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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 22:51

http://antisarko.20minutes-blogs.fr/images/medium_francafrique.jpg

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Quinze jours après l'ouverture d'un front en Libye, Nicolas Sarkozy a plongé la France dans une nouvelle opération militaire. Cette fois dans son ancienne colonie ivoirienne. En s'engageant directement dans ce pays, le chef de l'Etat a mis à mal ses promesses de neutralité et donné du grain à moudre à ceux qui critiquent les ambiguïtés de sa politique africaine. Lire la suite l'article

À plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy avait assuré que la France ne voulait plus jouer le rôle de "gendarme de l'Afrique". "La France n'a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique. L'Afrique doit prendre en charge les problèmes de sécurité", avait-il notamment affirmé lors du sommet Afrique-France de juin 2010 à Nice. Plus récemment, il avait assuré lors de ses voeux aux forces armées le 4 janvier que "les soldats de la France" n'avaient "pas vocation à s'ingérer dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire".

"La puissance coloniale, fut-elle quelques décennies en arrière est toujours illégitime à prononcer un jugement sur une affaire intérieure de l'ancienne colonie et vous le savez, et tout le monde le sait...", assurait encore le président français en janvier dernier, pour justifier la non-intervention de la France en Tunisie.

(Source : Euronews)

Pourtant, pour la première fois depuis 2004, l'armée française est en première ligne dans ce pays : des hélicoptères de sa force Licorne sont entrés en action lundi soir pour attaquer les derniers bastions du pouvoir de Laurent Gbagbo à Abidjan et y détruire les armes lourdes "utilisées contre la population civile". Cette opération visait à contraindre le président sortant à céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le vainqueur de la présidentielle de novembre 2010.

Mercredi, les forces de Ouattara ont lancé l'assaut contre le bunker où est retranché Gbagbo. Mais ce dernier n'a pas encore annoncé son départ du pouvoir pour autant.

Le gouvernement français défend son attitude. ... Lire la suite sur LePost.fr

 

http://fr.news.yahoo.com/63/20110406/tpl-cte-d-ivoire-la-france-se-retrouve-p-5cc6428.html

 

 

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 22:41

La raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique) le 12 octobre 2010. JS EVRARD/SIPALe Groupe Tot

ENERGIE - Le groupe négocie avec Bercy pour prolonger un dispositif avantageux...


Le gouvernement a demandé une contribution exceptionnelle d’environ 100 millions d’euros aux groupes pétroliers pour atténuer la facture de carburants des Français.

Une goutte d’eau pour Total qui réalise les plus gros bénéfices du CAC40.  Et ne paie quasiment aucun  impôt sur les sociétés.

Selon Les Echos de mercredi, le groupe serait même entrain de négocier avec Bercy la possibilité de réduire à nouveau, voire d’annuler, son imposition d’ici à 2013.

 

Pourquoi Total ne paie aucun impôt sur les sociétés?

Une entreprise n’est taxée que sur les bénéfices qu’elles réalisent dans l’Hexagone. Or, l’activité de Total en France est déficitaire depuis 2009.

L’optimisation fiscale est aussi l’un des sports favoris des grands groupes français. De complexes mécanismes financiers permettent de réduire le montant de l’impôt.

Mais Total bénéficie surtout d’une niche fiscale avantageuse accordée à quelques entreprises tricolores (Total, Essilor, Danone, Saint-Gobain, Schneider Electric): le bénéfice mondial consolidé.

 

Qu’est-ce que le bénéfice mondial consolidé?

Créé en 1965, ce régime fiscal permet à certains groupes de déduire de leur impôt payé en France les résultats de leurs filiales à l’étranger.

Il est donc surtout intéressant pour les entreprises qui réalisent d’importants bénéfices dans l’Hexagone et sont déficitaires dans les autres pays.

L’agrément est délivré pour une période de cinq ans irrévocable. En cas d’éventuelle demande de renouvellement, la durée du nouvel agrément est de trois ans.

 

Que demande Total au gouvernement?

Total souhaite bénéficier d’un nouvel agrément jusqu’en 2013. Le groupe rappelle qu’il paye 800 millions d’euros de taxes en France et affirme que le dispositif ne lui a pas profité car il ne réalise pas de bénéfices dans l’Hexagone. Il garde cependant espoir de relancer son activité sur le territoire.

Difficile toutefois de penser que le bénéfice mondial consolidé n’a jamais profité à Total. Comme l’explique aux Echos le président de la commission des Finances, le député socialiste Jérôme Cahuzac, les filiales françaises du groupe pétrolier n’ont pas toujours été déficitaires.

 

Que faire de cette niche fiscale?

En octobre 2010, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) avait demandé la suppression de ce dispositif, dont «l’utilité économique n’est pas démontrée».

Il coûte en outre très cher au budget de l’Etat. Bercy estime que 460 millions d’euros lui seront ainsi consacrés cette année. Un montant sous-évalué, pour Jérôme Cahuzac.

Selon lui, le seul groupe Vivendi aurait reçu 580 millions d’euros l’année dernière en vertu de ce régime avantageux. Le député socialiste demande donc une totale transparence sur la mesure. 

 

E.M.
http://www.20minutes.fr/article/701863/economie-pourquoi-total-paie-impot-societes-
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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 20:44

http://lepoivron.free.fr/IMG/jpg/P77-1_Colonisation1.jpg

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«Rassembler les idées et les forces» dans la lutte contre les guerres coloniales

par Domenico Losurdo et Giuletto Chiesa
Le 6 avril 2011

Cher Losurdo,

 

Merci beaucoup de votre commentaire sur la guerre. Malheureusement, vous aurez remarqué qu’une tranche non négligeable de ce qui reste de la gauche, s’est rangée en faveur de la guerre. Et le front ex-pacifiste même s’est étiolé en nombre de ruisselets, souvent d’eaux usées, de soutiens divers au droit occidental d’apporter notre démocratie aux peuples arriérés et tribaux. J’ai l’impression qu’il faille commencer à rassembler les idées et les forces, avant que l’Empire mourant ne nous mette tous dans le panier de ce qui est à jeter au feu.

Cordiales salutations

Giulietto Chiesa

 

Cher Chiesa,

 

Je me réjouis de notre consonance non seulement sur le caractère colonialiste de la guerre contre la Libye mais aussi sur l’état confusionnel de la gauche. Il n’y pas de doute : « il faut recommencer à rassembler les idées et les forces » ! En attendant de fournir une contribution plus articulée dans cette direction, je me limiterai à deux très rapides observations :

 

1. Ce qui fut un temps la gauche a oublié jusqu’à la grammaire et à la syntaxe du discours politique. Quand nous sommes appelés à répondre sur une guerre comme celle qui est en cours, il ne s’agit pas de faire une comparaison entre la Libye de Kadhafi  et l’Occident d’Obama, Cameron et Sarkozy, mais bien d’analyser la nature de la contradiction qui a conduit à la guerre. C’est ce que nous enseigne l’histoire du colonialisme. Par exemple, quand elle s’engageait dans la conquête de l’Algérie, la France de la monarchie de juillet était probablement une société plus « libérale » et plus « moderne » que le pays arabe. Il n’en demeure pas moins que pour assujettir l’Algérie, un auteur comme Tocqueville (1) lançait un terrible mot d’ordre : « Détruire tout ce qui ressemble à une agrégation permanente de population, ou en d’autres termes à une ville. Je crois de la plus haute importance de ne laisser subsister ou s’élever aucune ville dans les domaines d’Abd-el Kader » (le leader de la résistance)» .  C’est-à-dire que, tout en étant plus « libérale » et plus « moderne » que ses victimes, la France exprimait le colonialisme dans toute sa barbarie belliciste et génocidaire.

 

2. Tout le monde se souvient qu’en Italie (et en Occident) une certaine gauche radicale a lancé en son temps le mot d’ordre du « retour à Marx » (rejetant indirectement Lénine et son analyse de l’impérialisme). Il est désormais plus clair que le présumé « retour à Marx » est en réalité un passage à (Leonida) Bissolati, le socialiste  « réformiste » qui prit position, il y a un siècle, en faveur de la mission civilisatrice de l'Italie en Libye ! Et donc, même sur le plan géographique, claire est la ligne de continuité qui va de Bissolati à… Mais, comme je l’ai dit, il s’agit de deux réflexions à chaud, sur le coup de l’indignation morale et intellectuelle envers la misère de la gauche. Reste le devoir, difficile mais inéluctable, de « rassembler les idées et les forces ». J’espère que notre échange d’idées pourra y servir de stimulus.

Bien cordialement,

Domenico Losurdo

 

Paru le 5 avril 2011 sur le blog de l’auteur

http://domenicolosurdo.blogspot.com/2011/04/lintervento-di-giulietto-chiesa-sulla.html  

 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

(1) A. de Tocqueville (1951-), Oeuvres complètes, Gallimard, Paris,  vol. III, 1, p. 229,  cité dans : Losurdo D., Staline. Histoire et critique d’une légende noire. Aden, Bruxelles (2011), p. 455. NdT.

 

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=24174

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 20:32

 

http://www.afrik-online.com/wp-content/uploads/2011/03/centrale-japon-300x168.jpg

http://www.afrik-online.com/wp-content/uploads/2011/03/centrale-japon-300x168.jpg


Des ingénieurs des États-Unis

voient une série de nouvelles menaces

à la centrale nucléaire du Japon


Des ingénieurs du gouvernement américain ont été envoyés au Japon pour porter
main forte aux efforts en cours, mais voilà que ces experts émettent des mises
en garde concernant de nouvelles menaces qui pourraient augmenter et persister
indéfiniment.  C'est à l'intérieur d'un rapport confidentiel préparé par la
Nuclear Regulatory Commission que ces ingénieurs rédigent leurs inquiétudes.

Parmi les nouvelles menaces nommées dans ce rapport, daté du 26 mars, on cite la
pression exercée sur les structures de confinement remplies d'eau radioactive,
les rendant plus vulnérables à une rupture suite à une autre secousse sismique.
Le document évoque également la possibilité d'explosions à l'intérieur des
structures de confinement en raison de la libération de l'hydrogène et de
l'oxygène de l'eau de mer pompée dans les réacteurs.  Des détails s'ajoutent sur
l'accumulation de sel qui fait obstacle à l'écoulement de l'eau douce destinée à
refroidir les noyaux nucléaires.

Les derniers obstacles qui empêchent le refroidissement du coeur des réacteurs
font croire aux experts qu'une masse radioactive pourrait rester en fusion
pendant une période prolongée.

Source:
http://www.nytimes.com/2011/04/06/world/asia/06nuclear.html?_r=1

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 20:13

Raf Custers

 

6 avril 2011

 

« Pas de contentieux SVP sur les terres rares » était le message chinois qui précédait le président Hu Jintao avant son départ aux Etats-Unis, en janvier 2011. Pourtant en Occident, les discours s’enveniment. Sans ces minerais, la fabrication de produits électroniques et « l’économie verte » tombent à sec. L’Occident en a arrêté la production (« non rentable ») laissant la Chine prendre le relais qui, du coup, en devient le seul producteur. Maintenant que la Chine utilise davantage ses propres ressources, l’Occident crie – ironie involontaire – au voleur…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette analyse fait écho à des contacts avec la FGTB Wallonne, la Fédération européenne des métallos (FEM), le Comité d'entreprise européen d'Umicore et le groupe de travail "Chine" de la CSC : le syndicat des métallos états-unien veut saisir l'OMC contre la Chine. Cela nous concerne ?

 

Les "terres rares" ? On n'en parle guère au Café du Commerce, mais elles ont envahi notre quotidien. Les applications qui les rendent nécessaires abondent, de la télé couleur aux pierres à briquet en passant par l'électronique avancée et les armes dites intelligentes (voir tableau 1, en annexe). Tous les secteurs de pointe utilisent des "aimants permanents" et d’autres composants faisant appel aux terres rares. L’importance de ces matières premières est évidente. D'autant que, pour compliquer les choses, la Chine en est devenue quasi le seul producteur. L’Union européenne, les Etats-Unis et le Japon en dépendent pour leur approvisionnement. Là, question dépendance, ils l'ont cherchée.

 

Les terres rares font partie des matériaux dits "critiques". Identifiées à partir de la fin du 18ème siècle, elles ne sont pas rares au sens propre du mot. 1 Certaines terres rares sont disponibles en plus grandes quantités que le cuivre, l’or, le plomb ou le platine. Mais, seul un nombre très restreint de gisements présente des concentrations en terres rares, souvent associées à d’autres minerais (comme le fer), susceptibles d'en rendre l'exploitation économiquement rentable. La production mondiale est relativement modeste, avec près de 130.000 tonnes en 2009 (contre 2,3 milliards de tonnes de fer).2

 

Pour les secteurs de pointe tels que l'électronique ou l'industrie "verte", ces "minerais critiques" sont indispensables. D'où forte concurrence entre les blocs économiques. Ces minerais critiques jouent en effet un rôle de premier plan pour l’industrie (voir tableau 2, en annexe).

 

Émigration, direction Beijing

 

En vingt ans, le secteur des terres rares a été bouleversé (voir tableau 3, en annexe). Jusqu’en 1990, les Etats-Unis étaient le premier producteur mondial. Ils exportaient une partie de la production au Japon, au Brésil et au Canada. Mais en 1995 la Chine arrive en tête des producteurs. Et en 1999-2000 les Etats-Unis importaient déjà plus de 90% des terres rares, directement ou indirectement de la Chine.3

 

La régression des Etats-Unis s'explique par le fait que ses grandes entreprises ont cessé d'y extraire des terres rares. D'abord en raison de l’augmentation des coûts sous la pression d’une protection plus rigide de la santé et de l’environnement. Molycorp, le numéro 1 américain, a rencontré des problèmes pour évacuer les effluents à la mine de Mountain Pass en Californie et y a fermé l’usine de traitement. Molycorp a ensuite mis la mine en veilleuse et commencé à vendre ses stocks.4

 

Là-dessus il y a l'évolution des prix sur le marché mondial. La demande en terres rares croissait, mais les prix restaient bas grâce à l’expansion de la production en Chine et à ses exportations. Par une formule imagée, on peut dire que l’Occident s'est mis à nettoyer "sa maison" en laissant à la Chine le soin de "développer" cette production sale. Le Beijing Review écrivait il y a peu : nous sommes devenus le leader mondial parce que nous avons toléré une exploitation rapide et sale.5 De 1978 à ‘89 la production chinoise de terres rares a augmenté de 40% par an.6 Dans le bassin minier de Bayan Obo, l’entreprise étatique Baotou Iron & Steel en Baotou Rare Earths contrôle la plus grande mine de terres rares au monde ; elle est intégrée dans un complexe très performant de mines et d’usines de traitement. Mais à côté des entreprises d’État, des centaines d’exploitations privées ont proliféré. Au Jiangxi, on en comptait 1.035 à un moment donné. Ces exploitations sont à l'origine d'un cauchemar environnemental. Mais elles permettaient aux consommateurs occidentaux d’acheter des terres rares à bas prix.

 

Les chiffres des réserves de terres rares confirment que la Chine est devenue le fournisseur de l’Occident. En 1990, le service géologique des Etats-Unis estimait que les réserves mondiales étaient de 62 millions de tonnes. De ce volume (exploitable avec les techniques de l’époque), 48 millions de tonnes ou 78% se trouvaient en Chine contre 22% dans les "pays à économie de marché". En 1995 et 2000, les réserves mondiales étaient estimées à 100 millions de tonnes, mais la part de la Chine avait diminué jusqu’à 43%. Aujourd’hui la Chine détient encore 36% des réserves mondiales. Cela démontre que la Chine a exploité ses réserves, tandis qu’en dehors de la Chine on a exploré et augmenté les réserves connues, mais sans y toucher. L’Occident a même créé des stocks de terres rares importées de la Chine.7

 

La Chine reprend ses billes

 

Mais la Chine va changer son fusil d’épaule. La politique de réformes menées depuis 1978 pour ouvrir le pays et faire croître l’économie est remplacée par une politique de croissance interne et de rééquilibrage national. Depuis 2006 les autorités chinoises imposent des quotas d’exportations de terres rares à ne pas dépasser et les exportations baissent graduellement (voir Tableau 4, en annexe).

 

Plusieurs facteurs sont à l’œuvre. Primo, les terres rares doivent dorénavant alimenter l’industrie chinoise verte, en forte progression. Secundo, le secteur minier et l’industrie lourde (l’acier) sont sujets à un assainissement radical. En 2010, près de 1.600 mines de charbon dangereuses, sales et délabrées, sont fermées. Dans la province d’Hunan, c'est le cas de plus de 100 mines et fours illégaux d’antimoine. Les mines de terres rares n’échappent pas au processus.8 Tertio, le secteur des terres rares est restructuré autour de 5 ou 6 entreprises d’État. En 2015, le nombre d’entreprises de terres rares est réduit de 90 à 25.9 La Chine veut aussi mettre fin à une spoliation anarchique de ses réserves qui, au rythme actuel d’extraction, seraient épuisées dans 35 ans.10

 

En dernier lieu, la Chine veut un meilleur prix pour ses terres rares sur le marché mondial. Elle veut donc inverser la situation qui a prévalu entre 1998 et 2005 lorsque les exportations de terres rares avaient été multipliées par dix, mais les prix diminuaient de 36%.11

 

Appel à la gendarmerie (OMC)

 

Ce changement de politique se heurte à l’incompréhension de l’Occident qui s’inquiète pour son approvisionnement. En septembre 2010, double coup de semonce. Du Japon d'abord qui, ayant arraisonné un bateau de pêche chinois, voit ensuite ses livraisons bloquées dans des ports en Chine. Le Japon accusera la Chine d’avoir délibérément interrompu ses exportations de terres rares. Quoi qu'il en soit, l'incident va susciter l’impression que la Chine s’est servie de son monopole pour punir un concurrent.

 

Au même moment, aux Etats-Unis, le syndicat des métallos United Steelworkers (USW) introduit une plainte formelle contre la Chine, pour entrave à la concurrence dans l’économie verte, auprès de l’envoyé commercial du gouvernement de Washington.12 Dans son argumentaire, l’USW dénonce les restrictions chinoises à l'accès à des matériaux critiques. Selon l’USW, la Chine a pris une série de mesures que n'autorise pas l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le syndicat ajoute que les restrictions à l’exportation font croître les prix en dehors de la Chine et incitent des entreprises à délocaliser en Chine, ce qui priverait les Etats-Unis de son industrie verte. La plainte de l’USW sera prise en considération par le gouvernement américain, mais n’a pas encore été suivie d’une plainte formelle américaine auprès de l’OMC. Il faut ajouter ici qu’en 2009 les Etats-Unis, l’Union européenne et le Mexique ont déjà déposé une plainte contre la Chine à l’OMC, parce que la Chine limiterait les exportations d’une dizaine de minerais, allant de la bauxite au zinc.

 

Pour sa part, la Chine rétorque en affirmant son droit d’utiliser ses propres ressources naturelles et, par ailleurs, en niant imposer des quotas à l'exportation pour les composants (fabriqués en Chine).13 Des sources chinoises mettent également le doigt sur le fait que les critiques occidentales n'ont d’yeux que pour leur propre intérêt et ne cherchent que des prix les plus bas possible. Elles ajoutent que la Chine fait ce que les Etats-Unis ont fait avant, c’est-à-dire assainir des mines polluantes.14

 

D’autres organes que l’USW ont mis en exergue la dépendance aux terres rares à la Chine. C’est le cas du parlement et des ministères de la Défense et de l’Energie aux Etats-Unis, du gouvernement japonais et des institutions européennes et de l’industrie allemande. Pour l'heure, cependant, la plainte des United Steelworkers – et ses préoccupations pour l’emploi – forme la pointe la plus combative dans la controverse.15

 

L'Europe montre ses dents

 

Désormais, deux tendances se manifestent. Tout d’abord, l’industrie des terres rares en dehors de la Chine se dynamise davantage. Molycorp va rouvrir la mine de Mountain Pass et a recueilli 275 millions d’euros de capitaux frais pour le faire. En Australie la société Lynas va rouvrir la mine de Mount Weld. Au moins vingt projets d’exploration et de production sont en cours. Les financiers voient des opportunités de faire des profits et investissent dans les projets. En automne par exemple, un index boursier d’entreprises de terres rares a augmenté de 35%. En même temps, des grands consommateurs développent des techniques alternatives qui les rendront moins dépendants des terres rares. Le constructeur Toyota travaille sur un prototype de moteur sans aimants permanents, tant que la société Hitachi dispose d’un procédé pour récupérer les terres rares sur les disques durs. Sur le plan diplomatique, le président chinois, Hu Jintao, en visite aux Etats-Unis, a rassuré les Américains que "la collaboration pratique" en place depuis deux ans continuera au profit des deux pays.16

 

Mais en Europe les propos se durcissent. La position adoptée par le Bundesverband der Deutschen Industrie (BDI), qui regroupe les fédérations patronales allemandes, est significative. Lors de son troisième congrès sur la sécurité d’approvisionnement en matières premières ("Rohstoffsicherheit") en octobre 2010, son président Hans-Peter Keitel déclare : "Nous ne sommes en guerre avec personne, mais la Chine cause le plus de problèmes et ses mesures vont à l’encontre des règles de l’OMC". Et d'ajouter : "Particulièrement conflictuel est le cas des terres rares" parce que nous en procurons 97% en Chine.17 La solution ? Un accès libre à ces ressources naturelles.

 

L'accès libre ("Freier Zugang")que l’industrie allemande réclame pour elle-même, elle ne l’accorde pas aux entreprises chinoises en Europe de l’Est et en Asie Centrale, qui sont devenues son nouvel "hinterland" (zones d'influence). Cela ressort d'une étude produite par le bureau pour l’Europe de l’Est du BDI, dont la chancelière Angela Merkel reprend aussitôt la conclusion.18 "Il y a encore beaucoup d’espace à saisir", déclare Madame Merkel. Traduction : beaucoup d’opportunités existent pour nouer des relations économiques, également par rapport aux terres rares "dont nous avons besoin pour les batteries".19

 

Le président du BDI s’est félicité du fait que l’Allemagne et ses industriels sont à la base de la stratégie d’approvisionnement élaborée depuis 2007-2008 par la Commission européenne, connue sous le nom de "Initiative des Matières Premières". Ses documents de travail identifient 14 minerais critiques, dont les terres rares (voir Tableau 5, en annexe). Le 2 février 2011, un plan d’action est rendu public par la Commission afin d'assurer l'approvisionnement de l’industrie de l’UE en minerais critiques. On constate dans cette communication une même détermination que dans les déclarations allemandes d’accéder aux minerais et de sévir contre toute restriction d’exportation. La Commission n’exclut pas non plus de représailles commerciales. Pragmatisme ? Dites plutôt : œil pour œil. L'Occident garde son casque colonial, comme disait l'autre.

 

Annexes

 

Tableau 1 - Terres Rares - Applications

Terres Rares légères (plus abondantes)

Application principale

Terres Rares lourdes (moins abondantes)

Application principale

Lanthanum

Moteurs hybrides, alliage

Terbium

Phosphore, aimants permanents

Cerium

Catalysateur, alliages de métaux

Dysprosium

Aimants permanents, moteurs hybrides

Praseodymium

Aimants

Erbium

Phosphore

Neodymium

Catalysateur, raffinage de pétrole, disques durs, casques d’écoute, moteurs hybrides

Yttrium

Couleur rouge, lampe fluorescente, céramique, agent d’alliage

Samarium

Aimants

Holmium

Couleur de verre, lasers

Europium

Couleur rouge pour écrans de télé et d’ordinateur

Thulium

Unités Rayon-X médicales

Gadolinium

Aimants

Lutetium

Catalysateur pour raffinage de pétrole

 

 

Ytterbium

Lasers, alliages d’acier

Source : DOI, U.S. Geological Survey, Circular 930-N. US Congressional Research, sept 2010

Tableau 2 : Technologies vertes - Matériaux et applications

Problème

Solutions

Matières premières

Approvisionnement énergie

Piles à combustible

Platinum, palladium

Terres Rares (TR)

Cobalt

Véhicules hybrides

Samarium (aimants permanents)

TR : Neodynium (aimants performants)

Argent (générateurs avancés d’électromoteurs)

Platinum, palladium (catalysateurs)

Energies alternatives

Silicon, gallium (cellules photovoltaïques)

Argent (cellules photovoltaïques, collection et transmission d’énergie)

Or, argent (miroirs ultras performants)

Stockage d’énergie

Lithium, zinc, tantalum, cobalt (batteries rechargeables)

Conservation d’énergie

Technologies avancées de refroidissement

TR

Nouvelles techniques lumineuses

TR, indium, gallium (LED, LCD, OLED)

Pneus économiques en énergie

Plusieurs minerais industriels

Super-alliages (turbines d’avion très efficientes)

Rhenium

Protection de l’environnement

Prévention d’émissions

Platinum, palladium

Purification d’émissions

Argent, TR

Machines à haute précision

Nanotechnologie

Argent, TR

Limites des technologies de l’information (TI)

Miniaturisation

Tantalum, ruthenium (solutions MicroLab)

Nouvelles solutions TI

Indium (processeurs)

Wolfram (aciers performants)

Radio-identification (appareils mobiles)

Indium, TR, argent

Source : Commission Staf Working Document accompanying COM(2008) 699.
(Version française non disponible)

Tableau 3 : Terres rares : production mondiale par pays (en tonnes équivalent d’oxydes de TR)

Pays

1988

1999

1990

1995

2000

2004

2008

Etats-Unis

11.533

20.787

22.713

22.200

5.000

-

 

Chine

29.640

25.220

16.480

25.000

73.000

98.000

125.000

Australie

6.530

7.400

7.975

-

/

 

 

URSS / CEI

 

 

 

6.000

2.000

Pas disponible

 

Inde

2.200

2.200

2.475

2.700

2.700

2.700

2.700

Kyrgystan (*)

 

 

 

 

16.536

Pas disponible

NA

Brésil

1.690

1.900

1.100

400

 

402

550

Malaisie

1.630

1.646

1.925

448

450

250

380

Thaïlande

375

365

358

-

-

 

 

Sri Lanka

110

110

110

120

120

 

 

Canada

100

100

-

/

-

 

 

Zaïre

92

96

94

11

 

 

 

Total

53.900

59.824

53.230

56.900

83.300

101.000

129.000

(*) Total de différents produits TR
Source : Mineral Yearbooks 1990-2008, US Geological Survey

Tableau 4 : Chine, exportations de terres rares (tonnes)

 

2005

2006

2007

2008

2009

2010

S1-2011

Quotas d’exportations

 

62.000

60.000

47.449

50.145

30.258

14.446

Terres rares métal, scandium & yttrium

12.986

13.677

12.458

6.961

5.345

-

 

Agrégats composites de terres rares & métal

52.220

52.732

41.894

48.024

38.573

39.813

 

Sources : COMTRADE, UN Statistics Division (2005-2009) ; China Customs Statistics, citées par Miningweekly (2010), Ministère du Commerce (cité dans Beijing Review, 21 janvier 2011)

Tableau 5 : Matières premières critiques pour l’UE (en ordre alphabétique) :

Antimoine

Indium

Béryllium

Magnésium

Cobalt

Niobium

Fluorite

Platine (groupe de métaux)

Gallium

Tantale

Germanium

Terres Rares

Graphite

Wolfram

Source : Critical raw materials for the EU, European Commission DG Enterprise and Industry, 30 July 2010. (Version française non disponible)


1 Le groupe des terres rares compte 15 éléments métalliques (les numéros 57 à 71 dans le Tableau Périodique) avec des caractéristiques chimiques similaires. Ce sont le lanthanum, cerium, praseodymium, neodymium, promethium, samarium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium et lutetium. Souvent le scandium (21) et l’yttrium (39) sont cités avec les 15 terres rares.

2 Chiffres compilés du US Geological Survey.

3 Rare Earth Elements - Critical Resources for High Technology, USGS Fact Sheet 087-02, 2002.

4 James B. Hedrick, Rare Earths. USGS Minerals Yearsbook 2004.

5 “It was the country’s tolerance for quick and dirty extraction that made it the global leader”. Rare earth even rarer, Beijing Review, 21 janvier 2011.

6 Hurst, Cindy, China’s Rare Earth Elements Industry : What Can the West Learn ? Institute for the Analysis of Global Security, Washington mars 2010.

7 Selon Xu Giangxian, l’expert chinois par excellence, la Corée du Sud et le Japon ont suffisamment stocké de terres rares pour couvrir 20 ans. 20% des livraisons au Japon proviendraient du marché noir en Chine. Chinese expert calls for immediate stockpiling, Metal Pages, 2 novembre 2009, cité dans Cindy Hurst, o.c.

8 L’antimoine est utilisé entre autres comme anti-ignifuge dans des vêtements. La Chine produit près de 90% de la production mondiale. Antimony on a high as Beijing goes green, Financial Times, 15 septembre 2010.

9 China’s rare earth campaign targets environmental protection, Xinhua Insight, o.c. 16 septembre 2010.

10 Xu Guangxian et al, An Emergency Call for the Protection of Thorium and Rare Earth Resources at Baiyun Erbo and the Prevention of Radioactive Contamination of the Yellow River and Baotou, cité dans Cindy Hurst, o.c.

11 Beijing Review, o.c, 21 janvier 2011.

12 USW Files Trade Case to Preserve Clean, Green Manufacturing Jobs in America, United Steelworkers, communiqué de presse, 9 septembre 2010. La plainte consiste d’un dossier de 5800 pages. A notre demande à l’USW d’obtenir le dossier complet, ce syndicat nous a référé au site Internet de l’envoyé commercial du gouvernement américain où l’on trouvera un résumé. Voir : http://www.ustr.gov/about-us/press-office/reports-and-publications/2010/petition-chinas-policies-affecting-trade-and-inv

13 China does not have monopoly on rare earth, Caijing Guojia Zhoukan, 31 octobre 2010.

14 China defends its policy on rare earth export control, gov.cn, 29 août 2010.

15 Cette position est aussi plus chauviniste que celle prise par la Chambre de Commerce des Etats-Unis. Que dire par exemple de cette phrase : "The USW believes that the nation that leads the clean energy economy will lead the global economy". Dans : United Steelworkers’ Section 301 Petition Demonstrates China’s Green Technology Practices Violate WTO Rules, USW communiqué, 9 septembre 2010.

16 China leader answer questions on currency, relations with US, Wall Street Journal, 17 janvier 2011.

17 Hans-Peter Keitel, Rede. Rohstoffsicherheit für Deutschland und Europa, 26 octobre 2010.

18 “A possible model for such a strategy would be the natural gas pipes business which the Federal Republic agreed with the former Soviet Union in the seventies”, Dans : Position Paper. Chinese Activities in Eastern Europe. Success through market-aggressive financing offers, Ost-Ausschuss des Deutschen Wirtschaft, BDI, octobre 2010.

19 Rede von Bundeskanzlerin Dr. Angela Merkel auf der Jahresmitgliederversammlung des Ost-Ausschusses des Dertschen Wirtschaft, Berlijn, 14 oktober 2010.

 

Source : gresea.be

 

http://www.michelcollon.info/Terres-rares-enjeu-de.html

 

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INVESTIG'ACTION - michelcollon.info
AGENDA : 7 avril - Louvain la Neuve
« Que sait-on de la guerre en Libye ? », Michel Collon, Luc Gennart, Pr. Michel Liegois, modéré par un journaliste de La Libre Belgique - 18h30, auditoire Montesquieu 02, place Montesquieu 1. Parking Grand-Place - Org. Kot Citoyen - Contact : kotcitoyen@kapuclouvain.be

LIBYE :
La France, boucher raciste de Haïti, du Vietnam, de la Syrie, de l'Algérie est le premier pays à bombarder la Libye - Jay Janson
A quelques kilomètres de Tripoli, on se souvient encore de la grande âme française

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 19:54

Derrière la démocratie états-unienne : l’État profond

 

Dans un ouvrage enfin disponible en français, le professeur Peter Dale Scott retrace l’histoire de « l’État profond » aux États-Unis, c’est-à-dire de la structure secrète qui pilote la politique extérieure et de Défense au-delà de l’apparence démocratique. Cette étude est l’occasion de mettre en lumière le groupe qui a organisé les attentats du 11-Septembre et qui se finance via le trafic mondial des drogues. Ce livre de référence est d’ores et déjà conseillé à la lecture dans les académies militaires et diplomatiques.

 

 


5 avril 2011

 

 

 

 

 

 

 

Réseau Voltaire : Professeur Scott, sachant que votre travail n’a pas encore la notoriété qu’il devrait avoir dans le monde francophone, pourriez-vous commencer par nous définir ce qu’est la « Politique profonde » (Deep Politics), et nous expliquer la distinction entre ce que vous appelez l’« État profond » et l’« État public » ?

Peter Dale Scott : L’expression « État profond » vient de la Turquie. Elle dut être inventée en 1996 après l’accident d’une Mercedes roulant à vive allure – voiture dont les occupants étaient un membre du parlement, une reine de beauté, un important capitaine local de la police, et le principal trafiquant de drogue de Turquie, qui était également le chef d’une organisation paramilitaire — les Loups Gris — qui assassinait des gens. Et il devint flagrant qu’il existait en Turquie une relation secrète entre la police — qui recherchait officiellement cet homme, bien qu’il soit alors dans la voiture avec un policier — et ces individus qui commettaient des crimes au nom de l’État. L’État pour lequel vous commettez des crimes n’est pas un État qui peut montrer sa main au public. C’est un État dissimulé, une structure secrète. En Turquie, ils l’ont appelé l’« État profond » [1], et j’avais depuis longtemps parlé de « Politique profonde », donc j’ai utilisé cette expression dans La Route vers le Nouveau Désordre Mondial.

J’ai défini la politique profonde comme étant l’ensemble des pratiques et des dispositions politiques, intentionnelles ou non, qui sont habituellement critiquées ou tues dans le discours public plus qu’elles ne sont reconnues. Donc l’expression « État profond » – inventée en Turquie – ne vient pas de moi. Elle se réfère à un gouvernement parallèle secret organisé par les appareils militaires et de renseignement, financé par la drogue, qui s’engage dans des violences illicites afin de protéger le statut et les intérêts de l’armée contre les menaces qu’incarnent les intellectuels, les religieux et occasionnellement le gouvernement constitutionnel. Dans La Route vers le Nouveau Désordre Mondial, j’adapte quelque peu cette expression pour me référer à l’interface plus large, aux États-Unis, entre l’État public constitutionnellement établi d’une part, et les forces profondes en arrière plan de celui-ci : les forces de la richesse, du pouvoir et de la violence situées en dehors du gouvernement. Nous pourrions appeler cette interface la « porte de derrière » de l’État public, donnant accès à des forces obscures situées hors du cadre légal. L’analogie avec la Turquie n’est pas parfaite, car ce que nous pouvons observer aujourd’hui aux États-Unis est moins une structure parallèle qu’une vaste zone ou milieu d’interactions entre l’État public et des forces obscures invisibles. Mais cette interaction est considérable, et nous avons besoin d’une appellation telle qu’« État profond » pour la décrire.

Réseau Voltaire : Votre ouvrage, La Route vers le Nouveau Désordre Mondial, a été écrit lorsque le régime Bush était en place, puis réactualisé pour les besoins de la traduction française ; selon vous, l’État profond a-t-il été affaibli au profit de l’État public suite à l’élection de Barack Obama, ou au contraire s’est-il renforcé avec la crise et l’administration actuelle ?

Peter Dale Scott : Après deux années de présidence Obama, je dois conclure avec regret que l’influence de l’État profond, ou plus exactement de ce que j’appelle dans mon dernier livre « La Machine de guerre états-unienne » (American War Machine), a continué de s’étendre, comme elle l’a fait sous chaque président des États-Unis depuis Kennedy. Un signe important de cela est l’ampleur avec laquelle Obama, en dépit de sa rhétorique de campagne, a continué d’élargir le champ d’application du secret au sein du gouvernement US et de punir les lanceurs d’alertes : sa campagne contre Wikileaks et Julian Assange, qui n’a pas encore été inculpé d’un quelconque crime, est sans précédent dans l’Histoire des États-Unis. Je suspecte que la peur de la publicité qui est perceptible à Washington soit liée à la conscience que les politiques de guerre des États-Unis sont de plus en plus en décalage avec la réalité. En Afghanistan, Obama semble avoir capitulé face aux efforts du général Petraeus et d’autres généraux visant à s’assurer que les troupes US ne commenceraient pas à se retirer des zones de combat en 2011, tel qu’il avait été anticipé lorsqu’Obama autorisa une augmentation du nombre de soldats en 2009. Le dernier livre de Bob Woodward, intitulé Obama’s Wars, rapporte que durant ce long débat dans l’administration pour trancher s’il fallait décider d’une escalade militaire en Afghanistan, Leon Panetta, le directeur de la CIA, conseilla à Obama qu’« aucun président démocratique ne peut aller à l’encontre des conseils de l’armée... Donc faites-le. Faites ce qu’ils vous disent. » Obama a récemment dit à des soldats US en Afghanistan : « Vous accomplissez vos objectifs, vous réussirez votre mission ». Cet écho des témoignages antérieurs – sottement optimistes – de Petraeus illustre pourquoi il n’y a pas eu d’évaluation réaliste du déroulement de la guerre au sein de la Maison Blanche en décembre 2010, comme il avait été initialement mandaté.

À l’image de Lyndon Johnson avant lui, le Président est à présent piégé dans un bourbier qu’il n’ose pas perdre, et qui menace de s’étendre au Pakistan autant qu’au Yémen, sinon au-delà. Je suspecte que les forces profondes qui dominent les deux partis politiques sont maintenant si puissantes, si affluentes, et par dessus tout si investies dans les profits générés par la guerre, qu’un président est plus loin que jamais de remettre en cause ce pouvoir, même s’il devient de plus en plus clair que l’ère de domination mondiale des États-Unis, comme celle de la Grande-Bretagne auparavant, est sur le point d’arriver à son terme.

Dans ce contexte Obama, sans débat ou révision, a prolongé l’état d’urgence intérieur proclamé après le 11-Septembre, avec les drastiques limitations des droits civils que cela implique. Ainsi, en septembre 2010, le FBI a pris d’assaut les bureaux de défenseurs pacifiques des droits de l’homme à Minneapolis et à Chicago, se basant sur un récent jugement de la Cour Suprême en vertu duquel l’expression et l’activisme non-violents relevant du Premier Amendement constituent des crimes s’ils sont « coordonnés avec » ou « sous la direction » d’un groupe étranger désigné comme « terroriste ». Il doit alors être relevé qu’en 9 ans, le Congrès ne s’est pas une seule fois réuni pour débattre de l’état d’urgence décrété par George W. Bush en réponse au 11-Septembre, un état d’urgence qui demeure donc effectif aujourd’hui. En 2009, l’ancien député au Congrès Dan Hamburg et moi-même avons publiquement fait appel à la fois au Président Obama pour qu’il mette un terme à cette urgence, et au Congrès pour qu’il tienne les audiences requises par son statut. Mais Obama, sans discuter, a prolongé à nouveau l’urgence du 11-Septembre le 10 septembre 2009, et une nouvelle fois l’année suivante. Entre-temps, le Congrès a continué d’ignorer ses obligations statutaires.

Un député du Congrès a expliqué à l’un de ses administrés que les provisions du National Emergencies Act ont maintenant été rendues inopérantes par la COG (Continuity of Government), un programme ultrasecret destiné à organiser la direction de l’État dans le cas d’une urgence nationale. Le programme de la COG fut partiellement mis en œuvre le 11-Septembre par Dick Cheney, l’un des principaux architectes de ce programme développé dans un comité opérant en dehors du gouvernement régulier depuis 1981 [NdT : voir plus bas pour plus de détails au sujet de la COG]. S’il est vrai que les dispositions du National Emergencies Act ont été rendues inopérantes par la COG, cela indiquerait que le système constitutionnel de contre-pouvoirs ne s’applique plus aux États-Unis, et que les décrets secrets priment dorénavant sur la législation publique.

Réseau Voltaire : Dans ce contexte, pourquoi le Congrès des États-Unis ne joue-t-il pas son rôle dans la limitation des pouvoirs secrets qui fut mise en place après le Watergate ? Quelles furent les conséquences de l’éviction de Nixon et du renforcement de la supervision du Congrès sur les opérations secrètes des services de renseignement des États-Unis ?

Peter Dale Scott : La stratégie de Nixon concernant le Vietnam consista à tenter d’obtenir le soutien du côté opposé en passant des accords stratégiques autant avec l’Union soviétique qu’avec la Chine. Ceci produisit une violente opposition de la part des « faucons » aussi bien que des « colombes » au sein d’une nation profondément divisée ; et je crois que des « faucons » issus de la CIA autant que du Pentagone prirent part à la crise fabriquée du Watergate qui conduisit à la démission forcée de Nixon. À la suite du Watergate, les « colombes » au sein du Congrès dit « McGovernite » de 1974 menèrent à bien un certain nombre de réformes au nom de politiques plus ouvertes et publiques, abolissant un état d’urgence qui avait survécu depuis la guerre de Corée, et établissant les restrictions juridiques et législatives sur la CIA et sur d’autres aspects du gouvernement secret. Ces réformes produisirent en retour une mobilisation concertée afin de les renverser, et de restaurer le statu quo ante. Ce débat politique sous-tendait un désaccord au sein de la direction du pays entre ceux que l’on appelait les « négociants » et les « Prussiens », la question étant de savoir si les États-Unis, suite au fiasco du Vietnam, devaient s’efforcer de revenir à leur rôle antérieur de nation commerçante prééminente, ou s’ils devaient répondre à la défaite du Vietnam par un accroissement supplémentaire de leurs forces armées.

Cette lutte bureaucratique et idéologique fut simultanément une lutte entre les modérés et les militaristes pour le contrôle du parti Républicain. Ceci culmina dans la chute de Nixon et la redirection graduelle de la politique étrangère des États-Unis — durant la présidence Ford — de la coexistence pacifique avec l’Union soviétique vers des plans d’affaiblissement puis de destruction sous Ronald Reagan de ce que ce dernier appela « l’Empire du Mal ». Ainsi, en octobre 1975, l’implication très probable de Dick Cheney et de Donald Rumsfeld dans la révolution de palais connue par les historiens sous le nom de « Massacre d’Halloween » signifia la défaite du républicanisme modéré de Nelson Rockefeller. Essentiellement, elle signifia la réorganisation de l’équipe de Ford préparant la fin de la détente.

Dick Cheney et Donald Rumsfeld, dirigeant alors l’équipe de la Maison Blanche du Président Gerald Ford et contrôlant le secrétariat à la Défense, jouèrent un rôle décisif dans le triomphe ultime des Prussiens en éloignant Henry Kissinger et en nommant George H.W. Bush en tant que directeur de la CIA, où il mit sur pied une nouvelle estimation, plus alarmiste, de la menace soviétique (d’où l’explosion correspondante des budgets de défense et le sabordage de la Détente). Depuis lors, nous avons pu observer une influence de plus en plus importante sur l’économie politique des États-Unis de ce que Dwight D. Eisenhower appela le « complexe militaro-industriel » dans son discours historique de fin de mandat prononcée le 17 janvier 1961.

Aujourd’hui, nous sommes sous un état d’urgence nouveau et étendu, et la supervision par le Congrès des opérations secrètes de l’État profond des États-Unis est devenue presque inexistante. Par exemple, la supervision juridiquement mandatée par le Congrès des opérations secrètes de la CIA a été évitée avec succès par la création en 1981 du Joint Special Operations Command (JSOC) au Pentagone, qui incorpore simplement du personnel de la CIA dans ses opérations. Le JSOC, aujourd’hui connu sous l’appellation Special Operations Command, est devenu le centre des opérations secrètes du Pentagone, comme celles conduites sous la direction du général Stanley McChrystal avant qu’il ne soit nommé commandant des forces armées de l’OTAN en Afghanistan.

Réseau Voltaire : Dans la question précédente, vous avez brièvement évoqué le rôle important de George Bush senior dans le sabordage de la Détente voulue par Henry Kissinger. M. Bush a pourtant passé une très brève période à la tête de la CIA. Est-ce que le remplacement de George H.W. Bush par l’amiral Stansfield Turner, plus modéré, à la tête de cette Agence a accru le contrôle des opérations secrètes menées par différents éléments de l’État profond des États-Unis ?

Peter Dale Scott : Non, absolument pas. Ce fut le contraire, car certains des acteurs clés de ce que je viens d’expliquer, une fois évincés de la CIA suite à la nomination de l’amiral Turner, se trouvèrent une nouvelle « maison » en travaillant pour ce que l’on appelle le Safari Club. Le Safari Club était une organisation secrète hors registres unissant les directeurs des services de renseignement de nombreux pays — incluant la France, l’Égypte, l’Arabie saoudite, et l’Iran—. Notamment impulsée par celui qui était alors le directeur des renseignements extérieurs français, feu Alexandre de Marenches, cette organisation avait comme objectif de compléter secrètement les actions de la CIA en menant d’autres opérations anti-communistes en Afrique, en Asie centrale et au Moyen-Orient — opérations sur lesquelles le Congrès des États-Unis n’exerçait aucun contrôle—. Ensuite, en 1978, Zbigniew Brzezinski — qui ne faisait pas partie du Safari Club — supervisa un contournement de l’amiral Turner en organisant une unité spéciale au sein de la Maison-Blanche avec Robert Gates, l’actuel secrétaire à la Défense qui était alors un jeune agent opérationnel de la CIA. Sous la direction de Brzezinski, des officiers de la CIA s’allièrent à l’agence de renseignement de l’Iran, la SAVAK, afin d’envoyer des agents islamistes en Afghanistan, déstabilisant le pays d’une manière qui mena à l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique en 1980.

La décennie suivante, marquée par l’implication secrète de la CIA en Afghanistan, fut déterminante dans la conversion de ce pays en un vivier de la culture de pavot, du trafic d’héroïne et de l’islamisme jihadiste. À ce sujet, il existe de très bons livres qui furent publiés il y a quelques années — l’un par Tim Weiner, l’autre par John Prados —. Mais du fait qu’ils se sont adressés à des officiers de la CIA qui leur ont montrés seulement une poignée de documents récemment déclassifiés, ces auteurs ne parlent pas de la drogue dans ces livres. La connexion narcotique est si profonde qu’elle n’est pas mentionnée dans les documents de la CIA rendus publics. Mais la collaboration de la CIA dirigée dès 1981 par William Casey avec la banque de la drogue appelée Bank of Credit and Commerce International (BCCI) encouragea la création d’une immense narco-économie en Afghanistan, dont les conséquences déstabilisantes contribuent à expliquer pourquoi des soldats de l’OTAN, des Afghans et des Pakistanais meurent quotidiennement dans ces contrées [2]. La BCCI fut une énorme banque de blanchiment des revenus de la drogue. Avec ses budgets, ses ressources, elle corrompait des politiciens de premier plan à travers le monde — des Présidents, des Premiers ministres...— Et une part de cet argent sale — on n’en parle pas beaucoup, mais c’est la réalité — atteignait des politiciens aux États-Unis, des politiciens des deux partis, et c’est l’une des principales raisons expliquant pourquoi nous n’avons jamais obtenu une enquête du Congrès visant la BCCI. Il y eut en fait un rapport du Sénat qui fut publié, signé par un Républicain, Hank Brown, et un Démocrate, John Kerry. Et Brown félicita Kerry pour avoir le courage d’écrire ce rapport alors que tant de personnes dans son parti étaient concernées par la BCCI. Cette dernière fut un facteur prépondérant dans la création de connexions avec des gens comme Gulbuddin Hekmatyar, qui était probablement le principal trafiquant d’héroïne au monde durant les années 1980. Il devint également le premier bénéficiaire des largesses de la CIA, complétées par une somme égale d’argent venant d’Arabie saoudite. Il y a quelque chose de terriblement néfaste dans une telle situation !

Réseau Voltaire : En 1976, Jimmy Carter a été élu en partie sur la base d’un programme de réduction des dépenses militaires et de détente avec l’Union soviétique, qui n’a pas été suivi dans les faits, durant les 4 ans de sa présidence. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? Est-ce que son conseiller à la Sécurité Nationale Zbigniew Brzezinski — que vous avez évoqué dans votre réponse précédente — a joué un quelconque rôle dans cette politique étrangère nettement plus agressive qu’attendu ?

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Né en 1929 à Montréal, Peter Dale Scott est un ancien diplomate, un poète et un auteur canadien. Il est également professeur émérite de Littérature anglaise à l’Université de Berkeley, en Californie. Renommé pour ses positions anti-guerre et ses critiques à l’encontre de la politique étrangère des États-Unis depuis la guerre du Viêt Nam, Peter Dale Scott est un auteur et analyste politique salué par la critique et reconnu par ses pairs, parmi lesquels son proche ami Daniel Ellsberg, qui est connu comme « l’homme qui fit tomber Nixon ».

Peter Dale Scott : Les médias présentaient Carter comme un candidat populiste, un fermier sudiste cultivant des cacahuètes. Mais la réalité profonde était que Carter avait été préparé pour la présidence par Wall Street, et particulièrement par la Commission Trilatérale qui était financée par David Rockefeller, et dirigée par Zbigniew Brzezinski. Brzezinski, un Polonais viscéralement antisoviétique, devint alors le conseiller à la Sécurité nationale de Carter ; et dès le début de ce mandat, il court-circuita continuellement le secrétaire d’État Cyrus Vance afin de poursuivre une politique étrangère plus vigoureusement antisoviétique. En cela, Brzezinski alla à l’encontre des buts affichés de la Commission Trilatérale, dont le Président Carter avait été membre. L’idée sous-jacente de la Commission Trilatérale était une image plutôt attirante d’un monde multipolaire dans lequel les États-Unis auraient joué le rôle du médiateur entre le Deuxième Monde, c’est-à-dire le bloc soviétique, et le Tiers-Monde, qui était ce que l’on appelait à cette époque les pays sous-développés, ou les moins développés... Entre parenthèses, je déteste cette expression, ayant vécu en Thaïlande : dans certains aspects, ils sont bien plus développés que nous le sommes !

En résumé, lorsqu’il a été élu, Carter nomma comme secrétaire d’État un authentique trilatéraliste, Cyrus Vance, et il avait comme conseiller à la Sécurité Nationale Zbigniew Brzezinski, qui était déterminé à utiliser l’État profond afin d’infliger autant de dommages qu’il pouvait à l’Union soviétique. Et la majorité de ce qui est perçu comme les « succès » du régime de Reagan eurent clairement leurs origines sous Brzezinski. Ce fut une totale répudiation de ce pourquoi la Commission Trilatérale s’était engagée. Carter — ce pauvre homme — fut élu en promettant des coupes dans le budget de la Défense et, avant qu’il ne soit parti, il avait engagé le département de la Défense dans de massives augmentations budgétaires qui, encore une fois, furent associées à Reagan, mais furent initiées avant lui. Par conséquent, une campagne massive visant à une hausse des budgets de défense — discrètement menée par de riches industriels de l’appareil militaire qui agissaient à travers le Comité sur le Danger Présent — amena l’opinion publique états-unienne à renforcer l’impulsion de Brzezinski pour une présence et une politique étrangère US plus militantes, particulièrement dans l’Océan indien.

Réseau Voltaire : Après avoir été un homme très influent auprès du Président Gerald Ford, Dick Cheney — aux côtés de son mentor Donald Rumsfeld et du vice-président George H.W. Bush — a été depuis la présidence Reagan l’un des hommes clés du programme ultra secret de « Continuité du Gouvernement » (Continuity of Government, COG). Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce programme ? A-t-il déjà été appliqué, même partiellement ?

Peter Dale Scott : Depuis le début de la présidence de Reagan en 1981, un groupe secret évoluant en dehors du gouvernement régulier fut mis en place afin de travailler sur ce que l’on appelle la Continuité du Gouvernement (« Continuity of Government » ou COG), en d’autres termes des plans de la COG destinés à organiser la gestion de l’État en cas d’urgence nationale. Ce programme était initialement une extension de plans préexistants visant à répondre à une attaque nucléaire qui décapiterait la direction des États-Unis. Mais avant la fin du mandat de Reagan, les termes furent modifies par son ordre exécutif 12686 de 1988 afin de couvrir n’importe quelle urgence.

La COG est une autre chose que l’on associe à Reagan, mais ces plans commencèrent en réalité sous Jimmy Carter, même si ce dernier peut ne jamais avoir été au courant de cela. En effet, Carter créa la FEMA [l’Agence fédérale de gestion des situations d’urgence], qui a historiquement toujours été l’infrastructure de planification de la COG. Ce qui est assez choquant, c’est que les plans de la COG sont des plans extrêmes, mais que le Congrès n’en était pas au courant durant les années 1980. Seul un petit groupe — dont faisaient partie Oliver North, Dick Cheney et Donald Rumsfeld — étaient chargés de travailler sur ces plans en vertu d’un ordre exécutif top secret de Reagan émis en 1981, comme expliqué précédemment.

La question de la COG fut pour la première évoquée publiquement en 1987, durant les auditions relatives à l’affaire Iran-Contra, lorsqu’un député du Congrès nommé Jack Brooks demanda à Oliver North : « Colonel North, dans le cadre de votre travail au Conseil de Sécurité Nationale, ne vous a-t-on pas assigné à un moment donné à la planification de la continuité du gouvernement en cas de survenance d’un désastre majeur ? ». Le député du Congrès Brooks ajouta : « J’étais particulièrement préoccupé, M. le président, car j’ai lu dans des journaux de Miami et dans plusieurs autres qu’un plan avait été élaboré, par cette même agence, un plan de contingence en cas d’urgence, lequel suspendrait la Constitution des États-Unis. J’en ai été profondément troublé, et je me suis demandé si c’était un domaine sur lequel il avait travaillé. Je crois que c’est le cas et je voulais avoir cette confirmation. » Le sénateur Inouye, directeur de cette commission d’enquête du Congrès, lui répondit avec une certaine nervosité : « Avec tout le respect que je vous dois, puis-je vous demander de ne pas toucher à ce sujet à ce stade-là ? Si nous désirons l’aborder, je suis certain que des arrangements peuvent être pris pour une session exécutive. » Les questions du député du Congrès Brooks portaient clairement sur la « Continuité du Gouvernement », et ces arrangement pour réunir une session exécutive ne furent jamais entrepris.

Cheney et Rumsfeld — deux figures clés du programme de la COG — continuèrent à participer à ces plans et exercices très onéreux au cours des deux décennies successives, même si vers la fin des années 1990, ces deux hommes étaient des directeurs d’entreprises privées n’ayant aucune connexion avec le gouvernement. Il a été rapporté que la nouvelle cible remplaçant l’Union soviétique aurait été le terrorisme, mais certains journalistes ont avancé que dès le début des années 1980, il existait des plans majeurs destinés à faire face au genre de protestations anti-guerre qui, dans l’esprit d’Oliver North et d’autres comme lui, avaient été responsables de la défaite des États-Unis au Vietnam.

Il n’est pas remis en question que, le 11-Septembre, les plans de la COG ont été partiellement mis en œuvre, parallèlement à un état d’urgence officiellement proclamé. Celui-ci est toujours en place 9 ans après, au mépris d’une loi post-Watergate appelant soit à une approbation, soit à une cessation d’une urgence nationale par le Congrès tous les 6 mois. Les plans de la COG sont un secret étroitement gardé, mais il y eut durant les années 1980 des rapports déclarant que ces plans impliquaient la surveillance et la détention sans mandats, ainsi qu’une militarisation permanente du gouvernement. Dans une certaine mesure, ces changements ont été clairement mis en place depuis le 11-Septembre.

Il n’existe aucun moyen de déterminer combien de changements constitutionnels survenus depuis le 11-Septembre peuvent trouver leur source dans la planification de la COG. Nous savons cependant que de nouvelles mesures de planification de la COG furent une nouvelle fois instaurées en 2007, lorsque le président Bush a émis la National Security Presidential Directive 51 (Directive Présidentielle de Sécurité Nationale, ou NSPD-51/HSPD-20). Cette directive formulait ce que la FEMA a appelé ultérieurement « une nouvelle vision pour assurer la continuité de notre gouvernement », et a été suivie en août par un nouveau National Continuity Policy Implementation Plan (Plan d’Implantation de la Politique de Continuité Nationale). La NSPD-51 a également invalidé la PDD 67, qui était la directive de la COG de la décennie précédente élaborée par Richard Clarke, alors « tsar » du contre-terrorisme aux États-Unis depuis l’ère Clinton. Enfin, la NSPD-51 fit référence à de nouvelles « annexes classifiées sur la continuité », lesquelles doivent « être protégées contre toute divulgation non autorisée ».

Sous la pression de certains de ses administrés mobilisés pour obtenir une véritable enquête sur le 11-Septembre, le député au Congrès Peter DeFazio, membre de la Commission sur la Sécurité Intérieure, a demandé à consulter ces annexes à deux reprises. Sa demande a été rejetée la première fois. DeFazio a alors fait une deuxième requête, dans une lettre signée par le président de sa Commission. La demande a été à nouveau rejetée. Une fois de plus, comme je l’ai déclaré dans ma réponse à la seconde question de cet entretien, cela indiquerait que le système constitutionnel de contre-pouvoirs ne s’applique plus aux États-Unis, et que les décrets secrets priment dorénavant sur la législation publique.

Réseau Voltaire : Dans La Route vers le Nouveau Désordre Mondial, vous affirmez que la Commission nationale d’enquête sur le 11-Septembre — dont les membres furent nommés par le cabinet de George W. Bush, et dont le Rapport final fut rédigé par l’équipe du directeur exécutif Philip Zelikow — a procédé à des dissimulations récurrentes au sujet du 11-Septembre, notamment en ce qui concerne les actions de Dick Cheney ce matin-là. Pouvez-vous éclairer nos lecteurs sur ce point précis ?

Peter Dale Scott : Initialement, George W. Bush résista à toute enquête au sujet du 11-Septembre, jusqu’à ce que le Congrès n’impose une Commission d’enquête en réponse à une efficace campagne politique menée par les familles des victimes. (NdT : voir le documentaire Press for Truth – En quête de vérité) Thomas Kean et Lee Hamilton, les deux directeurs de la Commission, firent publiquement la promesse d’être guidés par les questions sans réponses des familles des victimes, comme par exemple celles de savoir qui étaient vraiment les pirates de l’air présumés, et comment trois bâtiments du World Trade Center s’effondrèrent, l’un d’entre eux n’ayant été frappé par aucun avion. Ces questions, puis d’autres interrogations, ne furent finalement pas du tout traitées. Dans le même temps, la Commission reçut un grand nombre de témoignages contradictoires, et elle a — à de multiples reprises — réécrit certains récits. Sous l’étroite supervision de Philip Zelikow, le directeur de cette Commission qui avait été depuis longtemps employé par le gouvernement en matière de sécurité nationale, le Rapport de la Commission sur le 11-Septembre ignora certaines contradictions et en corrigea d’autres d’une manière qui fut remise en question par de nombreux critiques. Le Rapport attribua le manque de réponses [de la défense des États-Unis] ce jour-là à un chaos et à une rupture systémique, ignorant d’autres témoignages de Cheney selon lesquels il joua un rôle prépondérant ce jour-là. La Commission ignora également d’importantes contradictions et remises en question du témoignage que Cheney donna à celle-ci. Un sujet crucial sur lequel la Commission n’a — de manière explicite — pas enquêté fut la mise en œuvre des plans de la COG le 11-Septembre (p.555, note 9). Elle n’a pas non plus parlé de la commission d’études sur le terrorisme de Cheney — réunie par décret de Bush en mai 2001 — qui a été citée comme étant la source d’un ordre du Comité des chefs d’État-major Interarmées [le JCS] datant du 1er juin 2001. Cet ordre a modifié [ou a considérablement alourdi, en les rendant inopérantes] les conditions d’interception des avions détournés par l’armée de l’Air. Afin de parvenir à son compte-rendu restreint de la responsabilité de Cheney ce jour-là, la Commission a également — et de manière flagrante — négligé des comptes-rendus de témoins oculaires en complet désaccord avec la chronologie de cette même Commission, particulièrement ceux du directeur du contreterrorisme Richard Clarke et du ministre des Transports Norman Mineta.

Réseau Voltaire : Une grande partie de La Route vers le Nouveau Désordre Mondial — un ouvrage vraiment très riche par le nombre et l’importance des sujets abordés — traite de la géopolitique du pétrole, de la drogue et de l’armement et la manière dont elle est menée par l’État profond des États-Unis en Asie centrale ainsi qu’au Moyen-Orient depuis la présidence Carter. Sachant que la « guerre contre le terrorisme » perdure et s’étend aujourd’hui dans plus d’une soixantaine de pays (principalement par le biais d’opérations secrètes), quels sont selon vous les véritables origines et objectifs de celle-ci ?

Peter Dale Scott : Au commencement de la « guerre contre le terrorisme », il était très clair que les conseillers stratégiques des deux partis, autant que les groupes de réflexion (think tanks) tels que le Council on Foreign Relations, étaient préoccupés par la nécessité qu’avaient selon eux les États-Unis de préserver leur domination historique sur les marchés pétroliers mondiaux. Ils produisirent des documents appuyant l’idée d’un accroissement de la force militaire des États-Unis dans la région du Golfe persique, ainsi que l’idée d’adopter des plans militaires destinés, en particulier, à s’occuper de Saddam Hussein. Aujourd’hui, la « guerre contre le terrorisme » a continué de s’étendre, alors que l’on nous dit que les militants salafistes se sont déplacés — comme il était prévisible — dans de nouvelles régions du monde, notamment en Somalie et au Yémen, afin de préparer leurs représailles. Donc la « guerre contre le terrorisme » est devenue un test pour l’actuelle doctrine stratégique des États-Unis visant à accomplir une « domination totale » [« Full-spectrum dominance  »] telle qu’elle a été définie dans l’important rapport du Pentagone intitulé Joint Vision 2020, appelant alors à assurer « la capacité des forces US, opérant seules ou épaulées par des alliés, de battre n’importe quel ennemi et de contrôler n’importe quelle situation par le biais de la gamme d’opérations militaires [disponibles] ».

Depuis la Seconde Guerre mondiale, chacune de ces escalades a été conduite par un lobby de la Défense financé à l’origine par le complexe militaro-industriel, et à présent par une demi-douzaine de fondations de droite disposant de fonds illimités. Au fil du temps, leur personnel a migré d’un groupe à un autre — l’American Security Council, le Comité sur le Danger Présent, le Projet pour le Nouveau Siècle Américain et aujourd’hui le Center for Security Policy (CSP) [3] —. Mais leurs objectifs se sont élargis au fil des ans, de maximaliser la présence militaire états-unienne jusqu’à restreindre les libertés individuelles afin d’empêcher la résurgence de tout mouvement anti-guerre aux États-Unis. (Je traite de l’expansion de cette faction de la Défense dans mon livre le plus récent, American War Machine).

Cet ordre du jour embrasse de plus en plus le Maccarthysme, pour ne pas dire le fascisme. Un certain nombre de groupes sont en train de nourrir une hystérie islamophobe rappelant l’hystérie anticommuniste des années 1950, appelant à une guerre apparemment sans fin contre l’Islam. Par exemple le CSP a récemment publié un document intitulé Shariah, The Threat to America [4], proclamant que la sharia est « la menace totalitaire prééminente de notre époque », avec des mises en garde alarmistes au sujet d’un « jihad infiltré » et d’un « jihad démographique ».

Réseau Voltaire : Cette « guerre contre le terrorisme » – dont les véritables fondements et enjeux sont loin d’être explicités par les gouvernements des pays membres de l’OTAN – a été initiée en 2001 en Afghanistan. Dans cet État, de puissants chefs de guerre alliés aux États-Unis dans les années 1980 (lorsque les moudjahidines combattaient les troupes soviétiques) sont aujourd’hui des acteurs prééminents du conflit en « AfPak » (l’entité géopolitique qui regroupe l’Afghanistan et le Pakistan). Prenons l’exemple symbolique de Gulbuddin Hekmatyar : les opinions publiques des pays de l’OTAN ne semblent pas véritablement réaliser qui est M. Hekmatyar. Pouvez-vous nous renseigner à son sujet ? Selon vous, en quoi symbolise-t-il le danger que représente une politique étrangère US qui, par manque de contrôle législatif et de visibilité publique, a notamment mené à l’explosion du trafic de drogue global ?

Peter Dale Scott : Avec peu d’agents leur étant loyaux en Afghanistan, les États-Unis décidèrent de conduire leur Opération Cyclone antisoviétique à travers les ressources de l’Inter-Services Intelligence (ISI, les services secrets pakistanais). À son tour le Pakistan, craignant les revendications des authentiques nationalistes afghans sur ses propres territoires frontaliers, dirigea le volume d’aides venant des États-Unis et de l’Arabie saoudite à deux extrémistes jouissant d’une base de soutien très restreinte en Afghanistan : Abdul Rasul Sayyaf et Gulbuddin Hekmatyar. Ce dernier, un Pachtoune Ghilzai venant du nord non Pachtoune, fut initialement entraîné à la résistance violente sous la direction des Pakistanais ; et il aurait été le seul leader afghan à reconnaître explicitement la ligne Durand définissant la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan. Sayyaf autant qu’Hekmatyar compensèrent leur manque de soutien de la part des populations locales en cultivant et en exportant massivement des opiacés durant les années 1980, encore une fois avec le soutien de l’ISI. Pour cette même raison, ces deux hommes collaborèrent avec les moudjahidines étrangers — soit les ancêtres de ce qui est aujourd’hui appelé al-Qaïda — qui affluaient en Afghanistan à cette époque ; et Hekmatyar, en particulier, aurait développé une proche relation avec Oussama ben Laden. Cet afflux de fondamentalistes wahhabites et déobandis eut comme notable conséquence d’affaiblir la traditionnelle version soufie de l’islam local. Au cours de la campagne antisoviétique, les forces d’Hekmatyar tuèrent un certain nombre de personnes soutenant Ahmed Shah Massoud, la principale menace aux plans d’Hekmatyar — par ailleurs soutenus par l’ISI — de dominer l’Afghanistan postsoviétique. Après le retrait de ces derniers, la CIA — allant à l’encontre des recommandations du Département d’État — instrumentalisa également Hekmatyar afin d’empêcher la constitution d’un gouvernement de réconciliation nationale, ce qui mena à une guerre civile qui provoqua la mort de milliers de personnes au cours des années 1990. Depuis l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis en 2001, Hekmatyar a dirigé sa propre faction de combattants pour obtenir un retrait des troupes de l’OTAN ; mais il serait plus ouvert que les Talibans ne le sont pour rejoindre un gouvernement de coalition dirigé par l’actuel président Hamid Karzaï. À Washington, d’importants officiels de la défense — tels que Michael Vickers — se réfèrent encore à l’Opération Cyclone comme étant « l’action clandestine la plus couronnée de succès » dans l’histoire de la CIA. Ils ne semblent pas être préoccupés par le fait que ce programme de la CIA a contribué à générer et à déchaîner al-Qaïda — la nouvelle justification postsoviétique pour les accroissements sans équivalent des budgets de défense — et à donner à l’Afghanistan son rôle actuel de principale source mondiale d’héroïne et de hachich.

Réseau Voltaire : En conclusion, au vu de la situation financière, économique, politique, sociale et même morale aux États-Unis comme dans de nombreux pays à travers le monde, êtes-vous confiant dans l’avenir ? Voyez-vous des signes encourageants d’une plus grande influence de ce que vous appelez la « volonté prévalente des peuples » dans la prise de décision politique – un processus qui est aujourd’hui plus oligarchique qu’il ne l’a jamais été ?

Peter Dale Scott : On dit que nous devrions voir chaque crise comme étant une opportunité. La crise des États-Unis, qui est également celle du monde, pourrait certainement être l’occasion de réformes de grande envergure des processus du capitalisme de marché qui ont engendré de tels écarts entre les très riches et les très pauvres. Malheureusement, ces processus ont également rendu les politiques traditionnelles et les méthodes de mobilisation encore plus inefficaces qu’elles ne l’étaient auparavant.

Dans mon livre, La Route vers le Nouveau Désordre Mondial, je défends le fait que des changements sociaux majeurs sont possibles lorsque l’oppression mène à la formation d’une opinion publique unie – ou de ce que j’appelle « la volonté prévalente des peuples » – en opposition à cette oppression. Je fais référence à des exemples tels que le mouvement des droits civiques dans le sud des États-Unis, ou le mouvement polonais Solidarnosc. Des développements technologiques tels que l’Internet ont plus que jamais rendu facile l’union des personnes, sur le plan national autant qu’international. Néanmoins, la technologie a également affiné les instruments autoritaires de surveillance et de répression, rendant la mobilisation activiste plus difficile qu’auparavant. Par conséquent, l’avenir est très incertain ; on pourrait dire que le système global actuel est plus instable qu’il ne l’a jamais été, et qu’il est possible qu’une forme d’épreuve de force puisse le changer.

Quoi qu’il en soit, je suis convaincu que nous vivons une période particulièrement stimulante. La jeunesse devrait continuer à se joindre comme elle l’a toujours fait à des mouvements aspirant au changement social, et à créer de nouveaux lieux propices à l’échange global. Et, par dessus tout, il n’y a aucune excuse pour le désespoir.

Réseau Voltaire : Nous vous remercions pour ces réponses éclairantes, Professeur Scott. Nous souhaitons que votre premier livre traduit en français connaisse auprès du public francophone le large succès qu’il mérite.

 

 

SOURCE : http://www.voltairenet.org/article169307.html

 


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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 19:43
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Libye : Le calvaire des "soutiers" noirs (migrants noirs)
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Dans la soute des « rentiers du pétrole » en Libye, il y avait, jusqu’il y a peu, un million et demi d’Africains noirs, se partageant les tâches les plus ingrates avec des Asiatiques, parmi lesquels de nombreux ressortissants des Philippines.


Employés dans le secteur de la construction, l’agriculture, l’industrie pétrolière, les services, ces migrants représentaient un volant de main d’œuvre aussi utile que soumis aux aléas de la conjoncture économique ou politique. La plupart des étrangers d’origine asiatique ont réussi à fuir dans les premiers jours du soulèvement, souvent aidés par leurs gouvernements respectifs.


Les Africains noirs, eux, ont été pris dans un double piège :  dans les zones demeurées sous le contrôle de Kadhafi, beaucoup ont été enrôlés de force. D’autres, qui tentaient de fuir vers la Tunisie ou l’Egypte, ont été stoppés à la frontière et refoulés sans ménagements: le printemps arabe s’arrête encore à la couleur de la peau. Nigériens, Tchadiens, Maliens, et même Soudanais ou Erythréens ont alors emprunté la « route du désert » à bord de camions vétustes les menant vers Agadez au Niger ou Tombouctou au Mali.


Dans les zones passées sous le contrôle des insurgés, la situation de ces migrants est pire encore : à cause de leur peau sombre, ils ont été         assimilés à des mercenaires, des infiltrés oeuvrant pour le compte du dictateur et certains d’entre eux ont été exécutés par les rebelles sans autre forme de procès. D’après les journalistes présents à Benghazi, nombreux sont les Africains noirs –ou même les Libyens à peau sombre, originaires d’oasis comme Koufra- qui vivent aujourd’hui terrés, sans oser sortir, craignant d’être lynchés.


La situation dramatique de ces Africains noirs n’est pas nouvelle : c’est en arrêtant leur errance sur la rive sud de la Méditerranée, en les empêchant d’embarquer vers l’ Italie, que le colonel Kadhafi s’était attiré les faveurs de Berlusconi et, plus largement, l’indulgence des maîtres de la forteresse Europe…


En outre, cette population extrêmement vulnérable a toujours été soumise au bon vouloir des autorités libyennes elles mêmes. L’écrivain Tidiane Diakité, dans son ouvrage  « 50 ans après l’Afrique » (1) rappelle qu’au début des années 2000, frappée par sept années de sanctions internationales, la Libye décida d’expulser sans ménagements 500.000 Tchadiens, 450.000 Soudanais, 20.000 Maliens, 17.000 Mauritaniens,  en plus de dizaines de milliers d’Algériens et de Tunisiens et de 1,5 millions d’Egyptiens.


Par la suite, Antonio Guterres, le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, devait qualifier d’ « effrayante » la situation des immigrés en Libye. Il soulignait, en 2009, que même si le colonel Kadhafi était le président en exercice de l’ Union  africaine et s’était proclamé le « roi des rois » du continent, chaque année, plus de 10.000 Africains, subsahariens ou maghrébins étaient expulsés après avoir été parqués dans des centres de détention et privés de tous leurs droits.


Quant à ceux qui étaient autorisés à rester dans le pays, leur sort n’était pas plus enviable pour autant : ils étaient privés de passeport, retenus par leur employeur, sous payés ou rémunérés de manière arbitraire. En outre, ils ne disposaient d’aucun document régularisant leur séjour et d’aucun recours en cas de mauvais  traitement…


En 2004, le  Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale accusa la Libye de ne pas avoir mis en place les mécanismes de prévention des actes racistes.


Les comportements individuels des Libyens « de souche » ont toujours été en phase avec cette indifférence officielle : au racisme ordinaire se sont ajoutées, à plusieurs reprises, des émeutes ciblées. C’est ainsi qu’en 2000, des dizaines de travailleurs migrants, originaires  du Soudan, du Niger, du Burkina Faso, du Tchad, du Nigeria, du Cameroun furent visés par des émeutes, les manifestants reprenant l’antienne officielle accusant ces « Noirs » d’être à l’origine de la montée de la violence et du trafic de drogue.


Les rebelles d’aujourd’hui et leurs alliés occidentaux ont peut- être oublié l’histoire. Mais les Africains noirs, même si leurs  dirigeants ont toujours accepté l’argent de Kadhafi, savent aussi que, jusqu’en 1910, c’est dans le port de Benghazi qu’arrivaient les caravanes  chargées d’esclaves noirs capturés dans le Waddai, au Tchad…

Tidiane Diakité, 50 ans après, l’Afrique, éditions Arléa, 2011,  310 pages

 

http://blog.lesoir.be/colette-braeckman/2011/03/30/libye-le-calvaire-des-soutiers-noirs/

 

http://www.lesmotsontunsens.com/libye-le-calvaire-des-soutiers-noirs-10240

 ..

 

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Les Africains piégés dans le fief de Kadhafi

Au début étaient l’angoisse, les exactions, voire les violences meurtrières, consécutives à la présence supposée ou réelle de mercenaires noirs en Libye. Aujourd’hui, les immigrés africains font face à un péril d’un tout autre ordre: ils sont pris au piège, directement ou indirectement, par les bombardements de la coalition internationale.

Certains n’avaient pas voulu rentrer pour diverses raisons. Mais c’est surtout, pour le gros du contingent, un défaut de moyen de transport qui les empêche de quitter cette zone tampon entre la Libye et l’Afrique subsaharienne pour rentrer dans leur pays.

«Rien ne va plus. Il y a les bombardements et tout est devenu cher. Nous vivotons et on ne sait pas qui va nous aider.»

Telle est la complainte de Stéphan Noupa, ressortissant camerounais joint à Sebha. La principale ville du Sud, fief de la tribu des Kadhafa à laquelle appartient le Guide libyen, a été bombardée dans la nuit du dimanche 27 au lundi 28 mars 2011 avec, à la clef, des dizaines de mort et blessés. Les semaines précédentes, plusieurs pays avaient envoyé des avions pour évacuer leurs ressortissants. Mais la plupart des avions décollaient de Tripoli. Il fallait d’abord trouver une voiture pour parcourir les quelque 750 km séparant la capitale de Sebha pour espérer prendre un vol. Depuis la pluie de bombes visant les camps et dépôts d’armes de Sebha, le trafic civil aérien n’est désormais possible qu’à partir de la Tunisie. Ceux qui sont coincés à Sebha n’ont d’autre alternative que de se jeter sur les routes du désert pour gagner les frontières du Sud:

«Pour s’échapper d’ici, il faut trouver un bon chauffeur, qui puisse vous convoyer à la frontière nigérienne ou tchadienne», se désole Stéphan Noupa.

Son compatriote Benoit Ayissi ne trouve pas de mots assez durs pour dénoncer l’attitude du gouvernement camerounais. «La plupart des pays ont envoyé des avions ou affrété des bus pour sortir leurs citoyens d’ici. Nous sommes désolés de ce manque d’humanisme», fulmine t-il. Pour lui, même si on leur amenait des camions, ils les prendraient, à l’instar des Tchadiens partis dans un convoi de gros porteurs.

Complications administratives

Lamine Dramé, président de l’Association des Sénégalais résidant à Sebha, estime à plus de 1.000 personnes la colonie sénégalaise de la ville. Seuls 178 ont pu gagner Tripoli pour rentrer au pays à bord des deux vols affrétés par le gouvernement sénégalais. De leur côté, les Guinéens ont pu quitter Sebha pour la frontière tunisienne, à bord de bus mis à leur disposition par leur gouvernement pour ensuite rentrer dans leur pays par avion. Disposer d’un moyen de transport, même mis à disposition gratuitement, ne suffit pas. Pour quitter la ville et arriver à destination sans anicroches, il faut un visa de sortie, délivré par les services de sécurité sur demande des pays d’origine.

«Ici, beaucoup ne travaillent plus, nos frères sont angoissés. Il y a eu surtout la terreur des bombardements. Je reviens ce matin même [mardi 29 mars, ndlr] de l’hôpital où j’étais au chevet de deux jeunes compatriotes blessés. L’un a eu une jambe cassée. Je peux vous dire qu’il y a eu plusieurs morts, même si je n’en connais pas le nombre parce que lors des frappes aériennes, les avions ont raté quelques fois leurs cibles pour atteindre les maisons.»

Le dérapage est confirmé par Moussa Diawara, ressortissant malien. Cet électricien en bâtiment qui vit depuis onze ans dans la cité témoigne: «Ce sont les camps qu’ils ciblaient, mais il y a eu des débordements avec ce pilonnage continu de 4h30 à 9 heures le matin. Sur un rayon de deux à trois kilomètres, j’ai vu des maisons effondrées, y compris des immeubles.» Sans donner une estimation exacte, Moussa Diawara confirme qu’il y a eu de nombreuses victimes, libyennes pour la plupart, dont la nièce de son patron.

Moussa Diawara évoque «une dégradation de la situation et un affolement généralisé». Pour autant, il n’entend pas quitter Sebha. Il pense à sa famille «laissée derrière», c’est-à-dire au Mali. Mais il est pour lui impensable de s’aventurer sur les routes du désert où la mort pourrait aussi le surprendre.

«Je ne vais pas courir vers la mort. Autant l’attendre, surtout ici, malgré la rumeur sur la présence de mercenaires noirs en Libye, “un montage de l’Occident”

Cheikh Diop, Slate Afrique

http://www.slateafrique.com/1215/africains-bloques-dans-fief-kadhafi-libye

 

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 19:42

http://www.echoslogiques.com/liquidateurs.JPG

http://www.echoslogiques.com/liquidateurs.JPG.

 

Liquidateurs :

Les esclaves du nucléaire

 

http://www.lexpress.fr/actualite/environnement/japon-les-clochards-du-nucleaire_978891.html

 

Par Mathieu Gaulène, publié le 02/04/2011 à 16:32, mis à jour à 17:20



80% des travailleurs du nucléaire au Japon sont en fait des sous-traitants,  recrutés parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise. Enquête sur les "gitans du nucléaire".


En plus d'une forte radioactivité qui les condamne à mort à brève échéance,

les quelques 500 liquidateurs de Fukushima

doivent travailler dans des conditions
atroces et inhumaines. Ils recevraient seulement deux repas par jour, des
biscuits le matin et du riz le soir, un maximum d'un litre et demi d'eau par
personne, et dormiraient sur des nattes de plomb, à même le sol. Dans ces
conditions, un patron confiait au journal Asahi qu'il ne pensait plus "pouvoir
trouver d'autres salariés qui accepteraient d'y aller."

http://www.20minutes.fr/article/696895/planete-fukushima-insupportable-quotidien-liquidateurs-centrale-nucleaire


Dans le journal tokyoïte Tokyo Shimbun, un ancien travailleur sous-traitant de
Fukushima Daiichi ne cache pas sa colère au sujet des trois ouvriers

contaminés aux jambes. Sur les trois irradiés, deux n'étaient

même pas chaussés de bottes.

http://www.tokyo-np.co.jp/article/national/news/CK2011032602000026.html?ref=rank



Qui sont ces travailleurs du nucléaire et comment sont-ils recrutés?
Bien que les centrales possèdent leurs propres employés, environ 80% des
travailleurs du nucléaire au Japon sont en fait des sous-traitants, recrutés
parmi les couches les plus paupérisées de la population japonaise. Ces
travailleurs pauvres et non qualifiés effectuent pour quelques jours, parfois
quelques semaines, les tâches les plus dangereuses au coeur des centrales
nucléaires. Parce qu'ils se déplacent de centrale en centrale,

on les appelle au Japon les "gitans du nucléaire" (genpatsu jipushi),

du nom d'un livre de Kunio Horie publié en 1984.

http://www.tokyo-np.co.jp/article/national/news/CK2011032602000026.html?ref=rank



En France, où la sous-traitance dans le nucléaire est en plein développement,
l'expression utilisée dans le jargon des employés d'EDF pour les désigner est
moins poétique mais plus explicite: la "viande à rems".

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-bagnards-du-nucleaire_974084.html


Sur le modèle de Toyota, les entreprises nippones ont recours depuis très
longtemps à la sous-traitance, notamment dans la construction. Et les
intermédiaires servant au recrutement des travailleurs journaliers sont bien
souvent les yakuzas.

Sur le site de l'ANPE japonaise "Hello Work", on trouve aisément

diverses offres d'emploi de ce type, comme une offre par exemple

pour travailler à la centrale de Fukushima Daiichi et Daini

pour trois mois, du 3 février au 30 avril 2011.

http://job.j-sen.jp/hellowork/job_3373229/



Le descriptif des travaux à effectuer est sommaire: tâches d'inspection,
d'électricité et de soudure. "Aucun diplôme, aucune qualification ni aucune
expérience n'est exigé", est-il précisé. L'embauche est faite au nom d'une
petite entreprise de sous-traitance spécialisé

dans la maintenance de centrale nucléaire.

Le salaire: 10 000 yens par jour, soit 83 euros.

Un reportage d'El Mundo révélait en 2003 que la centrale

de Fukushima Daiichi allait jusqu'à recruter des sans-abris

dans les parcs de Tôkyô.

http://www.elmundo.es/cronica/2003/399/1055060977.html
http://job.j-sen.jp/hellowork/job_3373229/



Depuis la récession au début des années 1990,

tous les parcs des grandes villes
se sont transformés en véritable campement,

avec de multiples abris de fortune
faits de bâches bleues.

C'est ici que les sociétés de sous-traitance souvent
détenues par des yakuzas, envoient leurs recruteurs à la recherche de
travailleurs journaliers. Dans le cas de la centrale de Fukushima Daiichi,

on expliquait à ces travailleurs pauvres qu'il s'agissait d'un emploi de
"nettoyeurs". Puis envoyés à 200 km de Tokyo, ils réalisaient

au dernier moment qu'il s'agissait de travailler

au coeur d'un réacteur nucléaire.


Depuis, des panneaux d'avertissements

ont été installés dans les parcs à Tokyo:
"N'accepte pas ce travail, il te tuera!". Mais en trente ans, ce sont des
milliers de travailleurs pauvres, de travailleurs immigrés et de sans-abris qui
se sont relayés dans ces centrales, au péril de leur vie. Certains tentent de
faire reconnaître leurs maladies dues à l'exposition à la radioactivité. La
famille Shimahashi fut la première à gagner un procès pour maladie
professionnelle: leur fils, Nobuki, après 8 huit ans de travail dans la centrale
nucléaire d'Hamaoka était mort à 29 ans d'une leucémie.

Ce cas pourrait être l'arbre qui cache la forêt:

d'après un rapport du docteur Fujita, professeur de
physique de l'université de Keiô,

il y aurait entre 700 et 1000 "gitans du nucléaire"

qui seraient déjà morts et des milliers atteint de cancers.

Dans ces conditions, les liquidateurs supposés "volontaires"

de Fukushima, dont on souligne volontiers le courage,

pourraient être des "héros" bien malgré eux du désastre nucléaire.

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 06:00

05 mars 2011

Silence Médias ! Europe contre les peuples

(Eat_bankers_LondonNouvelle Solidarité) – « Ils veulent tous couler les banques », s’alarme le quotidien britannique The Telegraph , porte-voix de la City de Londres, en réaction au bond électoral des partis irlandais opposés au plan de renflouement UE-FMI. Pourtant, ce sont les deux partis d’opposition les moins radicaux qui formeront le nouveau gouvernement. Mais la défaite historique du Fianna Fail, le parti de droite qui a servi de relais aux spéculations des banques anglo-européennes et a soumis l’Irlande à l’austérité supranationale pour les renflouer, a ouvert les portes à une politique nouvelle en Europe : liquider les dettes financières illégitimes !

Meneur de la fronde, le Sinn Fein, parti qui arracha l’indépendance du pays contre l’Empire britannique, se retrouve désormais à la tête d’une opposition mandatée pour imposer une restructuration de la dette bancaire. Le parti dirigé par Gerry Adams, devenu une figure nationale alors qu’il était exclu des médias depuis 1993, a remporté entre 13 et 15 sièges au Parlement, soit un triplement du nombre de ses députés.

 

L’Alliance de la gauche unie (ULA) a emporté 5 sièges et les indépendants ont doublé leur score. Ces trois forces politiques ont en commun de refuser en bloc tout renflouement bancaire et toute politique d’austérité, et ont levé le tabou européen de laisser faire faillite les banques qui ont trop spéculé. Comme l’a souligné le Sinn Fein, il s’agit avant tout de « sauver le peuple » et pour cela, il faut oser « griller les créanciers ». Le parti propose, à la place des renflouements, d’investir massivement dans les infrastructures et les services publics pour rétablir un progrès économique sur le long terme.

Sous cette pression et celle du peuple, le parti démocrate-chrétien Fine Gael, qui mènera un gouvernement de coalition avec le Parti travailliste, a d’ores et déjà annoncé qu’il allait renégocier les taux d’intérêts jugés « punitifs » hérités du plan UE-FMI, et imposer des pertes plus conséquentes aux créanciers des banques irlandaises.

Cela tombe très mal pour les autres dirigeants européens qui s’efforcent de sauver le système au détriment des peuples, et qui doivent discuter dans les semaines qui viennent des mécanismes européens de renflouement en vue de la mise sous tutelle du Portugal.

La peur se lit dans les réactions de ces Dieux de l’Olympe en culotte courte. Alors que les Irlandais se rendaient aux urnes vendredi, la Commission européenne a déclaré sèchement que les termes du renflouement UE-FMI « doivent être appliqués », quel que soit l’avis du peuple.

 

Un important diplomate européen a même déclaré au Sunday Telegraph , sous couvert d’anonymat : « Plus les Irlandais feront publiquement toute une affaire de cette renégociation, plus les attitudes à leur égard se durciront. Il n’y a même pas de ’c’est à prendre ou a laisser’ ; c’est scellé. Le seul rôle de l’Irlande désormais est d’appliquer le programme conclu avec l’UE, le FMI et la BCE. Quoi qu’on leur ait raconté, les électeurs irlandais ne font pas partie de ce processus. »

Mais ce que n’a pas compris ce « diplomate » (est-il français !?), c’est que nous sommes entrés dans une période de soulèvement de masse. Plus l’attitude des institutions supranationales se durcira, plus le peuple irlandais se révoltera. Si le nouveau Premier ministre Enda Kenny essuie un refus dans ses négociation, le peuple se tournera vers l’opposition Sinn Fein-ULA-Indépendants pour organiser un référendum actant un rejet total du plan de renflouement…


The Telegraph

Posté par rusty james

 

http://rustyjames.canalblog.com/archives/2011/04/03/20804930.html

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 05:59

 

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