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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 03:00
Lundi 4 octobre 2010 1 04 /10 /2010 10:19

  Logo de Électricité de France

Wikipedia

EDF,

richesse de la Nation,  

bradée au capital

Le projet de loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité  (dite loi NOME)  adoptée en première lecture à l’Assemblée Nationale, est en discussion au Sénat.

De quoi s’agit-il : mettre EDF en conformité avec les directives de l’Union Européenne sur la concurrence capitaliste.

 

Deux dispositions immédiates :

 

1- Les prix de l’électricité vont flamber pour les usagers. La loi prévoit l’ « harmonisation » des prix (par le haut bien sûr) afin de permettre aux entreprises concurrentes de spéculer, de faire le maximum de profit sur ce produit de première nécessité. Dans la même optique, le gouvernement veut vendre la Compagnie du Rhône, remise sur le marché des concessions des barrages, obligation de rachat de l’électricité produite par l’éolien ou le solaire à un prix plus élevé que sa propre production.

Les augmentations annoncées vont de 7,1% à 11,4% en 2011, puis elles seront de 3,5% les années suivantes. Rappelons que 3,2 millions de familles  (soit 10 millions de personnes) sont en situation de précarité énergétique, elles sont contraintes de restreindre la consommation minimum jugée indispensable faute d’argent.

 

2-  la loi impose à EDF de mettre à la disposition de ses concurrents privés 25% du courant produit par ses centrales nucléaires.

C’est une entreprise de destruction massive du  système énergétique français, cet outil formidable, dont les Français ont financé la construction en payant leurs factures et leurs impôts.

 

Elément stratégique de la politique industrielle et sociale, ce grand service public créé en 1945 est livré totalement aux appétits financiers. C’est l’indépendance énergétique de la France qui est mise en cause. Déjà en novembre 2006 lors de la panne géante d’électricité en Europe nous avions dénoncé les conséquences de la privatisation en route (manque d’investissements et fragilisation des installations). Aujourd’hui déjà des régions- Bretagne, Provence- sont au bord de la rupture en électricité en période de grands froids et  les habitants sont invités à réduire leur consommation.

 

Cette situation n’est que la suite logique de l’ouverture du capital d’EDF-GDF à la concurrence en vue de la privatisation.

 

Or, c’est le gouvernement  de la gauche plurielle de Jospin qui en 2001 a ouvert le capital d’EDF-GDF à la concurrence et c’est le même Jospin qui, d’un commun accord  avec Chirac au sommet européen de Barcelone en février  2002, a pris l’engagement de poursuivre les privatisations d’EDF-GDF, de la Poste et la SNCF.

 

TEXTE REPRIS sur  "SITE COMMUNISTE"

 

http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-edf-richesse-de-la-nation-bradee-au-capital-58169616.html

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 06:56

Expériences médicales mortelles sur les Guatémaltèques,

Washington s’en excuse


Expériences médicales mortelles sur les Guatémaltèques, Washington s’en excuse
Washington a présenté vendredi des excuses à des centaines de Guatémaltèques infectés par des maladies sexuellement transmissibles, dans le cadre d'une étude menée par le gouvernement américain, il y a plus de 60 ans. L'étude, menée de 1946 à 1948 au Guatemala, était "clairement contraire à l'éthique" et "répréhensible", ont déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et la ministre de la Santé Kathleen Sebelius. Environ 1.500 personnes avaient été forcés de participer à cette expérimentation ayant pour objectif de déterminer si la pénicilline, dont on commençait tout juste à se servir, pouvait être utilisée pour prévenir des maladies sexuellement transmissibles (MST).
Les chercheurs avaient choisi comme cobayes des personnes vulnérables, y compris des malades mentaux et des prisonniers et ne les ont informées ni de l'objet de leur recherche, ni de ce qui allait leur arriver. Ils les ont encouragés à transmettre des maladies sexuelles et n'ont pas traité ceux d'entre eux qui ont contracté la syphilis. Les excuses américaines ne semblent pas toutefois avoir satisfait le président guatémaltèque, José Rafael Carrera, qui accuse toujours les Etats-Unis de crime contre l’humanité.


Samedi 2 Octobre 2010


http://french.irib.ir http://french.irib.ir

 

http://www.alterinfo.net/Experiences-medicales-mortelles-sur-les-Guatemalteques-Washington-s-en-excuse_a50397.html

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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 04:47
Sur le sujet, lire aussi mon article :
Alerte ! Le Nouvel Ordre Mondial s'apprête à tuer nos emplois. Par eva R-sistons

http://r-sistons-actu.skynetblogs.be/archive/2010/06/14/alerte-le-nouvel-ordre-mondial-s-apprete-a-tuer-nos-emplois.html

 

 

pauvres-tt-possible-j.jpg

 

Tribune libre

LE CAPITALISME? LE REMPLACEMENT DU TRAVAIL HUMAIN PAR LA MACHINE!


Notez


Michel Peyret
Lundi 27 Septembre 2010



Cela vient en son temps au cours de la conférence que donnait, en janvier 2005, à Bayonne, Anselm Jappe, dans le cadre du Forum Social du Pays Basque, mais j'ai saisi une phrase, que j'ai abondée de quelques autres, pour la renforcer dans son originalité comme dans sa profondeur théorique et politique, pour donner tout son sens à ma relecture du texte que Anselm Jappe avait, lui, intitulé: « Quelques bonnes raisons pour se libérer du travail. »

SE LIBERER DU TRAVAIL

Anselm Jappe disait effectivement, quoique moins schématiquement que ne l'exige un titre: « Cela veut donc dire que toute l'histoire du capitalisme est l'histoire du remplacement du travail vivant, du travail humain, par des machines, et cela veut dire aussi que le système capitaliste, dès le départ, sape ses propres bases, scie la branche sur laquelle il est assis. »
Cette deuxième proposition est au moins aussi importante que la première, peut-être aussi énigmatique au premier chef, en cela qu'elle apparaissait pour le moins quelque peu en contradiction avec la précédente. En effet si le capitalisme sape ainsi ses propres bases, on pourrait considérer qu'il met pas mal de temps à le faire, et sans que le résultat apparaisse toujours clairement. A moins que, justement, sa crise actuelle...
En tout cas, Anselm Jappe confirme la contradiction en ajoutant que le capitalisme ne peut y échapper: « Il est, dit-il, un système de marché nécessairement basé sur la concurrence: les capitalistes ne peuvent passer des accords entre eux pour qu'elle ne joue plus. Ils ne peuvent se dire: « On va arrêter cette course aux technologies pour stopper cette chute des profits. »

DE LA CONCURRENCE ET DES TECHONOLOGIES

Car, ajoute encore Anselm Jappe, sans toutefois tout expliquer encore de sa démarche, le capitalisme est une société de concurrence: il y a toujours quelqu'un qui utilise de nouvelles technologies. Donc ces processus continuent toujours: la force de travail est remplacée par des machines qui ne produisent pas de valeur.
Là, tout est dit: si la quantité de force de travail diminue, si les machines ne produisent pas de valeur nouvelle, on voit mal où, en quoi, ou qui, pourrait maintenir le profit, au moins le taux de profit. Nous sommes déjà arrivé là à ce que Marx appelait « la baisse tendancielle du taux de profit », formule qui pourrait sembler aussi hermétique que d'autres, si nous n'avions pas déjà lu Anselm Jappe, quelques autres, et surtout Marx...

QUAND LE « TRAVAIL » N'EXISTAIT PAS

« Il est significatif, dit Anselm Jappe, que le mot « travail », au sens moderne du terme, n'existait ni en grec, ni en latin, ni en d'autres langues. L'origine du mot « travail » dérive du latin « tripalium », un instrument à trois pieds utilisé à la fin de l'Antiquité pour torturer les serfs en révolte qui ne voulaient pas travailler. A l'époque, il y avait beaucoup de personnes qui ne travaillaient que si on les y forçait par la torture. Ce mot « travail », qui n'est pas du latin classique mais qui est apparu au Moyen Age, ne signale pas encore l'activité en tant que telle, utile aux productifs, et encore moins l'épanouissement ou la réalisation de soi, mais indique déjà comment quelque chose de pénible est obtenu par la force, et quelque chose qui n'a pas u n contenu précis. Il en est de même pour le mot latin « labor », qui désigne à l'origine un poids sous lequel on trébuche et indique tout genre de peine et de fatigue, y compris la douleur de la femme qui accouche, et non pas une activité utile.
« En allemand, « arbeit » désigne l'activité de l'orphelin, celui dont personne ne prend soin, astreint qu'il est aux activités les plus pénibles pour survivre...Tout cela démontre que la notion de travail, comme nous le concevons aujourd'hui, est relativement récente.
« Il en découle que le travail en tant que catégorie sociale, concept d'activité dans la société, n'est pas quelque chose de si naturel, de si évident, ni de si consubstanciel à l'être humain, mais plutôt une invention sociale... »

DES BESOINS, ET DES ACTIVITES POUR Y REPONDRE

« Dans la société pré-capitaliste industrielle, poursuit Anselm Jappe, les activités n'étaient qu'une réponse à un besoin. On déterminait les besoins, puis on mettait en oeuvre les activités nécessaires pour y répondre... Ce qui intéressait la société, ce n'était pas l'activité, c'était le résultat. Et c'est aussi la raison pour laquelle on cherchait plutôt à faire exécuter les activités les plus pénibles par des esclaves ou des serfs... On ne faisait pas travailler ces derniers pour « travailler », mais parce que les maîtres voulaient avoir la jouissance des biens de ce monde...
« Le monde capitaliste a changé la donne... Le travail est devenu le véritable but de la société, et non un moyen. A l'échelle de l'histoire mondiale, c'est un changement des plus importants: la société capitaliste est l'unique société dans l'histoire humaine pour laquelle la seule activité productive, ou ce que l'on peut appeler travail, n'est plus seulement un moyen pour atteindre un but, mais devient un but auto-référenciel. »

LE TRAVAIL CONCRET ET LE TRAVAIL ABSTRAIT

Selon Marx, poursuit Anselm Jappe, tout le travail dans la société capitaliste est ce que l'on peut appeler un travail abstrait. Il ne s'agit pas de travail immatériel, ou dans l'informatique:
« Dans le premier chapitre du Capital, qui ne débute pas du tout par les classes, ni par la lutte des classes, ni par la propriété des moyens de production, ni par le prolétariat, Marx commence en analysant les catégories qui sont, selon lui, les plus fondamentales de la société capitaliste et qui n'appartiennent qu'à elle: ce sont la marchandise, la valeur, l'argent et le travail abstrait.
« Pour Karl Marx, tout travail, dans un régime capitaliste, a deux côtés: il est en même temps travail abstrait et travail concret. Ce ne sont pas deux types de travail différent, mais deux faces de la même activité. Pour donner des exemples très simples: le travail du menuisier, du tailleur, sont, du côté concret, des activités très différentes, qu'on ne peut pas du tout comparer entre elles, car l'une utilise le tissu, l'autre le bois. Mais elles sont toutes les deux « une dépense de muscles, de nerfs ou de cerveau ». Tout travail est aussi en même temps une dépense d'énergie humaine. C'est toujours vrai, mais c'est seulement dans la société capitaliste que cette dépense d'activité, d'énergie humaine, devient le côté le plus important au niveau social, parce qu'elle égale dans tous les travaux et dans toutes les marchandises. Parce que, si naturellement toute activité ne peut être réduite à une simple dépense d'énergie, c'est une dépense d'énergie qui se déroule dans le temps. Dans cette perspective, le travail du tailleur et celui du menuisier sont complètement différents du côté concret; mais du côté abstrait – du côté de l'énergie dépensée – ils sont absolument égaux et la seule différence réside dans leur durée et donc dans leur quantité... »

LE TRAVAIL CREE LA VALEUR

Aussi, ce que dit Marx, c'est que c'est le travail dépensé qui définit la valeur des marchandises sur le marché capitaliste. C'est parce que le travail est égal pour toutes les marchandises qu'il permet leur comparaison. De manière simplifiée, la logique du raisonnement est celle-là: la valeur d'une marchandise est déterminée par le temps de travail nécessaire pour créer cette marchandise, et cela permet de faire l'impasse sur le volet concret de la marchandise.
« Reste, ajoute Anselm Jappe, que la marchandise doit rencontrer un besoin, sans quoi elle ne se vendrait pas », et bien que l'on puisse créer le besoin par la suite. « La nécessité, le besoin ne déterminent pas la valeur sur le marché: celle-ci dépend exclusivement du temps de travail qui a été dépensé. »

AVEC LE CAPITALISME, LE TRAVAIL ABSTRAIT

Le seul travail qui compte dans le régime capitaliste, c'est le travail abstrait, un travail indifférent à tout contenu et qui ne s'intéresse qu'à sa propre quantité. Ce qui compte, sur le marché capitaliste, c'est d'avoir la plus grande quantité de travail disponible pour pouvoir la vendre. Cette quantité de traduit dans la valeur et la valeur dans l'argent...
Chaque marchandise correspond à une quantité d'argent. Donc, devant l'argent, toutes les marchandises sont égales. Mais, en dernière analyse, l'argent n'est que le représentant du travail qui a été dépensé pour la production, du travail abstrait....

UN SYSTEME FETICHISTE

« C'est pourquoi, poursuit Anselm Jappe, en tant que tel, le capitalisme du système est « fétichiste ». Pour Marx, qui parle de « fétichisme de la marchandise », c'est un système automatique, anonyme, impersonnel, où les personnes doivent seulement exécuter les lois du marché. Les lois du marché disent qu'il faut rechercher la plus grande quantité d'argent, sous peine d'être éliminé par la concurrence.
« Et la plus grande quantité d'argent, cela veut dire qu'on doit réussir à mettre en marche la plus grande quantité de travail, parce que le travail donne la valeur et que le profit ne se crée que parce que Marx appelle la plus-value ou sur-valeur: il s'agit seulement d'une partie du travail des travailleurs – celle qui n'est pas payée et revient au propriétaire du capital qui fait son profit sur la plus-value – qui n'est par ailleurs qu'une partie de la valeur... »

L'ARGENT EST LE SEUL BUT

« Là, poursuit Jappe, le but de la production est de transformer une somme d'argent en une somme d'argent plus grande, il n'y a plus cet intérêt pour le besoin concret, mais seulement un intérêt pour une croissance quantitative... Quand l'argent est le but de la production, il n'y a aucun but concret, le seul but concret est donc quantitatif.
« C'est une différence énorme entre la société capitaliste et toutes les sociétés qui l'ont précédée. Elles étaient des sociétés plus ou moins stables, car elles cherchaient avant tout à satisfaire des besoins, au moins les besoins des maîtres, et cela signifie que tout but concret est limité – on ne peut pas manger tout le temps, toute activité concrète trouve sa limite. »

LES CONSEQUENCES ECOLOGIQUES, HUMAINES, SOCIALES...IGNOREES

Par contre, ajoute Jappe, « dans le cas d'une activité purement calculatrice, quantitative, comme l'augmentation du capital, de l'argent, dans la mesure où il n'y a là aucune limite naturelle, c'est un processus sans fin, induit par la concurrence qui s'oppose à toute limite et pousse à l'augmentation permanente du capital: ainsi agit chaque propriétaire du capital, sans aucun égard pour les conséquences écologiques, humaines, sociales, etc... »
Ainsi, le capital est donc de l'argent accumulé. L'argent est le représentant plus ou moins matériel de la valeur, et la valeur, c'est du travail.
Le capital ne s'oppose pas au travail, il est du travail accumulé: accumuler du capital, c'est accumuler du travail mort, du travail déjà passé, celui qui crée de la valeur. Celle-ci , transformée en argent, est ensuite réinvestie dans les cycles productifs, parce qu'un propriétaire de capital a intérêt à faire travailler le plus possible: c'est seulement en faisant travailler qu'on accumule du capital... Donc la société du capital , n'est pas seulement la société de l'exploitation du travail des autres, mais en outre une société dans laquelle c'est le travail qui est la forme de richesse sociale. L'accumulation d'objets concrets, de biens d'usage, qui est bien réelle dans la société capitaliste industrielle, est, d'une certaine façon, un aspect secondaire, parce que tout le côté concret de la production n'est qu'une espèce de prétexte pour faire travailler.

LE TRAVAIL, CATEGORIE TYPIQUEMENT CAPITALISTE

« On peut donc dire, conclut Jappe sur ce point, que le travail est une catégorie typiquement capitaliste, qui n'a pas toujours existé. Avant l'apparition du capitalisme, et jusqu'à la révolution française, un jour sur trois était un jour férié; même les paysans, s'ils travaillaient beaucoup à certains moments de l'année, travaillaient beaucoup moins à d'autres.
« Avec le capitalisme industriel, le temps de travail a doublé ou triplé en quelques décennies. Au début de la révolution industrielle, on travaillait 16 à 18 heures par jour...Aujourd'hui, en apparence, on travaille moins, cependant si l'on tient compte de la densité du travail, laquelle a beaucoup augmenté, il n'est pas sûr que l'on travaille moins maintenant qu'au dix-neuvième siècle... »

TRAVAILLER PLUS...

On a même ce paradoxe, dit Jappe, « qu'avec tous les moyens productifs inventés par le capitalisme, on travaille toujours plus... Le capitalisme a toujours été une société industrielle où toute invention technologique utilisée par le capitalisme visait toujours à remplacer le travail vivant par une machine... Cela veut dire que toute la technologie capitaliste est une technologie pour économiser le travail. Et donc pour produire le même nombre de choses qu'avant avec beaucoup moins de travail. »
Le paradoxe, la contradiction, dont nous avions relevé l'existence dès le début de ce texte sont bien là: plus il y a de machines qui économisent le travail, plus il faut travailler!
Et ce paradoxe, cette contradiction, sont ceux du système capitaliste.

...OU TRAVAILLER MOINS

Si l'on est au contraire dans une société qui veut satisfaire des besoins concrets, il y a des possibilités technologiques pour produire davantage et cela veut dire que toute la société doit moins travailler, ou même, si l'on augmenter un peu la consommation matérielle, on peut produire un peu plus mais toujours en travaillant peu.
Dans la société capitaliste, qui n'a aucun but concret, aucune limite, aucune chose concrète vers laquelle elle tende, mais qui toujours ne vise qu'à augmenter la quantité d'argent, il est donc tout à fait logique que toute invention qui augmente la productivité du travail ait pour résultat de faire travailler encore plus les êtres humains.
« Je n'ai pas besoin de m'étendre, poursuit Jappe, sur les conséquences catastrophiques d'une telle société. C'est l'explication profonde de la crise écologique, qui n'est pas due à une avidité naturelle de l'homme qui voudrait toujours posséder plus, qui n'est même pas due au fait qu'il y ait trop d'humains au monde. »

LA CRISE ECOLOGIQUE

Pour Anselm Jappe, la raison la plus profonde de la crise écologique est, là aussi, la croissance de la productivité du travail: « parce que dans une logique d'accumulation du capital, c'est seulement la quantité de valeur qui est contenue dans chaque marchandise qui est intéressante...La productivité accrue du travail dans le système capitaliste pousse à toujours augmenter la production de biens concrets, absolument au-delà de tout besoin concret... »
Aussi, une société dans laquelle le travail est le bien suprême est une société aux conséquences catastrophiques, notamment sur le plan écologique.
La société du travail est fort peu agréable pour les individus, pour la société et pour la planète entière.

IL N'Y A PLUS DE TRAVAIL

« Mais ce n'est pas tout », ajoute Anselm Jappe.
« Puisque la société de travail, après plus de deux siècles d'existence à peu près, déclare à ses membres mis en demeure: il n'y a plus de travail!
« Voici une société de travail où pour vivre il faut vendre sa force de travail si on n'est pas propriétaire du capital, mais qui ne veut plus de cette force de travail, qui ne l'intéresse plus. Donc, c'est la société de travail qui abolit le travail... »
Aussi, aujourd'hui, tout ce qui était la base du capitalisme semble être dans une grave crise...Et ceci non parce qu'il a suscité des adversaires implacables, non plus parce qu'il a créé un prolétariat dont la force pourrait le vaincre, comme ce fut longtemps l'espérance du mouvement ouvrier, mais parce que le capitalisme s'est sabordé lui-même, non pas par une volonté suicidaire immédiate, mais parce que cela était écrit dans son code génétique, au moment de sa naissance.
« C'est, reprend Anselm Jappe, une situation où le travail crée la richesse mais où le système productif n'a plus besoin de travail. La situation est paradoxale: la productivité à l'échelle mondiale cause la misère. C'est tellement paradoxal qu'on oublie souvent de la voir, comme toutes les choses qui sont tellement évidentes qu'on les perd de vue. »

CRITIQUER L'ACTIVITE HUMAINE N'AURAIT PAS DE SENS

Anselm Jappe avait prévenu: « Cette critique, avertissait-il, est basée sur une critique du travail, du travail conçu comme une catégorie typiquement capitaliste, comme le coeur même de la société capitaliste. Je fais la distinction entre « travail » et « activité », critiquer l'activité humaine n'aurait pas de sens. L'être humain est toujours actif d'une manière ou d'une autre pour organiser « l'échange organique avec la nature » comme l'écrit Marx, c'est-à-dire tirer de la nature ses besoins de subsistance. Mais ce qu'aujourd'hui, et depuis environ deux cents ans, nous appelons « travail » est bien distinct de l'activité, et de l'activité productive. »
Je rappelle qu'il intitulait son texte: « Quelques bonnes raisons pour se libérer du travail. »
http://www.alterinfo.net/LE-CAPITALISME-LE-REMPLACEMENT-DU-TRAVAIL-HUMAIN-PAR-LA-MACHINE_a50212.html#last_comment

( Avec ces références, les lecteurs qui le désirent pourront facilement retrouver la totalité du textre de la conférence de Anselm Jappe )


Lundi 27 Septembre 2010


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2 octobre 2010 6 02 /10 /octobre /2010 04:41
Mondialisation ou marchandisation ?
Mondialisation, ou marchandisation ?
A l'heure de la mondialisation qui s'apparente  fort à  une marchandisation du monde, la peur de l'avenir ne cesse de se répandre  et un  profond malaise semble être partout comme  pour redouter l'éminence d'un vent porteur d'un virus fatal  qui soufflerait partout et dans tous  les sens.   Il faut bien croire que nous sommes  au coeur  d'une crise  sans pareille et les  signaux  économiques ne sont guère rassurants pour  voir endiguer cette déferlante vague de pessimisme qui s'abat particulièrement sur les populations fragiles qui doivent comme à l'accoutumée faire face aux  redoutables épreuves dictées par cette fameuse mondialisation  que les plus avisés de ce monde jugeaient incontournable.
Pourtant, le monde semble brutalement  se réveiller,  d'un profond et insoucieux sommeil  pour découvrir une nouvelle réalité  qui dévoile  de jour en jour son impitoyable visage.
Sans avoir  eu le temps  nécessaire  pour comprendre ou imaginer, peu soit-il, les tenants et les aboutissants  de cette affaire du XXI siècle à savoir  cette mondialisation qui croise une farouche contestation sur son parcours, il  faut bien se rendre compte  qu'elle n'augure rien de bon pour un continent volontairement marginalisé comme l'Afrique déjà  sous les coups de boutoir du FMI  et qui semble bien condamné d'avance et par contumace à subir les affres conséquences de la faillite des systèmes économiques.
Bien vrai qu’il est bien une tâche ardue  d'expliquer d'abord et de faire admettre  ensuite à ce jeune enfant du Ghana qu'il doit malheureusement subir  les effets ravageurs  de la crise américaines des subprimes.  
Comment faire concevoir à ce jeune qui manifeste quotidiennement dans les rues d’Athènes que la crise que traverse son pays a  pour origine les faillites d’établissements financiers ?
Que peut-on comprendre soi-même de  la crise mondiale du crédit  ou de la mondialisation tout court ?
Il faut bien prendre conscience que le monde n’est plus maître de son destin car ce dernier est bien lié aux règles de l’économie mondiale et de ces agences de notation qui sont là pour souffler sur les braises.
Il en résulte incontestablement que le processus de mondialisation, qui érige le profit économique en objectif suprême, réduit l’homme à n’être qu’un consommateur ou un producteur.
Ainsi,  le fossé s’élargit irrémédiablement entre un nombre croissant de populations engluées dans les difficultés économiques et les puissants groupes d’individus  ou de sociétés riches.
Dés lors, comment  ne pas déplorer cette mondialisation qui  se développe en dehors de toute légitimité démocratique ???
Par ailleurs, les analystes et les prévisionnistes ne cachent guère leur pessimisme et on comprend vite que nul mesure et de nature soit-elle ne pouvait prémunir les états faibles des cruels  conséquences d’une  telle crise. En mettant l’index sur la vulnérabilité des systèmes, on nous fait constater , au grand jour, l’impuissance des puissants devant des lobbies des grandes multinationales qui excellent dans le savoir d’asservissement des plus récalcitrants  pour servir et assouvir leurs ambitions morbides du profit et rien que le profit.
A tord ou à raison, aux yeux même de ces peuples des pays dits riches, la mondialisation  est la mère enfantatrice de la gravissime et  surprenante crise économique et sociale sinon quel sens donner aux mines tristes et  désolées qu'affichent sans gêne ces  décideurs de la planète devant leur impuissance à répondre aux attentes légitimes de leurs administrés ?
 
“Hélas, le sort de l'humanité  échappe des  mains bien-veillantes et le monde n'a guère d'horizon fleurissant à offrir... Ce monde doit réagir vite pour ne pas voir son deuxième genou à terre. Ainsi, il est un impératif urgent de faire renaitre  la solidarité humaine de ses cendre et miser sur elle comme seule et unique  capital ayant valeur universelle sûre  en mesure de faire face aux nombreux et sérieux  défis de l'heure ” me confiait  Cheikh Mohamed Mae Elaynine, cette  remarquable personnalité marocaine qui vient de fonder et de présider le Forum Mondial pour la Solidarité Humaine et Avenir.
 En effet, il est temps, pour tous, de bien agir pour servir la cause des populations déshéritées et s’atteler à susciter un réel espoir du meilleur sans lequel  le chaos frappera  vite et sans complexe aux portes de nombreux pays soumis déjà à l’une des plus graves périodes d’austérité.
Bien vrai que ces peuples, qui n'ont que dieu pour prier pour eux,  tournent désormais le dos au monde des politiques  qui prédisaient que le monde n'allait qu'être meilleur au lendemain de la fin de la  guerre froide qui devait enterrer toutes les haches de guerre.
 
L'histoire ne risque pas de se répéter  en raison des mêmes causes ??? La cause des deux dernières guerres mondiales ne répondait pas au nom : de  crise ???
A l’heure, Le sentiment d'injustice continue de s'emparer de tous et rien, pour le moment, ne laisse entrevoir l'espoir de voir  convenablement remédier  à la gravité et  à la complexité de cette  mondialisation qui ne se distingue que par ses effets négatifs et pervers qui ne peuvent que  promettre un triste horizon à l’humanité.
Il y a fort à redouter que cette crise économique mondiale  qui parait inéluctable est bien celle qui ne cesse d’engendrer par-ci par-là  des crises  politiques dont le gravissime risque et de voir provoquer une véritable crise morale qui contredira, encore une fois, le faible espoir des faibles que nous sommes tous.
 
Abdelyazid Sadat
 
Libre penseur algérien


Vendredi 1 Octobre 2010
http://www.alterinfo.net/Mondialisation-ou-marchandisation_a50356.html
Lire aussi:
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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 07:59

 

Barbarie du capitalisme !

On connaît son management inhumain,

on sait moins qu'il se nourrit de guerres.

 

Voici un rapport américain, datant de 1967,

mais quotidiennement appliqué.

D'un cynisme monstrueux !

Oui, le diable est américain.

Comment peut-on laisser ce pays imposer sa loi ?

Les vrais terroristes sont ceux qui jugent la guerre "nécessaire",

nécessaire au "bon" fonctionnement de la société.

L'humanité est sacrifiée à la soif de profit, de pouvoir,

de domination, de puissance, de quelques-uns.

En tous cas, cet article montre bien que la guerre

ne procède pas seulement de la crise.

Elle est inhérente au système capitaliste anglo-saxon.

Eva R-sistons

http://r-sistons.over-blog.com/article-capitalisme-barbare-2-guerre-inevitable-necessaire-ses-fonctions-57987031.html


 

  droits-ho-porter-armes.jpg
 

 

 

Le « Rapport de la Montagne de fer »
clef de la politique américaine
et de la guerre en Irak


 report%20from%20iron%20mountain.jpg
_________________________________

Conférence donnée par Claude Timmerman le 15 mars 2003 Paris, maison des Salésiens au colloque d’Ile de France du Centre d’Etudes et de Prospective pour la Science
__________________________________________

 

Introduction (*)

 

Le rapport dit « de la Montagne de fer » est paru en 1967 aux Etats Unis chez Dial Press sous le titre original de:


« Report from the Iron Mountain on the possibility and the desirability of peace » (version PDF).

sans nom d’auteur, mais avec une introduction de Leonard C. Lewin qui y explique comment ce document lui est parvenu dans les mains et pourquoi il se devait de le faire connaître en le publiant, même sans autorisation.

Ce document était accompagné d’une préface d’un dénommé Herschel Mac Landress – que personne ne connaissait physiquement, mais dont le nom était connu par des articles économiques paraissant dans la revue « Esquire », certains d’ailleurs cosignés au début des années 60 par un certain John Fitzgerald Kennedy – qui attestait de la véracité et de la réalité des travaux dont ce rapport était à l’origine.

Compte tenu des conclusions de ce rapport, il créa une polémique importante lors de sa parution. Une controverse s’en suivit, étouffée à la demande de la Maison Blanche qui refusa toujours de reconnaître la moindre implication gouvernementale dans cette affaire.

Nous sommes alors en pleine guerre du Vietnam et Lyndon Johnson peut aisément agir sur la presse pour calmer le jeu…


Le rapport de la Montagne de Fer allait sombrer dans les oubliettes de l’Histoire devant les impératifs médiatiques de la guerre froide et du désengagement vietnamien…


Quel est le thème de ce rapport?


Rien moins que l’étude des bouleversements de la civilisation provoqués par l’éventualité d’un régime de paix perpétuelle et des substituts à trouver aux fonctions de la guerre pour maintenir, en régime de paix, la cohésion des sociétés.


A cette poque, aux Etats Unis, plusieurs études de ce genre, d’origines diverses, virent le jour.

Nous ne citerons que le livre de H. Kahn : « Thinking about the unthinkale » ce que nous traduirons par « Penser l’impensable  » destiné à sensibiliser l’opinion américaine sur la nouvelle façon de penser la guerre et la paix à l’ère nuclaire.


Le « Rapport de la Montagne de Fer » comme il fut dénommé se retrouva donc relégué sur les rayons des bibliothèques universitaires comme n’importe quelle étude de sociologie politique.


Il fut pourtant traduit en français par Jean Bloch-Michel et publié en 1968 chez Calmann – Lévy sous le titre:  »La paix indésirable? Rapport sur l’utilité des guerres. »

 

avec une préface du grand économiste américain J.K.Galbraith qui y déclare deux choses:


a) Il reconnaît être Herschel MacLandress, pseudonyme qu’il utilisait couramment dans ses écrits, notamment ceux cosignés par Kennedy qui était alors son élève!

b) Il déclare avoir été convié « par un ami fort connu, astronome, physicien et spécialiste des communications« , (p.xxii) à une réunion à Iron Mountain au cours de l’été 1963, invitation qu’il avait décliné, devant participer à un important séminaire sur la psychométrie en Italie pour lequel il s’était engagé à cette date. Voir cet ami  » fort connu  » en annexe…

Quoiqu’il en soit, Galbraith reconnaît sans aucune équivoque l’existence des réunions d’Iron Mountain et la véracité du rapport qui en découla…

Il tenait visiblement à épauler Léonard C.Lewin devant les dificultés d’édition de ce rapport.

Il conclua sa préface ainsi:

« De même que je prends personnellement la responsabilité de l’authenticité de ce document, je puis témoigner en faveur de la justesse de ses conclusions. Mes réserves ne concernent que l’imprudence avec laquelle il a été mis à la disposition d’un public qui n’était évidemment pas prêt à le comprendre. » (p.xxvii)

Cela se passe de commentaires!

Paru en France au sortir des « évènements » de mai 68 et entouré d’une discrétion médiatique exemplaire, le rapport sombra dans l’oubli bien que l’édition en fut épuisée rapidement.

Il fut réédité en 1984.


I – Historique


Comment Léonard C. Lewin s’est-il trouvé en possession d’un exemplaire de ce rapport?

Il l’explique très clairement dans l’introduction qu’il a rédigée pour l’édition originale.

Il fut contacté l »hiver 1966 / 67 par un dénommé John Doe, c’est du moins le pseudonyme qu’il lui a conservé, « professeur dans une grande université du Middle West. Sa spcialité est une des sciences de l’homme, mais je ne le caractériserai pas avec plus de précision« . (p. 09)

John Doe lui explique qu’il a été contacté téléphoniquement de Washington, l’été 1963, par une certaine Mrs. Potts qui lui indiqua qu’il devrait contacter une tierce personne au Département d’Etat ce qu’il fit.

Cette personne annonça alors à John Doe qu’il avait été choisi pour faire partie d’une commission de la plus haute importance « dont les travaux étaient de déterminer, avec précision et réalisme, la nature des problèmes que devraient affronter les Etats-Unis dans le cas où les conditions nécessaires à l’établissement d’une paix permanente seraient réunies, et d’établir un programme en vue de faire face à cette éventualité« . (p. 10)

A cet effet il devra se rendre à Iron Mountain, localité du nord de l’Etat de New York, où il retrouvera les autres membres de la commission sélectionnés comme lui pour participer à ce « groupe d’étude spéciale ».

Iron Moutain est connu pour l’existence d’un gigantesque abri antiatomique qui sert à stocker des archives des plus importantes sociétés qui y tiennent parfois des réunions très confidentielles, notamment les sociétés pétrolières comme la Shell et la Standart Oil.

John Doe va y retrouver quatorze personnalités du monde universitaire, politique et économique (voir en annexe) avec lesquelles, durant trois ans, il va participer à l’élaboration de ce fameux « rapport du groupe d’étude spéciale ».


Effaré des conclusions de ce rapport, John Doe avait cru nécessaire de le faire connaître au grand public par l’intermédiaire d’un ami sur lequel il savait pouvoir compter, même si la commission interministérielle, qui était à l’origine de ce rapport, avait tenu à le conserver secret: Leonard C. Lewin allait s’en occuper.

La ligne générale du rapport est pour le moins inquiétante. Les questions initiales n’ayant pu trouver de réponses à travers les multiples analyses et synthèses qui avaient été effectuées, les membres du groupe d’étude spéciale étaient parvenus à la conclusion suivante:

 

« La paix durable, bien que n’étant pas théoriquement impossible, est probablement inaccessible; même dans le cas où il serait possible de l’établir, il ne serait certainement pas dans l’intérêt le mieux compris d’une société stable de parvenir à la faire règner. …/…


La guerre remplit certaines fonctions essentielles à la stabilité de notre société; jusqu’au moment où d’autres procédés susceptibles de remplir les mêmes fonctions n’auront pas été découverts, le système qui repose sur la guerre devra être maintenu – et amélioré quant à son efficacité. » (p. 14)


On comprend qu’une telle analyse ait pu poser des problèmes moraux à « notre ami » John Doe et qu’il ait tenu, ayant participé à la rédaction dudit rapport, à soulager sa conscience en donnant les moyens de faire connaître ces travaux au grand public.


En fait l’initiative de ce « groupe d’étude spéciale » remonte à l’hiver 1961et sera mise en place par l’administration Kennedy sous l’égide de MacNamara et des deux conseillers Busk et Rusk.

Le Département d’Etat mettra deux ans à sélectionner les quinze protagonistes de ce groupe. C’est l’époque de la crise des missiles de Cuba..

L’idée primitive était d’étudier les conséquences à long terme de la planification d’une paix perpétuelle. Le choix de ses membres prit plus de deux ans et les convocations furent adressées l’été 1963. Vu les liens qui unissaient Galbraith et Kennedy, on comprend que le premier ait été pressenti pour faire parti de ce groupe!

 

Les membres eurent pour seule instruction de poursuivre leurs travaux selon trois critères:

a) une objectivité de style militaire,
b) le refus de toute idée ou idéologie préconçue,
c) la prise en considration dans tous les domaines, des théories ou des faits en rapport avec le problème. (p. 57)
Les réunions ne se tinrent pas toujours au « bunker » de Iron Hill, mais souvent dans des hôtels un peu partout dans l’état de New York.

Paradoxalement, Kennedy ayant été assassiné le 22 octobre 1963, époque du tout début des travaux du groupe, c’est l’administration Johnson qui suivit ces travaux durant le début de la guerre du Vietnam.


II – Démarche de recherche des «fonctions de la guerre».


Joseph de Maistre dans « Les soirées de Saint Pétersbourg » faisait déjà dire à l’un de ses personnages dans la conversation consacrée à la guerre au chaptre VII :

« La guerre est un mal nécessaire. »

 

Plus proches de nous, divers analystes réfléchissant sur la nature de la violence sociale et son expression opposent:


- La guerre, expression de la violence organisée et maîtrisée par une société stable, et

- Les désordres de rue qualifiés aujourd’hui pudiquement « d’incivilités », fruits de l’expression de la violence individuelle ou de petits groupes d’individus plus ou moins organisés en marge de la société dont ils se trouvent marginalisés.


Ces désordres, s’ils dégénèrent en troubles graves, traduisent l’incapacité de leur société d’origine à contrôler leurs excès et contribuent à son instabilité (insécurité, pillages, émeutes, coups d’état, etc…)

 

Force nous est de constater que dans toutes les civilisations connues à ce jour, l’idée de paix ne se définit jamais autrement que par rapport à la guerre. Les définitions des dictionnaires français eux-mêmes en disent long sur la conception que s’en est faite notre civilisation.

 

On lit classiquement en effet deux définitions de la paix:

 

- Paix : « Intervalle de temps séparant deux guerres »,

- Paix : « Etat de non-belligérence »,

On est pas plus explicite!

On peut aussi se rappeler la maxime de Clémenceau :

- « La paix n’est que la continuation de la guerre par d’autres moyens. »

Nul doute que les membres du « groupe d’étude spéciale » n’aient eu présent à l’esprit ces concepts lorsqu’ils cherchent dans un premier temps à définir et à classer les diverses fonctions de la guerre dans notre civilisation.

 

Leur travail s’axe d’emblée sur deux questions:

« A quoi faut-il s’attendre dans le cas où la paix surviendrait?

A quoi devons-nous nous préparer pour faire face à une telle éventualité? » (p.53)

 

Le groupe part en effet de cette constatation:

Il n’y a certainement aucune exagération à dire qu’un état de paix générale dans le monde conduira à des changements dans les structures sociales de toutes les nations du monde, changements qui seraient d’une ampleur sans équivalent dans l’histoire, et révolutionnaires.

Les conséquences économiques d’un désarmement général, pour ne parler que de la conséquence la plus évidente de la paix, obligeraient à reconsidérer toutes les modalités de la production et de la distribution dans le monde, dans une mesure qui ferait paraître insignifiants les changements survenus au cours des cinquante dernières années.

Des changements gros de conséquences se produiraient également dans les domaines politique, sociologique, culturel et écologique. (p.52)

 

Pour avoir un maximum d’indépendance d’esprit, le groupe a décidé de s’affranchir dans ses recherches de tout jugement de valeur morale ou religieuse, de bannir toute idée de « bien », de « bon » ou de « mal » et de s’attacher aux seuls concepts globaux nominatifs liés à la société.

« Nous avons essayé d’appliquer à notre manière de penser les critères de la physique, dont les caractéristiques ne sont pas, comme on le croit, d’être exclusivement quantitatifs mais comme le dit Whitehead :

« d’ignorer tout jugement de valeur; et, par exemple, tout jugement esthétique ou moral. » …/…
[Le choix que nous avons retenu] Dans le cas qui nous concerne, cela a été simplement la survie de la société humaine en général, et de la société américaine en particulier, et, ceci étant le corollaire de la survie, la stabilité de la société. » (p. 61)


Sur les rapports entre la guerre et la société, le groupe de recherche spéciale affirme:

« L’erreur fondamentale consiste à affirmer de façon inexacte que la guerre, en temps qu’institution est subordonnée au système social qu’elle est censée défendre » (p. 84)

 

Et de conclure son analyse sur la guerre de cette façon:

« La capacité d’une nation de faire la guerre constitue l’exercice de son plus grand pouvoir social; la guerre, faite ou prévue, est une question de vie ou de mort, dans les proportions les plus importantes, pour le contrôle de la société.

Il ne faut donc pas s’étonner si les institutions militaires, dans chaque société, réclament de passer les premières dans tous les domaines. » (p.88)


III – Les fonctions de la guerre


A partir de ces considérations le groupe définit cinq fonctions principales liées à la guerre, en dehors bien entendu d’un quelconque rôle militaire:


a) Une fonction économique

 

A propos de la production et de l’économie de guerre le groupe constate:

« …dans le cas du « gaspillage » militaire, il est évident que l’utilité sociale est manifeste. Cela provient du fait que le « gaspillage » de la production de guerre s’accomplit complètement en dehors des cadres de l’économie de l’offre et de la demande. En tant que tel, ce « gaspillage » constitue le seul secteur important de l’économie globale qui soit sujet à un contrôle complet et discrétionnaire de la part de l’autorité centrale. » (p. 93)

 

Et le groupe d’ajouter que si la guerre est le moyen d’écouler les stocks, ce qui est un raisonnement trop « simpliste » (sic), l’économie de guerre d’une manière générale contribue à la stabilisation des progrès des économies… « …du fait que ce secteur n’est pas sensible aux contractions qui peuvent se produire dans le secteur privé, et qu’il a fourni une sorte de pare-chocs ou de balancier de l’économie ». (p.95)

Et de constater que durant la seconde guerre mondiale le niveau de vie américain avait augmenté!

 

« Le fait que la guerre soit un »gaspillage » est précisément ce qui la rend susceptible de remplir ses propres fonctions. Et plus vite l’économie accomplit des progrès, plus lourd doit être ce volant de secours. » (p.94)

Ce qui avait été souligné, en 1957, par un ancien secrétaire à la Défense, Frank Pace, par cette formule:

« S’il existe, comme je le suppose, une relation directe entre le pouvoir stimulant que comportent de grandes

, cela provient simplement du fait que les dépenses militaires, per se, peuvent être favorisées exclusivement pour des motifs économiques en tant que stimulant du métabolisme national. »

 

b) Une fonction politique

 

La fonction essentielle de la guerre sur le plan politique concerne la stabilité sociale et la reconnaissance d’un état en temps que nation de par la puissance qu’il est susceptible d’imposer aux autres s’il en a les moyens techniques.


« La guerre, en temps que système social, a non seulement constitué un élément essentiel de l’existence des nations en temps qu’entités politiques indépendantes, mais elle a également été indispensable à la stabilité intérieure de leurs structures politiques. Sans elle, aucun gouvernement n’a jamais été capable de faire reconnaître sa « légitimité », ou son droit à diriger la société. La possibilité d’une guerre crée le sentiment de contrainte extérieure sans lequel aucun gouvernement ne peut conserver longtemps le pouvoir ». (p.100)


C’est donc par la menace que l’on maintient la cohésion politique d’une société: tout le travail du « groupe d’étude spéciale » sera, nous allons le voir, de définir et d’exploiter la meilleure menace possible. Pour lui, la guerre est garante de la légitimité politique de l’état!


c) Une fonction sociologique


La fonction essentielle sociologique observée est celle de l’utilisation des éléments asociaux ou de conserver un rôle nécessaire aux éléments antisociaux dans la société.


« Les mouvements sociaux, facteurs de désintégration et d’instabilité, décrits en gros comme « fascistes », ont traditionnellement pris naissance dans des sociétés à qui manquaient des soupapes de sûreté, militaires ou paramilitaires, susceptibles de satisfaire les besoins de ses éléments. » (p.104)

« Les euphémismes courants – « délinquence juvénile » et « aliénation » – ont connu des équivalents à toutes les époques. Autrefois de tels problèmes étaient réglés par les militaires sans complications judiciaires, par le moyen des bandes armées et de l’asservissement pur et simple.

Mais il n’est pas difficile d’imaginer, par exemple , le degré de désintégration sociale jusqu’où auraient pu aller les Etats-Unis au cours des deux dernières décennies, si le problème des rebelles sociaux, nés de la Deuxième Guerre Mondiale, n’avait pas été prévu et réglé de manière efficace. Les plus jeunes de ces rebelles, et les plus dangereux, ont été pris en main par le système de service militaire sélectif (Selective Service System ). » (p.104)


La seconde fonction observée est celle de l’utilisation de personnes inaptes à tout type d’emploi dans l’administration, le commerce, l’industrie ou l’agriculture, ce que l’on a pu appeler autrefois « la chair à canons » et plus récemment de façon moins péjorative « les chiens de guerre », pour lesquelles l’armée et les activités guerrières étaient les seules possibles.


En matière de cohésion sociale, le rapport insiste sur l’analyse des sociétés anciennes pour souligner le rôle des meurtres rituels et des sacrifices humains, par exemple dans les sociétés précolombiennes.

« Dans ces sociétés, le sacrifice humain avait pour but de maintenir le vestige d’un « gage » de l’aptitude que conservait la société à faire la guerre et de sa volonté de la faire – autrement dit de tuer et d’être tué – dans le cas où quelque circonstance mystérieuse – c’est à dire imprévue – rendrait cette éventualité possible. …. / …
C’était avant tout, sinon exclusivement, une façon symbolique de rappeler que la guerre avait été autrefois la force centrale organisatrice de la société, et que les conditions de sa réapparition pouvait revenir. » (p.112)

 

Sans préjuger de la remise en place d’une forme « moins barbare » lors de la transition vers des régimes de paix, le groupe retient que:

« L’existence d’une menace extérieure à laquelle il est ajouté foi est, par conséquent, essentielle à la cohésion sociale aussi bien qu’à l’acceptation d’une autorité politique. » (p.113)


d) Une fonction écologique


La fonction essentielle observée sur le plan écologique est celle de régulation des populations.

Mais le groupe constate que la guerre a un effet sélectif (on pourraît presque dire une pression de sélection au sens darwinien) négatif.

En effet, dans la plupart des sociétés, ce sont les éléments les plus doués et les plus forts qui historiquement embrassaient la carrière militaire et se trouvaient de ce fait les plus exposés.

« Dans les sociétés humaines, ceux qui se battent et qui meurent dans des guerres nécessaires à la survie de l’espèce sont en général les plus forts de ses membres sur le plan biologique. Il s’agit là donc d’une sélection naturelle à l’envers » (p.115)

 

Le rapport évoque les autres moyens classiquement utilisés dans les sociétés anciennes pour réguler les populations:

- l’infanticide (Chine, Amérique précolombienne)
- la vie monastique (Tibet, Europe chrétienne)
- l’émigration forcée
- l’application étendue de la peine de mort (Chine Impériale)

On peut également songer à la pratique de la capture d’esclaves comme en Afrique Noire ou dans les Balkans (Janissaires, femmes circasiennes, etc…)


Le rapport souligne enfin l’intérêt des nouvelles armes de destruction massive qui n’éliminent plus préférentiellement les militaires mais massiverment les populations civiles dans leur globalité.


« Le second facteur, encore actuel, est l’efficacité des méthodes modernes de destruction de masse. Même s’il n’était pas nécessaire de recourir à leur usage pour lutter contre une crise de surpopulation mondiale, elles offrent peut-être paradoxalement, la première possibilité, dans l’histoire de l’humanité, de mettre fin aux effets régressifs de la guerre sur la sélection naturelle. Les armes nucléaires ne choisissent pas. Leur usage mettrait fin à la destruction disproportionnée des membres les plus forts de l’espèce… » (p. 117 / 118)


Enfin le rapport souligne que la régression des maladies, l’accroissement de la longévité et la très forte régression des maladies infantiles autrefois fatales conduisent à laisser se développer des mutations indésirables pour l’espèce.


« Il semble clair qu’une nouvelle fonction quasi-eugénique de la guerre est en train de se développer, dont il faudra tenir compte dans tout plan de transition vers la paix. » (p.119)


e) Une fonction scientifique et culturelle


Le rapport constate que la guere et les activités militaires constituent le moteur essentiel de la recherche scientifique et que celle-ci a largement influencé le développement de l’art surtout en matière de peinture, sculpture, littérature et musique.

« La guerre est la principale force qui soit à l’origine du développement de la science, à tous les niveaux, depuis la conception abstraite jusqu’à l’application technique. La société moderne accorde une grande valeur à la science « pure », mais il est historiquement indiscutable que toutes les découvertes d’importance majeure qui ont été faites dans les sciences naturelles ont été inspirées par les nécessités, réelles ou imaginaires, de leur époque. Les conséquences de ces découvertes se sont étendues beaucoup plus loin, mais la guerre a toujours fourni le stimulant qui a été à leur origine. » (p.122)

On ne peut que songer en lisant ces lignes au nombre colossal de publications sur l’acétylcholinestérase… premier enzyme « travaillé » par la biologie moléculaire des laboratoires militaires, car il intervient dans les mécanismes physiologiques de paralysie respiratoire liés aux gaz de combat, notamment les gaz asphixiants!

 

D’autres fonctions mineures de la guerre sont également évoquées:

- Un « facteur de libération sociale », facteur psychologique de dispersion des tensions

- Un facteur de stabilisation des conflits entre générations, permettant »… aux générations les plus âgées et par conséquent physiquement diminuées, aptes à maintenir leur contrôle sur les générations les plus jeunes, en les détruisant au besoin. » (p. 125)

- Un facteur de contrôle du chômage, en permettant bien évidemment de recréer des emplois par l’économie de guerre et en éliminant certains de ceux qui se seraient engagés, ou plutôt de ceux qui auraient été enrôlés…


IV – Les substituts aux fonctions de la guerre

Le rapport en évalue toute une série se rapportant aux cinq principales fonctions précédemment diagnostiquées.


a) Substituts aux fonctions économiques


Le groupe d’étude spéciale chiffre à 10% du PNB ( p.131) la quantité de richesses à détruire chaque année pour équilibrer la stabilité de l’expansion économique liée au « gaspillage » de la guerre.

Il imagine alors un programme de recherche de bien-être social lié à la réalisation onéreuse de nombreux investissements et aménagements (hôpitaux, cliniques, écoles, bibliothèques, logements, transports en commun, amélioration de l’environnement et dépollution de l’eau, enfin lutte généralisée contre la pauvreté).

Mais force est de constater qu’un tel programme connaîtra un terme au bout duquel seuls seront nécessaires des crédits de fonctionnement, annuels, modestes en comparaison et cela dans le cadre même de l’économie générale. (p.135)

Il envisage ensuite la recherche spatiale qui offre l’avantage d’être indéfinie dans l’espace et dans le temps, d’être infiniment dispendieuse.

Par ailleurs, cette recherche est en soit indissociable de la recherche à des fins militaires:

« A l’exception d’une fraction restreinte, tout le budget de recherches spatiales, si on l’estime en vertu de critères appliqués à des objectifs scientifiques comparables, doit être imputé de facto à l’économie militaire. Les recherches spatiales futures, prévues en temps que substitut à la guerre réduiraient les justifications « scientifiques » de leur budget à un pourcentage absolument minuscule. » (p. 137)

D’où l’intérêt de la recherche spatiale en temps que substitut économique au gaspillage de la guerre!

Dernier point, envisager un programme de désarmement universel qui, même s’il ne représente pas de dépenses considérables, devra être mis en place lors de la phase de transition nécessaire au passage à la paix.


b) Substituts au rôle politique


« Le système fondé sur la guerre rend possible la stabilité des gouvernements. Il y parvient essentiellement en fournissant à la société la nécessité permanente d’accepter une autorité politique. » (p. 140)

 

Pour se faire on peut envisager l’accroissement du poids et des missions des institutions internationales, créer un tribunal mondial, etc…


En l’absence de conflit il faut trouver une menace suffisamment importante pour amener les sociétés à accepter leur sujetion à leur gouvernement.


On peut envisager, mais le groupe d’étude spéciale reste sceptique, de lancer l’idée d’une menace interplanétaire.
« On a affirmé avec chaleur qu’une telle menace donnerait « le dernier et le meilleur espoir de paix »en unissant l’humanité toute entière contre le danger de sa destruction par des « créatures » venues d’autres planètes ou de l’espace. » (p.143) Mais on peut également créer artificiellement des menaces terrestres « naturelles »:

 

« …pour être efficace, un substitut politique à la guerre devrait nécessiter des « ennemis de remplacement » dont certains risqueraient de paraître un tant soit peu « tirés par les cheveux » dans le contexte de l’actuel système fondé sur la guerre. Il pourrait consister en ceci, par exemple, que la pollution totale du milieu pourrait remplacer la possibilité de destruction en masse par des engins nucléaires, en tant que principale menace apparente exercée contre la survie de l’espèce. L’empoisonnement de l’air ainsi que des ressources principales de nourriture et d’eau est déjà en bonne voie et, à première vue, pourrait apparaître comme prometteur, vu sous cet angle; cet empoisonnement constitue une menace contre laquelle on ne peut se défendre qu’en utilisant à fond l’organisation sociale et le pouvoir politique.


Mais selon ce que l’on sait aujourd’hui, il faudra encore attendre la vie d’une génération ou d’une génération et demie avant que la pollution du milieu ambiant, si grave qu’elle soit déjà, devienne suffisamment menaçante, à l’échelle mondiale, pour pouvoir offrir une base possible à une solution de ce genre
. » (p.143)


[Nous rappelons que ce texte a été écrit il y a quarante ans!!!]


D’une façon générale on est contraint, aux yeux des rédacteurs, par la logique de ce système:

« Si invraisemblables que puissent paraître les ennemis de remplacement dont nous venons de parler, il nous faut insister sur le fait qu’il faudra bien en trouver un, d’une ampleur et d’une crédibilité suffisantes, si l’on veut que la transition vers la paix aboutisse un jour sans desintégration sociale. Il est plus que probable, selon nous, qu’une telle menace devra être imaginée plutôt que créée, à partir de situations inconnues. » (p. 145)

 

c) réflexion sociologique


Comme il l’avait été souligné, il importe de pouvoir remédier à la capacité de nuisance sociale des délinquants, révoltés, associaux, récidivistes, etc…(Note d' Eva: Ce sont les couches populaires qui se font tuer, surtout, pendant les guerres, et par ex aux USA, on recrute même parmi les gangs de rues pour se débarrasser des fortes têtes, ou parmi les Noirs ou les Porto-Ricains. Il faut donc noter la connotation raciste, en plus de sociale)

 

Dans cette hypothèse le groupe spécial ne prévoit aucune solution originale autre qu’une certaine « forme d’embrigadement » ce que l’on a pu observer à diverses époques des ateliers nationaux aux chantiers de jeunesse.
Dans la ligne de MacNamara qui venait d’exposer ce problème avant de lancer le groupe d’étude spéciale, nous le rappelons, les rédacteurs du rapport imaginent une extension du Peace Corps, ce « Corps de la Paix » susceptible d’encadrer les éléments les plus durs et les moins fiables de la société vers des activités de type humanitaire « en faveur du progrès« !

 

Par ailleurs, on songe sérieusement à réintroduire l’esclavage sous une forme insidieuse, telle qu’elle a pu être imaginée dans certains romans d’anticipation, dont bien entendu le fameux « meilleur des mondes » d’Aldous Huxley.


« Il est parfaitement possible que la création d’une forme subtile d’esclavage soit une condition préalable absolue à la direction d’une société appartenant à un monde sans guerres. En pratique, la transformation des codes de discipline militaire en une forme d’esclavage, appelée par euphémisme d’un autre nom, ne réclamerait, de façon surprenante, qu’une révision de faible importance… » (p. 150)


Par ailleurs l’ennemi de remplacement doit apparaître suffisamment menaçant pour justifier d’ exiger la nécessité « de payer le prix du sang » dans de très larges domaines des affaires humaines. (p. 151) (Note d'eva: L'ennemi était Russe, maintenant il devient Musulman, Islamiste, terroriste - et tant pis pour les amagalmes ! Et ensuite, il deviendra Chinois. S'il n'y a pas d'ennemis, on les créée, comme pour l'Irak, la Yougoslavie ou l'Iran).


« Les modèles fictifs doivent présenter une force de conviction extraordinaire à laquelle doit s’ajouter une possibilité notable de sacrifices de vies humaines; la construction d’une structure mythologique ou religieuse « à la page » (choc de civilisations ? Note d'eva) , à cette fin, présenterait à notre époque des difficultés, mais mérite d’être prise en considération. » (p. 151)


Enfin dans le but de canaliser les déviances de certains associaux, les rédacteurs n’hésitent pas à envisager la mise à l’honneur de « jeux sanglants » en vue de garder un contrôle effectif sur les pulsions agressives des individus« . (p. 151)


On ne peut oublier de nos jours les multiples scénarii des jeux de rôle, des jeux informatiques, des films qui correspondent à cette idée.


On se rappellera au moins « Les chasses du comte Zarov » qui est aujourd’hui un morceau d’anthologie.

Les auteurs imaginent même faire d’une pierre deux coups:


« …il serait possible de faire des individus asociaux, dont il faut garder en main le contrôle au moyen d’une institution quelconque, « l’ennemi de remplacement » nécessaire à la cohésion de la société. (Et voilà nos cités désignées comme l'ennemi "intérieur" ! Note d'eva). L’impossibilité accrue, inévitable et irréversible pour certains, d’être employés, et l’extension parallèle d’une aliénation généralisée par rapport aux valeurs normalement admises pourrait obliger à envisager de telles mesures, et pourrait faire qu’elles deviennent nécessaires, même en tant que complément au système fondé sur la guerre. » (p.152/ 153)

Le tout est évidemment de savoir ce que l’on appelle les « valeurs normalement admises » dans un monde qui ne prend en compte que des critères de survie des plus forts indépendamment de toute valeur éthique ou morale!


d) rôle écologique des substituts


Il s’agit de lutter d’abord contre l’effet anti-eugénique de la guerre:

« La guerre n’a jamais été un facteur de progrès génétique. Mais en tant que système de contrôle brut de la population, utilisé en vue de préserver l’existence même de l’espèce, rien ne peut lui être reproché…. Il est évident que l’obligation de limiter la procréation aux produits de l’insémination artificielle fournirait un contrôle des niveaux de population parfaitement adapté à son rôle de substitut de la guerre. Un tel système de reproduction aurait, bien entendu, l’avantage supplémentaire de pouvoir être directement l’objet d’une administration eugénique. Ses développements futurs, tels qu’on peut les prévoir - la conception et la croissance embryonnaire se produisant en totalité en laboratoire – permettraient d’étendre le contrôle jusqu’à ses conclusions logiques. La fonction écologique de la guerre ne serait pas seulement, dans de telles conditions, remplacée, mais surpassée dans le domaine de l’efficacité. La première étape – contrôle total de la conception grâce à une variante des « pillules » susceptible d’être répandue partout, par l’eau ou par l’intermédiaire de certains aliments essentiels, compensée par un « antidote » également contrôlé – est en train de se réaliser. Il ne semble pas qu’il soit nécessaire, dans un avenir prévisible, d’en revenir à aucune des pratiques démodées dont il a été question au chapître précédent (telles que l’infanticide, etc…) comme cela aurait été le cas si la possibilité de passer à un état de paix était survenu il y a deux générations. » (p. 154 / 155) Sic!

 

Or conclut le groupe, une telle politique eugéniste ne peut être mise en place tant que le système fondé sur la guerre est encore pratiqué. Car : « Un excès de population, c’est du matériel de guerre. Tant qu’une société quelconque devra tenir compte d’unepossibilité de guerre, si éloignée soit-elle, elle doit maintenir le maximum supportable de population, même si, en agissant ainsi, elle aggrave de façon sérieuse sa situation économique. » (p. 156)

 

e) Culture et sciences


La dynamique créée par la guerre en matière de recherche scientifique et culturelle ira s’amenuisant durant encore deux générations en bénéficiant de l’effet actuel d’entraînement.


Cependant, les recherches nécessaires à la mise en place des programmes d’eugénisme et les technologies à améliorer pour réaliser le programme de bien-être social devraient nécessiter la participation de très nombreux centres de recherche.

Hors de ces branches, aucun substitut aux effets de la guerre sur la recherche scientifique ne semblent avoir été trouvé. « …par définition, nous sommes incapables de concevoir les questions scientifiques qui pourraient se poser une fois que celles que nous sommes capables de comprendre aujourd’hui auront trouvé leur réponse. » (p. 162)

 

V – Conclusions du rapport et implications


Partant du principe que la guerre est « la base même de l’organistion sur laquelle toutes les sociétés modernes sont construites. »   (p.165) les auteurs du rapport concluent à la nécessité d’avoir recours aux substituts précédemment envisagés afin « de se préparer très soigneusement à l’éventualité de la paix, non que nous pensions que la fin des guerres soit nécessairement souhaitable, si même elle est possible, mais parce qu’elle pourrait nous prendre par surprise, sous une forme à laquelle nous pourrions ne pas être préparés. » (p.188)

En particulier, pour les cinq fonctions fondamentales de la guerre, le rapport rcommande une série de mesures dont nous voyons chaque jour un peu plus la réalisation prendre forme depuis quarante ans dans les orientations techniques de la recherche scientifique, l’amélioration des techniques et les transformations de notre vie quotidienne.

 

a) En matière économique


Nécessité de mettre en place un système de consommation de richesses « à des fins totalement non productives » (p.170)

- Programme de bien-être social pour l’amélioration maximale des conditions de vie
Ce sera la mise en place de la société de consommation de biens non plus durables mais jetables et éternellement renouvelables, ainsi que la quête indéfinie des revendications matérialistes dans nos sociétés occidentales « modernes ».

- Programme spatial sans fin « dirigé vers des cibles impossibles à atteindre » (p.172)

C’est bien ce qui a été mis en place par la Nasa.

- Système d’inspection de désarmement « ultra subtil, ritualisé »

Le show médiatique hors du commun auquel nous venons d’assister avec l’affaire d’Iraq en est la parfaite illustration….et se passe de commentaires!


b) En matière politique


- Création d’une force de police internationale omniprésente.

C’est ce qui est réalisé à travers le renforcement des structures des Nations Unies, la création du Tribunal Pénal International", au pouvoir discrétionnaire, puisque les ressortissants israéliens et Américains sont exclus de sa juridiction.(La folie de notre société peut se mesurer avec cette phrase: Les pires criminels bénéficient de l'impunité, se l'octroient eux-mêmes ! Et par ex, on retrouvera devant le TPI Milosevic, et pas Bush ! Note d'Eva)


En matière de surveillance on soulignera la mise en place du réseau « échelon » et l’ensemble des systèmes d’écoutes satellitaires mis en place depuis vingt ans, par les Etats Unis.

Il est symptômatique de constater que deux pays y jouent un rôle déterminant dans la mise en place des structures au sol nécessaires: le Royaume Uni et l’Australie.

Ce seront, comme par hasard, les seuls pays aux côtés des USA lors de l’invasion de l’Iraq.


- Accréditer l’existence d’une menace extra-terrestre

(Et voilà ! Tant de blogueurs, aujourd'hui, plongent avec gourmandise dans cette voie-là. Note d'Eva).

 

Depuis la fin de la guerre toute suggestion d’une vie extra-terrestre a été systématiquement rejetée par les « savants ». L’invention du spectro-photomètre prouvait pourtant, par analyse de la lumière reçue des étoiles, l’universalité de la structure atomique et du tableau périodique des éléments de Mendeleieff.

Ces faits à eux seuls prouvaient que l’existence de la vie sans être certaine était probable (et les gourous de la guerre vont allégrément en user, et en abuser, pour nous faira avaler la nécessité des guerres, de sécurité, de lois liberticides..., note d'Eva), ailleurs, dans l’espace et dans le temps.

 

Depuis une vingtaine d’années, la tendance s’est inversée sur le plan scientifique et surtout sur le plan médiatique. On assiste en effet à un foisonnement d’émissions télévisées sur les OVNI, à une multiplication de séries sur les extra-terrestres, etc…

Nous citerons parmi les plus connues actuellement : « Les envahisseurs », « X-files », « Stargate ».

On peut y remarquer que de plus en plus « les créatures de l’au-delà » apparaissent dangereuses et impitoyables pour l’espèce humaine. Même chose au cinéma 


Tout est fait aujourd’hui pour accréditer dans l’esprit du grand public que l’extraterrestre existe nécessairement et sera forcément destructeur s’il parvenait sur terre.


- Menace sur les sociétés par pollution massive du milieu ambiant

Les exemples sont légion… On citera au hasard:

. Les positions antiécologiques du Président George W. Bush (voir en annexe)
. L’action pour le moins équivoque de grandes associations comme Green Peace dont les liens avec le lobby pétrolier ne sont plus à démontrer et qui oeuvre contre le nucléaire pour le maintien de l’emploi superfaitatoire d’énergies fossiles polluantes. ( effet de serre, pollution aérienne, etc…)
. L’offensive récente antiécologique de la nouvelle doctrine du « développement durable » qui prône qu’il n’y a pas « d’état de nature naturel » puisque la Nature est en perpétuelle évolution et que son état à un moment donné est fonction des activités humaines que la Nature ne saurait entraver.
. La pollution massive du sol et des nappes phréatiques par des pratiques agricoles sciemment orientées vers l’emploi de plus en plus massif de substances dangereuses et pratiquement non biodégradables (engrais, pesticides, herbicides).
. L’emploi de substances à risque dans l’industrie (mercure, amiante, etc…dont les effets cancérigènes sont connus)
. L’existence d’accidents répétés comme la pollution marine par tankers « poubelles » toujours pas interdits
. La mise au point d’un ensemble « d’instruments biologiques destructeurs » dont nous reparlerons au paragraphe suivant.

- La création d’ennemis fictifs « même tirés par les cheveux » (sic)

A l’heure de l’invasion de l’Iraq sans aucun motif autre que d’avoir été désigné comme « l’ennemi des Etats-Unis », et pourquoi pas du genre humain, tout commentaire est superflu!

On pourra aussi, et c’est lié, évoquer la curieuse affaire des tours du 11 septembre et la désignation de « l’islamisme » comme cause de tous les maux…


c) En matière sociologique


- Encadrement de la population et des entreprises

Si le rapport propose « pour faire plaisir » à monsieur McNamara, qui est à l’origine de l’étude, une extension des fonctions du « Peace Corps » – Le Corps de la Paix – force est de constater qu’avec les progrès de l’informatique et la généralisation des connections multimedia, les entreprises comme les individus sont pris dans un faisceau d’éléments de surveillance de plus en plus performants.

 

- Création d’une forme moderne de l’esclavage

Sans parler d’une exploitation non institutionnalisée des immigrés dans certains contextes, on songera aux effets de la délocalisation et aux conditions de travail dans le Tiers Monde.

 

On songera aussi à la paupérisation croissante de ces régions, liées à la volonté des institutions internationales comme la Banque Mondiale ou le F.M.I. (Tiens, revoilà notre "ami" DSK ? Note d'eva) qui obligent par exemple au démantèlement des caisses de stabilisation qui assuraient un revenu décent aux producteurs de produits agricoles de rente comme le café ou le cacao, qui ont pesé de tout leur poids pour la dévaluation de 100% du franc C.F.A., etc…On se rappellera aussi qu’il existe un bureau des délocalisations à Bruxelles pour la C.E.E. (L'UE est vraiment notre "amie", comme DSK ! Note d'eva).

 

- Pollution ambiante intensifiée

Voir au paragraphe « politique », les deux sujets politique et sociologie étant effectivement intimement liés.


- Nouvelles religions et mythologies

On peut songer à l’émergence soudaine et politiquemment favorisée de l’Islam en pays traditionnellement chrétiens.
On peut se rappeler le rôle des Etats-unis dans la guerre du Kosovo, qui ne visait qu’à l’instauration d’une république musulmane stable dans une zone balkanisée à la suite de la chute du mur de Berlin.

On pensera aux nouvelles mythologies nées aux Etats-unis comme le mouvement « New Age ».

Sur le plan purement religieux on évoquera le foisonnement des sectes aux U.S.A. qui prolifèrent sous le regard souvent bienveillant des membres de la Haute Administration…dont certains des acteurs les plus influents sont eux-mêmes liés à certaines sectes!

On peut aussi évoquer les mouvements charismatiques ou oecuménistes.

Nous mentionnerons enfin la multinationale « Universal », nouvelle « église » née au Brésil où elle compte plus de six millions d’adeptes et qui prend pied aujourd’hui en Europe par le Portugal. Sa doctrine fumeuse s’apparente à un synchrétisme chrétien amalgamé avec les mythes de la musique rock.

Des séries télévisées d’origine américaine sont consacrées aux sorciers, à Satan, aux vampires, etc… Les sites web sur les mêmes sujets se multiplient sans soulever la moindre réprobation politique

On peut aussi penser aux mythologies payennes remises à l’honneur depuis quelques années comme le druidisme et les cultes solaires favorisés par certaines sectes comme le Temple Solaire ou certains films comme « le seigneur des anneaux » qui popularisent des mythologies oubliées du grand public.

 

- Jeux « sanglants » d’utilité sociale

Sans que nous en soyons encore à la réalisation pratique de « Roller Ball », nous devons admettre que l’exaltation de la violence est omniprésente dans le monde médiatique.

C’est une banalité que de dire que la violence est partout à la télévision.

Depuis « Orange mécanique » les films sont légion.

Les jeux vidéo sont tous axés sur la destruction d’ennemis.

Des films comme « Les chasses du comte Zarov » mettent en scène des chasses à l’homme.

Des jeux télévisés de plus en plus nombreux sont conçus autour de l’idée d’élimination de concurrents à travers des épreuves physiques.

Le concept de « jeu de rôle » a fait une percée.

Il s’agit de poursuivre la mise en scène de scénarii souvent sanglants entre des partenaires fictifs…

La vulgarisation probable de la technique des hologrammes dans les prochaines années donnera à cette discipline un nouvel essor et un plus grand « réalisme ».

La déification des sportifs atteint son paroxysme et la violence sur les stades de football est courante.

Les mentalités sont donc conduites à admettre une banalisation de la violence et à rechercher des « sensations » de plus en plus « fortes » qui pourraient bien effectivement déboucher sur l’instauration de spectacles effectivement sanglants, auprès desquels certains combats de boxe Taï sembleraient dignes des patronnages.

Certaines enquêtes sérieuses dans le monde pornographique laissent même entendre que des scènes de viols avec meurtres, surtout en Amérique latine, n’ont pas été simulées…

 

d) Ecologie


Les recommendations sont orientées vers deux directions : la limitation de la population et l’eugénisme, d’une part, la pollution du milieu ambiant utilisée comme menace de pression sur la société pour en maintenir la cohésion, de l’autre.

Nous avons déjà évoqué aux paragraphes « sociologie » et « politique » un ensemble d’effets polluants d’origine physico-chimiques.

Nous n’évoquerons donc ici que les éléments d’origine biologique qui viennent en complément des précédents et / ou oeuvrent dans la même voie.

Tout un ensemble de méthodes et de recherches concourent à cet effet.

Ils combinent à la fois des possibilités étendues de limitation de la population et de pollution du milieu biologique.

Nous citerons ici, dans l’état actuel de nos connaissances, les réalisations mises en place à ce jour :

 

- Les campagnes de vaccinatio

Mises en place à l’initiative d’organismes internationnaux comme l’OMS, ces campagnes préconnisées, voire forcées dans certains pays du Tiers Monde par suite d’accords avec la Banque Mondiale ou le FMI, sont faites beaucoup plus dans un but abortif ou contraceptif que dans un but prophyllactique.

Il est d’ailleurs symptômatique de voir que la vaccination contre la variole, maladie nullement éradiquée – (comme si on pouvait éradiquer un virus de la planète!) – a été arrêtée.

Les campagnes de vaccination actuelle visent essentiellement les femmes. Le but à travers le vaccin est l’incorporation de substances abortives, contraceptives ou stérilisantes.

Ces compléments aux toxines vaccinales sont de deux ordres: des substances allogènes contraceptives à forte concentration ou des hormones capables de déclencher des réactions antifoetales par auto-immunité.

Le détail de ces techniques ferait à lui seul l’objet d’une conférence et ne saurait être détaillé ici.

D’autres substances, ainsi injectables, sont susceptibles de favoriser des cancers sous l’influence de facteurs déclenchants, c’est notamment ce que l’on observe avec le cancer du cerveau induit potentiellement par l’abus des téléphones portables.

Ceci n’est pas de la science fiction : l’analyse fine par des laboratoires fiables indépendants à montré l’existence de telles substances de façon indubitable dans les doses distribuées par certains laboratoires dans le Tiers Monde.

 

- L’accès à l’eau potable

L’eau potable, par les traitements qu’elle subit, son universalité et son caractère indispensable, est un vecteur de choix pour véhiculer des produits abortifs et contraceptifs.

Rappelons que la conférence de Durban, où personne ne fut d’accord sur rien, se termina par un document prônant l’accession immédiate à l’eau potable pour un milliard sept cent millions d’hommes. Ce n’est pas un hasard!

Les campagnes des ONG, du Peace Corps, etc…visent toutes à favoriser l’accès à l’eau potable par des puits forés par leurs soins ou par des adductions et des stations d’épuration édifiées à leur initiative.

Dans tous les cas, cet accès à l’eau est assorti du déversement dans les puits et les conduites de substances dont les effets contribuent de manière non sélective à limiter la population.

 

- L’épidémiologie

Les épidémies sont l’occasion de campagnes de vaccination qui ramènent aux cas précédemment évoqués.Certaines sont naturelles, mais d’autres sont provoquées.

De nombreux travaux actuels montrent que le S.I.D.A., certaines formes de choléra ou de pneumonie ne sont pas d’origine naturelle.

A l’heure où ces lignes sont écrites l’O.M.S. vient de lancer un grand battage médiatique, en plein milieu de l’invasion de l’Iraq à propos d’une forme de pneumopathie particulièrement virulente issue du sud-est asiatique…qui aurait fait quinze morts!

Il est clair que ce battage n’est qu’un prétexte à lancer de nouvelles campagnes de vaccination dont les effets seront de la nature décrite plus haut.

 

- Les épizooties

Nous ne citerons pour mémoire que le scandale de la fièvre aphteuse dont les causes aujourd’hui connues paraissent bien liées au produit de traitement de la parasitose du vairon – ce que curieusement nient les organismes vétérinaires, les organisations professionnelles agricoles et les laboratoires pharmacologiques concernés. Un bon nombre de « maladies » animales sont causées  par des produits de traitement qui sont maintenus à l’utilisation. Ces produits contribuent à entretenir une menace écologique certaine sur le cheptel et par voix de conséquence sur la production alimentaire.

 

- Les O.G.M.

Les organismes génétiquement modifiés, soit disant à des fins thérapeutiques, ont surtout été créés pour assurer la maîtrise des productions au profit des semenciers (grâce aux gênes « Killer » ou « Terminator ») et des industriels de l’agrochimie (fabricants d’engrais et de pesticides)…car contrairement aux dires de certains, ces plantes sont beaucoup plus exigeantes et fragiles que les variétés « classiques ».

Ces O.G.M. qui sont en passe d’envahir le monde entier, sous couvert de l’aide humanitaire, vont conduire le Tiers Monde à se trouver à la merci d’un chantage à la famine de la part des fournisseurs de semences qui se trouvent être toutes des multinationales à capitaux américains.

(Nous soulignons que l’essentiel des travaux brevetés a porté jusqu’ici sur les céréales d’alimentation de fond du Tiers Monde : maïs, sorgho et riz.)

Par ailleurs, rappelons que nous ne disposons d’aucun recul   pour juger durablement des effets sur l’organisme des protéines modifiées ou de leurs effets secondaires sur les organismes tant humains qu’animaux.

Enfin la multiplication des essais de plein champs va conduire à une généralisation de la dissémination de ces organismes par les effets de la pollinisation. Il est clair que la fameuse limitation à 1% de semences contaminées suffira à assurer la conversion totale des espèces concernées d’ici dix ans en espèces artificielles, donc aux mains des multinationales.

 

- « La guerre Climatique »

Nous nous devons, pour être complet, de mentionner ici le projet « Harp » qui permet à partir de modifications du champ électromagnétique par des champs d’antennes, dont les plus importantes sont installées en Alaska, d’induire des modifications spectaculaires et durables du régime pluviométriques à des milliers de kilomètres.

Sans que les alternances de sècheresses et d’inondations soient encore bien ciblées, un certain nombre de perturbations climatiques, comme les spectaculaires inondations allemandes de l’été 2002, ne sont pas d’origine naturelle, ce que le chancelier Schroeder avait alors publiquement souligné.

Pour ne citer que cela!

Au total, il existe aujourd’hui tout un arsenal conduisant à faire peser sur les populations et sur le milieu la menace durable et intense, à la discrétion des Etats-unis, souhaitée par le rapport!

 

e) Sciences et culture


Aucune recommandation n’est faite dans ces domaines, nous l’avons souligné.

Il est cependant clair que l’ensemble des travaux à mener pour parachever ce qui a été évoqué précédemment dans les domaines de la physique, de la chimie, de l’informatique et de la biologie constituent à eux seuls des moteurs puissants pour l’incitation à la recherche!


Conclusion


Loin de la fiction du « Meilleur des Mondes » dont on pourrait croire qu’il a servi de modèle aux membres du groupe d’étude spéciale, nous constatons que le rapport dit de « la Montagne de Fer » a servi de trame à la politique américaine mise en place depuis l’administration Johnson.

La guerre d’invasion de l’Iraq n’en est qu’une manifestation plus spectaculaire que d’autres.

Elle aurait pour effet d’achever la mainmise des Etats Unis sur les réserves énergétiques du monde, face à l’Europe et à la Chine qui en sont cruellement dépourvues pour le plus grand bénéfice de certaines multinationales.


Mais comme le souligne le rapport:

« Il est bien établi que certains groupes privés et certaines classes capitalistes ont intérêt à maintenir le système fondé sur la guerre. » (p. 180 / 181)


De ce point de vue, cette intervention est risquée d’autant que les motivations officielles de cette guerre sont suffisamment légères pour avoir soulevé la réprobation du monde entier.


Pourtant le rapport affirme:

« …toute situation de paix authentique et totale, si perfectionnée soit-elle, sera un facteur de déséquilibre jusqu’à preuve du contraire. » (p. 183)


Mais les auteurs restent conscients des risques qu’une telle politique belliciste pose:

(..)

Claude Timmerman

 


Annexe I 

Liste des membres du « groupe d’étude spéciale »

(..)

 


Annexe II

Premier  » bilan écologique » du président Bush

suite ici :


 

http://infoguerilla.fr/?p=5095

 

                           Lire aussi sur mon blog no-war :

 

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 23:17


L’impossible capitalisme vert
Entrevue

par Daniel Tanuro

Daniel Tanuro vous êtes l’auteur de L’impossible capitalisme vert, paru aux éditions Les empêcheurs de penser en rond / La découverte. Vous êtes aussi le fondateur de l’ONG « Climat et justice sociale ».

Qu’est-ce que le « capitalisme vert » ?

D.T. : L’expression « capitalisme vert » peut s’entendre dans deux sens différents. Un producteur d’éoliennes peut se targuer de faire du capitalisme vert. En ce sens - au sens que certains capitaux s’investissent dans un secteur « propre » de l’économie – une forme de capitalisme vert est évidemment possible et très rentable. Mais la vraie question est de savoir si le capitalisme dans son ensemble peut tourner au vert, autrement dit si l’action globale des capitaux nombreux et concurrents qui constituent le Capital peut respecter les cycles écologiques, leur rythmes, et la vitesse de reconstitution des ressources naturelles. C’est dans ce sens que mon livre pose la question et il y répond par la négative. Mon argument principal est que la concurrence pousse chaque propriétaire de capitaux à remplacer des travailleurs par des machines plus productives, afin de toucher un surprofit en plus du profit moyen. Le productivisme est ainsi au cœur du capitalisme. Comme disait Schumpeter : « un capitalisme sans croissance est une contradiction dans les termes ». L’accumulation capitaliste étant potentiellement illimitée, il y a un antagonisme entre  le capital et la nature, dont les ressources sont finies. On peut objecter que la course à la productivité amène le capital à être de plus en plus économe en ressources, ce qui se traduit notamment par la diminution observée de la quantité d’énergie nécessaire à la production d’un point de PIB. Mais, d’une part, cette tendance à l’efficience accrue ne peut évidemment pas se prolonger indéfiniment de façon linéaire et, d’autre part, on constate empiriquement qu’elle est plus que compensée par la masse croissante de marchandises produites. Le capitalisme vert est donc un oxymore, au même titre que le capitalisme social.

Ce constat ouvre un débat entre deux conceptions stratégiques opposées. Pour les uns, le fonctionnement spontanément écocidaire du capitalisme peut être corrigé par une action politique dans le cadre du système, en recourant aux mécanismes marchands (taxes, incitants fiscaux, droits d’émission échangeables, etc.). Pour les autres, dont je fais partie, une politique de rupture s’impose au contraire parce qu’une remise en cause des lois fondamentales du capitalisme est absolument indispensable au sauvetage de l’environnement. Il s’agit notamment d’oser contester la propriété privée des moyens de production, fondement du système. A mon avis, le débat entre ces deux lignes est tranché en pratique par l’exemple de la lutte contre les changements climatiques. Dans les pays capitalistes développés, nous sommes confrontés à l’obligation d’abandonner quasi-complètement l’usage des combustibles fossiles en deux générations à peine. Si l’on exclut le nucléaire – et il faut l’exclure - cela  implique, en Europe par exemple, de diviser de moitié environ la consommation finale d’énergie, ce qui n’est possible qu’en réduisant dans une mesure non négligeable la transformation et le transport de matière. Passage aux renouvelables et réduction de la consommation énergétique sont liés et nécessitent des investissements importants, inconcevables si les décisions restent subordonnés au dogme de l’efficience-coût. Or, l’alternative à l’efficience-coût ne peut être qu’une planification démocratique axée sur les besoins sociaux et écologiques. Et cette planification à son tour n’est possible qu’en brisant la résistance des monopoles du pétrole, du charbon, du gaz, de l’automobile, de la pétrochimie, de la construction navale et aéronautique,…, car ceux-ci veulent brûler des combustibles  fossiles le plus longtemps possible.

Le changement climatique est au centre de votre livre. Vous interprétez ce changement comme étant un « basculement climatique ». Qu’entendez-vous par basculement, et en quoi celui-ci vous paraît-il être autrement plus inquiétant qu’un simple changement ?

D.T. : L’expression « changements climatiques » (il s’agit bien de changements, au pluriel) suggère la répétition de variations climatiques analogues à celles du passé. Or, d’ici la fin du siècle, en quelques décennies, le climat de la Terre risque de changer autant qu’au cours des 20.000 années écoulées depuis la dernière glaciation. Nous ne sommes sans doute plus très loin d’un « tipping point » au-delà duquel il ne sera plus possible d’empêcher la fonte à terme des calottes glaciaires formées il y a 65 millions d’années. Pour décrire cette réalité, le terme « basculement » est indiscutablement plus adapté que celui de «changements» ! La vitesse du phénomène est sans précédent et fait peser une menace majeure, car de nombreux écosystèmes ne pourront pas s’adapter. Cela vaut non seulement pour les écosystèmes naturels mais aussi, je le crains, pour certains écosystèmes aménagés par l’être humain. Voyez ce qui se passe au Pakistan : conçu par le colonisateur britannique en fonction de ses intérêts impérialistes, le dispositif de gestion des eaux de l’Indus par des barrages et des digues qui alimentent un vaste réseau d’irrigation se révèle inadéquat face au risque de crues exceptionnelles. Or, ce risque augmente parce que le réchauffement perturbe le régime des moussons et augmente la violence des précipitations. Il me semble illusoire d’espérer gagner cette course de vitesse en renforçant les infrastructures existantes, comme le proposent la Banque Mondiale et les grands groupes capitalistes spécialisés dans les travaux publics. A l’endiguement des eaux, il serait plus raisonnable d’opposer la gestion souple des crues qui était pratiquée avant la colonisation. C’est ce que propose l’IRN (International Rivers Network) : permettre aux flots d’évacuer les sédiments pour empêcher l’envasement du bassin et alimenter le delta, arrêter la déforestation, ménager des zones inondables,  etc. Mais cela demande une refonte complète du dispositif, sur plus de 3000 km, avec des implications majeures sur l’aménagement du territoire, la politique agricole, la politique urbaine, la production énergétique, etc. Sur le plan social, cette refonte, à réaliser en deux ou trois décennies (c’est-à-dire très vite pour des travaux d’une telle ampleur !), implique de remettre en cause le pouvoir de l’oligarchie foncière ainsi que les programmes de développement que FMI et Banque Mondiale imposent par le truchement de la dette. Cette dette doit d’ailleurs être annulée, sans quoi la reconstruction sera lourdement hypothéquée et le pays, étranglé, risquera d’entrer dans l’histoire comme le premier exemple de spirale régressive où le réchauffement global lie entre eux tous les mécanismes du sous-développement et en démultiplie les effets négatifs. On voit bien ici comment les questions sociales et environnementales s’interpénètrent. En fait, la lutte contre le basculement climatique requiert un basculement politique vers un autre modèle de développement, centré sur la satisfaction des besoins des populations. Sans cela, d’autres catastrophes encore plus terribles risquent de se produire, dont les pauvres seront les principales victimes. Tel est l’avertissement lancé par le drame pakistanais.

Vous estimez que les pays du Sud devraient « sauter » l’étape des énergies fossiles pour assurer leur développement et passer directement à celle des énergies renouvelables. Que répondez-vous à ceux qui vous objectent que les énergies renouvelables ne sont pas en mesure (techniquement et quantitativement) d’assurer cette fonction ?

D.T. : Je leur réponds qu’ils ont tort. Le flux solaire qui atteint la surface de la Terre équivaut  8 à 10.000 fois la consommation énergétique mondiale. Le potentiel technique des énergies renouvelables – c’est-à-dire la part de ce potentiel théorique utilisable au moyen des technologies connues, indépendamment du coût – représente six à dix-huit fois les besoins mondiaux, selon les estimations. Il est certain que ce potentiel technique pourrait augmenter très rapidement si le développement des renouvelables devenait enfin une priorité absolue des politiques de recherche dans le domaine de l’énergie (ce qu’il n’est toujours pas actuellement). La transition aux renouvelables pose assurément une foule de problèmes techniques complexes, mais il n’y a pas de raison de les croire insurmontables. Les principaux obstacles sont politiques. Un : sauf exceptions, les énergies renouvelables restent plus chères que les énergies fossiles. Deux : passer aux renouvelables n’est pas la même chose que de changer de carburant à la pompe : il faut changer de système énergétique. Cela requiert d’énormes investissements et ceux-ci, au début de la transition, seront forcément consommateurs d’énergies fossiles, donc générateurs de gaz à effet de serre supplémentaires ; ces émissions supplémentaires doivent être compensées, et c’est pourquoi, dans l’immédiat, la réduction de la consommation finale d’énergie constitue la condition sine qua non d’un passage aux renouvelables qui, une fois opéré, ouvrira de nouveaux horizons. Je le répète : il n’y a pas de solution satisfaisante possible sans affronter le double obstacle combiné du profit et de la croissance capitalistes. Cela implique notamment que les technologies propres contrôlées par le Nord soient transférées gratuitement au Sud, à la seule condition d’être mises en œuvre  par le secteur public et sous contrôle des populations.

Vous prônez une écologie sociale que vous appelez l’écosocialisme. Qu’est-ce qu’un écosocialiste ? Et en quoi se différencie-t-il d’un écologiste ou d’un socialiste de « base »?

D.T. : Un écosocialiste se différencie d’un écologiste en ceci qu’il analyse la « crise écologique » non comme une crise du rapport entre l’humanité en général et la nature mais comme une crise du rapport entre un mode de production historiquement déterminé et son environnement, donc en dernière instance comme une manifestation de la crise du mode de production lui-même. Autrement dit, pour un écosocialiste, la crise écologique est en fait une manifestation de la crise du capitalisme (en n’oubliant pas la crise spécifique des sociétés dites « socialistes » qui ont singé le productivisme capitaliste). Il en résulte que, dans son combat pour l’environnement, un écosocialiste proposera toujours des revendications qui font le lien avec la question sociale, avec la lutte des exploités et des opprimés pour une redistribution des richesses, pour l’emploi, etc.

Par ailleurs, l’écosocialiste se différencie du socialiste «de base», comme vous dites, en ceci que, pour lui, le seul anticapitalisme qui vaille désormais est celui qui prend en compte les limites naturelles ainsi que les contraintes de fonctionnement des écosystèmes. Cela a de nombreuses implications : rupture avec le productivisme et le consumérisme, bien sûr, dans la perspective d’une société où, les besoins de base étant satisfaits, le temps libre et les relations sociales constituent la véritable richesse. Mais aussi  contestation des technologies ainsi que des productions nuisibles, couplée à l’exigence de reconversion des travailleurs. La décentralisation maximale de la production et de la distribution, dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, est une autre insistance des écosocialistes. Un point sur lequel il me semble important d’insister est la mise en cause de la vision socialiste traditionnelle qui voit toute hausse de la productivité du travail agricole comme un pas vers le socialisme. A mon avis, cette conception ne permet pas de rencontrer les exigences de respect accru de l’environnement. En fait, une agriculture et une foresterie plus soutenables écologiquement nécessitent plus de main-d’œuvre, pas moins. Recréer des haies, des bocages, des zones humides, diversifier les cultures, mener la lutte biologique, par exemple, implique une augmentation de la part du travail social investi dans des tâches de maintenance écologique. Ce travail peut être de haute scientificité et de haute technicité – ce n’est pas le retour à la houe – mais il n’est guère mécanisable. C’est pourquoi je pense qu’une culture du « prendre soin » (j’emprunte ce concept à Isabelle Stengers) doit imprégner les activités économiques, en particulier celles qui sont en prise directe sur les écosystèmes. Nous sommes responsables de la nature. D’une certaine manière, il s’agit d’étendre la logique qui est celle de la gauche dans le domaine des soins aux personnes, de l’enseignement, etc. Aucun socialiste ne plaide pour remplacer les infirmières par des robots ; nous sommes tous conscients du fait qu’il faut plus d’infirmières mieux payées pour que les patients soient mieux soignés. Eh bien ! il en va de même, mutatis mutandis, pour l’environnement : pour être mieux soigné, il y faut plus de force de travail, d’intelligence et de sensibilité humaines. Contrairement au « socialiste de base », et même si c’est difficile, l’écosocialiste, parce qu’il est conscient de l’urgence, tâche d’introduire toutes ces questions dans les luttes des exploités et des opprimés, plutôt que de les renvoyer aux lendemains qui chantent.

Beaucoup, dont moi, sont convaincus que la sortie de capitalisme productiviste est une condition incontournable pour lutter efficacement contre le changement climatique.

Pour ce faire, vous en appelez à « l’homme social, les producteurs associés ». Qui sont-ils, et comment peuvent-ils concrètement agir ?

D.T. : Vous faites allusion à la citation de Marx placée en exergue de mon ouvrage : « La seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leur échange de matière avec la nature… ». Il faut bien voir que dans l’esprit de Marx, cette régulation rationnelle des échanges est conditionnée par la disparition du capitalisme. En effet, d’une part la lutte de tous contre tous sape en permanence les tentatives des producteurs de s’associer ; d’autre part, une fraction significative des producteurs -les salariés- sont coupés de leurs moyens de production. Ceux-ci, y compris les ressources naturelles, sont appropriés par les patrons. Privés de tout pouvoir de décision, les salariés ne sont pas en mesure de régler rationnellement quoi que ce soit qui concerne la production, pour ne pas parler de régler rationnellement les échanges de  matière avec l’environnement ! Pour se constituer en homme social, les producteurs doivent commencer à s’associer dans le combat contre leurs exploiteurs. Ce combat porte en germe l’appropriation collective des moyens de production et l’usufruit collectif des ressources naturelles. Ceux-ci à leur tour sont la condition nécessaire mais non suffisante d’une relation plus harmonieuse avec la nature.

Ceci dit, on peut répondre à votre question sur l’action concrète en examinant comment les différents groupes de producteurs comprennent - ou pas - la nécessité de réguler rationnellement les échanges de matière humanité-nature. Actuellement, il est frappant que les prises de position de type écosocialiste les plus avancées émanent des peuples indigènes et des petits paysans mobilisés contre l’agrobusiness. Ce n’est pas un hasard : ces deux catégories de producteurs ne sont pas, ou pas complètement, coupés de leurs moyens de production. C’est pourquoi elles sont capables de proposer des stratégies concrètes de régulation rationnelle de leurs échanges avec l’environnement. Les peuples indigènes voient dans la défense du climat un argument supplémentaire  en faveur de la préservation de leur mode de vie précapitaliste, en symbiose avec la forêt. Quant au mouvement paysan Via Campesina, il a élaboré tout un programme de revendications concrètes sur le thème « les paysannes et les paysans savent comment refroidir le climat ». Par contraste, le mouvement ouvrier est à la traîne. C’est évidemment le résultat du fait que chaque travailleur salarié individuel est amené à souhaiter la bonne marche de l’entreprise qui l’exploite, afin de préserver son gagne-pain. Conclusion: plus les solidarités ouvrières reculeront face à l’offensive néolibérale, plus il sera difficile de développer une conscience écologique chez les travailleurs. C’est un gros problème, car la classe ouvrière, de par sa place centrale dans la production, est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la lutte pour l’alternative anticapitaliste nécessaire au sauvetage de l’environnement. Les peuples indigènes, les organisations paysannes et la jeunesse ont donc intérêt à tenter d’impliquer toujours plus les syndicats dans les campagnes pour le climat, en multipliant les collaborations, les contacts à la base, etc. A l’intérieur même du mouvement ouvrier, il convient de faire émerger des revendications qui répondent aux préoccupations en matière d’emploi, de revenu et de conditions de travail tout en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un enjeu important à cet égard est la réduction collective radicale du temps de travail, sans perte de salaire, avec diminution drastique des cadences et embauche compensatoire. Un autre volet est l’extension d’un secteur public sous contrôle des travailleurs et des usagers : transports publics gratuits et de qualité, service public de l’énergie, entreprises publiques d’isolation et de rénovation des bâtiments, etc. Les écosocialistes ont un rôle à jouer pour favoriser l’apparition de telles demandes.    

Avec L’impossible capitalisme vert vous ne semblez pas craindre d’être taxé de catastrophiste par ceux qui n’ont pas encore compris que nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène et que l’homme est le principal responsable, notamment depuis l’ère industrielle, de l’emballement climatique.

Le capitalisme vert, tout comme « le développement durable » et le « greenwashing », ne participent-ils pas d’une volonté de nier cette responsabilité et de continuer «comme avant» ?

La sortie du capitalisme productiviste ne passe-t-elle pas d’abord par une modification de nos comportements de consommateurs et de producteurs ?

D.T. : Je ne suis pas un catastrophiste. Dans mon livre, je me suis basé quasi- exclusivement sur les rapports du GIEC qui, pour ce qui est du diagnostic sur le réchauffement et sur ses impacts possibles, m’apparaissent, quoi qu’on en dise, comme une excellente synthèse de « bonne science », soumise à la peer review. C’est vrai que le GIEC retarde un peu par rapport aux dernières découvertes, mais cela ne change pas grand-chose aux conclusions. En fait, je redoute les discours de panique et de surenchère. Trop souvent, ils tendent à occulter les vraies menaces et les vraies responsabilités. Le basculement climatique se prête bien aux eschatologies, et il ne manque pas de gourous pour clamer que « la planète est en danger », que « la vie est en danger » que « l’humanité est en danger », que le « plafond photosynthétique » va nous tomber sur la tête, ou que sais-je encore. Tout cela est excessif. La planète ne craint rien, et la vie sur Terre est un phénomène à ce point coriace que l’humanité, quand bien même elle le voudrait, ne pourrait probablement pas en venir à bout, même à coup de bombes atomiques… Quant à notre espèce, le changement climatique, en soi, ne la met pas en péril. Le danger qu’il fait planer est plus circonscrit : trois milliards d’êtres humains environ risquent une dégradation substantielle de leurs conditions de vie, et quelques centaines de millions d’entre eux – les plus pauvres – sont menacés dans leur existence même. Les décideurs le savent et ne font rien - ou presque rien - parce que cela coûterait trop cher, et handicaperait par conséquent la bonne marche des affaires. Voilà la réalité toute nue. Trop souvent, les discours catastrophistes ont pour effet d’en voiler la barbarie potentielle, et de diluer les enjeux dans un vague sentiment global de culpabilité : «ne perdons pas de temps à pinailler sur les responsabilités», « nous sommes tous coupables », «nous devons tous accepter de faire des efforts», etc.  Pendant ce temps-là, les lobbies énergétiques continuent tranquillement à brûler du charbon et du pétrole à tire-larigot…    

Ceci m’amène à la deuxième partie de votre question, concernant le changement de nos comportements de producteurs et de consommateurs. A la suite de ce que j’ai dit plus tôt, il convient de souligner que les salariés sont incapables de changer leurs comportements de producteurs. Qui produit, comment, pourquoi, pour qui, en quelles quantités, avec quels impacts écologiques et sociaux ?  au quotidien, seuls les patrons ont le pouvoir de répondre à ces questions et, en dernière instance, ils y répondent en fonction de leurs profits. Les salariés ne peuvent que tenter d’exercer un droit de regard sur la gestion patronale, dans le but de la contester et de prendre conscience de leur capacité de faire mieux, selon d’autres critères que le profit. C’est la dynamique du contrôle ouvrier, et les écosocialistes devraient se pencher sur la manière dont cette vielle revendication peut être revisitée pour englober les préoccupations environnementales.

Pour ce qui est de la consommation, je crois nécessaire de faire la distinction entre les changements individuels et les changements collectifs. A tout prendre, il vaut certes mieux que celui qui voyage en avion compense ses émissions de CO2 d’une manière ou d’une autre, mais cette compensation lui permettra surtout de s’acheter une bonne conscience à bon marché tout en le détournant du combat politique en faveur des changements structurels indispensables. Promouvoir ce genre de comportements, c’est faire le jeu du «greenwashing», et celui-ci vise effectivement à «continuer comme avant». Autre chose sont les changements collectifs qui concourent à valider une autre logique possible, favorisent l’invention de  pratiques alternatives et contribuent à la prise de conscience que des changements structurels sont nécessaires, qui passent par une mobilisation sociale. Ces changements-là, tels que les groupements d’achat de produits bio auprès des agriculteurs, ou les potagers urbains collectifs, sont à encourager.

Peut-on lutter contre le basculement climatique sans tenir compte des coûts financiers et sociaux que cela représente?

Y-a-t-il urgence à bâtir un autre modèle et à risquer de mettre en péril la société toute entière ? Entre Nature et civilisation, quel choix ?

D.T. : Dire qu’une autre politique climatique mettrait la société toute entière en péril au nom d’une priorité de la Nature sur la civilisation, c’est mettre la réalité sur sa tête ! Ce qui se passe en vérité, c’est que la politique actuelle met la civilisation en péril tout en causant d’énormes dommages irréversibles à la Nature, qui est notre patrimoine commun. Cette politique est totalement subordonnée au dogme de l’efficience-coût, et on voit ce que ça donne : des peanuts. Nous allons droit dans le mur. Evidemment, une autre politique ne pourra pas faire comme si le coût des différentes mesures à prendre n’avait aucune espèce d’importance : entre deux stratégies équivalentes pour réduire les émissions, il est raisonnable de choisir celle qui, toutes autres conditions étant égales, coûtera le moins cher à la collectivité. Mais le fond de l’affaire qu’il faut d’abord une autre politique, guidée par d’autres critères que le coût, notamment des critères qualitatifs. Sur le plan technique, un critère essentiel est celui de l’efficience énergétique au niveau des filières. Le grand écologiste américain Barry Commoner plaidait déjà cette cause il y a plus de vingt ans. Il est thermodynamiquement absurde, disait-il, de transporter du charbon sur des milliers de kilomètres pour produire de l’électricité qui, une fois acheminée sur des centaines de kilomètres, servira à chauffer de l’eau sanitaire, chose que l’on peut très bien faire avec un chauffe-eau solaire. Sur le plan social,  un critère majeur doit être la protection des populations et de leur bien-être, en particulier la protection des plus pauvres. Ce critère, aujourd’hui, est très largement ignoré, d’où le drame du Pakistan, entre autres.

Enfin, pensez-vous que votre projet écosocialiste soit réalisable dans un avenir proche ?

D.T. : La possibilité de réaliser ce projet dépend entièrement des rapports de force entre le capitalisme d’une part, les exploités et les opprimés d’autre part. Ces rapports de force sont actuellement à l’avantage du capital, il ne faut pas se le cacher. Mais il n’y a pas de troisième voie possible : les tentatives de sauver le climat par des mécanismes de marché étalent tous les jours leur inefficacité écologique et leur injustice sociale. Il n’y a pas d’autre chemin que celui de la résistance. Elle seule peut changer les rapports de forces et imposer des réformes partielles allant dans la bonne direction. Copenhague a été un premier pas, le sommet de Cochabamba un second. Continuons à marcher, unissons-nous, mobilisons-nous, construisons un vaste mouvement mondial pour le sauvetage du climat dans la justice sociale. Ce sera plus efficace que toutes les démarches lobbyistes de ceux qui se font des illusions sur le capitalisme vert.



Daniel Tanuro : auteur du livre L'impossible capitalisme vert, dans la aux éditions Les empêcheurs de penser en rond / La découverte (chroniqué sur L'Écologithèque le 22 septembre2010) 

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21160

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 18:11

08 mai 2010

Quand les patrons spéculent sur la mort de leurs employés

money_4_war_44535Je vous propose d’aborder aujourd’hui un sujet particulièrement riant. Aux Etats-Unis, les entreprises ont trouvé un moyen génial pour se faire de l’argent sans rien faire. Je ne parle pas de prix de transferts et de spéculation (quoi que…), mais du truc le plus pervers que le capitalisme puisse permettre : se faire de l’argent grâce à la mort des employés qu’on a exploités. Fallait y penser, ils l’ont fait. Moult entreprises US, parmi les plus importantes, prennent des contrats d’assurance vie sur leurs employés, sans le leur dire, pour toucher un maximum à leur mort.

 

On appelle ces assurances « paysan mort » (dead peasant), « concierge mort » (dead janitors) ou « assurance vie d’entreprise »1], ça fait mieux. Le procédé est simple et date au moins de la deuxième guerre2] : un employeur assure un de ses employés lambda (sans l’en informer) et verse une somme chaque année à un assureur. Suivant la mise de départ, le risque que la personne meure vite ou pas, suivant l’âge et le sexe, cette somme sera plus ou moins élevée. Quand l’employé meurt, l’entreprise touche une somme pouvant varier de quelques dizaines de milliers de dollars à plus de quatre millions et demi de dollars (mais peut-être davantage, on l’ignore). Après le 11 septembre, ça a été le jackpot pour les employeurs installés dans le « World Trade Center ».

 

Rentabiliser les employés au maximum

A la mort d’un de ses employés décédé d’une attaque cardiaque en 1998, Wal Mart (1er employeur aux Etats-Unis à l’époque) a touché 64.000 $. Rien qu’en Floride, 132 employés « assurés » de Wal Mart sont décédés jusqu’à présent. A cette époque, Wal Mart proposait 5.000$ (une partie de la somme touchée au décès de l’employé) aux employés qui acceptaient de participer à un ‘plan santé’ dans lequel il s’agissait de faire prendre une assurance à un maximum d’employés pour qu’une partie des gains retombe sur toute l’entreprise. Ca, c’était le discours. En réalité, Wal Mart s’en mettait 95% dans les poches et se gardait bien de préciser combien il comptait gagner avec ces assurances. Et puis en 1998, il n’a même plus été question de ces 5.000$.

Cette année-là, d’anciens employés de Camelot Music3], dont certains travaillaient à temps partiel, ont appris qu’ils WAL_MART_1avaient été assurés pour des sommes allant de 273.000 à 368.000 $ par tête, et au total 1.400 employés, parmi lesquels tous ceux qui travaillaient à plein temps, étaient concernés. Certains étaient passés très brièvement chez ce disquaire. L’un d’eux est décédé de complications liées au SIDA à 29 ans, en 1992, et CM Holdings, la société mère de Camelot Music, a touché 339.302$ alors qu’il ne travaillait plus là. 168.875 $ ont servi à rémunérer les dirigeants de la boîte. La famille d’une autre employée décédée à 62 ans d’une maladie grave et longue, a perçu 21.000 $ d’une assurance vie contractée par CM Holdings après sa mort (alors que la famille a pleuré pour que CM Holdings leur donner 5.000$ afin d’acheter un fauteuil roulant lorsqu’elle était encore vivante, ce qui a été refusé), mais la boîte a touché 180.000 $. Un peu comme le patron assure sa maison ou sa voiture (auxquels il tient en principe), il assure sa main d’œuvre (qu’il peut remplacer facilement et qu’il ne possède pas en principe).

Fin 2001, Hartford Life, un des principaux pourvoyeurs de ces assurances, avait contracté avec ses différents clients pour 4,3 milliards de dollars d’assurances « paysan mort », ce qui lui a valu 37 millions de dollars sur son milliard de bénéfice en 2001. La Cour des Comptes US a calculé en 2004 que les banques et entreprises US détenaient pour 56 milliards de dollars de ces assurances « paysan mort » en 2002, et qu’elles en ont tiré un modeste bénéfice de 2,2 milliards de dollars cette année-là.

Prestations de décès

 

                                                                     
 

Felipe Tillman

 
 

William Smith

 
 

Doug Sims

 
 

Peggy Stillwagoner

 
 

Emploi

 
 

Travailleur   Music-Store

 
 

Commis dépanneur

 
 

Travailleur au centre de distribution

 
 

Infirmière à domicile

 
 

Mort

 
 

Janvier 1992

 
 

Décembre 1991

 
 

Décembre 1998

 
 

Octobre 1994

 
 

Âge

 
 

 29

 
 

20

 
 

47

 
 

51

 
 

Cause

 
 

 SIDA

 
 

Tué au   travail

 
 

Crise cardiaque

 
 

 Accident de   voiture

 
 

Prestation   de décès

 
 

339.302 $

 
 

250.000 $

 
 

64.504 $

 
 

200.000 $

 
 

Payables à    

 
 

Camelot   Music/CM

 
 

National Convenience Stores

 
 

Wal-Mart   Stores

 
 

Advantage Medical Services

 

Source: WSJ research  

 

Le cas de William Smith, détaillé par le Wall Street Journal en 2002, est révélateur : au Noël de 1991, pour gagner un peu plus d’argent, le jeune homme de 20 ans fait des heures supplémentaires dans une boutique de dépannage, au Texas, quand un voleur le tue par balles. Son employeur, National Convenience Stores Inc (NCS), n’avait pas contribué à la caisse d’indemnisation des travailleurs qui meurent au travail, mais avait souscrit une assurance-vie sur sa tête auprès de la banque Lloyd’s de Londres qui lui a versé 250.000$.

Pour régler d’éventuels litiges, l’employeur a reversé 60.000$ à l’épouse et au fils de la victime et à l’époque Mme Smith, âgée de 18 ans, toujours au lycée et mère d’un enfant de 1 an, pensait que l’employeur de son défunt mari était vraiment gentil. Jusqu’à ce qu’elle apprenne que l’employeur en question avait perçu 250.000 $ grâce à la mort de William, après quoi elle décide de poursuivre NCS car l’entreprise n’avait aucun intérêt à assurer son mari. La Cour a estimé que l’employeur devait lui verser 456.513 $ pour l’assurance, les frais d’avocat et les intérêts. NCS a fait appel, puis a accepté de régler 390.000$ à Mme Smith.

En 2002, on estimait que 5 à 6 millions d’employés américains étaient « couverts » par ce type d’assurance et on « apprenait » que des multinationales comme Wal-Mart (350.000 employés couverts entre décembre 1993 et juillet 19954]), Procter & Gamble, Dow Chemicals ou Nestlé avaient pris de telles assurances pour des employés normaux qui ne sont pas de hauts cadres5]. Pourtant, ça faisait déjà vingt ans que le système s’était généralisé aux « employés de base ».

us_treasury_bill_cartoonCe qui pose un gros problème dans cette histoire, c’est que le principe-même d’une assurance veut que celui qui la souscrit n’a pas du tout intérêt perdre ce qu’il assure. Et si la loi permet que mon voisin prenne une assurance sur ma maison, il aurait carrément intérêt à ce qu’elle brûle.

En l’occurrence, le jeu est faussé car l’entreprise a intérêt à ce que l’employé meure, jeune si possible. Ca marche pour les employés à temps partiel, les retraités et même les anciens employés qu’on a licenciés. Un employé américain pourrait donc probablement avoir plusieurs assurances sur le dos à la fin de sa carrière et rapporter à différents employeurs.

Autre fait choquant, au-delà du principe même : les employés concernés ne sont parfois pas au courant du tout que leur patron a pris une assurance-vie sur leur tête, et certaines familles ont appris l’arrangement tout à fait par hasard6], se demandant si le procédé est légal. Dans des Etats comme le Texas7], on a fait passer une loi au début des années 2000 pour imposer aux entreprises d’informer leurs employés qu’elles ont pris un contrat d’assurance sur leur tête, mais elles n’avaient pas besoin de l’accord des employés pour souscrire l’assurance.

Là-bas, ce procédé ne choque pas grand monde, en fait. Avant 2009 et la mise en application de la réforme d’août 2006, seulement quelques Etats avaient imposé le consentement écrit8] de l’employé. Mais aucun registre ne recense l’ensemble des entreprises9] qui se livrent à ces pratiques ni les montants concernés, puisqu’il s’agit de contrats par définition privés.

Les arguments des employeurs concernés sont tournés comme il faut : Wal Mart, par exemple, expliquait qu’il avait pris ces polices pour contrebalancer l’augmentation des coûts santé de ses employés. Ainsi, le motif est acceptable pour les autorités US mais au final les entreprises font ce qu’elles veulent de cet argent puisque personne ne va vérifier tant qu’il n’y a pas de procès. Et c’est pour permettre aux entreprises de financer les « avantages sociaux » des employés (on notera au passage le terme ‘avantage’ pour désigner ce qui n’est plus qu’un résidu d’acquis sociaux) et de « protéger l’entreprise des coûts financiers liés à la perte d’un employé » que les assureurs vantent leurs produits de « corporate-owned life insurance », ou COLI. On mentionne aussi, rapidement, le « fonds de transition lié aux accords d’achat/vente », c’est-à-dire la masse d’argent virtuel puis réel disponible pour l’entreprise, par la magie des produits dérivés : en fait la somme versée par l’entreprise est immédiatement titrisée et jouée en bourse, comme on a fait un peu plus tôt avec les crédits hypothécaires. Certains contrats permettent même à l’entreprise de toucher un « paiement anticipé » de la prime finale chaque année, d’autres d’effectuer des paiements ajustables, d’autres d’augmenter la prime de décès etc.

On sait qu’en 2008 les banques10] étaient des grandes fans de ces contrats et Bank of America était la championne du toon101008genre avec plus de 16,2 milliards de dollars, suivie par Wachovia Corp (rachetée depuis par Wells Fargo11]) qui en avait pour 14,5 milliards. JP Morgan Chase en détenait pour plus de 11 milliards, Wells Fargo pour 5,7 milliards, Citibank pour plus de 4 milliards, etc. Mais AIG, Coca Cola, Fannie Mae, Brystol Meyer Squibb, American Express, Walt Disney, Mc Donnell Douglas, Alpha corp, AT & T, Kimberly Clark, Tyson Foods détenaient aussi des paquets de ces assurances. La liste est très longue, et il serait vain de vouloir être exhaustifs là-dessus. Au total, d’après le Wall Street Journal12], les entreprises avaient pour 122,3 milliards de dollars d’assurance « paysan mort » en 2008, contre 65,8 milliards fin 2004.

Et il semble que le système contamine d’autres pays : en janvier 2009, un quotidien nippon déclarait que la compagnie d’assurances japonaise Shinwa, qui venait de faire faillite, était pervenue à se faire 100 millions d’euros de commissions en gérant plus de 10.000 contrats d’assurance-vie vendus à de nombreuses PME pour assurer leurs employés. Shinwa se faisait passer pour un simple intermédiaire, et les employeurs pouvaient déduire la somme qu’ils versaient chaque année. Mais heureusement, au Japon il est interdit de prendre une police d’assurance pour quelqu’un d‘autre que soi-même.

 

walmart_moralityBut de la manœuvre : payer moins d’impôts

L’affaire est des plus glauques, car en réalité les entreprises souscrivent ces assurances pour gonfler leurs actifs par « effet de levier », comme ils disent, et emprunter moins cher. Et comme les sommes garanties par ces polices d’emprunter, les entreprises bénéficient de réductions d’impôts sur ces emprunts. Ajoutons que les polices d’assurance-vie sont défiscalisées à 100%, et on peut légitimement se demander si ces entreprises ont encore besoin de faire travailler leurs employés puisqu’ils rapportent tant avant même d’avoir franchi la porte de l’usine.

Malgré les tentatives d’enrayer le phénomène, ces produits d’assurances ont le vent en poupe. Les conseillers financiers et les assureurs vantent en effet les mérites de ces polices auprès des banques et des entreprises, et savent s’adapter aux évolutions législatives. « Combien peut financièrement rapporter la mort d’un employé de base à un employeur ? », interroge cyniquement le North Carolina Banking Institute, avant d’expliquer que de grands établissements tels que JP Morgan Chase ou Bank of America s’y donnent à cœur joie. D’autres proposent un tableau récapitulatif qui compare les « investissement traditionnels » des banques, et les BOLI :

 

                             
 

 

 
 

Investissement   traditionnel

 
 

BOLI

 
 

Investissement

 
 

2.000.000   $

 
 

2.000.000   $

 
 

Revenu

 
 

60.000   $ (3 %)

 
 

109.800   $ (5,49 %)

 
 

Taxes

 
 

20.400   (34 %)

 
 

/

 
 

Revenu   net

 
 

39.600   $ (1,98 %)

 
 

109.800   (5,49 %)

 

Source: Mero Capo, APB Financial Group

Soit un bénéfice de 70.200 $ par rapport à un « investissement traditionnel », c’est-à-dire taxé. En 2004, la cour des Comptes estimait que les pertes de revenus fiscaux liés aux dégrèvements qui vont avec les COLI et BOLI s’élèveraient entre 7,3 et 13 milliards de dollarspour la période 2004-2008.

De fait, selon certains cabinets de conseil, 67% des 50 plus grandes institutions financières des Etats Unis détenaient des BOLI en juillet 2007. 

Ainsi l’année dernière, le Council of Life Insurers estimait que les entreprises versaient 8 milliards de primes tous les ans, soit 20% du total des assurances-vie vendues chaque année, et qu’elles comptaient grâce à cela obtenir pour 9 milliards d’allègements fiscaux sur cinq ans.

L’argent, semble-t-il, sert souvent à payer les bonus des cadres supérieurs qui les ont exploités pour un salaire de misère pendant des années. Une ex filiale d’Enron, Portland General, avait mis 80 millions de dollars de côté pour financer la complémentaire retraite de ses cadres.

Les législateurs US se sont penchés sur ce problème dans les années 80, quand quelques amendements fiscaux du Tax 08_10_19_economist_cartoonReform Act de 1986 ont un peu restreint le caractère déductible de ces polices d’assurance vie, en plafonnant le montant à 50.000$ par personne assurée et en limitant le montant des paiements qui peuvent être compris dans ces assurances. Les entreprises se sont donc adaptées et, puisque le montant par employé était limité à 50.000$, elles ont mis en place de vastes ‘plans santé’ afin de faire signer un maximum de salariés. On crée aussi un système qui permet à l’employeur de déduire de ses impôts les versements annuels qu’il fait à l’assureur, puisqu’il s’agit, quand-même, d’une police d’assurance.

Au final, pour un versement annuel de 100 millions de dollars qui est immédiatement transformé en produits dérivés (qui eux-mêmes peuvent rapporter beaucoup, par exemple s’ils sont investis dans la dette grecque), l’abaissement fiscal espéré par l’entreprise est de 3,6 millions de dollars, comme l’explique une fédération d’assurances. Enfin bref, les affaires continuent et les avantages fiscaux sont loin d’être les seuls atouts de ces polices vantés par les assureurs. Chaque Etat ou presque a sa version adaptée en fonction des restrictions locales.

Le Congrès a essayé de légiférer sur ce système en 200613], mais les changements ne concernent pas les assurances prises avant août 2006. Cependant, il y a quand-même une évolution : pour qu’un employeur prenne une des assurances-vie, il faut qu’il informe son employé par écrit, qu’il obtienne l’accord écrit de l’employé, et que l’employé ait travaillé pour l’entreprise qui touche le magot l’année même de son décès. Si ces conditions ne sont pas réunies, la défiscalisation tombe et l’employeur est susceptible d’être poursuivi par l’employé ou sa famille. L’entrepreneur doit aussi dire au fisc quels employés sont assurés ainsi que le montant global, et les intérêts sont taxés.

Mais ça n’a pas vraiment freiné ce business, et depuis août 2006 les banques ont « investi » de très grosses sommes dans ces assurances-vie. De fait, le fisc US estimait que malgré la loi du 17 août 2006, « c’est comme si beaucoup d’employeurs (…) n’étaient pas au courant de la notification et du consentement obligatoires et que, surtout, ils ne s’y conformaient pas ».

halloweenEn mai 2009, le Trésor US a proposé de plafonner les dégrèvements fiscaux liés à certains de ces contrats, car leur montant avait quand-même doublé entre 2004 et 2008. A titre d’exemple, on sait que Citybank détenait pour 2,215 milliards de dollars de ces contrats au 31 mars 2006, pour 3,3 milliards au 31 mars 2007, et pour 3,99 milliards au 31 décembre 2007, soit six mois plus tard14]. Accessoirement, Citibank a licencié autour de 20.000 employés, suite à la crise subprime.

Mais les lobbies des banques et des assurances ne se laissent évidemment pas faire. L’Independant Community Bankers of America, un lobbie des banquiers US, crie au péril à cause de la crise, et appelle ses affiliés à s’opposer à la proposition du Trésor qui « empirerait » la situation de ces pauvres banques, tout en réclamant encore plus de dégrèvements fiscaux.

Pourtant, en juin 2009, le Fisc a sévi en mettant en œuvre la réforme de 2006: le montant de l’exemption fiscale du « bénéfice de mort » (c’est l’expression utilisée) ne peut pas dépasser le total des sommes versées par l’employeur pour payer l’assurance, mais surtout il faut le consentement écrit préalable de l’employé, qui doit être informé de la somme maximale espérée par l’employeur à sa mort. Si l’employeur fait tout ça, les exemptions fiscales demeurent dans le cas où le travailleur était dans l’entreprise à un moment durant l’année précédant sa mort.

Toutefois, on peut imaginer sans problème qu’un employeur est dans la mesure d’exercer une pression sur un candidat ou sur un employé précaire afin qu’il signe le formulaire. Car la réalité, c’est qu’un employé a rarement le choix à part celui de partir.

Le tableau suivant permet de se rendre compte que la loi n’a pas été des plus dissuasives, du moins en ce qui concerne les banques et leurs BOLI. En fait, on dirait que depuis la fin de la crise subprime, les banques tentent de se refaire un peu partout y compris avec les assurances vie sur leurs employés. Dans une banque comme JP Morgan Chase, on a même nommé une « vice présidente » des BOLI, à New York.

 

                                                                       
 

 

 
 

Décembre 2007

 
 

Mars 2008

 
 

Juin 2008

 
 

Septembre 2008

 
 

Augmentation (en %)

 
 

Bank of   America

 
 

14,3 Md

 
 

14,5 Md

 
 

16,5 Md

 
 

17,1 Md

 
 

19,5 %

 
 

Citibank

 
 

3,9 Md

 
 

4,03 Md

 
 

14,5 Md

 
 

14,6 Md

 
 

5 %

 
 

Wachovia

 
 

14,6 Md

 
 

14,4 Md

 
 

14,5 Md

 
 

14,6 Md

 
 

0 %

 
 

Washington   Mutual

 
 

4,9 Md

 
 

5,02 Md

 
 

5,07 Md

 
 

NC

 
 

3,4 %

 
 

Wells   Fargo

 
 

4,9 Md

 
 

5,15 Md

 
 

5,19 Md

 
 

5,36 Md

 
 

9,38 %

 

Evolution du montant des « bank-owned life insurance » en milliards de dollars. Source : Mike Myers. Mais on peut trouver d’autres chiffres, toutefois très proches.

 

Comme on pourrait s’en douter, les rapaces se dévorent aussi entre eux : en 2002, Wal Mart, qui se plaignait du trop faible rendement de ces assurances15], a poursuivi notamment les assureurs AIG et Hartford Life malgré que sa plainte ait été rejetée trois fois par le tribunal de 1ère instance du Delaware et acceptée trois fois par la Cour suprême du Delaware (rappelons au passage que cet Etat est le plus grand paradis fiscal des Etats-Unis). Pourquoi ? Parce que ces assureurs auraient promis à Wal Mart une défiscalisation liée à ces polices d’assurances, et ça a raté. Pour la Cour, de toute manière, il s’agissait d’une fraude fiscale basique.

Avec la crise subprime, en fait, de nombreux employeurs ont vu se déprécier la valeur de ces assurances. Fifth Third, quiPI_cartoon avait injecté 612 millions de dollars dans ces polices en 2004 et 2005, a perdu 323 millions de dollars début 2008. Du coup, la boîte a porté plainte contre l’assureur, Transamerica Life Insurance pour récupérer les 323 millions de dollars sous forme de dommages et intérêts. Diantre ! Les innocentes multinationales se seraient-elles faites rouler avec ces assurances vie, comme le furent leurs salariés avec les prêts hypothécaires… A leur décharge, il faut dire que ces polices d’assurances sont calculées selon des formules savantes et le jargon est complexe. Tout est évidemment calculé : la mise minimum, la durée du retour sur investissement, le risque, la plus value qu’on peut en espérer…

Seul Dow Chemicals, qui avait assuré en entre 1989 et 1992 plus de 21.000 salariés dans le cadre, là aussi, d’une sorte de ‘plan santé’16] dans lequel les salariés touchaient 5.000$ à sa mort17], a gagné contre le fisc qui devait lui rendre 22,2 millions de dollars. A l’origine, il s’agissait de faire gagner 10 millions de dollars à Dow Chemical en un an. Entre 1988 et 2000, Dow Chemicals a versé plus de 1,5 milliard de dollars pour les assurances « paysan mort » de ces 21.000 salariés, dont la moitié provenait d’emprunts défiscalisés.

Mais un jour, le fisc s’est retourné contre Dow Chemicals (ainsi que contre Camelot Music, Winn Dixie ou American Electric Power) afin de récupérer des impôts impayés. La poursuite contre Dow Chemical se basait sur le fait que pendant les neuf ans qui ont suivi le plan santé, « les prêts liés à ces polices étaient la principale source de fonds [pour Dow Chemicals]durant la première, deuxième, troisième, huitième et neuvième années » du plan qui concernait 4.000 personnes, et durant les trois premières années pour ce qui était du plan qui concernait les 17.000 autres personnes. Mais le fisc a perdu. Et puis après, ce sont les contribuables qui se sont retournés contre le fisc, et ils ont gagné.

Un député démocrate, Gene Green, tente depuis dix ans pour l’instant en vain d’interdire ces polices d’assurance. Mais il faut dire que les lobbyistes des assurances ont fait leur possible pour éviter les restrictions.

La Cour d’Appel US, qui a jugé l’entreprise Winn Dixie, une firme de courtage en assurances, a estimé que le système de l’assurance « paysan mort » était un montage destiné à éviter des impôts fédéraux.

Ce qui est très grave, avec cette affaire, c’est la dérive qui en est le corollaire. Ainsi la veuve de Mike Rice, un employé Targetde Wal Mart décédé à 48 ans d’une crise cardiaque sur son lieu de travail, considère que son mari est décédé en partie à cause du stress qu’on lui infligeait au travail (et Wal Mart est bien connu pour le caractère humaniste de son management). Wal Mart avait pris une assurance sur la tête de son mari, pour un montant de 300.000$. En outre, il semble que Mike Rice était en train de sortir une télévision de 27 pouces de la voiture d’un client au moment où il a fait son attaque cardiaque, puisque personne d’autre n’était là pour le faire.

En outre, le suicide n’étant pas forcément une clause d’exclusion qui interdit de toucher la prime, on peut imaginer qu’il suffit de pousser au suicide un employé qu’on vient d’assurer pour toucher le jackpot. En fait, la plupart des assureurs remboursent si le suicide intervient plus de deux ans après la signature du contrat.

Les plaintes de familles sont nombreuses, et certaines ont agi en class action lors des procès, à l’instar des employés de Wal Mart en Floride, au Texas où 380 familles d’ex employés réclament au total 15 millions de dollars18], ou en Oklahoma, où Wal Mart a du payer 5,1 million de dollars pour régler un recours collectif des familles. Les griefs portent essentiellement sur l’intérêt des entreprises à assurer ses employés et sur le consentement. En Louisiane, par exemple, on peut se retourner contre quelqu’un qui a pris une assurance sans y avoir un intérêt mais au bout de 10 ans il y a prescription. Pour ce qui est du consentement, les employés qui ne sont pas mis au courant de la police d’assurance peuvent se plaindre que l’assureur ait utilisé des informations personnelles sans le leur dire.

------------

Actuellement, et parce que le fisc perdait beaucoup d’argent, le système est moins rentable pour les entreprises qu’il ne l’a été, et le consentement permet au moins aux employés d’être au courant du « contrat » passé sur leur tête. Mais on n’a pas remis en cause le principe.

Les patrons trouvent normal de se prémunir. Contre quoi, au juste, personne ne saurait le dire exactement. Et ils trouvent aussi parfaitement normal de dégager du cash à partir de rien, uniquement en spéculant sur une dette qui finalement est un pari sur la mort.

 



 

[1]Corporate-owned life insurance (COLI) ou encore « employer-owned life insurance » (EOLI). Les banques ont quant à elles des BOLI pour “bank-owned life insurance”.

 

[2] Mais apparemment, ce procédé interdit par le Parlement anglais en 1774 (interdiction de prendre une assurance si on n’a pas un intérêt direct sur l’objet du contrat) s’est à partir de la deuxième guerre pour les « hommes-clé », et s’est généralisé dans les années 80 quand une réforme a rendu les obligations municipales moins attractives pour les banques et les entreprises.

 

[3] Camelot Music a finalement été condamné (suite à des plaintes pour « enrichissement injuste ») pour son montage financier destiné à payer moins d’impôts. Tout comme Wall Mart, American Electric Power et Down Chemicals.

 

[4] Pour des sommes allant de 50.000 à 80.000$ suivant l’âge et le sexe, sur des employés de 18 à 70 ans qui participaient au « plan santé » de Wall Mart. Officiellement, Wal Mart aurait cessé de prendre ces polices d’assurance en 1995 et aurait les aurait annulées totalement en 2000 car la boîte perdait de l’argent.

 

[5] En France, des assurances de ce type existent, mais uniquement pour assurer les haut dirigeants car une mort brutale pourrait éventuellement poser quelques problèmes à l’entreprise.

 

[6] Ce fut par exemple le cas d’une certaine Irma Johnson, dont le mari décédé d’un cancer du cerveau à 41 ans en 2008, travaillait chez Amegy Bank (filiale de Zions Bancorp). A sa mort, elle a reçu par erreur un chèque de Security Life of Denver Insurance Co, d’un montant de 1,6 million de dollars, premier versement pour une police s’élevant à 4,7 millions de dollars, 67 fois le salaire annuel de son mari (moins les taxes cela faisait 3,8 millions), payable à Amegy Bank. L’entreprise, lors du procès, a affirmé qu’elle avait proposé au mari d’Irma Johnson, qui avait déjà survécu à deux cancers du cerveau, de signer une assurance-vie de 150.000$. Il aurait signé en 2001(mais n’était probablement pas en état de le faire), et la banque l’a viré quatre mois plus tard car son rendement au travail (après deux opérations du cerveau) avait diminué. La famille n’a bien sur rien touché des 4,7 millions de dollars sur le moment. Cela s’est terminé par une transaction d’un montant tenu secret.

 

[7] Mais au début des années 2000, le Texas avait envisagé d’interdire, sauf quelques exceptions, qu’une entreprise puisse contracter une telle assurance pour ses employés de base.

 

[8] La Californie (complètement interdit), l’Illinois (le consentement est acquis si l’employé ne s’oppose pas dans les 30 jours à cette police d’assurance), New York (l’employé peut résilier la police en quittant l’entreprise) et le Texas (mais seulement dans certains cas). L’Arkansas, la Géorgie, l’Iowa, le Maine et d’autres réclament le consentement écrit, d’autres comme le New Jersey, le Tennessee, le Vermont, le Wyoming (qui craint quand même pour la réputation des banques qui pratiquent ce système) ou la Caroline du Nord et du Sud ne réclament rien du tout, laissant la voie libre à l’employeur.

 

[9] Les banques doivent cependant le signaler au fisc.

 

[10] On appelle ces contrats des BOLI pour “bank owned life insurance”, qui couraient toujours après que l’employé ait quitté la banque. D’après deux cabinets d’avocats de l’Oklahoma, près de la moitié des banques aux Etats-Unis ont pris ces assurances, pour un montant total de 120 milliards de dollars fin 2008. Le montant a augmenté rapidement : en 2004, 3.474 banques US détenaient pour 65,8 milliards de BOLI, et deux ans plus tard elles étaient 4.082 à détenir pour 106,8 milliards de dollars de BOLI. En 2001 déjà, les banques détenaient la plupart de ces polices : elles ont versé 5,2 milliards de dollars pour ces assurances en 2001, quand les entreprises versaient –seulement- 4,1 milliards. Au total : 9,3 milliards.

 

[11] Ce qui impliquerait que la mort des ex employés de Wachovia bénéficierait finalement à Wells Fargo, qui n’a aucun intérêt à avoir ces polices d’assurances sur des employés qui n’ont jamais travaillé là. Accessoirement, Wachovia a été rachetée après avoir essuyé, disait la boîte, 315 millions de dollars de pertes au 1er trimestre 2008 dans le business des assurances vie employés.

 

[12]« Banks Use Life Insurance to Fund Bonuses », Wall Street Journal du 20/05/09.

 

[13] C’est le Pension Protection Act signé le 17 août 2006, dont une section complète le Code des Impôts.

 

[14] Et encore : ces sommes représente la valeur de ces assurances en cas de rachat. Le jackpot est donc supérieur.

 

[15] Wal Mart estimait en effet avoir perdu 150 millions de dollars à cause d’une mauvaise information des assureurs.

 

[16] En fait plan « Grand ouest » pour 4.051 « employés-clé », et un plan « vivre ensemble » pour 17.061 autres employés. Le premier versement opéré par Dow Chemicals était de 10.000$ par personne, mais la boîte a pu emprunter (non imposables) 50.000$ pour payer les polices de chacun. Cela permettait donc de « lever du cash ».

 

[17] Mais si la personne a été virée ou a démissionné (le texte dit « si vous avez quitté l’entreprise »), ce ne sera plus que 2.500$, et la somme ne sera versée qu’au conjoint, pas aux enfants. Si pas de conjoint, pas d’argent. Et attention : tout le monde n’était pas « éligible » pour bénéficier de cette magnifique couverture.

 

[18] Mais, si au Texas et en Oklahoma, Wal Mart a été condamné, en Floride l’issue est incertaine, puisqu’un juge fédéral a déclaré que les familles n’avaient pas le droit de poursuivre, selon la loi de Floride. Cependant la Cour d’appel ne semble pas d’accord.


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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 06:39
Mercredi 29 septembre 2010  

capiotalisme-ne-recule-devant-rien-copie-1.jpg

 

Je reçois ce texte,

je le publie aussitôt.

Le capitalisme est

un Système qui broie l'individu.

Il est inhumain, implacable.

Témoignage sur les méthodes

d'une entreprise de service public privatisée.

A relayer !

Et défendons nos services publics,

halte aux privatisations insensées,

halte aux méthodes de management inhumaines,

halte au culte de la performance et de l'argent.

Et replaçons l'humain au coeur de l'entreprise !

eva

 

capiotalisme-ne-recule-devant-rien-copie-1.jpg

 

Humiliation, dépression, démission:
L'offre triple play de France Télécom

 

 

Crédits photo:  Document distribué pendant les stages de management pour suivre l'état psychique du salarié après l'annonce de sa mutation.

Un ancien directeur régional raconte le plan machiavélique de l’entreprise pour faire partir 22 000 personnes du groupe sans avoir à les licencier.

 

 

C’était en 2006. La femme, cadre supérieure chez France Télécom, entre comme une fusée dans le bureau de son supérieur hiérarchique :

“Je te préviens, ici, il n’y a ni micros ni caméras. Je suis mandatée au plus haut niveau pour te dire que tu n’as plus rien à attendre de l’entreprise. On fera tout pour que tu partes, sinon, on te détruira !”

Puis elle sort du bureau, laissant son chef, Christian, halluciné. Ce directeur régional de France Télécom, qui dirigeait 13 000 personnes, a longtemps hésité avant de nous raconter ce qui va suivre. Il a 57 ans. Il sait qu’il est le premier responsable à révéler ce qu’il a vu dans son entreprise. Ce qu’il décrit ? La mise en pratique, au sein du groupe France Télécom Orange, d’un management qui fait souffrir les salariés. Ce mois de septembre, cinq d’entre eux se sont encore donné la mort, portant à cinquante-huit le total des suicides depuis trois ans.

Christian se souvient du jour, en 2004, où deux cents cadres et directeurs se sont retrouvés à Paris dans un amphithéâtre. Didier Lombard, le pdg de l’époque, leur présente le nouveau visage de l’entreprise :

“Je vous préviens : les choses vont changer ! Je viens vous présenter ma nouvelle équipe. Elle va jouer dans un registre que vous ne connaissez pas : ça va être ‘le bon, la brute et le truand’. Le bon, il n’est plus là. La brute, continue-t-il en désignant le numéro 2 du groupe, Louis-Pierre Wenes, c’est lui. Et le truand, pointant du doigt le DRH Olivier Barberot, le voici !”

Derrière la blague, Didier Lombard annonce le scénario pour les trois ans à venir : faire partir 22 000 personnes du groupe sans avoir à les licencier. Voici la recette : on incitera des salariés à démissionner ; on en mutera dans d’autres secteurs de la fonction publique ; on signera des congés de fin de carrière. Dans la salle, Christian est bon public. Le rachat d’Orange en 2000 a plombé les comptes. La concurrence est féroce. Pour survivre, il faudra bien réduire les effectifs. Christian sait qu’il va recevoir des directives pour réaliser le projet du pdg : le plan Next.

Quelques jours plus tard, cinq ingénieurs qu’il dirige sont appelés à Paris pour suivre un stage de management. Le jour de leur départ, Christian voit l’un d’eux, Philippe, embrasser son collègue et proche ami Serge. Dix jours plus tard, Philippe revient de son stage.

“Au premier regard, se remémore Christian, je vois qu’il n’est plus le même. Il me regarde différemment. Il nous regarde tous différemment.”

Philippe retrouve son ami Serge au déjeuner, qui lui demande comment s’est déroulé son stage.

“Je t’expliquerai les nouvelles règles, répond Philippe. Je passe manager. Tout doit changer. – Comment ça, tout doit changer ? – Tu le verras rapidement. Selon nos patrons, on est trop nombreux ici.”

Informé de cet échange, Christian convoque Philippe pour une explication. Elle se déroule dans le bureau de Christian, avec sa table en verre, son canapé, sa table basse ; mobilier corporate lisse et froid comme un bar à sushis. Christian harponne Philippe :

“Tu as dit à Serge qu’on était trop nombreux, ici. Ça veut dire quoi ? – Toi qui es dans la hiérarchie, tu dois connaître : c’est le plan Next. Je fais partie des quatre mille qu’on a sélectionnés pour l’appliquer sur le terrain. J’ai un objectif clair : dans trois mois, on doit être dix ingénieurs de moins sur les trente que nous sommes.”

Pour virer les dix ingénieurs, Philippe annonce :

“On va leur faire comprendre que l’entreprise est en guerre et que dans toute guerre, il y a des morts. Et que bouger, accepter le changement, c’est la vie. – C’est ça qu’on t’a appris dans le stage ? – Entre autres."

Devenu manager, Philippe applique dans son équipe le plan Next. L’open-space qu’il anime est tourneboulé comme un cube. Stéphane, invisible ingénieur d’une équipe commerciale, dirige soudain Rodolphe, qui était son supérieur la veille. Thierry, un cadre qui refuse la promotion qu’on lui impose, se voit rétrogradé et placé sous l’autorité d’un de ses subalternes. Philippe ordonne, place et déplace les employés. Dans l’openspace, on commence à se regarder de travers. Des camps se forment. On se parle moins à la cantine. Dans son bureau, Christian reçoit des appels de sa direction parisienne.

“On me conseille de fixer des objectifs inatteignables, pour pouvoir dire au collaborateur : ‘Je suis désolé, mais là, on ne peut plus continuer avec toi’…”

Peu à peu, des infos lui parviennent des boutiques, des centres d’appels, des open-spaces chamboulés par le plan Next : ça va mal. Les salariés commencent à faire des dépressions. Des formules comme “au bout du rouleau”, “envie de suicide” remontent jusqu’à lui. Il décide d’alerter Paris et envoie des e-mails à la DRH du groupe.

Christian ne reçoit aucune réponse. Jusqu’à ce matin de 2006 où Simone, membre de son équipe d’encadrement, débarque en trombe dans son bureau pour lui déclarer que sa hiérarchie ne veut plus de lui.

A dater de ce jour, des cadres sous les ordres de Christian passent devant lui sans le regarder. Il se demande comment Philippe, bon et solidaire, a pu devenir en dix jours un manager capable de muter, tel un pion, un collègue avec qui il déjeune à midi. Il imagine de redoutables techniques de lavage de cerveau. Il en parle à Oscar, un cadre de la direction parisienne du groupe, qui lui a gardé son amitié. Christian ne peut pas mieux tomber : Oscar a participé au fameux stage où l’on a formé Philippe aux techniques pour mobiliser les employés et leur “faire accepter le changement”.

Un soir, loin des bureaux, Oscar lui donne les fiches pédagogiques qu’il a reçues comme Philippe lors de leur stage parisien dans les locaux d’Obifive, une société internationale de coaching en management. Il découvre un curieux schéma. Un plan de la bataille d’Angleterre de 1940, qui vante la “précision” et la force de “l’exécution conf¡orme” des avions de chasse allemands. Intrigués, nous demandons un rendez-vous à Céline Lerenard, la directrice associée d’Obifive :

“Ce n’est pas un peu bizarre, de comparer les concurrents de France Télécom à des avions allemands ? – Vous avez mal compris. On voulait faire ressortir la solidarité qui existait entre les pilotes et les mécaniciens de la Royal Air-Force. – Pardon, mais ça, ça n’est écrit nulle part. Ce qu’on voit, ce sont des avions de la Luftwaffe bombardant des villes en Angleterre. – Alors vous avez mal compris.”

Des témoins, des employés de France Télécom qui ont participé au stage, racontent une autre histoire :

“Les formateurs expliquaient que nous étions en guerre. D’abord, on nous montrait l’Angleterre prise en tenailles par les nazis. Ensuite, on nous montrait Orange prise en tenailles par Free, par Bouygues et par Nokia…”

Nous rencontrons Bruno Diehl à Paris. Conseiller en management de l’équipe du pdg de France Télécom jusqu’en 2007, il a écrit en mai 2010 un livre montrant comment, à partir de l’an 2000, un management déshumanisé a plombé l’entreprise. Diehl était en relation avec des formateurs qui animaient les stages de management. Il nous décrit des stages efficaces et vivants, concrets, pleins d’exercices pratiques inspirés de la réalité.

Par exemple, on proposait aux stagiaires de réduire de moitié les effectifs de leur plate-forme : vingt-cinq personnes à faire partir. Sur ces vingt-cinq, l’une avait une mère atteinte d’une maladie grave. Il va la voir chaque jour et sa mutation doit l’envoyer à plus de 100 kilomètres. Exercice : “Comment vous y prenez-vous pour le faire partir ?” Après quoi, le formateur donnait la réponse. Il faut, disait-il, faire comprendre avec humanité l’importance de ce choix : soit le collaborateur emmène sa mère avec lui, soit il démissionne pour rester auprès d’elle.

“Culpabilisé, le collaborateur prendra lui-même la bonne décision : démissionner.”

Christian découvre un second document. Celui-là prouve que France Télécom savait que ses employés allaient inévitablement perdre leurs repères, puis leur moral. C’est une belle courbe, signée Orange et Orga Consultants, une autre société de coaching en management. Elle s’intitule “Les phases du deuil”. Cet outil devait permettre au manager de comprendre l’état psychique du salarié qui subit une mutation forcée dans une ville éloignée ou dans un autre service.

La “courbe du deuil” définit six étapes : l’annonce de la mutation, le refus de comprendre, la résistance, la décompression, la résignation et, pour finir, l’intégration du salarié. Le manager est averti : en phase 3, la “résistance”, l’employé peut se livrer à des actes de sabotage. Puis en phase 4, la “décompression”, il va chuter dans le désespoir et la dépression. La légende, sous la courbe, conseille au manager de faire entendre à son employé dépressif que “l’évolution des besoins est à la source du changement”. En français, que sa mutation est inévitable.

Ces dépressifs programmés, Christian en a repéré plusieurs au sein de la boîte. Ce que les dirigeants n’avaient pas prévu, c’est que cinquante-huit d’entre eux, au lieu de se laisser accompagner par leur manager jusqu’en phase 6, celle de “l’acceptation du changement”, iraient jusqu’au suicide ou à la tentative de suicide. Dans son bureau, à Arcueil, Val-de-Marne, nous interrogeons la directrice exécutive adjointe du groupe France Télécom Orange, Delphine Ernotte.

“Qu’est-ce qu’un outil comme la ‘courbe de deuil’ vient faire entre les mains d’un manager ? – Ce qu’on voulait, c’était accompagner au maximum les employés. Mais peut-être était-ce maladroit. – Vous aviez prévu des dépressions : c’est écrit dans les documents. Vous auriez pu prévoir que certains allaient craquer, non ? – Non. On ne l’a pas du tout imaginé.”

Un matin de 2007, Christian est convoqué place d’Alleray, à Paris, le siège du groupe. Sur le courrier recommandé, aucun détail sur le motif de la convocation. Une fois sur place, il cogne à la porte du DRH du groupe, Olivier Barberot, qu’il connaît et qu’il tutoie. Mais Barberot ne le reçoit pas comme d’habitude. Il le vouvoie :

“Monsieur, vous deviez vous présenter hier, vous ne l’avez pas fait. Cela nous contraint à engager une procédure disciplinaire. A moins que vous n’acceptiez de signer votre départ de l’entreprise.”

Christian écoute le DRH, accompagné d’un assistant, lui vanter l’intérêt d’un départ à l’amiable. Au bout de quelques phrases, Christian explose :

“Je n’imaginais pas que vous étiez capables d’une saloperie pareille ! Vous êtes des salauds mais vous avez gagné : je ne veux plus vous voir. Je ne veux plus travailler avec des gens comme vous.”

Puis, sur ces mots, Christian signe son départ, quitte l’immeuble en pleurant et prend le chemin d’une autre vie. Après la révélation, l’an dernier, du scandale des suicides en série, Olivier Barberot, qui gérait la carrière de 200 000 employés du groupe, a été déplacé au poste de pdg d’une filiale de sept-cent cinquante personnes. Nous n’avons pas réussi à le joindre pour entendre sa réponse au récit de Christian. Mais nous avons pu parler au téléphone à un communicant du groupe France Télécom Orange. Nous l’informons que Les Inrocks ont recueilli le témoignage d’un de leurs anciens directeurs régionaux, et que celui-ci, pour ne pas exposer sa nouvelle carrière, préfère taire son nom dans l’immédiat.

“Ne connaissant pas ce monsieur, il nous est difficile de répondre à ce qu’il dit avec précision. Des dérives dans la politique d’objectifs ? Oui, il y en a eu. Qu’à un endroit, ça ait pu exister, c’est possible. Mais il ne faut pas généraliser. Cela ne relève d’aucune politique malsaine.”

Ce mois de septembre, les suicides continuent chez France Télécom. Pour corriger ses erreurs, la direction réforme. Le nouveau pdg, Stéphane Richard, a confirmé la fin des mutations forcées du personnel, le retour à un management plus humain. On nous assure qu’il n’y a plus de contrats avec Obifive et Orga Consultants. Ces sociétés de coaching ne formateront plus les managers du groupe avec la bataille d’Angleterre et la “courbe du deuil”

 

http://www.lesinrocks.com/index.php?id=135&tx_ttnews[tt_news]=51122&tx_ttnews[date]=2010-09-25&tx_ttnews[tstamp]=51122&cHash=3def7882e7f4ad575a0d9cc15aedfc33

 

Quand les patrons spéculent sur la mort de leurs employés

money_4_war_44535Je vous propose d’aborder aujourd’hui un sujet particulièrement riant. Aux Etats-Unis, les entreprises ont trouvé un moyen génial pour se faire de l’argent sans rien faire. Je ne parle pas de prix de transferts et de spéculation (quoi que…), mais du truc le plus pervers que le capitalisme puisse permettre : se faire de l’argent grâce à la mort des employés qu’on a exploités. Fallait y penser, ils l’ont fait. Moult entreprises US, parmi les plus importantes, prennent des contrats d’assurance vie sur leurs employés, sans le leur dire, pour toucher un maximum à leur mort.

 suite ici :

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28 septembre 2010 2 28 /09 /septembre /2010 07:23
LA DÉLOCALISATION EST-ELLE ENCORE PAYANTE?
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A lire dans Chefs d’entreprise.

Chef d'entreprise Magazine N°51 - 01/09/2010 - Sophie Sanchez

Hausse des salaires dans les pays émergents, augmentation des coûts de transport, problèmes de qualité, retards de livraison... Autant d'ombres au tableau des délocalisations qui viennent atténuer, voire effacer, les gains liés à cette solution de production. Décryptage des raisons qui amènent certaines entreprises à rebrousser chemin.

Voir ailleurs si l'herbe est plus grasse, ou plutôt partir pour éviter de connaître des périodes de vaches maigres. C'est la décision qu'ont dû prendre certaines sociétés françaises dès la fin des années 80, emboîtant le pas aux firmes américaines et allemandes qui avaient déjà fait, plus tôt, ce choix de la délocalisation. Selon une récente étude de l'Insee sur l'évaluation de l'impact du commerce international sur l'emploi, près de 12 % des chefs d'entreprises de plus de 20 salariés ont déclaré avoir délocalisé entre 2002 et 2007. Première raison invoquée par les sociétés quittant le sol français: faire baisser le prix de revient en faisant travailler des « mains » moins onéreuses et être ainsi plus compétitives face à des concurrents bénéficiant de coûts de production plus faibles. La réduction de la masse salariale serait en effet la principale motivation pour 79 % des PME (source KPMG-Medef). «La différence de coût entre la main-d'œuvre française et celles des pays dits «low cost" serait de 1 à 5, voire de 1 à 10 dans les pays de l'Est et du Maghreb, et de 1 à 20 dans les pays asiatiques », précise Philippe Peyrard, directeur général délégué de la coopérative de lunetterie Atol et membre fondateur du Comité des entrepreneurs pour un développement responsable de l'économie (Cedre).

 

PHILIPPE PEYRARD directeur général délégué de la coopérative de lunetterie atol et membre fondateur du cedre.
«Une entreprise qui fabrique des produits volumineux peut perdre ce qu'elle aura gagné en main-d'oeuvre rien qu'avec les frais transport, mais aussi d'emballage et de logistique.»

 

 

D'autres critères poussent les entreprises à tenter l'aventure vers d'autres contrées. Sont notamment évoqués la recherche de nouveaux relais de croissance, le développement du chiffre d'affaires ou tout simplement l'obligation de suivre les grands donneurs d'ordre. Si les attraits de la délocalisation semblent encore bien réels, certaines entreprises ayant déplacé leur production effectuent pourtant le mouvement inverse. Outre de grands noms comme Décathlon, Samas, Atol ou Pétrole Hahn, des PME retrouvent aussi le chemin de la France. «Les chefs d'entreprise qui ont généralement la tête dans le guidon et ne sont pas forcément bien conseillés se rendent compte, une fois sur place, que l'équation économique était erronée, car ils n'avaient pas pris en compte le coût complet d'une délocalisation », explique Philippe Peyrard (Atol). Frais de transport, de logistique et de stockage, prix de formation de la main-d'oeuvre, difficultés de manager les équipes à distance, augmentation des salaires locaux, turnover, problèmes de qualité, retards, etc. Au final, la facture peut s'avérer lourde et le projet moins opportun. Une étude du cabinet de conseil Mckinsey démontre ainsi qu'une entreprise délocalisée qui intègre ces coûts cachés, fait passer ses gains de productivité de 22 à 3 %. Mieux vaut donc, pour une entreprise voulant installer des sites à l'étranger, effectuer correctement ses calculs et mesurer les conséquences d'une telle décision.

Des factures de transport à la hausse.

L'un des postes à ne pas négliger dans les coûts d'une délocalisation est bien entendu celui du transport. Fabriquer du mobilier induit des coûts nettement plus importants que si l'on produit des tee-shirts. Mais, quelle que soit la nature du produit, les termes de l'équation semblent changer avec l'envolée des prix du pétrole. Les coûts de transport d'un container auraient ainsi plus que triplé depuis 2000. Outre la question environnementale, produire loin pose problème aux entreprises. Dans un contexte où elles se doivent d'être de plus en plus souples et réactives face aux demandes des clients, être tributaire de plusieurs semaines de transport maritime, notamment pour les entreprises travaillant dans les pays asiatiques, s'avère handicapant. « Sans compter que pour optimiser les containers et éviter de multiplier les trajets, nous commandons de grosses quantités, ce qui induit des avances de trésorerie et des capacités de stockage à l'arrivée conséquentes », relate Alain Comalada, p-dg de la société PEG, spécialisée, notamment, dans la fabrication de couettes, oreillers et isolants. Avec la flambée du baril, la délocalisation de proximité semble recueillir aujourd'hui beaucoup de suffrages. Des entreprises, qui avaient vu dans la Chine un nouvel Eldorado, replient bagage pour privilégier les pays de l'Est ou le Maghreb. De plus, certains dirigeants ne souhaitent pas que les sites de fabrication soient trop éloignés de leur marché. A l'instar du fabricant allemand de papeterie et d'instruments d'écriture Pelikan, qui a choisi de produire en République tchèque, ils veulent pouvoir être réactifs, avoir un œil sur la production ; « veiller au grain » n'est pas sans intérêt quand on a rencontré des problèmes de qualité.

Revenir à la qualité et au made in France.

Du bleu proche du vert, des produits abîmés, des textiles tâchés... Combien de dirigeants ayant délocalisé leur production ont-ils échappé aux sueurs froides à réception de leurs containers? Geneviève Lethu, spécialiste des arts de la table, en a fait les frais. Confrontée à des soucis de qualité et de conformité des produits avec les fabricants chinois, la PME a décidé, en 2002, de revenir au « bercail ». Ses couteaux sont aujourd'hui fabriqués à Thiers et son linge de maison dans les Vosges. L'étiquette « made in France » et le savoir-faire qui l'accompagne s'avèrent pour la marque un gage de qualité et un argument marketing. Certains patrons font aussi du maintien de leur activité en France leur fierté. Oliver Colas, l'un des dirigeants de la jeune société bretonne Argolf, spécialisée dans la fabrication des putters, insiste: «Nous nous refusons à ne regarder que le prix de fabrication. Nos putters sont conçus dans le respect d'une tradition et d'un savoir-faire qu'il faut perpétuer. Pour donner naissance à des produits de qualité, la proximité et la possibilité de suivre la fabrication et les fournisseurs de A à Z sont indispensables. Produire local permet aussi de préserver des emplois et d'être en phase avec les problématiques de développement durable. » De plus, se séparer de la production ne conduit-il pas à mettre en danger sa capacité à préserver des savoir-faire spécifiques, à innover et se démarquer ? C'est l'avis de Philippe Peyrard qui aime relater le retour en France d'Atol. Ayant enfin trouvé un partenaire prêt à le suivre en 2004, il quitte la Chine et fait rimer sa relocalisation avec innovation. « Les consommateurs français sont prêts à payer plus cher pour un produit de meilleure qualité et leur offrant une vraie valeur ajoutée. Jouer sur ces leviers plutôt que sur celui du seul prix revient à se positionner dans un cercle vertueux, car proposer des produits sophistiqués permet également de mieux exporter. » Les entreprises voulant délocaliser doivent aussi se poser l'épineuse question de la propriété intellectuelle. Le dépôt de brevets, coûteux et temporaire, ne suffit pas à enrayer les risques d'une copie des technologies ou de débauche d'un salarié préalablement formé.

Difficultés à recruter et à fidéliser du personnel qualifié.

La gestion du personnel représente aussi un point noir sur le tableau de la délocalisation. Si le coût de la main-d'œuvre est moins élevé, il est désormais difficile, dans certains pays, de trouver des salariés qualifiés, les meilleurs candidats ayant souvent déjà été recrutés. « Les bons éléments sont très sollicités par les grands groupes, confirme François Schmidt, p-dg d'EFS, PME spécialisée notamment dans la production de matériels de mesure. Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir recruter un technico-commercial chinois afin de développer notre propre filiale à Hangzhou. » Même son de cloche pour Benoît Martel, directeur export d'Aromatech, entreprise spécialisée dans les arômes alimentaires installée en Chine: « Il faut veiller à motiver et à fidéliser des collaborateurs très sollicités. » Par ailleurs, si la main-d'œuvre reste effectivement moins chère qu'en France, la tendance est à la hausse, que ce soit en Europe de l'Est, en Inde ou en Chine. Dans l'empire du Milieu, l'explosion des suicides (comme chez Foxconn Technology) et les grèves poussent les entreprises à augmenter les salaires.

Confrontées à cette hausse des coûts de la main-d'œuvre en Chine (plus de 10 % sur la zone côtière), certaines sociétés transfèrent leur production au Cambodge ou au Laos. Des pays comme la Tunisie ou le Maroc deviennent aussi des destinations de plus en plus compétitives. « Les entreprises qui délocalisent seront toujours confrontées à la concurrence de pays à plus faibles coûts. Il s'agit donc d'une vision à court terme qui érode les sociétés dans leur capacité à imaginer et à innover », commente El Mouhoub Mouhoud, professeur à l'université Paris-Dauphine.

Alors délocaliser ou pas? Les entreprises doivent en amont d'un tel projet se poser les bonnes questions: la main-d'œuvre est-elle prépondérante dans mon activité? Ai-je les moyens d'encadrer la production outre-frontières? Quel sera le poids du poste transport dans le coût global? Le site de fabrication nécessite-t-il une proximité avec le client final? Aucun dirigeant ne peut s'exonérer de cette démarche.

TEMOIGNAGE La délocalisation m'a fait perdre en qualité ALAIN COMALADA, p-dg de la société PEG

L'expérience de la délocalisation aura laissé un goût amer à Alain Comalada, p-dg de la société PEG, spécialisée notamment dans la fabrication de couettes, oreillers et isolants pour les vêtements et le bâtiment. Lorsque cet entrepreneur normand veut se lancer dans la microfibre, il y a trois ans, il ne trouve pas en France de fournisseur capable de lui proposer une machine répondant à cette activité. Il décide alors de mettre le cap vers la Chine. Une série de mésaventures attend alors Alain Comalada: problème de qualité, retards dans la fabrication et la livraison, communication difficile. La facture s'avère plus lourde que prévue, la charge de stress également. « Lorsque l'on travaille avec des grands noms de la distribution, exigeants et intraitables, on ne peut pas se permettre ce genre d'incertitudes. Nous avons dû faire appel sur place à des laboratoires pour contrôler la qualité des produits et éviter les mauvaises surprises. » sans compter que pour faire face aux délais de livraison (un mois de bateau) et optimiser les containers, la société est amenée à commander de grosses quantités de marchandises, ce qui induit des avances de trésorerie et de grosses capacités de stockage à l'arrivée. Echaudé par cette solution de production décevante et onéreuse, Alain Comalada parvient à rapatrier, en 2009, toute la production d'oreillers et de couettes synthétiques en s'équipant de la fameuse machine qui lui permet alors de produire lui-même sa microfibre. Aujourd'hui, l'entrepreneur a installé une nouvelle usine à Varneville, à une vingtaine de kilomètres du siège social, et emploie 10 personnes en CDI.
PEG - Repères
- ACTIVITE: Fabrication d'articles textiles, sauf habillement
- VILLE: Dénestanville (seine-maritime)
FORME JURIDIQUE: SA à conseil d'administration
DIRIGEANT: Alain Comalada, 56 ans
ANNEE DE CREATION: 1850
EFFECTIF: 98 salariés
CA 2009: 25 MEuros

ZOOM La prime à la relocalisation

Comment stopper l'hémorragie ou plutôt comment redonner du sang neuf à une économie anémique? Le gouvernement semble avoir choisi son remède. Evoqué par Christian estrosi, ministre de l'Industrie, en octobre 2009, et confirmé par Nicolas sarkozy lors des Etats généraux de l'industrie en mars dernier, le principe d'une prime à la relocalisation a été adopté. Il s'agirait d'une enveloppe de 200 mEuros, partagée entre les entreprises de moins de 5 000 salariés qui ramèneraient leur activité en France. Cette somme, issue du grand emprunt, servirait à financer, sur trois ans, des avances remboursables. Les conditions: les entreprises concernées doivent investir au moins 5 MEuros et créer 25 emplois minimum, de préférence dans des bassins à revitaliser. Autant dire que cette mesure ne concerne que les grosses pme.


http://blog-economique-et-social.blogspot.com/

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 07:38
Golfe du Mexique, marée noire : l'expert pétrolier américain matt Simmons retrouvé assassiné

 

l'expert pétrolier matthew Simmons plateforme pétrolière "deepwater horizon" en feu

l'expert pétrolier matthew Simmons
l'expert pétrolier matthew Simmons 

L'expert pétrolier et banquier d'affaires matt Simmons retrouvé décédé noyé à son domicile le 8 août 2010, avait, au cours des semaines précédentes, fourni des éléments liés à la catastrophe de la marée noire dans le golfe du Mexique radicalement différents que ceux présentés par les Autorités. Et, entre autres le fait que la prétendue fermeture du puits de pétrole par BP est une énorme arnaque.

 


Le puits montré sur les écrans n'est par le vrai puits, lequel serait situé à quelques kilomètres de là et qui, lui, continuerait à laisser échapper ses 120 000 barils journaliers.

 


...Tandis que cette semaine du 13 septembre 2010, des scientifiques américains ont découvert des nappes de pétrole de 5 cms d'épaisseur, à environ 1,5 kms de profondeur.

 


" Je m'attendais à trouver du pétrole sur les fonds marins ", a expliqué Mme Joyce. " Mais pas autant ". Une partie des nappes était " vraiment dense et épaisse ". La chercheuse précise avoir découvert du pétrole jusqu'à 128 kms de distance du puits de BP à l'origine du désastre.

LE MESSAGE AUDIO CORRESPONDANT :

 


http://www.blog-video.tv/video-10631730bc-Archive-tele-du-20-09-2010-13-49-31.html

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