’Occident par le monde musulman. » La conclusion de Roger-Pol Droit était sans appel : « Contrairement à ce qu’on répète crescendo depuis les années 1960, la culture européenne, dans son histoire et son développement, ne devrait pas grand-chose à l’islam. En tout cas, rien d’essentiel. Précis, argumenté, ce livre qui remet l’histoire à l’heure est aussi fort courageux. »
Roger-Pol Droit balayait ainsi d’un revers de main toutes les connaissances accumulées depuis un demi-siècle pour redonner vie à une thèse que lui-même défend dans son opuscule L’Occident expliqué à tout le monde (Seuil, 2008) et que l’on peut ainsi condenser : la division du monde entre Occident et Orient remonte à la Grèce antique, et depuis mille ans se joue un éternel affrontement entre deux conceptions du monde.
Pour Gouguenheim aussi, « durant le Moyen Age, deux civilisations se firent donc face. L’une combinait l’héritage grec et le message des Evangiles, l’esprit scientifique et l’enracinement dans une tradition religieuse dont l’Eglise se voulait la garante. L’autre était fille du Livre de Dieu, du Livre incréé. Elle était fondamentalement amarrée à son axe central, le Coran : tout ce qui se déroule dans le temps reconduit la matrice originelle des sourates éternelles. » Ce qui soutient cet argumentaire, c’est une hallucination, celle d’un monde musulman pétrifié dans le Coran, incapable d’évoluer, d’accéder à l’esprit scientifique, profondément séparé de « nous », comme le prouverait, toujours selon Gouguenheim, le 11-Septembre.
Cette thèse, loin d’être « courageuse », est colportée depuis au moins le milieu du XIXe siècle par nombre de penseurs européens, notamment Ernest Renan. Elle a pris un coup de botox au début du XXIe siècle dans certains milieux universitaires, l’islamophobie savante relayant une islamophobie populaire qui nourrit une vague d’extrême droite populiste et infecte les partis de la droite traditionnelle et, parfois, de la gauche. Le best-seller de Thilo Sarrazin, membre du directoire de la banque centrale allemande et du Parti social-démocrate, L’Allemagne court à sa perte, en a témoigné. « Je ne voudrais pas, écrivait ce “socialiste”, que le pays de mes petits-enfants et arrière-petits-enfants soit en grande partie musulman, qu’on y parle surtout turc et arabe, que les femmes soient voilées et que le rythme de la journée soit déterminé par les appels du muezzin. »
Bazar Renaissance, de Jerry Brotton, n’est pas une réponse directe à ces polémiques. Il ne vise pas à démontrer que la Renaissance serait le résultat de la seule influence musulmane ou orientale. Il se réclame d’une autre école de pensée, celle de l’histoire globale, qui tente de définir les interactions entre les différentes régions du monde et de ne pas isoler l’Europe du reste de la planète. La Renaissance ne peut s’étudier en dehors des relations commerciales, financières, culturelles entre les deux rives de la Méditerranée qui se sont mutuellement aiguillonnées.
Le concept de Renaissance, rappelle Brotton, a été inventé au XIXe siècle et d’abord par l’historien français Jules Michelet, qui résume : « … La découverte du monde, la découverte de l’homme. Le XVIe siècle, dans sa grande et légitime expansion, va de Colomb à Copernic, de Copernic à Galilée, de la découverte de la terre à celle du ciel. L’homme s’y est refondé lui-même » (Histoire de France, Tome neuvième, Jean de Bonnot, 1878). Et c’est, bien sûr, en France que la Renaissance est apparue. Elle représentait pour cet historien nationaliste une rupture avec l’âge sombre du Moyen Age, une victoire des idées de Raison, de Vérité, d’Art et de Beauté. Si Michelet a inventé une définition de la Renaissance, c’est le Suisse Jacob Burckhardt qui en a fait le portrait définitif comme un phénomène italien du XVe siècle, qui aurait permis la « création de l’individu moderne » Elle fut « le lieu de naissance du monde moderne créé par Dante, Pétrarque, Alberti, Leonard de Vinci et caractérisé par le renouveau de la culture classique ».
Cette vision, comme celle de l’anglais Walter Pater (1873), a façonné notre imaginaire et amené à comprendre la Renaissance non comme une période historique (chacun des trois penseurs que nous avons cités la situe à une époque différente !), mais comme un « esprit », un esprit qui semble plus définir l’idéal de ces intellectuels pour le XIXe siècle que la réalité historique.
« Un des problèmes que posent ces définitions classiques de la Renaissance, remarque Brotton, est qu’elles célèbrent les réalisations de la civilisation européenne à l’exclusion de toutes les autres. Ce n’est pas une coïncidence que la période où le terme a été inventé a aussi été le moment de l’histoire où l’Europe a proclamé avec le plus d’agressivité sa domination impérialiste sur le globe. »
Les échanges avec l’empire ottoman ont pourtant profondément modifié les goûts et les possibilités à l’ouest du continent et contribué à la naissance du monde moderne. Les importations de l’Orient couvraient une large gamme de produits, des épices au coton, du satin aux tapis, des tulipes à la porcelaine et aux chevaux, des pigments, etc. « La palette de peintres a aussi été élargie » et cet enrichissement a « apporté aux tableaux de la Renaissances les bleus et rouges vifs qui les caractérisent ». Ce sont les pratiques du commerce arabes et islamiques qui se sont répandues, et ont imposé les chiffres indo-arabes, l’usage de la virgule les signes de l’addition (+), de la soustraction (-) et de la multiplication (x). Les bazars du Caire, d’Alep et de Damas ont « littéralement modelé l’architecture de Venise ».
Non seulement des objets provenant de l’Orient étaient montrés sur les peintures (y compris des inscriptions en arabe sur les habits de la Vierge), mais les peintres eux-mêmes, comme l’artiste Costanzo da Ferrara, se rendaient à Istanbul et en rapportaient des motifs, s’inspirant des traditions ottomane et perse. Les flux dans le domaine scientifique, surtout de l’Est vers Ouest, ne furent pas moins denses.
Même la chute de Constantinople en 1453 fut perçue avec modération par nombre de chrétiens et, dans les années suivantes, Venise et Vienne s’engageaient dans des accords avec la Sublime Porte.
Cette période des XVe-XVIe siècles fut donc celle d’un formidable essor commercial et financier, d’un dynamisme époustouflant dont furent conscients tous les protagonistes. Elle fut le terreau de l’humanisme qui s’inscrivant dans cette époque où l’enrichissement, le pouvoir et l’appât du gain étaient glorifiés. Les préoccupations très terre à terre des humanistes sont mises en lumière par l’écrivain italien Pétrarque, qui prônait à la fois « la quête personnelle de vérité philosophique et l’aptitude pragmatique à opérer efficacement dans la société par la rhétorique et la persuasion ». Et les élèves des nouveaux collèges ne devaient pas hésiter à mettre cette rhétorique et cette persuasion au service du pouvoir quel qu’il soit. L’un des plus célèbres humanistes, Guarino de Vérone (1374-1460), fondateur d’une célèbre école, expliquait ainsi : « Tout ce que décrète le prince, il faut l’accepter sereinement et avec l’apparence du plaisir. Car ceux qui peuvent le faire sont chers aux gouvernants, assurent leur fortune et celle de leurs parents et obtiennent de hautes promotions. »
Pas plus que les fondateurs de la laïcité au tournant du XXe siècle n’accordaient de l’importance aux femmes, maintenues dans un statut de mineures, les hommes de la Renaissance omettaient rarement d’expliquer que le « deuxième sexe » ne pouvait prétendre à bénéficier des temps nouveaux. L’humaniste italien Leon Battista Alberti écrivait en 1444 : « Les petites affaires du ménage, je les laisse aux bons soins de mon épouse. (…) Cela ne nous gagnerait guère de respect si notre femme s’activait parmi les hommes à l’extérieur, sur le marché, aux yeux de tous. Quant à moi, il me paraîtrait aussi un peu humiliant de rester enfermé dans la maison parmi les femmes, alors que j’ai à mener des activités d’hommes, parmi les hommes, mes concitoyens et d’éminents et remarquables étrangers. » Et si les femmes ont bien eu une Renaissance, « ce fut en général, écrit Brotton, malgré leurs homologues humanistes du sexe opposé ».
On ne peut résumer Bazar Renaissance. Il faut se laisser emporter par ce voyage au long cours à travers les mers et les océans, à travers les cités et les pays, par ces rencontres inattendues avec des hommes et des femmes admirables aux langues, aux curiosités et aux religions multicolores, qui coopéraient malgré leurs multiples différences et qui inventèrent un monde nouveau.
Ils trouvaient tous leur inspiration dans ce bazar de la Méditerranée orientale qui fut « la véritable source de la Renaissance européenne », un bazar qui rappelle le « village global » dans lequel nous vivons aujourd’hui.
http://blog.mondediplo.net/2011-11-02-Le-Bazar-Renaissance-Comment-l-Orient-et-l-islam
http://havredesavoir.fr/bazar-renaissance/
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Lire aussi :
La Renaissance arabe et l'avenir de la pensée mondiale (1) - Lettre aux intellectuels tunisiens , 13 novembre 2011
La Renaissance arabe conduira-t-elle la planète de la raison à la résurrection philosophique et culturelle d'une civilisation européenne désacralisée, mais sans que son rationalisme à bout de souffle la conduise à une connaissance plus profonde de l'encéphale du pithecanthropus erectus et à de nouvelles élévations de la pensée? Ce qui est sûr, c'est que dans le cas où une symbiose se dessinerait entre l'avenir intellectuel de l'islam et le destin d'une Europe philosophique à laquelle le génie du "Connais-toi" socratique a donné son élan il y a vingt-cinq siècles, les chemins de cette nouvelle aventure seraient clairs et évidents sous le soleil, tellement ils traceraient des routes prévisibles dans l'histoire de l'hémoglobine du monde.
(…)
Dernière mise en ligne sur le site de Manuel de Diéguez
http://www.dieguez-philosophe.com /
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A suivre…
.http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/monde/images/Pays-catalans.PNG
Bonjour
Y-a-t-il en Catalogne,
Du côté de la frontière franco-espagnole,
Un Lecteur ou une Lectrice de mes blogs
à l'aise avec la technique, l'informatique ?
Merci de me contacter,
eva R-sistons
evaresis@yahoo.fr
..
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/europe/images/france-mapS-sud.jpg
Iran, le scénario de la catastrophe par Manlio Dinucci | |
Le 11 novembre 2011 | |
Sur un ton de bonimenteur, le ministre israélien de la défense Ehud Barak a annoncé que si « le pays était contraint à une guerre » contre l’Iran, cela ne lui coûterait pas « 100mille morts, ni 10mille ni même 1.000 mais à peine 500 et même moins si tout le monde reste à l’abri chez soi ». Ne sont pas compris, dans le calcul macabre, tous les autres morts.
Selon de hauts fonctionnaires britanniques, l’attaque contre l’Iran pourrait avoir lieu entre Noël et le début de la nouvelle année, avec l’appui logistique étasunien. Les experts pensent que les sites nucléaires iraniens seraient touchés par des missiles et des chasseurs-bombardiers, à travers trois couloirs aériens : un direct à travers Jordanie et Irak, un méridional à travers Jordanie et Arabie saoudite, un septentrional à travers la Méditerranée et la Turquie (carte jointe, NdT). Les implantations nucléaires seraient touchées par des bombes pénétrantes à tête non-nucléaire, comme les Blu-117 déjà fournies par les USA, qui peuvent être larguées à plus de 60 Kms de l’objectif, sur lequel elles se dirigent automatiquement.
Que se passerait-il si était détruite la centrale nucléaire iranienne de Bushehr, qui a commencé à produire de l’électricité en septembre dernier pour une capacité de 60 mégawatts ? Un nuage radioactif se produirait, semblable à celui de Tchernobyl, qui, selon les vents, se propagerait sur le Golfe persique ou même sur la Méditerranée. Les conséquences seraient encore plus graves si, par rétorsion, l’Iran frappait le réacteur israélien de Dimona, dont la puissance est estimée à 70-150 MW.
L’Iran ne possède pas d’armes nucléaires, mais a des missiles balistiques à moyenne portée, testés en juin dernier, qui, avec leur portée d’environ 2.000 Kms, sont en mesure d’atteindre Israël. Ces missiles sont installés dans des silos souterrains et, donc, difficilement neutralisables par une attaque « préventive ».
Si le réacteur de Dimona, qui produit du plutonium et du tritium pour les armes nucléaires israéliennes, était endommagé ou détruit, le nuage se propagerait non seulement sur Israël (Dimona est à seulement 85 Kms de Jérusalem), mais aussi sur la Jordanie (distante de 25 Kms) et l’Egypte (distante de 75 Kms). Et, selon les vents, ce nuage pourrait atteindre même l’Italie et d’autres pays européens. Les radiations (surtout celles de l’iode-131 et du césium-137) provoqueraient avec le temps des milliers de morts par cancer.
Voila ce qui est prévu par ceux qui planifient l’attaque contre l’Iran. Il est donc prévu de neutraliser la capacité de riposte de l’Iran. Ceci ne pourrait être fait par les seules forces israéliennes. Selon Dan Plesch, directeur du Centre d’études internationales de l’Université de Londres, « les bombardiers étasuniens sont déjà prêts à détruire 10mille objectifs en Iran en quelques heures ».
Et même la Grande-Bretagne, révèle The Guardian, est prête à attaquer l’Iran.
Le plan prévoit à coup sûr le déploiement d’armes nuclaires israéliennes (parmi lesquelles le missile Jericho à longue portée testé le 2 novembre) et aussi étasuniennes et britanniques. Soit pour dissuader l’Iran d’effectuer de lourdes représailles, même contre des bases étasuniennes du Golfe, soit par une attaque résolutive effectuée avec une bombe à neutrons, qui contamine moins mais tue davantage.
Une guerre contre l’Iran comporterait la plus haute probabilité d’une utilisation d’armes nucléaires depuis la fin de la guerre froide jusqu’à nos jours.
Tandis que l’opinion publique est concentrée sur le « spread » (écart) financier, le « spread » humain augmente : le différentiel entre les choix politiques et ceux nécessaires pour la survie de l’espèce humaine.
Edition de vendredi 11 novembre 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20111111/manip2pg/09/manip2pz/313153/
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27602
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L'Afssaps a rendu public lundi une liste de 77 médicaments placés sous haute surveillance.
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Réclamée par le gouvernement après le scandale du Mediator, l'Agence de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a édité une liste de 77 médicaments présentant potentiellement un risque pour la santé.
Il ne s'agit pas d'une liste noire mais les médicaments de la liste, qui ont tous obtenu une autorisation de mise sur le marché, ont été répertoriés « soit parce les autorités sanitaires ont jugé nécessaire, à titre préventif, de renforcer ce suivi, soit parce que des signaux de risque ont été détectés » indique l'agence dans un communiqué.
« Cette liste aura vocation à être actualisée et complétée », a déclaré lors d'une conférence de presse Fabienne Bartoli, adjointe du directeur général de l'Afssaps.
Les patients qui prennent des médicaments de la liste sont invités à ne « pas arrêter leur traitement ou modifier la dose sans consulter leur médecin ». La publication de cette liste sera l'occasion d'expliquer où en sont les procédures de surveillance et de réévaluation pour les médicaments concernés.
En milieu d'après-midi lundi, le site de l'Afssaps était saturé. Retrouvez la liste complète des 77 médicaments surveillés en cliquant :
ici (pdf).
Source: France-Soir
Contrairement à notre invité de la semaine dernière, Alexandre Wohlwend, dont l’analyse sur la situation de la BNS est assurément pertinente, nous ne croyons pas à une disparition de la monnaie unique. Nous pensons même, au contraire, que la catastrophe en cours permettra à terme d’élargir la zone euro. Cela passera assurément par une forte dégradation de la situation économique, sociale et sécuritaire, et provoquera autant de chocs aussi dramatiques qu’imprévisibles, permettant de contraindre les populations à des choix qu’aucune mesure démocratique n’aurait pu autoriser. La crise de la dette des Etats semble bien produire une accélération d’une « opération gigantesque, massive », pour reprendre les termes de Marie-France Garaud, dont nous tentons ici de définir l’agenda.
1. Nouveau plan de sauvetage pour la Grèce
Les deux précédents plans financés par la zone euro et le FMI (110 milliards d’euros en mai 2010 et 158 milliards en juillet 2011) ne suffisant pas à remettre la Grèce à flot, un nouveau plan est décidé par Bruxelles. La classe politique grecque ayant été jugée incapable de lutter contre la fraude, la corruption et l’évasion fiscale, les cadres du FMI, de la BCE et de la Commission européenne s’installent à Athènes pour prendre les rênes du pays. La Grèce devient le premier laboratoire d’un projet qui vise à anéantir la souveraineté des pays de l’Union européenne et, par extension, d’en réifier toutes les instances démocratiques.
2. Amplification de la crise
Les cadres du FMI, de la BCE et de la Commission européenne découvrent que la situation de la Grèce est pire que ce qu’ils estimaient. Les marchés s’effondrent à nouveau et, pour éviter le risque que le domino bancaire hellénique ne provoque un séisme majeur dans toute l’Europe, la BCE doit directement financer la dette grecque. La mesure apaise les marchés de façon transitoire, mais n’empêche pas que la note de la solvabilité de la France soit abaissée.
3. Faillite partielle de la Grèce
La solution du refinancement par la BCE n’étant pas viable à long terme, les dix-sept pays membres de la zone euro se réunissent en urgence afin de de revoir les statuts du Fonds européen de stabilisation financière (FESF), cela pour permette aux cadres du FMI, de la BCE et de la Commission européenne qui dirige la Grèce de mettre ce pays en faillite partielle. Objectif : une décote de 40 à 50 % des 300 milliards de dettes qui asphyxient le pays. Les banques grecques (dont plusieurs sont des filiales de banques françaises ou allemandes) sont immédiatement nationalisées.
4. Séisme bancaire
Le FMI s’oppose à un défaut ordonné de la Grèce et oblige les Européens à prendre sa part de crédit. Une grande banque commerciale française fait faillite. La note de solvabilité de l’Italie, du Portugal et de l’Espagne est une nouvelle fois dégradée, de sorte que ces pays se retrouvent eux aussi dans une situation de défaut. L’Europe est dans un climat de pré guerre civile. Afin de faire diversion aux révoltes légitimes des populations envers des mesures d’économies insoutenables, plusieurs attentats particulièrement meurtriers permettent d’exacerber les tensions inter-ethniques dans les principales capitales. Les médias alignés, aux ordres du pouvoir, brandissent l’épouvantail du « choc des civilisations ».
5. Vers une nouvelle Europe Impériale
Il faut se souvenir que c’est l’Allemagne qui a créé la monnaie unique. Après la réunification du pays, leur objectif était de créer une structure plurielle – une Europe fédérale autour de l’espace historique de la Germanie – dont l’élément structurant serait une monnaie unique. L’Allemagne n’a jamais voulu y intégrer les pays du « Club Med », cela s’est fait contre sont grès. Même s’il elle veut en conserver le contrôle, l’Allemagne n’a pas l’intention de soutenir financièrement des pays avec lesquels elle ne partage aucune solidarité politique, économique ou régionale. D’autant que ceci se passe à un moment où le basculement vers l’Asie est véritablement patent, visible, criant, massif, et où, par conséquent, l’Allemagne retrouve son tropisme historique vers l’Est. Jusqu’à présent, la faiblesse de l’euro a profité à l’Allemagne, mais elle fera tout pour empêcher sa disparition. S’appuyant sur le « Pôle Carolingien » d’une union fédérale avec la France, l’Allemagne a constitué une armature intérieure qui permet scinder la zone euro en deux classes : l’euro mark pour les pays du nord et l’intégration des pays de l’est, et l’euro franc pour les pays du sud et, à terme, la Turquie et les pays du Maghreb, après qu’ils aient été restructuré par quelques « révolutions arabes ». Cette scission de la monnaie unique aura pour avantage de permettre les réformes nécessaires dans les pays de la méditerranée afin de les niveler, sous la tutelle budgétaire centralisée par Bruxelles, qui est depuis toujours une chambre d’enregistrement des décisions prises au Bundestag.
Comme l’indiquait Marie-France Garaud il y a quelques mois : « Nous sommes devant une opération gigantesque, massive (…) L’Allemagne est restée souveraine. La cour de Karlsruhe est garante de la souveraineté allemande. Elle le dit expressément dans toute une série d’arrêts. Et pendant ce temps-là, nous, comme des imbéciles, il n’y a pas d’autres mots, nous avons aliéné notre souveraineté dans les traités européens. Mais pourquoi ? C’est véritablement incompréhensible. Comment prétendre être le pays le plus intelligent du monde et se conduire d’une manière aussi stupide ? »
Bonne question, mais il est désormais trop tard pour y répondre.
Spencer Delane, pour Mecanopolis
Article placé le 23 sept 2011, par Spencer Delane (Genève)
Monnaie Unique = Monnaie Inique
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La vidéo est chassée d'internet.... pourtant diffusée sur arte..... on la trouve sur ce site catho..? Vous avez dit "crise" .... ?
Gloria.tv: Les Millions perdus de l'Europe (docu. Arte, 2010)
(ATTENTION !!! Vidéo censurée tout récemment !! Faites vite avant que ça saute ! Virée de dailymotion + du site d'Arte même !)
Une passionnante enquête sur les détournements des fonds d'aide européens. Ou comment, d'une affaire de beurre frelaté normand, on remonte jusqu'à la mafia italienne !
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Que peut faire l'Europe pour lutter contre les fraudes
et les détournements de fonds d'aide européens ?
Description :
"Les aides financières attribuées par Bruxelles ont parfois des utilisations détournées qui mettent en jeu des millions d'euros. L'enquête commence sur une petite île danoise où un agriculteur a construit des pistes de ski sur ses terres grâce aux subventions européennes. Elle se poursuit en Normandie où le responsable d'une laiterie a été mis en examen pour une fraude de plusieurs millions d'euros. De cette escroquerie portant sur un commerce de beurre frelaté on remonte jusqu'à la mafia italienne qui fabriquait la matière grasse chimique. En Calabre, on découvre un chantier d'autoroute financé par l'argent européen, dont l'achèvement est repoussé d'année en année depuis quinze ans... Mais que peut faire l'Europe pour lutter contre ces fraudes et ces abus ? À Bruxelles, les réalisateurs constatent que d'anciens commissaires européens se reconvertissent dans le conseil d'entreprises privées, ce qui soulève la question des conflits d'intérêt. Un documentaire sans concession sur les vices de forme de certains règlements et sur l'absence de contrôle efficace."
(texte issu de Arte).
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http://media.comprendrechoisir.com/public/image/regime-jeune-preview-3328944.jpg
Reçu ceci :
Sais-tu que 3 jours de jeûne total suffisent à effacer toute douleur?
Sous couvert de gouvernements dits « techniques » et « d’unité nationale « , un coup de force caché se déroule sous nos yeux. Celui de l’oligarchie financière qui prend directement les rênes des pays de L’Union Européenne les plus en difficulté. Ceux là mêmes qui ont conduit L’Europe dans l’inextricable crise que nous connaissons. Ce syndicat malfaisant des anciens de Goldman Sachs, de la Banque centrale européenne et de la Commission de Bruxelles, s’est associé avec des cabinets de l’ombre installés dans les arrière-salles des banques et des bourses, baptisés agences de notation. Avec leurs amis en fonction dans ces mêmes institutions, ces prédateurs prennent d’autorité le pouvoir pour appliquer d’une main de fer une super-austérité qui mène les pays à la ruine.
Voilà que l’une de ces agences, « Standard and Poor’s », avait préparé un communiqué qui aurait conduit automatiquement à augmenter le service de la dette de L’État français, augmentant artificiellement les taux d’intérêt des emprunts d’État le jour même où la Commission de Bruxelles demandait quasiment un troisième plan d’austérité au gouvernement.
Voilà qu’en Grèce, un ancien dirigeant de la BCE devient premier ministre en association avec l’extrême droite fascisante dont le souvenir est encore vivace dans ce pays. Comment comprendre que les socialistes grecs puissent participer à un tel attelage si inquiétant qui va amplifier les destructions sociales et l’abaissement national ?
En Italie est envisagée la nomination de l’ancien Commissaire européen, M. Monti, champion de toutes les déréglementations et mises en concurrence destructrices.
Ces premiers ministres exécutent en fait les ordres de ce que l’on appelle désormais la « Troïka », composée des commissaires politiques et économiques dépêchés par le FMI, la BCE et la Commission de Bruxelles, conformément au pacte Euro plus, le pacte des rapaces.
Face aux dangers qui se profilent, je souhaite des initiatives d’actions unitaires, larges, ouvertes de toutes les forces progressistes et syndicales, et au delà de tous les démocrates qui n’ont jamais souhaité que la construction européenne devienne synonyme de souffrances, de malheurs, d’appauvrissement généralisé des travailleurs et de transfert direct du pouvoir aux mandataires les plus proches des requins de la finance.
L’heure est bien plus inquiétante qu’il n’y parait. Le choix de l’austérité est inefficace. Il mène à la ruine. Il menace désormais les souverainetés populaires et nationales. Il empêche aussi les projets de solidarité européenne et les indispensables mises en commun librement choisies. Oui l’heure est au rassemblement le plus large pour que la voix des peuples unis se fasse entendre, afin que l’humain prenne le dessus.