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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 02:05

Dernière mise en ligne sur le site de Manuel de Diéguez
 
http://www.dieguez-philosophe.com /

Tunisie révolution monde arabe Zeinab Samir

                          http://arabies.blog.lemonde.fr/2011/01/20/tunisie-la-revolution-de-jasmin-relance-le-monde-arabe/

 

 

Le réveil du monde arabe enserre Israël dans l'étau de la liberté

1 - Quand les peuples arabes sortent du sommeil

Mes lecteurs savent qu'un décryptage hebdomadaire de la politique internationale est condamné à prendre de l'avance sur une actualité mondiale qui se déroule pourtant sous ses yeux sans consentir presser le pas. Si le commentaire n'est pas prospectif, il prend du retard. C'est pourquoi la semaine dernière, j'ai placé Israël au cœur de l'histoire du monde, tellement il était évident que cet acteur allait débarquer sur les planches du quotidien et occuper le devant de la scène.

Tout le monde sait que ce petit Etat dicte sa politique étrangère à la France ; tout le monde comprend que si le Quai d'Orsay était sur le point de confier au savoir-faire de nos CRS le soin de rétablir l'ordre en Tunisie et d'y ajouter quatre conteneurs de gaz lacrymogène, c'est qu'il est vital, pour Israël et pour le Conseil représentatif des institutions juives de France, de veiller avec la plus grande vigilance sur le sommeil politique des pays arabes.

(…)

2 - Israël et la politique intérieure de la France

Mais l'heure a également sonné au beffroi d'Israël de dicter au jour le jour sa politique intérieure à la France. L'exemple le plus paradigmatique qui pouvait en être donné est celui du contrôle de la liberté de parole à l'égard d'un Israël qu'exerce désormais l'Ecole normale supérieure, dont le prestige n'a d'égal que celui du Collège de France. Comment y interdire tout débat sur la gangrène ou le cancer foudroyant de Gaza, dont j'ai écrit depuis bien longtemps qu'il se placerait immanquablement au cœur de l'histoire de l'éthique mondiale, tellement une démocratie à laquelle le globe terrestre prétend s'être converti ne survivrait pas aux représentations jour après jour et à guichets fermés de l'asphyxie qui la menace. Le silence lui-même se fait spectacle quand il se rend complice de l'enfermement d'un million six cent mille hommes, femmes et enfants dans un camp de concentration titanesque sous les yeux des caméras des cinq continents.

(…)

Suite : http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/tstmagic/1024/tstmagic/moyen_orient/reveil_arabe.htm 

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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 01:52

 

 

La situation en Egypte a suscité dimanche un cafouillage au sein du gouvernement français, Jeannette Bougrab, secrétaire d'Etat à la Jeunesse, étant rappelée à l'ordre après avoir appelé au départ du président Hosni Moubarak. Lire la suite l'article

"A la suite de ses récentes déclarations sur la situation en Egypte, Jeannette Bougrab tenait à préciser que la position de la France et de son gouvernement a été exprimée par le président de la République et le Premier ministre", déclare la secrétaire d'Etat à la Jeunesse, dans un communiqué.

Selon France Info, elle avait auparavant été convoquée à Matignon pour ses propos tenus samedi. "Il faut, avait-elle déclaré, que le président Moubarak parte. Après 30 ans de pouvoir, il y a une forme d'usure et la transition démocratique doit aussi toucher l'Egypte."

"Je pense que nous n'avons pas à souhaiter le départ d'un dirigeant étranger. C'est le peuple égyptien qui doit décider des ces choses-là, il n'y a que lui qui peut le faire", a dit la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, invitée dans la soirée sur RTL-LCI-Le Figaro.

"L'enjeu c'est 'est-ce qu'on peut réussir vers plus de démocratie sans aller vers l'islamisme ?'. C'est un sujet qui, bien sûr, nous préoccupe beaucoup", a-t-elle ajouté.

Après sa position très critiquée sur la crise tunisienne, où il avait soutenu jusqu'au bout le président aujourd'hui déchu Zine ben Ali, le gouvernement français semble vouloir camper, concernant l'Egypte, sur une position prudente, appelant à la "retenue et au dialogue" et disant "déplorer" les morts.

Les adresses à l'intention de Hosni Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis 1981, sont fluctuantes de la part de Paris.

Samedi soir, dans une déclaration commune avec les chefs de gouvernements allemand et britannique Angela Merkel et David Cameron, Nicolas Sarkozy a appelé "le président Moubarak à éviter à tout prix l'usage de la violence contre des civils sans armes et les manifestants à exercer leur droit pacifiquement".

Les trois dirigeants lui demandent aussi "d'engager un processus de changement qui se traduise à travers un gouvernement à représentation élargie et des élections libres et justes".

Dimanche, dans un discours au sommet de l'Union africaine en Ethiopie, le président français s'est montré plus mesuré, ne mentionnant plus les élections libres et évitant de condamner spécifiquement l'usage de la force par la police.

"La France se tient avec amitié et respect aux côtés des Tunisiens et des Egyptiens dans cette période absolument cruciale", a-t-il dit, condamnant par ailleurs la violence "d'où qu'elle vienne" sans incriminer spécifiquement les forces de l'ordre égyptiennes.

Thierry Lévêque et Bertrand Boucey avec Emmanuel Jarry à Addis-Abeba, édité par Henri-Pierre André

 

http://fr.news.yahoo.com/4/20110130/tts-egypte-france-bougrab-ca02f96.html

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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 01:34

 

Un film de Dominique Marchais en DVD
Le temps des grâces : un regard engagé sur l’agriculture française

dimanche 30 janvier 2011
Posté par David Naulin

 

 

Média du Développement durable > Cinéma


Un film de Dominique Marchais en DVD
Le temps des grâces : un regard engagé sur l’agriculture française

dimanche 30 janvier 2011
Posté par David Naulin

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Le Temps des grâces, qui vient de sortir en DVD, livre une enquête documentaire autour des problématiques liées à l’environnement, au progrès et à l’économie globalisée. Le film revient sur un demi-siècle d’épopée agricole en France, de la révolution verte à la déferlante bio, nous amène à réfléchir à notre rapport au territoire et à l’alimentation : de quelle agriculture voulons-nous pour demain ? Avec notamment les témoignages de Pierre Bergounioux, Lucien Bourgeois, Lydia & Claude Bourguignon, Matthieu Calame, Marc Dufumier ...

A l’origine de ce film, une scène qui a marqué Dominique Marchais : "Une ferme en Auvergne, avec chapelle ancestrale et panorama impeccable. A priori, tout est à sa place. L’éleveur sort ses vaches sous l’oeil satisfait des citadins en vacance. Mais sur la rampe, la première vache glisse et tombe. Fin des réjouissances : tout le troupeau est au diapason, les vaches ne tiennent pas debout. Que se passe-t-il au juste ? Réponse de l’éleveur : "Rien, tout va bien !". C’était en août 2004 et cette scène ne se laissait pas oublier. Pour impressionnante qu’elle fut, c’est moins la chute des vaches que la dénégation de l’éleveur qui m’a marqué, par ce qu’elle révélait de douleur rentrée, de gène. Et mon sentiment fut que cette souffrance nous concernait, que nous n’étions pas extérieurs à cette scène, que nous faisions partie du problème. Et c’est pour mieux comprendre ce qui se jouait à ce moment là, dans cet espace-là, dans cette paradoxale intrication de beauté et de désastre, que j’ai eu le désir de parcourir tout le pays, de rencontrer tant de gens, agriculteurs, agronomes, écrivains et autres, pour faire un film qui questionnerait notre attachement à l’agriculture".

Bande annonce

 

 

 

 

Le DVD : Dans le DVD qui est sorti le 18 janvier 2011 vous retrouverez le documentaire Le temps des grâces (durée : 120 min) + UN DVD DE BONUS INÉDITS (durée : 90 min) avec des extraits de débats en salles avec le réalisateur, les intervenants du film, le public et de nombreux spécialistes.

 

 

« La paysannerie est la dernière qui s’est vue confier les instruments révolutionnaires, prométhéens, de l’expansion industrielle de la fin du siècle des Lumières et du début du XIXe s. Il doit être amer de s’entendre notifier qu’avec tout ça on n’a fait que saccager des paysages, altérer des ressources, compromettre le patrimoine naturel de l’humanité ». Pierre Bergounioux, professeur et écrivain, Gif-sur-Yvette, Essonne :

 

Vidéo

 

 

 

« L’intérêt du bocage c’est le paysage, la façon dont il a été modelé pendant des siècles par les paysans... Si on laissait faire ceux qui vont suivre, en deux générations, tout serait rasé... ». Daniel Calame, éleveur et maire de St-Plantaire, Indre :

 

Vidéo

 

 

 

« A chaque fois qu’on retire un hectare de surface agricole utile de sa vocation première, on concourt à aggraver le problème de l’alimentation qui va devenir un des problèmes majeurs de la planète dans les trois décennies qui arrivent. » Henri Baron, ancien Président de Chambre d’Agriculture

« Sur un marché international, l’avantage comparatif de la France est d’avoir une agriculture qui produit à petite échelle des produits d’excellente qualité sanitaire et gustative. La vocation de la France n’est pas de faire du dumping à des paysans pauvres. Les pays du tiers monde doivent se nourrir par eux-mêmes, notre vocation n’est pas de les nourrir. » Marc Dufumier, enseignant chercheur AgroParisTech, Paris :

 

Vidéo

 

« Si nous ne sommes pas capables de produire ce que personne d’autre dans le monde n’est capable de produire, nous n’avons aucune chance dans l’avenir. » Lucien Bourgeois, économiste, Paris

« Une multinationale qui travaille dans l’agroalimentaire fait son business en se servant de l’image du petit paysan des Cévennes. Le goût est certainement différent... mais qui connaît le goût ? » Patrick Libourel, éleveur à Lanuéjols, Gard :

 

Vidéo

« Je pense que tant que les urbains n’auront pas pris à bras le corps cette question de leurs campagnes, et sans réconciliation de ces deux mondes, il n’y aura pas d’espoir... C’est quantitativement les urbains qui peuvent faire pression. Et comment leur réapprendre ? Il n’y a que l’éducation, l’école. » Michel Corajoud, paysagiste, Paris

« Il faut 15 ans pour transformer une agriculture conventionnelle en agriculture bio. C’est passer d’un système qui ne marche pas à un système qui marche. Si on n’est plus capables de penser à échéance de 15 ans alors c’est foutu. Soit une société est capable de penser à 25 ans, soit elle ne pense pas. » Matthieu Calame ingénieur agronome Fondation Charles-Leopold Mayer, Paris :

 

Vidéo

 

 

Entretien avec Dominique Marchais

- Le temps des grâces un film de Dominique Marchais au cinéma le 10 février 2010 Quel était votre rapport à la campagne avant de faire ce film ?

Je suis de la campagne, à l’origine. Mes grands-parents maternels étaient agriculteurs. Je n’ai jamais pensé faire de l’agriculture un métier mais je suis resté attaché à la campagne. Devenu urbain, la relation que j’ai gardé avec la campagne était principalement celle d’un randonneur, d’un pèlerin à la Robert Walser... Je dirais même que le regard que je portais sur le paysage était davantage marqué par la littérature, par le romantisme allemand, Buchner, les romans russes du 19ème, ou encore Adalbert Stifter, que par mon expérience directe. J’étais fasciné par la dimension utopique que l’agronomie porte en elle, l’idée d’optimum... Les descriptions de domaines chez Balzac, chez Tolstoï ou chez Gogol m’enthousiasment toujours autant. J’aimerais bien que cette puissance d’utopie dont l’agriculture peut être porteuse soit restaurée... Depuis 8-10 ans, au cours de mes balades, j’ai pris conscience de l’écart entre ce paysage littéraire, nourri de représentations et de souvenirs d’enfance, et le paysage réel, concret, de la France, ce vaste mouvement d’entropie qui a affecté le territoire. J’en ai nourri un certain chagrin. Les altérations du paysage, la privatisation des espaces ruraux, la fermeture des chemins m’étaient assez pénibles. Comment accepter qu’une chose que j’ai toujours perçue comme une richesse, un héritage, le fruit d’une élaboration si lente, puisse être aussi vite saccagée ? Je revendique le droit à la déambulation et je me sens chez moi partout en France. Et à chaque fois qu’un chemin disparaît, je le ressens comme une entrave à une certaine liberté de circulation. On peut comprendre les raisons matérielles, économiques, pratiques de ces modifications mais, comme le dit le code de l’urbanisme, “le territoire est bien commun de la nation” et il me semble que ces grands changements structuraux de l’espace ne devraient pas se faire sans négociations préalables avec tous les usagers de la campagne. J’ai donc voulu enquêter sur les causes réelles de ces changements, histoire de faire la part des faits et des fantasmes.

- Est-ce une démarche politique ?

C’est une démarche de compréhension : chercher à convoquer des savoirs, le plus de savoirs possibles, pour ne pas s’enfermer dans une nostalgie un peu aigre. Car après tout, et c’est ce que j’ai compris en faisant le film, la rationalité qui a présidé à ces grandes métamorphoses est fort contestable : on s’éloigne de l’idée d’optimum, qui est toujours un rapport complexe entre du social, de l’économique, de l’agronomique, au profit d’un principe de maximisation des rendements où l’on se garde bien d’évaluer les coût des pertes occasionnées. J’ai suivi avec stupéfaction les crises agricoles des années 80-90 : la vache folle, la fièvre aphteuse, les quotas laitiers... et je me sentais en empathie avec la souffrance de la profession. Alors aujourd’hui le divorce entre monde agricole et société est très net. Les anti-agricoles gagnent par défaut d’adversaires. Les agriculteurs s’effacent voire s’affrontent entre eux. Ils se tirent une balle dans le pied en n’ouvrant pas le débat. Il me semble que si l’agriculture est à l’origine de bien des problèmes environnementaux et paysagers, elle est aussi, en puissance, la solution. La question que pose le film est celle-ci : quelle agriculture, pour quoi faire ?

- Avez-vous abordé les entretiens avec des choix de mise en scène prédéfinis ?

Je me méfie de tout dogmatisme en la matière. D’après moi, quand on fait du documentaire, il y a des enjeux plus importants que ceux du cadre. Il faut savoir écouter. C’est un peu paradoxal, mais la bonne distance on la crée en s’impliquant dans la situation d’interview. Lors du tournage, je parle beaucoup, j’explique mes intentions, je pose mon problème : c’est ça mon outil de mise en scène car ça crée une situation à laquelle les interviewés réagissent, et ça confère, je suppose, une certaine cohérence à l’ensemble des rushes. Mais c’est quelque chose d’intuitif, de relativement impensé, de très simple en fait. A chaque fois, j’avais besoin de reprendre l’ensemble de mes préoccupations, l’ensemble des questions du film, ce qui fatalement installait une certaine tension dans l’entretien et poussait mes interlocuteurs à articuler les problèmes entre eux. En ce sens et en ce sens seulement, je les dirigeais. Et au montage lorsque le film se construit, je me retire du film comme on retire l’échafaudage après avoir construit une maison. Alors, bien sûr, pendant la préparation du film, j’avais revu un certain nombre de documentaires, ceux de Marcel Ophuls notamment, qui est pour moi le plus grand. Mais je me suis assez vite aperçu qu’il fallait que je trouve mes propres solutions. Je n’utilise pas d’archives, nous ne filmions pas de plans de coupe, et le film n’est pas vraiment monté de façon chorale– comme s’est souvent le cas chez Ophuls d’ailleurs. Je ne pense pas que le documentariste ait une responsabilité particulière, un rapport privilégié au réel ou à la vérité. Le film est construit de manière aussi raffinée qu’une fiction : avec des figures qu’on complexifie progressivement selon des effets de rime, d’écho. Tourner un documentaire c’est tourner un film dont on écrira le scénario après le tournage mais, assurément, il est écrit, il y a une narration !

- Comment avez-vous trouvé la forme finale du film ? Quel a été votre fil directeur au montage ?

Le film s’est construit par renoncements successifs. J’ai besoin d’avancer par cercles concentriques, de commencer par ratisser large, c’est ma façon de travailler. A la fin du tournage, j’avais le matériau dont j’avais besoin mais la difficulté consistait à trouver le bon degré de généralité. Toutes les questions abordées pendant le tournage sont intéressantes si on rentre dans le détail mais un film de deux heures n’est pas le lieu approprié pour rentrer dans le détails des montants compensatoires, des rounds de négociations du Gatt et des techniques culturales simplifiées… d’autant que je voulais faire un film généraliste qui articule le plus d’aspects du problème possible. ... Il y a donc eu une première phase de montage où on a essayé de rendre justice à toutes les thématiques. Mais j’avais un problème pour passer d’un savoir à un autre : à la fois des problèmes de durée, des problèmes de technicité et des problèmes de liaison des parties entre elles. La première construction du film c’était, produire, nourrir, échanger et on essayait de classer les problèmes à l’intérieur de cette division. Mais j’étais gêné par l’aspect systématique, ce n’était pas le film que je voulais faire : je voulais un film avec des petites unités qui se reflètent et qui, chacune, exprime l’ensemble du problème. Je ne voulais pas un film système mais un film perspectiviste. Le film semble être construit en deux parties : d’abord une série de témoignages bruts, puis une articulation des savoirs en vue d’un discours... Effectivement, il y a une différence qui est formelle : d’abord une première partie fondée sur la juxtaposition et une seconde partie plus chorale. Chaque interview d’agriculteur a été pensée comme un petit film en soi. Le motif de la haie est apparu comme le moyen le plus élégant et efficace de dire le plus de choses possibles de façon compréhensible, ce qui n’allait pas de soi au départ. En parlant de la haie, on avait un motif qui réapparaissait de séquence en séquence mais traité dans des perspectives différentes. Ce motif fait avancer le récit... mais on aurait pu prendre un autre objet. Le tournage du film n’a pas été conçu autour de la haie. D’un point de vue agronomique, la problématique du travail du sol, de l’abandon du labour, des techniques de semis sous couvert, est plus importante que celle de la haie et du bois raméal mais c’est trop délicat d’aborder ces questions tant les gens ne connaissent plus rien à l’agriculture. J’ai donc préféré parfois l’anecdotique à l’essentiel mais au nom d’exigences supérieures qui sont celles de la lisibilité générale du propos.

- Militez-vous pour l’agriculture bio ?

En fait, le film milite pour le complexité contre l’uniformité. Dans le dernière partie, il est vrai que la part belle est faite à des exploitants bio, mais le film ne milite pas spécialement pour le bio. Il milite pour une agriculture de qualité. Si j’avais pu amener le film à un degré de complexité supérieur, le bio aurait laissé de la place à d’autres démarches qualitatives, les AOC, les labels, et à d’autres méthodes agronomiques, la biodynamie, le non labour etc… Il y a plusieurs façons de faire de l’agriculture intelligente. Mais il est vrai que j’ai appris beaucoup en faisant le film et, à travailler ces questions, on devient écolo de raison. Les agriculteurs, bio ou pas bio, sont tous conscients du problème : la pollution des nappes, la fragilité des sols, l’érosion de la biodiversité. Mais le problème ne se réduit pas à la question de l’utilisation de la chimie ou non, il y a aussi la question du nombre d’agriculteurs et du devenir de l’espace rural ! La question soulevée par le film est celle de l’incitation politique : il est plus que temps de changer la nature de l’incitation et de redonner à l’agriculture une dimension environnementale certes, mais aussi sociale et territoriale.

- Un sentiment nostalgique parcourt le film, un récit sur la disparition prend progressivement forme...

Je souhaitais interroger les catégories avec lesquelles on appréhende la chose agricole et réfléchir sur la nostalgie comme l’une de ces catégories. Je n’ai pas cherché à faire un film nostalgique mais l’idée était de ne pas chercher à s’abstraire de cette nostalgie-là, sur laquelle il me semblait nécessaire d’opérer un mouvement réflexif. C’est prendre au sérieux une phrase comme « C’était mieux avant ». Comme le dit Pierre Bergounioux, on peut en venir à se demander si la déploration n’est pas de tout temps, si ce n’est pas un invariant, ou si au contraire il y a eu un réel virage au XIXe s., avec l’industrialisation, qui aurait fait disparaître certains fondamentaux de nos sociétés. Je voulais aussi faire un film sur l’agriculture parce que j’étais ulcéré par les représentations dominantes de l’agriculture dans les médias : d’un côté, la stigmatisation, la dramatisation et les crises ; et de l’autre, le journal de 13 heures, le folklore et le passéisme. N’en déplaise à Tony Blair, l’agriculture n’est pas une relique du passé.

Propos recueillis le 17 novembre 2009

Revue de presse

- Bakchich.info : Avec Le Temps des Grâces, Dominique Marchais réalise un tour de France des campagnes françaises et dresse un état accablant de l’agriculture moderne. Tour à tour, agriculteurs, éleveurs, microbiologistes, chercheurs, fonctionnaires, ainsi que l’excellent écrivain Pierre Bergounioux, apportent leur pierre à l’édifice de ce plaidoyer pour l’écologie.

- Libération : [...] Une savante dialectique de l’ordre et du désordre, du chaos (la forêt préhistorique) et de la discipline (le champ humanisé), se révèle peu à peu dans cette vertigineuse enquête sur le destin de nos sols et de ceux (les paysans) qui en avaient la garde. L’hybris technique frappe dès les années 50 un monde agricole qui pense pouvoir enfin échapper par le progrès à l’ingratitude d’un sort millénaire de bête de somme. Tracteurs et engrais chimiques décuplent le rendement ; phosphates, insecticides et autres potions magiques font tripler les récoltes. Mais l’utopie productiviste et sa réalisation subventionnée (la PAC, politique agricole européenne) se paie aujourd’hui au prix fort. Si l’on écoute les experts interrogés par le cinéaste, quand nous baguenaudons dans nos douces campagnes en humant fleurs et fumier, nous piétinons en fait un cadavre. « Morte Terre » comme dit Murat. Le bombardement chimique sur un demi-siècle a stérilisé les sols, aboli la tourbe, détruit les équilibres fragiles de l’écosystème. Résultat : non seulement les paysages deviennent moches mais en plus on mange mal. Comme dans le Mondovino de Jonathan Nossiter (en 2004), le film plaide pour le respect des spécificités multiples des terroirs français contre des logiques de standardisation qui ne sont même plus rentables. Bien sûr, le Temps des grâces peut se voir de multiples manières (l’agriculture à la dérive comme symptôme d’un malaise dans la civilisation plus général) ; du moins peut-on dire qu’il possède un dernière partie assez agressive, fiévreuse, à forte capacité d’interpellation des pouvoirs publics et des citoyens. Le film a donc vocation à être vu mais aussi largement débattu.

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Forum

Le temps des grâces : un regard engagé sur l’agriculture française
28 février 2010, par Nicolas Gauthy

L’état des lieux est en effet passionnant.

À mon sens, les témoignages les plus édifiants sont ceux des microbiologistes Claude et Lydia Bourguignon. Leur discours me rappelle celui d’un agronome colombien que j’avais rencontré l’an dernier. Il avait réussi à augmenter le rendement d’une petite plantation de bananes en supprimant les pesticides, et en ménageant des travées pour faire entrer la lumière et faire revenir champignons, vers et bactéries qui grouillaient dès qu’on grattait un peu.

Le sol, finalement, est au commencement et à la base de l’agriculture et de l’alimentation. À l’autre bout de la chaîne, il y a le goût et l’éducation au goût, à laquelle s’intéresse aussi Marc Dufumier, qui voit dans les cantines scolaires le meilleur moyen de sensibiliser les futurs citoyens aux immenses enjeux de notre l’alimentation.

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 22:32
Caleb IRRI

Je viens de lire l’article de Monsieur Jorion, intitulé “le sauvetage de l’euro n’a pas eu lieu“. Mais comment pourrait-il en être autrement ? A partir du moment où l’on raisonne dans le cadre du capitalisme, les règles capitalistes doivent s’appliquer. Que ce soit en temps de crise ou pas, la “Loi du marché” indique que la somme des intérêts individuels doit concourir à l’intérêt général. Point. Cela signifie donc qu’en fonction des éléments contextuels de l’économie actuelle, l’intérêt de l’Allemagne est de laisser tomber l’Europe pour ne pas sombrer avec elle.


La question n’est donc pas de savoir si elle fait bien ou mal d’agir ainsi, mais plutôt de savoir si son intérêt à court terme (sauver “sa peau” économique) ne va pas à l’encontre de son intérêt à plus long terme. Car en se préparant à lâcher l’Europe (et l’euro), l’Allemagne signe l’arrêt de mort de l’indépendance politique de l’Europe, ainsi que la puissance dont elle bénéficiait en tant que moteur de cette entité.


Et cette question, il ne fait aucun doute que l’Allemagne se l’est posée aussi, et y a répondu de manière pragmatique, politique. Car il faut rappeler que la politique n’est pas au service du social mais de l’économie. Le social n’est qu’une donnée secondaire dont le risque est calculé et, géré avec finesse par une propagande subtile, il peut même se retrouver au service du politique. Ce qui importe pour les chefs d’Etat, ce n’est pas de s’attirer le contentement du peuple à court terme, mais de conserver leur pouvoir à long terme, en satisfaisant les véritables maîtres du monde, c’est-à-dire les quelques 5% qui possèdent le pouvoir de les laisser en place.


Pour ce faire ils ont compris, comme je l’avais soupçonné ailleurs, que vouloir sauver l’Europe à la manière “sociale”, c’est à dire en faisant jouer la solidarité entre Etats, n’aboutirait qu’à faire tomber les Etats Européens, un à un, dans le giron soit des Etats-Unis, soit de la Chine. Finie alors la supériorité de la France et de l’Allemagne sur le reste, finie la puissance d’une Europe qui refuse de se laisser dicter sa loi par quelques pays. Tandis qu’en menaçant de laisser couler le navire, l’Allemagne envoie un signe fort de ralliement des plus petits Etats à une cause commune, une sorte d’Europe “fédérale”, dirigée cette fois-ci non plus par un parlement “trop” démocratique pour être efficace, mais par un pouvoir fort capable ou de s’opposer au futur “diktat” du “nouvel ordre monétaire international”, ou de peser à armes égales avec les autres “grands” lors des futurs débats sur le bancor.


Et c’est dans le cadre de cette Europe forte et unie que le social refait surface, avec les polémiques actuelles sur le protectionnisme, les 35 heures, la fiscalité ou le problème des retraites… Eclairées sous cet angle, ces polémiques montrent bien tout l’enjeu de l’Europe : si les chefs d’Etats européens veulent conserver leur pouvoir et continuer de satisfaire à leurs donneurs d’ordre (la finance), ils doivent contraindre leurs peuple à accepter des sacrifices. Pour garder sa compétitivité économique, l’Europe doit s’aligner sur les salaires, les droits et protections sociales les plus “optimisées”… Pour garder le pouvoir politique, les “Grands” de l’Europe doivent sacrifier le social sur l’autel de l’économie, et l’on rejoint ainsi mon titre.


Mais prenons maintenant le jeu dans l’autre sens, et imaginons que l’on sorte du “qu’est-ce qu’on peut bien faire alors ?”


Et bien il va falloir se poser la question en partant non plus de l’économique, mais du social. En admettant que l’opinion publique possède encore la capacité de se libérer de la propagande habituelle (celle de l’intérêt individuel pour satisfaire l’intérêt collectif), il est encore possible non pas de faire cesser la dépendance du pouvoir politique envers le pouvoir économique, mais de contraindre le pouvoir politique à modifier les règles qui les enchaînent l’un à l’autre. Et cela n’est évidemment possible qu’en faisant passer le social avant le reste, c’est à dire changer de paradigme, et faire comprendre qu’en réalité seul l’intérêt collectif peut ensuite rejaillir et satisfaire l’intérêt individuel


Cette logique est la seule alternative idéologique susceptible de combattre l’injustice capitaliste, mais doit pour y parvenir engager les citoyens dans une véritable participation à la « chose publique », et s’intéresser non pas au court terme, mais au long. Il existe des moyens pour cela, et la mise en place d’une Assemblée Constituante doit en faire partie. Mais pour qu’elle soit légitime, il lui faut le soutien populaire, ce qui exige son implication dans la vie politique non plus seulement pour se défausser de sa responsabilité, mais pour l’assumer.

 

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
http://lavoiedespeuples.unblog.fr

 

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 22:17
Frédéric Delorca
http://www.theles.fr/editions-Theles/auteurs/frederic-delorca_880?PHPSESSID=3732f9527b8f09e77741859d5fdb820c

On trouvera ci-dessous la version intégrale de l'interview de Frédéric Delorca réalisée le 23 janvier dernier pour le numéro de janvier de la revue "L'Arme et la Paix" de l'association Initiative citoyenne de défense (http://icd-citoyennetedefense.com/ ). Un tour d'horizon de la situation internationale dont les événements d'Egypte depuis 24 h semblent venir confirmer les orientations.

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-  Frédéric Delorca, comment est né le projet "Atlas Alternatif" et en quoi consiste-t-il ?

 

atlasalternatif.jpg- J’ai lancé le projet d’Atlas alternatif juste avant la guerre d’Irak. A l’époque plusieurs sites Internet avaient commencé à publier des informations alternatives contre les interventions impériales de l'OTAN au Kosovo et en Afghanistan. J’ai voulu que le grand public (et pas seulement les jeunes Internautes) puisse avoir sous la main un outil qui lui explique sur un plan très factuel tous les méfaits du processus de mondialisation lancé par les grandes puissances occidentales pour dissiper tous les rideaux de fumée entretenus pas les grands médias. Avec le soutien des éditions Le Temps des Cerises et d’un réseau que j’avais constitué autour de mon premier site d’information alternative (sur l’ex-Yougoslavie) j’ai donc réuni, dans les deux années qui ont suivi, une quarantaine de contributeurs d’orientations politiques assez diverses (des trotskystes aux chevènementistes en ce qui concerne les Français),  mais aussi de divers horizons géographiques (ils venaient des cinq continents) et de diverses spécialités (il y avait des politistes, des économistes, des anthropologues, des universitaires aussi bien que des journalistes et des militants). Nous avons composé un livre qui, dans sa première partie, abordait sous un angle global les grands phénomènes de prédation mondiale (le développement des structures militaires, les structures financières, la propagande médiatique) contrôlés par les puissances occidentales, puis, dans une seconde partie, les effets des politiques d’ingérence dans les vingt zones du globe que nous avions dessinées, au cours de la période allant de 1990 à 2005. Le résultat fut un peu inégal comme souvent avec les ouvrages collectifs, mais au moins nous avions un outil informatif sans équivalent sur la place éditoriale, à la disposition des citoyens soucieux d’échapper à la doxa médiatique omniprésente. L’éditeur en 2006 l’a appelé « Atlas alternatif », même s’il s’agit plutôt d’un « état de la domination occidentale dans le monde ».

- Quels ont été les différents échos rencontrés par votre ouvrage et par votre blog (http://atlasalternatif.over-blog.com/) ?


- Le boycott médiatique (prévisible) autour du livre (à part des publications anti-libérales qui en ont parlé comme L’Humanité dimanche) et la configuration (plus complexe à anticiper) des milieux hostiles à la globalisation libérale en France n’ont pas permis de susciter des grandes mobilisations dans le sillage de la publication de l’ouvrage comme je l’aurais souhaité. Mais il y a quand même eu quelques initiatives militantes intéressantes comme sa distribution au Forum social mondial de Nairobi en janvier 2007, et puis aujourd’hui le livre est accessible dans beaucoup de bibliothèques universitaires et municipales et il existe même un groupe d’un millier de personnes sur Facebook qui demande qu’il soit acheté par toutes les bibliothèques publiques. Surtout nous avons mis en place, avec le soutien de quelques contributeurs, un blog - http://atlasalternatif.over-blog.com/  - qui actualise le livre deux fois par mois en moyenne (pour ne pas non plus saturer les boîtes emails des abonnés) en traitant des pays ou des zones qui nous paraissent intéressants du point de vue de l’équilibre géopolitique mondial ou simplement parce qu’ils révèlent des possibilités politiques sur lesquelles les grands médias cultivent le silence ou la désinformation. Le blog, qui existe depuis quatre ans, compte un peu plus de deux cents articles en libre accès, consultables gratuitement, dont beaucoup ont été repris sur des blogs et des sites amis (et aussi parfois malheureusement par des sites avec lesquels je ne suis pas d’accord, mais c’est la loi du genre sur le Net). L’approche du blog comme celle du livre vise à souligner les dangers de l’hégémonisme des grandes puissances occidentales (les Etats-Unis en premier lieu, mais aussi leurs alliés en Europe et ailleurs, et les structures internationales qu’ils contrôlent comme le FMI, l’OMC, etc.) et valoriser les mouvements de résistance ou les politiques de non-alignement. Le parti pris est d’écrire des billets concis, faciles à lire, comme des revues de presse, et qui renvoient (par lien hypertexte) à des articles de journaux ou de sites en français, en anglais et en espagnol pour plus de détail. L’accent est toujours mis sur des informations qui ont été travesties ou occultées par les grands médias occidentaux (lesquels sont aussi ceux qui donnent le ton de l’information et de la désinformation planétaires).
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Par ailleurs le livre a été traduit en anglais (il est en vente sur http://www.lulu.com/content/3600002) et actualisé pour cette version en 2008. Nous avons eu l’année dernière des propositions pour une traduction espagnole en Colombie (un pays de la ligne de front de la résistance à l’impérialisme !), mais cela supposerait une refonte assez complète du livre cinq ans après sa première publication ce qui est compliqué à faire. Donc je préfère encore, comme cela arrive souvent, qu’il y ait des traductions spontanées sur le Net en anglais, en italien, etc. des articles tirés du blog.
Enfin à titre personnel j’ai publié en 2009 et 2010 deux livres aux Editions du Cygne qui appliquent l’esprit de l’Atlas alternatif (critique de la désinformation dominante, recherche des données factuelles, respect de l’histoire des peuples et défense du non-alignement) à deux Etats autoproclamés de l’ex-URSS très méconnus en Occident : la Transnistrie (http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-transnistrie-voyage-pays-soviets.html ) et l’Abkhazie (http://www.editionsducygne.com/editions-du-cygne-abkhazie-decouverte-republique.html ).

- Au terme d'une année 2010 chargée en événements internationaux, comment décririez-vous la photographie du Monde ?


- Je crois qu’il faut replacer cette année dans la perspective de la décennie écoulée. On est passé d’un équilibre des forces où les puissances occidentales (euro-atlantiques) se sentaient si hégémoniques qu’elles prétendaient lancer des croisades humanitaires dans le monde entier (avec une OTAN aguerrie au Kosovo et désormais « globalisée », qui remplacerait ainsi l’ONU pour le maintien de l’ordre mondial) à un monde plus équilibré. On connaît bien les facteurs de ce rééquilibrage : enlisement militaire des Etats-Unis en Irak (où ils ont dû accepter la mise en place d’un gouvernement très influencé par l’Iran), en Afghanistan (où aucun des objectifs de guerre affichés n’a été atteint), leur affaiblissement économique, l’échec du coup d’Etat anti-Chavez au Venezuela, la défaite d’Israël au Liban et celle de la Géorgie en Ossétie du Sud, le redressement de la Russie, la montée en puissance de pays émergents comme le Brésil, l’Inde, l’Afrique du Sud ou même la Turquie (qui ont beaucoup pesé sur les négociations commerciales internationales), et surtout évidemment l’envol économique et militaire de la Chine. Tout cela a donné des résultats très concrets dans les diverses régions du monde : échec de l’Occident a faire reconnaître l’indépendance du Kosovo par les Nations-Unies, impossibilité de mettre en place des centres militaires opérationnels étatsuniens en Afrique (le centre de commandement militaire étatsunien pour l’Afrique a dû être basé en Europe), préservation de la souveraineté de petits pays « résistants » comme Cuba et émancipation progressive d’alliés des Etats-Unis comme l’Indonésie.
Mais, en même temps, les événements de l’année 2010 ont montré que l’affaiblissement du bloc euro-atlantique ne signifie nullement la fin de ses aspirations à l’hégémonisme et qu’en outre, le modèle idéologique occidental (le néolibéralisme anglosaxon et le système de valeur qu’il incarne) reste très attractif dans le monde : non seulement la crise financière de 2007-2009 n’a pas engendré de grands changements politiques dans les pays riches (il n’y a pas eu de grand mouvement populaire de remise en cause du système, juste des grèves assez éphémères en Grèce, au Portugal etc.) mais elle n’a pas non plus altéré la capacité d’action des puissances euro-atlantiques dans le Tiers-Monde. On peut regarder les grands équilibres par zone.
 

latinamerica.jpg En Amérique latine, la résistance à l’hégémonisme états-unien est en difficulté : même de chauds partisans des mouvements sociaux latino-américains comme le contributeur de l’Atlas alternatif Raul Zibechi l’ont reconnu dans leurs écrits récents. La tentative de coup d’Etat contre Rafael Correa en Equateur, les grèves contre Evo Morales en Bolivie, l’échec de Chavez à faire adopter son projet de constitution socialiste, le recul de son parti aux élections législatives (même s’il reste largement majoritaire), la facilité avec laquelle le régime putschiste hondurien s’est fait accepter par les instances internationales, tout cela est plutôt de mauvaise augure pour les années qui viennent, et ce n’est pas cela qui peut dissuader l’establishment étatsunien de poursuivre son projet de constructions de bases militaires en Colombie ni ses visées sur les réserves d’eau et la biodiversité amazoniennes.


En Afrique, si des pays comme le Zimbabwe ou le nouveau régime malgache peuvent miser sur la montée en puissance de la Chine pour diversifier  leurs sources d’approvisionnement et d’aide économique, je suis frappé par le renouveau de la Françafrique en Afrique centrale et occidentale. Une Françafrique débarrassée du potentiel de non-alignement qui avait pu être le sien lors de la première guerre civile de Côte d’Ivoire (quand les partisans de Laurent Gbagbo appelaient Bush à leur secours) pour devenir l’alliée fidèle des Etats-Unis. Au Togo, au Gabon, en Guinée, au Burkina, les élections (parfois très contestables, mais cela la presse ne le dira pas) ont été favorables aux candidats de l’Elysée. Et en 2010 dans le seul pays (la Côte d’Ivoire) où le résultat s’est révélé incertain et où l’ancien client de la Françafrique (Laurent Gbagbo) refuse de capituler devant le nouveau favori des grandes puissances (Alassane Ouattara), Washington et Paris sont parvenus à réunir un consensus interventionniste autour d’eux à l’ONU. C’est très préoccupant pour l’avenir, tout comme me paraît très préoccupante la militarisation du Sahel sous couvert de « lutte anti-terroriste » contre Al Qaeda Maghreb Islamique. Plus à l’Est en Afrique aussi les puissances occidentales marquent des points. Elles sont parvenues là aussi à imposer une logique de militarisation et d’interventionnisme en Somalie et au large de la corne de l’Afrique, sous couvert là encore de lutte contre le « terrorisme » ou contre la piraterie, et en réalité de défense des intérêts économiques des multinationales : au Niger la protection de l’exploitation de l’uranium par Areva, au large de la Somalie et du Yémen  (mais aussi sur le territoire yéménite, dans une guerre obscure dont on parle si peu) la protection de navires de commerce.
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Il est aussi très préoccupant de voir se dérouler sous nos yeux une recomposition de la carte de la région du bassin du Nil qui n’est pas du tout favorable au non-alignement des peuples de cette zone. Cela a commencé dans les Grands Lacs avec la neutralisation du Congo (l’assassinat de M. Kabila père, l’alignement du code minier congolais sur les intérêts des multinationales, la réconciliation de M. Sarkozy avec le régime rwandais de M. Kagamé), plus au nord la consécration de l’Ethiopie, du Rwanda et de l’Ouganda comme verrous du contrôle de la Somalie. Maintenant la sécession sans coup férir du Sud-Soudan, enfant chéri des néo-conservateurs étatsuniens qui a déjà annoncé que sa première mesure sera d’établir des relations diplomatiques avec Israël. Avec ce dispositif les atlantistes seront en mesure de faire pression sur l’Egypte (elle-même verrouillée par une dictature, mais une dictature vieillissante comme celle de M. Ben Ali en Tunisie qui vient de quitter le pouvoir, et donc toujours susceptible de basculer prochainement – or l’Egypte est aussi la clé du maintien de la pax americana au Proche-Orient).
 

 

Au Proche-Orient  justement les occidentaux maintiennent et renforcent leurs positions dans le Golfe arabo-persique (là-encore avec le concours très dévoué de la France qui a inauguré une base militaire à Abou Dhabi).
 

 

Les Etats-Unis parviennent bon an mal an à neutraliser le pouvoir de nuisance de l’Irak (qu’ils ont il est vrai méticuleusement épuisé et encouragé à se perdre dans des rivalités communautaristes), s’apprêtent à s’en retirer au prix d’une privatisation de l’occupation, cédée à des entreprises de mercenaires. Ils réussissent aussi à maintenir la pression sur l’Iran avec un chantage permanent au bombardement des installations nucléaires et des opérations de propagande planétaire du genre de l’affaire Sakineh Mohammadi-Ashtiani. Bien qu’ils n’aient pas réussi à mettre en cause la Syrie dans l’assassinat de Rafiq Hariri au Liban en 2005, ce qui leur aurait donné un prétexte pour mettre ce pays au ban des nations, ils continuent d’utiliser le tribunal spécial pour le Liban pour tenter de neutraliser les partis qui leur sont hostiles (leurs dernières manœuvres en ce sens au mois de décembre sont à l’origine de l’éclatement de la coalition gouvernementale ce mois-ci).
 

Il y a bien sûr des éléments positifs comme ces manœuvres militaires conjointes turco-chinoises qui ont été révélées en octobre et critiquées avec véhémence par Israël. C’était notamment intéressant parce que selon certaines informations (qu’il faut cependant prendre avec précaution, j’ai dit pourquoi dans le blog) les avions chinois auraient obtenu l’accord des autorités pakistanaises (à la fois alliées des Etats-Unis et des Chinois qui ont beaucoup aidé ce pays contre l’Inde) pour survoler leur territoire afin d’aller s’entraîner en Turquie.
 

Mais je suis aussi frappé par la capacité qu’ont les Occidentaux à toujours désamorcer ce genre de « menace ». Ainsi, on a vu qu’Israël, pendant un temps inquiété par la politique de Poutine qui livrait des armes au Hezbollah libanais et voulait impliquer la Russie dans le règlement du conflit palestinien, a réussi à édulcorer la position russe. En septembre dernier la Russie a signé avec Israël un accord de coopération militaire portant notamment sur la « lutte contre le terrorisme ». Aujourd’hui la Russie est beaucoup moins offensive au Proche-Orient que sous la présidence de Vladimir Poutine – à l’époque elle avait récupéré sa base de l’ère soviétique à Tartous en Syrie, utile à la présence de sa flotte en Méditerranée. On parle encore d’alliance possible russo-turco-syrienne contre Israël, et il se peut que le pouvoir russe soit lui-même divisé sur la question de la vente des missiles d’autodéfense à la Syrie par exemple. Il a été question du déploiement de missiles de théâtre Iskander, puis cela a été démenti et on ne parle plus que de missiles anti-navires Yakhont pour protéger la base de Tartous. De même Moscou a renoncé à vendre des missiles S-300 à l’Iran (ces ventes sont des thèmes clés pour l’équilibre des forces au Proche-orient) et a beaucoup durci sa position à l’égard de ce pays sur le dossier nucléaire.
 

Il semble qu’Israël obtienne les mêmes résultats avec la Chine. Il existe une coopération technologique militaire entre Israël et la Chine depuis les années 1980. Et le porte-parole des forces de défense israéliennes le général de brigade Avi Benayahu était à Pékin en octobre dernier pour renforcer la coopération avec l’armée chinoise, ce qui n’augure guère d’un soutien actif de la Chine aux Palestiniens.
 

Cette grande modération des Russes et des Chinois au Proche-Orient (et aussi pourrait-on dire en Afrique) est le fruit de pressions que l’Occident est capable d’exercer aux frontières mêmes de ces pays, et à l’intérieur de leur société civile.
En ce qui concerne la Russie, la pression aux frontières concerne surtout le Caucase : Obama a renforcé les crédits de USAID dont une partie des deniers soutient les revendications irrédentistes du Nord-Caucase. Les jeux olympiques d’hiver de Sotchi en 2014 pourraient être l’occasion de tensions autour de l’indépendance des peuples « circassiens » (je renvoie à mon livre sur l’Abkhazie à ce sujet) comme les jeux olympiques de Pékin en 2008 furent l’occasion d’une agitation tibétaine. Les tensions ethniques entre Russes et Caucasiens à Moscou en décembre dernier, dont on ne sait pas bien qui les manipule ni comment, s’inscrivent dans ce contexte. Les Russes ont neutralisé la Géorgie et placé leurs missiles en Abkhazie, mais cela n’est que de peu d’intérêt pour eux si des organisations comme l’ « Emirat du Caucase » parviennent à déstabiliser les républiques encore membres de la Fédération de Russie.
 

 

csto-copie-1.pngMais il n’y a pas que le Caucase. Il y a la frontière occidentale, où, bien que la Russie soit parvenue à enrayer en Ukraine la « révolution orange » de 2004 et le projet d’adhésion de ce pays à l’OTAN, elle n’a pas trouvé de solution pour dépasser les profondes divisions de ce pays. Il y a bien sûr aussi l’Asie centrale potentiellement instable, et la frontière maritime arctique, où l’OTAN a lancé une politique très offensive.
 

En outre la Russie, si elle a un peu récupéré économiquement par rapport à l’ère d’Eltsine reste dépendante du système capitaliste mondial contrôlé par les pouvoirs financiers occidentaux, comme la crise de 2007-2008 l’a montré, ce qui l’incite toujours à des positions de compromis (une position qu’incarne particulièrement Medvedev face à Poutine). Le compromis Medvedev-Obama sur le bouclier antimissile en fut la preuve. Tout cela n’incite guère à voir dans la Russie un contrepoids solide face aux visées occidentales. Certes Chavez parvient à convaincre Medvedev de respecter les accords de défense avec lui, mais on voit mal Moscou s’engager d’une façon trop « visible » sur d’autres terrains. Si on prend la Côte d’Ivoire en décembre dernier, les hésitations de la Russie à valider au Conseil de sécurité le rapport (très favorable aux Occidentaux) de l'émissaire de l'ONU Choi Young-Jin n’ont pas duré très longtemps.
La Chine est dans une situation un peu comparable pour l’instant. Son envol économique lui donne des pouvoirs nouveaux mais dont elle hésite à se servir. De fait elle se trouve de plus en plus prise dans des relations d’interdépendance : le créancier a besoin de la survie du débiteur, si le système économique mondial  contrôlé par les Occidentaux s’effondre, la Chine s’effondre à son tour (d’autant que son économie est encore fragilisée par la pénurie de matières premières, de pétrole, et par la masse de paysans qu’elle n’a pas encore transformés en classe moyenne urbaine – d’ailleurs le pourra-t-elle ?). Quant aux menaces aux frontières, elles existent pour elle comme pour la Russie : en juillet 2009 des émeutes ont éclaté au Turkestan chinois (Xianjiang) et une ancienne traductrice du FBI a rappelé à cette occasion qu’avant 2001 Al Qaeda avait été entraîné par la CIA pour mener des actions dans cette région. Le degré d’ingérence des services occidentaux dans cette zone n’est pas clair. C’est peut-être là un point plus dangereux encore pour la Chine que la question tibétaine.
 

 

Par ailleurs il faut se rappeler que la Chine est encerclée par des bases militaires étatsuniennes et par des patrouilles de l’US Navy au large de ses côtes au nord comme au sud (en jouant sur le supposé danger nord-coréen au nord, et sur les divisions de l’ASEAN au sud). Washington a durablement scellé son alliance avec l’Inde autour d’un partage de la puissance nucléaire, et il encourage la politique agressive de pays comme la Corée du Sud qui jouent en extrême orient un rôle comparable à celui de l’Ouganda en Afrique de l’Est. 2010 a quand même été marquée par deux crises entre la Corée du Nord et la Corée du Sud (autour du navire militaire Cheonan prétendument coulé en juillet 2010 par les Nord-Coréens, ce dont on peut douter de plus en plus, quoi qu’en disent nos grands médias, et autour des tirs d’obus sur l’île de Yeonpyeong fin novembre, dont on peut se demander s’ils n’ont pas été un peu «encouragés» par l’attitude sud-coréenne).
 

flag-china.pngEnfin la Chine doit aussi affronter des pressions énormes sur la question des droits de l’homme par des lobbys qui peuvent utiliser cette pression au service d’intérêts tout autres, comme l’Occident a l’habitude de le faire depuis plus d’un siècle. L’attribution du prix Nobel au dissident Liu Xiaobo s’inscrit évidemment dans ce contexte d’intimidation idéologique. On peut aussi citer le soutien de la Fondation Lantos basée aux Etats-Unis (elle est liée au Parti démocrate) et patronnée par Shimon Peres, à des figures d’opposition comme le Dalaï Lama, les adeptes du Falun Gong ou l’artiste Shen Yun. Il n’est pas certain que ce genre d’initiative n’ait pas d’influence sur la politique de la Chine au Proche-Orient par exemple.
Beaucoup d’adversaires de la politique impériale de l’Occident dans le monde ont tendance à prendre leurs désirs pour des réalités, ils ont chanté un peu trop vite en 2006-2007 l’avènement d’un monde « multipolaire ». La vérité est que le jeu est ouvert, l’Occident peut aussi bien marquer des points décisifs qu’enregistrer des défaites importantes.

- Derrière cette photographie, quelles sont de votre point de vue les grandes dynamiques en œuvre, et les grands enjeux pour 2011 ?


- Je crois qu’en 2011 et pour les années qui suivent, les grands enjeux vont se focaliser autour des questions suivantes :
 

 

1 – Le système économique mondial peut-il continuer à fonctionner sur ses bases actuelles ? Les Etats (surtout les pays occidentaux, et parmi eux ceux dont la prospérité reposait le plus sur les services et l’emprunt) ont évité l’effondrement généralisé en empruntant massivement pour sauver le système bancaire. Est-ce que cela peut suffire ? Faudra-t-il encore emprunter ? Le peut-on ? Toutes ces dettes grèveront-elles vraiment les générations à venir ou seront-elles effacées par un moratoire (ou par la guerre) ? Est-ce que le coupes budgétaires que Mme Merkel veut imposer à l’Europe pour protéger une chimérique « zone euro » des attaques des spéculateurs, tout comme un désengagement de l’Etat sous la houlette des Républicains aux Etats-Unis ne vont pas plonger l’OCDE dans une crise encore plus grave que celle qui a résulté de la faillite des banques il y a trois ans ? Je crois que même les meilleurs économistes n’ont pas de réponses à ces questions.
 

Il est clair qu’un effondrement généralisé du système économique changerait la donne. Il priverait les Etats occidentaux (qui ont déjà des difficultés de ce côté-là) des moyens de financer les budgets militaires (mais aussi peut-être d’autres pays comme la Russie ou des Etats émergents du Tiers monde de leurs propres moyens de fonctionner). Sur le plan idéologique, des modèles plus socialisants (ou à la rigueur keynésiens) seraient remis en selle (ce que redoutait déjà le Wall Street Journal fin 2008) dont on ignore quel impact ils auraient sur les relations internationales. Mettraient-ils un terme à la course à l’appropriation des matières premières en Afrique et au Proche-Orient par exemple ? Que vaudrait le cours de pétrole dans une économie mondiale en chute de 10 % chaque année ? Peut-être des pays à base industrielle forte et dotés d’un système bancaire encore nationalisé comme la Chine résisteraient mieux, mais tout cela est hypothétique. On peut aussi faire le pari qu’un effondrement économique favoriserait des replis identitaires, j’y reviendrai, et donc des regains d’agressivité, y compris de la part des puissances occidentales paupérisées (mais encore détentrices du contrôle sur la plupart des médias planétaires, de la plupart des arsenaux militaires, etc).
Personnellement je n’exclus pas ce genre de choc systémique mais je n’y crois pas trop (déjà en 1984 Fidel Castro évoquait la possibilité d’un effondrement du dollar du fait du surendettement du Tiers-Monde, et ce n’est jamais arrivé).

Les élites mondiales ont toujours une forte capacité d’imagination pour conserver un système – tout comme le système bismarckien si l’on veut a quand même survécu une vingtaine d’année au décès de son inventeur avant de déboucher sur la Grande guerre de 1914-18. Disons que l’hypothèse d’une nouvelle grande crise économico-financière peut rester dans les paramètres possibles de l’évolution des rapports de forces, comme celle de grands désastres environnementaux à courte échéance, mais que ce n’est peut-être pas la plus probable.
 

2 – A supposer que le système actuel se maintienne encore vaille que vaille, les puissances moyennes « émergentes » peuvent-elles trouver une « respiration » dans ce cadre ?
 

S’il est vrai qu’il n’y a pas eu d’intervention militaire étatsunienne contre le Venezuela parce que, derrière, il y avait le Brésil qui avait basculé à gauche (et le Mexique, qui, sans avoir basculé, mais de justesse, pouvait aussi mobiliser son opinion publique), le Brésil, l’Afrique du Sud, la Turquie peuvent-elles trouver les moyens de s’affranchir toujours plus de la dépendance à l’égard des puissances occidentales, et proposer des options politiques qui dissuadent l’ingérence euro-atlantiste ? La réponse à cette question dépend de l’évolution économique de ces pays, et de la capacité de l’Occident à maintenir un contrôle sur les technologies de pointe. Supposons que demain Monsanto maîtrise si bien les OGM que – notamment par le biais des biocarburants – il relègue le pétrole aux oubliettes. Je ne donnerais plus cher de la puissance du Venezuela, ni de l’indépendance politique du Brésil (qui a signé un accord avec les Etats-Unis sur les biocarburants en 2007).
 


Tout dépend aussi de l’évolution politique de l’opinion publique, non seulement dans les pays du sud mais aussi dans les pays du nord  j’y reviendrai un peu plus loin.
 

3 – Ne se dirige-t-on pas vers un monde bipolaire Occident-Chine, comme il y eut une bipolarité Occident-URSS après la seconde guerre mondiale ?
 

C’est ce qui peut se produire si les puissances émergentes du sud ne parviennent pas à prendre leur place. Ce système vaut mieux pour les Occidentaux qu’un monde multipolaire car il est plus facile à gérer. Il peut aussi présenter un avantage pour les pays du sud qui peuvent jouer un bloc contre l’autre en fonction de leurs intérêts, mais cela tourne évidemment au désastre pour les pays du sud quand les « blocs » y déclenchent des guerres par procuration. Mais à mon avis c’est moins une question pour 2011 que pour 2021, vu la faiblesse relative de la Chine sur la scène internationale.
 

4 – Que peut-on attendre de l’opinion publique dans les pays du Sud ?
 

Il y a un phénomène intéressant en ce moment, c’est la montée des mouvements sociaux dans les pays du Maghreb. L’option la plus favorable à l’émancipation des pays du Sud serait l’installation en Tunisie d’un régime non-aligné, qui influencerait non seulement l’Algérie, mais aussi produirait un effet de contagion en Egypte, voire en Arabie Saoudite. Un basculement de tout le monde arabe dans le non-alignement signerait durablement un rétablissement du partage des richesses au profit des pays du Sud, en ouvrant la voie notamment à l’envolée des prix du pétrole décidée par l’OPEP et une généralisation des mécanismes de solidarité avec les non-producteurs du type ALBA dont le Venezuela a donné l’exemple. Nul doute évidemment qu’il y aurait alors une réaction concertée des pays occidentaux.
Donc l’évolution de l’opinion publique du monde arabe, et, au-delà, du monde musulman sera à suivre de très près.
Evidemment l’opinion publique de pays comme l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Argentine, et de vassaux des Etats-Unis comme l’Inde, ou de pays en voie de neutralisation comme la Russie comptera aussi beaucoup.
Par « opinion publique » j’entends bien sûr le peuple qui peut descendre dans la rue pour défendre son opinion (surtout en ces temps de flambée des cours du blé), mais plus encore de la bourgeoisie de ces pays qui est le soutien majeur des gouvernements qui les dirigent. Or l’espèce d’hégémonie idéologique des puissances occidentales, relayée par les grands médias planétaires, gène le ralliement de ces bourgeoisies à des options alternatives non alignées. Si on prend le monde musulman par exemple, l’hégémonisme occidental y est entretenu par la manière dont l’Occident y impose les termes du débat : entre une voie occidentale moderne consumériste, libérale, favorable à l’émancipation des femmes, et un « islamisme » soi-disant traditionaliste « obscurantiste ».
 

Il y a les médias qui entretiennent ces dichotomies artificielles. Il y a les fonds privés ou publics (y compris des fonds secrets gouvernementaux) qui abondent les réseaux journalistiques et universitaires pour légitimer ces croyances auprès des bourgeoisies locales. D’où aussi l’intérêt de suivre de près les politiques occidentales de « sponsoring » aux ONG et aux universités du Tiers-Monde. La capacité des peuples du sud à s’affranchir des termes du débat tels qu’ils sont posés par les Euro-atlantistes est aussi au cœur des enjeux planétaires des années à venir.
Or n’oublions pas que tout peut être objet de récupération des débats au service des intérêts du système mondial contrôlé par les puissances occidentales, à commencer par exemple, par la question écologique, en se présentant comme les championnes de la lutte contre les émissions de carbone, et culpabilisant les industries des pays émergents (alors que les émissions continuent de provenir massivement des pays riches).
 

5 – Que peut-on attendre de l’opinion publique dans les pays du Nord ?
 

Compte tenu de ce déséquilibre planétaire il est très important aussi que les opinions publiques des pays du nord se mobilisent contre la politique hégémoniste et agressive de leur establishment. Il faut militer pour la prise en compte des intérêts des pays du sud, contre le monolithisme de l’information, pour le démantèlement des structures militaires comme l’OTAN, contre l’opacité des organismes multilatéraux que nous contrôlons (OMC, FMI), pour des actions de solidarité à la base : allez par exemple demander à votre maire de jumeler votre ville avec une ville du Venezuela, de Palestine, peut-être même de Corée du Nord, pourquoi pas ? Plus on nourrit le débat en Occident (via Internet, mais pas seulement), plus on soutient les réseaux éditoriaux et d’informations alternatives, plus on crée des comités de résistance, et plus on affaiblit l’hégémonisme de la pensée dominante qui étouffe le monde.

- Comment caractériseriez-vous, avec désormais le recul nécessaire, la politique militaire et étrangère du président Obama ?


nato.png- Obama a poursuivi l’action initiée par Bush au cours de son second mandat : abandon de l’intervention directe « messianique » (qui prolongeait l’intervention « humanitaire » de Clinton au Kosovo), accent mis sur le travail de sape « indirect » via les fonds secrets et l’USAID, négociation avec les alliés et utilisation de ceux-ci pour « partager le fardeau » du contrôle du monde. Il a d’ailleurs gardé le même secrétaire à la défense que Bush pour mener à bien cette politique. L’abandon de l’interventionnisme direct est une concession faite au mouvement anti-guerre très important qui s’est développé aux Etats-Unis en 2005-2006, et une prise en compte des difficultés économiques du pays qui ne permettaient pas une projection de forces sur plusieurs fronts à la fois. Le fait qu’Obama était noir et qu’il fût au départ un petit peu plus à gauche qu’Hillary Clinton (quoiqu’un peu moins que d’autres tendances du parti démocrate) a pu aussi être utilisé à des fins de propagande par les grands médias pour faire croire à une conversion des Etats-Unis à une logique de monde « multipolaire », mais dès son arrivée au pouvoir Obama a donné des gages à l’appareil militaire américain et à la droite en refusant de fermer Guantanamo comme il l’avait promis, en poursuivant le soutien à Israël, en bloquant l’accès aux archives sur le 11 septembre (et donc toute possibilité de débat), en renforçant l’action militaire en Afghanistan.
 

 

Le retour en force des Républicains au Congrès à l’issue des dernières élections de 2010 m’inquiète. D’autant qu’il ne s’agit pas principalement de l’aile isolationniste des Républicains (tendance Ron Paul), mais des plus interventionnistes, lesquels ont déjà proposé à Obama un pacte d’alliance sur les questions de sécurité.
 

 

Ces gens ont une vision paranoïaque de l’Occident comme d’une citadelle assiégée qui doit attaquer la première si elle ne veut pas être anéantie, et c’est une vision qui a ses relais en Europe aussi.
 

 

C’est aussi une vision très « identitaire » des rapports entre les peuples et les civilisations, notamment sur des bases religieuses. Après la grande alliance stratégique de Clinton-Brzezinski avec l’Islam politique (une alliance qui a commencé contre l’URSS en Afghanistan en 1979 sous Carter dont Brzezinski était conseiller et qui s’est poursuivie en Bosnie et en Tchétchénie), l’establishment euro-atlantique peut être tenté par la croisade judéo-chrétienne, ou laïco-judéo-chrétienne (beaucoup de défenseurs de la laïcité étant prêts à soutenir l’interventionnisme occidental contre « l’islamisme »). C’est le genre de croisade dans lequel Washington pourrait enrôler Moscou (voire Pékin en jouant sur l’hostilité entre islamistes et « communistes athées »), sur la base qui plus est d’un intérêt économique commun face à l’alliance potentielle entre pays du Proche-Orient et nations exploitées du sud. Bref le potentiel de nuisance de l’Empire occidental reste considérable.

- Quelles ont été les incidences et les limites des inflexions d’Obama sur les grands dossiers évoqués précédemment (Palestine, Irak, l'Iran, Afghanistan, Amérique Latine, etc.) ?

 

- Certains pays ont pu tirer quelque profit des « poses » de l’interventionnisme occidental qu’on a pu voir apparaître à l’époque de George W. Bush. Le Venezuela a pu respirer un peu plus et nouer ses alliances avec la Biélorussie, l’Iran, la Syrie. L’hypothèse d’une intervention au Darfour (dans une guerre civile bien plus complexe que ne le laissait croire la propagande des néoconservateurs) a été abandonnée. L’Iran a vu reculer le risque d’intervention militaire. On a évité le pire. Mais il n’y a pas eu de progrès sérieux sur le dossier palestinien, et grosso modo l’Occident a pu maintenir l’essentiel de ses positions, au point même, comme je le disais plus haut, de pouvoir repasser à l’offensive, en Amérique latine par exemple. Par ailleurs le conflit s’est intensifié en Afghanistan dont toutes les dimensions ne sont pas connues, ainsi qu’au Pakistan, base arrière des Talibans qui trouvent un soutien patriotique de plus en plus massif chez les Pachtounes des deux côtés de la frontière. Les dommages collatéraux sur les vies des Pakistanais et sur la stabilité du pays sont énormes (alors que c’est une puissance nucléaire). Sur le dossier afghano-pakistanais les Etats-Unis sont dans la même impasse que l’URSS autrefois et ils ont réussi le tour de force d’entraîner l’Europe et l’Inde avec eux dans cet échec.

- Quelle évaluation peut-on faire selon vous de la nouvelle politique de la France, sur la scène internationale ?


La France est un pays très important dans le système mondial. Elle fut il y a deux siècles (ce n’est pas si vieux) la première puissance militaire mondiale, et elle a été la première avec les Etats-Unis d’Amérique à porter pour toute l’humanité un message universaliste de libération planétaire, celui de la Révolution française, qui continue d’inspirer les peuples du Sud. Les deux guerres mondiales l’ont affaiblie et les crimes de l’aventure coloniale ont terni son image, mais quelques soubresauts de sa puissance dans la seconde moitié du XXème siècle, comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, puissance nucléaire et son rôle clé dans la construction européenne en font une pièce stratégique majeure.
 

Il y a eu des velléités de non-alignement intéressantes à l’époque gaullienne (quoique De Gaulle ne soit jamais allé jusqu’à retirer complètement la France de l’OTAN, ni de la Communauté économique européenne qui était pourtant déjà à l’époque un projet étatsunien, et encore moins jusqu’à rejoindre le Mouvement des Non alignés comme l’avait fait la Yougoslavie de Tito – ce qui eût supposé que la France abandonnât toute velléité néo-coloniale en Afrique).
 

Ces velléités ont été en grande partie abandonnées par Valéry Giscard d’Estaing (malgré la défense de quelques positions encore sur des thèmes comme la Palestine), vaguement reprises au début du premier mandat de François Mitterrand (avec Claude Cheysson comme ministre des affaires étrangères), puis à nouveau abandonnées – on se souvient de la question des euromissiles, de la première guerre du Golfe. Jacques Chirac a suivi grosso modo la même pente atlantiste que François Mitterrand (abandon des essais nucléaires, bombardement de la République fédérale de Yougoslavie, opération militaire conjointe avec les Etats-Unis à Haïti) à l’exception notable d’une opération de communication courageuse mais éphémère de Dominique de Villepin contre les néo-conservateurs durant la guerre d’Irak. C’est avec Nicolas Sarkozy que l’alliance avec les néo-conservateurs américains s’est affirmée sur le mode le plus « décomplexé » (étouffement du « non » français au référendum sur la constitution européenne, retour dans le commandement intégré de l’OTAN, soutien à Israël au Proche-Orient, envoi de troupes en Afghanistan sur les théâtres d’opération et non plus seulement pour des missions de soutien comme l’avait voulu Jacques Chirac), le tout avec les félicitations des grands médias acquis à l’option atlantiste depuis longtemps.
 

Cet alignement n’a pas toujours été parfaitement cohérent. A l’égard de la Russie (à laquelle la France s’apprête à livrer des porte-hélicoptères de classe Mistral avec le transfert de technologie correspondant) ou du Venezuela par exemple la France de M. Sarkozy s’est montrée un peu plus ouverte que Washington ne l’eût souhaité. Parfois au contraire la surenchère atlantiste est allée au delà des souhaits étatsuniens, par exemple avec les rodomontades de M. Kouchner contre l’Iran. On peut se demander aussi aujourd’hui si la sympathie affichée par l’UMP pour le Parti communiste chinois ne fonctionne pas un peu à contretemps des Etats-Unis (quoique dans ce pays une partie de la droite aussi souhaite un gentlement agreement avec Pékin pour la gestion des affaires du monde). Mais dans l’ensemble l’alignement sur Washington pour l’essentiel est acquis, comme l’a révélé l’accord militaire (hélas en partie secret) signé avec le Royaume-Uni cette année sous couvert de « sauver » la force de dissuasion française face à l’option dénucléarisatrice d’Obama. Cette alliance avec le Royaume-Uni qui met en cause l’indépendance de l’utilisation de l’arme atomique n’a pas suscité de grande opposition, à gauche notamment (au sein du PS largement pro-atlantiste), pas plus qu’on ne dénonce le coût de la participation du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN (80 millions d’euros par an), ni sa participation au nouveau projet anti-missile d’Obama (qui, en protégeant les populations du risque nucléaire, pourrait réhabiliter subrepticement la légitimité des guerres conventionnelles).
 

Il est dommage que l’opinion publique française ne s’intéresse pas davantage à l’équilibre mondial et ne parvienne pas à se faire une idée réaliste du fonctionnement du monde et de ce qu’il faudrait faire pour l’améliorer, car la France possède de très nombreux atouts.
 

euroElle peut notamment faire échouer le projet de construction européenne tel qu’il est conçu par les Etats-Unis d’Amérique et qui est un pilier de la domination américaine dans le monde, non seulement parce qu’il finance une grande partie de cette domination mais aussi parce qu’il en est une caution idéologique majeure. La France à ce niveau a toute une série d’options à sa disposition qui vont de la sortie pure et simple de l’Union européenne et de l’OTAN, jusqu’à la menace d’une dénonciation du traité de Lisbonne pour infléchir la stratégie militaire de l’Europe et l’ouverture d’une négociation collective pour la dissolution de l’OTAN (à mon sens la sortie pure et simple de la France de ces institutions serait le plus efficace, mais cela supposerait, derrière, une stratégie de reconstruction d’alliances avec tel ou tel pays d’Europe rallié à des vues non alignées s’il en apparaît après notre retrait, avec la Russie, la Chine, ou des pays du Tiers-Monde, qui nous préserve du repli sur soi, repli sur soi qui serait à nouveau facilement exploitable par les Etats-Unis).
 

 

La France aurait aussi une carte à jouer pour aider à soustraire le Proche-Orient et l’Afrique à la mainmise euro-atlantiste (sans pour autant chercher à reconquérir ces zones dans une logique néo-coloniale) mais tout cela suppose une réorientation diplomatique à 180 degrés, et, derrière, une évolution de l’opinion publique sur la voie d’une confiance dans le projet politique que la France pourrait porter dans le monde. Il n’est pas exclu qu’elle y parvienne un jour. Je note que certains courants d’opinion assez sensibles à la question de l’impérialisme, notamment dans les « diasporas » du Sud, dans les milieux issus de l’immigration, commencent à s’interroger là-dessus.
 

 

- Nous abordons dans ces colonnes la "nouvelle stratégie" de l'Autorité Palestinienne; quelles sont à vos yeux les perspectives d'évolution au proche et moyen orient ?
 

 

- Depuis 2009 on annonce la reprise de négociations entre le Fatah et le Hamas, qui chacun contrôlent bien leurs positions (en Cisjordanie d’un côté, à Gaza de l’autre). L’Autorité palestinienne n’a rien gagné à collaborer avec Israël, et Israël n’a rien gagné à tenter de terroriser les civils à Gaza puis de les affamer. Le Fatah et le Hamas sont deux tendances majeures du mouvement de libération nationale palestinienne qui ne peuvent pas éviter de s’entendre. Et les Occidentaux quant à eux feraient bien de reconnaître une certaine représentativité au Hamas (même si certains aspects de ce mouvement peuvent paraître à juste titre assez antipathiques) et condamner sans équivoque le blocus inhumain de Gaza, sans quoi ils ne font que radicaliser le conflit et compromettent toujours plus les chances d’une paix juste et durable.
 

Mon sentiment personnel est que sur le long terme les protagonistes devront s’orienter vers une solution à un seul Etat non confessionnel (la colonisation ayant de toute façon rendu l’Etat palestinien non viable), avec un processus de réconciliation à la sud-africaine, et le respect du droit au retour de tous les Palestiniens en exil. En tout état de cause à court terme il ne peut y avoir de solution juste au conflit tant que les Etats-Unis poursuivent leur politique de soutien inconditionnel à Israël et sans des pressions efficaces pour conduire le gouvernement de Tel Aviv à la table des négociations. L’aveuglement des Etats-Unis sur ce dossier contribue non seulement à aliéner le soutien d’une partie des bourgeoisies (et des diasporas) musulmanes tentées de définir leur propre voie (éventuellement sur la base de l’Islam politique) plutôt que d’adhérer au rêve américain (ce qui oblige l’Occident à soutenir des dictatures militaires pour contrôler les populations – d’où l’échec du projet de Grand Moyen), mais il encourage aussi Israël dans un isolement paranoïaque stérile. Cette instabilité n’est pas complètement incompatible avec les intérêts de l’Occident – qui y trouve des avantages notamment pour les ventes d’armes – mais elle joue un rôle négatif sur l’image « œcuménique » que l’Occident voulait se donner, et pourrait conduire de plus en plus au repli croissant sur des positions « laïco-judéo-chrétiennes » intégristes dont je parlais plus haut, au cœur même de la culture occidentale, bref à de nouvelles formes très dangereuses d’obscurantisme belliciste.

- Vous avez développé des analyses approfondies et très remarquées sur des sujets qui ont également fait l'actualité (Côté d'Ivoire, Myanmar, Géorgie, Serbie, etc.). Quelle évaluation faites-vous aujourd'hui de ces analyses sur ces différents dossiers ?


Ce sont là des petits pays qui n’ont pas de très grandes marges d’action, et qui pourraient connaître des évolutions beaucoup plus favorables (notamment sur la voie d’une démocratisation authentique) sans l’ingérence des puissances étrangères. Prenons la Côte d’Ivoire, pays qui a offert l’essentiel de ses richesses aux multinationales françaises. C’est un pays enlisé dans un montage politique issu des accords de Marcoussis (réactivés à Accra)  patronnés par la France en 2003. Aujourd’hui l’ancien poulain de Paris n’obéit plus aux commandes du maître, un peu comme Saddam Hussein naguère en Irak. Le voilà donc diabolisé. La France alliée aux Etats-Unis se permet les pires ingérences : court-circuitage des opérations de comptage des voix, pressions sur l’ONU pour la défense militaire du candidat de l’opposition, chantage à la guerre civile. Ce travail de manipulation cynique peut déboucher effectivement sur la guerre. Pourtant d’autres solutions existent de partage du pouvoir, comme celle proposée par l’Angola. Evidemment la grande presse n’en parlera pas et le fait que Ouattara bénéficie du soutien international ne peut faciliter le compromis. En outre cette guerre s’inscrit dans le phénomène plus général de contrôle militaire du Sahel par l’occident. Ces ingérences nourrissent en retour les replis identitaires, et peuvent aboutir à l’éclatement d’autres pays encore. Les Etats-Unis ont voulu l’éclatement du Soudan, Kadhafi parle de celui du Nigéria.
 

 

Le Myanmar reste une dictature, parée depuis peu de faux habits démocratiques (mais une démocratie pas plus artificielle que celle d’Haïti par exemple). Mais comment envisager une démocratisation de ce pays quand on sait qu’il contrôle l’approvisionnement en pétrole du sud de la Chine ? Nos soutiens à Aung San Suu Kyi s’inscrivent dans ce contexte là (et même à supposer que Aung San Suu Kyi soit une responsable intègre comme le fut Vojislav Kostunica en Serbie en 2000, nul ne sait qui s’imposerait derrière elle ou dans son sillage en cas de transition politique au Myanmar). Les militaires birmans ont beau jeu de dire que s’ils laissent la place aux principaux partis d’opposition ceux-ci travailleront pour les Occidentaux. Les diverses « révolutions colorées » menées par les occidentaux dans les années 2000 ont montré que derrière les mouvements d’opposition vantés par nos médias il y a souvent la fondation Soros ou USAID, et des leaders à la Iouchtchenko (l’ex leader de la révolution orange ukrainienne qui a fini détesté par son peuple) ou à la Hamid Karzaï dont le souci n’est pas vraiment la souveraineté et l’indépendance de leur peuple. Ainsi le jeu pervers de l’ingérence occidentale finit par placer les peuples devant des choix impossibles entre des leaders au service des multinationales occidentales, et d’autres soutenus par la Chine ou la Russie, plus « souverainistes », et soumis à d’autres réseaux d’exploitation et de corruption. Ce sont des données que l’opinion publique doit avoir en tête pour combattre le système impérial dont ces situations sont les sous-produits.

La Géorgie illustre le cas de ces puissances régionales qui font le choix d’être des sous-traitants du Pentagone sur des lignes de front potentielles, comme le Rwanda, la Colombie, la Corée du Sud ou la Thaïlande (il y aurait beaucoup à dire sur ce pays aussi où l’alternative politique des « chemises rouges » a été complètement disqualifiée par nos grands médias malgré le soutien populaire dont elle jouissait, ou à cause de ce caractère populaire…). La Géorgie a perdu une guerre à ce jeu, mais dans le contexte actuel il n’est pas sûr que ses habitants aient d’autre choix que celui fait par leur président Saakachvili, la preuve étant que l’opposition géorgienne est devenue pratiquement inaudible, pas seulement à cause de la répression. En échange ce genre de pays peut obtenir une marge d’influence sur son patron à Washington, pousser à la guerre même quand Washington est réticent (ce qui semble avoir été le cas en août 2008). Cet essor de la puissance militaire ne va pas forcément dans le sens des intérêts de la population, mais celle-ci peut avoir le sentiment à tort ou à raison qu’elle la protège de dangers plus grands (dans le cas des Géorgiens il redoutent une nouvelle russification de leur culture).

Le cas serbe lui est particulièrement triste parce qu’il concerne un pays qui, après avoir vaillamment résisté à des empires brutaux (empire ottoman, austro-hongrois), et sacrifié des millions de vies à la résistance antinazie, reste largement diffamé comme pays « génocidaire » au terme d’une propagande invraisemblable développée par les médias occidentaux (et donc planétaires) dans les années 1990 au plus fort de l’enthousiasme hégémonique de l’OTAN. Aujourd’hui ce pays est dans l’incapacité de faire entendre sa version de l’histoire parce qu’il doit s’aligner sur tous les standards idéologiques européens s’il veut espérer intégrer l’Union européenne un jour. Même l’étonnant rapport Dick Marty (de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe) selon lequel les nationalistes albanais (l’UCK) pour lesquels et aux côtés desquels l’OTAN a fait la guerre en 1999 à cette époque-là se sont livrés à des trafics d’organes sur des prisonniers civils serbes n’a pas droit de cité dans le débat public en Occident (il est vrai que c’est une affaire bien gênante pour les dirigeants de nos pays). Le chantage à l’adhésion à l’Union européenne a permis aux Occidentaux d’obtenir à peu près tout de ce pays (envoi de dirigeants au tribunal pénal international sans vote de loi préalable pour l’autoriser, absence d’initiative pour rétablir l’impartialité de ce tribunal, recomposition de la classe politique et des partis en fonctions des intérêts de l’Occident, etc). Mais il y a des phénomènes comparables dans d’autres pays du Tiers-monde avec diverses formes de chantage à l’aide économique. C’est ce qui contribue à ce que la vérité historique, notamment la vérité sur les guerres, n’émerge que très tard. Il a fallu 30 ans pour connaître précisément l’impact des méfaits de l’agent orange en Asie du Sud Est ou la guerre secrète menée par les Etats-Unis au Laos dans les années 1970. Il en faudra peut-être trente autres pour avoir une vision précise des méfaits de l’uranium appauvri en ex-Yougoslavie ou de l’action des Etats-Unis à Falloujah en Irak en 2004 (par exemple).

Un des buts du blog de l

’Atlas alternatif est de parler de ces pays trop petits pour se faire entendre, trop saisis dans des réseaux de dépendance, notamment ceux qui subissent des embargos ou des conflits meurtriers, et de faire connaître à leur propos des faits peu diffusés dans les médias, qui sont souvent des faits qui ne vont pas dans le sens de la bonne conscience occidentale – tout cela évidemment en restant dans le domaine de l’analyse raisonnable, sans colporter de rumeurs ou peu fiables, et sans paranoïa complotiste…


- Quelle est votre analyse de la situation au Maghreb, et quelles sont les évolutions possibles sur le moyen terme ?

Le mouvement initié en Tunisie, à la suite d'une situation d'inégalité économique et d'iniquité politique particulièrement choquante, est très impressionnant : le courage du peuple, sa détermination, le degré d'organisation du mouvement social sont remarquables et pourraient bien influencer d'autres pays, ce qui pourrait être l'annonce d'un basculement du Proche-Orient dont je parlais plus haut.
 
Le fait que le régime tunisien ait eu de bons rapports avec la France, les Etats-Unis, Israël, le FMI (M. Strauss-Kahn l'a cité en exemple il y a 2 ans) est aussi un signal pour les peuples arabes : le soutien des grandes puissances ne suffit plus à rendre les dictatures invulnérables. Mais on sait aussi hélas qu'il y a plusieurs façon de confisquer une révolution. Dans le cas tunisien les Etats-Unis s'étaient déjà éloignés de M. Ben Ali comme l'avait montré un télégramme reproduit par Wikileaks, ce qui a pu pousser l'armée à lâcher Ben Ali. La "transition démocratique" en Tunisie est confiée à un proche du dictateur déchu, qui constitue un gouvernement constitué de partis pro-occidentaux. S'il veut une Tunisie non-alignée, le peuple devra sans doute maintenir sa pression.

Le cas tunisien peut inciter l'Algérie et le Maroc à démocratiser leurs régimes, mais je ne crois pas qu'il existe à court terme dans ces pays de mouvement politique assez solide pour entraîner des changements radicaux du type de la révolution iranienne de 1979 ou de la révolution bolivarienne au Venezuela. Au Maroc, parce que la monarchie s'est déjà réformée, et que la figure du roi maintient semble-t-il un fort consensus politique national, malgré les mécontentements sociaux (cependant il faut reconnaître que nous connaissons mal la situation dans ce pays, voir par exemple les arrestations de membres du Al Adl Wal Ihsane fin janvier peu connues en France). En Algérie, parce que l'opposition aux militaires est divisée et que le souvenir de la guerre civile hante les esprits. Il y aurait plus à attendre de changements au Machrek, en Egypte notamment (deuxième bénéficiaire de l'aide militaire étatsunienne). Nul doute que l'opposition égyptienne doit déjà préparer des plans d'action, et le Conseil national de sécurité étatsunien doit quant à lui réfléchir aux moyens de neutraliser le plus possible l'aspiration populaire au changement dans ce pays.

- Pour finir sur une note d'avenir, quelles sont à l'aube de l'année 2011 les raisons d'espérer et d'agir, pour un citoyen aspirant à la justice et à la paix ?

- En France les citoyens disposent de nombreux moyens d'information et d'action. Internet notamment leur permet de bien connaître la réalité mondiale par delà les mensonges des grands médias, à condition toutefois de savoir trier le bon grain de l'ivraie, et leur donne aussi les moyens d'entrer directement en contact avec diverses personnes prêtes à faire bouger les choses. L'important est qu'ensuite ils sachent se détacher de leurs écrans d'ordinateurs pour créer des groupes, des associations dans le réel, et acquérir un sens de la persévérance et de l'efficacité dans l'action collective. A priori il serait assez facile de constituer une sorte de plateforme nationale qui entretiendrait des relations avec divers mouvements à l'étranger hostiles aux logiques impériales - des mouvements basés ailleurs en Europe et sur les autres continents, il en existe beaucoup -. Ce genre de plateforme pourrait se fixer des objectifs à la fois fédérateurs, percutants et réalistes comme obtenir la sortie immédiate de la France de l'OTAN, le retrait des troupes françaises d'Afghanistan et d'Afrique, faire du lobbying auprès des élus nationaux et européens contre l'ingérence financière, politique et militaire occidentale dans le monde, et contre toutes les mesures prises pour renforcer notre dépendance à l'égard des Etats-Unis (la communication des informations bancaires, la préparation du grand marché euro-atlantique, etc). Nous pourrions à cet égard prendre exemple sur les Québécois  qui ont constitué un collectif pour la fin de l'occupation de l'Afghanistan et la sortie du Canada de l'OTAN "Echec à la Guerre" regroupant plusieurs partis politiques, dont Québec solidaire, l'organisation des jeunes du Parti québécois et les deux partis communistes, ainsi que des syndicats importants, de nombreuses organisations de lycéens, d'étudiants, d'immigrés ou d'autochtones, des associations religieuses de différentes confessions, des comités de quartiers. Ce collectif prend une envergure telle que même les grands médias atlantistes de cette province en sont venus à en parler. L'alignement de plus en plus assumé par les élites de la France sur le militarisme étatsunien salit l'image de notre pays dans le monde. Tout ce qui peut se constituer pour contrebalancer cette orientation sera utile à l'équilibre de notre planète et fera immanquablement boule de neige dans d'autres pays aussi.

Si la société française ne s'avère pas prête à aller aussi loin que les Québécois, au moins les gens peuvent-ils continuer à une échelle plus modeste à agir pour le non alignement de la France, au sein des partis politiques par exemple. Je suis assez satisfait par exemple de voir dans la classe politique des dirigeants comme M. Mélenchon ou M. Dupont-Aignan assumer de plus en plus clairement (même si parfois je trouve qu'ils devraient aller plus loin encore) des positions anti-atlantistes au risque d'être impopulaires dans les grands médias.  Ils y seront d'autant plus encouragés que les pressions des électeurs "de base" et des militants de leurs partis se manifesteront dans ce sens. Cela vaut aussi pour les militants et électeurs des autres partis qui peuvent œuvrer à soustraire ces organisations à l’influence atlantiste.

Et d'ailleurs l'uniformité pro-étatsunienne des grands médias elle-même se fissure sous le poids de la concurrence d'Internet. Ils savent que beaucoup de gens - notamment des jeunes - ne leur font plus confiance. Et des journalistes comme Frédéric Taddei sur France 3 sont obligés d'inviter à leurs émissions des publicistes qui diront du bien de Chavez et du Hezbollah libanais, les chaînes de la TNT doivent bien se résigner à laisser tel homme politique démystifier le Dalaï Lama, puis les vidéos de ces "morceaux de bravoure" circulent ensuite sur le Net. Les journaux qui, il y a dix ans, donnaient le "la" de la bienpensance comme Le Monde, Le Figaro et Libération sont au bord de la faillite face à la concurrence de gratuits qui, certes, ne sont pas plus objectifs qu'eux, mais au moins ne peuvent pas avoir de prétentions intellectuelles comparables. Nous sommes loin d'avoir atteint un bon équilibre dans le traitement de l'information, mais au moins les édifices dogmatiques sont fragilisés. Ce sont des éléments encourageants.

Propos recueillis le 23 janvier 2011 par D. A.

 

http://atlasalternatif.over-blog.com/article-interview-de-frederic-delorca-dans-la-revue-l-arme-et-la-paix-65979383.html

 

 

 

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 22:16

Article datant un peu, mais passionnant. Je le trouve à l'instant, il mérite d'êtrre publié pour comprendre les dessous des événements (eva)

 

Article publié le:13/01/2010 par Grégoire Lalieu et Michel Collon

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=LAL20100113&articleId=16948

http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/yemen.htm

 

Un pantalon prend feu dans un avion près de Détroit et des missiles pleuvent au Yémen : l’effet papillon ? Pour Mohamed Hassan, la menace terroriste n’est qu’un prétexte. Dans ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman », notre spécialiste nous explique le véritable enjeu du Yémen : combattre la démocratie dans le Golfe pour garder le contrôle du pétrole.

 

Depuis l’attentat manqué de l’avion Amsterdam-Détroit, le Yémen fait la une des journaux : c’est là que le jeune terroriste nigérian aurait été entraîné. Comment ce pays, allié des Etats-Unis, serait-il devenu un refuge pour Al-Qaïda ?

Tout d’abord, nous devons observer ce phénomène qui se répète : chaque fois qu’un régime soutenu par Washington est menacé, des terroristes apparaissent. Dans le cas de pays musulmans, ça tombe sur Al-Qaïda. Ce groupe terroriste fantôme apparaît partout où des mouvements nationalistes ou anti-impérialistes ébranlent des gouvernements marionnettes soutenus par les Etats-Unis. C’est ce qui se passe aujourd’hui au Yémen. Ce pays est dirigé par un régime corrompu allié de Washington. Mais il est menacé par des mouvements de résistance.

Et voilà qu’apparaît ce jeune Nigérian qui embarque avec des explosifs dans un avion à destination de Détroit. Ca n’a pas de sens. Ce présumé terroriste était placé sur des listes de surveillance depuis que son père avait prévenu les autorités américaines. De plus, les Etats-Unis disposent d’importants dispositifs de sécurité et de matériel de pointe : avec leurs satellites, ils pourraient dire si vous mangez un sandwich au thon ou au poulet ! Cette histoire de terrorisme ressemble à une popote interne qui montre que la situation du Yémen échappe aux Etats-Unis et que leurs intérêts sont en danger.


Pourquoi le Yémen est-il devenu si important aux yeux de Washington ?

Le président du Yémen, Ali Abdullah Saleh, est au pouvoir depuis trente ans. Son régime est corrompu, mais aligné sur la politique des Etats-Unis. Un groupe de résistants dans le nord du pays et des séparatistes dans le sud menacent la stabilité du gouvernement. Si un mouvement révolutionnaire renverse Saleh, cela pourrait avoir un impact dans toute la région et encourager les résistants qui luttent dans les Etats pro-impérialistes de la région. Particulièrement contre le régime féodal d’Arabie Saoudite.

D’ailleurs, lorsque les combats avec les résistants du nord ont éclaté au Yémen, la Ligue Arabe, dirigée par l’Egypte, a immédiatement condamné les rebelles et apporté son soutien au gouvernement yéménite. J’attends encore que cette même Ligue condamne les agressions d’Israël contre le Liban et la bande de Gaza. Le conseil de coopération du Golfe, une organisation dévouée aux intérêts occidentaux, regroupant certains pays producteurs de pétrole, a également condamné les résistants du Yémen. Pour les Etats-Unis, qui sont en pleine récession, leur colonie saoudienne ne peut être menacée par des mouvements de résistance. L’Arabie Saoudite fournit en effet une part importante de pétrole à Washington et constitue un précieux allié dans le Golfe. Si la région devenait instable, cela aurait de graves conséquences économiques pour les Etats-Unis.   


Qui sont ces résistants au nord du pays ? Quelles sont leurs revendications ?

Dans le nord du pays, le gouvernement affronte depuis plusieurs années la résistance armée des Houtis qui tirent leur nom du fondateur de ce mouvement, Hussein Al-Houti. Ce dernier est mort au combat il y a quatre ans et son frère a pris la relève. Tout comme la majorité des Yéménites au nord, les Houtis sont zaydites. L’islam est divisé en plusieurs courants tels que le sunnisme ou le chiisme. Ces courants se déploient à leur tour en différentes branches, le zaydisme étant une branche du chiisme.

Le président Saleh est lui-même zaydite, mais les Houtis ne reconnaissent pas son autorité. Le fait est que le Yémen est un pays très pauvre : son économie repose essentiellement sur une agriculture en déclin, quelques rentes pétrolières, un peu de pêche ainsi que l’aide international et l’argent envoyé par les travailleurs expatriés. Et avec tout cela, seule une poignée de personnes dans l’entourage du président profite des quelques richesses du pays alors que la population devient de plus en plus pauvre. La majorité des Yéménites ont moins de trente ans mais aucune perspective pour le futur : le chômage atteignait 40% en 2009. Les Houtis ont donc interpellé le gouvernement sur le sous-développement de la région, le manque d’eau et les problèmes d’infrastructures. Mais le président Saleh n’a pas répondu à leurs appels. Depuis, les Houtis ont entamé une lute armée. Leur bastion est la ville de Saada. Ce qui est très symbolique : c’est dans cette ville que s’installa il y a plus de dix siècles le fondateur du zaydisme yéménite.


Les combats près de Saada font rage. On dénombre plusieurs milliers de réfugiés et le gouvernement accuse l’Iran de soutenir les rebelles…

Cette accusation est fausse. L’Iran est à majorité chiite, mais les zaydites du Yémen, par leur manière de prier et bien d’autres choses encore, sont en réalité plus proches des sunnites. Si la résistance houtiste a suffisamment d’armes pour continuer le combat pendant les dix prochaines années, c’est parce qu’elle bénéficie de l’aide d’une partie de l’armée yéménite. En effet, beaucoup de soldats et d’officiers sont zaydites eux aussi. Les combats dans la région ont déjà fait plus de 150.000 réfugiés et les militaires zaydites voient que leurs frères souffrent. Certains rejoignent même la résistance.

Le président Saleh doit donc mobiliser des sunnites opportunistes au sein de l’armée pour combattre la résistance dans le Nord. Ce qui n’est pas sans conséquence : ce président zaydite, qui a déjà usé de ses convictions religieuses pour mobiliser la population et l’armée, fait aujourd’hui appel à des sunnites pour combattre d’autres zaydites. Saleh est en train de perdre tout le soutient qui lui restait au nord du pays.

 

Et le Sud demande la sécession ! Le président yéménite semble vraiment en mauvaise posture…

L’histoire du Yémen est essentielle pour comprendre ce qui se passe aujourd’hui. Le pays dans sa configuration actuelle est né de la fusion en 1990 de la République démocratique populaire du Yémen au Sud et de la République arabe du Yémen au Nord. Ces deux Etats ont eu des parcours différents…

La création du Nord remonte à plus de dix siècles avec l’arrivée des zaydites à Saada. Mais, en 1962, une révolution éclate pour renverser le régime féodal et installer une république. Nasser, le président égyptien défenseur de l’indépendance arabe, soutient le mouvement révolutionnaire. De leur côté, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Arabie Saoudite et le chah d’Iran envoient des mercenaires pour secourir les éléments réactionnaires de l’ancien régime féodal et affaiblir Nasser. Le conflit débouche sur une guerre horrible où plus de dix mille soldats égyptiens perdent la vie. Finalement, le gouvernement républicain n’est pas renversé, mais sort très affaibli du conflit. Il n’a pas les moyens d’amorcer une révolution culturelle, de démocratiser complètement le pays, ni de l’industrialiser. Bien que l’imam-roi qui dirigeait le pays se soit enfui en Arabie Saoudite, une grande partie du Yémen du Nord reste à l’état féodal.


Et au Sud ?

Le Yémen du Sud a eu un parcours différent. Il a été colonisé par les Britanniques pour bloquer l’expansion des Français qui s’étaient emparés de Djibouti et des Russes qui s’étendaient jusqu’à l’Asie centrale. Mais il s’agissait aussi de maintenir la domination britannique dans le Golfe arabe et sur le passage stratégique du détroit d’Hormuz. C’est la Grande-Bretagne qui a construit la ville portuaire d’Aden au Yémen du Sud. Cette ville est devenue très importante pour l’empire britannique. On pourrait dire que c’était le Hong-Kong ou le Macao de l’époque. Beaucoup d’étrangers ont également été envoyés dans la région.

Voici quelle était la pyramide sociale dans cette société coloniale : au sommet, trônaient les colons britanniques ; venaient ensuite des communautés somaliennes et indiennes qui constituaient une sorte de tampon avec la dernière classe, les Yéménites. C’était une stratégie classique des colons britanniques : utiliser un groupe d’individus contre un autre pour se préserver eux-mêmes. Ce faisant, toutes les personnes que la Grande-Bretagne jugeait dangereuses dans sa colonie indienne - comme les nationalistes ou les communistes - étaient envoyées en exil à Aden.


Comme nous l’avons vu pour la Somalie, ces prisonniers politiques vont influencer le cours de l’Histoire dans la région ?

Tout à fait. Des mouvements indépendantistes font fuir les colons britanniques en 1967 et la République démocratique populaire du Yémen voit le jour deux ans plus tard. Elle est gouvernée par le Parti socialiste yéménite : une coalition des divers éléments progressistes hérités en partie des prisonniers d’Aden. On y trouve des communistes, des nationalistes, des libéraux, des baasistes venant de Syrie ou d’Irak… Tous ces acteurs se trouvent réunis sous la bannière du Parti socialiste.

Le Yémen du Sud devient alors l’Etat arabe le plus progressiste de la région et connaît ses plus belles années avec une réforme agraire, l’égalité des sexes, etc. Cependant, le Parti socialiste reste composé de nombreux éléments aux origines diverses. Les communistes encadrent le parti et maintiennent une certaine cohésion mais chaque fois qu’il faut faire face à un enjeu de taille, les contradictions éclatent au grand jour. A cause du manque de base industrielle et du caractère petit bourgeois de la coalition, ces contradictions débouchent sur des assassinats. Les membres s’entretuent littéralement ! Le parti connaîtra ainsi trois révolutions internes sanglantes. Et la dernière lui sera fatale. La plupart des cadres idéologiques qui dirigeaient le parti sont assassinés et l’aile libérale prend la tête du mouvement. C’est donc un Parti socialiste très faible qui gouverne le Yémen du Sud lorsque la réunification des deux Yémen prend effet en 1990. Bien qu’elles aient eu des parcours relativement différents, les parties Nord et Sud ont toujours inscrit l’unification du pays dans leurs agendas respectifs.


Alors, pourquoi a-t-il fallu attendre 1990 pour que le Nord et le Sud s’unissent ?

Au nord, l’Etat était très faible depuis la guerre. Il était dirigé par des libéraux dépourvus d’idées vraiment révolutionnaires et contrôlés par les pays du Golfe, surtout l’Arabie Saoudite. Le voisin saoudien fournissait en effet des armes et de l’argent à la classe féodale afin d’affaiblir le gouvernement central. Pour l’Arabie Saoudite, un Yémen du Nord tribalisé était plus facile à gérer. Le Sud était par contre devenu un bastion des idées progressistes. En pleine guerre froide, il était considéré comme un ennemi de la région et devait être placé en quarantaine.

Mais en 1990, les choses avaient changé. Tout d’abord, l’Union soviétique s’était effondrée et la guerre froide était finie. De plus, le Parti socialiste yéménite ne représentait plus une grande menace. En effet, ses leaders idéologiques avaient été supprimés lors de la troisième révolution interne du parti. Pour les pays de la région et pour les intérêts stratégiques des Occidentaux, l’unification du Yémen ne présentait donc plus de gros danger. Ali Abdullah Saleh, qui était déjà président de la République Arabe du Yémen depuis 1978, prit la tête du pays. Il est encore au pouvoir aujourd’hui.


En 1990, le Yémen est le seul pays avec Cuba à s’opposer à la guerre en Irak. Vingt ans plus tard, si Castro tient toujours tête aux « Yankees », Saleh s’est pour sa part rangé aux côtés des Etats-Unis dans leur guerre contre le terrorisme. Comment expliquez-vous ce changement ?

L’opposition à la guerre en Irak n’était pas le fruit de la politique de Saleh, mais des membres de l’ancien Parti socialiste yéménite qui occupaient quelques postes-clé dans le nouveau gouvernement. Cependant, bien que le Parti socialiste ait toujours souhaité l’unification des deux Yémen sur une base progressiste, il était trop affaibli par ses révolutions internes pour faire passer complètement sa politique. De plus, l’Arabie Saoudite, fidèle allié des Etats-Unis, fit payer très cher au Yémen cette prise de position contre la guerre en Irak. Le royaume saoudien expulsa en effet un million de travailleurs yéménites qui bénéficiaient d’un statut spécial pour travailler librement de l’autre côté de la frontière. Cela provoqua une grave crise économique au Yémen tout en envoyant un signal fort au président Saleh. Ce dernier revit sa politique pour devenir graduellement la marionnette de l’impérialisme US que nous connaissons aujourd’hui.


Et les éléments progressistes du Sud l’ont laissé faire ?

La réunification a été une grande déception pour les dirigeants du Sud. Ils se sont lancés dans ce processus sans véritable stratégie. Et comme nous l’avons vu, le Parti socialiste était très faible. Le centre du pouvoir gravitait donc au nord autour du président Saleh. Le régime était corrompu, le renvoi des Yéménites travaillant en Arabie Saoudite avait provoqué une crise majeure et la situation économique se détériorait.

Tous ces facteurs ont amené le Sud à demander la sécession en 1994. Les séparatistes étaient soutenus par l’Arabie Saoudite qui préférait avoir un voisin divisé et faible pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’elle entretenait des contradictions avec son voisin sur le tracé de la frontière : le Yémen réclamait en effet certains territoires situés en Arabie Saoudite. Ensuite, parce qu’un Yémen uni avec un bon leadership pouvait apporter des problèmes aux classes féodales des pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite.

Ces tensions entre Nord et Sud débouchèrent finalement sur un conflit. Le président de confession zaydite mobilisa la population du Nord et une grande frange de l’armée autour de ses convictions religieuses pour lutter contre le Sud à majorité sunnite. Les séparatistes furent vaincus, ce qui affaiblit encore plus les anciens membres du Parti socialiste au sein du gouvernement yéménite. Cette guerre a finalement offert au Nord et à Saleh l’occasion d’asseoir leur domination sur les plans militaire et politique.


Quinze ans plus tard, le Sud demande à nouveau la séparation. Pensez-vous que le président Saleh s’en sortira aussi bien cette fois ?

Non, évidemment. Saleh doit affronter des problèmes de toutes parts. Le Sud réclame à nouveau un partage équitable du pouvoir après que ce gouvernement corrompu ait pratiquement ramené le pays à l’état féodal. Pour les Yéménites du Sud qui ont un passé progressiste, la situation n’est pas acceptable. Mais elle ne l’est pas non plus pour les Houtis au Nord. Et dans ce cas-ci, le président Saleh ne peut plus mobiliser une grande partie de la population et de l’armée autour de ses convictions religieuses : les Houtis sont aussi des zaydites ! La résistance houtiste a en fait permis de mettre à nu la véritable politique de ce gouvernement comme aucun stratège n’aurait pu le faire en si peu de temps. La population découvre ce qui se passe vraiment et le mécontentement gronde de plus en plus fort.


Quelles sont les raisons de la colère du peuple yéménite ?

Tout d’abord, la situation sociale et économique. Alors que le régime profite des richesses, le peuple devient de plus en plus pauvre. Il y a aussi le fait que le Yémen soit devenu un bastion de l’impérialisme US et que Saleh se soit rangé aux côtés de Washington dans sa guerre contre le terrorisme. Les Yéménites voient ce qui se passe en Afghanistan, au Pakistan et en Irak. Pour eux, c’est une guerre contre les musulmans. Barack Hussein Obama a beau avoir un nom musulman et faire tous les discours qu’il veut, il n’y a pas d’autres mots pour définir cette guerre.

De plus, le gouvernement yéménite n’est même pas capable de protéger ses citoyens. Après les attentats du 11 septembre, certains ont été enlevés et séquestrés sans raisons. C’est arrivé à un chef religieux yéménite éminent. Alors qu’il se rendait aux Etats-Unis pour voir son fils, il a été arrêté et envoyé à Guantanamo sans motif valable. Après six années de détention, il a finalement été relâché. Mais il est décédé trois semaines plus tard, car sa détention l’avait rendu malade. Cette guerre contre le terrorisme ne fait vraiment pas l’unanimité au sein du peuple yéménite !

Enfin, Saleh a reconnu les frontières de l’Arabie Saoudite dans le différend qui opposait les deux pays. Il a aussi autorisé les bombardiers saoudiens à pilonner la région où sont établis les rebelles houtistes. Pour les Yéménites, cette situation est inacceptable. Saleh est sur un siège éjectable. C’est pourquoi il a besoin du soutien des Etats-Unis qui agitent l’épouvantail d’Al-Qaïda afin de pouvoir agir librement dans le pays.


Après l’Afghanistan et l’Irak, le Yémen va-t-il donc devenir le troisième front des Etats-Unis ?

Je pense que ça l’est déjà. L’armée américaine a déjà envoyé des missiles et des troupes spéciales sur place. Elle fournit également beaucoup de matériel au Yémen, mais une bonne partie de ce dernier passe aux mains des résistants à cause des liens qu’ils entretiennent avec les zaydites de l’armée yéménite ! Cela fait six mois que Saleh a lancé une offensive de taille contre les Houtis. Il a également fait appel aux renforts des armées saoudienne et US. Je ne serais pas étonné qu’Israël rejoigne prochainement la partie. Mais malgré tout, ils ne parviennent pas à bout de la résistance houtiste. Cette dernière est logée dans une région montagneuse, comme les talibans. On sait toute la difficulté qu’il y a à combattre des rebelles sur ce terrain. De plus, les Houtis disposent d’assez d’armes pour combattre encore longtemps. 


Un nouvel échec en vue pour les Etats-Unis ?

L’histoire semble se répéter pour les Etats-Unis. Ce pays a beau être aujourd’hui dirigé par un ancien musulman, sa politique n’a pas changé. Le discours d’Obama peut d’ailleurs être très semblable à celui de Georges W. Bush : il promet de traquer les terroristes où qu’ils soient. Washington agite l’épouvantail d’Al-Qaïda pour combattre des rebelles tapis dans les montagnes du Yémen ? Bush a fait la même chose il y a plus de huit ans avec l’Afghanistan et cette guerre n’est toujours pas finie.

La question est de savoir combien de temps cela va-t-il encore durer. L’historien Paul Kennedy a relevé que le décalage entre la base économique et l’expansion militaire était l’un des principaux facteurs de déclin des grands empires. Si l’économie d’une grande puissance est en perte de vitesse, mais que ses dépenses militaires augmentent, cette grande puissance est condamnée à sombrer et à devenir très faible. C’est la situation des Etats-Unis aujourd’hui.

 

 

Mohamed Hassan est un spécialiste de la géopolitique et du monde arabe. Né à Addis Abeba (Ethiopie), il a participé aux mouvements d’étudiants dans la cadre de la révolution socialiste de 1974 dans son pays. Il a étudié les sciences politiques en Egypte avant de se spécialiser dans l’administration publique à Bruxelles. Diplomate pour son pays d’origine dans les années 90, il a travaillé à Washington, Pékin et Bruxelles. Co-auteur de L’Irak sous l’occupation (EPO, 2003), il a aussi participé à des ouvrages sur le nationalisme arabe et les mouvements islamiques, et sur le nationalisme flamand. C’est un des meilleurs connaisseurs contemporains du monde arabe et musulman.

 


 Articles de Grégoire Lalieu publiés par Mondialisation.ca
 Articles de Michel Collon publiés par Mondialisation.ca

© Mondialisation
http://www.oxygene.re/actualites/yemen-ce-nest-pas-al-qaida-que-les-usa-combattent-mais-67208.html
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Une photo du Yémen, époustouflante

  Yémen, époustouflant de beauté

 

http://www.manumilitari.org/?p=1680

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 21:54
Livre Savez vous vraiment ce que vous mangez par Laurence Wittner

 

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- 132 - 140 - 151- 160 - 161- 162 170 - 174

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403 - 404 - 405 - 406 - 408 - 410 -411 -

413 - 414 -420 - 421 - 422 - 440 - 470 -

471- 472 - 473 - 474 - 475·


SUSPECTS (étude en cours)


125 - 131- 141- 142 - 150 - 153 - 171- 172

- 210 - 213 - 215 - 216 - 217 - 231 - 232 -

241 - 338 - .340 - 341 - 460 - 462 - 463 -

465 - 466 - 477 .


TOXIQUES - CANCERIGENES


102 - 110- 120 - 123 - 124'- 127- 211- 220

- 225 - 230 - 250 - 251 - 252 - 311 - 330

(le plus dangereux) - 407 - 450.


SYMPTOMES ADDITIFS


 

Perturbations intestins

E 221 - 222 - 223 -

224 - 226


Derme (peau)

E 220 - -231 - 232 - 233


Perturbations digestion

E 330 - 339 - 340 -

341 - 400 - 461 - 463 - 466 - 467


Calculs rénaux

E 447


Produits dangereux

E 102 -110 -120 -124-

127


Destruction vitamine

B12 E 200


Accidents vasculaires

E 230 - 251 - 252

(dans la charcuterie)


Cholestérol

E 320 - 321

 

Sensibilité cutanée

E 311- 312

 

Aphtes  

E 330

 

Digestion

E 407 (crème glacées)

 

Produits cancérigènes

E 131 - 142 - 210 -

212 - 213 - 214


A EVITER


Bonbons « La PIE QUI CHANTE » - pastis

DUVAL- PICaN - MARTINI - COCACOLA


A FUIR


BANGA - Canada DRY - SCHWEPPES -

Fromage LA VACHE QUI RIT - Moutarde

AMORA - Certaines limonades et tous les

produits qui contiennent l'additif E 330

 

 

Actualités Novembre-Décembre 2010 / N°668 SANTÉ

 

Centre National de Recherche contre le Cancer - Pavillon 0


 

Additifs alimentaires Danger par Corinne Gouget
http://www.electrosensible.org/b2/index.php/a-lire/livres-sur-les-additifs-alimentaires
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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 19:56


(vidéos censurées par la Police de la Pensée)
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Introduction
par eva R-sistons
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Démocratie ? Pas avec le CRIF qui, à travers son "homme" au sommet de l'Etat français, gouverne la France. Dans notre pays, il est de bon ton d'attaquer en permanence les Musulmans (via les Médias aux ordres), présentés comme Islamistes, voire terroristes, au prix d'amalgames scandaleux, d'incitations à la haine, qui conduiront à terme à des chocs de civilisations meurtriers. Gare à ceux qui disent la vérité, comme Paul-Eric Blanrue boycotté par les censeurs qui occupent les Médias ! La chaîne arabe El manar interdite, la parole confisquée quand elle ose s'affranchir de la Pensée unique servile, le boycott de l'apartheid d'Afrique du Sud toléré mais pas celui d'Israël, la liberté de nier des faits communément admis réprimée, la Police de la Pensée avec la FDII de Juif.org qui censure les vidéos (par exemple citant des extraits du Talmud !) ! Et maintenant, les ambassades israéliennes tentent d'empêcher la vérité de circuler au sujet des Etats-Unis et d'Israël, à travers un film turc, "La Vallée des loups" (volet Palestine)  ... Et on ose encore parler de démocratie, et on ose tenter de l'imposer là où les tyranniques valeurs de l'Occident ne font pas recette ?
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Notre pays est occupé, lance Marine Le Pen. Occupé par qui ? Par les Musulmans, ou par le Crif qui dicte ses volontés au Gouvernement, aux Médias, au Quai d'Orsay, etc ?

La France est méconnaissable ! Toutes ses valeurs, toutes ses traditions, tous ses idéaux, tous ses Droits de l'Homme, sont piétinés, elle perd son âme avec l'Occupant de l'Elysée docile envers Anglo-Saxons comme envers Israéliens ! L'Etranger doit-il dicter sa politique à notre pays ?

Il n'y a pas que la Tunisie ou l'Egypte à avoir besoin de libération !

Eva R-sistons


La Vallée des loups streaming  
 

« La Vallée des loups - Palestine » ne sera pas programmée dans votre cinéma

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Le film turc La Vallée des loups - Palestine (Kurtlar Vadisi Filistin) est sorti en salle en Turquie et en Allemagne le 28 janvier 2010, avec deux mois de retard sur la date annoncée.

Toutes les ambassades israéliennes sont mobilisées depuis des mois pour empêcher la diffusion de cette oeuvre dans des pays tiers. Elles semblent avoir convaincu la plupart des diffuseurs occidentaux de s’abstenir de la présenter en salle et en DVD.

La Vallée des loups est une série de télévision qui met en scène les aventures du James Bond turc, Polat Alemdar. Au cours des dernières années, elle est devenue très populaire dans tout le Proche-Orient depuis que des télévisions satellitaires la diffusent en version arabe.

En 2006, la série a été portée pour la première fois au cinéma avec un film sur la guerre en Irak. Doté du plus fort budget de l’histoire du cinéma turc, il reproduisait avec minutie les crimes états-uniens, y compris la prison d’Abu Ghraib.

Le nouvel opus débute avec l’attaque pirate israélienne contre le navire humanitaire Mavi Marmara en eaux internationales. Polat Alemdar est alors envoyé en Israël pour venger ses compatriotes et abattre l’officier israélien qui a commandé l’opération. Mais Moshé est occupé à réprimer de la pire manière les Palestiniens…


« L’anti-Hollywood turc à l’assaut des crimes états-uniens », par Mireille Beaulieu, Réseau Voltaire, 5 mai 2006.


Dimanche 30 Janvier 2011
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COMMENTAIRES
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Ce n'est pas grave !   
A la place nous allons encore nous régaler avec les films sur la shoah, sauf que cette fois, il sera obligatoire de les regarder et verser des torrents de larmes, sous peine d'une condamnation à 5 ans de prison et à 150 000 euros d'amende pour négationnisme et appel à la haine raciale !
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Il est à craindre que si un cinéma diffuse le film, le BETAR et la LDJ viendront commettre des pogroms contre les telespectateurs
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http://www.alterinfo.net/La-Vallee-des-loups-Palestine-ne-sera-pas-programmee-dans-votre-cinema_a54513.html
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A l'instant, je reçois ce courriel, criant de sincérité :
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Bonjour, j'aimerais comprendre pourquoi on est bouffé par les juifs, en politique, a la tv, au cinéma, dans la chanson ? On a l'impression qu'il n'y a pas de places ni de chance de réussite pour ceux qui ne sont pas juifs et ça, ça ne va pas ! Je ne suis pas juive, et comme tout le monde, après la guerre on nous a rabattu les oreilles avec (pauvre juifs  etc...) ok d'accord et bien sur ..... 65 ans plus tard, ils pleurent tjr et nous en rabattent les oreilles. Pendant tous ce temps on n'a pas entendu gémir les Japonnais qui eux ont ramassé la bombe atomique sur la tête ! Je suis ni pour ni contre personne, mais maintenant ça commence sérieusement a me gonfler l'over dose juive ! On peut dire tout ce que l'on veut sur tout le monde ! Sauf sur les juifs, c'est pas juste ! Qui aura le courage de pouvoir le dire dans une émission de tv  ? Je rève qu'un jour quelqu'un ose demander sur la scène de la remise des Césars : Que ceux qui ne sont pas juifs dans la salle osent se lever !
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Note d'eva: Je publie ce texte pour dire aux citoyens Juifs:  Stop ! Trop de Shoah tue la Shoah ! Trop d'intolérance alimente l'antisémitisme ! Réagissez ! C'est VOTRE intérêt ! Je suis tolérante, mais je n'arrive plus à supporter tous ces excès, comme de plus en plus de gens partout  !
 
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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 16:53
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Le "savoir faire Français", vanté par Alliot-Marie, au service des préfets et autres mercenaires de la sarkozie.

Vendredi 21 janvier 2011, une manifestation pacifique de citoyens et d’élus venus soutenir leur communauté de communes (CdC Autour d’Anduze) menacée d’éclatement par la volonté d’expansion de l’agglomération d’Alès, a été réprimé avec une violence inouïe par les force de l’ordre.


Gazage et matraquage sans aucune sommation alors qu’il n’y avait, de la part des manifestants, aucune violence ni dégradation. Une vidéo amateur montre clairement les faits : des manifestants pacifiques, des élus (en écharpe) gazés, des personnes âgées gazées et matraqués, des manifestants blessés et des enfants qui courent.


Si c’est ainsi que les préfets entendent mener la réforme territoriale, ça promet.


Tout cela est lamentable. Nous avons besoins de tous les citoyens pour dénoncer ce qui s’est passé ce jour là à Anduze.


violences des forces de l’ordre gratuites
envoyé par zimprod. - Regardez les dernières vidéos d’actu.

 

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Communiqué de presse du PG Gard /Anduze, le 24 janvier 2011

 

Monsieur ROUSTAN, en démocratie les différents ne se règlent pas avec la force publique !


Les réformes territoriales mises en place par l’UMP et votées par FOURNIER, ROUSTAN, LACHAUD n’ont jamais été acceptées par les élus. Le Congrès National des Maires de France 2009 avait été l’occasion pour de nombreux maires, de toutes tendances politiques, de dire NON à ces projets. Malgré ce, le gouvernement et ses représentants locaux cherchent à l’imposer à marche forcée, à toute vapeur !


Ce qui s’est passé à Anduze est dans la logique de la perte de sang froid quasi permanente des élus UMP ! La démocratie est chaque jour mise à mal par leur intolérance, leur mépris envers leurs pairs mais aussi les citoyens. Maintenant l’agression devient la réponse. Agression envers les salariés de Richard Ducros, agression envers des manifestants pacifistes pour le maintien d’une communauté de communes... mais où vont ils s’arrêter ?


Le Parti de Gauche condamne fermement ROUSTAN et ses amis pour de tels agissements. Le parti de Gauche s’indigne de telles violences policières qui délégitiment ceux qui en on donné l’ordre.


A Anduze on gaze, à Tunis on a tiré. Benali est tombé. Ici, aussi l’oligarchie qui méprise le peuple et ses élus de bases doit être balayée par les urnes.


Vite la révolution citoyenne !

 

Katy Laurent et Charles Menard
Co-secrétaires du Parti de Gauche 30


communiqué_Anduze 24 01 2011.pdf

 

http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4939

 

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Le "savoir-faire" de la police française mis en oeuvre en Egypte
La France a formé la police égyptienne de Moubarak
samedi 29 janvier 2011

A la Mecque en 1979 déja, le savoir faire français...


Michèle Alliot-Marie avait proposé le « savoir-faire » de la France pour le maintien de l’ordre en Tunisie

En Egypte, c’est une formation à la « gestion des foules et des grands événements » qui a été dispensée à la mi-octobre par deux policiers français à leurs homologues égyptiens


L’annonce de cette petite formation figure toujours sur le site de l’Ambassade de France au Caire, plus discret sur le soulèvement du peuple égyptien. (Voir capture d’écran)


L’organisation des services d’ordre et de rétablissement de l’ordre était au programme de la formation dispensée au Caire, au profit de vingt officiers des services d’ordre public et de la sécurité d’Etat égyptiens, par deux officiers de police français.


Egalement au programme de la formation : l’examen de cas pratiques et les règles déontologiques.


C’est le Caire qui avait vu dans la France l’interlocuteur opportun pour lui enseigner « la gestion des foules et des grands événements ». Cette petite information prend un relief particulier lorsque l’on constate que les affrontements entre force de sécurité et manifestants ont fait environ 100 de morts sur le sol égyptien.

Contacté ce samedi, le cabinet, place Beauvau, a promis de revenir vers Rue89 pour donner de plus amples informations sur ces programmes de coopération en matière de sécurité intérieure.


Ceux-ci sont désormais mieux connus, depuis que Michèle Alliot-Marie avait proposé les services de la France le 11 janvier au régime de Ben Ali qui vivait alors ses dernières heures et qui avait fait plusieurs morts

 

http://www.comite-valmy.org/spip.php?breve509

 

 

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 16:40

Il y a beaucoup de gens qui ont des ancêtres juifs sans le savoir. En Allemagne, il y en avait beaucoup qui s'étaient converti au protestantisme pour mieux s'assimiler. Dans l'entourage d'Hitler, il y avait 300 juifs qui n'ont jamais été inquiétés. Heydrich avait des ancêtres juifs. Et le nom Rosenberg, il vient d'où ? Alors que Benoit XVI ait des ancêtres juifs ne peut étonner personne.

 

   

Benoît XVI est juif selon la loi religieuse israélite

 

 

Aron Ben Gilad, Catholique d’origine Juive et fondateur d’une œuvre religieuse promouvant l’adoration perpétuelle explore sur son blogue l’ascendance du Saint-Père. Voici la lignée de l’arbre généalogique de Joseph Ratzinger, Pape de Rome, qui remonte à Juda Loew ben Bezalel, Rabbin de Prague:

 

(1) Rabbi Yehuda Loew (Leib) ben Bezalel [le MaHaRal de Prague], (c.1512-1609), ép. Perla Shmelkes-Reich(c.1516-1610)


(2) Vogele Loew (c.1556-1629) ép. Rabbi Isak Ha-Cohen (c.1550-1624)


(3) Chava [Eva] Ha-Cohen (1580-1651) ép. Rabbi Abraham Samuel Bachrach (1575-1615), Rabbin de Worms


(4) Rabbi (Moses) Samson / “Simson” / Bachrach (1607-1670), Rabbin de Goding, Leipnik, Prague, et Worms, ép. Dobrusch Phobus (c.1610-1662)


(5) Rabbi Jair Chayim Bachrach, dit “le Chavas Yoir” (1638-1702), Rabbin de Worms, ép. Sarah [Dinah Sorle] Brillin (c.1638-1703)


(6) Rabbi Samson / “Simson” / Bachrach (né c.1657), épouse inconnue


(7) Malka Bachrach (née c.1680), ép. Rabbi Zalman Shpitz, président du Beit Din d’Eisenstadt


(8) Sarl [Sarah] Shpitz (née en 1703), ép. Rabbi Jacob Knoepflmacher (c.1700-avant 1739), “le Maître”, grand Rabbin de Mehrin


(9) Nissel Knoepflmacher (née c.1722), ép. Rabbi Moses Knoepflmacher(1718-1798), Rabbin d’Holesov

(10) Jacob Knopfelmacher (né en 1739), ép. Katharina (née 1740)


(11) Joachim Knopfelmacher (né en 1764), ép. Anna  (née en 1764)


(12) Markus Knopfelmacher (né en 1786), ép. Betty


(13)Josefina (Peppi/Josefa) Knopfelmacher (née en 1809) ép. Jacob Tauber (né en 1811)


(14) Betty (Elisabeth Maria) Tauber (Convertie au Catholicisme) (née en1834) ép. Anton Peter Peintner


(15) Maria Tauber Peintner (née en 1855) ép. Isidor Rieger


(16) Maria Peinter Rieger (née en 1885) ép. Joseph Ratzinger (père)


(17) Joseph Alois Ratzinger (Pape Benoît XVI)

 

 

Joseph Ratzinger est donc, selon la loi juive, juif lui même de par son arrière grand-mère maternelle.


 

 

Sources Anti Impérialisme

 

Posté par Adriana Evangelizt

http://nom666.over-blog.com/

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