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Eric Toussaint : « Le peuple grec se trouve aujourd’hui à l’épicentre de la crise du capitalisme »
21 octobre 2012 par Eric Toussaint
Discours d’Eric Toussaint au festival de la jeunesse de Syriza à Athènes, le 6 octobre 2012
Plus de 3000 personnes étaient présentes pour écouter 4 conférenciers dans l’ordre suivant : Marisa Matias, eurodéputée du Bloc de Gauche (Portugal) ; Lisaro Fernandez, dirigeant syndical des mineurs (Asturies, Espagne) ; Alexis Tsipras, président de Syriza (Grèce) ; Eric Toussaint, président du CADTM (Belgique, www.cadtm.org ).
L’intervention d’Eric Toussaint :
« Nous vivons et traversons une des pires crises du système capitaliste mondial. Mais le capitalisme ne va pas mourir de mort naturelle dans son lit. Les crises font partie du métabolisme du capitalisme. Seule l’action consciente des peuples peut détruire et dépasser le capitalisme pour ouvrir la voie au socialisme démocratique.
Le peuple grec se trouve aujourd’hui à l’épicentre de la crise du capitalisme. La façon dont le peuple grec, avec ses mobilisations, pourra affronter et donner une réponse à cette crise capitaliste est déterminante pour offrir une solution au niveau international. Vous vous trouvez dans l’épicentre de la crise et de la solution à cette crise.
Il y a 6 ou 7 ans, l’épicentre de l’alternative au capitalisme se trouvait en Amérique du Sud : au Venezuela, en Équateur, en Bolivie, quand Hugo Chavez disait en 2004 qu’il ne croyait plus à la troisième voie, qu’il pensait qu’il fallait au niveau mondial un socialisme du 21e siècle. Aujourd’hui, l’épicentre des alternatives - qui n’ont toujours pas vu le jour, comme l’indiquent bien le titre de cette conférence – s’est déplacé vers l’Europe.
Ce que les peuples du Venezuela, d’Équateur et de Bolivie ont montré au niveau mondial, c’est qu’il est parfaitement possible de résister à l’offensive capitaliste, qu’il est parfaitement possible d’appliquer une politique de redistribution de la richesse, de socialiser les grandes entreprises stratégiques, qu’il est absolument possible et nécessaire de récupérer le contrôle sur les biens communs comme les ressources naturelles. Ils l’ont fait, ils sont toujours au gouvernement et espérons que demain, le 7 octobre à l’occasion des élections présidentielles, Hugo Chavez sera de nouveau réélu comme président du Venezuela.
Nous vivons aujourd’hui en Europe un moment historique. Jamais au cours des 70 dernières années, dans les pays européens, nous n’avons vécu une offensive aussi brutale qu’aujourd’hui. Partout en Europe, on utilise le prétexte de la dette, pas seulement en Grèce, mais dans tous les pays européens, pour appliquer des politiques d’austérité budgétaire. En Grèce, nous voyons clairement les résultats dans la version la plus brutale, mais la Grèce est seulement le début d’une offensive qui affecte déjà les peuples du Portugal, d’Irlande, d’Espagne et d’autres pays européens.
C’est pour cela que nous devons la combattre et unifier nos efforts pour suspendre le paiement et répudier la dette illégitime. C’est un objectif fondamental pour nous au niveau du continent.
Le peuple grec a donné une grande leçon à l’Europe ces trois dernières années. D’abord, il résiste, s’est organisé et a pris part à au moins 14 grèves générales. Mais, tout aussi fondamental, et malgré la défaite électorale, c’est que le peuple grec a voté tout de même massivement pour l’initiative radicale proposée par Syriza. C’est une leçon fondamentale pour le reste de l’Europe où trop souvent la gauche est trop timide. L’exemple grec montre la force d’une gauche unie, d’une gauche qui rassemble, qui crée une coalition entre 12 organisations politiques différentes et cherche à les unifier dans Syriza. L’exemple grec montre que quand un parti ou une coalition dit ’Non’, dit : ’Si nous arrivons au gouvernement, nous allons désobéir à la Troïka’, une telle attitude courageuse et combative peut obtenir le soutien populaire. C’est une leçon pour tous et pour toutes.
La réduction de la dette grecque en mars 2012 est une arnaque et un piège. Il est très important de montrer à l’opinion publique internationale que la dette réclamée par la Troïka, qui représente aujourd’hui 150 milliards d’euros - c’est la dette de la Grèce avec la Troïka -, que toute cette dette est une dette illégitime qui doit être annulée par l’action du peuple, grâce à la désobéissance d’un gouvernement populaire.
Ils essayent de vous convaincre que suspendre le remboursement amènera le chaos dans le pays. Mais dans les 10 dernières années, trois exemples contredisent totalement l’affirmation selon laquelle il n’y a pas de salut possible en dehors du remboursement de la dette. L’Argentine a suspendu le paiement de sa dette en décembre 2001 pour une somme de 90 milliards de dollars et l’Argentine connaît une croissance économique de 4 à 7% chaque année depuis 2003. L’Équateur a suspendu le paiement de sa dette commerciale de novembre 2008 jusqu’à juin 2009 et a pu imposer à ses créanciers une réduction de la dette de 65%. Et l’Équateur va économiquement très bien.
L’Islande, ce modèle néolibéral, a connu de graves difficultés en septembre 2008 avec la banqueroute de tout son système bancaire. L’Islande a alors refusé de rembourser la dette de ses banques au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. L’Islande va très bien avec une croissance économique de 3% chaque année.
Il est clair que la Grèce n’est pas l’Islande, ni l’Argentine ou l’Équateur. Il y a de réelles différences, mais la leçon est la suivante : ici ou ailleurs, si des gouvernements ayant obtenu un soutien populaire décident de suspendre le payement d’une dette illégitime, ils peuvent obtenir une amélioration des conditions de vie de leur peuple. C’est un exemple à suivre.
Il est clair qu’une annulation de la dette est nécessaire mais pas suffisante. Annuler la dette de la Grèce sans changer le reste de l’économie et du modèle social et économique injuste ne permettra pas à la Grèce de construire une alternative en faveur du peuple. L’annulation, la suspension de payement de la dette est nécessaire, mais la socialisation du système bancaire, un autre système fiscal pour que les riches payent davantage d’impôts et pour la réduction d’impôts sur les services et les biens de première nécessité, font partie d’un modèle alternatif absolument nécessaire.
Chers amis, chères amies, l’histoire n’est pas pré-écrite. Plusieurs scénarios restent ouverts devant nous. On peut continuer dans la situation chaotique actuelle où il y a de plus en plus d’autoritarisme avec des gouvernements qui sont au service des banques. Ça peut encore durer des années. Un autre scénario est possible et pire : un scénario autoritaire néofasciste. C’est un grave danger qui menace réellement. Mais il y existe deux autres scénarios : sous pression populaire, il peut y avoir un capitalisme régulé, un capitalisme comme dans les années 1950-1960, un capitalisme de type keynésien. C’est une issue possible. Mais si nous sommes autant à s’être réunis ici ce soir, c’est parce que nous pensons que cela ne vaut pas la peine de limiter notre lutte à essayer de discipliner le capitalisme. Nous voulons dépasser le capitalisme. Nous voulons un socialisme démocratique, autogestionnaire du 21ème siècle. Vive le socialisme international. Vive le socialisme autogestionnaire. Vive Syriza. Vive le peuple grec. Vive la résistance des peuples. Vive la révolution, camarades ! »
Traduit de l’espagnol par Chris Den Hond
http://cadtm.org/Eric-Toussaint-Le-peuple-grec-se
Comité pour l'annulation de la dette du Tiers-Monde
http://cadtm.org/Eric-Toussaint-Le-peuple-grec-se
http://cadtm.org/Dette-illegitime
http://cadtm.org/Eric-Toussaint-Renversons-la
http://cadtm.org/Fallait-il-a-nouveau-injecter-de-l
ECONOMIE :
(Commentaire sur un de mes articles publié sur Agora Vox)
Je partage largement votre point de vue. Pour autant vous criez « vive la neutralité », mais vous êtes tout sauf neutre… et c’est tant mieux !
Vous écrivez : « Nos prédécesseurs n’avaient pas le boulet de l’euro : Ils pouvaient dévaluer la monnaie ». Dévaluer la monnaie était déjà l’aveu d’un véritable échec économique !
Le problème n’est pas l’Euro, la monnaie elle-même, mais la gestion qui en est faite par les instances européennes qui en ont la charge, et bien d’autres choses comme le fait que nous ne faisons pas réellement de l’économie au sens complexe du terme, si tant est que le genre humain en ait réellement fait un jour… de l’économie ; le problème c’est que nous faisons exclusivement du capitalisme, et qui plus est, véritable cercle vicieux : essentiellement financier ! Tout simplement le capital pour le capital et un capital qui se regarde technoscientifiquement le nombril… tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse et elle se cassera !
Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, bien sûr celles économiques, mais aussi celle sociétales, politiques, comme celles écologiques, sont de nature avant tout fondamentales : fondamentalement économiques ! Le problème c’est l’économisme ; l’économie pour l’économie, le moyen pour le moyen sans aucune finalité sociétale alors que par nature l’économie est sociétale car sans société il n’y a pas d’économie possible.
Nous devrions continuer de faire des efforts, continuer de nous saigner… car, à les entendre, ça devrait payer dans l’avenir !
Non ça ne paiera pas, même jamais, car il y a un précédent célèbre en matière économique, un « théorème économique » connu sous le nom de « Théorème de Schmidt, Helmut de son prénom, ancien président de la République fédérale d’Allemagne, qui plus est, social-démocrate, ceci, dans les années 70 du siècle dernier. C’est la plus grande escroquerie économique de tous les temps, bien pire que celle dite des subprimes. Une escroquerie que tout le monde semble avoir oubliée alors qu’elle est à l’origine de toutes nos difficultés, à l’origine du retour de la mondialisation économique et de son corollaire le capitalisme financier. Une escroquerie que tout le monde a oubliée ou n’a pas vue comme telle… et pourtant ! Ce théorème est à l’origine de l’avènement du chômage récurrent dans nos modernes sociétés ; à l’origine du chômage comme seul ;mode d’ajustement d’une économie devenue exclusivement financière !
Ce « théorème » économique sensé traduire une vérité économique de bon sens, du moins entre gens honnêtes, disait, que « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain » : pourquoi pas ? Oui, entre gens honnêtes ! A vrai dire et au bout du compte : nous les avons en attendus et nous les attendons toujours ces emplois ! En effet, car, si les efforts ont bien été faits et les profits bien réalisés, début de la prédiction, ceci, sur le dos des travailleurs, de la masse laborieuse, de la « plèbe », avec, en France, une perte de 10 points de répartition de la « Valeur Ajouté » pour les revenus du travail ; les investissements, quand ils ont eu lieu, ne se sont pas réalisés là où les efforts avaient été consentis, mais sous de cieux bien plus cléments pour le capital investis ! Ils ont tout simplement été réalisés, capitalisme financier oblige, dans des pays émergeants à fort potentiel de croissance économique et forcément de croissance capitalistique !
C’est, là, en Europe, avec le retour du capitalisme financier, avec le retour d’une économie de la seule rente financière, pourtant déjà tristement expérimentée, le tout début de la mondialisation financière de l’économie et, qu’après ce que nous avons appelé les « trente glorieuses »… nous vivons les « trente piteuses », voire même plus, car dans le genre capitalisme financier, l’argent pour l’argent, ou celui du capital qui se regarde le nombril : nous sommes assez bien partis !
Les commentaires sur le plan de relance français, qui a choisi de mettre l’accent sur l’investissement tout en renonçant à toute relance par la demande, ont fait resurgir un débat fondamental en matière de doctrine économique, celle de l’actualité du fameux « théorème de Schmidt »
A la fin des années 70, le chancelier Allemand, Helmut Schmidt, a laissé à la postérité une phrase qui est devenu un théorème, avant d’être érigé en dogme par toute une génération : « Les profits d’aujourd’hui, font les investissements de demain et les emplois d’après demain »
Cette idée simple a été le fondement du système néolibéral mis en place à partir des années 80 et qui est toujours aujourd’hui le fil directeur de la politique économique. Elle a institué une opposition fondamentale entre salaires et emploi, suscité la déformation du partage de la valeur ajoutée au profit du capital et légitimé la montée des inégalités sociales et patrimoniales.
Le théorème de Schmidt est réapparu dans le débat à la faveur de la comparaison des différents plans de relance européens. Alors que les plans anglais et espagnols ont décidé de miser sur une relance de la demande par un soutien au pouvoir d’achat des ménages, le plan français a rejeté cette hypothèse au motif que dans une économie ouverte, la relance de la demande se traduirait par un surcroît de déficit commercial et qu’elle contribuerait surtout à relancer les économies productives, principalement chinoises.
C’est Alain Minc, l’un des conseillers économiques du président, invité dimanche soir à l’émission Ripostes, qui en a apporté la meilleure démonstration. Questionné par Serge Moati sur la relance par les salaires, Minc invoqué le théorème de Schmidt, comme dans un cri du cœur :
« Mais parce que un coup de pousse aux salaires, c’est moins de profits pour les entreprises, c'est moins d'investissement et c'est plus de chômage. Quand on n'a pas compris ça, on n'a rien compris à l'économie ! Rappelez-vous cette phrase d'Helmut Schmidt. Vous devez vous la répéter matin, midi et soir … »
L’appel à la répétition de la phrase est intéressant. La formule n’est pas sans évoquer des pratiques religieuses destinées à reprogrammer son mental ou à le faire taire. Elle trahit sans équivoque le caractère dogmatique ou axiomatique du propos, un principe qu’on ne discute pas car tout le système procède de lui et toute pensée doit être compatible avec lui.
Pas dupe du procédé, le brave Moati poursuivit ses questions « Est-ce à dire que les anglais et espagnols n’auraient rien compris à l’économie" demande t-il perfide et avec la certitude intérieure de pouvoir coincer l’apôtre du « cercle de la raison »
Curieusement, sans le moins du monde donner l’impression de se contredire, Minc entreprend une démonstration par l’absurde de la responsabilité du théorème dans la crise. Il explique les anglais et les américains ne sont pas du tout dans la même situation. L’épargne y est nulle et les ménages très endettés. Les français qui ont le taux d’épargne le plus élevé d’Europe peuvent consommer s’ils le souhaitent. Ils n’ont qu’à taper dans leur bas de laine. Les anglais eux, ne peuvent pas car trop endettés. C’est pourquoi il faut soutenir leur pouvoir d’achat. Et Minc de conclure en considérant que c’est en raison de leur taux d’épargne plus élevé que la zone euro résistera le mieux à la crise.
Pourtant si on a un taux d’épargne supérieur à nos voisins, c’est nécessairement qu’on a des salaires relativement plus élevés, donc qu’on applique moins bien le sacro-saint théorème de Schmidt. Néanmoins, c’est cette particularité qui va peut-être nous sauver. Moralité, l’application du théorème de Schmidt conduit à la crise et son non respect en protège.
Soyons honnête, Minc ne se serait pas laissé impressionner par cette contradiction, qu’il aurait considérée comme seulement apparente. Au sujet de la sphère publique, relativement plus importante en France qu’ailleurs, Minc avait déjà joué les équilibristes. Ce qui nous pénalise en temps de croissance, nous protège en temps de crise. Les rigidités de l’économie freinaient notre marche à la prospérité. Aujourd’hui, elles nous freinent dans la marche au précipice … Imparable. Dès lors qu’on substitue les moyens aux fins, on peut effectivement soutenir n’importe quoi.
Un autre économiste ce week-end s’est livré à un réquisitoire contre le Théorème de Schmidt, comme le symptôme d’une pensée archaïque inspiratrice du plan de relance français. Il s’agissait du brillantissime Jacques Généreux, économiste distingué et tête pensante du nouveau parti de Jean Luc Mélenchon, invité à Parlons net. (1)
Pour Généreux, le plan de relance est critiquable en tant qu’il omet toute relance par les salaires. Pour lui, il aurait été plus efficace de renoncer aux exonérations de charges du paquet fiscal pour redonner sous une forme ou sous une autre ces 15 milliards en pouvoir d’achat aux catégories populaires. Pour appuyer sa démonstration, il exhume lui aussi le théorème de Schmidt pour en faire le procès.
Car c’est bien sur cette pensée qui date de trente ans qu’a été inspiré le plan de relance. On déduit son influence de trois éléments : Le primat donné aux investissements publics sensés créer des emplois, le soutien à la trésorerie aux entreprises sensé les inciter à investir et l’absence de toute mesure en faveur des salaires, sensée pénaliser les entreprises, donc l’investissement, l’activité et l’emploi.
Pour Jacques Généreux, ce théorème est non seulement faux, mais directement responsable de la crise actuelle.
« Depuis trente ans on a, au nom de ce principe, réprimé la rémunération du travail pour la transférer vers les revenus du capital, on a allégé la fiscalité et la règlementation sur le capital pour aider les entreprises à avoir plus d’épargne et de capital, pensant que c’est comme cela qu’on aura plus d’investissement, de croissance et d’emploi. En réalité, on n’a pas du tout eu un quelconque rebonds de l’investissement productif. L’Europe et singulièrement
la France
a même accumulé un retard singulier dans un certain nombre de secteurs clés, parce qu’il était plus beaucoup rentable de placer ces capitaux sur les marchés financiers. Quand dans le même temps, on réprimait le pouvoir d’achat, les ménages se sont surendettés. Le théorème de Schmidt a donc créé les deux conditions de la crise actuelle : surendettement des ménages et bulles spéculatives.
Et au-delà, la doctrine économique est toujours gouvernée par une idée archaïque et totalement obsolète, selon laquelle, ce sont les riches qui tirent l’économie, parce qu'ils épargnent et que l'épargne c’est ce qui permet de financer la recherche et l'investissement, donc la croissance. La vérité économique c'est que c'est le pouvoir d'achat des masses qui fait les débouchés, qui tire la croissance des entreprises, qui les amènent à investir et ce qui produit l'épargne. »
***
A l’heure où on recherche désespérément de vraies lignes de clivages entre la gauche et la droite, la question de l’actualité du théorème de Schmidt propose une magnifique ligne de fracture qui dessine deux conceptions de l’économie et deux types de solutions radicalement opposée dans la crise actuelle. N’étant pas moi-même expert, je me garderais bien de trancher de manière définitive ce débat d’économiste. Il importe toutefois qu’il se poursuive notamment sur les sites d’experts, et notamment sur celui qui a été récemment interpellé par mon camarade RST.
Je me bornerais seulement à faire deux remarques.
La première est que ce sont les idées et les théories qui mènent le monde, bien plus que nous gouvernants qui n’en sont souvent que des interprètes. De ce point de vue, on ne peut que saluer les trop rares intellectuels comme Minc ou Généreux qui s’engagent effectivement dans le débat politique. Le débat politique a besoin de ces éclairages conceptuels pour prendre sens.
La seconde, c’est de noter la fantastique inertie des systèmes de pensée. Imaginer que le plan de relance français de 2008 dans une crise centenale pour ne pas dire systémique du capitalisme est inspiré par une pensée qui date de trente ans et qui a émergé dans un contexte radicalement différent a quelque chose d’effrayant. Ce qu’on a appris comme une Loi lorsqu’on était étudiant et que l’on a mis en œuvre avec zèle pendant toute sa vie intellectuelle ou professionnelle devient vite un dogme impossible à contester sans remise en cause personnelle. Et malheureusement les catastrophes interviennent lorsqu’on ne voit plus le réel à force de le regarder avec une grille de lecture obsolète.
Et si la crise actuelle était avant tout la crise intellectuelle ?
Malakine
(1) Même si je ne peux que conseiller l’écoute de l’ensemble de l’interview disponible sur Marianne2, le passage auquel je fais référence se situe à partir de 26ème minute de la première vidéo.
VIDEO
http://horizons.typepad.fr/accueil/2008/12/le-maudit-thorme-de-schmidt.html