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Par Louis Denghien, le 29 février 2012
Le 21 février dernier, France Culture consacrait un quart d"heure de son temps d'antenne à la Syrie dans le cadre de son émission L'Invité des Matins. l'animateur, Marc Voichet, commençait par présenter la situation dans les termes les plus politiquement corrects : "répression", "enlisement", "guerre civile", imputant implicitement, comme ça se fait généralement sur le ondes françaises, la responsabilité de tous ces maux à Bachar al-Assad et à son régime. Et puis il passait la parole à ses deux invités [...]
Le général Desportes : pas vraiment une "grande muette"...
Yves Chaliand :
Le Qatar et l'Arabie Séoudite attisent la guerre civile en Syrie
Le 21 février dernier, France Culture consacrait un quart d »heure de son temps d’antenne à la Syrie dans le cadre de son émission L’Invité des Matins. l’animateur, Marc Voichet, commençait par présenter la situation dans les termes les plus politiquement corrects : « répression« , « enlisement« , « guerre civile« , imputant implicitement, comme ça se fait généralement sur le ondes françaises, la responsabilité de tous ces maux à Bachar al-Assad et à son régime. Et puis il passait la parole à ses deux invités : Gérard Chaliand, un de ces geostratèges versés dans l’étude et l’analyse de relations et situations internationale, et tout spécialement des conflits « irréguliers », qui enseigna aussi à l’ENA et à l’Ecole de Guerre ; et le général de division Vincent Desportes, entre autres titres maître de conférences à Sciences-Po Paris et enseignant à HEC, et auteur récent du livre « Le piège américain : pourquoi les Etats-unis peuvent perdre les guerres d’aujourd’hui« (1). Ajoutons que le général Chaliand a défrayé la chronique politique en juillet 2010 en s’attirant les foudres d’Hervé Morin, alors ministre de la Défense, pour avoir critiqué dans Le Monde la stratégie américaine – et donc française – en Afghanistan.
Pour en finir avec la vision bisounours
C’est Gérard Chaliand qui ouvre le bal : précisant d’emblée qu’il ne « prend pas parti » dans le conflit syrien et qu’il se limite à un « état des lieux« , il estime que le pays va tout droit vers la guerre civile, une guerre civile qui « était programmée depuis le début« . En effet, explique Chaliand, dès le début des « révolutions arabes », il y a eu une « entreprise de déstabilisation » du régime syrien menée par des puissances extérieures au premier rang desquelles le Qatar qui « rame » pour les sunnites et les Etats-Unis. Autre ingérent notable, l’Arabie Séoudite, en guère contre le messianisme politique chiite depuis la révolution iranienne de 1979. Et note Chaliand, le grand public français ne prend pas la mesure du règlement de comptes géopolitiques entre Etats sunnites et chiites, qui se fait aujourd’hui sur le dos de la Syrie. « Toute l’affaire » syrienne vise à l’affaiblissement indirect de l’Iran explique Chaliand. Et donc, contrairement à ce qui s’est passé pour les révoltes tunisienne et égyptienne, « tout le monde est dans le coup » en Syrie, c’est un « gros bras de fer international qui va déboucher sur une guerre civile extrêmement coûteuse« .
Marc Voichet interroge ensuite le général Desportes sur l’ASL, s’étonnant des difficultés qu’elle a à « libérer le pays« . Le général, après avoir précisé qu’il était d’accord avec l’analyse de Gérard Chaliand, notamment sur la dimension internationale et confessionnelle de la crise, laisse de côté l’épiphénomène ASL – après tout c’est un expert militaire qui doit savoir ce que vaut ce leurre médiatique – parle de « logique de montée aux extrêmes » avec un accroissement de la violence aux quatre coins du pays. La seule chose qui peut limiter le niveau de violence, dit-il, c’est l’accord des grandes puissances, américaines, russe, chinoise pour ne pas envenimer la situation par une implication trop directe.
Ce qui provoque une question du meneur de débat : le général veut-il dire que les rebelles syriens sont manipulés par l’étranger ? Vincent Desportes répond que tant que les rebelles syriens ne sont pas aidés par l’Occident comme ont été aidés les rebelles libyens, « les affaires seront cantonnées » à l’intérieur des frontières du pays. Et s’appuyant sur les récentes déclarations du général Dempsey, chef d’état-major de l’armée américaine, il constate, pour s’en féliciter, que les Américains ne souhaitent pas intervenir, directement ou indirectement, aux côtés des insurgés. Le général Desportes insiste sur les doutes de Dempsey quant à l’identité réelle des opposants armés à Bachar, que nous avions mis en exergue (voir notre article « Avec ou sans drones, les Américains sont impuissants », mis en ligne le 20 février). Il y a, rappelle Desportes, l’exemple libyen pour faire réfléchir sur le danger d’armer généreusement n’importe qui.
Revenant aux fondamentaux de la presse française sur le sujet, Marc Voichet demande à Chaliand si les « méchants » ne sont pas, tout de même, dans cette affaire du côté du régime de Damas. Chaliand répond en technicien de la géopolitique : « Dans une répression, les méchants sont ceux qui sont forts« . Et il fait remarquer que les ex-rebelles libyens, présentés du temps de leur lutte contre Kadhafi comme des défenseurs du principe de liberté, torturent leurs opposants à présent qu’ils sont au pouvoir. « Dans cette zone-là, on torture celui qui est vaincu« .
Et puis rompant là avec les considérations soi disant morales suscitées par le conflit, Gérard Chaliand s’efforce de dégager une vision de l’avenir syrien : il n’est donc pas question d’une intervention extérieure des Grands. En revanche, il y a déjà, sur place, une aide dispensée par les Qataris et Séoudiens aux rebelles. Des rebelles que Chaliand décrit comme « divisés, sans visage, certainement avec des antagonismes intérieurs » mais qui sont désormais soutenus durablement par les monarchies du Golfe, et donc, dit Chaliand, « on va continuer à pousser cette guerre civile » et « ceux qui se sont émus sur les 2 000 victimes du début du conflit vont s’apercevoir qu’on va passer à 10 000, 15 et peut-être 20 000 et au cas où les alaouites perdraient, on va avoir droit à des règlements de compte dont on n’a pas idée« . Et Chaliand voit, du fait de l’accroissement du conflit interne, la Turquie jouer un rôle : notre spécialiste revient sur le projet de « couloir humanitaire » agité conjointement depuis des mois par Ankara et Paris, et destiné dans les faits à offrir une base à l’ASL, et qui pourrait rcevoir à la faveur d’une montée de la guerre civile une concrétisation avec une intervention turque. Et Gérard Chaliand ne croit pas à l’ »enlisement » évoqué au début de l’émission, mais plutôt à un « conflit de plus en plus aigu« . Quant au général Desportes, il voit des similarités entre la Syrie de 2012 et la Bosnie des années 90, où l’OTAN a attendu que la violence devienne un vrai conflit pour intervenir, en 1999.
Dernière question de Marc Voichet sur le soutien interne à Bachar : Chaliand répond que du fait de la propagande (occidentale) qui est faite « nous oublions parfois de dire qu’une partie non négligeable de la population craint la prise de pouvoir des sunnites » notamment les plus radicaux d’entre eux. Donc il est faux de dire, conclut-il, que l’ensemble de la population qui veut la chute du régime.
On peut ne pas partager la conclusion pessimiste des invités de France Culture : l’armée syrienne peut détruire le gros des groupes rebelles, elle semble y parvenir dans leur principal abcès de fixation de Homs.. Mais par rapport au catéchisme bien pensant et falsificateur qu’on entend à longueur de temps sur la plupart de nos médias, les deux invités de Marc Voichet ont le mérite d’appeler un chat un chat, et d’assimiler l’information française sur la Syrie à de la propagande, et les groupes armés à des instruments de l’étranger.
(1) Paru en mars 2011 aux Editions Economica,
Ci-dessous le lien vers l’émission :
http://www.franceculture.fr/emission-l-invite-des-matins-gerard-chaliand-et-vincent-deportes-2012-02-21
Article repris sur le blog, Infosyrie:
http://www.infosyrie.fr/re-information/quand-france-culture-re-informe-par-invites-interposes/
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25 février 2012
Syrie : nouvelle donne ?
Ahmed Halfaoui
Le « printemps » syrien va probablement se faire entre Syriens. Le chef de l’armée des Etats-Unis, le général Martin Dempsey, nous en bouche un coin. Il dit qu’il est « prématuré de prendre la décision d’armer l’opposition en Syrie » et « met au défi quiconque d’identifier clairement ce qu’est le mouvement d’opposition en Syrie actuellement ». De toute évidence, le monsieur n’est pas en phase et se fiche de l’être avec les « amis de la Syrie » et avec les médias qui, eux, savent ce qui se passe et qui est le mouvement d’opposition. Il faut deviner que le général dont l’implication est autrement plus risquée et coûteuse que celle des propagandistes, s’informe ailleurs que chez le gars de l’OSDH planqué à Londres et ne s’amuse pas. Pour être plus explicite, il s’épanche : « Il y a des informations selon lesquelles Al-Qaïda est impliqué et qu’ils cherchent à soutenir l’opposition. Je veux dire qu’il y a plusieurs intervenants et que chacun essaye de jouer sa partition propre pour renforcer sa position ». Il en rajoute une couche : « La Syrie est une arène en ce moment où tous les divers intérêts essaient d’intervenir ». Dommage qu’il n’en dise pas plus que ce qu’il sait réellement, mais à la bonne heure !
On apprend de source sûre que la situation est loin d’être aussi nette que l’on veut nous faire accroire. Notons qu’à aucun moment il n’a fait allusion à un bombardement dont seraient victimes des populations civiles. Ainsi, on comprend pourquoi les bruits de botte se sont particulièrement faits discrets et pourquoi le Tunisien chargé de parler au nom de la « communauté internationale » répète à qui veut l’entendre qu’il est contre une intervention militaire. Pathétiquement, il dit qu’il ne veut pas d’un scénario à l’irakienne. Il aurait pu tout autant se référer au cas des voisins Libyens, propulsés dans une effroyable situation de non-droit.
Dans la foulée, il est intéressant de constater les effets de l’euphorie va-t-en guerre sur les journalistes des médias engagés dans l’affaire. Un éditorial d’un quotidien algérien en plein dans la verve « printanière » a fait une fleur à Hitler, en le déclassant dans le palmarès des criminels de guerre et en plaçant devant lui Bachar El Assad. L’argument de l’auteur se veut convaincant : Hitler n’a pas tué des Allemands, il a tué « des juifs, des tziganes et d’autres peuples », Bachar a tué des Syriens. C’est pour dire qu’on ne sort jamais indemne si on ne fait pas attention à ne pas se laisser porter allègrement par les vents dominants. Le plus sûr est de ne pas devancer l’appel. Quand on est dans ce type de disposition, il faut marcher au pas et rester à l’écoute des décideurs, surtout qu’ils sont autant imprévisibles que la Bourse qui dicte leurs politiques. Le mieux, toutefois, serait bien évidemment de se méfier de toute opération qui enthousiasme ceux dont on sait les sentiments à l’égard des indigènes, se voudraient-ils « démocrates », comme il sied pour entrer dans leurs bonnes grâces et se donner l’illusion de s’être émancipé à leur regard.
Les Syriens quant à eux vont élire leur premier Parlement qu’ils souhaitent représentatif. Ils nous diront peut-être s’il valait mieux cela qu’un CNT largué par l’OTAN. Pour les Libyens nous connaissons la réponse, y compris de la bouche des « révolutionnaires ».
Ahmed Halfaoui
http://www.lesdebats.com/editions/220212/les%20debats.htm#H
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Le 24 février s'est tenue à Tunis la conférence des "Amis de la Syrie" réunissant 70 pays, y compris l'Inde, qui a décidé d'y assister après avoir reçu une aide pétrolière de Riyad, mais en l'absence de la Russie et de la Chine. Le groupe a reconnu le Conseil national syrien (CNS) comme "un représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique". Il s'est engagé à fournir "un soutien effectif" à l'opposition, sans plus de précisions et prôné l'instauration de couloirs humanitaire vers Homs pilonnée par l'armée syrienne.
Parallèlement à cette réunion, selon le Canard enchaîné du 29 février des représentants des services de renseignements américains, britanniques, français, turcs, saoudiens et qataris ont participé à une réunion secrète pour préparer un coup d'Etat à Damas pour lequel un budget serait prévu, avec une forte mobilisation des services français, sans garantie toutefois de pouvoir rallier des hauts gradés syriens à ce projet.
De leur côté, les partisans du régime syrien affichent leur optimisme. Le 14 février un article de la Komsmolskaia Pravda égrainait une série de nouvelles triomphalistes : "Le 7 février, une importante délégation russe, incluant les plus hauts responsables du renseignement extérieur, est arrivée à Damas où elle a été accueillie par une foule en liesse (...)Une série d’accords a été conclue pour le retour à la paix. La Syrie a restitué 49 instructeurs militaires faits prisonniers par l’armée syrienne. La Turquie est intervenue pour faire libérer les ingénieurs et les pèlerins iraniens enlevés, y compris ceux qui étaient détenus par les Français (au passage, le lieutenant Tlass qui les séquestrait pour le compte de la DGSE a été liquidé). La Turquie a cessé tout soutien à l’ « Armée syrienne libre », a fermé ses installations (hormis celle située sur la base de l’OTAN à Incirlik), et a livré son chef, le colonel Riad el-Assad. La Russie, qui s’est portée garante des accords, a été autorisée à réactiver l’ancienne base soviétique d’interception du mont Qassioum." Puis "les armées nationales non seulement de la Syrie, mais aussi du Liban, ont donné l’assaut des bases de la Légion wahhabite. Au Nord du Liban, un gigantesque arsenal a été saisi à Tripoli et quatre officiers occidentaux ont été faits prisonniers dans le Akkar dans une école désaffectée de l’UNRWA transformée en QG militaire. En Syrie, le général Assef Chawkat en personne a commandé les opérations. Au moins 1 500 combattants ont été faits prisonniers, dont un colonel français du service technique de communication de la DGSE, et plus d’un millier de personnes ont été tuées."
Ces informations ne sont pas toutes fiables. Ainsi par exemple celle selon laquelle le colonel Riad El-Assad a été livré par la Turquie est directement démentie par la dépêche publiée par Le Point quinze jours plus tard qui interviewe ledit colonel... Toutefois l'embarras des Occidentaux et leurs hésitations à suivre les wahabites saoudiens et qatariens dans leurs projets d'intervention en Syrie sont sensibles depuis la réunion de Tunis. Il ne semble pas y avoir de stratégie de rechange sérieuse après la position ferme adoptée par les Russes et les Chinois.
Par ailleurs, divers éléments confirment que le soutien militaire des pétromonarchies et des Occidentaux à l'opposition syrienne armée ne fait pas l'unanimité au Proche-Orient y compris même parmi les alliés potentiels des opposants à Bachar El-Assad. Ainsi dans l'Ouest de l'Irak, alors qu'Al Qaida a appelé au Djihad en Syrie, les chefs tribaux sunnites hostiles au gouvernement de Damas sont beaucoup plus modérés. Al Arabiya aujourd'hui cite les cheikhs Khaled Khalifa, Hnein, et Ali Ayed qui tous soulignent que l'aide à la guérilla nuira au peuple syrien et que les pétromonarchies devraient plutôt exercer des pressions politiques sur le régime syrien. Au Liban, le Quotidien L'Orient-le-Jour cite aujourd'hui les propos du chef de l'église maronnite Mgr Béchara Raï. Celui-ci, qui se défend de soutenir le régime syrien, mais condamne le soutien à la rébellion armée. « La Syrie, comme d’autres pays, a besoin des réformes que le peuple réclame et que même son président, Bachar el-Assad, avait annoncées depuis mars dernier », estime-t-il. « Il est vrai que le régime du Baas est une dictature, mais il en existe plusieurs sur son modèle dans le monde arabe », a-t-il poursuivi en enchaînant : « Dans tous les pays arabes, la religion de l’État est l’islam, sauf en Syrie où l’on indique seulement que le président doit être musulman sans considérer l’État comme étant islamique. » « La Syrie est la plus proche d’une démocratie » ajoute-t-il en faisant référence à la liberté religieuse qui y règne. Faisant état de « plans destructeurs établis dans le cadre des politiques internationales », Mgr Raï estime que ce sont « des États et non pas les peuples qui soutiennent financièrement, militairement et politiquement les mouvements intégristes ». Le patriarche maronite libanais est certes accusé par certains sites de dépendre de Damas mais sa position, comme celle du général Aoun, traduit pour le moins une division des chrétiens libanais sur le dossier syrien (alors que ceux-ci sont traditionnellement proches des positions occidentales).
Pendant ce temps les combats contre les déserteurs de l'Armée de Libération syrienne se poursuivent à Homs et Rastane.
Pour mieux comprendre la situation syrienne, on peut se reporter au rapport d'une mission organisée par le Centre international de recherche et d’études sur le terrorisme et d’aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT) et le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) présenté lors d'une conférence de presse à Paris le 10 février dernier (devant des médias arabes notamment, mais L'Humanité était le seul médias français à y assister). Ce rapport, tout en étant sans concession à l'égard du régime répressif syrien, montre clairement les enjeux géopolitiques extérieurs qui se sont greffés sur le cas syrien (notamment l'ingérence des Occidentaux et des pétromonarchie), venant compromettre sciemment les chances d'une démocratisation pacifique du pays. Il est en ligne ici.
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Chat et... fripons ?
(Suite à : Abstention ? Non : BOYCOTT !)
Deux phrases de notre déclaration "Abstention ? Non : BOYCOTT !" ont provoqué de multiples protestations : "Passant outre le vote du peuple de France, la "classe politique" a imposé le Traité constitutionnel européen (Traité de Lisbonne). Sauf erreur, non seulement ce coup d’État —il faut appeler un chat, un chat— n’a été dénoncé par aucun des candidats et partis politiques présents au prochain scrutin, mais la plupart d’entre eux osent encore nous vendre "l’Europe sociale"." Selon les protestations, qui manquent hélas de précision, nous ferions erreur.
Notons d'abord que personne ne conteste que la plupart des candidats osent encore nous vendre l'"Europe sociale".
Ce qui frappe, c'est l'incapacité des protestataires à appeler un chat un chat : quel candidat, quel parti politique a-t-il appelé "coup d'État" —"coup d'État"—, le viol de la souveraineté du peuple de France ? Qui, quand, où ? Parce que les mots ont un sens : selon la Constitution de la République française, la destitution du président peut-être demandée s'il commet un coup d'État...
Que celles et ceux qui pourraient regretter cette occasion perdue de renvoyer Sarkozy se rassurent et se réjouissent : depuis quelques jours, il existe une nouvelle opportunité de demander la destitution du président pour manquement à son devoir constitutionnel. Les candidats, les partis qui les soutiennent, et qui n'ont pas encore saisi cette aubaine, vont enfin pouvoir le faire.
Voici le fait : 19 militaires français ont été faits prisonniers en Syrie (*), prouvant incontestablement que la France est entrée en guerre contre ce pays. L'article 35 de la Constitution indique : "La déclaration de guerre est autorisée par le Parlement. Le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention." De 2 choses l'une :
— ou le gouvernement a informé le parlement ; auquel cas il faut que les partis, les candidats, les médias nous expliquent pourquoi ils l'ont caché au peuple de France ;
— ou le gouvernement n'a pas informé le parlement ; dans ce cas, tous les candidats et les partis qui veulent en finir avec le "sarkozysme" vont se saisir de ce viol de la Constitution pour demander la destitution !
Le pied du mur n'a-t-il pas été inventé pour qu'on y voie le maçon ?
4 mars 2012
Jean-François Autier, ajusteur mécanicien retraité, communiste
Michel Peyret, instituteur retraité, ancien député de Gironde, communiste
(*) Mediapart rapporte diverses sources faisant elles état de 120 prisonniers dont 13 officiers. A suivre. Aucune garantie de véracité ne saurait pour l'instant être donnée quand à cette information [NDLR]
(2e publication)