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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 02:29

 

Soulèvement en Israël : Le Début De La Fin

Quand le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, devant le Congrès US a dit qu’Israël - un régime créé en volant des terres et qui survit grâce à la charité - «c’est ce qui est bien au Moyen Orient» et pour cela a été ovationné debout 29 fois par les sénateurs américains, il a négligé le fait que les soulèvements contre des régimes autocratiques n’ont jamais été limité au monde arabe.


Tentes de manifestants israéliens
Tentes de manifestants israéliens

Soulèvement en Israël : Le Début De La Fin - Extraits de l'article

Depuis le 14 Juillet des personnes se sont rassemblées partout en Israël pour protester contre l’augmentation des coûts du logement, des « villes de tentes « ont été dressées à Tel Aviv , Jerusalem, Beesheva, Haifa, Kiryat Shmona.

Elles demandent également au régime de réduire le coût élevé du carburant, de la nourriture et des dépenses de santé. Les manifestations ont montré les frustrations profondes de la classe moyenne concernant l’économie et cela représente le plus grand défi actuellement pour Netanyahou.

Certains médias ont essayé de minimiser les manifestations le justifiant en disant que contrairement à l’Eveil islamique dans les pays arabes, les Israéliens n’appellent pas à la « démocratie « ou à la fin de « l’oppression par l’état » mais elles protestent plutôt contre les « prix élevés des logements, de la nourriture, et d’autres biens »…

…Les récentes vagues de protestations en Israël surviennent 6 mois après la grève d’un mois des employées du ministre des affaires étrangères et après de fréquentes fermetures des aéroports également dues à des grèves.

La dette publique d’Israël est de 79% de son GDP et ses importations dépassent de 1.25 milliards de $ ses exportations. Plus de 23% des Israéliens vivent en dessous du seuil de pauvreté (dont un grand nombre de rescapés des camps de concentration nazis ndlt). En d’autres termes -- selon les mots du Congrés - - Israël est « dépendant économiquement ».

« Israël n’est pas indépendant économiquement et dépend de l’aide étrangère et d’empreints pour maintenir son économie. En plus de l’aide des US on estime qu’Israël reçoit 1 milliards de $ annuellement via la philanthropie, une somme identique grâce à des prêts commerciaux à court et moyen terme et environ 1 milliard grâce aux bonds du trésor israélien. Depuis 1985, les US ont fourni 3 milliards de $ de prêts annuellement à Israël. Depuis 1976, Israël est le plus grand receveur annuel d’aide étrangère US, et est le plus grand receveur en terme de cumul depuis la Seconde Guerre Mondiale » selon un rapport de 2003 du Congressional Research Service (CRS) intitulé « Israël : US Foreign Assistance ».

Actuellement avec la récession mondiale économique et une faible reprise post récession aux US et chez d’autres alliés d’Israël , le total d’aide financière et d’autres formes d’assistance qu’Israël peut recevoir seront à l’évidence touchés ajoutant de l’huile sur le feu des problèmes que le régime d’Israël doit déjà affronter.

Le Vendredi 29 Juillet 2011 des centaines d’Israéliens ont manifesté à Tel Aviv mettant en garde contre le fait qu’ils pourraient ériger des barrages routiers partout en Israël le 1er Août si le cabinet de Netanyahou ne répondait pas à leurs demandes.

Après des semaines de manifestations largement répandues contre les prix élevés des logements - - considérées comme les plus grandes manifestations en Israël depuis les années 70 - - le premier ministre israélien a annoncé une série de mesures pour faire face à la crise du logement.

Cependant, le plan de Netanyahou n’a pas mis fin à la colère publique car elles ont été considérées comme insuffisantes.

Le plan de Netanyahou comprenait la construction de 10 000 nouvelles unités de logements étudiants à louer à des prix réduits et une subvention de 50% sur les transports publics pour les étudiants hors des centres villes. Il incluait aussi une réduction sur le prix du terrain pour des sociétés construisant des maisons à acheter à prix modéré et la construction d’appartements pour la location à long terme à prix réduit.

Mais les manifestants ont accusé Netanyahou d’essayer d’acheter les étudiants pour diviser le mouvement d e protestation.

Selon un sondage publié par le quotidien israélien Haaretz, 87% des Israéliens soutiennent les manifestations contre les loyers chers et les coûts des logements.

Le sondage montre aussi que la popularité de Netanyahou est tombée à 31% alors qu’elle était à 51% il y a deux mois avec plus de la moitié des sondés mécontents de sa réponse à la crise du logement.

Le régime israélien qui a construit son existence par la violence en 1948n pendant la guerre des six jours, en obligeant les Palestiniens à quitter leur patrie est actuellement confronté à la fois à une opposition domestique et étrangère alors que ses alliés perdent du pouvoir et ne seront peut être pas capables de venir à son aide cette fois.
Extraits de l’article de Mike Jennings 30/07/2011

MJ/HGH/MMN

Article intégral en anglais

 

http://www.planetenonviolence.org/Soulevement-en-Israel-Le-Debut-De-La-Fin_a2467.html

 

 

 

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 02:24
« Nous ne voudrions déterminer personne à l’assassinat politique, mais que Jean Jaurès soit pris de tremblements ! ».
97ème anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès

Jean-Pierre DUBOIS
Dirigeant du Parti socialiste de l’époque, député de la ville minière de Carmaux, fondateur du journal L’Humanité, Jean Jaurès consacre les dix dernières années de sa vie à lutter contre la venue de la guerre qu’il pressent.
Dans un discours à la Chambre, le 7 mars 1895, il explique le refus des socialistes de voter le budget du Ministère de la Guerre :
 
« Tant que, dans chaque nation, une classe restreinte d’hommes possèdera les grands moyens de production et d’échange [...] tant que cela sera, toujours cette guerre politique, économique et sociale des classes entre elles, des individus entre eux, dans chaque nation, suscitera les guerres armées entre les peuples. C’est de la division profonde des classes et des intérêts dans chaque pays que sortent les conflits entre les nations. [...] Toujours votre société violente et chaotique [...] porte en elle la guerre comme la nuée dormante porte l’orage ».

Le 23 janvier 1903, à la Chambre, il avertit :
« Dans les Balkans, les grandes puissances jouent avec les délires nationalistes et les rivalités ethniques ou religieuses les plus barbares. L’Allemagne ne supporte plus notre soif de revanche et le chauvinisme de nos nationalistes. L’allié russe risque de nous entraîner plus loin que nous le voudrions... ».
 
Le Pré-Saint-Gervais, 25 mai 1913 : Discours de Jaurès contre la loi rétablissant le service militaire à 3 ans.
La presse bourgeoise se déchaîne contre lui, l’accuse de collusion avec l’Allemagne. On l’appelle « Herr Jaurès ». A la Chambre, il est hué par les députés de la droite et de l’extrême-droite.
L’écrivain Charles Péguy écrit : « Dès la déclaration de la guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès. Nous ne laisserons pas derrière nous ces traîtres pour nous poignarder dans le dos ».
Paul Déroulède titre un de ses articles dans le journal L’Action française : « TUER JAURES ». Quant à Léon Daudet, le 23 juillet 1914, une semaine avant l’assassinat de Jaurès, il écrit : « Nous ne voudrions déterminer personne à l’assassinat politique, mais que Jean Jaurès soit pris de tremblements ! ».
Le 28 juin 1914, c’est l’attentat de Sarajevo puis l’ultimatum autrichien à la Serbie. La Russie et l’Autriche mobilisent. Le 31 juillet, l’Allemagne présente un ultimatum à la France lui enjoignant de ne pas se solidariser avec la Russie. L’inexorable affrontement des impérialismes européens est en marche.
En fin de journée, Jaurès se rend au siège de L’Humanité pour préparer un article de mobilisation anti-guerre pour l’édition du 1er août. Auparavant, il sort dîner au café du Croissant, rue Montmartre, avec ses collaborateurs. Le groupe est assis, le dos à la fenêtre ouverte et séparé de la rue par un simple rideau. Une main s’avance, un scintillement, deux éclairs, deux claquements [1].
Jaurès ne plaidera plus contre la guerre. Il est tué d’une balle dans la tête.
LA BOUCHERIE EUROPEENNE COMMENCE LE LENDEMAIN. [2]
La mort de Jaurès facilite le ralliement de la grande majorité des socialistes à l’Union sacrée. Le mot d’ordre de grève générale que les socialistes européens devaient opposer au déclenchement d’une guerre ne sera jamais appliqué.

Jean-Pierre Dubois (Le Petit Blanquiste).
URL de cet article : http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2011/07/31/9...
[1] Raoul Villain, l’assassin de Jaurès, est un nationaliste proche de L’Action française. Arrêté, il déclare avoir agi en solitaire pour « supprimer un ennemi de son pays ». Cette thèse de l’acte isolé est reprise telle quelle dans l’acte d’accusation dressé le 22 octobre 1915.
Après cinquante-six mois de détention préventive, Villain est acquitté par la cour d’assises de la Seine, le 29 mars 1919. La veuve de Jaurès doit même payer les frais du procès. Anatole France proteste : « Travailleurs ! Un verdict monstrueux proclame que l’assassinat de Jean Jaurès n’est pas un crime... ».
Raoul Villain s’exile alors à Santa Eulalia sur l’île d’Ibiza dans les Baléares. Peu après le début de la guerre d’Espagne, le 17 septembre 1936, les Républicains l’exécutent pour espionnage au profit de l’armée franquiste.
[2] Boucherie européenne pour laquelle seront sacrifiés par milliers les peuples des colonies d’Afrique.

 
http://www.legrandsoir.info/97eme-anniversaire-de-l-assassinat-de-jean-jaures.html

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 02:13

http://a7.idata.over-blog.com/3/19/42/87/Politics/sante-marchandise.gif

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POUR QUE LA SANTÉ SOIT RECONNUE

COMME UN BIEN UNIVERSEL

Par le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP).


Le 1er août 2011.


Allez sur ce blog pour réagir et faire réagir :

http://lesindignesdelindustriepharmaceutique.over-blog.fr/

Il a été construit avec des militants syndicaux de l’industrie pharmaceutique.

Il  appuie l’exigence que la santé soit reconnue comme un bien universel.

 

Vendredi 1 juillet 2011

 

Appel à tous.

 

Indignés !  Le mot est-il  assez fort face à la monstrueuse exploitation financière de la Santé par les industries du médicament ?


 

Peut-on accepter  que l’Homme soit transformé en une série de fonctionnalités, en une norme, en une marchandise ?


 

Peut-on accepter que l’industrie pharmaceutique, les entreprises du médicament,  responsables socialement,  soient obsédées et pilotées par les revenus des  dirigeants et les dividendes des actionnaires !

Peut-on se taire et laisser faire ?


… alors que les exigences en matière de santé ne cessent de s’accroître et c’est un signe de progrès,

 

… alors que 50% des maladies dans le monde n’ont pas de thérapies adaptées (dixit OMS),


… alors qu’une grande partie de la population mondiale, trop pauvre, n’a pas accès aux traitements qui existent,


peut on laisser détruire des milliers d’emplois utiles (dans Sanofi : - 3000 emplois ces deux dernières années,  - 900 à 1000 emplois industriels de plus d’ici 2014), fermer des sites de recherches, de productions, de services d’appuis, de commercialisation, entrainant dans ce saccage, des milliers d’emplois induits, en sous-traitance.


 

Peut-on accepter l’appauvrissement scientifique et industriel de notre pays?


                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

Peut-on laisser dépérir l’économie de nombreuses régions de France et de nombreux pays.

 

 

Pour faire reculer les maladies ici et ailleurs, a-t-on trop de compétences, trop de connaissances, d’atouts industriels et scientifiques ?

 


Au mépris de la VIE, peut-on accepter l’accumulation financière continue des entreprises du médicament au profit  d’une minorité de nantis ;


 

Les industries du médicament sont  parmi les industries les plus profitables au monde. Quel est le sens de cette société humaine qui se glorifie et vise des super profits toujours exponentiels sur la santé ?


 

Pour exemple, Sanofi, 1ère européenne du médicament, principale entreprise du CAC 40, affiche  9,4 milliards d'euros  de bénéfices pour 2010  - Chris Viehbacher, PDG depuis 2009, perçoit 3  600 000 euros/an, soit chaque mois  220 SMIC !


 

Les dérives dans l’industrie du médicament, font l’actualité.Elles mettent en débat divers éléments : les responsabilités, l’utilité, l’efficacité, la détermination des prix détachée des coûts, l’impact sur la sécurité sociale, l’insuffisance de contrôles et le manque de rigueur, les conflits d’intérêts,  les recherches d’économies au mépris de l’éthique, les brevets et le droit de chacun à la santé..! En fait, elles éclairent l’asservissement de la recherche et de la production de médicament à la course au profit d’actionnaires.


 

Alors que tant de malades espèrent des traitements,

 
- comment les industries du médicament, telle Sanofi, peuvent-ils dilapider leur  recherche et leurs moyens de productions pour répondre aux appétits égoïstes et gargantuesques de quelques uns ?

 

- comment le gouvernement peut il « arroser » de millions d’euros de crédit impôt recherche chaque année, de telle société à la gestion antisociale,  avec l’argent des contribuables ? Nous demandons le remboursement  de ces sommes indues.


 

Les entreprises du lobbying pharma qui sévissent mondialement, sont de plus en plus discréditées.  Leur pouvoir, sur l’économie, le social, l’humain, est  injustifié, voir DANGEREUX.  Comme elles sont loin  du serment d’Hippocrate !

« Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me le demandera.

Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. »

 

 

Les professionnels de l’industrie pharma, ouvriers, employés, techniciens, chercheurs, ingénieurs, visiteurs médicaux ne veulent pas que leur travail soit détourné de sa raison d’être : répondre aux besoins en Santé !  Leur métier les passionne. Ils mesurent leur utilité sociale. Chaque jour qui passe, de restructuration en réforme, ils souffrent des obstacles, des dérives imposées. Ils créent les richesses de l’entreprise. Ils ambitionnent de soigner. Constamment ils proposent, ils s’impliquent, ils veulent innover, ils rêvent de coopérations…


Leur droit d’intervention  sur les objectifs de cette industrie d’intérêt public est LEGITIME et nécessaire. Qui décide des choix de santé, illustre  la conception que l’on se fait de la société.


 

Nous en appelons à tous,

Pour la santé,seuls les intérêts thérapeutiques doivent compter, pas la finance. Nous réclamons que la politique des industries pharmaceutiques se recentre sur les patients et les maladies dont ils souffrent quelles qu’elles soient, où qu’elles soient.


Pour la santé,  les pouvoirs publics doivent assumer  leurs responsabilités. Nous rappelons que la sécurité sanitaire doit être un objectif de l’Etat.

 


Pour la santé,
nous incitons l’ensemble des parlementaires à s’opposer à la dilapidation des biens communs, à exiger que  l’industrie pharmaceutique et plus particulièrement Sanofi,  réponde à ses obligations sanitaires, éthiques.

Patients, professionnels du médicament et de la santé, citoyens, nous sommes tous concernés,


indignons nous et

  agissons ensemble !


 

Pour la santé, rejoignez cet appel, diffusez le largement à tous vos réseaux, afin que monte de partout, des villes, des campagnes, dans notre pays et dans le monde cette exigence :

le médicament n’est pas une marchandise. Il doit sortir des griffes des financiers !


Par lesindignesdelindustriepharmaceutique

 

 

  • Une pétition à signer de toute urgence!!!
 

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 02:00

 

Lundi 1 août 2011

http://www.destinationsante.com/IMG/jpg/medicaments-066rev.jpg

 

Réforme du médicament: le projet de loi présenté en Conseil des ministres

 

Le projet de loi renforçant la transparence et la sécurité du système du médicament, ébranlé par le scandale du Mediator, sera présenté lundi lors du dernier Conseil desministres avant la trêve estivale.

 

L'objectif de la réforme est "qu'il n'y ait pas demain de nouveau Mediator", avait déclaré le ministre de la Santé Xavier Bertrand le 23 juin.

Le texte devrait être examiné au Parlement dès septembre, a précisé vendredi le ministère.

 

Le projet de loi "relatif au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé" comprend 24 articles et s'articule autour de trois grands axes: la "transparence des liens d'intérêts", la réorganisation de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) qui devient l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), et le contrôle du médicament.

 

"Le projet de loi répond globalement aux annonces faites par le ministre ces derniers mois", estime le député socialiste Gérard Bapt, président de la Mission d'information de l'Assemblée nationale sur le Mediator et la pharmacovigilance.

 

Pour prévenir les conflits d'intérêts, le texte prévoit une déclaration publique d'intérêt des personnels dirigeants et experts des agences sanitaires lors de leur prise de fonction.

 

De leur côté, les laboratoires pharmaceutiques auront obligation de rendre publics tous les avantages qu'ils procurent aux médecins, étudiants, associations, établissements de santé, sociétés savantes, organes de presse spécialisés.

 

Sous le titre "gouvernance des produits de santé", deux articles concernent l'ANSM, qui se substitue à l'Afssaps, dont l'Igas (inspection générale des affaires sociales) avait pointé le manque de réactivité dans le suivi du Mediator.



Le doute doit profiter au patient



L'ANSM conserve sa mission de pharmacovigilance, avec des prérogatives élargies.

Le texte donne ainsi compétence à son directeur général de demander des études supplémentaires au moment de l'octroi de l'Autorisation de mise sur le marché (AMM), telles que des études de sécurité et d'efficacité post-autorisation.



L'AMM peut être suspendue, retirée ou modifiée lorsque son détenteur ne respecte pas les conditions d'octroi ou les obligations concernant notamment les études post-autorisation.

L'exposé des motifs précise qu'en cas de doute sur l'évaluation des bénéfices et des risques, le doute profite au patient.



"Nous avons la possibilité d'agir avec des moyens autonomes. C'est évidemment un élément crucial", a souligné le directeur général de l'Afssaps, Dominique Maraninchi.



"On sera plus exigeant sur la mise sur le marché d'un médicament et puis, surtout, si on s'aperçoit après sa mise sur le marché qu'il y a des problèmes, il ne faudra pas hésiter un seul instant avant de le retirer", a assuré M. Bertrand.



L'ANSM aura par ailleurs le devoir d'informer directement les professionnels de santé, tandis que l'information émanant des laboratoires sera davantage encadrée.



Le texte introduit ainsi un contrôle a priori de la publicité pour les médicaments à l'adresse des médecins.



Les visiteurs médicaux des laboratoires font eux l'objet d'une disposition expérimentale: pendant deux ans, le démarchage pour les médicaments dans les hôpitaux devra se faire devant plusieurs médecins, et non plus individuellement.



Le ministre de la Santé a estimé qu'on devait cette réforme "à l'ensemble des patients pour les rassurer sur les médicaments qu'ils prennent et aussi aux victimes du Mediator".



M. Bapt regrette cependant "qu'aucune avancée ne soit annoncée pour la création d'actions de groupe, permettant aux associations représentant les patients de faire valoir les droits des victimes de drames sanitaires".

 

1 août 2011 (AFP) - Le Point

Réforme française du médicament: vraie réforme ou réformette?

 

 

 loupe

 

 

 

Cet article appelle plusieurs réflexions et commentaires :

 

1°) La seule chose de sûre de cette brillante réforme administrative, c’est le remplacement du sigle Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé) par celui d’ANSM (=Agence Nationale de Sécurité du Médicament). Comme souvent, on fait croire à de grands changements avec de simples changement de forme ou de look.

L’Afssaps a ces derniers temps été tellement « mouillée » que ce nom était traîné telle une casserole, au grand « dam » de l’industrie du médicament qui ne pouvait ainsi  plus agiter « le sésame/l’approbation » d’une telle agence comme gage de fiabilité ou de qualité…

En changeant de nom, on fait croire qu’on repart « sur des bases propres ». Mais le changement de nom peut aussi être une stratégie commerciale : combien de fois l’industrie n’a pas commercialisé un même médicament mais sous des noms différents en fonction des pays où ils étaient utilisés. Ex : le vaccin H1N1 adjuvanté de GSK était commercialisé au Canada sous le nom d’ « Arepanrix » et en Europe, sous la nom  de « Pandemrix ». Ces noms différents permettent, entre autres, de protéger la responsabilité des fabricants et de semer la confusion dans le public en cas d’effets secondaires car celui-ci se rendra bien sûr moins vite compte que c’est « encore le même médicament » qui est accusé aux quatre coins du monde !

 

2°) Encore une fois, il y a ici une confusion très grave dans le chef du Ministre Xavier Bertrand qui n’arrive pas à dissocier l’existence de déclarations de conflits d’intérêts et l’absence concrète d’influence due à ces mêmes conflits d’intérêts (qu’ils soient déclarés ou non) ! En effet, même si ces liens d’intérêts doivent être déclarés, cela ne suffit hélas pas à supprimer l’influence délétère sur le jugement clinique que ces liens vont générer et ce, au détriment du patient.

 

3°) L’obligation faite aux laboratoires de déclarer tous les avantages fournis aux prestataires de soins, aux médias spécialisés, aux associations, aux sociétés savantes et aux établissements de soins, part d’une bonne intention mais rien ne garantit au public que cette obligation sera respectée à la lettre. En outre, cette obligation, même si elle venait à être respectée, ne signifie pas que ces informations seront facilement accessibles au public qui ne saura ainsi pas forcément où les chercher et où les consulter très facilement. 

 

4°) Le fait que les firmes soient encore autorisées à venir promouvoir directement leurs produits devant un comité de médecins plutôt qu'en tête à tête individuel avec les praticiens, n'est pas forcément le gage d'une moindre influence car, selon les règles de la psychologie sociale, une ou deux personnes "leaders" peuvent avoir une influence décisive sur des groupes entiers... Pour ne pas facher les industriels, il était de toute façon clair que jamais la recommandation de l'IGAS (= Inspection Générale des Affaires Sociales) de suppression pure et simple des visiteurs médicaux n'aurait été suivie.

  

5°) Quant au fait que le doute profitera soi-disant au patient et qu’il ne faudra pas surtout pas hésiter à retirer l’autorisation de mise sur le marché (AMM) en cas de problèmes après la commercialisation –dixit Mr Bertrand lui-même- on ne peut que s’étonner du TRES GROS DOUTE qui continue pourtant de bénéficier à Merck et à Sanofi Pasteur plutôt qu’aux patients concernant le Gardasil dont les effets secondaires inquiétants sont suffisamment connus et depuis suffisamment longtemps pour s’en inquiéter : n’était-ce pas en 2009 qu’une étude post-commercialisation sur ce vaccin et publiée dans JAMA faisait déjà état d’un surplus d’effets secondaires de type syncopes et thrombo-embolies ?

 

Mais il est vrai que, comme rappelé dans ce reportage de M6, c’était le même Xavier Bertrand qui était personnellement intervenu pour accélérer le remboursement du vaccin Gardasil avant même d’avoir reçu les avis des organismes ad hoc. Le même qui a aussi refusé de répondre, à l’occasion de ce reportage, sur les véritables raisons de son empressement…

 

http://www.initiativecitoyenne.be/article-reforme-fran-aise-du-medicament-vraie-reforme-ou-reformette-80635578.html

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 01:47
La crise de l’Europe

1 août

par Peter Schwarz pour WSWS

Jamais depuis l’adoption du Traité de Rome, il y a 54 ans, l’Union européenne et les organisations qui l’ont précédé n’avaient été si près de l’abîme que la semaine passée. De nombreux experts étaient d’avis que si les chefs de gouvernement des pays de la zone euro ne parvenaient pas à trouver une réponse à la crise de la dette lors de leur sommet d’urgence ce jeudi, ceci signifierait la fin de l’euro et de l’Union européenne.

Les conséquences d’un tel échec ne se limiteraient pas à la sphère économique. Depuis la Guerre de Trente ans au 17ème siècle, l’Europe a été à maintes reprises ravagée par des guerres, qui ont atteint leur paroxysme avec les deux guerres mondiales de 1914 et de 1939. Depuis lors, l’UE et les organisations qui l’ont précédée ont constitué le plus important mécanisme pour éviter de nouveaux conflits armés entre les puissances européennes. Ce n’est donc pas un hasard si pour de nombreux politiciens plus âgés qui se sont exprimés avant le sommet, l’Europe – comme l’a dit Spiegel Online– « reste une question de guerre et de paix, et non pas d’euros et de centimes. » Ils ont instamment mis en garde contre un échec du sommet d’urgence à Bruxelles.

Le sommet n’a pas résolu la crise mais l’a simplement différée. Il a même exacerbé les problèmes sous-jacents.

Les participants ont adopté un deuxième plan d’aide de prêts prévu de longue date pour la Grèce à hauteur de plus de 109 milliards d’euros et qui, comme le premier, est lié à des mesures d’austérité drastiques. Afin de faciliter son remboursement, le taux d’intérêt pour la dette du gouvernement grec a été baissé de 4,5 à 3,5 pour cent et les conditions du prêt ont été prolongées de sept ans et demi pour passer à une durée entre 15 et 30 ans.

Les pouvoirs du Fonds de sauvetage européen (EFS) ont été étendus ; à l’avenir il acquerra des obligations sur le marché en assistant de manière préventive les pays vulnérables. Toutefois, le volume total de ses ressources ne sera pas augmenté.

Les participants au sommet ont fait tout un battage sur l’implication des créanciers privés dans la dette grecque. L’ampleur de leur implication est fixée à 50 milliards d’euros d’ici 2014. Mais, un examen plus approfondi révèle qu’il s’agit d’une supercherie. Il est permis aux banques, aux compagnies d’assurance et autres créanciers privés de rembourser leurs obligations grecques en encourant une petite perte de 20 pour cent en moyenne ou bien ils peuvent échanger leurs titres de dette contre de nouvelles obligations à long terme dont le remboursement est garanti par l’UE. De cette manière, ils peuvent vendre leurs obligations grecques à un prix se situant largement au-dessus de la valeur de marché actuelle. Tous les risques futurs sont rejetés sur la population.

Grâce aux mesures adoptées à Bruxelles, qui contiennent encore beaucoup d’ambiguïtés et d’incertitudes, la dette du gouvernement grec de 350 milliards d’euros ne sera réduite que de 26 milliards d’euros – une goutte d’eau dans la mer.

L’Irlande et le Portugal, qui sont également fortement endettés, bénéficieront aussi d’une réduction des taux d’intérêt de la part du fonds de sauvetage, mais une participation des banques est expressément réservée à la Grèce. Aucune disposition n’est prévue pour l’Espagne et l’Italie bien que les taux d’intérêt de leurs obligations aient enregistré un bond la semaine passée et que les dettes de ces deux pays soient considérées être un problème central de la crise de l’euro.

Ce n’est, dès lors, qu’une question de temps avant que la pression ne s’accroît sur l’euro et que les chefs des gouvernements soient obligés de se réunir à nouveau en un sommet d’urgence.

La question quant aux causes qui sous-tendent la crise de la dette n’a pas été abordée au sommet, et n’a, à plus forte raison, pas trouvé de réponse. Les politiciens et les médias ressassent à satiété que la crise est la conséquence d’une gestion financière douteuse et que les pays touchés « vivaient au-dessus de leurs moyens. »

En fait, la crise de la dette est la conséquence du pillage systématique des caisses de l’Etat et de l’enrichissement de la classe supérieure aux dépens des travailleurs. Pendant trois décennies, la taxation des sociétés, des hauts revenus et de la fortune n’a cessé d’être réduite. Des milliards d’euros avec lesquels les pertes spéculatives des banques ont été compensées après la crise financière de 2008 ont eu raison des finances publiques.

Mais, ce ne sont pas les ressources qui manquent en Europe pour régler les dettes. L’augmentation rapide de la richesse privée d’un certain nombre de millionnaires le montre et elle ne cesse de croître malgré la crise. Selon le World Wealth Report, qui est compilé par la banque d’investissement américaine Merrill Lynch, il y avait quelque 3,1 million de millionnaires en Europe en 2007 et qui ensemble possèdent une fortune totale de 10,6 mille milliards de dollars (7,5 mille milliards d’euros). L’instauration d’un impôt spécial de seulement 4,7 pour cent sur cette fortune pourrait effacer d’un coup l’ensemble de la dette publique grecque.

Cette richesse est en rapide augmentation, même en période de crise financière. Selon la Bundesbank, rien qu’en Allemagne, le montant des fortunes privées a augmenté au cours des cinq derniers trimestres en tout de 350 milliards d’euros – soit précisément le montant total exact de la dette grecque. Et ce, malgré le fait que les revenus moyens stagnent depuis dix ans et que les bas revenus ont baissé. La richesse se concentre presque exclusivement dans les dix pour cent au sommet de la société qui détiennent plus de 60 pour cent de la richesse totale.

Mais ces avoirs sont intouchables pour les gouvernements de la zone euro. Même un prélèvement bancaire, exigé pour des motifs tactiques par le président Sarkozy, a été catégoriquement refusé à Bruxelles. Les dirigeants réunis se sont même servis de la crise pour accélérer la redistribution de la richesse sociale. Le sommet d’urgence à Bruxelles a salué les plans d’austérité en Espagne et en Italie en insistant pour dire que le déficit budgétaire de tous les pays de la zone euro devait passer en dessous de 3 pour cent d’ici 2013, ce qui signifie ainsi d’avantage de coupes drastiques dans les dépenses sociales.

Ce sont avant tout les partis bourgeois de « gauche » – les sociaux-démocrates, les Verts et les anciens staliniens – qui insistent sur la nécessité d’imposer des attaques supplémentaires contre les travailleurs. Ils se présentent en sauveurs de l’unité européenne, bien que leur conception de « sauver l’Europe » soit synonyme de rigueur sans fin.

En Grèce, la victoire du parti social-démocrate PASOK était la condition préalable à un plan d’austérité qui réduira d’ici 2015 de 40 pour cent les niveaux de vie des travailleurs et des retraités. En Italie, le président Giorgio Napolitano, âgé de 86 ans et qui est un ancien cadre du Parti communiste stalinien, est en train de veiller à que l’opposition de centre-gauche soutienne le dernier plan d’austérité du gouvernement Berlusconi et qui cible presque exclusivement les moyens et bas revenus.

En Allemagne, le Parti social-démocrate (SPD) a proposé son soutien au gouvernement Merkel afin d’adopter des mesures impopulaires pour gérer la crise de l’euro. Et, dans Spiegel-Online, le dirigeant du Parti des Verts, Cem Ördemir, a loué le premier ministre grec Papandreou pour avoir introduit ses mesures d’austérité malgré la résistance populaire.

Dans les années 1920, Léon Trotsky avait souligné que la bourgeoisie européenne était incapable d’unir l’Europe dans l’intérêt de son peuple. Le système capitaliste, fondé sur la propriété privée, sur l’exploitation, sur l’enrichissement personnel et les intérêts nationaux, est incapable de garantir une coexistence harmonieuse et solidaire entre les peuples européens. Cette appréciation est absolument confirmée de nos jours.

Les débats entre les partis bourgeois de droite et de « gauche » sur le moyen de sortir de la crise oscillent entre le nationalisme flagrant d’un côté et le « sauver l’Europe » en ruinant sa population, de l’autre. Comme dans les années 1930, les deux voies mènent au déclin social, à la dictature et à la guerre.

La classe ouvrière ne peut s’assujettir à aucun de ces camps ; elle doit lutter pour sa propre réponse à la crise – la réorganisation de l’Europe sur une base socialiste. Les grands groupes financiers doivent être expropriés et placés sous contrôle démocratique ; les biens des ultra-riches doivent êtres fortement taxés ou confisqués. Sur cette base, il sera possible de résoudre la crise actuelle, de surmonter la fracture sociale en Europe et d’utiliser ses vastes ressources dans l’intérêt de l’ensemble de la société.

L’alternative à la balkanisation de l’Europe en Etats-nations belligérants et de la dictature du capital financier et de ses institutions à Bruxelles ce sont les Etats socialistes unis d’Europe.

Peter Schwarz

Source : WSWS

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 22:36

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FAUT-IL EN FINIR AVEC LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE ?

(Pour moi Eva, oui ! C'est une imposture ! La prétendue Communauté internationale ne représente que l'Occident, elle ne peut prétendre monopoliser la parole !)


Posté par: metamag le: 01/08/2011

 

Cet article comme ceux qui viendront s'ajouter pendant ce mois ont été sélectionnés par la rédaction de Métamag car ils ont suscité un grand intérêt parmi nos lecteurs.
Une manière durant ce mois , où notre rédaction, équipe entièrement bénévole,  prendra quelques jours de repos bien mérité, de nous découvrir ou redécouvrir.
Nous vous donnons rendez-vous le 1er septembre.
En attendant, bonnes vacances et bonnes lectures !

 

FAUT-IL EN FINIR AVEC LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE 
Une notion subjective et sujette à controverse
Posté par: Jean Bonnevey le: 07/01/2011


« La Communauté internationale condamne… La Communauté internationale décide, demande etc.…. » La Communauté internationale est un terme fréquemment utilisé comme expression et référence par les journalistes pour mettre en valeur ou condamner un régime, des hommes politiques.


C’est donc, en raison de son utilisation et en absence de définition, une notion subjective fluctuante et sujette à controverse et contestation. Mais au fait késaco  juridiquement?

Y aurait il une organisation regroupant des pays représentant le monde en dehors ou aux côtés de l’Onu et ayant une sorte de puissance morale de droit démocratique divin.  Certes non. Voici une définition à géométrie variable donné par Wikipedia et bien révélatrice de la difficulté de définir ce concept.

Le terme de Communauté internationale désigne de façon imprécise un ensemble d'États influents en matière de politique internationale. Il peut inclure : tous les pays du monde… mais ce n’est jamais le cas ; les États membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) … mais ils sont divisés sur les principaux dossiers, les États membres du Conseil de Sécurité des Nations unies (dont la composition varie)  ou bien seulement les pays qui ont une grande influence internationale, notamment les États-Unis et leurs alliés. Même si cette influence se réduit.

En fait la Communauté internationale dont parlent les médias est réduite en effet aux Usa et à certains de leurs alliés politiques et économiques. On pense au Japon bien sûr. La Communauté internationale d’aujourd’hui, issue de l’alliance des démocraties et de l’Union soviétique contre les régimes nazis et fascistes, n’a plus rien à voir avec ce monde de l’après-guerre qui a connu la décolonisation et la chute du soviétisme.
 
Les forces du bien auto-proclamés
 
Il est évident que la « Communauté internationale » n’englobe plus vraiment certains pays émergents proche pourtant des Usa, comme le Brésil ou l’Afrique du Sud. Elle ne peut prétendre représenter la Russie, la Chine ou l’Inde et on ne parle même pas des « Etats voyous », selon des définitions objectives ou subjectives dont elle serait la norme.


En réalité, la « Communauté internationale«,  qui prétend parler pour le monde, ne représente qu’une partie de la planète très minoritaire démographiquement et représente les valeurs de l’»empire américain ».

Peut on prétendre parler pour tous quand on ne parle ni au nom de la Russie, ni au nom de l’Inde, ni au nom de la Chine, ni au nom de nombreux pays arabos-musulmans ou africains ? Non bien sûr. Certains juristes considèrent que cette notion ne repose sur aucun fondement juridique et des hommes politiques influents lui nient toute valeur.

La « Communauté internationale » représenterait donc finalement des forces du bien auto-proclamés, partageant les mêmes principes moraux économiques et politiques autour des Usa. Une notion floue, contestable et un rôle plus fantasmé qu’effectif. On peut se poser en effet objectivement la question de l’utilité de cette notion et de son usage médiatique.

Dans un mode en mouvement, la « Communauté internationale » paraît se dissoudre sans s’être vraiment identifié et sans jamais avoir eu les moyens de ses ambitions. Elle n’existe plus vraiment que dans les médias comme référence idéologique. Un sujet de réflexion très ouvert… car il peut c’est certain être abordé bien différemment que dans cette chronique critique. 


http://metamag.fr/metamag-349-Durant-le-mois-d-Août --le-best-off-de-METAMAG-FAUT-IL-EN-FINIR-AVEC-LA-COMMUNAUTE-INTERNATIONALE.html

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 22:23

Vers un marché mondial de la guerre pour les compagnies militaires privées
 
 

blackwater_logo_ado_stuporcollidercomAprès la banque mondiale, la monnaie mondiale et le gouvernement mondial, la dernière lubie des Etats-Unis et du Royaume Uni est de mettre en place un marché mondial pour les compagnies militaires privées, ces mercenaires du XXI e siècle. Autrement dit, une sorte d’armée mondiale à la solde de personne et tout le monde à la fois, pourvu qu’on en ait les moyens.

 

Les médias ne s’étalent pas sur le sujet, mais il s’agit d’une régression assez dramatique : l’ordre au niveau mondial est sur le point de devenir un simple marché privé, répondant aux règles de base du capitalisme et du libéralisme, c’est-à-dire en un mot : la rentabilité à court terme.

Depuis quelque temps, on est occupé à créer un cadre légal international qui permette de mettre en place un marché mondial de la guerre. « On », ce sont les compagnies militaires privées, bien sûr, mais aussi les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Evidemment, ils n’appellent pas cela comme ça, et préfèrent parler de « réguler les compagnies militaires et de sécurité privées », comme le mentionne un câble diplomatique de l’ambassade US à Londres daté du 12 septembre 2008, et révélé par Wikileaks. On argue qu’il faut établir des standards internationaux stricts pour ce type d’entreprise. Au lieu de les prohiber tout simplement, mais bref.

Sauf qu’un peu plus tôt la même année, la chambre des Lords évoquait une régulation qui ressemble à celle des lobbys : inscription volontaire sur un registre et signature éventuelle d’une charte. Efficacité garantie. Mais c’est depuis 2002, semble-t-il, que l’Angleterre se préoccuper de normaliser le secteur des armées privées[1].

On revient au Moyen Age, quand les rois devaient emprunter à des grandes familles pour payer des mercenaires chargées d’aller taper sur le voisin. Sauf que l’armée en question pouvait vite se retourner contre eux au moindre défaut de payement, ou si l’adversaire avait l’idée incongrue de surenchérir... Question fiabilité, on trouve difficilement pire que ce genre de troupe.

Il faut savoir que beaucoup de ces compagnies privées sont basées à Londres, et encore un bon paquet aux Etats Unis, qui sont aussi leurs principaux employeurs. Ils ont donc tout intérêt à créer les normes qui leur conviendront avant que trop de monde ne se pointe dans le secteur. La mission anglaise auprès de l’ONU revendiquait encore en juin 2011 de « promouvoir de hauts standards dans l’industrie anglaise des SMP ». Question à 10.000 : d’où vient l’inspiration de ces « hauts standards » ? Du « code international de conduite pour les contractants privés de sécurité »…

Qu’on ne se trompe pas avec les termes de « régulation » ou « code de conduite » : comme avec les banques il s’agit de faire l’inverse, etKeefeM20071007A certaines parties prenantes en Angleterre évoquaient déjà en 2008 une « auto régulation », c’est-à-dire zéro norme. Ce qui arrangera bien les PDG et les actionnaires de ces compagnies (dont le poids dans l’économie mondiale était estimé à environ 100 ou 120 milliards de dollars en 2009[2]), beaucoup moins les pays qui en seront victimes. Et comme dans le cas des banques qu’on devait réguler, qui va-t-on consulter pour élaborer lesdites normes ? Les compagnies concernées, bien sûr.

Toute une propagande est en train de se mettre en place dans les hautes sphères, à grand renfort d’études et autres analyses, afin qu’il finisse par sauter aux yeux de tout le monde qu’il faut absolument mettre en place ce cadre international. On légitime ainsi le processus, en sachant qu’après la moulinette du lobbying les textes auront été largement vidés de leur substance.

Au chapitre “The Market for Military and Security Services” de l’une de ces études[3], on nous explique que des compagnies mondiales comme Group4/Security (G4S), qui ne semblent axées que sur la sécurité, collaborent avec les sociétés militaires privées (SMP, comme on dit). D’après ce rapport, quand les Etats-Unis ont débarqué en Irak en 2003, plus d’un soldat sur dix était déjà un civil. On apprend aussi que des SMP de partout dans le monde sont en train d’accomplir un formidable travail pour les gouvernements US et anglais, notamment en Irak. D’ailleurs, elles cherchent à s’imposer sur un nouveau créneau : celui de l’humanitaire, voire même remplacer à terme les casques bleus.

Il paraît qu’en 2008, un rapport parlementaire a calculé qu’il y avait plus de 190.000 contractants privés[4] en Irak en 2007[5], deux fois et demi plus que lors des conflits précédents. En 2009, en comptant l’Afghanistan[6] et l’Irak, il y avait autour de 240.000 contractants privés.

Dès les années 90, des pays comme l'Angola, la Sierra Leone, la Croatie, la Bosnie ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée avaient recours aux services de ces boites.

Ces entreprises sont aussi un moyen pour les Etats de contourner les lois, de ne pas être directement responsables des bavures qui ne manquent pas sur le terrain. « Selon un rapport du Congrès sur les agissements de Blackwater en Iraq, les gardes de cette société auraient été impliqués dans près de 200 épisodes d’escalade de la violence marqués par des échanges de tirs − le personnel de Xe/Blackwater ayant ouvert le feu en premier dans 80 % des cas − survenus en Iraq depuis 2005. Malgré la décision des autorités iraquiennes et les rapports du Congrès, Xe/Blackwater a poursuivi ses activités en Iraq jusqu’en septembre 2009 au moins », nous dit l’ONU. Pourtant, aucun employé de Blackwater n’a été inquiété pour cela, et les autorités US non plus.

Une autre précision avant de continuer, car c’est toujours bien de le préciser : l’efficacité de ces sociétés privées pose question, du coup leur rentabilité aussi. Par exemple, LE Monde expliquait que le personnel de HEB, une boite chargée de la formation d‘armuriers en Irak, avait du partir précipitamment Kandahar sur ordre du commandant de l'armée nationale afghane de cette ville pour motif d'incompétence. Celui-ci racontait que « Les gens de HEB se contentent de nettoyer les armes des soldats sans jamais leur apprendre à utiliser leur matériel, et les balles perdues sont courantes. ». Le quotidien précisait en outre : « HEB, qui recevrait près de 9 millions de dollars par mois pour cette prestation, devait former 300 personnes entre 2008 et 2010. Seules 26 personnes ont été brevetées à ce jour » (en décembre 2009).

 

peacekeepingL’auto régulation, y’a que ça de vrai

Il y a en effet un bug au niveau du droit international, c’est qu’une armée essentiellement composée de civils aurait très peu d’arguments à faire valoir devant un tribunal international, surtout en cas d’incursions illégales telles que celles dont Israël a fait sa spécialité depuis des lustres.

Enfin, bref, ledit rapport applaudit l’autorégulation déjà mise en place depuis 2005, et se satisfait que fait que « au lieu de travailler à rendre cette industrie illégale, la plupart [des contestataires] se préoccupent d’augmenter la régulation de leur comportement ».

Les lobbies de ces multinationales de la guerre défendent aussi une régulation, vague et non contraignante si possible. Par exemple, la British Association of Private Security Compagnies (BAPSC, la plus grosse fédération anglaise du secteur[7]), explique sur sa page d’entrée qu’elle « a pour but d’augmenter les standards opérationnels de ses membres et de cette industrie émergente, et assurer le respect des règles et des principes du droit humanitaire international et des normes en matière de droits de l’homme ».

Dès 2001, 54 SMP se sont regroupées dans une association dénommée « International Peace Operations Association ». Aujourd’hui devenue l’ISOA (pour « international stability operations association »), elle comptait parmi ses membres les plus grosses boites de mercenaires de l’époque, comme Dyn Corp, MPRI ou Armor Group, et la liste n’est plus vraiment la même, car des entreprises actives dans d’autres secteurs ont rejoint l’association. Via ce machin, ces boites comptaient s’afficher dans des opérations dites de « maintien de la paix » aux côtés d’ONG ou de gouvernements. En janvier 2010, l’IPOA a expliqué aux gouvernements comme les SMP pouvaient être utiles à Haïti, et Triple Canopy, dont des employés ont été impliqués dans des exactions contre des civils en Irak, a eu des contrats avec le groupe haïtien des maladies infectieuses pour distribuer de l’aide de première nécessité. A côté de cela, l’association disait aussi vouloir instaurer un code de conduite pour les SMP.

On retrouve aussi des patrons de SMP dans d’autres associations pour la paix, comme Fund For Peace, au conseil d’administration duquel on trouve par exemple l’ex major general Michael Davidson, également co fondateur de CRA Inc, une entreprise de sécurité basée à Washington. Après avoir conseillé la Maison Blanche, le Pentagone et le secrétariat de la Défense, ce vétéran du Vietnam aide notamment ses clients à faire des affaires avec le département de la Défense et celui de l’Intérieur.

Au sujet du lobbying, il y aurait eu 224 anciens hautes fonctionnaires et membres du gouvernement américain à avoir été recruté comme lobbyistes par les 20 plus gros contractants privés US. Et en 2001 déjà, les 10 plus grosses SMP US avaient dépensé plus de 32 millions de dollars en lobbying, tout en finançant les campagnes électorales à hauteur de 21 millions de dollars… Il semble que plus le temps passe, plus ces entreprises militaires dépensent en lobbying. Ainsi, Xe Services aurait dépensé plus de 750.000$ en lobbying en 2010, contre 400.000$ en 2007 et 2008. Sur la somme dépensée en 2010, 730.000$ ont servi à payer Misc Defense, un lobbie spécialisé dans ce domaine qui a touché plus de 16 millions de dollars des industries de la défense en 2010. En 2010, les lobbys US spécialisés dans la Défense ont touché près de 150 millions de dollars, trois fois plus qu’à la fin des années 90.

Même combat en Angleterre, où, par exemple, l’ex parlementaires (conservateur) et secrétaire d’Etat à la défense et de l’étranger Malcolmblackwater Rifkind, est devenu président d’Armor Group (très présente dans les ambassades anglaises et près des pipelines algériens), qu’il a revendue en 2008 à Group/4 Security (G4S) pour 43 millions de livres après un scandale dans lequel Armor Group était accusé d’avoir tué des civils irakiens. Et où retrouve-t-on ce bon vieux Rifkind aujourd’hui ? Auprès du premier ministre David Cameron, qui l’a nommé en janvier 2010 au poste de président du comité sur la sécurité et le renseignement. Il est aussi, accessoirement, député.

Dans tout ce brouhaha, ces messieurs soulignent quand même une chose intéressante : la notion de mercenaire n’est plus à jour. On considère qu’un mercenaire doit gagner beaucoup plus qu’un simple soldat, mais ce n’est pas toujours le cas, et en plus il doit être « étranger ». Ils peuvent faire partie des forces armées, puisque celles-ci « se composent de toutes les forces, tous les groupes et toutes les unités armés et organisés qui sont placés sous un commandement responsable de la conduite de ses subordonnés devant cette partie », disent les conventions de Genève. Et les membres des forces armées sont des combattants, même si les mercenaires ne peuvent pas être des combattants. Bref, il y a du boulot. Surtout en France, où on condamne les mercenaires, sans que les SMP entrent dans cette catégorie. Même l’armée applaudit leur action. Bref, les SMP évoluent dans ce que certains appellent un « vide juridique total »…

Il faut donc, certes, réviser la notion de « mercenaire », notamment, et c’est là qu’on entame une belle partie de tango entre lobbies et législateurs.

En France, l’idée fait son chemin, comme si, refrain connu, il n’y avait « pas d’alternative » à la privatisation de l’armée et du maintien de l’ordre. En mars 2010, un colloque intitulé « les forces armées face au défi de la privatisation de l’action militaire » a eu lieu à l’école militaire de Paris. Sarko et ses copains pensent à légaliser le mercenariat par petites touches, d’abord en permettant à des entreprises d’embarquer des gardes armés sur les bateaux qui passent dans les zones de piraterie. Depuis plus d’un an, un groupe de travail se réunirait même toutes les semaines au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) pour en discuter.

Le conseil des droits de l’homme de l’ONU a lui aussi lancé un groupe de travail sur les mercenaires en 2005, afin d’étudier leur impact sur les droits de l’homme mais surtout d’établir les principes de base que ces entreprises devront respecter. Même si ce groupe est lucide sur les bourdes, voire les exactions de certains, ou sur la nécessité de rappeler que l’exercice de la force légitime ne peut concerner que les Etats, la charte qu’il préconise en 2010 reste assez vagues. Beaucoup de déclarations de principe, peu de contraintes. Par exemple, le groupe de travail aimerait interdire aux SMP et à leurs employés de toucher aux armes nucléaires, biologiques etc., ou encore de participer aux opérations militaires ou d’espionnage, de faire de prisonniers etc.

Il y a aussi toute une liste de préconisations pour les Etats, censés interdire pas mal de choses aux SMP, censés les encadrer, leur octroyer des licences, être responsables etc. Au final, on se demande quel serait l’intérêt économique des SMP si l’Etat doit contrôler chaque action de ces boites militaires. Et on se demande encore ce qu’elles pourraient avoir à faire avec un cadre réglementaire aussi contraignant voire plus que celui qui vaut pour les vraies armées…

blackwater_thuggishAngleterre, France, Etats-Unis, Israël… tout le monde se presse pour établir des standards –ou pas- qui favorisent les SMP du cru. Parce qu’aujourd’hui, les crânes d’œuf qui nous dirigent considèrent qu’il en va de la sécurité nationale !

Pourtant, le jeu de ces SMP peut aller à l’encontre de l’intérêt national, comme dans le cas de ce « ressortissant français » tué en Libye, à Benghazi, en mai 2011. Il est vite apparu que le type en question, Pierre Marziali, un ancien parachutiste, était le PDG d’une boîte de sécurité, Secopex, sur place sans être couverte par les autorités françaises. Et qu’il a été tué lors d’un contrôle à un check point qui a mal tourné, par les rebelles libyens. Malgré que cette boite dise être spécialisée dans l’ « appui stratégique et opérationnel », la France ne considère pas qu’il s’agit de mercenaires[8]… Enfin bref, les circonstances de la mort de Marziali sont très troubles, et certains évoquent un règlement de comptes. « Les rebelles du Conseil national de transition (CNT) libyen ont décidé d'arrêter Pierre Marziali et quatre autres Français (toujours détenus à ce jour) parce qu'ils les soupçonnaient de mener « des activités illicites » qui « mettaient en danger la sécurité de la Libye » , ont-ils fait savoir. Les quatre hommes qui l’accompagnaient ont d’ailleurs été arrêtés en même temps. Eux disent qu’ils ont été appelés par le conseil national de transition pour assurer la formation des rebelles, mais ils pourraient aussi avoir joué un rôle d’espion, mais pour le compte de qui ? Les rebelles désignent cas Khadafi.

 

Un rôle quasi régalien

Aux Etats Unis, Bush ne s’est pas autant pris la tête quand il a décrété que Blackwater (aujourd’hui Xe Services) faisait partie des « forces totales » de l’armée US. Mais il faut préciser que la plupart de ces mercenaires travaillent avec des entreprises, comme les pétrolières, ou KBR (entreprise dont Dick Cheney touche encore beaucoup d’argent) qui fournit tout le matériel et la logistique pour l’armée US en Irak et en Afghanistan. Ils peuvent aussi servir au maintien de l’ordre sur le sol des Etats Unis, comme lorsque Bush a sollicité Blackwater pour assurer l’ordre après l’ouragan Katrina. C’est encore dans un camp d’entraînement de Blackwater près de la base navale de Norfolk que plus de 50.000 militaires et policiers ont été formés aux techniques anti terroristes.

Quant à Dyn Corp., je cite La Tribune : « La société se vante de ses performances en informatique qui lui ont valu les contrats de gestion des données comptables de plus de trente agences et ministères de l’Etat américain, y compris le FBI, le département d’Etat, le département de la Justice, le département de la Défense, l’Agence de répression contre les stupéfiants (DEA), le Bureau des prisons et l’Office national de la politique contre la toxicomanie. C’est l’une des rares sociétés ayant accès au système PROMIS, qui permet un accès illimité à tous les comptes bancaires de la planète ». Une courte parenthèse au sujet du système PROMIS (Prosecutor's Management Information System) : il s’agit d’une sorte de trappe dans les programmes informatiques vendus au monde entier et pas seulement les banques (nombre de multinationales et de services de renseignements les utilisent aussi), et qui permet à celui qui a la clé de savoir tout ce qu’il y a dans l’ordinateur équipé de ce logiciel de recoupement de bases de données.

Pour résumer, le rôle de ces boîtes ne fait qu’augmenter, on les voit présentes dans tous les domaines liés à la guerre, au maintien de Blackwater_cartoon_anderson_2007114666026l’ordre et à la surveillance. De plus, elles ont tendance à diversifier leurs activités. Au lieu de se contenter d’entraîner les troupes, Blackwater, par exemple, a créé ses propres équipes destinées à travailler avec l’armée ou l’état major dans de nombreux domaines.

Quant aux patrons de ces SMP, il s’agit souvent d’anciens de la CIA, du MI6, du SAS, de la DGSE, du Mossad ou de l’armée. Par exemple, Blackwater a été créée par deux anciens des forces spéciales de la Navy, dont un dénommé Price, chrétien intégriste et milliardaire. Beaucoup de cadres de ces entreprises viennent du même endroit, ce qui augmente la proximité entre l’Etat et les SMP. Un peu comme nos barbouzes, qui ont souvent deux ou trois copains prêts à donner un coup de main chez les flics ou les RG. Il y a un certain nombre de patrons aux idées plutôt limites, dans ce secteur. Tim Spicer, PDG d’Aegis et ancien lieutenant colonel chez les commando, a aussi collaboré à la vente illégale d’armes à la Sierra Leone en 1998, et a formé deux militaires chargés d’assassiner un militant catholique de 18 ans en Irlande du Nord, en 1992. Cela ne l’empêche pas de décrocher de juteux contrats en Irak.

En outre, le tourniquet tourne à plein, et on retrouve ne nombreux anciens officiels parmi les cadres des SMP. Par exemple, l’ancien conseiller de Clinton à la Maison Blanche, et ancien chef de cabinet d’Al Gore, passé ensuite par la direction du cabinet de lobbying « Quinn Guillespie and associates » est devenu récemment « directeur indépendant » de Xe Services. Le général William Kernan, après une brillante carrière dans l’armée, a pris sa retraite en 2002 pour rejoindre société militaire la direction des opérations internationales de MPRI, filiale de L3 Communication, qui a de nombreux contrats avec le gouvernement.

Et du côté des actionnaires, on retrouve évidemment un paquet de fonds de pension. Dyn Corp est passée dans les mains du fonds Veritas Capital en 2005 et en 2010 par Cerberus Capital Management. Vinnell, aujourd’hui une filiale de Northrop Grumman qui a contribué à assurer l’ordre et à former la garde nationale en Arabie Saoudite, a aussi appartenu à Carlyle[9] qui avait aussi beaucoup d’intérêts dans le coin.

 

abutortureEn guise de conclusion

Rappelons quelques problèmes posés par cette privatisation de la guerre :

-         Le privé n’a qu’une règle : l’argent. Il peut donc retourner sa veste au moins aussi vite qu’une armée normale. Il n’y a pas de morale derrière le combat. Des mercenaires ont participé à moult coups d’Etat, depuis celui contre les sandinistes au Nicaragua, en passant par les Seychelles, Haïti, le Bénin, les Comores, etc. Il peut aussi s’allier avec les entreprises, contre l’intérêt général et l’intérêt des Etats. Le cas de Blackwater, devenue « Xe Services après de nombreux scandales en Irak, a été rachetée par Monsanto, on se demande pourquoi. L’entreprise a toujours travaillé dans le domaine de l’intelligence économique pour des multinationales, via deux entreprises fondées par le créateur de Blackwater, Erik Prince (Total Intelligence Solutions, dirigée par Cofer Black, ex dirigeant de la CIA et Terrorism Research Center). Total Intelligence est ainsi devenue l’ « organe de renseignement de Monsanto », destinée à espionner et à infiltrer les militants anti OGM et écolos.

-         Le savoir-faire, sur le terrain mais aussi en amont au niveau du renseignement, de même que la maîtrise des technologies, vont progressivement être le seul attribut du privé. L’Etat ne pourra payer que la jeune chair à canon sortie d’une classe de pauvres qui augmente à vitesse exponentielle.

-         Une déresponsabilisation des Etats, qui n’auront plus à payer pour les « soldats » morts et blessés. De l’autre côté, des contractants privés ne seront probablement plus à cheval sur les droits de l’homme que les armées « publiques ». Envers qui ces boites seront-elle responsables si tout n’est pas écrit noir sur blanc dans le contrat, et surtout s’il n’y a personne pour contrôler leurs activités ?

-         La sortie du droit international en matière de conflits, puisque les sous traitants privés ne sont pas considérés comme des « combattants ».

-         Le problème du transfert de technologies et de savoir faire: les SMP apprennent auprès d’une armée, enrichissent leur savoir faire et le revendent à d’autres.

-         Des entreprises privées se trouvent au milieu des plus gros secrets d’Etat, puisque certains de leurs employés travaillent aux côtés des services secrets, notamment dans la traque et l’assassinat des « terroristes » comme ceux d’Al Quaida[10], ou carrément à l’état major, comme ce fut le cas pour Dyn Corp et Pacific A&E qui ont contribué à la direction US des opérations dans les Balkans.

-         Un embrouillage total dans les conflits, puisqu’une même SMP pourrait avoir des contrats avec les deux parties d’un même conflit armé. De même qu’avec les amis ou ennemis des uns et des autres, etc. Dans le rapport anglais de 2002, on peut lire quelques interrogations au sujet des SMP, comme le fait de se demander si les intérêts de ces boites ne risquent pas de court-circuiter ceux de l’Angleterre, ou s’il n’y a pas un risque de collaborer avec des mercenaires qu’on forme donc au combat, pour se retrouver face à eux quelques mois plus tard. Et accessoirement, est-ce que le gouvernement est responsable si une opération menée par une SMP tourne mal ?

-         Le fait que des entreprises pourraient elles aussi embaucher des armées de mercenaires pour taper sur le concurrent. A l’échelle qu’on imagine dans le cas de deux multinationales qui se disputeraient le sous sol d’un petit pays comme l’Indonésie…

-         Qui va payer pour les bavures[11] ?



[1] Avec la publication par le ministère des Affaires étrangères anglais d’un livre vert intitulé « Private Military Companies: Options for Regulation », et qui conclut étrangement que le public n’aurait pas grand intérêt à voir disparaître des compagnies privées, notamment en cas d’ « incident international ». Il va sans dire, l’auto régulation était la panacée pour les auteurs dudit rapport : il s’agit en effet d’une bonne « alternative » à la « compulsion régulatrice », des mots qu’on dirait tout droit sortis d’un cabinet de lobbying.

[2] On estime que le marché des SMP augmente de 6 à 8% par an.

[3] “Governance Dynamics and Regulation in the Global Private Security Market”, de Deborah Avant, membre d’un groupe de travail du Buffet Center sur les services de sécurité.

[4]C’est-à-dire le personnel de sécurité privée (sécurité armée et services d'escorte), le personnel logistique, ceux qui contribuant à la « reconstruction » (formation de la police et de l’armée qui est « systématiquement incluse dans le service », construction, développement).

[5] Ce nombre serait descendu à 120.000 en juin 2009, mais une bonne partie, si pas la totalité, se sont juste déplacés en Afghanistan.

[6] D’après le Washington post, les contractants privés représentaient déjà plus de 69% du personnel du Pentagone en Afghanistan fin 2009.

[7] Créée en 2006, elle représente une vingtaine de compagnies, dont certaines, comme Page Group ou Team Fusion, travaillent aussi à « procurer une surveillance de la population » et à vérifier que les « mouvements ne sont pas pilotés ou compromis »

[8] Car, pour le ministre de l’Intérieur Gérard Longuet, il n’y a pas de sociétés militaires privées basées en France. Après l’affaire Secopex, on a dit que Secopex était la seule SMP en France…

[9] Carlyle elle-même dirigée à l’époque par Franck Carlucci, ancien secrétaire à la Défense sous Bush Ier, ancien conseiller à la sécurité  et ex directeur de la CIA.

[10] En 2004, Blackwater a été mandatée par la CIA pour assassiner des leaders d’Al Quaida, malgré le fait que la CIA n’a officiellement plus le droit de commanditer des assassinats depuis qu’elle a raté Fidel Castro en 1976.

[11] Pour ne citer qu’un exemple, tiré de faits connus, les tortures de prisonniers à Abu Ghraib, les soldats de l’armée US n’étaient pas les seuls à opérer. Ils étaient accompagnés de SMP également impliquées dans le scandale, Titan et California Anlysis Center Incorporated (CACI). Des employés de cette dernière ont même expliqué avoir utilisé des chiens à Abu Ghraib et énuméré une liste de traitements dégradants qu’ils ont fait subir aux prisonniers. L’un d’eux donnait même les ordres aux soldats. Cependant, seuls les employés de base étaient poursuivis, par l’employeur.

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http://dondevamos.canalblog.com/archives/2011/07/31/21710134.html

 

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 17:31

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Gaza: Les forceurs de blocus

Le navire humanitaire « Spirit of Rachel Corrie »

brise le blocus israélien

par Julie Lévesque

 

Le 31 juillet 2011

 

Note du rédacteur en chef du Centre de recherche sur la mondialisation 

 


Cet article de Julie Lévesque constitue la première partie d’un reportage sur le navire humanitaire solitaire « Spirit of Rachel Corrie » à destination de Gaza. Le navire a atteint les eaux palestiniennes avant d’être brutalement intercepté par la marine israélienne.

La mission a été organisée par Perdana Global Peace Foundation (PGPF) située à Kuala Lumpur.

Depuis plusieurs années déjà, Mondialisation.ca collabore activement avec PGPF dans une vaste initiative visant à criminaliser la guerre. C’est dans ce contexte de collaboration soutenue que Julie Lévesque, journaliste de Mondialisation.ca, a participé à cet important projet.

Contrairement à la Flottille de la liberté, laquelle a été l’objet de débats et de discussions dans les médias, la planification de la mission « Spirit of Rachel Corrie » n’a pas été rendue publique.

Les autorités israéliennes ont complètement été prises par surprise. Le Spirit of Rachel Corrie s’est rendu à moins d’un kilomètre du littoral de Gaza. La marine israélienne a agi de façon totalement improvisée, tirant sur l’équipage et les passagers jusqu’à ce que le Spirit of Rachel Corrie batte en retraite dans les eaux territoriales égyptiennes.

C’est avec un courage formidable que le Spirit of Rachel Corrie, mené par Matthias Chang de PGPF, a défié la légitimité du gouvernement israélien. Il a réussi à « percer » le blocus de Gaza, ainsi qu’à livrer par voie de terre son cargo humanitaire.

La première partie de cet article met l’accent sur les deux courageux activistes irlandais Derek et Jenny Graham, lesquels ont joué un rôle central dans l’organisation de la mission de l’an dernier, « Rachel Corrie », et celle de cette année, « Spirit of Rachel Corrie ».

Michel Chossudovsky, Mondialisation.ca/Global Research, 18 juillet 2011  


À la fin avril 2011, on m’a invitée à participer à la mission Spirit of Rachel Corrie à destination de Gaza. La mission était organisée par Perdana Global Peace Foundation, une organisation non gouvernementale malaysienne œuvrant à la promotion de la paix dans le monde et fondée par l'ancien président de la Malaysie, Tun Dr. Mahathir bin Mohamad.

Il s'agissait de la première tentative de briser le siège depuis l'agression brutale en 2010 du Mavi Marmara par des commandos israéliens, lesquels ont tué 9 activistes.

Jusqu'à maintenant, il s'agit de la seule mission à être entrée en eaux palestiniennes cette année. La marine israélienne a forcé le navire à rebrousser chemin sous la menace des armes. La mission a par la suite été bloquée dans les eaux territoriales égyptiennes au large du port d'El-Arich durant 7 semaines. Le cargo, des tuyaux de PVC rigide pour réparer le système d'assainissement détruit par l'armée israélienne, a été livré à Gaza. La seconde partie de cet article mettra l'accent sur la mission et ses implications.

La mission Spirit of Rachel Corrie ainsi que les récents événements entourant la tentative ratée de la Flottille de la liberté II visant à briser le siège illégal de Gaza ont mis en lumière l'importance de l'activisme international dédié à la cause Palestinienne.

Les Nations Unies ainsi que la majorité des gouvernements occidentaux ont appuyé le gouvernement israélien, affirmant que les tentatives de briser le siège sont" inutiles" et "provocatrices". La "communauté internationale a cédé aux demandes israéliennes de dissuader leurs ressortissants de s'engager dans de telles entreprises.

Cela soulève un problème crucial. L'activisme international relatif à la Palestine doit maintenant contester la soi-disant communauté internationale.


Les forceurs de blocus

Partie I

« Tant qu’un homme n’a pas découvert quelque chose pour lequel il serait prêt à mourir, il n’est pas à même de vivre. » - Martin Luther King

On les a appelés les « boat people suicidaires » et les « pirates pacifiques de la Méditerranée ». En 2008, Derek et Jenny Graham, mari et femme, ont troqué le confort et le calme de l’Irlande pour la haute mer méditerranéenne et les prisons israéliennes. 

Nous avons fait connaissance à la fin avril à Kuala Lumpur (KL) en Malaisie. Le couple y a été recruté en tant que conseillers par Perdana Global Peace Foundation (PGPF) dans le contexte d’un projet visant à briser le siège illégal de Gaza. Il s’agissait de coordonner la mission « Spirit of Rachel Corrie » (L’Esprit de Rachel Corrie) (SRC aussi connue sous le nom de MV Finch), un navire de charge transportant des tuyaux de PVC rigide destinés à la réparation du système d’égouts détruit par l’armée israélienne.

Dans leur appartement de KL, autour d’une tasse de thé typiquement irlandaise je leur demande : « Qu’est-ce que vous faites dans la vie? » À cette question ordinaire, Jenny Graham lance cette réponse inhabituelle : « C’est ce que nous faisons! »

Wow. Qui fait cela? Tout laisser tomber pour lutter dans la bataille de quelqu'un d'autre ?

« Lorsque les gens me demandent ce que je fais dans la vie, je dis que je suis un forceur de blocus », répond fièrement l’ancien électricien Derek Graham, le sourire en coin. « C’est ce pourquoi nous vivons, c’est ce qui nous motive, ajoute Jenny. « Nous étions très confortables en Irlande, mais je n’étais ni heureuse ni en santé. Un soir j’ai dit à Derek : “C’est bien tout ça. On a une maison, deux voitures, deux commerces, mais je m’ennuie tellement. Tout ça, ce n’est pas pour moi”. »

 

Derek Graham, Jenny Graham et Alan Lonergan de Sadaka, « The Ireland Palestine Alliance ».


Alan faisait partie de l’équipe terrestre de la mission Spirit of Rachel Corrie.

Ils ont pris un globe terrestre, l’ont fait tourner et ont pointé un pays au hasard : Chypre. Ils ont vendu leurs commerces pour des pacotilles et se sont installés dans l’île méditerranéenne où ils sont soudainement devenus des activistes pro-Palestiniens à plein temps.

« Nous étions déjà pro-Palestiniens, mais c’est en 2008 à Chypre que nous avons entendu parler de bateaux à destination de Gaza. J’ai navigué toute ma vie, je me suis dit, ouais, j’ai envie de faire ce genre de truc » Depuis, Derek a défié le siège de Gaza à six reprises. Il a réussi trois fois.

« Et nous voici, organisant des bateaux pour Gaza et de toute ma vie je n’ai jamais été si heureuse et si en santé », ajoute la petite femme aux yeux bleus pétillants.

Durant leur séjour de trois mois en Malaisie, le couple s’est fait demander à plusieurs reprises pourquoi ils se dévouaient à la cause palestinienne. « On nous demande fréquemment : “Vous n’êtes pas musulmans, pourquoi vous impliquez-vous dans cette cause?” Ce n’est pas une question religieuse, mais humanitaire. Ce pays est dévasté par la guerre. Les Palestiniens n’ont rien! La plupart des enfants à Gaza n’ont même pas de chaussures », dénonce-t-elle.

Derek ajoute : « Les femmes doivent découper des couches pour se faire des serviettes sanitaires, quelle humiliation! »

Jenny poursuit : « Là-bas, des drones volent au-dessus de ta tête constamment. Si l’on réussit à se rendre tu vas voir la désolation. Le pire dans toute cette histoire c’est qu’il ne s’agit pas d’un désastre naturel, mais d’origine humaine. Ce qu’il y a de plus extraordinaire cependant, c’est l’accueil des Palestiniens. Ils sont si chaleureux! Des tas de gens viennent te voir, te toucher et les enfants veulent te tenir la main. Les Gazaouis sont tellement heureux de voir qu’il y a encore des gens dans ce monde qui se soucient d’eux. »

L’activisme pro-Palestinien : se battre et mourir pour la justice

Le Spirit of Rachel Corrie était la deuxième tentative de Jenny pour briser le siège. Elle était avec son mari sur le Rachel Corrie l’an dernier avec Matthias Chang, chef de la mission SRC ainsi qu’entre autres Denis Halliday, ancien Vice-Secrétaire général des Nations Unies (ONU) et la lauréate du prix Nobel de la paix Mairead Maguire.

Jenny raconte:

« Nous étions en eaux internationales et la marine israélienne nous a demandé de rebrousser chemin. Nous avons refusé. Les Israéliens ont abordé le navire en hurlant. Ils sont incapables de parler, seulement de te crier au visage. Ils ont mis Derek à genoux, lui ont braqué une arme sur la tempe. À ce moment-là, j’ai cru que je ne le reverrais jamais.

J’ai été fouillée à nu. Ils voulaient me cacher derrière une espèce de drap et j’ai protesté : “Non. Je veux que tout le monde voit ce que vous me faites subir.” Et j’ai enlevé mes vêtements devant tout le monde. Les soldats étaient stupéfaits.

Ils se sont ainsi tous retrouvés dans un centre de détention à Ashdod en Israël et ont été interdits de territoire pour une période de dix ans pour être entrés illégalement en Israël.

En vérité, ils ne sont jamais entrés en Israël illégalement : ils y ont été amenés de force par les Israéliens. Toutefois, cela a été démontré plus d’une fois, lorsqu’il est question du conflit israélo-palestinien, la justice n’a rien à faire des faits et de la logique.

« La détention arbitraire est chose courante dans les prisons israéliennes. Bien des gens sont détenus depuis plusieurs années sans même savoir pourquoi! », signale Derek.

Le navire appelé Rachel Corrie transportait de l’aide humanitaire telle que du ciment, des fournitures scolaires et du matériel médical. Il a été amené au port d’Ashdod et ruiné par les Israéliens. À ce jour, les biens n’ont toujours pas été livrés. Le ciment, tout comme l’acier et le béton, pour ne nommer que quelques items, sont permis à Gaza uniquement « dans le cadre de projets autorisés par les autorités palestiniennes mis en œuvre par la communauté internationale ». (Ministère israélien des affaires étrangères, Gaza: Lists of Controlled Entry Items, le 4 juillet 2010)

Matthias Chang, avocat malaisien, l’un des architectes de la Flottille de la liberté I et chef de la mission de PGPF, a dédié plus de 40 ans de sa vie à la défense de la paix et de la justice. Il explique pourquoi les deux navires financés par PGPF ont été nommés en l’honneur de l’activiste étasunienne :

« Rachel Corrie symbolise ce qui motive les gens outre la religion. Le premier navire a été saisi, mais son esprit se perpétue. Son courage et sa détermination inspirent au-delà des questions religieuses. » (Voir le compte-rendu de la mission Rachel Corrie en 2010 rédigé en en anglais par Matthias Chang, « Merging with Rachel Corrie - A Dedication to Non-violence »)




Matthias Chang


« Lorsqu’ils s’adressaient au capitaine avant de nous arrêter, les officiers de la marine israélienne n’osaient même pas dire le nom du navire. Ils l’appelaient sans cesse MV Linda, son ancien nom. Ils ne l’appelaient jamais Rachel Corrie », affirme Jenny.

En 2003, à l’âge de 23 ans, l’activiste étasunienne Rachel Corrie a été écrasée à mort par un bouldozeur alors qu’elle protestait pacifiquement pour empêcher la démolition d’une maison palestinienne.

Elle a été injustement diabolisée et qualifiée d’« activiste étasunienne d’extrême gauche » (Jacob Shrybman, Debunking the Gaza Siege Myth, Huffington Post, 3 mai 2010) « intervenue dans une opération militaire visant à démolir légalement une maison vide, utilisée pour dissimuler [un tunnel] emprunté par des terroristes palestiniens pour faire entrer clandestinement à Gaza des armes en provenance de l’Égypte » (Mitchell G. Bard, Myths and Facts Online. Online Exclusives, Jewish Virtual Library) Ses parents ont poursuivi l’État d’Israël et attendent le jugement prévu pour avril 2012.

Rachel Corrie



Rachel Corrie après avoir été écrasée par un bouldozeur de l’armée israélienne.


Les activistes propalestiniens présentés comme des terroristes
 

Les activistes propalestiniens sont régulièrement présentés comme des terroristes, des partisans du terrorisme, des sympathisants du Hamas, des antisémites, etc.

George Galloway, un député britannique ayant livré de l’aide humanitaire avec Viva Palestina en 2009 a été interdit de territoire au Canada la même année. Selon Jason Kenney, ministre de la Citoyenneté de l’Immigration et du Multiculturalisme, M. Galloway avait « publiquement et ouvertement remis des dizaines de milliers de dollars au chef d’une organisation terroriste antisémite interdite appelée Hamas ». (Cathryn Atkinson, National security claim rejected by judge in bid to redact Galloway emails, rabble.ca, le 20 avril 2010)

M. Galloway a traîné le gouvernement canadien devant les tribunaux. Il a gagné sa cause. Le juge a conclu que le gouvernement conservateur l’avait interdit de territoire « parce qu’il était en désaccord avec sa vision politique, non pas parce qu’il représentait un danger pour les Canadiens ». (John Bonnar, George Galloway returns to Canada this weekend, rabble.ca, le 30 septembre 2010)

Comme Rachel Corrie et bien d’autres, Derek et Jenny Graham, loin d’être des défenseurs du terrorisme, dédient leur vie aux victimes de l’occupation israélienne illégale et la risquent pour leur apporter de l’aide humanitaire et des biens essentiels.

Entre les menaces de mort, et la mort d’amis, la vie d’un activiste propalestinien n’a rien de facile.

« Oh, nous avons reçu des menaces de mort, mais on s’en fout », admet Jenny haussant les épaules, indifférente. « Ils peuvent nous menacer, cela ne nous arrêtera pas. »

Vous ne craignez pas pour votre vie? « Bien sûr! Mais la cause palestinienne est ce qui nous motive. Si Derek meurt, je survivrai et je vais continuer la bataille. Ça va faire mal, mais je survivrai. Même chose pour lui. »

Cette attitude humanitaire téméraire et ce dévouement a coûté la vie à de nombreuses personnes. En plus des nombreux journalistes et activistes palestiniens morts dans leur propre combat, plusieurs activistes étrangers ont été tués soit par l’armée israélienne, le Mossad, ou par des tueurs à gage.

Le Britannique Thomas Hurndall, étudiant en photographie, a reçu une balle dans la tête en 2003 alors qu’il tentait de sauver des enfants des snipers israéliens. Il est mort en janvier 2004, à 22 ans, après neuf mois dans le coma. Comme Rachel Corrie, il était membre de l’International Solidarity Movement (ISM), une organisation regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux.

 

Thomas Hurndall




Thomas Hurndall touché par un sniper israélien
.


L’ami italien de Derek et Jenny, Vittorio (Victor) Arrigoni, a été torturé et tué dans d’étranges circonstances. Derek décrit son ami : « C’était un doux géant. Il avait les bras les plus gros que j’aie vus de ma vie, mais il n’aurait pas fait de mal à une mouche. Et tout le monde l’aimait, surtout les femmes! Oh elles l’aimaient! »

 

 Vittorio Arrigoni en compagnie d’une enfant palestinienne.

 

Vittorio Arrigoni alors qu’il était tenu en otage, torturé et étranglé.


Le meurtre a été imputé à un groupe salafiste ayant nié être responsable de sa mort.

Et il poursuit avec cette histoire atroce: “Avant d’être tué, Vittorio a été capturé par les Israéliens alors qu’il agissait comme bouclier humain sur un bateau de pêcheurs palestiniens. Ils l’ont enfermé durant des mois dans une toilette qui n’avait pas été nettoyée depuis des années. Il a été dévoré par les asticots et il avait des cloques partout sur le corps lorsqu’il est sorti. »



Video réalisée par Vittorio Arrigoni montrant la vie quotidienne des Palestiniens sous les tirs israéliens.  


Victor, 36 ans, aurait été tué par un groupe salafiste obscur, prétendument en réponse à la capture d’un de leurs chefs par le Hamas. Certaines personnes qui l’ont connu ainsi que des dirigeants du Hamas croient plutôt qu’il s’agit de l’œuvre du Mossad, le service de renseignement israélien, et qu’il visait à « intimider les activistes étrangers espérant prendre la mer pour Gaza dans le cadre de la prochaine flottille ». (Associated Press et Haaretz Service, Hamas official hints Israel killed Italian activist to intimidate future Gaza flotilla members, Haaretz.com, le 15 avril 2011)   

En ce qui concerne le Mossad, Jenny admet : « Oh, nous savons qu’ils nous surveillent. Ils ont pris des photos de nous en Irlande. Lorsqu’ils m’ont interrogée en prison j’ai vu les photos et je leur ai dit : “Ces photos ont été prises en Irlande!” Ils ont nié. J’ai répliqué : “Le chandail que je porte dans cette photo, je ne l’ai jamais emmené avec moi, je l’ai laissé à la maison.” »  

Elle ajoute : « Je me rappelle d’une fois où Victor et moi étions sur une terrasse et l’un d’eux était dans sa voiture de l’autre côté de la rue. Victor l’a regardé et a pointé sa tasse en voulant dire : “Tu veux un café?” Mais ceux que l’on voit ne sont pas une menace. Ceux que l’on ne voit pas le sont. »

Malheureusement, ces décès n’attirent pas vraiment l’attention des médias. La plupart des gens ne connaissent ni Rachel Corrie ni Vittorio Arrigoni. Si le décès d’un Palestinien ne mérite pas d’être signalé dans les nouvelles, pourquoi celui d’un activiste propalestinien le serait-il?

L’attaque brutale de l’année dernière à bord du Mavi Marmara était une exception. Même s’il a placé Israël sous un éclairage peu flatteur, le meurtre de neuf activistes à bord a été exploité dans le but de décourager les activistes qui défient le siège illégal de Gaza.

Toutefois, le nombre d’activistes qui se sont joints à la Flottille de la liberté cette année démontre à quel point le bain de sang de l’an dernier a été inefficace pour décourager les activistes dans leur tentative de briser le siège.

Ironie amère du sort, Israël a réussi à persuader les Nations Unies ainsi que des gouvernements occidentaux à condamner de telles démarches et à dissuader leurs ressortissants de défier la violation flagrante du droit international par Israël. 

Le rôle insidieux du Secrétaire général des Nations Unies

Grâce à l’appui de Ban Ki-moon, la violation du droit international par Israël a été entérinée par l’ONU. Dans une déclaration complètement absurde en mai dernier le Secrétaire général de l’ONU a réussi à « mettre la réalité sens dessus dessous », présentant le siège illégal de Gaza comme légitime. Selon Ban Ki-moon, « l’aide et les biens destinés à Gaza devraient être acheminés par des passages légitimes et des voies établies ».

Il convient de noter que plusieurs envoyés de l’ONU tels que Desmond Tutu, Navi Pillay et Richard Falk ont explicitement condamné le blocus israélien en soulignant le fait qu’il viole à la fois la Charte de l’ONU et la doctrine fondamentale du droit humanitaire.

Mercredi, l’envoyé de l’ONU, l’archevêque Desmond Tutu, a qualifié le blocus israélien de la bande de Gaza d’illégal, de « siège » et de « violation flagrante des droits humains » faisant écho aux groupes de défense accusant Israël d’infliger une punition collective. (U.N. envoy Tutu calls Gaza blockade illegal, Reuters, le 28 mai 2008. C'est l'auteure qui souligne.)

Mme Pillay a déclaré que le blocus est illégal en vertu des droits de la personne et du droit humanitaire international, et qu’il « doit prendre fin maintenant » (UN rights chief urges Israel to end 'illegal' Gaza blockade, Ma'an News Agency, le 18 novembre 2008. C'est l'auteure qui souligne.)

Richard Falk, Rapporteur spécial de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés […] a affirmé que le blocus constitue « une politique délibérée de punition collective laquelle est légalement indéfendable et moralement répréhensible ». (UN Expert Prof. Em. Richard Falk calls for immediate lifting of Israeli blockade of Gaza, UN News Center, le 23 juin 2011. C'est l'auteure qui souligne.)

Par ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU, trahissant son mandat, a présenté la flottille comme « potentiellement violente » :

Le Secrétaire général a appelé tous les gouvernements concernés à utiliser leur influence afin de dissuader de telles flottilles, lesquelles peuvent dégénérer en conflits violents. (United Nations, Statement Attributable to the Spokesperson of the Secretary-General on Letters by the Secretary-General about Possible Flotillas to Gaza, le 27 mai 2011)

Pourtant, en septembre 2010, la mission d’enquête établie par Commission des droits de l'homme des Nations Unies a conclu qu’Israël avait exercé une violence excessive et inutile contre des civils non armés.

 

Les militaires israéliens ont manifesté une « violence totalement inutile » ”

- Le comportement des militaires israéliens envers les passagers de la flottille a été « disproportionné et excessif »,

- Aucune arme n'a été saisie à bord des navires de la flottille à l'exception de quelques lance-pierres.

- « [S]ix des personnes décédées ont été victimes d'exécutions sommaires, deux ont été abattues après avoir été grièvement blessées et alors qu'elles ne pouvaient pas se défendre »

- « Les passagers ont été agressés en recevant des coups de pieds et de crosse. Sur trois des embarcations les passagers ont également été soumis à une violence inutile de la part des forces israéliennes alors qu’elles prenaient le contrôle »

- Quand elles les ont débarqués au port d'Ashdod, elles ont tenté de leur faire signer des confessions selon lesquelles ils étaient entrés illégalement en Israël. Ceux qui ont refusé de signer ou de donner leurs empreintes digitales ont été tabassés.

- « Le traitement à terre était un prolongement du traitement à bord des navires après que l’armée ait pris le contrôle », [et] à la fin de l’épreuve, les passagers ont dû endurer davantage de violence, incluant des volées de coups avant leur déportation à l’aéroport international Ben Gourion près de Tel Aviv. (UN rights probe into Gaza flotilla incident rebukes Israel for ‘unnecessary’ violence, UN News Center, 27 septembre 2010. C’est l’auteure qui souligne)

 

Le problème fondamental réside dans la nature antidémocratique du Conseil de sécurité de l’ONU. Alors que l’Assemblée générale de l’ONU, qui représente véritablement la communauté internationale, a condamné Israël, la réelle prise de décision revient au Conseil de sécurité. Ce dernier comprend les cinq membres permanents (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine), lesquels peuvent opposer leur veto à toute résolution, ainsi que dix membres non permanents.

En ce qui concerne les résolutions critiquant Israël, le nombre de vetos de la part des États-Unis est frappant et a empêché l’ONU de faire son devoir qui consiste à :  

 

à préserver les générations futures du fléau de la guerre […]

à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites,

à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international (Préambule de la Charte des Nations Unies, C’est l’auteure qui souligne.)  

 

La nécessité de l’activisme propalestinien

Récemment la secrétaire d’État étasunienne Hillary Clinton a déclaré ce qui suit :

Nous ne croyons pas que la flottille soit un effort nécessaire ou utile pour tenter d’aider le peuple de Gaza […] Il n’est pas utile que des flottilles tentent de provoquer des actions en entrant dans les eaux israéliennes et de créer une situation dans laquelle les Israéliens ont le droit de se défendre. (Remarks With Philippines Foreign Secretary Albert del Rosario After Their Meeting, U.S. Department of State, le 23 juin 2011. C’est l’auteure qui souligne.)

 

Dans un amer retournement de situation, Israël l’oppresseur, est présenté comme la victime : Israël est menacé et a « le droit de se défendre ». De plus, Mme Clinton affirme que les flottilles « provoqu[ent] des actions en entrant dans les eaux israéliennes », alors qu’en réalité, elles ne l’ont jamais fait et ne le feront jamais. Ces eaux n’appartiennent pas à Israël : il s’agit soit des eaux internationales ou des eaux palestiniennes, ces dernières étant contrôlées illégalement par l’armée israélienne.

Sur le terrain toutefois, de tels efforts visant à briser le siège ne sont pas vus comme inutiles.

Malgré l’ensemble des déclarations selon lesquelles « la flottille n’est pas nécessaire », la réalité sur le terrain démontre que le seul moyen efficace pour faire une différence dans la vie des Palestiniens est l’action directe non violente.

La pression imposée par la flottille a mené à trois grands changements en termes de politique du siège appliqué par Israël à Gaza; de couverture médiatique et d'intérêt publique pour la scène de crime qu'est Gaza; et de prise de position face au blocus, à laquelle les gouvernements et les institutions ont été contraints. (Adam Shapiro, Gaza flotillas have made a difference, Gulf News, le 6 juillet 2011. C’est l’auteure qui souligne.)

 

Tant et aussi longtemps que l'ONU contreviendra à sa propre charte et ne s'objectera pas aux violations israéliennes du droit international et des droits humains fondamentaux, les activistes propalestiniens persévéreront dans leur quête de justice et de dignité. À cet égard, l'espoir est non seulement utile, mais aussi nécessaire.



La version anglaise de cet article : http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=25606

 

Julie Lévesque est journaliste et chercheure au Centre de recherche sur la Mondialisation.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=25808

 


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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 17:20
Nous avons tous été usurpés
 

 

 

 

 

 

Dennis Kucinich :

 

- Sur le pillage des richesses américaines par les banques, les corporations et l’élite

 

Les États-Unis, le Canada, la France et les autres pays d’occident se sont fait usurper le droit de créer leur propre monnaie par un cartel international de banquiers privés.

 

Ce cartel peut créer de l’argent à partir de rien bref du vent tout en nous demandant de repayer les intérêts.

 

Une des solutions de la crise actuelle serait de reprendre le contrôle de nos monnaies respectives nous évitant ainsi d’être esclaves d’une dette toute notre vie et ainsi voir notre qualité de vie disparaitre.

 

Ainsi, non seulement ces banques volent des billions de dollars et ne vont pas être poursuivies, le gouvernement est en train de faire une politique officielle pour le leur permettre.



Donc si vous êtes l’une des petites gens et que vous filmez la police, vous serez battus et emprisonnés. Si vous téléchargez un trop grand nombre de documents du domaine public, vous rencontrez 35 ans de prison.



Mais si vous êtes une société, vous pouvez exporter des centaines de millions de litres de pétrole dans la mer, cracher des déchets radioactifs dans le monde, voler des milliards de dollars au public et voler des millions de foyers au peuple. Non seulement ces sociétés s’en tirent avec leurs actions, en plus elles sont récompensées.



Spécifiquement ce type d’inégalité qui fait rage a conduit à des troubles civils dans le monde et finira par provoquer le même type de troubles ici en Amérique

 

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 09:08
http://www.chevenement.fr/photo/art/default/656682-801857.jpg?v=1289480118
http://www.chevenement.fr/photo/art/default/656682-801857.jpg?v=1289480118
Sur son blog, quelques récents posts :
Samedi 25 juin 2011

"Dans le désert qui nous entoure, la moindre étincelle est un miracle" (Malraux)

 

 

Vous l'avez remarqué, il est très rare que je reproduise in extenso sur mon blog des textes dont je ne suis pas l'auteur. Mais aujourd'hui, je vais faire une exception. Et de cette exception, Jean-Pierre Chevènement sera le bénéficiaire.

 

Tout d'abord, je tiens à mettre les choses au point: je ne connais pas personnellement Chevènement. Je ne lui dois rien, et il ne me doit rien. Je n'attends pas de lui quelque bénéfice que ce soit. Simplement, j'ai lu son dernier livre ("La France est elle finie ?", Fayard, 2011) ou j'ai retrouvé une analyse d'une profondeur, d'une érudition et d'une honnêté rare aujourd'hui chez un homme politique. Loin des déblatérations électoralistes des uns et des analyses à l'emporte-pièce (souvent destinés à justifier une politique préalablement décidée), on trouve chez Chevènement d'abord un rappel de faits qui devraient être dans toutes les mémoires, puis une analyse qui donne à ces faits une cohérence. Et chose rare, dans son livre Chevènement admet ses erreurs et ses doutes (1).

 

J'avais très envie de faire ici un résumé de ce livre... et je découvre que Chèvenement lui même l'a fait dans un article publié dans Rue 89 dont la hauteur de vues est aussi grande que celle du livre. Jean-Pierre Chevènement en fait de ce texte son manifeste de candidature présidentielle, et il en a bien raison: cela donne une idée du type de président qu'il aurait pu être. Un président capable d'établir une hiérarchie des problèmes et de s'attaquer d'abord à ce qui est essentiel, délaissant au passage le bla-bla sociétal qui excite tant l'ultragauche. Vous trouverez cet article ci-dessous. Faites-vous votre propre opinion. Pour ce qui me concerne,  ça me donne vraiment envie de voter pour lui et pourquoi pas de s'investir dans sa campagne !

 

PS: Je pars en congés demain, et là où je vais je ne compte pas trop écrire. Il n'y aura donc pas de nouveaux articles sur ce blog avant le 14 juillet...

 

Descartes

 

(1) Notamment dans sa participation aux gouvernements dits de gauche. L'image qu'il peint de Mitterrand est particulièrement intéressante. Thuriféraires et critiques de l'ancien président s'accordent en général sur une chose: c'est l'image d'un Mitterrand impérial commandant les événnements. Chevènement réduit la statue du commandeur à celle bien plus réaliste d'un politicien de province à l'intelligence tactique exceptionnelle mais largement dépassé par des transformations qu'il ne comprennait pas et qu'il n'avait aucun désir de comprendre.

 

==========================================================================

Jean-Pierre Chevènement : « Pourquoi je serai candidat » (Rue 89, 24/6/2011)

« Il n'y a pas de cap pour qui ne connaît pas le port. »

La France est mal partie. Plus de deux millions d'emplois industriels ont disparu depuis 1983. Notre pays s'est installé dans un chômage de masse structurel (environ 9 % de la population active), désespérant pour sa jeunesse.

C'est que, depuis trente ans, notre base industrielle se rétrécit : l'industrie est passée de 30% à 13% de la valeur ajoutée. Nos parts de marché, à l'échelle mondiale, se sont réduites (de 5,5% à 3,6%). Le déficit de notre commerce extérieur s'est creusé à 51 milliards d'euros en 2010 (un record qui met la France, toutes proportions gardées, dans une situation déficitaire comparable à celle des Etats-Unis).

Plus grave encore, la France ne maîtrise plus les moyens de l'action économique et politique, ni sa monnaie, ni son commerce extérieur, ni ses flux financiers, ni son droit devenu un droit subordonné. En réintégrant l'Otan enfin, la France est revenue dans le bercail atlantique, à la remorque d'intérêts qui ne sont pas les siens.

Comment en est-on arrivé là ?

Cette situation résulte, pour l'essentiel, de choix politiques associant le Parti socialiste et la droite : Acte unique (1985-1987), Traité de Maastricht (1992), Pacte de stabilité et de croissance (1997), OMC (1994), Traité de Lisbonne (2008), copie conforme du projet de traité constitutionnel rejeté, trois ans avant, par 55 % du peuple français.

L'adoption de la monnaie unique en réponse à la réunification allemande a été une monumentale erreur de nos classes dirigeantes, toutes tendances confondues : l'euro est un mark-bis. Or, le mark était une monnaie faite pour l'Allemagne, qui dispose d'un fort tissu de PMI exerçant pour la plupart, dans leur spécialité, un monopole technique à l'échelle mondiale.

L'euro convient à l'Allemagne mais pas à la France dont les exportations dépendent beaucoup plus des prix. L'euro, cela va sans dire, convient encore moins aux pays sous-industrialisés de l'Europe du Sud. C'est de surcroît une monnaie surévaluée qui écrase notre compétitivité et celle de la plupart des pays européens. On ne peut envisager de réindustrialiser le pays sans un euro durablement moins cher.

La crise financière et économique mondiale de 2008-2009 et la crise de l'euro de 2010 viennent sanctionner une autre erreur majeure d'orientation, l'acceptation de la dérégulation néolibérale et le choix de construire l'Europe sans, voire contre, ses nations.

Un système qui a explosé en vol en 2008

L'Europe, dès avant le traité de Lisbonne s'était dotée d'institutions (Commission, Cour de justice) permettant de verrouiller les pays de l'Union au sein de ce modèle. Ces choix mortifères n'ont pu procéder que d'un profond manque de confiance de la France en elle-même, lui-même né du doute issu des malheurs de notre Histoire dans la première moitié du vingtième siècle. C'est cette confiance qu'il faudra restaurer et d'abord pour redresser l'Europe qui a besoin d'une France forte.

Le capitalisme financier que nous avons laissé s'installer depuis la fin des années 1980 est un système de prédation : il confisque au profit de la sphère financière les bénéfices de l'économie réelle. Ce système qui a explosé en vol en 2008 a été ravalé avec l'appui massif des Etats, c'est-à-dire des contribuables. Mais tout est reparti comme avant : aux Etats-Unis, comme en Europe, les banques ont renoué avec les super profits et avec des bonus extravagants.

Parallèlement, la crise de l'euro n'a été que reportée par la mise en place de mécanismes de stabilisation insuffisants pour renflouer les pays qui chavirent. Les économies des pays dits « périphériques » sont engagées dans un cercle vicieux de récession, entraînant moins-values fiscales, déficits budgétaires accrus, et explosion de l'endettement public.

Nicolas Sarkozy est tétanisé par les marchés financiers

Les plans d'aide peuvent se surajouter les uns aux autres : ils ne font que reculer l'échéance, dès lors que la tendance récessive de l'économie n'a pas été renversée par une politique de croissance conçue et mise en œuvre à l'échelle européenne, ce que ni l'organisation de l'UE ni la volonté des Etats qui la composent ne permettent aujourd'hui.

Or, face à ces défis redoutables, quelle est la réaction de ceux qui s'apprêtent à solliciter les suffrages des Français ?

Nicolas Sarkozy est tétanisé par les marchés financiers :

« Si on n'avait pas fait la réforme des retraites et le “1 sur 2” dans la Fonction publique, écrit-il, la France ne serait plus notée “triple A”, ce qui nous permet d'emprunter à 3,6%, quand la Grèce emprunte, elle, à 16%, à échéance de dix ans. »

La souveraineté nationale dans les mains de « Standard and Poors »

Comment mieux avouer que la souveraineté nationale est désormais passée dans les mains de « Standard and Poors » ? Le pacte dit « de compétitivité » imposé par Mme Merkel conduit l'Europe et la France dans le mur. La croissance, quand elle subsiste, est trop faible pour permettre le retour à l'équilibre.

L'Europe tout entière est emportée dans un déclin accéléré. L'Allemagne elle-même est fragilisée par la crise dans le reste de la zone euro. Sa politique à courte vue l'enferme dans une contradiction insoluble : à quoi bon la recherche de la compétitivité sur les marchés émergents, si la contrepartie est la chute de ses exportations sur la zone euro, où l'Allemagne réalise 60% de ses excédents ?

Ce manque de volonté au plan européen se redouble d'un constat d'impuissance au plan mondial. A l'échelle mondiale, les facteurs de crise demeurent : importance des actifs toxiques et du « système bancaire de l'ombre » (le marché des « dérivés » représente 650 000 Milliards de dollars, dix fois le PIB mondial ! ), déséquilibres macro-économiques loin d'avoir été résorbés entre la Chine et le reste du monde comme entre l'Allemagne et les autres pays de la zone euro.

Quant à la réforme du système monétaire international, c'est une affaire de long terme !

Au quotidien, notre politique reste donc à la merci des marchés financiers, de leurs secousses et de l'appréciation des agences de notation.

Aucun candidat socialiste n'esquisse la moindre autocritique par rapport aux choix du PS

Y a-t-il une probabilité que l'un des candidats socialistes potentiels permette de nous soustraire à la dictature des marchés financiers ? Si on met à part l'évocation par Arnaud Montebourg d'une « démondialisation » dont les modalités restent encore floues, aucun candidat potentiel n'esquisse la moindre autocritique par rapport aux choix du parti socialiste qui ont permis l'installation du capitalisme financier dans notre pays.

Le droit d'inventaire, si souvent évoqué, n'a jamais été exercé. La « parenthèse libérale », ouverte en 1983, n'a jamais été refermée ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. Le « bon bilan » autoproclamé des années 1997-2002 pèse comme un couvercle sur l'esprit critique des dirigeants.

C'est pourquoi les candidats socialistes potentiels ont tant de mal à remettre en cause le système de contraintes héritées de choix qu'ils ont avalisés par conformisme et auquel ils devraient immédiatement faire face s'ils revenaient aux affaires :

  • la financiarisation de l'économie qu'a permise l'Acte unique européen ;
  • le libre-échangisme inégal codifié par l'OMC et prêché par son directeur Pascal Lamy ;
  • et surtout le système de l'euro qui met l'Etat emprunteur à la merci des marchés financiers.

Tout laisse à penser que la tyrannie du « triple A » s'exercerait sur les socialistes comme sur l'actuel Président de la République, faute qu'ils aient élaboré dans leur tête une stratégie alternative. Reconnaissons à leur décharge que l'entreprise est exceptionnellement difficile.

Le projet socialiste 2012 peut paraître comporter à première vue quelques dispositions méritoires, mais il est plus probable qu'il est destiné à fonctionner comme un leurre.

Le montant des mesures proposées (de 25 à 100 milliards d'euros, selon les estimations) n'est pas finançable dans le cadre actuel du système de l'euro. De surcroît, une lecture attentive montre que les mesures qui seraient décisives ne sont que timidement évoquées, quand, encore, elles le sont.

Le projet socialiste 2012 est muet sur la crise de l'euro. Il n'affronte pas vraiment les problèmes auxquels la gauche victorieuse serait inévitablement confrontée.

Pouvoir parler à l'Allemagne le langage de la franchise

Et comment croire que la création d'une banque d'investissement pour soutenir l'industrie pourrait être autre chose qu'un faux-semblant, si on ne reréglemente pas la sphère financière et si on ne remet pas en cause les règles européennes sur la libre concurrence et la libre circulation des capitaux ?

Un candidat crédible à la Présidence de la République française doit pouvoir parler à l'Allemagne (pour le moment celle de Mme Merkel) le langage de la franchise qui est aussi celui de la véritable amitié.

Quelles que soient les divergences actuelles sur la politique économique et monétaire, sur le nucléaire et sur la politique en Méditerranée ou sur la défense, les intérêts de la France et de l'Allemagne sont solidaires dans le long terme. Ou bien nos deux pays trouveront le moyen de continuer de concert leur Histoire, ou bien ils sortiront ensemble de l'Histoire, comme l'Egypte antique ou les cités de l'Ancienne Grèce.

Comment parler à l'Allemagne ?

L'Allemagne est prise dans une contradiction dont elle doit sortir : elle a fait de la zone euro son marché intérieur. Elle y réalise 60 % des ses excédents commerciaux. Mais dans le même temps, elle vise la compétitivité sur les marchés extérieurs, et cela au prix d'une compression salariale qui, depuis 2000, a déséquilibré presque tous ses partenaires européens. Si tous avaient mené la même politique qu'elle, l'Europe tout entière aurait plongé dans la récession dès 2003.

En fait l'Allemagne peut-elle concevoir avec nous un projet d'« Europe européenne » pour le XXIè siècle, ou bien reste-t-elle prisonnière d'un projet national à courte vue ? L'Allemagne croit trouver dans la technologie et la compétitivité sur les marchés émergents un remède à sa démographie vieillissante. Mais y a-t-il une réponse autre qu'européenne à la montée des pays de l'Asie ? L'Allemagne peut-elle séparer son sort de celui du reste de l'Europe ?

L'Allemagne a fait l'impasse sur le nucléaire. C'est un pari hasardeux et coûteux. L'Allemagne n'a pas de politique extérieure et de défense qui lui soit propre. Ainsi, la dimension méditerranéenne du projet européen semble lui échapper. Or, les Etats-Unis se détourneront toujours plus de l'Europe. Cette impasse, à long terme, est grosse de périls. Il est capital qu'une bonne entente franco-allemande assure les fondements d'un projet européen cohérent, à l'Est comme au Sud.

De nouvelles règles du jeu pour la zone euro

Dans l'immédiat, il faut donc amener l'Allemagne à revoir ses choix économiques et à accepter la renégociation des règles du jeu de la monnaie unique. C'est un enjeu prioritaire. Les questions à traiter sont d'abord la modification des statuts de la BCE, dont la mission doit être étendue au soutien de la croissance et de l'emploi, à l'intervention sur le marché des changes ainsi qu'au rachat des titres de dettes des Etats sur les marchés financiers ce qui permettrait de casser la spéculation. Il faut trouver un bon compromis entre le principe de responsabilité des Etats inscrit dans les traités, et que l'Allemagne défend à juste titre, et la nécessaire solidarité entre Etats, même si le degré de solidarité, au sein de l'Europe, ne peut pas avoir la même force qu'au sein de chaque nation.

Plutôt que d'abonder constamment le Fonds européen de stabilisation financière et de multiplier les « conditionnalités » vis-à-vis des pays déficitaires, ne vaut-il pas mieux élargir le rôle de la Banque Centrale ? Une certaine imprévisibilité de la politique monétaire permettrait de mieux contenir la spéculation que des engagements publics faciles à déjouer. Enfin, il ne faut pas renoncer à reréglementer les marchés financiers, en interdisant certains types de transactions (sur les titres d'assurances, par exemple) aux non-détenteurs des titres de dette concernés. La reréglementation de la sphère financière s'imposera à la prochaine crise. Encore faut-il y être prêt !

Rompre avec la politique d'austérité

L'Europe doit ensuite pouvoir emprunter pour financer une politique d'investissement et de recherche, ce qui implique la modification des traités européens actuels. Depuis 1994, la Commission européenne parle de financer ainsi un vaste programme d'infrastructures. Mais rien ne se fait, parce que les textes ne le permettent tout simplement pas. Ainsi l'Europe sombre-t-elle dans le psittacisme2 …

Le plus important est de rompre avec la politique d'austérité à perte de vue qu'entraînerait mécaniquement l'application du pacte Merkel-Sarkozy, dit abusivement de compétitivité. Il est nécessaire de concevoir une initiative de croissance à l'échelle de l'Europe tout entière. Cette initiative pourrait s'appuyer d'abord sur une relance salariale dans les pays excédentaires conjuguée avec une politique de change destinée à faire baisser le cours de l'euro vis-à-vis des principales devises. Nous nous heurterons là à la solidarité objective des Etats-Unis et de la Chine qui ont également intérêt à un euro surévalué. L'expérience historique montre que la réforme du système monétaire international est une affaire de longue durée. Mais certaines mesures correctrices doivent intervenir rapidement pour préfigurer le sens souhaitable de l'évolution.

Réforme du système monétaire international et protection

Le yuan est sous-évalué et tant que le déficit de l'Union européenne sur la Chine avoisinera les 200 Milliards d'euros, la première sera fondée à prendre des mesures correctrices. Quant aux Etats-Unis, ils sont tentés de faire baisser le cours du dollar, grâce à leur politique de « planche à billets », pour favoriser à la fois la réduction de leur déficit commercial et leur réindustrialisation. Il est vrai que pour continuer à attirer l'épargne extérieure, ils ne doivent pas trop affaiblir le dollar.

Mais rien ne justifie une parité de l'euro avec le dollar supérieure de 20 %, voire davantage, au cours de lancement de la monnaie unique (1,16 dollar pour un euro). Le libre-échangisme actuel est biaisé par des asymétries qu'il faudrait corriger sans tarder (coûts de main d'œuvre - absence d'harmonisation sociale et environnementale - privilège du dollar). Car, comme le disait Keynes, « à long terme, nous serons tous morts » !

Mais là encore tout laisse penser que le retour à un degré de protection raisonnable, à l'échelle des grandes régions mondiales (Amérique, Asie, Europe) ne pourra intervenir qu'à l'occasion d'une prochaine crise. Encore faudrait-il qu'un éventuel Président de la République de gauche s'y soit mentalement préparé.

La zone euro ne peut pas rester indéfiniment la lanterne rouge de la croissance mondiale. Elle doit renouer avec le dynamisme de grands projets technologiques, allumer de nouveaux moteurs, rompre avec l'immobilisme qui n'avantage que les rentiers et condamne au déclassement les nouvelles générations. Elle doit affronter sans préjugés la question de l'approvisionnement et de la production énergétiques pour le siècle qui vient.

C'est tout cela qu'il faut faire entendre à l'Allemagne si nous voulons bâtir une identité européenne qui ait un contenu et à laquelle finalement tous, y compris l'Allemagne, ont intérêt.

Un plan B si l'Allemagne refuse

Si ce « plan A » qui implique la modification des règles du jeu de la zone euro et l'inversion vers la croissance d'une politique qui pousse aujourd'hui à la récession ne pouvait être mis en œuvre, du fait de l'inertie des milieux dirigeants allemands et de la complicité des élites financières et rentières dans le reste de l'Europe, il faudrait se préparer à de fortes secousses non seulement dans les pays périphériques aujourd'hui sous tente à oxygène (Grèce, Irlande, Portugal), mais aussi dans de grands pays comme l'Espagne, voire l'Italie, ou même la Belgique.

Plutôt que d'attendre massivement l'explosion en vol de l'euro, il serait préférable de préparer un « plan B ». Il s'agirait d'abord de transformer l'euro de monnaie unique en « monnaie commune », valable dans les transactions internationales.

Il s'agirait ensuite de ressusciter un SME bis, permettant des ajustements négociés à l'intérieur de fourchettes de parités entre des monnaies nationales rétablies mais uniquement pour les transactions intérieures à la zone euro rénovée. Les pays aujourd'hui asphyxiés pourraient ainsi retrouver une compétitivité raisonnable. La Grèce devrait peut-être dévaluer de 40 % par rapport à l'euro. Celui-ci, redevenu, comme avant 2002, un panier de monnaies continuerait à fluctuer vis-à-vis du dollar, du yen, du yuan, de la livre britannique, etc.

Cette « politique harmonisée », en vue de sortir du système de la monnaie unique pour y substituer une monnaie commune, éviterait les « dévaluations compétitives ». Elle préserverait un « toit européen ». Elle permettrait surtout l'extension de la zone euro à la Grande-Bretagne, aux pays scandinaves, aux PECO's qui s'en tiennent, à juste titre, éloignés, mais aussi à la Russie, à l'Ukraine, aux pays de l'Euroméditerranée, etc. Ce serait un système réaliste pour tout le monde, où des ajustements de parité négociés permettraient de corriger les déséquilibres commerciaux excessifs. Le cours de l'euro redeviendrait plus raisonnable. On s'étonne que les responsables des grands pays européens n'aient pas préparé ce « plan B », par prudence d'abord mais aussi par souci bien compris de l'intérêt général des peuples européens. Cécité ? Dogmatisme ? Inféodation à la rente financière et aux couches sociales privilégiées, voire à de « grands intérêts » extérieurs ? Il y a sans doute une part de tout cela dans l'épais manteau de conformisme qui empêche nos soi-disant « maîtres du monde » de penser le bien public.

Remettre la France sur une pente ascendante

Nous nous acheminons ainsi vers de violentes secousses auxquelles les candidats potentiels du Parti socialiste ne semblent pas s'être mentalement préparés. Leur pragmatisme aligné dissimule en fait une insuffisance de réflexion et une absence complète de volontarisme. Qu'attendons-nous donc d'un candidat de gauche pour qu'une victoire, en mai 2012, ne débouche pas très rapidement sur des déceptions et des frustrations qui provoqueraient assez vite la coagulation de la droite revenue à l'opposition et de l'extrême droite maquillée sous les traits de Marine Le Pen ?

Non pas des promesses qu'il ne pourrait tenir mais la ferme volonté de remettre la France sur une pente ascendante.

Que signifie d'abord cette expression « remettre la France sur une pente ascendante » ?

Des choses simples : réinscrire la France sur un trend de croissance à long terme.

Il est impossible de préserver l'Etat social sans un appareil productif capable de le financer. Veiller à sa réindustrialisation, en lui faisant prendre le train de la révolution technologique du XXIè siècle : la révolution numérique, en drainant vers l'industrie notre abondante épargne en reréglementant le secteur bancaire, en faisant en sorte que les multinationales françaises renvoient l'ascenseur, en échange de l'aide multiforme qu'elles reçoivent et investissent davantage sur le territoire national, en suscitant enfin la création et le développement de PMI à haute intensité technologique, sur le modèle allemand.

Un tel projet de réindustrialisation s'inscrit dans la perspective d'une démondialisation marchande et financière. Il faut remettre un peu de viscosité dans une économie mondiale imprudemment globalisée et décompartimentée.

Un « grand bond en avant » de l'Ecole républicaine

Parallèlement, un Président de la République de gauche aurait l'impérieux devoir d'organiser un nouveau « grand bond en avant » de l'Ecole républicaine, pour réduire de quatre à un l'échec scolaire et donner à la moitié d'une classe d'âge la possibilité d'accéder à un diplôme de l'enseignement supérieur long (50 % donc contre 25 % aujourd'hui), sur le modèle des pays scandinaves ou des pays de l'Asie Orientale. Ce grand bond en avant implique une réforme de la formation des maîtres, une claire priorité donnée à l'école primaire et la réforme des bacs technologiques pour remédier à la panne de l'Ecole qui depuis 1995 ne porte plus que 68 % des jeunes « au niveau du bac ». Sur 500 000 bacheliers chaque année, la moitié seulement est apte à poursuivre des études supérieures longues. Ce « pari sur l'intelligence » est évidemment indissociable du grand objectif de l'Ecole républicaine qui est de former des citoyens.

Savoir projeter la France vers le monde

La France conserve de grands atouts : la qualité de son peuple, sa démographie, sa position géographique au cœur de l'Europe Occidentale, son ouverture vers l'océan atlantique, la Méditerranée et l'Afrique, ainsi que vers l'Europe Continentale, la modernité de l'idée républicaine qu'attestent les mouvements démocratiques enclenchés en Tunisie et en Egypte, sa langue et sa culture, sa diplomatie mondiale, sa défense et sa dissuasion nucléaire, son épargne abondante (17 % de son revenu, comme l'Allemagne et le Japon), un réseau de firmes mondiales qui la met au troisième rang derrière les Etats-Unis et le Japon, au niveau de la Grande-Bretagne et de la Chine.

On ne peut pas demander à un candidat à la Présidence de la République un plan détaillé d'action dans l'ordre international. Rappelons que De Gaulle a essayé de 1958 à 1968 plusieurs politiques (vers les Etats-Unis, vers l'Allemagne, vers l'URSS et la Chine). Ce qu'on peut demander à un Président de la République de gauche, c'est un patriotisme profond, un dévouement entier au peuple français, un sens élevé de l'Etat, un mental d'acier pour jouer avec méthode, mais aussi pragmatisme, les atouts de la France.

L'Allemagne a besoin de la France

Dans la situation actuelle de la France où la plupart de nos choix sont contraints par notre appartenance à l'Union européenne, nous devons influencer celle-ci de manière décisive. La France n'est peut-être plus le numéro un en Europe, ce rôle étant aujourd'hui tenu par l'Allemagne, mais celle-ci a ses faiblesses.

Elle a besoin de la France pour donner un vernis européen à sa politique. Nicolas Sarkozy a tort de donner sans conditions ni contreparties la caution qu'il apporte à Mme Merkel pour mettre en œuvre des politiques sans imagination qui ne donnent pas d'autre horizon à l'Europe qu'une austérité à perpétuité.

C'est en réalité le choix du déclin, peut-être encore confortable pour nos élites rentières, mais de plus en plus douloureux pour notre peuple et d'abord sa jeunesse qui subissent un chômage de masse, le creusement d'inégalités scandaleuses et insupportables, la précarité pour beaucoup et un déclassement de plus en plus prononcé. La France a un besoin de croissance d'autant plus impératif que sa démographie est plus vigoureuse que celle de ses voisins.

L'Europe ne doit pas être écrasée par la « Chinamérique »

C'est cet abandon à un déclin programmé dont il faut inverser le cours, en desserrant progressivement les bandelettes d'un néolibéralisme aujourd'hui en crise et en réformant les textes européens imprégnés de cette philosophie. Comment le faire, sinon en parlant à l'Allemagne, aujourd'hui celle de Mme Merkel, le langage de la franchise que la conscience d'une véritable solidarité de destin autorise ?

Entre l'Europe nordique et l'Europe méditerranéenne, nos deux nations remplissent une fonction d'équilibre. Elles doivent s'entendre dans leur intérêt même. Un siècle et demi de guerres les a opposées. Elles ont failli faire chavirer le monde. L'hégémonie européenne n'y a pas survécu.

La France se souvient qu'à deux reprises, au XXe siècle, elle a failli périr. L'Allemagne elle-même a payé de son écrasement matériel et moral et d'un demi-siècle de division la folie de ses dirigeants. Nous avons voulu tirer un trait définitif sur cette période. Il est très important que nous sachions ensemble opérer les changements qui s'imposent aujourd'hui : l'Europe ne doit pas être écrasée dans les pinces de la « Chinamérique », cette alliance conflictuelle mais objective de l'Hyperpuissance d'hier et de la Superpuissance de demain. Au contraire, elle doit s'affirmer elle-même comme un pôle, dans un monde devenu multipolaire. Or, cela passe d'abord par une entente profonde de nos deux peuples.

Il faut donc que le Président de la République française sache parler un langage clair à l'Allemagne, un langage sans arrogance, au contraire, plein du respect que mérite un grand peuple. Les grandes qualités de l'Allemagne, sa discipline même, sa cohésion ne l'autorisent cependant pas à méconnaître l'intérêt général européen. C'est celui-ci qui est à redéfinir à l'aune des réalités mondiales actuelles que nous ne devons pas affronter avec les recettes du passé.

L'Allemagne par égoïsme a courte vue commettrait des erreurs aussi funestes que celles qui, à la fin du XIXe siècle ou dans les années trente, ont conduit au naufrage, un naufrage collectif qui a d'abord été le sien. Si nous nous plaçons dans l'horizon des marchés financiers, nous oublierons les peuples. Or, ce sont ceux-ci qui, dans la longue durée, façonnent l'Histoire. Il faut rechercher les arguments qui montrent à l'Allemagne que son intérêt à long terme est dans un changement de cap.

Il faut donc que le Président de la République française trouve dès aujourd'hui le langage qu'il faut pour parler, non seulement à la Chancelière mais à l'opinion publique allemande et à toutes les forces politiques qui entrent dans le fonctionnement de la démocratie allemande. L'intérêt européen au XXIe siècle est forcément aussi celui de l'Allemagne. Il faut lui en faire prendre conscience par un langage clair et fort. L'Europe ne peut retrouver une croissance forte que si elle est capable de protéger raisonnablement son marché.

Un pacte de prospérité pour l'Europe

Un candidat de gauche à la Présidence de la République doit commencer à réunir les concours nécessaires aussi dans les autres pays pour réorienter le cours de la politique européenne. Le débat devrait faire rage au sein du PSE (parti socialiste européen). On attendrait du candidat de gauche à la Présidence de la République française qu'il propose la réunion d'une « Conférence européenne » sur les moyens de surmonter la crise et sur la modification des règles du jeu afin de jeter les bases d'un pacte de prospérité pour l'Europe. Il faut y associer nos voisins, la Russie mais aussi les pays de la rive Sud de la Méditerranée qui ont besoin de notre aide pour réussir leur révolution démocratique.

Il doit se rendre aux Etats-Unis pour étudier les modalités d'une « sortie de crise par le haut », concertée entre les deux rives de l'Atlantique.

Il doit également se rendre à Pékin pour refonder notre partenariat stratégique et pour que la Chine prenne mieux en considération les intérêts des couches salariées dans les anciens pays industriels et les nécessités d'un « juste échange ». Il lui faudra trouver les leviers de négociation nécessaires, en faisant appel aux intérêts à moyen terme de la Chine.

Bien sûr, Nicolas Sarkozy va se mettre en avant à l'occasion du G20 qu'il préside mais le G20 n'est pas un organe d'exécution. Il n'en sortira pas grand-chose dans l'immédiat. C'est au mieux un forum utile. Certains l'ont décrit comme un « GO » (gentil organisateur). Ce qui sera décisif, ce seront les décisions que les pays de la zone euro pourront prendre entre eux au titre d'un véritable gouvernement économique et monétaire pour reréglementer les marchés financiers, interdire les paradis fiscaux, casser la spéculation, dépoussiérer les textes, relancer la croissance, etc.

À défaut d'une telle action, c'est le plan B qui s'imposera : une mutation si possible harmonisée de l'euro qui de monnaie unique pourrait devenir monnaie commune. Ainsi la France doit-elle avoir plusieurs fers au feu. Nos partenaires doivent être convaincus que nous ne pratiquerons pas la politique du « chien crevé au fil de l'eau ». Si l'objectif central est bien la réindustrialisation du pays, nous devons être capables de créer pour cela les conditions les plus favorables.

D'un candidat de gauche à la Présidence de la République, la France est en droit d'attendre non pas un projet tout ficelé mais une large vision, une ligne directrice, une volonté et, bien sûr, une capacité pédagogique. Un cap.

Un cap républicain

Qui dit pédagogie dit forcément République. Il s'agit, en présentant au débat collectif un projet que puissent s'approprier les citoyens, de créer les conditions qui permettront de battre en brèche la domination des marchés financiers.

Il faudra donc rappeler le lien entre la République et ses valeurs fondatrices, au premier chef les valeurs d'égalité mais aussi les valeurs de la connaissance, la laïcité, l'Ecole, la Science. Rien n'est plus éloigné de l'idéal républicain que la technophobie ambiante. La République est fille des Lumières. Elle ne doit pas laisser se rompre ce cordon ombilical, comme y inciteraient les tenants d'un nouvel obscurantisme opposant à l'Homme une Nature divinisée. La République rejette donc l'épithète méprisante de « scientiste » que voudraient lui accoler ces nouveaux obscurantistes.

Le choix du nucléaire est stratégique pour la France

Il nous faut organiser la transition énergétique pour lutter contre l'émission de gaz à effet de serre et pour préparer l'après-pétrole. Un accord se fera facilement sur la nécessité d'économiser l'énergie. Pour le reste, on ne peut faire l'impasse sur le coût de l'électricité. Le kWh d'origine éolienne est près de deux fois plus cher que le kWh du nucléaire ou du gaz. Le solaire photovoltaïque près de dix fois plus cher, dans l'état actuel de la recherche. Cet écart ne se résorbera pas avant longtemps.

Le choix du nucléaire est stratégique pour la France. Nous sommes dans cette filière au premier rang mondial. Le choix inverse de l'Allemagne ne modifiera pas ceux de la Chine, de l'Inde et des grands pays émergents. Le Japon lui-même ne remet pas en cause le nucléaire. S'il y a des leçons à tirer de l'accident de Fukushima, dont l'origine est un tsunami géant qui n'avait pas été prévu, c'est la nécessité de maintenir l'industrie nucléaire dans le giron de la puissance publique pour le soustraire à une logique de rentabilité à courte vue, et d'établir l'indépendance des autorités de sûreté.

Le pari de l'Allemagne sur les énergies renouvelables est un pari hautement aléatoire qui risque de déboucher dans les prochaines années sur le développement de nouvelles centrales à charbon. Il faudra penser à long terme le problème de l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Pour cela, il faudra d'abord que s'instaure un climat de sérénité dans le débat.

Le terrorisme intellectuel des antinucléaires

Le choix de maintenir la filière nucléaire au cœur de notre approvisionnement énergétique est capital. C'est un grand atout de la France que nous ne laisserons pas brader. Même élu avec l'appoint des Verts, un Président de la République de gauche doit être capable d'imposer un débat vigoureux sur la politique énergétique de la France, à l'abri du terrorisme intellectuel des antinucléaires et dans le seul souci de l'intérêt national. C'est aussi à cela qu'on jugera s'il peut porter « le destin de la France ».

La République est ennemie de tout dogme : elle fait confiance aux citoyens, à la lumière de leur seule raison naturelle, pour définir le bien commun. La République est naturellement « enseignante ». Elle doit former des républicains. L'Ecole doit redevenir une priorité budgétaire de l'Etat, avec trois axes majeurs : la formation des enseignants, l'Ecole primaire pour éradiquer l'échec scolaire, l'enseignement supérieur enfin, où doit s'organiser le grand bond en avant rendu nécessaire par les exigences de la compétition mondiale.

N'oublions pas, cependant, que le projet de la République est aussi un projet philosophique, étroitement lié à ce que Condorcet appelait « les progrès de l'Esprit humain ». L'Ecole républicaine doit former des citoyens. Bien sûr la République est ouverte en permanence au débat, à la remise en cause. Elle est ce régime qui s'est donné la liberté à la fois comme fin et comme moyen.

À cet égard, il serait bon de remettre au goût du jour ce que Claude Nicolet appelait la laïcité ou la République intérieure, c'est-à-dire à la fois l'esprit de libre examen et l'esprit « juste », attentif à toutes les argumentations. C'est notre héritage et c'est notre meilleur viatique pour affronter l'avenir.

Défendre la liberté d'expression contre tous les terrorismes intellectuels

C'est l'arme la plus efficace pour tenir en lisière les fondamentalismes, les communautarismes et plus généralement le différentialisme qui, sous des apparences généreuses, remet en cause les fondamentaux de la République. La laïcité n'est pas seulement une arène de neutralité. Elle est un état d'esprit. Un acte de confiance en l'Homme.

De même convient-il d'affirmer avec force la conception républicaine de la nation, fondée sur le consentement et l'adhésion. Ainsi ferons-nous reculer les partisans d'une identité figée, frileuse, contraire à la définition républicaine de la France, aussi bien que les idéologies qui sanctifient la différence au mépris de l'égalité.

Cette philosophie républicaine a évidemment des conséquences directes sur l'Ecole dont la tâche - transmettre des connaissances et former le jugement - doit être constamment rappelée à ceux qui, à divers prétextes, rabaissent le niveau d'exigence.

La République a également des implications en matière de sécurité et d'intégration des jeunes nés de l'immigration : la loi républicaine, la même pour tous, doit être intériorisée et respectée par chacun. Ainsi verrons-nous reculer le racisme plus sûrement qu'à travers la discrimination positive ou par le biais d'une judiciarisation de l'espace public. La liberté d'expression est au fondement de la République. Elle doit être défendue contre tous les terrorismes intellectuels, y compris celui du « politiquement correct ». Mais cela suppose des républicains combatifs, capables d'argumenter par eux-mêmes, et de ne pas laisser les adversaires de la République s'ériger hypocritement en victimes.

Contre la droite et l'extrême-droite « identitaires »

L'exigence républicaine est plus que jamais actuelle. Elle commande un combat sur deux fronts : d'abord contre la droite et l'extrême droite « identitaires », contre le racisme, les injustices et les inégalités dont souffrent les jeunes nés de l'immigration, mais aussi contre l'idéologie victimaire - compassionnelle, l'angélisme, la culture de l'excuse, bref contre le différentialisme, souvent plus difficile à combattre car paré des meilleures intentions et qui se manifeste souvent au sein de la gauche elle-même. Ainsi la tâche de la gauche républicaine est difficile mais elle répond seule à l'intérêt profond du pays. Or, comment la gauche pourrait-elle appeler à l'effort et se maintenir au pouvoir si son action ne paraissait pas d'abord inspirée par le souci de l'intérêt général ?

Un Président de la République de gauche doit ainsi réaffirmer l'identité républicaine de la France. C'est nécessaire à l'intérieur. Mais c'est nécessaire aussi vis-à-vis de l'extérieur. Le monde ne ressemblera plus jamais à celui dominé par l'Europe puis par les Etats-Unis que nous avons connu. Des nations milliardaires en hommes qui sont aussi des civilisations millénaires - la Chine et l'Inde - se sont réveillées.

Les nations émergentes, particulièrement en Asie, se sont saisies de la technologie qu'elles maîtrisent désormais aussi bien que nous. Nous entrons dans une phase de l'Histoire où des identités conquérantes apparaissent déjà à l'horizon. Mais nous n'avons aucune raison de ne pas défendre et illustrer notre modèle politique et notre modèle social, y compris dans l'intérêt bien compris des peuples des nations émergentes.

La seule réponse idéologique que nous pouvons donner est l'affirmation de l'identité républicaine de la France. La France a préexisté à la République. Celle-ci n'est pas née sur une table rase mais elle a refondé notre identité collective. La République est le nom moderne de la France. Le patriotisme républicain qui est l'amour des siens se différencie du nationalisme qui est la haine des autres. La mission pédagogique de la France doit donc s'exercer sans faiblesse.

Une Confédération européenne élargie

C'est en affirmant la conception républicaine de la Nation que nous servirons le mieux la cause des autres peuples et d'abord des peuples européens. Le but pour la France est de faire avancer l'idée d'une Confédération européenne élargie à la Russie, à l'Est, et à l'Euroméditerranée, au Sud. Un Président de la République de gauche doit offrir une perspective de civilisation.

Remettre la France dans le jeu, en ce début du XXIe siècle, ne peut se faire qu'avec un grand dessein.

Notre pays a failli périr deux fois au XXe siècle : en 1914-18 et en juin 1940. Il lui faut surmonter le doute qui l'étreint depuis lors. L'Europe que Jean Monnet a voulu faire, essentiellement par le marché et contre les nations, était une idée courte. Le « pari pascalien » de François Mitterrand sur un au-delà des nations appelé « Europe » trouve aujourd'hui ses limites dans les modalités choisies qui la confondaient avec la mondialisation néolibérale. Le moment est venu de les remettre en cause, sans abandonner le grand dessein géopolitique visant à resserrer la solidarité des peuples européens.

Une nouvelle grande page est à écrire : ni la République ni la France ne doivent disparaître. Elles se sauveront ensemble l'une et l'autre.

La République parce qu'elle offre à chaque nation le moyen de concilier son legs historique particulier avec les exigences de l'universel.

La France parce qu'elle est un facteur d'équilibre essentiel pour l'Europe à construire et qu'elle doit rester un phare pour l'Humanité tout entière, encore loin d'avoir su définir, pour chacune de ses nations, un chemin d'universalisation. On pourra discuter longtemps de la nation et de la citoyenneté, de la laïcité et de la sécularisation, de la démocratie et de la République : il est essentiel que la France redevienne une grande nation politique, capable de faire vivre chez elle ses valeurs, pour éclairer le chemin de l'Humanité. C'est cette foi hors du commun qu'on attend du prochain Président de la République française.

 

Jean-Pierre Chèvenement, Rue 89, 24 juin 2011

 

http://descartes.over-blog.fr/article-voila-un-homme-qui-pense-77776399.html

 

 

 

 

 

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