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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 06:13

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Le 22 sept 2011, France Info nous apprenait que les laboratoires Servier étaient rayés de la liste des organismes autorisés à être représentés dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Cette suspension « à titre conservatoire » a été décidée dans l'attente d'une décision définitive du bureau de l'Assemblée qui se réunira le 12 octobre, a précisé Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale, dans une lettre adressée au député UMP Yves Bur, président de la délégation chargée des représentants d'intérêt et dont l'AFP a obtenu une copie.

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Depuis juillet 2009, des  représentants d'intérêts publics ou privés figuraient sur une liste de personnages bénéficiant de badges, valables une journée, ouvrant des droits d'accès à certaines parties du Palais Bourbon, ce qui leur permettaient d’influencer certains députés, mais avec quelques restrictions.

Après la divulgation du scandale du Mediator, M. Bur et le député communiste Jean-Jacques Candelier avait proposé le retrait de cette liste de Servier, et de sa représentante, Corinne Moizan, retrait qui devrait être définitif après la réunion du bureau qui se tiendra le 12 octobre prochain.

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Or, dans une interview accordée au Parisien le 29 septembre 2011, Corinne Moizan, qui est aussi conseillère municipale UMP, se prétend « abasourdie » par sa suspension et s'insurge contre cette mesure. « Je suis arrivée en 1999 chez Servier, où je me suis spécialisée dans le lobbying avec les parlementaires […] je dois cibler les députés et sénateurs médecins et pharmaciens. Il s'agit en particulier d'une dizaine de parlementaires qui comprennent le mieux nos problématiques. Je les rencontre dans leurs bureaux à l'Assemblée, ou j'organise des déjeuners avec eux ». Il est certain que ce n’est pas pour parler de la pluie et du beau temps, mais pour essayer de les enrôler dans la protection et la promotion des laboratoires.

Et benoitement, au cours de l'interview, elle citait ses interlocuteurs parlementaires : Jean-Pierre Door, cardiologue du Loiret, Michel Heinrich, pharmacien du Haut-Rhin, Dominique Leclerc pharmacien du Loiret, tous trois députés UMP, mais aussi des élus PS comme Marisol Touraine, d’Indre et Loire, conseillère d'État, et Catherine Lemorton pharmacienne, de Haute Garonne. « Ce sont des bons connaisseurs du secteur. » Corinne Moizan avait le droit d'accéder à la salle des quatre colonnes de l'Assemblée nationale, mais devait la quitter à 14 h 30 avant l'arrivée des journalistes. On se demande pourquoi. Cacherait-on des informations aux journalistes ?

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Les socialistes ont immédiatement publié un communiqué pour dénoncer ces affirmations. « Notre groupe reçoit tous les groupes socio-professionnels qui en font la demande. C’est le travail normal des députés, dans le cadre de l'examen de projets de loi. Mais nous démentons formellement toute connivence entre nos parlementaires et le groupe Servier et toute rencontre particulière avec Mme Moizan, dont le travail n'a jamais eu la moindre influence sur le travail législatif du groupe. Plusieurs documents en attestent. »

Il est exact que le rapport de Catherine Lemorton de 2008 sur la pharmacovigilance a très clairement dénoncé l’interférence de l’industrie pharmaceutique dans la politique du médicament et à plusieurs reprises, l’industrie pharmaceutique a exercé de vives pressions pour que Catherine Lemorton ne soit plus leur interlocutrice. En outre, le groupe socialiste a été, au Parlement, le premier à dénoncer le scandale du Médiator et à demander que toute la lumière soit faite sur la responsabilité du laboratoire Servier.

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Quant à Jean-Pierre Door, il admet avoir rencontré la lobbyiste, car : « Cela fait partie du travail des parlementaires de s'informer, mais ce n'est pas parce qu'on rencontre des gens qu'on est influencé ». Pour sa part, Michel Heinrich a déclaré avoir « peut-être rencontré une fois Mme Moizan il y a près de dix ans, mais il l’a oublié, et Dominique Leclerc a aussi affirmé avoir rencontré Corinne Moizan à plusieurs reprises dans le cadre de la préparation des budgets de la Sécurité sociale, car il « est normal d'entendre les uns et les autres ».  

En résumé, pour ces députés UMP : « Ce n'est pas parce qu'on rencontre des gens qu'on est influencé ». Ces affirmations rejoignent les discours des « experts » ayant des liens avec les laboratoires qui crient haut et fort que cela ne les influencent en rien dans leurs jugements. Il n’y a qu’eux pour les croire.

JBl7y5ESjt4JAinsi, le laboratoire Servier est interdit de lobbying à l'Assemblée nationale, mais les autres, ceux qui restent sur la liste qui leur permet d’influencer certains députés, sont toujours là. Or, officiellement « le rôle d'un lobby est d'infléchir une norme, d'en créer une nouvelle ou de supprimer des dispositions existantes ». C’est grâce à ce laxisme que l’on infléchit les normes existantes et qu’on nous laisse croire ce que les laboratoires veulent nous faire croire. Ne serait-il pas grand temps, en cette époque de crise et de restrictions budgétaires, de cesser ces pratiques scandaleuses qui se répandent à travers le monde et le rend bien malade ?

 

http://www.sylviesimonrevelations.com/article-le-lobbying-a-l-assemblee-nationale-85997568.html

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 05:23
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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 05:08
La santé publique dans tous ses états:
questions au Dr Alain Braillon,
un expert trop indépendant (I)

http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2011/09/18/la-sante-publique-dans-tous-ses-etats-questions-au-dr-alain.html

 

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J'ai proposé un entretien au Dr Alain Braillon, à la fois pour Pharmacritique et pour la Fondation Alain Braillon désaffecté.jpgSciences Citoyennes, ce qui permet à l'association d'exprimer son soutien et sa solidarité en lui donnant directement la parole. Cette forme permet aussi de tendre un miroir à la santé publique, par des réponses à mes questions ciblées sur des actualités comme sur des problématiques plus globales. Voici la première partie de cet entretien, après une introduction faite par moi. La deuxième partie est ici

Mis sur le banc de touche pour avoir trop bien fait son travail, le Dr Alain Braillon est un témoin privilégié de la démolition de la médecine de santé publique, parente pauvre d’une médecine calquée sur les demandes de l’industrie pharmaceutique, dans un système tout entier conçu pour être pharma-amical, faire non pas de la prévention rationnelle, mais de l’abus de prévention, réduite à son sens pharmacologique, faire de la médicalisation des états physiologiques comme des facteurs de risque, des états d’âme, du mal-être socio-économique… Avec ses conséquences de surmédicalisation, surdiagnostic et surmédicamentation et l’augmentation exponentielle des risques iatrogènes. Ces tares structurelles ont été exposées moult fois sur Pharmacritique et illustrées aussi par le « cas » représentatif d’Alain Braillon.

Un article récent épinglait la misère de la médecine de santé publique, première victime de coupes budgétaires et du désinvestissement de l’Etat, qui ne saurait être occultée par quelques vitrines bien lustrées telles que le mastère de santé publique annoncé par le Cnam, l’Institut Pasteur et l’EHESP (Ecole de Hautes Etudes en Santé Publique). Ces institutions devraient donner des garanties de leur indépendance et de la qualité de leur formation, par exemple en ayant recours à des experts indépendants et reconnus au niveau international. Proposer une chaire à Alain Braillon serait un bon début.

En posant un certain nombre de questions, au nom de la Fondation Sciences Citoyennes et de Pharmacritique, j’ai souhaité demander au Dr Alain Braillon de tendre un miroir à cette santé publique qu’il connaît désormais sous toutes les coutures : de l’intérieur, de l’extérieur et même en tant que « dommage collatéral » parmi d’autres induits par la politique du gouvernement actuel. Car c’est en pratique, sur de tels cas précis de démolition d’un service et d’éviction de l’un des rares médecins français à être une référence de niveau international, que l’on peut juger ce qu’il en est des annonces médiatiques et du projet de loi de Xavier Bertrand, présenté comme « radical » et à même d’introduire une coupure nette entre « l’avant et l’après Médiator ».


Le communiqué détaillé de la Fondation Sciences Citoyennes précise que l’ « après Médiator » selon Xavier Bertrand, c’est de la communication, du marketing sur le modèle pharmaceutique qui vit de cela et non plus de la recherche et développement... Le ministre sait vendre son projet, pour que l’essentiel du système pharma-amical reste en place, tout en donnant l’illusion d’une volonté politique et d’une consultation large. Or le système verrouillé par des leaders d’opinion grevés de conflits d’intérêts, promus comme le Pr Jean-Luc Harousseau à la Haute autorité de santé (voir ici), gardera les mêmes tares structurelles qui permettront d’autres Médiator.

Evincé il y a un an, Alain Braillon n’a toujours pas été réintégré, malgré les promesses de Xavier Bertrand de défendre les experts indépendants. Il y a eu et il y aura d’autres évictions de tels experts qui dérangent les sociétés savantes sponsorisées par l’industrie et les intérêts des lobbies qu’elles défendent. Elles passeront inaperçues, car le système procède habituellement de façon plus subtile. Raison de plus d’être solidaires et de faire de la… prévention avec nos maigres moyens. Défendre tous les Alain Braillon, c’est défendre notre santé. [Elena Pasca]

 

Activités du Dr Alain Braillon en bref

Alain Braillon était médecin des hôpitaux au CHU d’Amiens depuis 4 ans, dans le service du Pr Gérard Dubois, membre titulaire de l’Académie de Médecine, lorsque, brutalement, une procédure a été engagée pour supprimer son poste. Le Centre National de Gestion du Ministère de la Santé est passé outre l’avis de 70% des membres de la Commission Statutaire Nationale pour mettre fin à ses fonctions.

Ancien chef de clinique en hépato-gastroentérogie, le Dr Braillon est parti aux Etats Unis pour une année post doctorale dans un service de pharmacologie avant d’intégrer l’Inserm en tant que chargé de recherche. Il a ensuite participé, auprès du Pr Claude Griscelli au siège de l’AP-HP, à la création de la première Délégation à la Recherche Clinque dans un CHU français. C’est ce modèle original qu’a repris quelques années plus tard le ministère de la Santé pour l’appliquer au niveau national. Le Dr Braillon a aussi dirigé le service de la Commission de la Transparence à l’Afssaps ; les conditions dans lesquelles il a été mis fin à cette fonction ont été analysées lors de la mission d’information parlementaire sur le Médiator.

Le Dr Alain Braillon a publié plus de 190 articles médicaux indexés dans PubMed (US National Library of Medicine), essentiellement en anglais, en majorité dans les revues de tout premier plan de différentes spécialités.

 ***

Elena Pasca : Quel est le travail et le rôle d'un médecin de santé publique?

Alain Braillon : La santé publique est une discipline transversale et son champ s’est largement développé au fil du temps, en particulier jusqu’aux soins curatifs. Charles-Edward Winslow a fourni une définition dans la revue Science en 1920 : « La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé … » (Winslow CE. The Untilled Fields of Public Health. Science. 1920;51:23-33).

Il n’y a pas de raison d’opposer la Santé Publique aux autres spécialités médicales. L’essence est la même : limiter la souffrance, essayer de guérir et toujours respecter le malade. Sans être des spécialistes de santé publique, nombreux sont les praticiens qui font naturellement de la santé publique, en s’investissant dans des actions collectives, comme l’animation d’un réseau de soins, ou en intervenant dans les médias et diffusant des messages d’éducation à la santé. Je ne parle évidemment pas des campagnes sponsorisées par des firmes pharmaceutiques auxquelles participent des médecins rémunérés pour cela, mais de praticiens qui font leur travail en utilisant les médias comme un moyen de diffusion à même d’atteindre un public plus large.

La seule différence est l’échelle : un médecin de santé publique agit sur une population, alors qu’un clinicien agit sur une personne à la fois. En cas d’erreur ou de faute, les conséquences changent d’échelle. Comme l’a montré Brigitte Rossigneux dans le Canard Enchaîné, la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé a permis le renouvellement du remboursement du Médiator en 2006, en censurant les mises en garde des travaux préparatoires. (Voir cet article du Lancet). Une telle décision expose d’un seul coup des centaines de milliers de malades pendant des années à un produit inefficace, mais avec des effets secondaires graves connus depuis longtemps.

A l’inverse, par une seule mesure de santé publique pertinente, des milliers de vies peuvent être sauvées, ou des milliers d’effets indésirables graves peuvent être évités. Les Belges l’ont prise en 1976 en refusant l’autorisation de mise sur le marché du Médiator.

Autre exemple : en France, la consommation de cigarettes augmentait chaque année depuis la fin de la seconde guerre mondiale, représentant en moyenne 2 000 morts supplémentaires chaque année. Il a fallu attendre la loi Evin, qui a mis en place un dispositif global pour lutter contre tabac, pour voir enfin diminuer la consommation de tabac en France. Pendant 7 ans, il s’en est suivi une baisse régulière de la consommation, sauvant plus de 3 000 vies chaque année.

 

Quels sont les axes principaux de votre travail ?

 

Mon activité ces dernières années peut être résumée à trois domaines principaux :

1/ Améliorer la prise en charge.

C’est ce que j’ai fait en créant trois réseaux régionaux pluri-professionnels et pluridisciplinaires.

Le premier fédérait les vingt maternités publiques et privées de la région picarde, associant gynécologues-obstétriciens, sage-femmes, pédiatres, infirmières et cadres. Il ciblait le tabagisme chez les femmes enceintes, qui est la première cause évitable de complications au cours de la grossesse, en particulier la prématurité et la mort subite du nourrisson. C’est un fléau majeur, et la France détient un triste record, celui du pays d’Europe où il y a le plus de femmes enceintes qui fument. (Voir cet article dans J Gynecol Obstet Biol Reprod. 2010;39:1-2). Il a donc fallu sensibiliser, motiver et former de nombreux praticiens et intervenants, et leur fournir l’équipement nécessaire.

Le second réseau concernait la prévention de l’hépatite B au cours de la grossesse, une pratique jusque-là non évaluée en France et d’autant plus préoccupante que la France est lanterne rouge dans le monde pour la vaccination contre l’hépatite B … si l’on exclut le Yémen et la République Dominicaine.

Le troisième concernait la prise en charge des suicidants, une priorité du plan régional de santé publique. Ce réseau réunissait les urgentistes, les psychiatres et les infirmières des neuf hôpitaux pivots de la région qui ont participé à trois programmes. Les actions menées ont été évaluées, les résultats publiés dans des revues médicales nationales et internationales à comité de lecture. La publication d’éditoriaux a permis de renforcer l’impact de nos propositions. De même, des interventions dans les médias, dont la télévision, ont permis de sensibiliser et d’informer le grand public.

2/ Développer la sécurité des soins.

Pour cela, j’ai créé un réseau pour réunir les responsables Qualité et Sécurité des établissements de santé publics et privés de la région. Pas plus d’une demi-douzaine de réseaux de ce type existaient en France. Cela a permis d’organiser des formations, de faciliter le partage d’expérience et mettre en place des actions communes. Il s’est ensuite associé à un autre réseau régional, devenant ainsi le premier réseau inter-régional de ce type.

Pour tous ces réseaux, il a fallu trouver des financements en répondant à des appels d’offres. En effet, je ne bénéficiais d’aucun moyen, pas même d’un secrétariat. Les crédits obtenus sur appels d’offres auprès de la Fondation de France, des comités départementaux de la Ligue contre le cancer de l’Oise et de la Somme, du Conseil régional ont permis de recruter les collaborateurs, de financer l’achat des équipements et les différents frais de fonctionnement. En 5 ans, j’ai obtenu 550 000 € de crédits.

3/ Produire des expertises et fournir des conseils

Cela a été le cas pour la politique de dépistage de plusieurs cancers (prostate, colo-rectal, sein) ou par exemple pour les addictions.

 

Vous êtes actuellement "en disponibilité" (quel euphémisme!), sous prétexte que le financement de votre poste ne serait plus assuré. Que s'est-il passé?

Je ne sais quel terme utiliser. Présidée par M. Gérard Bapt, la mission parlementaire d’information sur le Médiator m’a présenté lors de mon audition comme « médecin des hôpitaux désaffecté du CHU d’Amiens par le ministère de la Santé ».

J’avais été nommé au CHU d’Amiens à l’issue du concours national des praticiens hospitaliers de 2004, avec 150 points sur 150.

Cela s’est passé très brutalement, comme à France Télécom. A la mi-décembre 2009, un simple mail d’un secrétariat m’informe que la Commission Médicale d’Etablissement a demandé mon placement au Centre National de Gestion. Ni moi, ni mon chef de service, ni le responsable de pôle n’étions au courant de ce qui se tramait. En effet, cela a été rajouté à l’ordre du jour en pleine séance et mon exclusion votée en fin de séance, quand il ne restait qu’un nombre très réduit de membres, dont personne ne peut d’ailleurs fournir la liste. La raison invoquée n’a été connue que plus tard : l’arrêt d’un financement par l’Agence Régionale de Santé qui subventionnait une de mes missions. Or un tel arrêt aurait dû faire l’objet d’une décision motivée et d’un avenant au contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens liant le CHU à l’Agence Régionale d’Hospitalisation. On a refusé de me communiquer cette décision, mais après une longue procédure, la Commission d’Accès au Documents Administratifs m’a donné raison, et le directeur de l’Agence a dû confesser qu’il n’y avait aucun document traçant cette décision !

Le motif financier était d’autant plus absurde que je rapportais à l’hôpital deux fois mon salaire (charges patronales comprises), grâce aux crédits « Mission Enseignement Recherche Référence et Innovation » que versait le ministère de la Santé au CHU. Ces crédits prennent en compte l’activité de publication scientifique de chaque médecin, sur des critères qualitatifs et quantitatifs. Le CHU d’Amiens comporte environ 450 médecins, dont un tiers ont aussi un statut universitaire. J’étais le médecin qui publiait le plus dans les meilleures revues internationales.

Le Centre National de Gestion a validé la procédure et instruit mon dossier comme si de rien n’était. J’ai eu communication du rapport à charge que le Centre National de Gestion a fait réaliser contre moi, pour requérir ma désaffectation du CHU d’Amiens. Dans ce rapport, j’ai appris que la Haute Autorité de Santé me jugeait « incontrôlable » et que c’est pour cette raison que le contrat de travail qui me liait à elle n’avait pas été renouvelé fin 2006. Malgré l’avis favorable de la Commission d’Accès au Documents Administratifs, la Haute Autorité de Santé refuse de me communiquer la note originale qui m’évalue ainsi.

Fait inhabituel, la Commission Statutaire Nationale s’est opposée, à plus de 70% de ses membres, à la réquisition du Centre National de Gestion contre moi. Autre fait inhabituel, le Centre National de Gestion n’a pas suivi cet avis. Tout cela est très significatif.

Je vous épargne les détails de la procédure, qui sont dignes de Georges Orwell. Quoiqu’il en soit, le terme « en disponibilité » ne s’applique pas à ma situation. C’est ma mort professionnelle et sociale qui a été organisée. Je ne peux plus prescrire, même pour ma famille, le Centre National de Gestion refusant de me communiquer les identifiants qui doivent figurer sur les ordonnances. J’ai dû attendre deux mois pour avoir communication de la procédure me permettant de me déplacer, et elle n’était valable que deux mois. Quand j’ai voulu l’utiliser, le Centre National de Gestion m’a refusé l’autorisation de me déplacer. J’ai encore près de 80 000 € de crédits de recherche obtenus sur appels d’offres qui sont au CHU. Le Centre National de Gestion refuse d’en assurer la gestion, et le CHU refuse de m’informer sur leur devenir.

Tout cela a fait à l’objet d’articles dans différents média [NdR : voir les liens à la fin de la deuxième partie de l’interview].

 

J’y verrais plutôt un « procès » à la Kafka, d’autant que votre ancien chef de service se voit poursuivi en justice. Pure coïncidence ?

Oui c’est assez kafkaïen, et même orwellien par certains aspects. Pour ce qui est des coïncidences, il est vrai que cela en fait beaucoup pour un service qui ne comporte que trois médecins, le troisième étant proche de la retraite. Oui, le service ne comporte que trois médecins, sans secrétaire depuis de plusieurs années ; et l’interne qui a choisi de faire son stage dans le service l’année dernière s’en est vu refuser l’autorisation par l’administration !

Cela fait beaucoup de coïncidences. Statistiquement, il est peu probable que cela soit dû au hasard.  

 

Qui a intérêt à vous mettre hors service et à épuiser le Pr Gérard Dubois par des procédures en justice?

Je ne suis pas journaliste d’investigation, mais pour le Pr Dubois, c’est assez évident. British American Tobacco avait menacé publiquement de le poursuivre en justice, mais finalement n’a pas donné suite et la procédure a été menée par la Confédération des buralistes de France.

Pour mon cas personnel, il est probable que des articles critiques que j’ai publiés dans les revues internationales de premier plan aient déplu. Les sujets sont nombreux : pharmacovigilance, expertise des politiques de santé publique (dépistages des cancers, hépatite B, alcool, tabac…). Je ne comprends pas l’intérêt que le ministère de la Santé pourrait avoir à me mettre hors service, mais c’est bien le ministère de la Santé qui l’a fait et qui persiste dans sa décision, malgré l’avis de la Commission statutaire nationale, les interventions ou les articles de soutien dans les différents media français ou étrangers.

 

C’est un type particulier d’action en justice intentée au Pr Gérard Dubois. Pourriez-vous préciser ?

Il s’agit d’une SLAPP. C’est l’acronyme anglo-saxon pour Strategic Lawsuit Against Public Participation (Poursuite stratégique contre la mobilisation publique). Le puissant et riche qui vous traîne devant les tribunaux se moque du jugement car, quel que soit le jugement, il gagne toujours : l’attaqué perd son temps et son argent, et même si le tribunal finit par lui donner raison, les frais d’avocat ne seront même pas couverts. Cela permet aussi de faire peur à ceux qui auraient pu penser à faire entendre leur voix critique. C’est fréquent dans les pays anglo-saxons, et cela touche maintenant la France (Le Silence est d'or, dans la revue Pratiques. 2011;53:74-5).

Pierre Meneton, un chercheur de l’Inserm qui lutte contre l’overdose de sel dans les aliments industriels, en a fait les frais récemment. Un Français consomme en moyenne 8 g de sel par jour, quand tous les experts internationaux recommandent de ne pas dépasser 5 g. Les conséquences de cette petite « gratte » pour vendre de l’eau au prix de l’aliment (le sel ayant un pourvoir de rétention d’eau très important) sont lourdes : hypertension artérielle avec son cortège de morts et de malades subissant des infarctus, des accidents vasculaires cérébraux… Le Comité des Salines de France a poursuit Pierre Meneton en diffamation, sous le prétexte qu’il a affirmé lors d’une interview pour le magazine TOC en 2006 : « Le lobby des producteurs de sel et du secteur agroalimentaire industriel est très actif. Il désinforme les professionnels de la santé et les médias ». L’Inserm non seulement ne le défendra pas, mais, à la suite de pressions extérieures, fera même scruter son activité par un « Comité d'Ethique interne » pour voir « s’il ne portait pas atteinte à l'image de son institution ». Les différentes sociétés savantes - Cardiologie, Hypertension artérielle, Pharmacologie… - ont été aux abonnés absents pour sa défense. C’est plus facile de faire des ordonnances de médicaments que de la prévention et de l’éducation. Pour celui qui prescrit : c’est plus rapide, il se rassure en confortant son statut de « savant tout puissant », car il permet l’accès à des médicaments nouveaux et coûteux. Celui à qui l’on prescrit est heureux : on lui reconnait un statut et le médicament miracle l’exonère de tout effort personnel. C’est un peu comme les émissions de télé-achat.

Le lobby du sel a été débouté, mais heureusement que les très lourds frais du long procès ont été assurés par la revue Prescrire. En règle, les lanceurs d’alerte n’ont pas cette chance, ils doivent assumer seuls. En plus, en règle générale, les représailles de leur hiérarchie, si subtiles mais si efficaces, les mettent hors jeu professionnellement et socialement, avant qu’ils n’aient pu diffuser leurs mises en garde efficacement.

En 2010, c’est le laboratoire Astellas Pharma qui poursuit, devant le tribunal de grande instance de Paris, cette même revue Prescrire (voir cet article). Il ne tolère pas que cette revue mette en garde sur la nouvelle indication d’un de ses médicaments.

 

L’information indépendante se paie cher... Les axes de travail dans les services de santé publique sont-ils imposés ou librement choisis ?

Oui, l’information indépendante se paie cher pour ceux qui tentent de la faire. On progresse mieux dans la hiérarchie avec une dose de servilité que de bon sens critique. On gagne plus à faire de la publicité rédactionnelle et flatter les intérêts des lobbies qu’à alerter sur les problèmes. La situation où ma mort professionnelle a été organisée délibérément est un exemple du prix que l’on peut payer. Cet exemple n’est pas exceptionnel, ce qui est inhabituel dans notre pays c’est la couverture médiatique qu’il a eu. Nombreux sont ceux qui sont mis sur la touche et dont on n’entend pas parler parce que les exécuteurs des basses œuvres ont été plus habiles pour sauver les apparences.     

Quant à l’autre sens du terme, bien sûr, l’indépendance a un coût, impossible de faire autrement. Plus de 30 000 professionnels de santé choisissent de s’abonner à Prescrire, c’est environ 10% des professionnels qui investissent près de 400 € par an pour s’abonner. Est-ce cher payé pour avoir une information indépendante ? D’autres préfèrent s’informer directement auprès des laboratoires pharmaceutiques. C’est gratuit, et parfois le gîte et le couvert sont offerts en prime.

Pour les axes de travail, c’est plus facile de suivre le troupeau que d’essayer de développer des thèmes ou des concepts différents. Un système, en plus bureaucratique comme le nôtre, n’aime jamais être remis en cause. Toutefois, chacun a la liberté de développer les thèmes qui lui semblent importants, mais il faut parfois assumer les risques que cela comporte.

Il est vrai qu’il est parfois difficile d’aborder certains thèmes et que certaines revues « scientifiques » françaises refusent de publier des articles, s’affranchissant même parfois d’une expertise et relecture par les pairs. Mais il existe plein de revues internationales qui sont d’ailleurs bien plus réputées et qui ont bien plus d’audience. Et même si leurs critères de qualité scientifique sont plus exigeants pour y être publiés, cela n’est pas insurmontable avec un peu de travail.

 

Comment jugez-vous la situation globale de la médecine, ou plus globalement de la santé publique en France ?

On peut envisager la situation en termes de résultats.

Voici un exemple qui en dit long. La mortalité infantile stagnait en France depuis de nombreuses années, contrairement aux autres pays développés. Pire, elle a même augmenté en 2009. Ainsi, la France est passée du 5ème au 14ème rang européen pour la mortalité infantile entre 1999 et 2008, derrière la Grèce, un pays en faillite frauduleuse. (Le terme frauduleux ne doit pas choquer : a) les comptes de l’Etat étaient manifestement truqués et les pays qui vendaient de l’armement lourd à la Grèce ne pouvaient ignorer que ces dépenses figuraient dans le budget de l’Etat grec à la ligne investissement ; b) quant aux citoyens grecs, ils avaient fait de la fraude fiscale un sport national et se réjouissaient de leur impunité.)

On dispose d’indicateurs simples et robustes dans de nombreux autres domaines. Pour les soins palliatifs, ce sont les Anglais qui se classent premiers en Europe et la France se traîne encore à la 13ème ou la 14ème place.

Pour le récent classement qui a été publié sur la chirurgie cardiaque, l’Angleterre obtient encore des résultats excellents, mais la France n’a pas participé, car elle n’a pas communiqué ses résultats pour l’enquête européenne qui existe depuis une quinzaine d’années. Pourtant le succès de cette enquête est indiscutable, et même la Chine et l’Arménie y participent maintenant.

 

On peut envisager la situation en termes de processus.

Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France, avec 60 000 décès par an. Pour les cigarettes, la consommation a diminué de 81 milliards de cigarettes  en 2002 à 55 en 2004, grâce aux augmentations répétées (trois) et importantes des taxes. Elle a stagné après le gel des taxes annoncé par Raffarin en 2004, gel que la Confédération des buralistes de France a considéré comme « un bon compromis ».

Depuis, cette stagnation persiste et fait à nouveau de la France une exception parmi les pays développés. En effet, les trois dernières augmentations (2007, 2009, 2010) sont incroyables. Ces augmentations concernent le prix industriel et non la taxe spécifique sur le tabac. Elles ont été faibles (6%), trop faibles pour impacter les ventes. Ces augmentations des prix industriels ont par contre permis un accroissement des profits des cigarettiers: ainsi, les trois majors - Philip Morris, British American Tobacco et Imperial Tobacco - ont vu leurs chiffres d’affaires augmenter de 3% entre 2008 et 2009, en pleine crise mondiale.

Actuellement, la consommation est à nouveau à la hausse, en particulier chez les jeunes et les femmes. Les augmentations annoncées pour 2011 et 2012 concernent bien les taxes, cette fois-ci ; cependant, elles restent insuffisantes (6%) pour diminuer le niveau des ventes. En plus, il y a le retrait annoncé de la varénicline de la prise en charge du déjà bien faible forfait thérapeutique limité à 50 €. L’ajout en 2011 sur les paquets de cigarettes de messages d’alerte sanitaires comportant des images est une mesure qu’il faut détailler un peu pour comprendre le caractère très relatif de l’engagement de la France dans la lutte contre le tabac : cette mesure n’a eu lieu qu’après deux ans de discussion avec les industriels et un incroyable délai d’un an « pour que les industriels puissent écouler leur stocks ». La France a  dix ans de retard sur le Canada et n’est que le 39ème pays à appliquer cette mesure. La complaisance ne s’arrête pas là, car ces messages n’occupent que 30% de la surface du paquet, contre 80% en Uruguay, par exemple. L’Australie a même annoncé en 2010 l’adoption du paquet générique avec couleur uniforme, taille standard et interdiction des logos. 

Pour l’alcool, Roselyne Bachelot a permis en juin 2009, à travers la loi HPST [NdR : Hôpital, patients, santé, territoires], la promotion par la publicité sur Internet, le média le plus utilisé par les jeunes, réduisant à néant les protections mises en place avec la loi Evin en 1991. (Voir Web-based intervention and alcohol: who is upside down? Alcohol Alcohol. 2010;45:103 et Alcohol control policy: evidence-based medicine versus evidence-based marketing Addiction. 2011 ; 106(4):852-3). Cela a mené à la création de l’Alliance Prévention Alcool.

Le développement de l’obésité est la troisième épidémie industrielle à laquelle il faut faire face. Là encore, l’inertie qui profite aux industriels est tout aussi inacceptable. Ainsi, par exemple, la demande d’une régulation de la publicité aux heures de grande écoute par les enfants, faite par 22 sociétés savantes, est restée sans réponse. Une taxe sur les boissons avec sucre ajouté vient cependant d’être annoncée.

Les intérêts des lobbies passent de plus en plus souvent avant l’intérêt de la population. Cela devient quasi systématique.

 

On peut envisager la situation en termes de coûts.

La France est le pays d’Europe qui dépense le plus pour la santé. Au classement mondial, nous sommes deuxième derrière les Etats-Unis. Et pourtant, fin 2010, le délai moyen d'obtention d'un rendez-vous pour un examen d'imagerie par résonance magnétique (IRM) a été évalué à 29 jours. Quatre régions proposent un délai moyen supérieur à 45 jours (Auvergne, Basse-Normandie, Limousin et Poitou-Charentes). Le délai d'attente pour un examen d'IRM est un problème ancien qui figurait déjà dans les objectifs du premier Plan cancer (2003-2007) : le délai ne devait plus dépasser 10 jours en 2010 ! On a l’impression d’être dans le dernier pays communiste du monde, où les commissaires du peuple chargés du Plan fixent tous les ans des objectifs d’autant plus irréalistes que les résultats sont mauvais : le délai moyen d'obtention d'un rendez-vous était de 29,3 jours en 2005 ! En 2010, la France, qui dispose de 8,7 IRM par million d'habitants, est deux fois moins équipée que la moyenne européenne (17 appareils par million d'habitants). Certains pays ont trois fois plus d’appareils par million d'habitants.

Cette dissociation entre des dépenses pharaoniques et des résultats plus que médiocres est incompréhensible !

 

suite ici :

 

http://pharmacritique.20minutes-blogs.fr/archive/2011/09/18/la-sante-publique-dans-tous-ses-etats-questions-au-dr-alain.html

 

Lire aussi :

Protection des lanceurs d'alerte et...

 

 


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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 04:58

 



Vandana Shiva, la bête noire des multinationales - Une entretien avec la sage-femme d’un monde en devenir
Une entretien avec la sage-femme d’un monde en devenir

Posté par: metamag le: 10/10/2011
 

 

 

Comme Aminata Traoré et Wangari Maathai en Afrique, Vandana Shiva est une figure marquante de l’Asie du Sud-Est et du monde alternatif au capitalisme mondialisé. Physicienne et philosophe, adversaire farouche des multinationales de l’agro-alimentaire et du brevetage du vivant, elle est l’infatigable protectrice de la petite paysannerie indienne, tout en assurant des responsabilités politiques internationales, comme membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine.

Dans le long entretien accordé à deux journalistes - Agnès Rousseaux et Nadia Djabali du site Basta – elle développe son opposition au système transformant le monde en un vaste supermarché de consommateurs nihilistes, broyant les biens communs de la planète, et son engagement en faveur d’un monde de diversités, de différences, de communautés, de responsabilités, de solidarités donnant sa place à tout le vivant. Une alternative à construire en même temps et par mille ruisseaux sur tous les continents. A l’écouter, dans un univers pourtant bien différent, on se dit que la parole de Gandhi résonne encore.
METAMAG

Agnès Rousseaux et Nadia Djabali: Les combats que vous menez sont liés à la souveraineté – alimentaire, sur les terres, l’eau, les semences. Qu’est-ce que la souveraineté? En quoi est-ce un enjeu majeur du 21è siècle?

Vandana Shiva : La redéfinition de la notion de «souveraineté» sera le grand défi de l’ère post-globalisation. La mondialisation était fondée sur l’ancienne notion de souveraineté, celle des États-nations héritée de la souveraineté des monarques et des rois. La nouvelle notion de souveraineté est le fondement de la résistance à la mondialisation. Cette résistance se traduit par le slogan: «Le monde n’est pas une marchandise.» Actuellement, les Grecs disent: «Notre terre n’est pas à vendre, nos biens ne sont pas à vendre, nos vies ne sont pas à vendre.» Qui parle? Les peuples.

Revendiquer la souveraineté des peuples est la première étape de la souveraineté alimentaire, de l’eau ou des semences. Mais il y a une seconde partie: les peuples revendiquent le droit de protéger la Terre, et non celui d’abuser d’elle comme d’autres la maltraitent. Ainsi la souveraineté des terres, des semences, des rivières rejoint la souveraineté des peuples. Avec la responsabilité de protéger ce cadeau de la Terre et de le partager équitablement.

A.R et N.D : Pour garantir cette souveraineté, faut-il fermer davantage les frontières?

Vandana Shiva: Aucune frontière n’est jamais totalement fermée. C’est comme la frontière de notre peau, qui nous protège de l’invasion de toute infection: des ouvertures permettent à la transpiration de sortir, pour maintenir notre équilibre, préserver notre santé. Toutes les frontières sont poreuses. Un corps souverain sait comment réguler ces entrées et sorties. Il sait quand trop de chaleur entre dans le corps. Il sait comment s’opposer aux virus. Quand un corps perd cette autonomie, cette souveraineté, il devient malade.

La régulation est vitale pour tout système vivant

C’est la même chose pour un pays, gouverné par un peuple souverain et autonome. Ce peuple peut dire: «Notre lait est vendu 14 roupies/litre, votre lait européen qui débarque à 8 roupies/litre va détruire l’économie laitière en Inde, donc j’ai le droit de réguler ce qui entre.» La régulation est vitale pour tout système vivant. La dérégulation, c’est l’appel de la mort. Un corps dérégulé meurt. De même, une nation, une économie dérégulée meurt.

Nous ne disons pas «non au commerce», mais «non au commerce dérégulé». Non à un marché dérégulé où les conditions des échanges sont déterminées par l’avidité des entreprises, qui s’approprient nos impôts, créent des prix artificiels, entraînant dumping social et destruction de la souveraineté alimentaire. Ce système nuit aux paysans d’Inde.


Et il nuit aux paysans d’Europe qui ne peuvent pas gagner leur vie, car les coûts de production sont supérieurs aux prix de vente du lait. L’agrobusiness et ses profits sont au centre de cette équation. Elle a pour conséquence le dumping, l’accaparement, le meurtre de nos paysans, le massacre de nos terres, et tous ces gens qu’on tue avec une alimentation empoisonnée.

A.R et N.D  :Le protectionnisme peut-il être une solution face à cette exploitation du vivant, en empêchant les multinationales d’avoir accès à ces ressources qu’elles exploitent?

Vandana Shiva : Tout comme nous devons redéfinir la notion de souveraineté, nous devons repenser la notion de protectionnisme. Un protectionnisme lié à la protection des écosystèmes, à l’écologie, est un impératif. Nous devons dire stop à la dévastation de nos rivières, stop aux déchets toxiques, stop au dumping des OGM par la manipulation des politiques mondiales par une multinationale. Cette protection est un devoir. Le cycle de Doha n’a entraîné aucun progrès depuis une décennie à cause d’un seul facteur: le problème de la subsistance des paysans. En 1993, nous avons organisé un rassemblement d’un demi-million de personnes pour faire pression sur le gouvernement indien: «Si vous signez les accords du GATT, nos paysans vont mourir.» Résultat: les accords du GATT ont été signés, et 250.000 paysans indiens se sont suicidés, notamment à cause de leurs dettes!


Les OGM ne fonctionnent pas

Cet endettement des paysans est lié à une décision politique particulière: la dérégulation du marché des semences, qui a permis à Monsanto de devenir par exemple l’unique vendeur de semences sur le marché du coton. La multinationale contrôle 95% de ce marché et dicte les prix. Une équipe de scientifiques indiens vient de montrer que les OGM ne fonctionnent pas. Dans les champs, c’est manifeste: les paysans doivent utiliser 13 fois plus de pesticides avec les OGM. Ce qui est formidable pour Monsanto qui les commercialise. Mais une cause d’endettement pour les paysans, et donc une cause de suicides.

La protection de nos paysans est un «protectionnisme vital». Le protectionnisme est vu comme un «péché», car la dérégulation a été érigée en norme. Interférer dans la corruption, les manipulations et l’avidité des multinationales, c’est du protectionnisme. Et donc, pour certains, c’est mauvais. Non! C’est un devoir social, c’est un devoir écologique. Et la cupidité des multinationales n’est pas un droit! Elles écrivent à l’OMC, rédigent des accords et disent: «Maintenant nous avons des droits et personne ne peut les changer.» Nous les changerons.


A.R et N.D  :Vous écrivez que «le libre-échange est un protectionnisme pour les puissants». Doit-on construire un protectionnisme pour les plus «faibles»?

Vandana Shiva : Le libre-échange, dans la manière dont il a été façonné, n’est pas du tout libre. Il n’est pas démocratique. Cinq entreprises se rencontrent, écrivent un accord sur les droits de la propriété intellectuelle et cela donne à Monsanto le droit de considérer des semences comme sa «propriété intellectuelle»! Cela permet à des entreprises, comme Novartis, de voler les médicaments aux plus pauvres et de les faire payer 10 fois plus cher. Un mois de traitement contre le cancer, avec les médicaments génériques disponibles en Inde, coûte 10.000 roupies. Et Novartis veut faire payer 175.000 roupies par mois.

Quand le tribunal juge qu’il n’est pas possible de déposer un brevet, car ces médicaments existent déjà et que ce n’est pas une «invention», Novartis défie les lois indiennes. La plupart des Indiens ne pourront pas payer le prix demandé par la multinationale. Novartis répond: «Seuls 15% de Indiens nous importent.» Cinq entreprises ont écrit une loi sur la propriété intellectuelle, et affirment ensuite que 85% des gens peuvent mourir du manque de médicaments! C’est un système criminel.

Quand cinq géants commerciaux, comme Cargill (multinationale états-unienne de l’agroalimentaire), rédigent l’accord sur l’agriculture, ils définissent l’alimentation non comme le droit de chaque humain à se nourrir, mais comme une marchandise qu’ils veulent contrôler. Ce n’est pas la liberté, ce n’est pas le libre-échange.


C’est du commerce monopolistique, c’est du commerce coercitif. Cela revient à tuer des gens, car un milliard de personnes souffrent aujourd’hui de la faim dans le monde, à cause de ce système. Le libre-échange actuel, c’est la dictature des entreprises.Ce dont nous avons besoin, c’est d’une réelle liberté, pour chaque personne, chaque enfant, chaque femme, chaque espèce sur Terre. Une réelle liberté, liée à la vie.

Les services publics sont aussi des biens communs

A.R et N.D 
: Vous étiez récemment aux États-Unis dans le Wisconsin pour soutenir les manifestants qui se battent pour défendre leurs droits et les services publics. Les services publics sont-ils aussi un bien commun à protéger?


Vandana Shiva :
Il y a deux types de biens communs. Les ressources vitales – eau, terre, semences, air, océans – données par la nature et modifiées par les humains. Et les services liés aux besoins essentiels: l’éducation, la santé, la façon de gérer nos villes, comme les services de lutte contre les incendies... Ce sont des services publics vitaux.


Ce qui compte, c’est «l’esprit de service» : quand un pompier lutte contre le feu, quand il aide les gens, il ne regarde pas le danger. Et quand ces services sont privatisés, les coûts augmentent. Un tiers des emprunts en Inde sont liés à l’achat de médicaments. La principale raison pour laquelle les gens vendent leurs maisons aujourd’hui, c’est pour se soigner. La privatisation des services publics prive la société de ses droits. Nous devons les défendre comme des biens communs.

A.R et N.D  :  Pensez-vous que le mouvement altermondialiste puisse apporter des solutions aux crises globales: environnementale, économique, financière?

Vandana Shiva : Le mouvement altermondialiste a extrêmement bien réussi: nous avons rendu l’Organisation mondiale du commerce caduque. L’OMC ne s’est jamais relevé après les mobilisations lors du Sommet de Seattle, en 1999. On avait imaginé que 5.000 personnes viendraient à Seattle, et nous étions 30.000! On ne s’attendait pas à voir les syndicats. Ni les étudiants, qui étaient pourtant majoritaires.

Le sommet de Doha en 2001 a ensuite été marqué par les événements du 11 septembre, avec une grande pression militaire. J’y étais. Certains ont dit aux gouvernements que s’ils ne signaient pas les accords de Doha, ils seraient traités comme des membres d’Al-Qaïda: «Vous êtes avec nous ou contre nous.» Résultat: rien n’a bougé à Doha, à cause de cette pression sur les gouvernements!

Des mouvements plus ciblés ont aussi été très fructueux. Nous avons par exemple mis la question de la «souveraineté» sur l’agenda politique. Personne ne peut plus aujourd’hui ignorer cette question. Nous avons mis en avant la défense de l’eau comme un bien public. Et regardez le référendum en Italie! 95% des Italiens ont dit non à la privatisation de l’eau.


 Idem dans le domaine des semences: je vais bientôt publier un rapport sur Monsanto, sur ses mensonges, sur la situation de monopole qu’ils ont créée et l’échec des technologies OGM à accroître les rendements. Le mouvement pour une alimentation sans OGM est très bien organisé.

Le mouvement altermondialiste a besoin de franchir une nouvelle étape. Quand on parle de la Banque mondiale, du FMI et des plans d’ajustement structurels, la plupart des gens se focalisent sur les pays du Sud, sur le «monde en développement». Mais, aujourd’hui, le FMI est en Europe! En Grèce, en Irlande… Des pays en crise, non du fait d’une mauvaise gestion, mais à cause des banques de Wall Street, à cause d’un système financier corrompu qui a provoqué cette crise totale.


Aujourd’hui tout le monde est «au Sud»

Nous devons maintenant faire trois connections vitales. La première est la question Nord-Sud. Aujourd’hui tout le monde est «au Sud». Le Nord? Ce sont les multinationales et les gouvernements. Nous devons tous nous considérer comme le «monde du Sud» et nous organiser en fonction de cela. La seconde connexion nécessaire, c’est de dépasser le fossé entre économie et écologie. Dans nos esprits, mais aussi dans nos organisations. 45% des jeunes sont au chômage en Espagne, nous devons nous tourner vers l’écologie pour créer de nouvelles opportunités d’emploi, car ce ne sont pas les banques ou Wall Street qui les fourniront.

La troisième connexion, c’est entre démocratie économique et démocratie politique. La démocratie a été réduite au droit de vote. Les responsables de la crise ont mis l’Espagne dans un tel état que José Zapatero est obligé d’agir contre ceux qui ont voté pour lui, et il perdra peut-être les prochaines élections (il les a perdues ndlr). Si les politiques sont bons, ils ont les mains liées, et s’ils sont mauvais, ils sont une part du problème. Nous devons aller vers une démocratie profonde où les gens ont vraiment la possibilité de prendre des décisions.

A.R et N.D  :Vous voulez un mouvement qui permette de sortir de la culture dominante de violence et de destruction. Mais face à la violence du système économique, des acteurs économiques, comment rester non-violents?

Vandana Shiva : Personne n’a mieux parlé du pouvoir de la non-violence que Gandhi. «Nous ne pouvons pas démanteler la maison du maître avec les outils du maître», a dit la poétesse américaine Audre Lorde. Nous avons besoin d’outils différents. Ils doivent être non-violents, parce que la non-violence est plus soutenable, et qu’elle efface vos peurs. Ceux qui luttent de manière violente doivent se cacher tout le temps.

Je préfère me tenir droite face aux multinationales pour leur dire ce que je pense d’elles. Agir «sans peur» est notre plus puissante arme. Et la non-violence crée également un soutien plus large. Et nous vivons à une époque où une poignée de personnes ne peut pas mener les batailles pour toute la société. C’est toute la société qui doit être engagée. Les actions non-violentes sont une invitation à toute la société à participer au combat.

A.R et N.D  : Vous dites que dans la civilisation industrielle prédomine en permanence le vocabulaire de la guerre. Notre civilisation est-elle en état de guerre?

Vandana Shiva : Le paradigme dominant de la civilisation industrielle est définitivement un paradigme de guerre. Des scientifiques comme Newton ou Descartes ont créé ce cadre: tous enseignent la guerre de l’humanité contre la nature. Tout est défini à partir de cela. Les outils eux-mêmes sont liés à la conquête sur la nature. Regardez les noms des pesticides: Round Up, Scepto, Machete. Il est toujours question de «tuer». Mais on ne peut pas gérer la vie à travers le meurtre.

Faire la paix avec la Terre et la paix dans nos esprits

Un élément crucial du mouvement émergent est de faire la paix avec la Terre et la paix dans nos esprits. Et ce qui est beau, c’est qu’alors tout devient possible. Quand vous réalisez que tout est en relation, de nouvelles communautés peuvent être créées. Quand vous réalisez que nous sommes partie prenante de la Terre, de nouvelles opportunités de travail peuvent être créées. Si vous pensez que vous êtes en guerre, vous passez tout votre temps à la conquête violente. Cela demande beaucoup d’énergie, et détruit beaucoup. Et ça ne laisse pas de place pour l’humanité, et pour les autres espèces.

A.R et N.D  :
L’énergie nucléaire est-elle une dimension de cette guerre de l’homme contre la Terre et contre lui-même?


Vandana Shiva : Aux débuts de l’utilisation de l’atome, il y a la Seconde Guerre mondiale. Même quand il n’est pas question d’armes nucléaires, la technologie nucléaire est toujours guerrière. La fission de l’atome, c’est déjà une guerre. Utiliser la fission de l’atome pour faire bouillir de l’eau est d’ailleurs une stupidité. Et que dire de cette énorme quantité de déchets qui vont perdurer pendant 250.000 années! Nous avons besoin de plus en plus d’énergie, pour maintenir la sécurité énergétique. C’est une guerre permanente. Le nucléaire est une guerre injustifiée et infondée contre la Terre et l’humanité. Fukushima a été un réveil. Cette catastrophe nous montre que nous ne sommes pas plus puissants que la nature.

La plus grande centrale nucléaire du monde est construite en ce moment en Inde, à Jaitapur, par Areva. Tout ce projet repose sur des subventions, y compris l’accaparement de terres fertiles. Et quand les habitants osent dire non, par des manifestations contre cette centrale, ils se font tuer. Personne ne peut protester. Les gens ne sont pas autorisés à se réunir. Tous les élus locaux ont démissionné, affirmant qu’ils n’ont plus aucune raison d’être s’ils ne peuvent pas se réunir pour prendre des décisions. Si vous allez à Jaitapur, vous verrez une zone de guerre. J’espère que les Français rejoindront les habitants de Jaitapur pour demander à Areva de se retirer de ce projet. Et nous pourrons alors vivre en paix.

A.R et N.D 
 : Peut-on «réformer» notre civilisation?


Vandana Shiva :
Tout d’abord, y aura-t-il une civilisation? Nous avons deux options: soit continuer dans la voie actuelle et nous enfoncer dans une impasse. Une impasse économique, comme avec la Grèce; politique, comme ce qui a mené au printemps arabe; écologique, comme nous le voyons partout, quand les ressources naturelles sont volées aux peuples pour alimenter l’économie mondiale.


La seconde voie que l’on peut suivre, c’est celle de la paix. Une paix qui n’est pas un signe de faiblesse, mais un signe de force. Ceux qui sont exclus aujourd’hui, ceux qui ne sont pas partie prenante de la guerre de conquête, joueront alors un rôle de leadership: les communautés indigènes, les jeunes, les femmes...

La construction de cette paix façonnera la nouvelle prospérité. Nous avons été fous de penser que plus il y aurait d’argent dans le monde, et dans les poches des banques, des grosses entreprises et des nouveaux oligarques, meilleure serait la société. La crise grecque est causée par des banques. Et les gens disent: «Basta! Plus jamais ça! Nous ne donnerons pas plus.»

La réelle prospérité, c’est la santé de la nature et des humains

La réelle prospérité, c’est la santé de la nature et des humains. C’est une communauté forte où chacun peut prendre soin des uns et des autres. La civilisation que nous devons construire est une civilisation de larges réseaux de communautés souveraines, organisées de manière autonome, et non dominées par un pouvoir centralisé, politique ou économique.

A.R et N.D  :
Voyez-vous des signes d’espoir aujourd’hui?


Vandana Shiva :
Je vois des signes d’espoir partout où il y a une résistance. Chaque communauté en Inde qui se bat contre l’accaparement des terres, qui participe à notre mouvement Navdanya pour que les semences restent un bien public, tous ceux qui tournent le dos à l’économie suicidaire de Monsanto ou pratiquent l’agriculture biologique. Toute communauté qui se bat contre la privatisation de l’eau.


Tout ce qui se passe dans les rues de Madrid, en Irlande, en Islande, en Grèce. Les résultats du référendum en Italie sur le nucléaire ou la privatisation de l’eau. Ce sont d’incroyables signes d’espoir. Ce qu’il faut maintenant, c’est une nouvelle convergence mondiale, de tous les combats. Et un déchaînement de notre imagination: il n’y a pas de limites à ce que nous pouvons construire.

 

Agnès Rousseaux, Nadia Djabali

http://blog.egalite.be

http://metamag.fr/metamag-436-Vandana-Shiva--la-bete-noire-des-multinationales--Une-entretien-avec-la-sage-femme-d’un-monde-en-devenir-.html

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 04:46

10.10.2011

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Adlène Hicheur : deux ans de détention sans jugement

Le lundi 10 octobre, cela fait deux ans et deux jours que le physicien Adlène Hicheur était arrêté au domicile de ses parents dans l'Isère. Il reste en détention sans avoir été jugé. A ce sujet, Nature News écrit « Physicist languishes in French prison », alors que tout porte à craindre cette situation ne soit destinée à durer encore. Pourtant, l'état de santé d'Adlène Hicheur paraît tout sauf excellent. Les commentaires à l'article de Nature s'interrogent sur le respect des Droits de l'Homme dans cette affaire. Et que devient plus globalement le sort des détenus dans le monde ? Le 10 octobre, un communiqué de presse de l'ONU porte le titre « Afghanistan : un rapport de l'ONU révèle l'usage de la torture dans les prisons », se référant à un rapport de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). Amnesty International s'inquiète également de cette situation. Et si le problème résidait dans le déséquilibre croissant entre les moyens des pouvoirs en place et ceux des « petits citoyens » ? Un article diffusé par Le Monde le 10 octobre nous montre « les larmes de Ségolène Royal et de ses partisans » à l'occasion des primaires du Parti Socialiste. Mais qui se soucie de la canne qu'à 34 ans porte notre collègue Adlène Hicheur à Fresnes ? Et quel « candidat à candidat » du Parti Socialiste ou d'un autre parti politique français en vue des élections présidentielles de 2012 est-il prêt à faire quelque chose pour mettre fin à ces longues périodes de détention prétendument « provisoire » sans jugement ?

 

OWNI rapporte à propos d'Adlène Hicheur : « "Il est affaibli, il marche avec une canne", nous a confié Me Baudouin, l’un de ses avocats ». Rappelons qu'Adlène Hicheur se trouve atteint d'une hernie discale. Déjà en mars dernier, The New York Times soulignait :

Dr. Hicheur walks with a cane because of a herniated disk that was aggravated by his arrest and initial interrogation, his family said. Recently he was beaten up by another inmate in the Fresnes prison, his lawyer says.

(fin de citation, article de Dennis Overbye du 14 mars 2011)

De son côté, un article de Louise Fessard dans Médiapart interroge : « L'affaire Adlène Hicheur, nouvelle dérive de l'antiterrorisme ? ». Répondant à cette journaliste, Adlène Hicheur avait déclaré : « Il faut mesurer la violence de l'arbitraire ».

Le 17 juillet dernier, dans Le Post, nous avions interrogé à notre tour : « Vers deux ans de détention provisoire pour le physicien Adlène Hicheur ? ». Malheureusement, la réponse est là. Pire, l'affaire pourrait même « repartir pour un tour » avec l'un ajout d'une pièce à charge de dernière minute qu'OWNI signale avec le titre « Réponses clés en main pour la DCRI ».

Quelle que soit l'issue de l'affaire après ces longues péripéties, Adlène Hicheur aura « purgé » d'ores et déjà une peine de fait supérieure à deux ans de prison dans un état de santé précaire. Comment le législateur français peut-il autoriser de telles pratiques de détention sans jugement ? Et pourquoi ce silence du monde politique ?

Situation qui, de surcroît, place le juge du fond sous la pression de l'alternative entre confirmer la peine de fait subie par le détenu ou désavouer le comportement de l'Etat. Quand réformera-t-on un tel mode de fonctionnement ?

 

Suit un historique actualisé mis en ligne par le Comité International de Soutien à Adlène Hicheur (CISAH)

http://soutien.hicheur.pagesperso-orange.fr/

 

GUANTANAMO à LA FRANCAISE :


Le 8 octobre 2009, notre collègue Adlène Hicheur était arrêté au domicile de ses parents à Vienne, dans l’Isère, puis après plusieurs jours de garde à vue était mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste [i]. Il est depuis incarcéré à Fresnes en détention provisoire. Il est à noter qu’Adlène est le seul mis en examen dans cette affaire. Aujourd'hui, 4 octobre 2011, il est en détention provisoire depuis près de deux ans, simplement pour avoir surfé et échangé des messages sur des sites internet dits "islamistes".

Adlène a constamment clamé son innocence et se débat depuis son arrestation dans un univers digne de Kafka. Des allégations mensongères sur son compte ont été maintes fois publiées dans la presse et même dans certains ouvrages, émanant pour certaines des plus hauts responsables de la police et de l'état. Depuis bientot deux ans toutes les demandes de mise en liberté provisoire présentées par ses  ont été refusées, sans qu'aucun élément matériel tangible ne soit venu étayer les graves accusations dont il fait l'objet.  En tant que collègues d'Adlène, nous avons été choqués par son arrestation et trouvons anormal son maintien en détention.  Compte tenu de cette situation qui  perdure , nous avons donc crée ce comité de soutien ayant pour but de prêter assistance et soutien à Adlène dans sa défense contre des accusations qu'il a toujours niées.

Les fonctionnaires du ministère de la justice ont plusieurs fois été alertés par notre comité sur cette détention abusive mais, contre toute évidence, persistent à répondre que les droits de M.Hicheur sont respectés.  Les nombreux élus que nous avons contacté n'ont pas donné suite, invoquant la séparation des pouvoirs ou préférant ignorer les conséquences de lois qu'ils ont votées et qui permettent d'emprisonner pour deux ans des gens sur la base de simples soupçons.  Aux dernières informations, le magistrat instructeur aurait l'intention de procéder à la cloture de l'instruction mi octobre, mais il est à craindre que la détention de M. Hicheur ne se prolonge jusqu'à la tenue d'un éventuel procès, soit encore pour plusieurs mois.

Le comité de soutien dénonce la disproportion totale entre la réaction policière et judiciaire et les faits réellement reprochés à Adlène, la longueur inadmissible de l'instruction (compte tenu du peu d'éléments) et surtout le scandale d'une détention provisoire longue de deux ans et parfaitement injustifiable, La détention provisoire devant rester une exception et être justifiée par des élément précis et non par de vagues généralités. Le comité demande  la libération, au besoin assortie d’un contrôle judiciaire, de M. Adlène Hicheur jusqu’à ce que l’instruction présente ses conclusions. Si des faits concrets et avérés devaient le mettre en cause, M. Adlène Hicheur comme tout citoyen doit avoir droit à un procès contradictoire dans des délais raisonnables. En l’absence de charges convaincantes  M. Adlène Hicheur doit être complètement innocenté et dédommagé du préjudice grave causé par une incarcération injustifiée.


[i] De nombreux rapports internationaux ont souligné l’arbitraire de la législation antiterroriste française, dont les critères sont peu exigeants en matière de preuve lorsqu’il s’agit de décider de l’arrestation de suspects ou de l’ouverture d’une instruction par un juge. Sur la base d’indices minimes, voire inexistants, elle permet le maintien en détention provisoire des suspects pendant des mois, voire dans certains cas pendant des années, tandis que les liens étroits entre les juges d’instruction spécialisés et les services de renseignement dans les affaires de terrorisme mettent sérieusement à mal le droit des accusés à un procès équitable. Voir à ce sujet le rapport de l'organisation Human Rights Watch ainsi que les observations finales (2008) du comité des droits de l'homme de  l'ONU en ce qui concerne la France et en particulier les points 14 et 15 en page 4. Voir aussi le rapport de Lord Tomlinson sur les droits de l'home et le combat contre le terrorisme  "Human Rights and the fight against terrorism – Introductory memorandum, 8 November 2010, AS/Jur (2010) 44" (Committee on Legal Affairs and Human Rights of the European council) ainsi que cet autre rapport de la commission intitulé "An overview of work of the Committee on Legal Affairs and Human Rights on issues relating to human rights and terrorism"

 

(fin de l'extrait)

 

Le CISAH appelle à signer et diffuser la Pétition en ligne, et signale parmi les nouveautés :

26 septembre Suite à l'envoi de la pétition le 30 juillet nous avons recu la réponse suivante du ministere de la justice qui ne répond pas a la question principale de la longueur de la detention provisoire mais seulement (et de manière inexacte) sur l état de sante d adlene

Lien vers le site du CALAS (Comité pour l'abrogation des loi anti terroristes, un comité dont le site semble peu actif mais qui a le mérite d'exister)

Memo résumant les principaux points du dossier (dernière mise à jour 27 juillet 2011) (pdf)

Le 6 septembre 2011 à 20h15, était diffusé sur ARTE un documentaire de Marita Neher et Nils Bökamp (75 mns) sur la lutte anti terroriste et ses dérives en Europe. Pour la France, les exemples traités sont ceux d'Adlène Hicheur et du groupe de Tarnac. Le comité remercie toutes les personnes qui ont réagi et témoigné leur sympathie pour Adlène suite à la diffusion du documentaire, en nous envoyant des messages, en signant la pétition ou en adhérant au comité.

(fin de l'extrait)

Le CISAH rappelle également que « Les juges de Strasbourg reconnaissent quatre critères pouvant justifier la détention d'une personne avant jugement lorsqu'il subsiste des raisons plausibles de soupconner qu'elle a commis une infraction. Il s'agit:

  • du risque de fuite
  • du risque d'entrave à la bonne marche de la justice
  • de la nécessité de prévenir la criminalité
  • du besoin de préserver l'ordre public
Lorsque aucune raison de ce type ne peut être identifiée, le prévenu doit être libéré en vertu de l'article 5(3) de la CSDH. »

(fin de citation)

 

Voir aussi le site du CISAH :

http://soutien.hicheur.pagesperso-orange.fr/

ainsi que nos articles :

Dominique Strauss-Kahn et Adlène Hicheur (I)

Crise de l'évaluation : Guantánamo (I)

Adlène Hicheur, toujours en détention sans jugement (I)

Adlène Hicheur, toujours en détention sans jugement (II)

Adlène Hicheur, toujours en détention sans jugement (III)

Adlène Hicheur, toujours en détention sans jugement (IV)

CEDH et hospitalisation des détenus français

Garde à vue et avocat : la France, condamnée par la CEDH

Adlène Hicheur : 446 jours de détention sans jugement

Adlène Hicheur : deuxième Noël en détention sans jugement

Adlène Hicheur sera-t-il libéré le 7 janvier ?

Adlène Hicheur : un comité de soutien

Un comité de soutien pour le physicien Adlène Hicheur

Adlène Hicheur et les Droits de l'Homme en Europe

CNRS : message aux personnels des labos (décembre 2010)

CNRS : message aux personnels des unités (janvier 2011)

CEDH, affaire Moulin et justice pénale française (I)

Arrêt Medvedyev de la CEDH et justice pénale française (I)

Rapport Léger, procureur de la République et réforme de la justice pénale française

Arrêt Medvedyev de la CEDH et justice pénale française (II)

 

 

 

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2011/10/10/adlene-hicheur-deux-ans-de-detention-sans-jugement1.html

 

 

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 04:40
Al-Qaïda : la fin d'une légende

 

par Michel Chossudovsky

 

Le 11 octobre 2011
http://www.terrepromise.net/wp-content/uploads/2011/02/Al-Qaida-Franchise1sep04.jpg
http://www.terrepromise.net/wp-content/uploads/2011/02/Al-Qaida-Franchise1sep04.jpg

 


Tout au long de l'ère post 11-Septembre, Al-Qaïda et la « menace du terrorisme islamique » ont joué un rôle central dans la définition du programme diplomatique de Washington, façonnant sa rhétorique aux sommets mondiaux et établissant les limites de la doctrine militaire étasunienne.

La « guerre défensive » « préemptive »  [1] contre Al-Qaïda et ses soi-disant « États commanditaires » constitue le fondement de la Stratégie de sécurité nationale (SSN) post 11-Septembre des États-Unis, formulée pour la première fois en 2002.

Dans la foulée du 11-Septembre, la légende d'Al-Qaïda s'est intégrée au pilier de la politique étrangère étasunienne. Dans la SSN de 2002, on trouve la notion de « réseau mondial de terroristes djihadistes » et d'« États finançant le terrorisme ». La réaction de l'administration étasunienne est de lancer « une guerre d'envergure mondiale », une « guerre mondiale au terrorisme » (GMAT) :

La guerre contre les terroristes ayant une portée internationale est une entreprise planétaire d'une durée incertaine [...] Les États-Unis agiront contre de telles menaces émergentes avant qu'elles ne soient entièrement formées […]

Les États voyous et les terroristes ne cherchent pas à nous attaquer par des moyens conventionnels. Ils savent que de telles attaques échoueraient. Ils s'en remettent plutôt à des actes de terreur et, potentiellement, à l'utilisation d'armes de destruction massive [...]

Les cibles de ces attaques sont nos forces militaires et notre population civile, une violation directe d'une des normes principales du droit de la guerre. Tel que démontré par les pertes le 11 septembre 2001, l'objectif spécifique des terroristes est d'infliger des pertes civiles massives et l'importance de ces pertes augmenterait de façon exponentielle si les terroristes obtenaient et utilisaient des armes de destruction massive.

Les États-Unis ont longtemps conservé la possibilité de mener des actions préemptives pour contrer une menace considérable pour notre sécurité nationale. Plus cette menace est grande, plus le risque de l'inaction l'est également et plus le plaidoyer en faveur d'une action par anticipation afin de nous défendre est convaincant [...] Afin de prévenir ou désamorcer de tels actes hostiles de la part de nos adversaires, les États-Unis agiront, si nécessaire, de manière préemptive. (National Security Strategy, Maison-Blanche, 2002)

L'objectif sous-jacent de la SSN de 2002 était de présenter l'« action militaire préemptive ». Elle signifiait que la guerre constituait un « acte d'autodéfense » contre deux catégories d'ennemis : les « États voyous » et les « terroristes islamiques », tous deux, disait-on, possédant des « armes de destruction massive ». Les « États voyous » étaient également définis comme des « États finançant le terrorisme ».

La SSN de 2002, ainsi que les documents subséquents de la Sécurité nationale comprenaient une liste de pays identifiés comme l’« axe du mal », sélectionnés pour une intervention militaire préemptive en vertu de la « guerre mondiale au terrorisme ». Cette liste comprenait l'Irak, l'Iran, le Soudan, la Syrie, la Libye et la Corée du Nord.

Alors que la Russie et la Chine, anciens ennemis du temps de la guerre froide, n’étaient pas officiellement désignées comme faisant partie de l’« axe du mal », elles étaient tout de même incluses (dans plusieurs documents militaires) dans la liste de pays ciblés pour une intervention militaire.

Dès le début en 2001, une vaste campagne de relations publiques a été lancée par le Pentagone dans le but de former et de manipuler l’opinion publique. Le coup de relations publiques consistait à couler des rapports sur les liens ou les relations entre Al-Qaïda et ses présumés États commanditaires (par exemple, comment Saddam appuyait ben Laden, etc.). L’objectif était de justifier des actions militaires préemptives contre des pays « abritant les terroristes ».

Ces déclarations émanant d’une autorité supérieure n’étaient ni vraies ni logiques. La « poursuite de ben Laden » est devenue un élément d’un consensus inflexible. La peur et l’insécurité prédominait sur le bon sens. Il s’agit d’une acceptation catégorique des structures du pouvoir et de l’autorité politique.

Immédiatement après les attaques du 11-Septembre, l’Afghanistan a été accusé d’abriter le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, le cerveau présumé derrière les attaques du 11-Septembre.

L’Afghanistan a été identifié comme un « État finançant le terrorisme ». Les attaques du 11-Septembre ont été catégorisées comme un acte de guerre, une attaque contre les États-Unis par une puissance étrangère. Le droit à l’autodéfense a été mis de l’avant.

Les agresseurs, les États-Unis et l’OTAN, ont été dépeints comme les victimes.

Le 12 septembre, moins de 24 heures après les attaques, pour la première fois de son histoire l’OTAN a invoqué « l’article 5 du traité de Washington, sa clause de défense collective », en déclarant que les attaques du 11-Septembre contre le World Trade Center (WTC) et le Pentagone constituaient « une attaque contre tous les membres de l’OTAN ».

On avait préconnaissance des événements du 11-Septembre. Les analystes militaires confirmeront que la guerre contre l’Afghanistan lancée le 7 octobre 2001 a été planifiée bien avant le 11-Septembre.

On a fait croire à l’opinion publique que les préparatifs de guerre ont été entamés le 12 septembre, à l’improviste, alors qu’il s’agissait du résultat de l’indignation et de l’outrage.

Homeland Security

« La patrie » (homeland) a émergé comme concept politique dans la foulée du 11-Septembre et a mené à l’instauration de l’US Department of Homeland Security (Département de la sécurité de la patrie des États-Unis [2])

La doctrine de guerre préemptive et la « défense de la patrie » sont intimement liées. Al-Qaïda, l’auteur présumé des attaques du 11-Septembre menace la « patrie étasunienne » avec l’appui des États finançant le terrorisme.

Feu Oussama ben Laden a été décrit comme le monstre, « l’ennemi numéro des États-Unis » menaçant la patrie.

Le but était de maintenir l’illusion que « les États-Unis sont attaqués » par Al-Qaïda. Washington a un mandat divin autoproclamé pour anéantir le fondamentalisme islamique et « propager la démocratie » à travers le monde.

La logique de l’« ennemi extérieur » et du scélérat, prétendument responsable des morts civils étasuniens, prédomine sur le bon sens. Dans la conscience intérieure des Étasuniens, les attaques du 11-Septembre 2001 justifient des actes de guerre et de conquête dirigés contre les États appuyant le terrorisme, incluant l’Afghanistan, l’Irak et l’Iran.

À ce sujet, l’« Inquisition étasunienne » post 11-Septembre en tant que concept idéologique est, à bien des égards, similaire à l’ordre social inquisitorial qui prévalait en France et en Espagne durant le Moyen Âge. L’inquisition, ayant débuté en France au 12e siècle, a été utilisée pour justifier des interventions militaires et de conquête.

La guerre mondiale au terrorisme (GMAT)

On dit des actes terroristes qu’ils sont perpétrés par des organisations djihadistes non étatiques, prétendument appuyées et encouragées par les gouvernements de plusieurs pays musulmans, décrits comme les « États commanditaires » de la terreur. L’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Pakistan et l’Arabie Saoudite ont été accusés par Washington de soutenir Al-Qaïda. 

Le 11-Septembre demeure le prétexte et la justification d’une guerre sans frontières. Après la « libération » de la Libye organisée par l’OTAN (août 2011), la Syrie et l’Iran, tous deux reconnus dans la doctrine militaire des États-Unis comme des États finançant la terreur, constituent la prochaine étape de la feuille de route militaire des États-Unis et de l’OTAN.

Al-Qaïda, dépeint comme un réseau fondamentaliste sunnite, est de plus en plus considéré comme une organisation djihadiste mondiale, une base, un réseau décentralisé composé d’organisations affiliées nationales et régionales.

La « guerre mondiale au terrorisme » est fondée dans le but de défendre la patrie étasunienne ainsi que le « mode de vie occidental ». Elle nécessite « la poursuite » des terroristes, et l’utilisation de systèmes d’armes sophistiqués, dont des ogives nucléaires. Elle prône une croisade préemptive contre le mal, de style religieux, servant à occulter les objectifs réels de l’action militaire.

L’acceptation de cette croisade contre le mal par le peuple étasunien ne se base sur aucune compréhension rationnelle ni aucune analyse des faits. Les mensonges sous-jacents au 11-Septembre sont connus et documentés. Les preuves confirment amplement qu’Al-Qaïda a été fondé avec l’appui de la CIA, en lien avec le renseignement pakistanais, la Direction pour le renseignement interservices (Inter-Services Intelligence ou ISI).

De la guerre soviéto-afghane à aujourd’hui, Al-Qaïda et ses organisations affiliées ont constitué des « atouts du renseignement » financés par les États-Unis et utilisés dans l’implantation des opérations clandestines de la CIA.

L’inquisition des États-Unis est employée pour étendre la sphère d’influence du pays et justifier des interventions militaires dans le cadre d’une campagne internationale contre le « terrorisme islamique ». Son but ultime, jamais mentionné dans les reportages, est la conquête territoriale et le contrôle des ressources stratégiques.

Dix ans plus tard : le discours présidentiel sur Al-Qaïda et le 11-Septembre continue

Le dogme de la GMAT a été initialement énoncé et formulé par les cercles de réflexions néoconservateurs de Washington. Il a été incorporé à la doctrine militaire étasunienne et fait toujours partie d’un consensus bipartisan. De George W. Bush à Barack Obama, ce dogme est devenu un thème central des discours présidentiels à la Maison-Blanche et dans les conférences de presse :

 [George W. Bush, septembre 2001] « On nous a mis en garde contre la présence de personnes malfaisantes dans ce monde. On nous a avertit très clairement […] Et nous seront vigilants. Votre gouvernement est vigilant. Les gouverneurs et les maires sont conscients que des êtres diaboliques rôdent encore à l’extérieur. Comme je l’ai dit hier, des gens ont déclaré la guerre aux États-Unis et ils ont commis une grave erreur […] Mon administration a un travail à faire et elle le fera. Nous débarrasserons le monde des malfaiteurs. » (George W. Bush, CNN, 16 septembre 2001.)

[Barack Obama, septembre 2011] « Détrompez-vous, ils vont essayer de nous frapper à nouveau, mais comme nous l’avons encore démontré ce weekend, nous demeurons vigilants. Nous faisons tout en notre pouvoir pour protéger notre peuple […] Ils [les terroristes en Afghanistan et en Irak] veulent nous attirer dans des guerres sans fin en sapant notre force et notre confiance nationale. Toutefois, même si nous mettons une pression incessante sur Al-Qaïda, nous mettons un terme à la guerre en Irak et commençons à ramener les troupes d’Afghanistan à la maison. Après une longue décennie de guerre, il est temps de construire notre pays ici, à la maison. »  (Barack Obama, Free Internet Press : President Obama: Al-Qaeda Threat Still Remains, 11 septembre 2011).

L’objectif de la « guerre mondiale au terrorisme » lancée en septembre 2001 était de galvaniser l’appui du public en faveur d’une campagne planétaire contre l’hérésie. Depuis les dix dernières années, une compréhension des événements politiques et sociaux fondamentaux est remplacée par un monde de pure fantaisie, où rôdent « des être malfaisants ».

Entre-temps, dans la foulée des attaques du 11-Septembre, Al-Qaïda a établi de nombreuses organisations affiliées à travers le monde musulman.

Al-Qaïda a proliféré. Là où la CIA mène des opérations de contre-insurrection, il y a des organisations affiliées à Al-Qaïda, dont :

Al-Qaïda en Irak (AQI);

Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) (comprenant Al-Qaïda en Arabie Saoudite et le Djihad islamique yéménite);

Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI);

le Groupe islamique combattant en Libye (GICL);

Al-Shabaab (Mouvement de la jeunesse moudjahidine) en Somalie;

le Djihad islamique égyptien;

le Mouvement islamique du Turkestan oriental au Xinjiang, en Chine;

etc.  

Partout où Al-Qaïda s’est installé, les États-Unis ont mené des opérations de contre-insurrection sous l’égide de la « guerre mondiale au terrorisme ». Il semble qu’un bon nombre de ces associations liées à Al-Qaïda aient été établies avec l’appui de la CIA, en utilisant l’ISI pakistanais comme intermédiaire.

Là où se trouve Al-Qaïda, là où « rôdent des méchants », les États-Unis ont l’obligation d’intervenir au nom de la « communauté internationale ». La menace terroriste est utilisée comme prétexte pour interférer dans les affaires internes des pays souverains, impliquant l’envoi de forces spéciales et des attaques de drones, sans qu’il y ait réellement de déclaration de guerre. Ce genre d’opérations est décrit dans le Project of New American Century (Projet pour un nouveau siècle américain, PNAC) comme une fonction de gendarmerie.

Par ailleurs, dans le cadre de la GMAT, des campagnes militaires de grande envergure ont été menées dans plusieurs pays, comme les guerres en Afghanistan et en Irak. Les gouvernements afghan et irakien ont tous deux été identifiés comme des « états finançant le terrorisme ».

On dit également de la République islamique d’Iran qu’elle appuie Al-Qaïda. La doctrine de guerre préemptive de l’administration étasunienne repose sur cette relation présumée entre des organisations terroristes non étatiques et les États terroristes qui les financent. Il est entendu, pari passu, que les États qui financent le terrorisme, peu importe lesquels, sont également responsables des attaques du 11-Septembre, c’est-à-dire d’avoir soutenu et encouragé Al-Qaïda.



Article original en anglais : The Al Qaeda Legend : Wither The "Global War on Terrorism"? Part I, paru le 3 octobre 2011.

Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca 

 [1]  Note de l'éditeur : « préemptive » est une terme anglais qui a été utilisé par l'ex-président Georges W. Bush  en juin 2002. Le terme de « guerre préemptive » est ainsi différent de celui de « guerre préventive » et signifie plus précisément « devancer l'adversaire » face à une menace - soi-disant - réelle et constatée. Ce terme est employé en relation avec la guerre au terrorisme. Pour plus d'informations sur l'utilisation du concept de guerre préemptive voir le site web Ressources pour la Paix http://www.irenees.net/fr/fiches/notions/fiche-notions-175.html

 [2]   NDT : Homeland Security signifie littéralement « sécurité de la patrie », mais on emploie communément « sécurité intérieure ».

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=27020

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EVA,  J'ai enfin trouvé votre adresse email.
BRAVO pour le formidable travail que vous faites et qui me sert énormément.
Outré par un article propagande de Laurent Joffrin du Nouvel Obs, je viens de préparer un article circonstancié et très précis qui démonte toutes les thèses dont les Propagandistes du Nouvel Ordre Mondial nous abreuvent depuis 10 ans... Cet article s'appuie sur tous les livres que j'ai pu écrire sur le sujet depuis 10 ans.
Je vous remercie de m'aider a en organiser la plus vaste diffusion pour que plus un Français ne puisse douter que cette propagande est entièrement mensongère.
Bien sincèrement,
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BEN PERI

Pour contrer la terrible Mondialisation que l'on veut nous imposer,
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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 04:07

 

 

 
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La précarité augmente mais le gouvernement s'en fout...Résistance

La précarité augmente, le gouvernement s’en fout

 

Plus de 8 millions de pauvres en France selon la définition européenne de la pauvreté (seuil de pauvreté égal à 60% du revenu médian). De plus en plus de gens se pressent dans les CCAS (centre communaux d'aide sociale) qui sont forcés de s'adapter à la nouvelle demande. Que fait la Droite ? Elle veut rendre facultatif le CCAS ! (proposition de loi Doligé) L'hébergement d'urgence ne va guère mieux. Le gouvernement a débloqué 75 millions d'euros mais c'est largement insuffisant.

La précarité s'aggrave, le gouvernement fait comme il a toujours fait : il l'ignore, il la méprise. Son fond de commerce ce sont les riches, pas les pauvres. La précarité gagne les couches les moins favorisées de la société : renoncement aux vacances, aux sorties et, comme l'a montré une enquête, récente, renoncement aux soins médicaux, ce qui est assez inquiétant. Enfin, les difficultés matérielles font ressurgir un vieux démon : l'infanticide et l'abandon d'enfants. Pour l'instant, ce sont juste les abandons d'enfants qui augmentent mais cela témoigne du recul de notre société.

Les mineurs étrangers affluent en Seine-Saint-Denis, ce département étant laissé livré à lui-même pour faire face à cet afflux de pauvreté. Pour se faire entendre sur ce problème crucial, le conseil général de ce département a déclaré haut et fort ne plus vouloir les accueillir. Une réponse partielle qui se veut rassurante a été donnée par le gouvernement mais le département de la Seine-Saint-Denis n'est pas le seul concerné par cette situation. L'aide alimentaire européenne va presque disparaître....

Les CCAS en première ligne face à la pauvreté mais le gouvernement veut les rendre facultatifs

L'Unccas (union de CCAS) a rendu publique une nouvelle enquête qui révèle que 42% des CCAS/CIAS (centres intercommunaux...) disent avoir fait évoluer leurs pratiques pour s'adapter à de nouveaux besoins, notamment en matière de modalités d'attribution de leurs aides. En effet, les CCAS sont confrontés à de nouveaux publics et à un nombre croissant des demandes. Titré "L'impact de la crise sur les demandes d'aide adressées aux CCAS/CIAS", ce baromètre témoigne d'une forte augmentation des demandes : 83% des CCAS en font état, soit 8% de plus que l'an dernier. Pour la première fois, les aides financières passent au premier rang des demandes d'aide qui augmentent, devant les demandes d'aide alimentaire (qui continuent toutefois d'augmenter).

Ce sont « les difficultés à faire face aux dépenses quotidiennes » qui incitent les usagers à se tourner vers le CCAS pour 88% des répondants à l'étude, soit 21% de plus que l'an dernier. Il s'agit en premier lieu des difficultés à payer ses factures d'électricité et son loyer, ou bien encore à payer les services municipaux comme la cantine ou le centre de loisirs. Les CCAS évoquent aussi tous ces cas où les usagers sont contraints de renoncer aux soins, n'arrivent pas à rembourser leurs crédits ou doivent rogner sur leurs dépenses d'alimentation. Bref, la crise a très clairement un impact en termes de précarisation.

Le baromètre met en outre l'accent sur une "dégradation de la situation des publics déjà fragilisés" par leur situation familiale, sociale ou générationnelle : familles monoparentales, personnes isolées, retraités, jeunes de 18-25 ans…Malgré cela, l'article 18 de la proposition de loi Doligé tend à rendre facultative l'existence d'un CCAS.

Hébergement des sans-abris : l'obole du gouvernement

Les associations du secteur de l'hébergement d'urgence sont déçues malgré l'enveloppe de 75 millions d'euros accordée. 

Après le choc provoqué par la démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social, François Fillon a reçu, le 26 septembre, le "Collectif des associations (ndlr : 31 associations) unies pour une nouvelle politique du logement des personnes sans abri et mal-logées". A cette occasion, le Premier ministre a annoncé une enveloppe de 75 millions d'euros supplémentaires pour l'hébergement d'urgence et l'accès au logement. Mais ces crédits seront répartis sur 2011 et 2012 et le solde net de l’enveloppe est 35 millions d'euros, compte tenu des 40 millions d'euros de crédits supprimés sur le budget 2011. Benoist Apparu a indiqué que « les dotations budgétaires pour le monde associatif pour les années 2011 et 2012 seraient équivalentes à celles de 2010 ». Au-delà de la question des crédits, le différend porte sur la mise en œuvre, par le gouvernement, de la politique du "logement d'abord". Relâcher l'effort sur l'hébergement d'urgence, alors que l'accès au logement est loin d'être acquis revient en quelque sorte à mettre la charrue avant les bœufs.

Poussées par la précarité matérielle, de plus en plus de mères abandonnent leurs enfants

Dans le dernier numéro de sa revue "Population", l'Ined publie une étude sur les accouchements sous X en France (le terme approprié étant « accouchement secret »). L’étude menée dans 83 départements, montre que l'âge moyen des femmes concernées est de 26 ans et surtout que la situation matérielle semble bien être un facteur important dans la décision des femmes. Alors que le nombre d'accouchements secrets recule régulièrement depuis la fin des années soixante, il a connu en 2009 une assez nette remontée. De l'ordre d'un millier par an au milieu des années 90, il était passé aux alentours de 600 au milieu des années 2000. Mais ce chiffre devrait finalement être de l'ordre de 680 pour l'année 2009.

Nous assistons à une montée en puissance de la précarité en France sous le regard indifférent et même cynique du gouvernement de droite.


Source : AGORA VOX / Taverne


Lien : http://danactu-resistance.over-blog.com/article-la-precarite-augmente-mais-le-gouvernement-s-en-fout-resistance-85832426.html

 

Par contre pour l’ignoble Balkany, il n’y a pas de pauvres en France…

 

http://www.dailymotion.com/video/x1cllr_il-n-y-a-pas-de-pauvres-balkany_fun


 

 

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 03:33
Note d'eva R-sistons : Je savais que ces événements avaient été provoqués pour détourner l'attention de la Révolution, de la nécessaire mise à l'écart du Régime militaire qui se perpétue sans Moubarak (avec ses privilèges) . Les Egyptiens ont compris qu'ils avaient été privés de leur Révolution, ils commençaient à le faire savoir. ET donc, on (l'Empire colonial GB, USA, Israël, France de Sarkozy) divise, encore et toujours, pour éviter l'essentiel : D'entendre le peuple et de lui faire droit.
http://www.france-info.com/local/cache-vignettes/L900xH900/WEB-Coptes-Egypte-01-76add.jpg
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Égypte - 11 octobre 2011 - C’est le pouvoir qui commandite les pogroms anticopte
  
 
 
    Bonjour à toutes et à tous,
 
Diviser pour mieux régner, tel est l’un des trucs essentiels utilisés en Égypte pour tenter de vaincre la puissante révolution qui agite ce pays.
 
L’impérialisme américano-sioniste, toujours au pouvoir en Égypte malgré le départ de Moubarak, divise les Égyptiens entre Coptes et musulmans.
 
Déjà, pour tenter d’empêcher cette révolution de démarrer, il y avait eu, dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1° janvier 2011, un attentat contre une église copte qui avait fait 23 morts. Le pouvoir avait attribué cet attentat à des islamistes.
 
Mais, plus tard, il s’est avéré que cet attentat avait été commandité par le pouvoir lui-même. Dans l’espoir évident d’empêcher la révolution de se lever.
 
Voir à ce sujet l’article « Égypte - à propos d’attentats terroristes récents en Égypte » :
 
 
Ainsi que « Égypte - Attentat anticopte - demande de mise en examen du ministre de l’intérieur ! » :
 
 
et pour finir, cet article de l’humanité sur le même sujet :
 
 
Et bien, il me paraît évident que ça recommence, le pouvoir continue cette même stratégie de commettre des attentats anticopte en Égypte afin d’en accuser les musulmans. Le but est d’essayer de vaincre ou au moins de ralentir la révolution égyptienne.
 
Si le pouvoir parvient à créer ainsi une guerre civile entre coptes et musulmans, c’en sera fini de la révolution égyptienne.
 
Diviser pour mieux régner.
 
    Bien à vous,
    do
.

Egypte : Le chef de l’Eglise copte orthodoxe dénonce des éléments infiltrés :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actu…

Extraits :/u>

"La foi chrétienne dénonce la violence. Des inconnus se sont infiltrés dans la manifestation et ont commis les crimes que l’on impute aux Coptes", a affirmé le patriarche dans une déclaration publiée après une rencontre avec 70 responsables de son Eglise. "Les Coptes ont souffert à maintes reprises de problèmes sans que les agresseurs ne soient poursuivis"

Vingt-quatre personnes ont été tuées et près de 200 autres blessées lors de ces affrontements qui ont accompagné une manifestation de Coptes (chrétiens d’Egypte) qui protestaient contre l’incendie d’une église, alors que l’Egypte connaît une montée des tensions interconfessionnelles.

Le couvre-feu a été instauré de 2h du matin à 7h dans le secteur de Maspero et jusqu’à la place Abbassiya, a indiqué la télévision publique dans un bandeau.

Le Premier ministre Essam Charaf a appelé chrétiens et musulmans de son pays à ne pas céder aux "appels à la sédition"

"Je m’adresse à tous les enfants de la patrie qui veillent à son avenir, pour qu’ils ne cèdent pas aux appels à la sédition car c’est un feu qui brûle tout le monde et ne fait pas de différence entre nous", a-t-il ajouté.

La télévision d’Etat a indiqué que les protestataires avaient lancé des pierres sur les forces de l’ordre et, citant des témoins, que les manifestants coptes étaient armés.

Mais sur les réseaux sociaux, notamment Twitter, beaucoup parlent de l’intervention de "voyous" venus perturber le rassemblement. Nombreux sont aussi ceux qui accusent les médias officiels, en premier lieu la télévision publique, de tenir un discours antichrétien.

De Chobra à Maspero, les manifestants, dont certains brandissaient des croix, avaient scandé "A bas le maréchal" Hussein Tantaoui, qui dirige le pays depuis la démission sous la pression de la rue du président Hosni Moubarak en février.

Les Coptes qui représentent de 6 à 10% des Egyptiens, s’estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane.

Le 7 mai, 15 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées au Caire lorsque des musulmans avaient attaqué deux églises, affirmant qu’une chrétienne convertie à l’islam était détenue dans l’un des lieux de culte.

CONCLUSION : tout ça pue la manipulation à plein nez. D’une part, très visiblement le pouvoir utilise en Égypte les coptes exactement de la même façon qu’Hitler avait utilisé les juifs, en accusant les coptes de tous les maux et en organisant des pogroms anticopte. D’autre part il paraît évident que les "éléments inflitrés" qui ont causé les très graves "incidents" qui ont causé tant de morts et de blessés étaient des agents secrets au service du pouvoir dans le but de donner une nouvelle occasion d’accuser les coptes. Rappelons que c’est toujours l’armée qui détient le pouvoir en Égypte, malgré le départ de Moubarak. Et que cette armée est financée par les USA depuis des dixaines d’annéees. Obama n’est pas derrière le printemps arabe. Il fait seulement semblant afin de mieux le combattre :

http://mai68.org/spip/spip.php?article3257

 
Faire circuler le plus possible, surtout en Égypte !
.
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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 03:13

Ce n'est pas parce qu'ils sont chrétiens que j'ai signé cette pétition,

c'est parce que les Serbes sont victimes des fanatiques religieux soutenus par l'OTAN..

Parce que la Serbie a été bombardée par les forces de l'OTAN (y compris par les Français

de MM Chirac, Jospin et Kouchner) pendant un mois et demi en 1998 à l'uranium appauvri et

que des Serbes (environ 600) ont été dépecés et leurs organes vendus sur le marché noir

des trafiquants de chair humaine dans des cliniques du Kossovo. Et que de 1995 à 1999,

250 000 Serbes de la Kraina, menacés par les salafistes de Bosnie, ont été expulsés

vers la Serbie sans logis ni resources . Sans que les forces "pacifico pacifiantes "

de la KFOR n'aient levé le petit doigt. Soumission à l'OTAN oblige !!!!


Solidarité Kosovo (bandeau)

 

L'OTAN ouvre le feu sur des chrétiens qui veulent protéger leurs terres
Allons-nous rester les bras croisés face aux exactions
des milices islamistes et du pouvoir albano-kosovar ?

Aidez nous à arrêter le massacre des chrétiens serbes du Kosovo en signant notre pétition en ligne ici
Signer la pétition

Plusieurs centaines de civils exposées aux gaz lacrymogènes, un mort et huit blessés dont sept par balles, deux personnes hospitalisées dans un état grave…

Marion Chevtzoff
L’intervention brutale de la KFOR contre les civils serbes est un grave manquement à son devoir de neutralité.

En plus d’avoir enfreint la résolution 1244, la KFOR prouve que c’est bien l’OTAN qui se charge du travail de basse police du gouvernement autoproclamé du Kosovo.

Marion Chevtzoff

présidente de Solidarité Kosovo

Sachez qu’en cette dernière semaine ensoleillée de septembre, les chrétiens du Kosovo déplorent un tué et sept blessés !

Voici le déroulement des faits. Ils sont préoccupants.

Lundi 3 octobre 2011. Un Serbe a été assassiné dimanche à Orahovac, au Kosovo, et son fils blessé. Des hommes ont fait feu sur les deux victimes en raison de leur appartenance ethnique et religieuse.

Nous nous rendons chaque année dans cette enclave à haut risque du sud Kosovo. C'est avec le cœur lourd que nous vous informons de cette terrible nouvelle.

Eglise de Draganac
Le Kosovo est une région historiquement serbe, aujourd'hui peuplée à 94% par des musulmans albanais. Les derniers chrétiens serbes qui ont refusé de quitter leurs terres subissent des pressions toujours plus grandes.

Depuis 1999, 150 églises et monastères ont été détruits.


Quelques jours plus tôt, le mardi 27 septembre vers 13 h 00, l’OTAN (KFOR) a ouvert le feu sur la population civile serbe qui manifestait contre la tentative de prise de contrôle du nord Kosovo (à majorité chrétienne) par le gouvernement musulman de Pristina. Du gaz lacrymogène, des balles-gommes, ainsi que des balles réelles, ont été utilisés.

Le temps de la guerre serait-il revenu ?

Depuis que les Albanais du Kosovo tentent de faire tomber la dernière poche de résistance serbe au nord, la population civile érige des barricades en signe de protestation.

Sur l’une de ces barricades, les chrétiens ont dressé une croix de 7 m de hauteur. Ce geste, hautement symbolique, rappelle à chacun d’entre nous que le Kosovo est en passe de devenir le Golgotha des Serbes.

Ces barricades, ornées de nombreux drapeaux, bloquent les routes du nord dans le but d’empêcher une prise totale de la zone par les musulmans. Dans ce climat d’extrême tension, l’OTAN a contribué à aggraver la situation en prenant position en faveur des Albanais.

Aidez nous à arrêter le massacre des chrétiens serbes du Kosovo en signant notre pétition en ligne ici
Signer la pétition

Pourtant, selon la résolution 1244 de l’ONU, l’OTAN dispose d’un rôle purement « militaire » : assurer la paix et la sécurité dans la plus stricte neutralité politique. Sa mission est donc de protéger les populations désarmées des exactions et non de les violenter !

Certes, ce n’est pas la première fois que l’OTAN outrage le droit international mais, cette fois-ci, c’est également la dignité et l’intégrité physique de milliers de personnes qui ont été violées.

Plusieurs centaines de civils exposés aux gaz lacrymogènes, sept blessés dont six par balles, deux personnes hospitalisées dans un état grave… Voilà le sombre bilan de l’OTAN pour la journée du 27 septembre 2011.

Alors que le président serbe, Boris Tadic et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov ont demandé l’arrêt des violences, l’Union européenne a, quant à elle, apporté tout son soutien à l’OTAN.

L’association « Solidarité Kosovo » condamne fermement ces violences et regrette profondément le manque d’indépendance des autorités européennes qui ignorent l’enjeu actuel du Kosovo.
Le sort des chrétiens serbes du Kosovo concerne tous les Européens.

C’est la raison pour laquelle nous rédigeons depuis plusieurs semaines un rapport humanitaire qui sera transmis aux responsables européens en charge du dossier Kosovo, ainsi qu’aux médias et à nos donateurs.

Par votre soutien en signant notre pétition, et par nos actions, nous montrons également aux Serbes persécutés qu’ils ne sont pas seuls. Et ce soir, à la lumière de cette triste actualité, nous adressons nos pensées fraternelles envers les chrétiens serbes du Kosovo martyrisés.
Marion Chevtzoff
Marion Chevtzoff
Présidente de Solidarité Kosovo

Aidez nous à arrêter le massacre des chrétiens serbes du Kosovo en soutenant notre action par un don
Faire un don
Solidarité Kosovo est la seule association française à venir en aide aux chrétiens du Kosovo depuis 2004. Ces populations sont devenues minoritaires sur leur propre terre où elles subissent le joug islamiste de la part de populations albanaises islamisées. Un chiffre illustre le drame que vivent les chrétiens du Kosovo : en dix ans, 150 églises ont été détruites et 400 mosquées wahhabites ont été construites avec l’argent de l’Arabie saoudite.
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