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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 23:49
 

yes-we-can

http://www.mecanopolis.org/?p=4737
Aux Etats-Unis, la nouvelle version de la stratégie militaire nationale a été publiée. Le document, dont la dernière rédaction date de 2004, a subi d’importantes modifications.
Le changement de la mission première de la stratégie a été la principale innovation. Selon le document de 2004, il s’agissait de la défense des Etats-Unis contre une éventuelle frappe et de la garantie de la suprématie militaire et technologique globale par rapport à l’adversaire. Désormais, la mission principale est le renforcement des liens entre les Etats-Unis et les partenaires étrangers. La participation aux coalitions internationales est considérée comme un gage de sécurité dans le monde contemporain.
Malgré l’attachement au format coalition, les Etats-Unis se réservent le droit d’agir de manière autonome si nécessaire.
Entre autres tâches, le document évoque le renforcement de la sécurité régionale, la lutte contre l’extrémisme, la dissuasion des agressions et la formation des "forces du futur." Par ailleurs, il est souligné que les Etats-Unis aspirent à un monde sans armes nucléaires.

Les menaces et les alliés


Le terrorisme international est toujours considéré comme la principale menace à la sécurité des Etats-Unis. Ce choix de la menace détermine le choix des cibles stratégiques: l’élimination de la nébuleuse Al-Qaïda et de ses partisans qui opèrent principalement en Afghanistan et au Pakistan.
Dans la nouvelle stratégie, le thème de la Russie n’est abordé qu’une seule fois. Les auteurs du document proposent de renforcer la coopération entre la Russie et les Etats-Unis: "Nous allons renforcer le dialogue et la coopération militaire avec la Russie en partant des succès obtenus dans la réduction des armes stratégiques", stipule le document.
Les auteurs citent également des exemples des intérêts communs russo-américains. Il s’agit de la lutte contre la prolifération des armements nucléaires et contre le terrorisme, de la coopération dans la domestication de l'Espace et la création du système de défense antimissile (ABM).
De plus, les Etats-Unis apprécieraient que la Russie joue un rôle plus actif dans le maintien de la stabilité et le renforcement du système de sécurité en Asie.
Dans la nouvelle stratégie militaire américaine une attention particulière est accordée à la Chine. Les Etats-Unis constatent la croissance de la puissance de la Chine et de son influence dans la région et ont l’intention de coopérer avec ce pays afin d’arriver à une meilleure compréhension mutuelle, ainsi que de stabiliser la situation en Corée grâce aux efforts conjoints. Cependant, les auteurs de la stratégie font remarquer que la croissance de la puissance militaire de la Chine représente une menace potentielle dans la région, et les Etats-Unis ont l’intention de "montrer leur désir et leur volonté d’aider leurs alliés dans la lutte contre toute activité menaçant le système existant des relations économiques internationales."

L’examen de la stratégie


Tirant les conclusions de ce qui est exposé dans la stratégie, on pourrait dire la chose suivante: les Etats-Unis ont de facto reconnu la perte de leur statut de leader mondial incontestable qui déterminait de son propre chef l’architecture du système de sécurité internationale et la hiérarchie des pays dans ce système. Le fardeau que les Etats-Unis ont assumé dans les années 1990 s’est avéré insurmontable. Et le renforcement des liens avec les partenaires étrangers était une conséquence naturelle des problèmes rencontrés par les Etats-Unis au Proche-Orient et en Asie centrale. Toutefois, les Etats-Unis demeurent (et pour longtemps) la plus grande puissance militaire de la planète. Mais ils ne sont plus les seuls à contrôler les événements, et le risque de déstabilisation s’est considérablement accru.
Les menaces à la sécurité internationale demeurent et même augmentent malgré la fin formelle de la guerre froide. Les conflits locaux, nombreux et difficilement contrôlables, ainsi que les processus politiques dans beaucoup de pays du tiers monde impactent de plus en plus la sécurité des puissances mondiales, y compris celle des Etats-Unis.
Un thème à part concerne la croissance significative des capacités et de l’influence de la Chine qui pourrait à terme menacer la position des Etats-Unis en Asie-Pacifique plus que quiconque depuis l’époque de l’URSS.
Dans ces conditions, le changement de priorités était logique et il ne reste qu’une seule question cruciale: dans quelle mesure l’administration américaine est-elle capable de mettre en œuvre les dispositions énoncées dans la stratégie? Ce n’est pas un secret qu’aux Etats-Unis et en Russie des personnes agissant dans le cadre des stéréotypes de la guerre froide continuent à exercer une influence non négligeable. Et leurs actions, par exemple à l’égard de la Russie, visent moins l'entente et la coopération mutuelle que l’aliénation internationale de la Russie et son "exclusion" des rangs des preneurs de décisions.
Au final, cette stratégie, qui témoigne de la prise de conscience par les autorités américaines en général et par le département militaire en particulier des nouvelles réalités, n'aura de valeur que si elle est mise en œuvre par ceux qui y croient sincèrement.
Au cours des deux prochaines années, la nouvelle stratégie américaine sera confrontée à deux inconnues de taille, à savoir pourra-t-elle survivre à l'épreuve de la prochaine saison électorale aux Etats-Unis, et dans quelle mesure l’aspiration à la coopération se traduira-t-elle par des propositions concrètes et par la disposition à faire des compromis sur les questions litigieuses.
Si tel n'est pas le cas, on pourra alors constater que la stratégie militaire nationale des Etats-Unis 2011 n'est en grande partie qu'une énième belle déclaration.



Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti


Vendredi 11 Février 2011

 

http://www.alterinfo.net/Nouvelle-strategie-militaire-US-une-prise-de-conscience-de-la-realite_a55077.html

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 05:07
voila ce que croit L’Egypte avec les NAZIES d'Israël... mais c est faut par HOUARI KADDOUR
http://chlef.centerblog.net/rub-Economie.html
(image posée par eva, trouvée sur Google)

 

 

Les manifestations en Tunisie ont eu un effet domino dans le monde arabe. L’Égypte, le plus grand pays arabe, est désormais galvanisée par un soulèvement populaire visant à déloger le régime Moubarak au Caire. La question suivante s’impose : si le régime était chassé, quelles seraient les conséquences? Les États-Unis, Israël et l’OTAN regarderaient-ils simplement les Égyptiens établir un gouvernement libre?

La parabole des dictateurs arabes est semblable à celle de la toile d’araignée. Même si l’araignée se sent en sécurité dans sa toile, celle-ci est en réalité l’un des foyers les plus frêles. Désormais, du Maroc à l’Arabie Saoudite, tous les dictateurs et tyrans arabes ont peur. L’Égypte est au seuil de ce qui pourrait devenir l’un des plus importants événements géopolitiques du siècle.

Les pharaons, anciens ou modernes, connaissent tous leurs derniers jours. Les jours de Moubarak sont comptés, mais les pouvoirs derrière lui n’ont toujours pas été vaincus. L’Égypte constitue une part importante de l’empire mondial des États-Unis et le gouvernement étasunien, Tel-Aviv, l’Union européenne (UE) et l’OTAN ont tous un intérêt significatif à maintenir un régime fantoche en Égypte.

 

En réalité, le gouvernement étasunien a œuvré contre la liberté dans le monde arabe et au-delà. Lorsque le président Obama dit qu’il devrait y avoir une période de « transition » en Égypte, cela signifie que Moubarak et le régime égyptien devraient demeurer intacts. Les États-Unis ne veulent pas d’un gouvernement populaire au Caire.


Martin Indyk est un ancien représentant de l’administration Clinton au Conseil de sécurité nationale, avec certaines responsabilités reliées au Moyen-Orient et au conflit israélo-palestinien, et est aussi étroitement lié à l’administration Obama. Il a déclaré au New York Times que les États-Unis doivent œuvrer à amener l’armée égyptienne à contrôler l’Égypte, jusqu’à ce qu’un « leadership politique modéré et légitime [puisse] émerger [1] ». Indyk a non seulement appelé à la mainmise de l’armée sur l’Égypte, il a également employé le double langage du département d’État étasunien. Ce que les représentants étasuniens entendent par « modéré » est une dictature ou un régime comme ceux de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabe unis, de la Jordanie, du Maroc et de la Tunisie de Ben Ali. En ce qui a trait à la légitimité, aux yeux des représentants des États-Unis, elle signifie des individus qui serviront les intérêts étasuniens.


Tel-Aviv est beaucoup moins évasif que les États-Unis à propos de la situation en Égypte. Par crainte de perdre le Caire, Tel-Aviv a encouragé le régime de Moubarak à lâcher toute la force de l’armée égyptienne sur les manifestants civils. Il a également défendu Moubarak au niveau international. Le rôle principal de l’armée égyptienne a toujours été de contrôler le peuple égyptien et de garder le régime de Moubarak au pouvoir. Il s’agit par ailleurs de la seule raison d’être de l’aide militaire des États-Unis à l’Égypte.



 

L’Égypte révolutionnaire : un second Iran au Moyen-Orient?

Si les Égyptiens arrivaient à mettre en place un nouveau gouvernement réellement souverain, cela équivaudrait à un second Iran au Moyen-Orient et provoquerait un important changement géopolitique régional et mondial. Les intérêts des États-Unis, de la Grande-Bretagne, d’Israël, de la France, de l’UE, seraient aussi profondément affectés et paralysés par ce qui correspondrait à une perte colossale, semblable à celle de l’Iran en 1979.

Si un nouveau gouvernement révolutionnaire émergeait au Caire, les faux pourparlers de paix israélo-palestiniens prendraient fin, la famine des Palestiniens dans la bande de Gaza cesserait, la pierre angulaire de la sécurité militaire israélienne disparaîtrait et l’Awliyaa (alliance) irano-syrienne pourrait compter un nouveau membre important.


Lors d’un discours, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a exprimé les craintes de Tel-Aviv concernant l’alliance de l’Égypte à l’Iran et l’ouverture d’une nouvelle porte à l’influence iranienne : « Téhéran attend le jour où la nuit tombera [sur l’Égypte] [2]. » Netanyahou a raison sur un point : le ministère iranien des Affaires étrangères surveille avidement les événements en Égypte et les Iraniens attendent la formation d’un nouveau gouvernement révolutionnaire qui pourrait rejoindre l’Iran et le bloc de la résistance. Téhéran est ravi et l’Iran vibre aux discours de ses représentants, lesquels croient qu’il s’agit d’un éveil islamique.

Alors que les membres arabes du bloc de la résistance [NDLT : Iran, Syrie Palestine, Resistance irakienne, alliance menée par le Hezbollah au Liban] ont fait des déclarations discrètes à propos des manifestations en Égypte, l’Iran, non arabe, a exprimé haut et fort son appui aux manifestants du monde arabe. La Syrie a fait des remarques feutrées craignant qu’une révolte n’éclate chez-elle.

 

Le Hezbollah et le Hamas ont également pris position timidement sur les manifestations qui ont lieu dans le monde arabe, car ils souhaitent éviter que les régimes arabes les ciblent et les accusent de se mêler des manifestations.


Chaque fois qu’ils en ont l’opportunité, les régimes arabes soi-disant « modérés » cherchent à diaboliser ces joueurs arabes. Par ailleurs, le gouvernement turc, lequel maintient des liens étroits avec les régimes arabes, a aussi été pratiquement silencieux à propos des manifestations.

Israël se prépare à la possibilité qu’un gouvernement inamical prenne le pouvoir au Caire et c’est ce qui se produira si les Égyptiens triomphent. Tel-Aviv a un plan secret de contingence en matière de sécurité militaire pour l’Égypte. Pour reprendre Netanyahou à la Knesset : « Un accord de paix ne garantit pas l’existence de la paix [entre Israël et l’Égypte], donc afin de protéger cet accord, ainsi que nous-mêmes, nous ferons appel aux mesures de sécurité sur le terrain si l’accord disparaissait ou était violé en raison d’un changement de régime de l’autre côté [3]. »


 
 


Menaces d’une intervention militaire des États-Unis, d’Israël et de l’OTAN en Égypte : Souvenirs de l’invasion de l’Égypte en 1956?


Il est également possible qu’une nouvelle guerre éclate avec Israël et même que les États-Unis et l’OTAN recourent à une intervention militaire en Égypte. La menace d’une telle intervention doit être considérée. En 1956, les Britanniques, les Français et les Israéliens ont conjointement attaqué l’Égypte lorsque le président Gamal Abdel Nasser a nationalisé le canal de Suez. En se remémorant 1956, les États-Unis et l’OTAN pourraient faire de même. Le général James Mattis, commandant de l’U.S. Central Command, a déclaré que les États-Unis traiteront avec l’Égypte « diplomatiquement, économiquement [et] militairement » si l’Égypte bloquait l’accès du canal de Suez aux États-Unis et à leurs alliés [4].
 
En 2008, Norman Podhoretz a proposé un scénario cauchemardesque impensable dans lequel les Israéliens occuperaient militairement les raffineries de pétrole et les ports du golfe Persique pour garantir la « sécurité énergétique » et lanceraient une attaque nucléaire soi-disant préemptive contre l’Iran, la Syrie et l’Égypte [5].

Cette année-là, les principales questions soulevées étaient : la « sécurité énergétique » pour qui et pourquoi attaquer l’Égypte, où le gouvernement Moubarak a été un fidèle allié d’Israël?

Les Israéliens attaqueraient-ils l’Égypte si un gouvernement révolutionnaire émergeait au Caire? C’est essentiellement ce qui s’est produit en Égypte quelques années après que Gamal Abdel Nasser eut pris le pouvoir des mains de Mohammed Naguib. Par ailleurs, une telle attaque militaire contre l’Égypte est-elle liée au plan secret de contingence en matière de sécurité militaire et à propos duquel Netanyahou a rassuré la Knesset?

 

Un tel scénario terrifiant, comprenant l’utilisation d’armes nucléaires, est-il un risque sérieux? Podhoretz a des liens étroits avec des représentants à la fois d’Israël et des États-Unis. Il convient également de noter que Podhoretz est un lauréat de l’U.S. Presidential Medal of Freedom (Médaille présidentielle de la liberté) pour son influence intellectuelle aux États-Unis et est l’un des premiers signataires du Project for the New American Century (Projet pour un nouveau siècle étasunien, PNAC) en compagnie d’Elliot Abrams, Richard Cheney, John (Jeb) Bush, Donald Rumsfeld, Steve Forbes Jr. et Paul Wolfowitz. Le PNAC a en gros exposé brièvement les plans visant à transformer les États-Unis en un empire mondial par le militarisme à l’étranger et la militarisation au niveau national.


« Le chaos administré » et les menaces de balkanisation en Égypte : le plan Yinon à l’œuvre?


L’Égypte ne peut plus être administrée par le régime Moubarak, les États-Unis, Israël et leurs alliés. Les États-Unis, Israël et leurs alliés travaillent donc maintenant à la division et à la déstabilisation de l’Égypte, l’État arabe le plus puissant, afin qu’aucun défi stratégique ne survienne au Caire. Les attaques contre les manifestants pacifiques sur la place Tahrir au centre du Caire par les voyous de Moubarak maniant des massues à dos de chameaux et de chevaux étaient un événement orchestré dans le but de créer un appui du public à l’extérieur du monde arabe en faveur d’un homme fort dictatorial au Caire. L’incident incarnait tous les stéréotypes et l’attitude orientalistes erronés concernant les Arabes et les populations du Moyen-Orient. Il ne serait pas surprenant que les États-Unis, Israël et la Grande-Bretagne y aient directement pris part ou joué un rôle de consultant.


Incroyablement loin de la réalité, les médias étatiques du régime Moubarak rapportent que ce dernier est appuyé par des millions d’Égyptiens et que l’approbation à ses plans de « gouvernement transitoire » est répandue. Dans une démonstration de désespoir, les mêmes médias étatiques tentent aussi de blâmer l’Iran et ses alliés arabes pour les manifestations en Égypte. Ils ont rapporté que des commandos iraniens et des forces spéciales, accompagnés du Hezbollah libanais et du Hamas palestinien, ont rempli des missions de déstabilisation et de sabotage contre l’Égypte.

Ce genre d’accusations par le régime du Caire n’est pas nouveau. Le Yémen, Bahreïn, la Jordanie et Mahmoud Abbas font tous la même chose. À plusieurs reprises dans le passé, le régime Moubarak a blâmé l’Iran, le Hezbollah, le Courant patriotique libre, la Syrie et le Hamas de s’être mêlé et d’avoir incité à la révolte. Lorsque le Courant patriotique libre a critiqué le traitement des chrétiens égyptiens par le régime Moubarak, ce dernier a accusé Michel Aoun de sédition sectaire. Pour sa part, le Hezbollah a été accusé de tenter de semer le chaos en Égypte lorsque Hassan Nasrallah a demandé aux Égyptiens de manifester leur solidarité envers les Palestiniens et d’exiger que leur gouvernement permette que de l’aide humanitaire soit acheminée à la population de la Bande de Gaza.

Le chaos administré à l’œuvre


Bien que les voyous de Moubarak sèment aussi le chaos en Égypte pour tenter de garder son régime au pouvoir, la doctrine du « chaos administré » est employée par des acteurs externes avec en tête le plan israélien Yinon. Amener les Égyptiens à se battre les uns contre les autres et transformer l’Égypte en un État divisé et instable, tout comme l’Irak anglo-étasunien, semble être le but des États-Unis, d’Israël et de leurs alliés. Les tensions croissantes entre les Égyptiens musulmans et chrétiens, comprenant les attaques contre les églises coptes, sont liées à ce projet. Dans ce contexte, au treizième jour des manifestations en Égypte, l’église Mar Girgis dans la ville égyptienne de Rafah, près de Gaza et d’Israël, a été attaquée par des hommes armés en motocyclette [6].


La Maison-Blanche et Tel-Aviv ne veulent pas d’un second Iran au Moyen-Orient. Ils feront tout ce qu’ils peuvent pour prévenir l’émergence d’une Égypte forte et indépendante.


Pour les objectifs des États-Unis, d’Israël et de l’OTAN, une Égypte libre pourrait se révéler une menace bien plus grande qu’un Iran non arabe, au cœur du monde arabe.

Le retour de l’aigle égyptien en tant que champion arabe de l’indépendance?

Dans le monde arabe et en Afrique, l’Égypte a autrefois représenté un défi stratégique pour les États-Unis, Israël, la France et la Grande-Bretagne. L’Égypte nassériste a aidé la résistance algérienne contre l’occupation française, a soutenu ouvertement les Palestiniens contre l’occupation de leurs maisons par les Israéliens et la résistance yéménite contre l’occupation britannique du Yémen du Sud, a contesté la légitimité des Hachémites installés par les Britanniques et de la dynastie saoudienne appuyée par les États-Unis, et a offert son appui aux mouvements anti-impérialistes et de libération nationale. Sous un gouvernement révolutionnaire, étroitement lié à l’Islam ou non, le Caire pourrait donner au monde arabe un nouveau chef qui raviverait le panarabisme, rendrait Tel-Aviv encore plus nerveux dans ses tentatives de lancer des guerres et rallierait les Arabes et les autres peuples du monde dans une révolte contre la confédération mondiale formée par les États-Unis et leurs alliés. 

 

L’Égypte n’est pas encore libérée de son état de servitude. Les Égyptiens doivent également aborder le rôle du capitalisme mondial dans l’appui au régime Moubarak, tout en demeurant unis. S’ils réussissent, ils auront un impact majeur sur l’histoire et le siècle actuel.

 

Addenda

 

Après la publication du texte, le Hezbollah a publiquement appuyé les manifestations en Égypte. Le gouvernement de la bande de Gaza, dirigé par le Hamas, a également commencé à permettre la tenue de rassemblements en appui aux manifestants égyptiens, alors que Mahmoud Abbas et le Fatah en Cisjordanie les interdisent. Au Liban, le Hezbollah et ses alliés ont aussi tenu des rassemblements pour soutenir les manifestants égyptiens. À cet égard, l’Alliance du 14 mars, alliée du régime Moubarak au Liban, a sévèrement critiqué le Hezbollah et ses alliés politiques.  

Article original publié en anglais, The Division of Egypt: Threats of US, Israeli, and NATO Military Intervention? le 7 février 2011.

 


Notes

[1] Elisabeth Bumiller, « Calling for Restraint, Pentagon Faces Test of Influence With Ally » The New York Times 29 janvier 2011; Voici ce qu’a dit Indyk : « Maintenant nous devons nous concentrer à mettre l’armée dans une position qui lui permettra de diriger l’arène afin qu’un leadership politique modéré et légitime émerge. »

[2] Attila Somfalvi, « Natanyahu: Democratic Egypt no threat » Yedioth Ahronoth, 2 février 2011.

[3] Ibid.

[4] Adrian Croft, « U.S. sees Suez Canal closure as inconceivable » éditeurs Peter Griffiths et Elizabeth Fullerton, Reuters, 1er février, 2011.

[5] No rman Podhoretz, « Stopping Iran: Why the Case for Military Action Still Stands » Commentary Magazine, vol.125, no. 2, (février 2008): pp.11-19.

[6] « Church in flames in Egypt's Sinai: witness » Agence France-Presse (AFP),  6 février, 2011.

[7] « Senior US envoy presses for democracy in Tunisia » Agence France-Presse (AFP), 24 janvier 2011.

 

Mahdi Darius Nazemroaya est chercheur associés au Centre de recherche sur la mondialisation (CRM).

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=23173

 

 

Egypte, lire aussi sur ce site :

 

Égypte, pourquoi c’est une révolte sociale

par Manlio Dinucci

 

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 02:18

http://www.asor-rouen.fr/

 

 

Après la mort quasi simultanée, de deux jeunes français otages au Niger et du 53ème militaire français tombé en Afghanistan, le Général (en retraite) ROUDEILLAC  a voulu "poster" sur le Blog du Figaro le message suivant :

 

 

"Deux Français se font tuer au Niger, un sous-officier français se fait tuer en Afghanistan. 

 

 

Que font les médias? 

 

 

Face à ces trois destins cruels, ils relèguent au second plan de leurs préoccupations la mort en service du militaire français, pour commenter à souhait la fin tragique de deux hommes, qui avaient fait le choix de se rendre au Niger, pour des raisons qui leur étaient propres. 

 

 

Et en cela réside la différence avec le 53° militaire tué au combat.

 

 

Ce militaire s'est rendu en Afghanistan sur ordre de la France ou plus exactement sur ordre des représentants politiques des Français. 

 

 

Cette obéissance aux décisions de la Nation mériterait de ne pas passer au second plan.

 

 

Ce sous-officier tué au combat mérite donc notre compassion. 


> >

>  

La France doit se sentir responsable de ce qui lui est arrivé. 

 

 

Les médias feraient bien de souligner la grandeur du sacrifice consenti et du métier des armes, la noblesse de l'obéissance aux décisions de la démocratie, le respect que se doit d'avoir la nation à l'égard de ses armées et de ses enfants qui acceptent de servir, sans compter. 

 

Mais le plus insupportable demeure l'indifférence, voire le mépris de certains faiseurs d'opinion, convaincus de détenir la vérité."

 

 

Le général ROUDEILLAC précise:


 

 "J'ai posté le commentaire ci-dessous à 09h10... à 09h13 je recevais la mention de son rejet, au nom des dispositions de la charte d'éthique du journal."

 

Et il ajoute:

 

 

"Je crois que cet incident mériterait d'être porté à la connaissance du plus grand nombre.

 

 

Malheur à celui qui montre du doigt la partialité des médias !!"

 

 

_____________________________________________________________________________

 

 

 

Le coup de Gueule du Général ROUDEILLAC !

.

Après la mort quasi simultanée, hier, de deux jeunes français otages au Niger et du 53ème militaire français tombé en Afghanistan, le Général ROUDEILLAC (2S) a voulu "poster", sur le Blog du Figaro, le message dont le texte est rapporté ci-dessous. Ce message a été refusé "au nom des dispositions de la charte d'éthique du journal" . Cet incident est à rapprocher du matraquage médiatique quotidien à propos des deux journalistes otages en Afghanistan, alors que la détention d'autres otages français, en Somalie notamment ou au Niger sombre dans l'indifférence...
Le Général Roudeillac pousse un coup de gueule et dénonce la différence de traitement faite par les médias entre des otages lâchement assassinés au Niger et nos militaires français qui se font tuer en service commandé en Afghanistan.
Ce coup de gueule rejoint d'ailleurs la pétition qui commence à circuler et qui demande a ce que la mort au champ d'honneur de nos soldats soit plus traité comme une banalité dans nos médias.



"Deux Français se font tuer au Niger, un sous-officier français se  fait tuer en Afghanistan. Que font les médias?  Face à ces trois destins cruels, ils relèguent au second plan de leurs préoccupations la mort en service du militaire français, pour  commenter à souhait la fin tragique de deux hommes, qui avaient fait le choix de se rendre au Niger, pour des raisons qui leur étaient propres. Et en cela réside la différence avec le 53° militaire tué au combat. Ce militaire s'est rendu en Afghanistan sur ordre de la France ou plus exactement sur ordre des représentants politiques des Français.  Cette obéissance aux décisions de la Nation mériterait de ne pas  passer au second plan.  Ce sous-officier tué au combat mérite donc notre compassion.  La France doit se sentir responsable de ce qui lui est arrivé.  Les médias feraient bien de souligner la grandeur du sacrifice  consenti et du métier des armes, la noblesse de l'obéissance aux décisions de la démocratie, le respect que se doit d'avoir la nation à l'égard de ses armées et de ses enfants qui acceptent de servir, sans  compter.  Mais le plus insupportable demeure l'indifférence, voire le mépris de  certains faiseurs d'opinion, convaincus de détenir la vérité."


Le Gal (2S)ROUDEILLAC

 

http://www.asor-rouen.fr/

 

 

COMMENTAIRE :

 

 

j'aimerais attirer l'attention de ce général sur le fait que  l'armée française n'a  rien à faire en Afghanistan et que la mort de ces militaires qui agissent en quelque sorte comme mercenaires  mis à la disposition des Américains est une chose fort triste, mais qu'ils savent à quoi ils s'exposent ; ils ne sont pas obligés d'y aller ;  il ne s'agit nullement d'une guerre dans laquelle les intérêts français sont en jeu ; la présence des troupes de l'OTAN en Afghanistan , tuant de nombreux civils sous prétexte de leur apporter la démocratie,  fabrique des islamistes radicaux , dont un petit nombre  verseront ensuite dans le terrorisme ,  pain béni pour justifier la machine de guerre américaine world-wide Pour ma part, je m'indigne  avant tout de l'utilisation de l'armée française pour servir les intérêts  d'une puissance étrangère, Les USA .


Commentaire n°1 posté par joelle schroeder hier à 19h16
http://anti-fr2-cdsl-air-etc.over-blog.com/article-le-general-roudeillac-interpelle-les-medias-rejet-du-figaro-66832498-comments.html#comment76385614
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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 01:05

Chems Eddine Chitour

 

« Nous ne saurons jamais tout le bien qu’un simple sourire peut être capable de faire. »  Mère  Thérésa (Prix Nobel de la Paix)

Rituellement, le mois d’octobre de chaque année voit la consécration selon un scénario bien rodé l’attribution de Prix Nobel que la doxa occidentale présente comme le summum de la consécration «universelle» d’un mérite personnel. Si parmi les différents Nobel décernés ceux concernant les sciences physiques et biologique (physique, chimie et biologie) ne prêtent généralement pas à contestation, encore que les lobbys des principaux occidentaux sont là à recommander fortement « leurs champions », les prix Nobel de la paix et à un degré moindre ceux de littérature amènent à questionnement.

Nous allons dans ce qui suit tenter de voir clair dans la stratégie de délivrance des Prix Nobel par l’Occident en fonction de ses intérêts. Pour rappel, le prix Nobel de la paix récompense «la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix», selon les volontés, définies par testament, d’Alfred Nobel. Dans Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen (Die Welt von Gestern. Erinnerungen eines Europäers), Stefan Zweig raconte que Florence Nightingale aurait été à l’origine de la fondation de ce prix en convainquant Alfred Nobel de réparer « le mal qu’il avait causé avec sa dynamite ».(1)

Même Hitler...

En clair, Alfred Nobel était un marchand de mort qui s’est enrichi et qui, sur le tard, voulait, jouer au « pyromane-pompier ». On nous dit que les nominations pour cette distinction sont le fruit de propositions argumentées et détaillées, émises par des membres d’Assemblées nationales ou des Congrès législatifs, des cercles de professeurs en université dans le domaine de la géopolitique, du droit et des sciences politiques, d’anciens lauréats du prix,(...). Plusieurs d’entre elles sont désormais connues et médiatisées1, notamment celles comprises entre 1901 et 1955. Quand certaines de ces listes ont été révélées à la presse, on a pu découvrir qu’Adolf Hitler avait été un temps nommé en 1939 par Erik Brandt, membre du Parlement suédois, avant que celui-ci ne soit revenu sur sa décision quelques jours plus tard. D’autres propositions de ce genre ont été soumises au Comité telles que Benito Mussolini (en 1935) ou encore Joseph Staline (en 1945 et en 1948). (1) C’est dire l’instrumentalisation qui avait lieu en coulisses pour introniser quelqu’un et barrer la route aux autres.

Les Nobels de la paix et de la littérature de cette année ne se distinguent pas des précédents par les «méthodes» de nomination. Le prix Nobel de la paix a été octroyé à un Chinois. Pierre Haski nous en parle: «Liu Xiaobo, 54 ans, a été condamné en décembre 2009 à onze ans de prison pour son rôle dans la rédaction et la dissémination de la Charte 08, un texte réclamant la démocratisation de la Chine, signé par plusieurs milliers de personnes (lire le texte intégral). Ce texte est inspiré de la Charte 77 des dissidents tchèques à l’époque communiste, et Vaclav Havel, dissident puis président tchèque, a parrainé la «candidature» de Liu Xiaobo à ce prix Nobel. Le choix du Comité Nobel est certain de déclencher la colère de Pékin, qui avait envoyé un vice-ministre des Affaires étrangères à Oslo, cet été, pour mettre en garde le président du Comité Nobel contre les conséquences d’une possible attribution du prix à ce dissident emprisonné. Le vice-ministre avait prévenu que ce choix aurait des conséquences négatives sur les relations sino-norvégiennes ». (2)

« Lors de son procès, il a fait une remarquable plaidoirie personnelle dans laquelle il espérait être «la dernière victime de l’inquisition intellectuelle en Chine». Un texte dans lequel il applaudit aux progrès considérables accomplis par la Chine depuis la fin de l’ère maoïste avec la mort du Grand Timonier en 1976, mais en souligne les lacunes en termes d’Etat de droit et de respect des valeurs universelles auxquelles il proclame son attachement. La Chine n’a jamais reçu directement de prix Nobel. En 1989, l’année du massacre de Tiananmen, le prix Nobel de la paix avait été attribué au dalaï lama, le leader spirituel tibétain exilé en Inde. Et en 2000, l’écrivain Gao Xingjian, exilé en France et devenu citoyen français, recevait le prix Nobel de littérature. » (2)

Pékin a qualifié la récompense de «dévoiement» et mis en garde la Norvège contre de possibles répercussions diplomatiques. En 1989, de retour des Etats-Unis, où il avait enseigné à la Columbia University de New York, cet enseignant de l’Université normale de Pékin participe au mouvement démocratique de la place Tiananmen, déclenché par les étudiants. (...) Exclu de l’université, il devient un des animateurs du Centre indépendant PEN Chine, un regroupement d’écrivains. Il garde un contact étroit avec le monde intellectuel; et même s’il ne peut pas être publié en Chine, ses livres sont notamment diffusés à Hongkong. Dans une interview récente, il gardait espoir dans une démocratisation progressive de la Chine: «Cela va progresser très lentement, mais les demandes de liberté - de la part des gens ordinaires, mais aussi des membres du parti - ne seront pas faciles à contenir.» Liu Xiaobo est marié et n’a pas d’enfant. Pékin s’était officiellement déclaré opposé à l’attribution du Nobel à l’opposant (3).

On le voit, trois prix Nobel ont été attribués en vingt ans à des Chinois d’origine pour leur prise de position contre leur patrie. Si dans l’absolu, leur combat pour la liberté et leur compétence sont dit-on connues, il n’en demeure pas moins qu’ils ne sont pas les seuls. Il doit certainement y avoir des personnalités chinoises ou autres à compétences semblables compte non tenu de leur engagement contre leur pays.

La même « méthode » permet d’expliquer l’attribution du Nobel de littérature le 7 octobre à l’écrivain hispano-péruvien Mario Vargas Llosa dont la bête noire est Chavez qu’il faut « abattre » d’une façon ou d’une autre. « Sympathisant communiste lors de sa jeunesse universitaire et proche de Castro jusqu’en 1971, Mario Vargas Llosa devient l’apôtre du néolibéralisme: ´´J’espère qu’ils me l’ont donné (le prix Nobel) plus pour mon oeuvre littéraire que pour mes opinions politiques. Mais si mes opinions politiques, en défense de la démocratie et de la liberté et contre les dictatures, ont été prises en compte, je m’en réjouis» déclarait jeudi Mario Vargas Llosa à l’Institut Cervantès de New York, devant une foule de journalistes qui recueillaient ses réactions à l’obtention du Nobel ». (4)

On le voit, Mario Vargas Llosa a des doutes et pense que le Prix Nobel lui a été attribué pour ses positions politiques de droite. Sans renier les qualités littéraires du prix Nobel de littérature,  force est de constater que d’une certaine façon il est en mission commandée pour le compte de l’Occident. 

« Interrogé sur le futur de l’Amérique latine, il souligna qu’elle présente aujourd’hui «des gouvernements de gauche et de droite qui sont démocratiques. C’est une grande nouveauté par rapport au passé, lorsque ni la droite ni la gauche n’étaient démocratiques, l’une croyant aux putschs militaires et l’autre à la révolution ». Il ajoutait aussitôt: «Cuba et le Venezuela représentent pour moi un recul, mais mon impression est que ce courant autoritaire, antidémocratique, va vers la sortie. Il a de moins en moins d’appui populaire, comme on vient de le voir, par exemple, aux élections [législatives] vénézuéliennes ». (...) L’existence d’un caudillo charismatique suppose toujours l’abdication de la volonté, du libre arbitre, de l’esprit créateur et de la rationalité de tout un peuple devant un individu reconnu comme être supérieur, mieux doté pour décider du bien et du mal pour un pays tout entier en matière économique, politique, culturelle, sociale, scientifique, etc. Est-ce cela que nous voulons? Qu’un nouveau Chavez vienne nous libérer de Chavez?´´»(4)

Il est bien connu que l’Occidental qui se veut le seul détenteur de sens dicte la norme universelle, de sérier le bien et le mal. Ses « arguments » pour convaincre, font appel à la démocratie aéroportée, notamment par drones interposés qui permet à un bidasse du fond d’une salle climatisée du Texas de décider avec son Joysticks du bien et du mal en traquant sa cible avec une joie sadique. La cible détruite, il rentre chez lui avec la satisfaction du devoir bien fait; et si c’est une bavure, c’est un autre service qui est chargé de la faire oublier... L’autre façon de combattre ses ennemis consiste à activer d’autres canaux, au-delà de fomenter des troubles, on encourage les dissidences dans les pays qui posent problème à « l’ordre impérial ».

Il n’est pas question pour nous de rejeter en bloc, toutes les attributions, nous devons nous incliner, par exemple, humblement devant Mère Théresa qui méritait mille fois cette distinction, il nous faut nous souvenir que Gandhi - l’apôtre de la non violence - n’a pas eu le prix Nobel, malgré qu’il ait été nominé plusieurs fois La Grande-Bretagne s’était opposée. Cependant, on ne peut pas nier les «malversations politiques de toutes sortes autour de l’attribution des prix Nobel. Ainsi, durant la guerre froide on rapporte que l’écrivain soviétique Boris Pasternack a eu le prix Nobel pour un manuscrit exfiltré en 1959 par la CIA et proposé au comité Nobel alors que le livre était encore sous forme de manuscrit. Il en fut ainsi de Soljenitsyne, de l’ouvrier polonais Lech Walesa qui avait la bénédiction d’un certain Carol Woythyla, futur pape Jean-Paul II, minèrent l’empire soviétique de l’intérieur à partir de ses satellites la Pologne et la Tchécoslovaquie avec Vaclav Havel (Littérature), le même Vaclav Havel qui parraina la demande du dissident chinois pour le prix Nobel de la paix 2010. Le coup de maître de l’Occident fut donné à l’empire soviétique en attribuant le prix Nobel de la paix à Mikhaïl Gorbatchev.    

Ce fut à la fois « la fin de l’histoire » pour Fukuyama, la fin de la guerre froide et le début du « Choc des civilisations » pour Samuel Huntington, déclinée d’une façon soft comme la guerre contre «le terrorisme» avec ses multiples variantes (l’Irak, le Hamas, l’Iran, l’Afghanistan) Ce fut aussi l’Indonésie musulmane qui en fit les frais en abdiquant sa souveraineté sur le Timor Oriental. Pour faire connaître la «cause», Mgr Belo, un homme d’église jusqu’alors inconuu , se vit attribuer le prix Nobel et à ce titre sa « cause » eut plus de visibilité. On ne peut pas ne pas y voir une lutte sourde contre l’Islam et en fait contre l’ordre établi contre le néolibéralisme qui se joue de tout instrumente tout, au risque de broyer des millions d’espérances.

Enfin, s’agissant du feuilleton des prix Nobel octroyés aux dirigeants arabes « normalisés » qui acceptent l’ordre impérial avec Israël comme poste avancé de la démocratie en Barbarie. Deux séries de prix Nobel pour rien: Sadate et Begin, ce qui a permis de neutraliser définitivement l’Egypte. Arafat, Rabin qui a permis Oslo et le dépeçage de ce qui reste de la Palestine. De même la guerre contre l’Iran a vu l’attribution du prix Nobel de la paix à Shirin Ebadi. Tout est bon pour déstabiliser les pays qui n’acceptent pas de rentrer dans le rang.

Qui a entendu des prix Nobel de la paix de ces dernières années maintenant qu’ils ont rempli la mission historique qui était attendue d’eux. Malgré des médias complaisants ils n’arrivent pas à faire surface, ou si, il arrive qu’un prix Nobel soit chassé comme un malpropre avec un silence assourdissant des médias, il en fut ainsi de Mairead Corrigan prix Nobel de la paix expulsé d’Israël pour délit d’opinion qui avait de la compassion pour les enfants palestiniens, elle fut chassée par les Israéliens, personne n’a trouvé à redire. De même Monseigneur Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix, fut interdit de conférence dans une université US. Cris Toffolo, présidente du programme d’études «Justice et Paix» de l’université catholique Saint-Thomas de Minneapolis/St.Paul, était toute fière d’avoir réussi à inviter l’archevêque sud-africain et célèbre militant anti-apartheid Desmond Tutu, à venir parler devant ses étudiants. Mais la direction de l’université, craignant qu’il puisse y avoir une «controverse», décida de « se concerter avec la communauté juive de la ville » (...) Doug Hennes, vice-président de l’université, justifie la décision: « Nous avons eu vent d’un certain nombre de choses qu’il a dites et que certaines personnes trouvent ces propos antisémites car opposées à la politique israélienne. Nous ne l’accusons pas d’être antisémite. Mais il a comparé l’État d’Israël à Hitler et nous estimons que ce genre d’équivalences morales sont insultantes pour certains membres de la communauté juive. »(5)

Le Nobel de la paix ou de la guerre?

La Chine n’est pas l’ex Urss, elle est la deuxième puissance économique du monde elle détient les bons de Trésor américains (près de 1500 milliards de dollars), elle se permet de venir en aide à plusieurs pays européens (Grèce, Espagne). Elle ne veut pas surévaluer sa monnaie comme l’exigent l’Europe, les Etats- Unis et le Japon, ces derniers créent des devises papiers. En fait, ce n’est pas une personne aussi respectable soit-elle qui fera dévier la Chine de son combat contre la faim, combat qui lui a permis de sortir de la misère 400 millions de personnes. Nous voyons comment en Europe les protestations des citoyens étaient respectées: trois millions de personnes dans la rue et on fait comme s’ils n’y avait aucune protestation Ils contnueront à trimer en passant de l’usine au cimetière sans avoir joui de leur retraite.

Quand l’Occident réduit en miettes des pays comme l’Irak, l’Afghanistan, il amène une démocratie par drones interposés. Il n’y a jamais autant de morts que depuis l’octroi du prix Nobel à Barack Obama. C’est assurément le prix Nobel de la guerre qu’il eut fallu lui attribuer. On se demande pourquoi Mahmoud Abbas n’a pas eu le prix Nobel, lui qui a fait de la reddition sans condition un mode de gouvernement et de négociation.

Nous aspirons tous à la démocratie mais il faut se demander si l’exemple chinois, qui privilégie le développement et une « ouverture » vers le respect de la  condition humaine, n’est pas le meilleur schéma pour ce pays. Que veut l’Occident ?: la démocratie partout comme en Irak et en Afghnistan? ou plus simplement une explosion de la Chine qui fera mal d’abord aux Chinois et permettra au libéralisme sauvage de faire main basse définitivement sur la planète La démocratie occidentale du «cause toujours» pour les sans-grade est à opposer à un «despotisme éclairé» qui donne à manger à tout le monde, qui ne laisse personne sur le bord de la route. Tout le problème est là. L’Occident  qui veut imposer un néolibéralisme laminoir et ses larmes de crocodile n’est intéressé que par les dissidents qui, d’une façon ou d’une autre et qu’on le veuille ou non, sont complices de la démolition de leur pays. Ainsi va le Monde.

 

Notes

1. Le prix Nobel de la paix: Encyclopédie Wilkipédia.  

2. Pierre Haski: Le Prix nobel de la paix à Liu Xiaobo Rue89, 08/10/2010

3. L’opposant chinois Liu Xiaobo reçoit le prix Nobel de la paix 2010 Le Monde.fr avec AFP et Reuters 08.10.10

4. Christian Galloy. Mario Vargas Llosa: un anti-Chavez prix Nobel de littérature 2010 LatinReporters.com 8 octobre 2010

5. Un prix Nobel de la paix interdit de conférence dans une université US http://www.voltairenet.org/article151938.html,  4 octobre 2007



Pr Chems Eddine Chitour : Ecole Polytechnique  Alger enp-edu.dz

 

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=21398

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 03:07
 
http://www.marine-marchande.net/groupe%20mar-mar/Documents/F.Massard/F%20de%20Lesseps/page-03.htm
On s'y attendait, la ville de Suez a été le théâtre d' explosions de
violence entre les forces de l'ordre égyptiennes et les manifestants.

Celui qui gagnera le Canal de Suez régnera sur l'Egypte et aura la main
haute sur les intérêts européens à cet égard .

C'est un carrefour géostratégique incontesté et une jonction capitale
entre la Méditerranée et la mer Rouge .

Sans oublier les milliers de tonnes de barils de pétrole qui se font plaisir
en empruntant le fameux Canal de Suez .

Une petite éventualité de la fermeture du Canal est synonyme d'une
catastrophe sur les marchés européens, voire un tsunami de toute l'économie
européenne .

Tous les indicateurs sont d'accord pour donner une augmentation du pétrole
.. de 100%.Le reste est facile à imaginer ! Tous les secteurs dépendants
seront touchés par la vague et pan ! bonjour les dégâts !

Souvenez vous , lors de la dernière "crise de Suez", en 1956 qui failli mal
tourner ! une guerre mondiale entre l'URSS, les Etats-Unis, l'Angleterre et la
France , a été évitée de justesse .

L 'histoire est-elle condamnée à se répéter .Toujours le Moyen Orient
,toujours le choc de l'or noir , toujours des menaces imminentes de fumées
noires et épaisses ayant une autre cause cette fois ci ...

Et tous ces navires de guerre américains dansant dans ses eaux confirment
aussi que les lieux sont hautement stratégiques , militaire et économique .
Normal ! sans pétrole comment bougeraient-ils ?,.

.Non l 'enjeu dépasse, comme on pourrait le croire , une question de bonne
démocratie ..le train sifflera-t-il encore trois fois ?  

Les jeux sont faits certes mais le hasard n'existe pas . La vérité sort de
la bouche des canons disent les militaires et les cowboys . La vérité , clame
en revanche les humanistes et les sages , finit par vaincre la faux si toutefois
il s'agit de la bonne version de la Vérité .

Celle qui unit les différences , celle qui diffuse , sans prétention aucune
de monopole , les valeurs humaines sous toutes ses formes , celle qui explique
que la Paix et l'Amour sont la seule loi universelle au droit à la vie .

Décidément l'obscurantisme aveugle et demeure la bête noire de tous ceux
qui ont le devoir de réveiller les consciences libres et démocratiques !

Alors guerre ou pas guerre , il y a un autre peuple qui a le devoir
d'instruire , d'éduquer , de donner l'espoir d'un monde meilleur , de
transmettre les conditions réelles d'une paix durable comme l'exige une
démocratie qui se veut respectueuse des droits élémentaires de l 'homme .


Mercredi 2 Février 2011
http://www.alterinfo.net/La-Guerre-du-Canal-de-Suez-aura-elle-lieu_a54651.html#last_comment
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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 22:55

« Tendances » n° 15
Les Etats-Unies renouent avec l’Iran

Obama veut des négociations bilatérales avec l’Iran / Hariri fabrique et manipule les faux témoins / Le juge Antonio Cassese conseillait les Moujahidines du Peuple / La révolte ne s’essouffle pas en Tunisie / Al-Jazira publie 1 700 documents confidentiels israélo-palestiniens / La Turquie rejette le rapport israélien sur la Flottille de la liberté / Michèle Alliot-Marie bousculée par des Palestiniens.

 

La tendance générale

Obama veut des négociations bilatérales avec l’Iran

Les informations au sujet des négociations d’Istanbul, entre l’Iran et les grandes puissances (le groupe 5+1), indiquent que le diplomate états-unien William Burns a tenté, dès le début des pourparlers, d’entrer en contact direct avec le négociateur iranien Saïd Jalili. Le souhait, exprimé par la cheffe de la diplomatie européenne, Katherine Ashton, que Téhéran accepte des discussions bilatérales avec les Etats-Unis, confirment ces faits.

Les négociations, souhaitées par Washington, ne concernent pas uniquement le dossier du nucléaire iranien. En effet, il est désormais clair que l’accord d’échange du combustible nucléaire, s’il a lieu, sera exécuté en Turquie conformément aux termes de l’accord turco-irano-brésilien, conclu il y a plusieurs mois à Téhéran et rejeté par les Etats-Unis. De plus, comme le confirment les indiscrétions de WikiLeaks, les capitales occidentales sont conscientes du stade avancé atteint par la technologie iranienne qui sera capable, dans les mois à venir, d’enrichir de l’uranium pour se fournir en combustible nucléaire dans des quantités suffisantes sans avoir besoin de s’en procurer ailleurs, afin de l’utiliser dans des domaines pacifiques, scientifiques et civils, conformément aux valeurs religieuses statuées par le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamanéi. Enfin, les Etats-Unis et leurs alliés européens sont convaincus du prix exorbitant de toute aventure militaire contre l’Iran, qui, de surcroit, ne garantirait pas le démantèlement du programme nucléaire iranien.

A travers les négociations bilatérales avec l’Iran, les Etats-Unis espèrent réaliser quatre objectifs :

- Premier objectif : après avoir normalisé ses relations politiques avec Téhéran, Washington souhaite monopoliser les cartes économiques pour pénétrer dans le marché prometteur de l’Iran d’où ses « alliés » européens ont été exclus par les sanctions internationales et unilatérales. Le Conseil de sécurité a été instrumentalisé par les Etats-Unis ces dernières années pour empêcher le développement des relations entre l’Iran d’un côté, la Russie et la Chine de l’autre, et pour défricher le terrain devant les sociétés états-uniennes.

- Deuxième objectif : les dirigeants états-uniens souhaitent demander aux Iraniens de mettre en œuvre un plan d’intervention politique, sécuritaire et économique en Afghanistan et au Pakistan, où la guerre est en train de se transformer en gouffre profond pour les Etats-Unis, confrontés à une véritable défaite. De par la proximité géographique et les liens culturels et économiques, l’Iran possède une grande influence dans ces deux pays.

- Troisième objectif : conclure des deals avec l’Iran à travers des négociations bilatérales afin de conserver la plus large influence possible en Irak, notamment sur les plans pétrolier et sécuritaire. Les Etats-Unis sont ainsi contraints de conclure un traité militaire avec le gouvernement irakien l’autorisant à maintenir des bases en Irak avant le mois d’août prochain, date de la fin du retrait de leurs troupes régulières de ce pays. Washington doit aussi signer des accords garantissant ses « intérêts » pétrolier et permettant le maintien de ses armées de mercenaires.

Ces questions ne peuvent être réglées que dans le cadre de négociations avec l’Iran, la Turquie et la Syrie.

- Quatrième objectif : dans leur approche proche-orientale, les décideurs états-uniens placent en tête de leurs priorités la protection d’Israël face au renforcement de l’axe de la Résistance, composé de l’Iran, de la Syrie et des résistances libanaise et palestinienne. Dans leurs négociations avec l’Iran, les Etats-Unis veulent obtenir des garanties que ces mouvements ne veulent pas lancer une guerre régionale qui risque, cette fois, de mettre en péril l’existence même de l’Etat hébreu.

Ainsi, l’Empire américain se démène pour négocier avec ce qu’il appelait, à une certaine époque, « l’Axe du Mal », pour préserver ses intérêts et garantir la sécurité d’Israël. Des informations indiquent que l’évaluation des rapports de force, effectuée par le Pentagone, indique que les puissances régionales émergentes au Proche-Orient sont la Turquie, l’Iran et la Syrie et qu’il est indispensable de s’entendre avec elles, ce qui constitue une rupture totale avec les doctrines établies par l’Administration précédente. C’est pour cela que Washington n’a pas hésité à supprimer le rôle de ses alliés, notamment l’Arabie saoudite et l’Egypte, pour entrer directement en scène, sans avoir besoin de ses sous-traitants régionaux habituels.

La tendance au Liban

Hariri fabrique et manipule les faux témoins

Les Libanais ont suivi avec beaucoup d’intérêt les trois enregistrements sonores diffusés par la chaine de télévision locale NTV mettent en scène le Premier ministre sortant Saad Hariri et le ministre sortant de la Défense, Elias Murr. Il s’agit de l’enregistrement d’une réunion qui a groupé M. Hariri et le principal faux témoin dans l’enquête internationale, le syrien Mohammad Zouhair Siddik, ainsi que les enregistrements des dépositions de MM. Hariri et Murr devant la commission internationale d’investigation chargée d’enquêter sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Les Libanais ont maintenant une preuve irréfutable du rôle joué par Saad Hariri personnellement dans la fabrication et la manipulation des faux témoins qui ont fait des dépositions inventées de toute pièce, en 2005 et 2006, pour mettre l’enquête sur la piste syrienne. Selon des informations sûres, la NTV possèderait des enregistrements encore plus graves.

Ces « fuites » confirment les propos du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, qui avait révélé, il y a quelques semaines, que le numéro 2 de la commission d’enquête en 2005, l’Allemand Gerhard Lehman, avait proposé de vendre des documents relatifs à l’enquête à laquelle il collaborait à ses débuts. Le contenu des enregistrements prouve que Lehman et son chef, l’Allemand Detlev Mehlis, étaient au service de Saad Hariri et du faux témoin Siddik. Ce dernier avait été recruté par des groupes syriens hostiles au régime, qui collaboraient avec les Etats-Unis et des Libanais pour utiliser le sang de Rafic Hariri contre la Syrie. L’ironie du sort est de voir le TSL déplorer la diffusion des enregistrements par la chaine libanaise, alors que ces deux dernières années ce sont les milieux de ce même tribunal, en relation avec des médias arabes et internationaux, qui ont organisé des fuites massives. Mais celles-ci concernaient la prétendue implication du Hezbollah dans l’assassinat de Rafic Hariri.

Après la diffusion de tels propos, tout homme politique digne aurait annoncé son retrait de la vie publique. Saad Hariri, lui, a préféré s’accrocher, en multipliant les excuses aux princes saoudiens et hommes politiques libanais, dont ses propres alliés, qu’il a cités d’une manière irrévérencieuse et offensante devant des enquêteurs étrangers. Mais jusqu’à présent, il n’a pas eu le moindre geste envers ceux qui ont été injustement emprisonnés ou accusés à cause des faux témoignages qu’il a fabriqués avec Siddik et d’autres.

A travers ses agissements, Saad Hariri s’est couvert de honte et s’est montré indigne d’occuper un poste de responsabilité dans son pays et, plus grave encore, a prouvé qu’il n’était pas la bonne personne pour rechercher la vérité sur l’assassinat de son père.

Les propos irrespectueux de Saad Hariri à l’égard du prince Mohammad Ben Nayef Ben Abdel Aziz sont aussi graves que les paroles malheureuses qu’a eues Elias Murr à l’égard du président de la République Michel Sleiman. Hariri est détenteur de la nationalité saoudienne et sa famille tient son immense richesse des facilités offertes par la famille royale saoudienne. Les Libanais savent pertinemment comment Saad Hariri se comporte avec les membres de la famille régnante en Arabie saoudite. Beaucoup l’ont vu rester debout, dans des restaurants, n’osant pas s’asseoir en présence du prince Abdel Aziz Ben Fahd, le fils de l’ancien souverain. Les propos assassins contre le prince Mohammad ont provoqué la colère des membres de la famille royale qui ont palpé l’ingratitude de Hariri.

Même chose pour Elias Murr, qui doit son retour au ministère de la Défense à Michel Sleiman. Or dans sa déposition, il affirme que Sleiman avait été nommé à la tête de l’Armée libanaise –avant son élection à la présidence- parce qu’il était « l’officier le plus faible » de l’institution militaire. C’est une preuve que cette trempe de responsables considère que le mensonge et l’hypocrisie sont des « qualités » nécessaires pour un homme politique réussi. De même que le soutien apporté par Murr à la résolution 1559 montre à quel point le sort, la stabilité et l’unité du Liban importe peu à ces hommes.

Information confidentielle

Des milieux juridiques européens commencent à s’interroger sérieusement sur l’aptitude du juge italien Antonio Cassese à présider le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) en raison de ses convictions politiques personnelles. Selon des sources bien informées, M. Cassese était le conseiller juridique des Moujahidines du Peuple, un groupe armé qui revendique plusieurs milliers d’assassinats politiques en Iran et placé, pendant longtemps, sur la liste des organisations terroristes. C’est lui qui a initié le mécanisme juridique qui a permis de rayer cette organisation des listes terroristes. Le juge Cassese est passé directement de sa fonction de conseiller juridique des Moujahidines à celle de président du TSL. De plus, M. Cassese est connu pour ses sympathies pro-israéliennes et pro-sionistes. C’est un ami personnel d’Elie Weisel, qui lui a remis une distinction honorifique il y a quelques années. Est-il possible de confier la présidence d’un tribunal, censé juger le Hezbollah –et peut-être des responsables iraniens- à un magistrat connu pour son hostilité intellectuelle, politique et culturelle, à l’égard des accusés ?

Déclarations et prises de positions

Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
« Il ne fait plus de doute que le tribunal international est politisé. Il accélère le processus judiciaire pour tenter d’influer sur le cours des événements politiques au Liban. La remise de l’acte d’accusation lundi dernier, le jour des consultations parlementaires avant qu’elles ne soient reportées d’une semaine, n’est pas une coïncidence. De même que le fait d’avoir fixé une première séance le 7 février pour examiner le cadre juridique de cet acte, n’est pas un hasard (…) Si notre candidat l’emporte, nous lui demanderons de former un gouvernement de partenariat national avec la participation de toutes les parties. Toutes les déclarations selon lesquelles le Hezbollah envisage d’instaurer un gouvernement iranien ou chiite sont une déformation, elles sont trompeuses et totalement fausses. Nous respectons le droit de chacun à la représentation. Nous ne parvenons pas à nous mettre d’accord sur une personne, sur qui devrait être le Premier ministre, mais cela ne veut en aucune manière dire que la Résistance cherche à exclure une quelconque partie au Liban. Je suis entré en contact avec le président Omar Karamé pour lui proposer d’être notre candidat. Il m’a remercié, mais il a dit qu’il était âgé, qu’il n’était pas en très bonne santé et qu’il préférait que nous trouvions un autre candidat. Mais que s’il n’y avait personne d’autre, il était prêt à assumer ses responsabilités nationales. Nous allons décider qui sera notre candidat dans les prochaines heures. »

Saad Hariri, Premier ministre sortant
« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un tournant crucial dans l’histoire du Liban. J’avais déjà annoncé il y a dix jours que la dignité de mon peuple et de mes compatriotes est plus précieuse que n’importe quel poste ou pouvoir. Il ne s’agit pas uniquement d’une position pour la consommation politique ou émotionnelle, car elle est à la base de mes convictions nationales et de l’éducation dans laquelle j’ai été élevé et qui me pousse à renouveler cet engagement devant tous les Libanais. Une goutte de sang de n’importe quel Libanais est plus précieuse pour moi que tous les postes du pouvoir. Pour moi, aucun pouvoir ne peut être plus important que mon engagement envers la coexistence entre les Libanais et mon attachement au système démocratique parlementaire comme moyen de régir les relations entre les groupes libanais.
(…) Nous n’allons pas recourir à la rue, parce que dès le début, nous avons choisi les institutions. Nous n’allons pas recourir à la politique des menaces parce que nous avons choisi de recourir à la Constitution et nous accepterons les résultats politiques de toute voie démocratique, même si ces résultats sont les fruits de pressions successives (…) Si ce qui est demandé est d’éloigner Saad Hariri de la présidence du conseil des ministres, alors aucun problème. Il y a une voie constitutionnelle, et nous nous conformerons à toute décision qui en résulte, quel que soit le climat d’intimidation qui entoure cette voie, dans la rue et hors de la rue. Nous allons participer aux consultations parlementaires et nous allons donner notre opinion conformément aux principes, tout en restant attachés à ma candidature à la présidence du Conseil des ministres
. »

Michel Aoun, principal leader chrétien de l’opposition
« Je souhaiterais que Michael Williams (représentant de Ban Ki-Moon au Liban, ndlr) transmette un message à tous les pays qu’il représente : pourquoi les grandes puissances exigent-elles le retour d’un homme, Saad Hariri, accusé de corruption et de collusion avec des faux témoins ? Je lui ai demandé : que se passe-t-il en cas de gabegie ? Il y a jugement, m’a-t-il répondu. Est-ce que les grandes puissances ramènent au poste une personne accusée, alors qu’il y a des dizaines de milliards perdus à cause d’elle et de son projet politique ? Il s’est tu et s’en est allé en souhaitant que la crise soit résorbée. Il ne faut pas que Saad Hariri revienne au pouvoir. Pas parce que nous sommes fâchés de lui ou bien des sunnites, dans les rangs desquels nous comptons de grands hommes nobles. Mais ils ne peuvent pas nous imposer une telle personne. Nous ne pouvons pas travailler dans un cadre étatique alors que l’on ne respecte ni la Constitution ni les lois. J’adresse ce message à tous les Libanais, et que personne ne me demande d’accepter un règlement en deçà du jugement de toutes les violations. Qui accepte moins que cela serait complice. Et que tout le peuple libanais sache que quiconque possède une armée capable d’imposer la division, eh bien, qu’il l’envoie ! Le Liban est trop petit pour être divisé et trop grand pour être avalé. Le Liban ne se divisera pas, qu’Israël ou les États-Unis le veuillent ou pas. Est-ce qu’ils peuvent nous ficher la paix ? Notre crime est de vouloir un pays moderne et propre, et nous voulons un gouvernement propre, qui respecte la morale et les lois ; nous voulons être forts et indépendants. »

Walid Joumblatt, leader druze
« J’annonce la bonne position politique : le Parti socialiste progressiste se tiendra aux côtés de la Syrie et de la Résistance dans la crise actuelle et œuvrera en vue de préserver la stabilité du Liban. Le tribunal international est devenu un instrument de destruction et s’écarte de la voie de la justice pour devenir le lieu de tous les marchandages. Je l’ai dit depuis le début, ce tribunal est politisé et ne recherche pas la vérité. »

Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères
Extraits d’une interview accordée le 20 janvier au quotidien libanais Al-Akhbar
« La situation est plus positive maintenant qu’avant le Sommet de Damas ayant réuni le président syrien, l’émir du Qatar et le Premier ministre turc. L’initiative syro-saoudienne est très importante. Nos efforts reposent sur elle.
(…) Le dénominateur commun au Liban doit être appuyé par un dénominateur commun entre les pays de la région. Une rencontre internationale aura alors du sens (allusion au groupe de contact proposé par la France, Ndlr). Sinon, toute rencontre internationale qui se tient sans qu’on n’ait préparé l’infrastructure nécessaire ne parviendra pas aux objectifs escomptés. C’est un processus auquel nous prendrons part avec l’Allemagne, la France, les Etats-Unis et les pays membres du Conseil de sécurité parce qu’il existe une dimension dans ce processus qui est liée aux Nations unies. Mais avant toute chose, il faut préparer le terrain au Liban
. »

Herman Von Hebel, greffier du Tribunal Spécial pour le Liban
« Les enregistrements qui ont filtré dans la presse (liés à l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri, Ndlr) ne sont pas importants et nous ne savons pas s’ils font partie des documents présentés au juge de la mise en état. Nous prouverons à tout le monde que nous sommes impartiaux et que nous travaillons conformément à des critères internationaux très élevés. Pour mettre un terme à ces fuites, le tribunal a pris des mesures internes et secrètes. Il est prématuré de parler de faux-témoins. Jusqu’à présent, nous ne savons pas quels témoins le Tribunal souhaitera entendre. Il faudra pour cela attendre le début des audiences. »

Presse

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de l’opposition, 21 janvier 2011)
Paris, Bassam Tayyara
Un expert à Paris très proche du dossier libanais signale que l’initiative française, qui tente de ressusciter l’initiative syro-saoudienne, est rejetée par les Syriens et n’intéresse pas les Etats-uniens. La réponse saoudienne se fait toujours attendre. Les Français, qui étudiaient les moyens de contenir les effets de l’acte d’accusation, sont sans doute très inquiets de ce qui pourrait se produire sur le terrain et ont été surpris par les développements qui on eu lieu ces deux dernières semaines, ajoute l’expert.
L’un des scénarios qui ont été proposés pour traiter la crise libanaise est la « lockerbisation » du dossier, affirme l’expert. Autrement dit, comme dans l’affaire Lockerby, les accusations toucheraient trois ou quatre individus sans arriver aux « têtes pensantes ». La proposition, qui a également été présentée aux parties libanaises par le président Sleiman, a été rejetée par le Hezbollah.
Un responsable sécuritaire qui a travaillé au Proche-Orient estime que le dossier libanais est sorti de son cadre libanais, et que les « trois demandes » (retrait des commissions rogatoires syriennes, délimitation des frontières, retrait des armes des camps palestiniens) sont désormais dépassées. Ceux qui continuent de discuter de ces demandes « risibles » selon lui, ne sont pas bien informés de ce qui se passe. Le responsable sécuritaire et l’expert précités s’accordent pour dire que « tous les points libanais ont été dépassés » et que l’on est désormais « dans un cadre régional large ».
Un expert français qui a travaillé pendant des années sur le dossier libanais affirme que « le TSL ne peut pas se débarrasser du Hezbollah. Seule une guerre régionale peut se venir à bout de la structure militaire du parti ». Il ne s’étonnerait pas de voir Israël entraîner Obama dans le conflit. Obama serait ainsi effectivement un « homme de guerre », pour « gagner l’estime des Etats-uniens ». Nombre de responsables US qui travaillent sur le dossier estiment en outre que le TSL peut être utilisé comme un moyen de pression contre l’Iran : soit par le démantèlement du Hezbollah, soit par la rupture de l’alliance syro-iranienne, qui est le premier pas vers la redéfinition de la carte régionale. Ainsi, les deux principaux alliés de Washington, l’Egypte et l’Arabie saoudite, retrouveraient un certain poids régional.

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 19 janvier 2011)
Le déploiement, mardi matin, organisé et non armé d’« hommes en noir » dans les zones d’influence du Hezbollah et les régions mixtes à Beyrouth, dans la banlieue Sud, et jusqu’aux abords de la Békaa, est la concrétisation sur le terrain des mises en garde politiques exprimées dernièrement, selon lesquelles la période qui suit l’acte d’accusation est différente de celle qui le précède. Toutes les déclarations faites par l’opposition ces derniers mois sur le « respect de la constitution » ont laissé place, encore une fois, à la logique de la rue.

An Nahar (16 janvier)
Paris, Samir Tuéni
En sa qualité de présidente du G8 et du G20, et après avoir obtenu un mandat états-unien pour forger une solution à la crise libanaise après la démission du gouvernement, la France essaie à présent de former un « groupe de contact » qui engloberait plusieurs pays dont les Etats-Unis, la Syrie, l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar et l’Egypte dans le but de négocier une solution à cette crise politique. Ce groupe devrait se réunir à Paris à très haut niveau pour débattre de solutions à long terme.
Le président Sarkozy avait évoqué cette idée avec le président du Conseil des ministres Saad Hariri jeudi dernier ainsi qu’avec le président syrien Bachar al-Assad lors d’une conversation téléphonique après la démission du gouvernement. En effet, la tension intérieure au Liban inquiète Paris et la communauté internationale, qui craignent un regain de violences dans ce pays.
Mais il semblerait que la formation de ce groupe fasse l’objet d’un marchandage : des responsables du Quai d’Orsay avaient prévu la publication d’un communiqué présidentiel au sujet de la formation de ce groupe et de ses objectifs, mais l’Elysée n’a toujours pas fait paraître un tel communiqué. La diplomatie française se heurte à deux obstacles dans ce dossier : l’approbation de la Syrie et la participation de l’Egypte.

Al Hayat (Quotidien saoudien, 20 janvier 2011)
Daoud al-Cheryan
L’initiative syro-saoudienne s’est basée sur l’idée que Damas et Riyad coopèreront pour prendre des mesures après la parution de l’acte d’accusation afin d’empêcher une déflagration au Liban. Le Hezbollah n’était pas au courant des détails de l’entente syro-saoudienne. Il espérait toutefois que ces efforts viseraient à intervenir avant la parution de l’acte d’accusation. Le Hezbollah n’a découvert la teneur et les objectifs de l’initiative qu’après l’annonce de la parution imminente de l’acte d’accusation. Le parti est revenu sur ses engagements. Peut-être la Syrie n’a-t-elle pas joué le rôle attendu d’elle pour convaincre le Hezbollah de tenir ses engagements, ou s’est-elle pliée à certaines pressions. Quoi qu’il en soit, l’Arabie saoudite, voyant que ces engagements n’ont pas été tenus, a décidé de se retirer. La démission des ministres de l’opposition n’a pas facilité les choses. Elle barrait la route à tous efforts potentiels. L’Arabie saoudite a alors annoncé qu’elle jetait l’éponge, parce qu’elle ne voulait pas être tenue responsable des répercussions qui découleraient ce développement dangereux. En se retirant des efforts de médiation pour le Liban, l’Arabie saoudite dit qu’elle n’est pas responsable des mesures qui pourraient être prises par le Hezbollah après la parution de l’acte d’accusation. Elle ne retire pas son soutien au Liban, mais se retire de la médiation, parce qu’elle ne veut pas que cette médiation assure une couverture politique à d’éventuels développements dangereux qui pourraient se produire dans les prochains jours.

Al Hayat (18 janvier 2011)
La décision du président Michel Sleiman de reporter les consultations parlementaires est intervenue après des démarches entreprises par l’adjoint politique du président Nabih Berry, le député Ali Hassan Khalil, auprès du Chef de l’Etat et d’autres parties. Le président Sleiman a contacté le président Saad Hariri pour l’interroger à propos d’un possible report des consultations. Ce dernier a répondu qu’il n’y était pas favorable, qu’il était prêt à se présenter au rendez-vous avec son bloc parlementaire, mais que la décision était celle du président lui-même. Selon les sources qui rapportent ces informations, c’est l’autre camp qui a réclamé le report de cette échéance, après avoir acquis la certitude que Hariri remportera la majorité des voix. Pour leur part, des sources du commandement du Hezbollah ont indiqué à Al Hayat que la décision d’ajourner les consultations a été prise pour laisser plus de temps aux contacts en cours.

L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, 21 janvier 2011)
Scarlett Haddad
Au-delà de tous les détails de la crise interne, le véritable enjeu est ailleurs : les États-Unis veulent maintenir le Liban sous leur houlette et en faire une pièce de leur tactique dans la région, en bénéficiant de l’appui d’une partie des Libanais ; la Syrie et l’Iran veulent au contraire le placer dans l’optique opposée et en faire le fer de lance de la lutte contre Israël et les projets américains, et ils bénéficient aussi de l’appui d’une partie des Libanais. Il serait bon de rappeler à cet égard que lorsque les Américains et les Syriens ont conclu un accord tacite, le Liban a connu une longue période de calme qui s’est un peu traduite par l’équation suivante « le mélange de Hanoi et de Hong Kong » que l’ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri concrétisait à merveille. Certains disent d’ailleurs que c’est pour cela qu’il aurait été assassiné, la coexistence entre les deux projets n’étant plus de mise, puisque l’heure de la confrontation était arrivée. Pour le camp américain et avec lui occidental, il était temps d’en finir avec le Hezbollah devenu trop puissant et menaçant désormais l’équilibre de la région, et forcément les intérêts occidentaux. Pour le camp adverse, il s’agissait au contraire de préserver à tout prix le Hezbollah devenu une carte stratégique dans la lutte contre Israël mais aussi dans le bras de fer avec les Américains.
Aux yeux de l’opposition, le tableau est clair. Il ne s’agit plus d’une question de Tribunal spécial pour le Liban, ni de faire la vérité sur un crime odieux, mais bien d’une nouvelle étape du complot ourdi contre le concept de résistance contre Israël et contre la volonté américaine, par crainte que le virus ne s’étende à d’autres peuples et à d’autres pays. Pour conforter sa thèse, l’opposition avance tous les éléments et les indices rationnels et authentiques qu’elle a présentés pour discréditer le TSL et démontrer la politisation de l’acte d’accusation en voie de publication. Il y a eu ainsi les indices concrets et reconnus par les autorités israéliennes sur leur surveillance de Rafic Hariri, sur leur présence sur les lieux le jour de l’assassinat et sur leur capacité technologique à mener de tels assassinats. Il y a eu aussi les révélations sur le comportement des enquêteurs, le dossier des faux témoins et les derniers enregistrements diffusés par la chaîne NTV. L’opposition est arrivée à la conclusion que même si elle donnait la preuve irréfutable de la culpabilité de telle ou telle autre partie, le TSL n’en tiendrait pas compte, parce que le complot est en marche et nul ne doit l’arrêter.

As-Sharq al-Awsat (quotidien saoudien, 20 janvier 2011)
Paris, Michel Abou Najem
Malgré les assurances du Quai d’Orsay et de sources de l’Elysée au sujet de la préparation d’une réunion imminente du « groupe de contact » que la France cherche à former pour régler la crise politique libanaise, les efforts français se heurtent à un obstacle de taille : la Syrie refuse de s’associer à ce processus.
Selon des sources diplomatiques informées à Paris, les efforts français pour convaincre Damas d’adhérer au groupe de contact « n’ont pas suscité de réaction positive » en Syrie. Pour Paris, l’attitude négative de Damas s’explique par sa « volonté de ne pas brader les cartes qu’elle détient et d’éviter ce qui représente, selon la Syrie, une internationalisation » du dossier libanais à l’heure où Damas semble être la partie la plus puissante et la plus à même d’influer sur le cours des choses au Liban. Le « non » syrien démontre que l’influence de Paris sur Damas reste « très limitée », selon les mêmes sources : les relations naissantes entre les deux capitales « ne suffisent pas » à amener la Syrie à tenir compte des desiderata de la France et de l’approche française du dossier libanais. L’« absence », dans le communiqué de l’Elysée, de toute référence à l’Egypte comme membre du groupe de contact, aura été sans aucun effet sur la Syrie, bien que cette « absence » ait été considérée comme un « présent » français à Damas pour l’inciter à accepter l’initiative française.
Les sources précitées émettent en tout cas des doutes au sujet de la formation de ce groupe si la Syrie n’y participe pas, cette dernière étant « la seule » partie capable d’influer, sinon de mettre la pression, sur l’opposition libanaise… De ce fait, toute « initiative » du groupe de contact, s’il voit le jour, « sera sans aucune utilité si la Syrie ne l’accepte pas ».

As-Sharq al-Awsat (17 janvier 2011)
Le Liban est entré dans l’inconnu. Les questions se multiplient à mesure que les réponses s’amenuisent. Parmi les nombreuses questions : les développements actuels au Liban ressemblent-ils à ceux de la phase qui a précédé le conflit sur la prorogation du mandat du président Emile Lahoud ? Ce bras de fer a abouti à la rédaction, par le Conseil de sécurité des Nations unies, de la résolution 1559. La suite fait aujourd’hui partie des livres d’histoire : quelques semaines plus tard, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri a été assassiné. Ou le Liban est-il plutôt entré dans une phase qui ressemble à celle qui a précédé un autre bras de fer, celui qui a notamment conduit au sit-in de l’opposition au centre-ville de Beyrouth ? Conclusion de cette phase-là, les actions militaires du 7 mai 2008, destinées à modifier l’équilibre politique du pouvoir post-assassinat de l’après-Hariri ? La chaîne des événements, après la chute du gouvernement du Premier ministre Saad Hariri, signe-t-elle la fin des médiations régionales et internationales sur le Liban ? Le petit pays va-t-il devoir faire face tout seul aux vagues de la crise, à l’abandon des efforts arabes et internationaux, tel que celui qui avait conduit à l’éruption de la guerre civile en 1975 ? On s’en souvient, elle avait été suivie par des guerres israéliennes, des guerres intestines, des invasions, des zones d’occupation, et surtout, par la redistribution des institutions de l’Etat par la force.

The Washington Post (Quotidien états-unien, 17 janvier 2011)
Même si le Hezbollah parvient à attirer suffisamment de députés du bloc de Walid Joumblatt afin d’assurer une majorité, l’annulation du TSL resterait hors de portée, compte tenu de sa nature et du soutien unanime des forces internationales et arabes. L’idée d’une réadaptation de la sacro-sainte formule officielle libanaise propice à un éventuel amendement du TSL ne pourra que conduire à l’irruption d’une confrontation communautaire, voire d’une guerre civile entre sunnites et chiites, un conflit, si jamais il devait éclater, qui ne sera pas facile à surmonter. En outre, le Hezbollah n’aura pas la capacité de gérer un tel conflit, à la lumière de l’équilibre actuel du pouvoir interne. Il faudrait alors, comme l’ont menacé certains intégristes du parti, recourir à la dangereuse option militaire, ce qui entraînerait nécessairement une puissante restructuration du pouvoir au Liban, et un accaparement de toutes les institutions du pays, afin de se protéger d’une éventuelle victoire démocratique du 14-Mars au moment des prochaines élections législatives. Le Hezbollah n’a-t-il pas déclaré qu’il avait été forcé d’utiliser ses armes le 7 mai pour des raisons tenant de la légitime défense ? Rappelons que cette escalade a conduit à l’accord de Doha, qui l’avait privé du droit d’entraver le gouvernement -un droit qu’il a exercé, comme on l’a vu, dans le but de faire tomber le TSL.

Le Figaro (Quotidien français, 17 janvier 2011)
Malgré les lacunes de l’enquête, une image fidèle du crime se dessine. Teinté d’un habillage jihadiste, il s’appuie vraisemblablement sur un État —la Syrie ? L’Iran ?— qui instrumente un acteur local, le Hezbollah. Deux complicités —une salafiste sunnite, l’autre chiite— théoriquement ennemies. Et entre elles, de solides coupe-feu qui empêchent de remonter jusqu’aux commanditaires. Pour tuer Hariri, ceux-ci ont utilisé tous leurs amis au Liban, selon un enquêteur : « La Garde présidentielle pour le nettoyage de la scène de crime, les renseignements militaires pour les écoutes, et un groupe au sein du Hezbollah pour l’opérationnel. Chacun avait une part du travail, sans se connaître, voire sans connaître quelle allait être la cible ». Un crime presque parfait, comme le reconnaît l’ancien ambassadeur iranien à Beyrouth. « Même si, par magie, le kamikaze revenait en vie, il ne saurait même pas qui l’a envoyé se faire exploser contre la voiture de Rafic Hariri. »

The Jerusalem Post (Quotidien israélien, 17 janvier 2011)
Jonathan Spyer
Le Hezbollah et ses bailleurs de fonds ont peu à gagner d’une crise ouverte du pouvoir au Liban. La Turquie et le Qatar sont parmi les Etats de la région impliqués dans les efforts de médiation. Et les contacts saoudo-syrien ne sont pas terminés. Il faut garder en tête deux points importants. Dans cette crise, il n’est pas question des capacités militaires du Hezbollah, mais de sa légitimité politique, de son patriotisme, de son arabité et de sa primauté à résister à l’ennemi. Accusé du meurtre de Hariri, il sera vu comme une force étrangère, non-arabe de qui il faudra se méfier. Dans le même temps, ce qui est en jeu, c’est la domination du Hezbollah au Liban. Quelle que soit l’issue de la crise, le Hezbollah demeura la force la plus puissante du pays. À cette force matérielle, Saad Hariri met en avant sa force « sentimentale » au service de la vérité sur l’assassinat de son père

La tendance dans le monde arabe

La révolte ne s’essouffle pas en Tunisie

Les développements en Tunisie montrent que la volonté de changement est bien ancrée chez le peuple tunisien qui continue de manifester et refuse de baisser le plafond des revendications politiques du soulèvement qui a renversé l’ancien président Zein al-Abidine Ben Ali.

La profondeur de la crise sociale a accumulé une grande colère populaire et fait naitre un esprit révolutionnaire difficile de réfréner. La chute du régime a révélé une réalité différente de celle qui était véhiculée par l’ancien régime. D’un côté, une petite élite parasitaire entourant le noyau du régime, immensément riche, vivant dans l’opulence, et de l’autre une écrasante majorité de la population vivant dans l’indigence, sans perspectives d’avenir. Le mouvement populaire, bien que spontané, est très radicalisé. Il n’acceptera pas moins que l’abolition des politiques dictées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) qui appauvrissent les plus démunis et enrichissement les plus riches. Cette dimension sociale dans les revendications populaire s’explique par le fait que les syndicats de travailleurs constituent le fer de lance du mouvement.

La pression de la rue a permis d’obtenir des concessions de la classe dirigeante qui est restée pratiquement la même depuis l’époque de Bourguiba, se contentant de changer de chemise sous Ben Ali. Ces dirigeants, notamment le président par intérim et le Premier ministre, ont ainsi été contraints de démissionner de l’ancien Parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique constitutionnel (RDC). La poursuite des manifestants illustre le refus de la formule gouvernementale présentée par Ghannouchi, surtout que les forces et partis populaires ont été représentés par trois ministres seulement. Toutes les tentatives visant à mettre un terme aux manifestations ont échoué, d’autant que les protestataires ont créés des comités de défense civile, qui constituent leur outil de gouvernement local depuis le début du soulèvement.

Il semble que d’ici aux élections, l’instabilité va se poursuivre et les formules gouvernementales vont se succéder. La contre-révolution, à travers le chaos, le désordre et l’insécurité répandus par des gangs armés, a échoué. De même que l’option du coup d’Etat s’éloigne de plus en plus, les chefs de l’armée étant contraints de céder aux revendications populaires, surtout qu’un groupe de généraux semble soutenir de véritables réformes du système politique tunisien. Cependant, il ne faut exclure aucune possibilité. L’option d’un coup d’état fomenté par un groupe d’officiers soutenus par la France et les Etats-Unis reste possible, si les tentatives de former un pouvoir de transition s’enlisent.

Evénements

Moyen-Orient

• Des documents révélés par la chaine qatarie Al-Jazira montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts à faire des concessions considérables aux Israéliens sur de nombreux points, dont la question des colonies construites dans et autour de Jérusalem. « C’est la plus importante fuite de documents dans l’histoire du conflit israélo-palestinien », proclame Al-Jazira. La chaine d’information a publié dimanche, avec le quotidien britannique le Guardian, 1 700 documents confidentiels » relatifs aux négociations de paix israélo-palestiniennes. Ces mémos et compte-rendus de rencontres couvrent 12 ans de discussions, de 1999 à 2010. Ils révèlent « les vrais détails tenus secrets sur les négociations entre l’Autorité palestinienne et Israël pendant la décennie écoulée », affirme Al-Jazira. La chaîne refuse de révéler ses sources et d’expliquer comment elle a obtenu ces documents mais assure qu’ils sont authentiques. Elle les mettra sur son site sur plusieurs jours. Les documents portent sur des « réunions de coordination sécuritaire » entre Israël et les Palestiniens et les propositions faites par l’Autorité palestinienne dans le cadre des négociations « sur Jérusalem et le sort des réfugiés ». Ils montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts à faire des concessions considérables alors qu’officiellement, ils affichaient la plus grande fermeté.
En 2008 par exemple, l’ancien négociateur en chef palestinien Ahmad Qoreï aurait assuré aux Israéliens qu’ils pouvaient garder « toutes les colonies construites dans et autour de Jérusalem depuis 1967, à l’exception d’Abou Ghneim ». « C’est la première fois dans l’histoire que nous faisons une telle proposition », déclare Koreï dans ce compte rendu. Il rappelle que les Palestiniens avaient refusé cette concession lors des négociations conduites par le président palestinien Yasser Arafat en 2000.
Les négociateurs palestiniens auraient aussi été prêts à renoncer « au quartier juif et à une partie du quartier arménien » de la Vieille ville de Jérusalem. Dans une conversation avec l’ancienne ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni, l’actuel négociateur palestinien en chef Saëb Erakat affirme même « ce n’est pas un secret que nous vous avons proposé la plus grande Yourshalayem (le nom de Jérusalem en hébreu) de l’Histoire ». Saëb Erakat aurait également fait des sacrifices sans précédent sur l’esplanade des Mosquées dans la Vielle ville de Jérusalem. Il aurait avancé « une solution innovante », un comité multipartite, pour gérer ce lieu saint après un éventuel accord de paix.
A propos des réfugiés palestiniens, près de cinq millions avec leurs descendants et dont le sort est l’une des principales pierres d’achoppement dans les négociations, Saëb Erakat se dit prêt à « accepter le retour de 10 000 d’entre eux par an sur 10 ans, soit un total de 100 000 ».
Un des documents indique que le président palestinien Mahmoud Abbas avait été informé par un haut responsable israélien du ministère de la Défense, Amos Gilad, « de l’intention d’Israël de lancer une offensive à Gaza » fin 2008. Le négociateur Ahmad Qoreï est également cité dans en train de demander à Tzipi Livni en 2008 « de renforcer le blocus israélien imposé à Gaza », contrôlé par le mouvement rival Hamas.

• Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a rejeté le rapport de la commission d’enquête israélienne, publié dimanche 23 janvier et qui blanchit Israël dans le raid meurtrier sur un navire humanitaire turc, en mai au large de Gaza. ’Quelle valeur peut avoir un rapport préparé et commandé dans le même pays ? s’est interrogé M. Erdogan face à des journalistes à Ankara. Ce rapport n’a aucune crédibilité.
Le rapport de la commission israélienne sur le raid meurtrier du 31 mai 2010 dans les eaux internationales contre un convoi pro-palestinien au cours duquel neuf ressortissants turcs avaient été tués conclut que le blocus maritime du territoire palestinien et l’assaut du commando israélien étaient « conformes au droit international ».
La commission établie par la Turquie en réponse à cette commission d’enquête israélienne a elle aussi dénoncé le rapport israélien, se déclarant « stupéfaite et consternée » de ses conclusions qui disculpent l’armée israélienne, rapporte l’agence de presse Anatolie. « L’attaque menée par Israël en violation du droit, en temps de paix comme en temps de guerre, est aussi en contradiction avec tous les principes, règles et normes internationales », a affirmé la commission, qui s’est réunie à Ankara.
Le rapport de la commission turque accuse Israël d’un recours « excessif et disproportionné » à la force. Selon les conclusions préliminaires de ce rapport, « la force utilisée pour intercepter le Mavi Marmara franchit les limites de ce qui est approprié et nécessaire. L’usage de la force ne peut être qu’un dernier recours. »

• La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie a été bousculée par des Palestiniens qui lui ont lancé des œufs et l’ont manquée de peu avec une chaussure vendredi 21. C’était la première visite d’un chef de la diplomatie française dans la Bande de Gaza depuis 2005. Les incidents se sont soldés par une légère blessure à la tête de l’un des membres de la délégation française, Valérie Hoffenberg, représentante de la France pour le processus de paix au Proche-Orient. Les manifestants croyaient que Mme Alliot-Marie avait qualifié de « crime de guerre » l’enlèvement en juin 2006 du soldat franco-israélien Gilad Schalit, détenu depuis par le Hamas dans la Bande de Gaza. C’est en réalité le père du militaire, Noam Schalit, qui a tenu ces propos la veille après avoir rencontré la ministre à Jérusalem. Réagissant à ces propos mal attribués, un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zuhri, a reproché à la cheffe de la diplomatie d’être « totalement partiale au profit d’Israël » et d’ignorer les milliers de Palestiniens détenus en Israël. « Ce sont eux les vrais prisonniers de guerre », a-t-il lancé. Un peu plus tard, des dizaines de Palestiniens parents de détenus en Israël attendaient Mme Alliot-Marie au point de passage d’Erez entre Israël et la Bande de Gaza. Certains se sont allongés sur la route et d’autres ont sauté sur sa voiture, tandis que des œufs ont volé. La ministre a évité une chaussure au moment où elle montait dans une jeep, sous une importante protection. La police du Hamas au pouvoir dans le territoire a finalement dispersé les manifestants mais d’autres se sont réunis devant un bureau des Nations unies à Gaza, première arrêt de la ministre française, avant de la suivre à l’hôpital Al-Qods, récemment réhabilité avec des fonds français.

 

Source New Orient News (Liban)

 

 

http://www.voltairenet.org/article168227.html

 

Par ailleurs, le bruit court qu'Obama pourrait être assassiné par des agents du Mossad. Les va-t-en guerre vont-ils l'emporter ? (eva)

 

 

 

 

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 08:42
Blair : « l’Occident doit se préparer à affronter l’Iran par la force » - © Juif.org
L’ancien premier ministre britannique Tony Blair a exhorté l’Occident à se préparer à affronter l’Iran avec force pour faire face à la « menace et les défis à venir » venant de Téhéran, selon l’agence de presse française AFP.
 
« L’Iran doit être confronté et changé. L’Iran est un défi qui s’annonce. Il est négatif et déstabilisent. Il soutien les terroristes, » a déclaré Blair vendredi à la commission d’enquête Chilcot, la commission britannique d’enquête sur la guerre en Irak.
 
« Je vous dis ceci avec toute la passion que je peux, à un certain point, l’Occident devra sortir de ce qui est a mon sens une politique misérable d’excuse pour croire que nous causons ce que font les iraniens, ou ce que font ces extrémistes, » a déclaré Blair, qui sert aussi d’envoyé spécial de la Quartet au Proche Orient.
 
« Nous devons sortir notre tête du sable. Ils sont fondamentalement en désaccord avec notre mode de vie et ils continueront à moins que nous les confrontions avec détermination et, le cas échéant, avec la force. »
 
Blair a ajouté qu’il pouvait voir « partout l’impact et l’influence de l’Iran. »
 
http://www.juif.org/defense-israel/144493,blair-l-occident-doit-se-preparer-a-affronter-l-iran-par-la-force.php
 
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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 09:02

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/sante/2008/11/18/001-syndrome-golfe-confirmation.shtml

irak-tempetedudesert

 

 

 

Le 17 janvier 1991, les troupes des forces multinationales ont lancé l’opération Tempête du désert afin de libérer l’émirat du Koweït occupé par l’Irak. La guerre du Golfe est l’un des principaux événements des vingt dernières années, mais elle a surtout laissé une trace importante dans le domaine militaire en devenant le premier conflit portant un "nouveau visage". En un mois et demi d’opérations militaires actives, les Etats-Unis et leurs alliés ont montré au monde une approche foncièrement nouvelle de la guerre, basée sur un système flexible de commandement, la supériorité matérielle, le matériel militaire de dernière génération et des schémas tactiques et opérationnels novateurs. Ajoutée à cela une vaste campagne d’information amplifiant et renforçant l’effet escompté.
Historique du conflit

Le 25 juillet 1990 s’est tenue une rencontre entre Saddam Hussein et l’ambassadrice des Etats-Unis April Glaspie. Le problème de Koweït y a été également abordé. Cette rencontre est interprétée différemment par les historiens. Certains affirment que de facto les Etats-Unis ont délibérément provoqué l’Irak en autorisant l’ambassadrice à annoncer leur non-ingérence dans la situation. Mme Glaspie a déclaré que les Etats-Unis n’avait pas d’opinion précise au sujet du conflit entre le Koweït et l’Irak et qu’il "ne concernait pas les Etats-Unis". D’autres estiment que Saddam Hussein a mal interprété cette déclaration de la diplomate américaine, en voyant dans ses propos le feu vert des USA.
Le 31 juillet 1990, l’Irak a interrompu les négociations à Djeddah, et le 2 août, parallèlement à l’annonce de la "révolution" au Koweït, l’armée iraquienne forte de 120.000 soldats a franchi la frontière. La capitale du Koweït a été envahie. L’émir a réussi à fuir en Arabie Saoudite.
Le même jour, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à l’unanimité la résolution numéro 660, obligeant l’Irak à retirer immédiatement ses troupes du Koweït. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont immédiatement annoncé des sanctions contre Bagdad. L’URSS et la Chine ont rapidement souscrit à ces sanctions. C'est la première fois depuis 1945 que les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies étaient aussi unanimes.
Le 7 août, les Etats-Unis ont lancé l'opération Bouclier du désert: les premières unités de l’US Air Force et de l’Armée américaine sont arrivées en Arabie Saoudite. Au cours des premiers mois tout semblait relativement habituel. Grâce à leur supériorité incontestable en termes de logistique, les Américains et leurs alliés projetaient de plus en plus de troupes, d’armes et de matériel avec tous les moyens logistiques et les pièces de rechange nécessaires sur le théâtre des opérations.
A ce moment, personne ne pouvait prédire la tournure que prendraient les opérations militaires. Même les analystes occidentaux supposaient que les pertes totales de la coalition (tués, blessés, malades, disparus) pourraient s’élever à quelques dizaines de milliers de soldats. On prédisait également des pertes importantes en matériel.

Il convient de noter que le Vietnam où, sur une période de pratiquement 10 ans, l’ampleur des pertes a été bien supérieure, fut la dernière grande guerre des Etats-Unis avant l’Irak.

L’heure de la tempête
Avant tout, personne ne pouvait s’imaginer la forme que revêtiraient les opérations militaires. L’Occident ne s’apprêtait pas à mener une guerre traditionnelle. En étudiant aussi bien leur propre expérience au Vietnam et d’autres conflits, que celle des autres, les Etats-Unis ont misé sur leur supériorité aérienne. Elle devait priver l’Irak de sa capacité de poursuivre la guerre.

Les combats terrestres à grande échelle ne faisaient pas partie des plans de la coalition, mais ils étaient envisagés. Les Etats-Unis et leurs alliés ont concentré aux frontières de l'Irak des groupements impressionnants. Les forces de la coalition comptaient près de 600.000 soldats, plus de 4.000 chars, plus de 3.700 pièces d’artillerie et de mortiers, près de 2.000 avions et plus de 100 navires, dont six porte-avions polyvalents et deux navires de guerre dotés de missiles de croisière Tomahawk. Les Américains représentaient près de 80% de ces forces. Elles étaient dotées des derniers systèmes de combat.
L’Irak dépassait légèrement la coalition par le nombre de soldats, de chars et de pièces d’artillerie (plus de 700.000 soldats, près de 5.000 chars, plus de 8.000 pièces d’artillerie et de mortiers), mais lui cédait largement en termes d’avions de combats (près de 700) et de navires (près de 10).

L’Irak était encore plus faible en ce qui concerne les moyens de communication et de commandement, et, surtout, en matière de doctrine militaire. L’Irak s’est avéré impuissant face à l’offensive aérienne frappant ses sites vitaux et a été incapable d’y opposer quelque moyen que ce soit.

La guerre dans les airs

Un rôle particulier dans l’offensive aérienne, qui a marqué le début de l’opération Tempête du désert le 17 janvier 1991, a été joué par le dernier chasseur américain furtif F-117A. L’armée de l’air américaine ne pouvait pas garantir l’anéantissement total de la défense antiaérienne d’Irak, et le commandement américain craignait d’importantes pertes. Au cours des premières 24 heures, les avions F-117 n’ont représenté que 5% des vols au total, mais ont détruit le tiers de tous les sites stratégiques sans subir aucune perte.

Les Etats-Unis utilisaient également des avions de lutte radioélectronique destinés à brouiller les signaux, et les appareils Wild Weasel, les chasseurs F-4 et F-16 spécialement équipés et préparés pour détruire les systèmes de défense antiaérienne à l’aide de bombes et de missiles guidés. De plus, ils recouraient activement à l’utilisation des avions de détection radar à longue portée, des pétroliers volants et d’un groupe satellitaire de grande envergure. Avec un tel soutien, les chasseurs tactiques et les bombardiers de l’USAF et de l'US Navy ainsi que de leurs alliés pouvaient effectuer des centaines de vols opérationnels par jour avec des résultats remarquables.

Les pertes de l’armée de l’air de la coalition se sont avérées insignifiantes. Au total, 41 avions, dont 28 abattus par l’ennemi. Ces pertes, qui ont constitué une part insignifiante du nombre global des vols (à peine plus d’un dixième de pour cent des 35.000 vols effectués), ont conduit à l’apparition d’un grand nombre de spéculations sur les raisons de "l’échec" de la défense antiaérienne de l’Irak. Dont les plus exotiques: les forces de la coalition ont mystérieusement réussi à "s’introduire" dans le système de gestion de la défense antiaérienne et à le "débrancher".

Il existe également une version concernant l’incapacité totale des systèmes soviétiques de défense antiaérienne que possédait l’Irak face aux appareils occidentaux modernes. Mais c’est l’affrontement des forces armées de différentes générations ayant des niveaux de préparation et de matériel complètement différents qui a été la véritable cause.

L’Irak n’était pas préparé à mener le combat sous la forme proposée. Même s’il avait été armé de systèmes américains de défense antiaérienne, et ses avions avaient été exclusivement de production occidentale, l’issue de la guerre aurait été similaire.

La campagne terrestre, au cours de laquelle les troupes iraquiennes ont été repoussées du Koweït n’a duré que cinq jours, du 24 au 28 février. Les troupes du général Schwarzkopf, commandant les forces internationales, ont porté la frappe principale le long de la frontière saoudo-iraquienne, en encerclant les troupes iraquiennes au Koweït. Dans la matinée du 28 février, Saddam Hussein a annoncé un cessez-le-feu et déclaré que l’Irak acceptait toutes les conditions de l’ONU. Le 3 mars 1991, le cessez-le-feu a été signé sur la base aérienne occupée de Safwan, en Irak. Les pertes totales de la coalition étaient insignifiantes, moins de 300 victimes. Les pertes iraquiennes ont dépassé 20.000 morts. Les pertes civiles font l’objet de débats. Certaines sources parlent de 100, voire 200.000 morts, mais le chiffre officiel avancé par les autorités iraquiennes fait état d’à peine plus de 2.300 morts au cours des attaques aériennes.

L'effet psychologique


Les résultats de la guerre du Golfe ont été activement utilisés dans la guerre informationnelle contre l’URSS. Pendant cette dernière, on établissait activement des parallèles, très évidents, entre les armées soviétique et iraquienne, du fait que l’Irak était principalement équipé de matériel soviétique et que la plupart des officiers avaient effectué des stages de formation en URSS. En effet, les chefs militaires soviétiques étaient aussi choqués que les simples civils par les résultats de la guerre du Golfe. L’image télévisuelle impressionnante, l’un des principaux facteurs qui a consolidé la victoire des Etats-Unis, renforçait l’effet. Mais la propagande active des défauts, prétendument "insolubles" du matériel soviétique, "incapable" de faire face au "matériel moderne de l’Occident", était loin de la réalité.

Personne n’a pensé que la véritable raison de la défaite de l’Irak n’était pas du tout due au matériel. Le retard en termes de performances, réelles ou imaginaires, n’était qu’un maillon de la longue chaîne des causes techniques, psychologiques politico-économique et organisationnelles.

Le choc éprouvé a notamment conduit à la croissance de la popularité de la théorie des "guerres de nouvelle génération", dans lesquelles le "matériel obsolète du passé" serait inutilisable. Les racines de ces convictions résident également dans l’exagération des facteurs techniques de la victoire des Etats-Unis et de leurs alliés par rapport aux facteurs organisationnels.

C’est précisément l’organisation, le système moderne de commandement et sa flexibilité qui constituent la clé de la victoire dans les conflits contemporains courts. L’armement y joue un rôle crucial mais les caractéristiques techniques et la puissance de feu reculent au second plan par rapport à la capacité à régler les problèmes plus vite que l’ennemi et de disposer d'un tableau d’ensemble plus rapidement que l’ennemi.

Les lasers, les canons électriques, les frappes suborbitales et les "milliers de missiles de croisière", dont rêvent les "adeptes de science-fiction militaire", n’ont pas encore leur place dans cette guerre. Mais le rythme des actions militaires, leur essence et les cibles stratégiques ont considérablement changé. Ceci a été la principale leçon de la guerre du Golfe.

L’Irak pouvait-il gagner?

A première vue, cette question relève de la spéculation pure et n’a pas de réponse unanime. Plusieurs spécialistes, dont des anciens militaires soviétiques, estiment qu’avec une grande volonté et l’exploitation correcte des ressources, l’Irak pouvait remporter la victoire. Il pouvait porter une frappe préventive contre les forces de la coalition en automne 1990. En laissant de côté les raisons politiques qui excluaient presque une telle évolution des événements pour Saddam Hussein qui n’aspirait pas du tout à une guerre de grande envergure avec tous les voisins, penchons-nous sur l’aspect militaire.

En effet, théoriquement, l’Irak possédait un nombre suffisant de personnel et de matériel militaire moderne. Leur utilisation adéquate aurait permis de détruire les aérodromes, où les avions en déploiement n’étaient pas encore prêts aux combats, de détruire des dépôts immenses de matériel et de munitions déchargés des navires, etc.

Mais pour envisager une telle frappe il faut que plusieurs conditions soient réunies: du niveau différent de préparation du commandement iraquien au paradigme tout aussi différent des actions des forces de l'Irak. Elles auraient eu besoin d’esprit d’équipe, de rapidité de réaction, de souplesse et d’interaction, à l’instar des troupes américaines et de leurs alliés. L’armée de Saddam Hussein n’a fait preuve d’aucune de ces qualités et, par conséquent, toutes les théories concernant la possibilité de la victoire de l’Irak au moyen d'une frappe préventive demeurent sans fondement.



Ce texte n’engage pas la responsabilité de RIA Novosti


Mardi 18 Janvier 2011


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http://www.alterinfo.net/Tempete-du-desert-prologue-des-guerres-du-futur_a53993.html

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 21:55

Le président chinois Hu Jintao rend visite à son homologue américain Barak Obama à Washington cette semaine, cette rencontre protocolaire sera l’occasion de pourparlers vigoureux qui attesteront de la confrontation titanesque à laquelle se livre le nouvel impérialisme chinois et l’empire américain déclinant. Où en est cette confrontation ? Quel avenir pour les peuples du monde ? Comment comprendre la crise économique à travers ce confrontation de géant ?

.

 

1. La crise économique

L’empire américain s’affaiblit. Ce constat que les maîtres de l’empire rejettent, le peuple américain l’appréhende. Un sondage d’opinion d’août 2010 a mis en évidence que 65% des Américains pensaient que leur pays était désormais « en état de déclin » (1). Il est malheureusement exclu que l’empire s’effondre de lui-même, tout doucement, sous le poids de ses dettes et de ses contradictions internes. L’empire ottoman a été démembré après sa défaite au cours de la Grande guerre. Le IIIe Reich allemand a été écrasé après avoir mis l’Europe à feu et à sang. L’Empire britannique a connu son dernier sursaut suite à sa mise en échec en Inde et devant le Canal de Suez. L’empire français a saccagé l’Indochine et l’Algérie avant de déclarer forfait. L’empire américain s’accroche, s’arme et résiste à sa mise au rancart. C’est de la bête blessée dont il faut se méfier davantage (*).

1.1 La stratégie américaine

Les partenaires commerciaux des États-Unis se sont fait flouer par le dollar. La spéculation sur les marchés monétaires internationaux, la gestion frauduleuse de valeurs boursières fumeuses (dont on verra la mécanique dans le chapitre sur les produits dérivés), le surendettement des divers paliers de gouvernement fédéral, états et municipalités – le déficit budgétaire fédéral devrait être de 1 580 milliards en 2010 – a entraîné la dévaluation du dollar et donc la dépréciation des immenses réserves de tous les pays créditeurs des États-Unis, notamment la Chine.

En décembre 2010, la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé un deuxième cycle d’assouplissement quantitatif (« quantitative easing ») – l’impression de mille milliards de dollars américains – une démarche agressive et unilatérale, largement perçue par les rivaux économiques des États-Unis comme un acte d'hostilité. Cette dévaluation de fait du dollar a pénalisé tous les détenteurs de devises américaines (notamment tous les pays producteurs de pétrole qui effectuent leurs transactions en dollars).

Les pays concurrents des États-Unis cherchent à défendre leurs industries d’exportation en intervenant pour bloquer l’augmentation de leur taux de change et contenir les investissements spéculatifs qui font monter leur monnaie en provoquant une surchauffe de leur économie (2). En effet, quand une monnaie comme le dollar se dévalue, les investisseurs convertissent leurs avoirs en monnaies fortes, plus rentables et plus sécuritaires. Ainsi, le Brésil a dû faire face à un afflux de capitaux qui a poussé le gouvernement à en taxer l’entrée pour éviter une flambée du real, sans grand succès d’ailleurs. Malgré des taux d’intérêt proches de zéro, le Japon voit sa monnaie monter en flèche, bien qu’il ait dépensé 24 milliards de dollars, au cours du mois de septembre 2010, afin de tenter de maintenir la valeur du dollar et d’arrêter la montée du yen.

Selon les statistiques officielles, les banques centrales de Corée du Sud, Malaisie, Indonésie, Thaïlande et Taiwan ont racheté près de 30 milliards de dollars en moins d’un mois (entre le 27 septembre et le 11 octobre 2010), afin de soutenir la devise américaine et éviter ainsi la dépréciation de leurs réserves en dollars et une montée de leurs propres monnaies.

En effet, la réévaluation de leur monnaie entraîne par voie de conséquence une hausse des prix des produits exportés, et tous ces pays sont essentiellement tournés vers les marchés étrangers (3). Ce n’est pas tant la concurrence des manufacturiers américains ou européens qui les inquiète que celle de la Chine qui, à son tour, manipule les taux de change de sa monnaie pour la maintenir à un bas niveau et se protéger de ses concurrents.

1.2 Paradis fiscaux et produits dérivés

Les capitalistes modernes, maîtres d’une économie qu’on pourrait penser dématérialisée, sont ainsi emprisonnés dans une spirale de crises économiques à répétition n’offrant aucune solution, d’autant plus que la moitié des flux financiers internationaux sont invisibles, non taxables, non imposables, non contrôlables. Ils transitent via des paradis fiscaux (Bermudes, Caïmans, Barbade, Seychelles, Monaco, Macao, etc.). Ce stratagème permet à ces capitalistes financiers de se soustraire aux taxes, aux impôts et aux autres redevances fiscales de leur pays respectif. On comprend maintenant pourquoi chacun d’entre nous doit payer plus de taxes et d’impôts à la place de tous ceux-là qui n’en payent pas.

Ces derniers bénéficient de surcroît d’un « congé » législatif et juridique. En effet, à partir de ces paradis, tout leur est permis, y compris de blanchir l’argent sale et de le mêler aux capitaux licites dérobés au fisc et aux appareils juridiques. Cette situation provoque des contradictions au sein du camp “capitaliste” : ceux qui se soumettent aux règles fiscales et judiciaires acceptent mal la concurrence déloyale de ceux qui s’y soustraient dans ces États de complaisance.

Il faut savoir qu’une grande part de ces flux financiers concernent des produits dérivés constitués de CDS (Credit Default Swap), des dettes (créances), souvent non solvables, que des assureurs obligataires garantissent et transforment en titres financiers selon le principe d’une pyramide de Ponzi (**). En effet, des dettes, souvent non solvables, deviennent ainsi du crédit, de l’argent fantôme ! Ces produits financiers dérivés totalisaient 690 000 milliards de dollars au début de l’année 2008 et 444 000 milliards de dollars en 2009. Cette diminution a reflété le retrait de nombreuses banques européennes et asiatiques qui entendent se dégager peu à peu de ces produits spéculatifs sulfureux ; alors que les banques américaines, dont quatre des plus grandes (JP Morgan, Bank of America, Citibank et Goldman Sachs), continuent à spéculer sur cette monnaie virtuelle, engrangeant 211 850 milliards de dollars de ces actifs de « Monopoly », soit presque 3,7 fois le PIB (Produit intérieur brut) de tous les pays de la planète (4).

Force est de constater que le rôle du dollar comme monnaie de réserve pour les échanges internationaux tire à sa fin. À telle enseigne que récemment la Chine et la Russie se sont mises d’accord pour utiliser leur monnaie respective au lieu du dollar dans leurs transactions commerciales bilatérales. Auparavant la Chine avait conclu le même accord avec le Brésil. Dès que les pays de l’OPEP cesseront d’utiliser le dollar pour le commerce du pétrole, c’en sera fini de l’hégémonie du dollar (5). Retenons bien cette observation, car elle nous permettra de mieux comprendre la politique américaine vis-à-vis de l’Iran.

Tous ces pays tentent d’échapper au carcan du dollar. En effet ils se font escroquer deux fois par les Américains : en dévaluant son dollar d’une part, le gouvernement étatsunien déprécie les réserves de dollars de ses concurrents, devise qu’il leur a pourtant imposée lors des accords de Bretton Woods (6) ; d’autre part, il déprécie également la valeur des obligations gouvernementales qu’il leur a vendues. La Chine et le Japon détiennent de très importantes réserves de « débentures » américaines libellées en dollars. Il en est de même pour les pays exportateurs de pétrole dont l’Iran. À la mi-2009, les banques centrales des pays créditeurs des É-U détenaient un montant astronomique de 4.000 milliards de dollars en bons du Trésor américain. Le Président russe Dimitri Medvedev a alors insisté sur le fait qu’il était temps de mettre fin au système unipolaire artificiellement maintenu et basé sur « une devise de réserve qui avait été forte dans le passé  » (7).

C’est cette gabegie que le président du Fonds monétaire international appelle « La guerre des monnaies ». Suite à la grande dépression des années trente, les pays impérialistes s’étaient lancés dans une telle guerre des monnaies qui a abouti à la Deuxième guerre mondiale. Nous prépare-t-on une Troisième guerre mondiale ?

1.3 La crise financière et monétaire

Comment et pourquoi cette « guerre des monnaies » ? Pour comprendre, examinons la crise de l’euro. Depuis un an l’Union européenne est ébranlée par la crise de sa monnaie. La guerre de l’euro a débuté par l’attaque concertée des agences de notation américaines Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings contre notamment la Grèce, l’Irlande et le Portugal ; l’Espagne devrait suivre incessamment.

L’abaissement des cotes de crédit de ces pays par ces agences étasuniennes les a relégués dans la catégorie des investissements spéculatifs, ce qui a augmenté considérablement le coût de leurs emprunts sur les marchés obligataires. Comme ces pays sont déjà lourdement endettés, une hausse de trois ou de quatre points du coût de leurs emprunts a fait bondir leur service de la dette déjà surchargé et a réduit considérablement les sommes disponibles pour les services de santé, d’éducation et le reste, d’où les mesures d’austérité qui leur sont imposées par l’Union européenne et par le FMI.

Cette attaque des agences de notation a été appuyée, selon le professeur Paye, par l’appareil d’État américain qui a relayé les déclarations alarmistes du conseiller économique du président Obama, Paul Volcker, lequel a suggéré une future désintégration de la zone euro. Pourtant, les États-Unis sont, toute chose étant égale par ailleurs, aussi endettés que ces pays mis au pilori par les banquiers.

Cette offensive contre l’euro visait à ramener aux États-Unis les capitaux étrangers qui avaient commencé à fuir l’ombrelle du dollar pour se réfugier sous le parapluie de l’euro. Ces capitaux étrangers sont nécessaires à la couverture du déficit de la balance financière (entrée moins sortie des argents et des valeurs des États-Unis – 398 milliards de dollars en 2009), déficit qui s’ajoute au colossal déficit de la balance commerciale (achat moins vente de marchandises et de services – 990 milliards en 2009) lequel s’ajoute à une partie du déficit budgétaire des gouvernements américains (– 1 409 milliards de dollars en 2009 pour l’État fédéral seulement) (8).

L’objectif américain pour l’ensemble de cette opération de déstabilisation de l’euro est de créer les conditions pour une intégration du marché commun européen (UE) au marché commun nord américain (ALENA) en un très vaste bloc transatlantique, d’ailleurs prévu, après un vote du Parlement européen, à l’horizon 2015.

Les États-Unis envisagent-ils le retrait de l’euro et son remplacement par le dollar pour l’ensemble de la zone transatlantique ?  La chose est possible. Il s’agirait alors de renflouer le dollar ou la « nouvelle monnaie commune » pour la maintenir en tant que devise de réserve internationale. Pour ma part je crois plutôt que la tactique américaine est d’attacher solidement l’économie nord américaine à l’économie européenne, sans toutefois se défaire de l’euro, de façon qu’une attaque contre le dollar déclenche une réaction américano-européenne sur tous les marchés. Cette option est préférable pour les banquiers américains qui ne souhaitent pas partager la gestion de leur monnaie avec Bruxelles.

L’économiste Jean-Claude Paye décrit ainsi le but de l’opération de sauvetage de l’euro : « L’enjeu fondamental, en mettant la pression sur la monnaie commune, est de faire payer la crise aux salariés et ainsi d’effectuer un gigantesque transfert de revenus des ménages vers les entreprises, principalement les institutions financières. (…) La politique budgétaire de diminution accélérée des déficits des États causée par leurs déboursés en faveur des banques et des entreprises, va se faire au détriment du pouvoir d’achat des populations européennes et ne peut se faire sans une récession économique » (9).

1.4 Le transfert

L’idée du transfert est de rejeter le coût de la crise sur le dos de la population en réduisant les dépenses des ménages et les dépenses gouvernementales affectées à la reproduction de la force de travail (école, soins de santé, médicaments, services sociaux, services municipaux, loisirs et culture) Les sommes ainsi « économisées » seront versées via le service de la dette et les subventions directes au grand capital spéculatif, aux entreprises, et surtout aux banquiers, comme l’a souligné Marc Fiorentino (10). C’est ce phénomène que l’économiste Paye appelle le transfert d’immenses sommes d’argent des ménages vers les entreprises (11). Mais cette pseudo solution ne sera pas viable à moyen terme et ses limites sont déjà perceptibles. Les mouvements sociaux qui s’annoncent, et dont la population grecque nous a donné un avant goût en décembre dernier, sont les signes précurseurs de l’irréalisme d’une telle politique.

Explicitons maintenant la mécanique de ce transfert. Le prix d’une marchandise correspond à la somme des facteurs de production auxquels s’ajoute la plus-value produite par les travailleurs et source unique de profit. Une façon de contrer la baisse tendancielle des taux de profit est de réduire les coûts du facteur de production appelé main-d’œuvre, en d’autres termes de réduire le coût de reproduction de la force de travail. C’est la raison pour laquelle on observe un parfait consensus chez les capitalistes internationaux pour inciter leurs gouvernements à réduire les dépenses en éducation, en santé, en services sociaux, en culture et en loisir et à attaquer les régimes de retraite des travailleurs (qui est en fait une attaque contre les salaires) ces fonds que les travailleurs ont mis de côté pour assurer leurs vieux jours. Si en Europe on tente de réduire la part du capital social attribué à la survie des travailleurs et des travailleuses à l’étape de la retraite, aux États-Unis les régimes de retraite des travailleurs, gérés par les capitalistes financiers à travers d’immenses trust, auxquels participent les bureaucrates syndicaux, menacent tout simplement de déclarer faillite si les travailleurs n’acceptent pas de consacrer une part plus importante de leur revenu pour soutenir les investissements spéculatifs plus qu’hasardeux et la spoliation de ces caisses de retraite en banqueroute (12). Au Québec, l’ex-ministre libéral Castonguay, devenu conseiller financier, propose de créer un fonds de retraite étatique auquel seuls les travailleurs qui n’ont pas encore de régime de retraite privé contribueraient de leurs deniers, faisant épargner toute contribution aux employeurs richissimes, la gestion de ce fonds serait remise aux banquiers et aux trusts financiers.

De par le monde, les méthodes pour pressurer les ouvriers et les ouvrières et pour réduire leur pouvoir d’achat sont multiples mais elles poursuivent toutes un but unique, réduire la part du capital social consacré à la reproduction de la force de travail. Les exigences de hausses des cotisations de retraite aussi bien que les coupures dans les régimes de retraite et l’augmentation du nombre d’années de travail requis pour obtenir une pension complète visent à maintenir ces ouvriers sur le marché du travail afin d’accroître la concurrence entre les travailleurs et ainsi réduire la pression à la hausse sur les salaires que crée la pénurie de main-d’œuvre. Les mesures de gestion des flux d’immigration – émigration complètent cette stratégie de gestion de la main-d’œuvre afin de s’assurer que le coût de la force de travail (salaires et bénéfices marginaux comprenant les retraites) et le coût de reproduction de la force de travail (éducation, santé bien-être et loisir) soient réduits à leur minimum.

Phénomène étonnant, les taux de chômages élevés pourraient laisser penser que la main-d’œuvre est en surabondance alors qu’en réalité la main-d’œuvre qualifiée est une denrée rare et donc coûteuse. Le système capitaliste n’a jamais su planifier adéquatement le développement de la main-d’œuvre parce qu’il est impossible dans ce système anarchique de développement économique d’anticiper quels secteurs économiques seront les plus profitables pour le grand capital dans les années à venir. L’armée de réserve des travailleurs est donc sans cesse transférée d’un secteur industriel et commercial à un autre.

Comme un malheur ne survient jamais seul, ces compressions relatives des salaires et des bénéfices marginaux – en définitive des dépenses des ménages et des déboursés gouvernementaux en biens et en services – entraînent une contraction de la demande intérieure à laquelle le capital n’a pas d’autre moyen de répondre que de tenter d’accroître ses parts de marchés extérieurs. Afin d’être concurrentiels sur ces marchés extérieurs, les capitalistes doivent réduire davantage les coûts de main-d’œuvre et stabiliser le taux de change de leur monnaie. C’est ce que l’on appelle la spirale de la misère, la spirale déflationniste, qui succède très souvent à une spirale inflationniste. Comme ce processus a cours dans plusieurs pays capitalistes à la fois, ce sont des centaines d’entreprises qui se retrouvent en concurrence féroce pour s’accaparer des marchés de plus en plus éloignés et exigus (13).

1.5 La stratégie chinoise

Les États-Unis font des remontrances à la Chine et prétendent qu’elle devrait réévaluer sa monnaie afin de renchérir le prix de ses produits et permettre une relance de l’industrie américaine. Dans une lettre envoyée au vice-Premier ministre Wang Qishan (avant la visite du président chinois Hu Jintao aux États-Unis prévue en janvier 2011), 32 sénateurs américains ont déclaré qu’il était « impératif » que les deux pays « travaillent ensemble de manière constructive ». « Nous demandons à la Chine de prouver son engagement à adopter un taux de change déterminé par le marché en laissant sa monnaie s’apprécier de manière significative avant la visite du président Hu », ont écrit les sénateurs américains (14).

Il faut plutôt comprendre que cette prise de position des sénateurs est une fumisterie destinée à tromper les travailleurs américains qui souffrent de la délocalisation de leurs usines, voulue par les capitalistes américains que représentent ces 32 sénateurs ?

Les entreprises occidentales sont justement celles qui ont délocalisé leurs usines des États-Unis, du Canada, d’Europe occidentale en partie vers l’Europe orientale et les pays baltes, et en partie vers la Chine et vers l’Inde (informatique, pharmaceutique, etc.) ; alors elles ne souhaitent certainement pas nuire au développement de leurs filiales étrangères et leur couper l’accès aux marchés occidentaux qu’elles desservent désormais à partir de la Chine notamment. En 2010, la Chine a connu une hausse importante de ses exportations et ce sont les sociétés à capitaux étrangers qui furent la principale source de l’excédent commercial, ont indiqué les douanes chinoises, précisant que sur les 11 premiers mois de l’année, elles ont compté pour 112,5 milliards de dollars sur un excédent total de 170,4 milliards de USD (15).

L’effet pervers qu’aurait la réévaluation du yuan chinois serait d’augmenter le prix des millions de produits, babioles et vêtements importés de Chine. Ce sont donc les consommateurs américains, européens, canadiens et australiens qui en définitive paieraient le prix de cette hausse de la valeur du yuan

De toute façon, un renchérissement du yuan n’entraînerait pas une hausse significative des ventes des entreprises américaines, car dans la plupart des cas les moyens de production ont été détruits lors de la délocalisation des usines vers la Chine, l’Inde, le VietNam ou les Philippines. À titre d’exemple, l’usine de la General Motors en banlieue de Montréal a été démantelée lors de sa délocalisation ; on ne reconstruit pas rapidement une usine de montage d’automobiles et toutes les entreprises sous-traitantes qui en dépendent.

La délocalisation a entraîné une baisse dramatique des effectifs industriels dans la population active américaine qui est passée de 32,6 % en 1974 à 18 % environ en 2009. Avec un PIB de 14 600 milliards de dollars, l’industrie américaine ne représente plus que 2 993 milliards de dollars (20% du total) dont la majeure partie dépend de l’industrie de l’armement (30% des exportations mondiales). La consommation représente 70 % du PIB des Américains. Les USA ne produisent pas, ils consomment. Les États-Unis sont de moins en moins un pays industriel et de plus en plus un État parasitaire et prédateur spécialisé dans la consommation de masse de produits importés achetés à crédit, en quelque sorte la Rome dégénérée des temps modernes.

De plus, un renchérissement de 10 % ou de 15 % du prix des produits chinois ne serait pas suffisant pour permettre aux entreprises occidentales de concurrencer la Chine. Il faudrait une hausse de probablement 25 ou 50 % des prix pour que les usines canadiennes, américaines ou françaises puissent produire à meilleur marché. Par contre, suite à une telle hausse de prix les dragons asiatiques et l’Inde seraient à même de s’emparer des marchés et d’y malmener leurs concurrents chinois. On le voit, les guerres commerciales inter impérialistes sont féroces et perpétuelles. Si les grands capitalistes internationaux font consensus pour rejeter le fardeau de la crise sur le dos des travailleurs, en revanche, ils se déchirent comme des chiffonniers pour s’approprier les ressources naturelles et les marchés.

Ce refus de réévaluer sa monnaie semble étrange de la part de la Chine. Ses coûts de production sont si bas qu’elle pourrait hausser ses prix de dix ou de quinze pour cent sans perdre ses marchés étrangers au profit de l’Inde ou d’autres pays asiatiques. Alors pourquoi ne réévalue-t-elle pas sa monnaie pour empocher ce bénéfice facile ? C’est que les impérialistes chinois sont de fins renards. Cette hausse de prix entraînerait une baisse de la demande pour les produits chinois de la part des consommateurs pauvres que desservent tous les Walmart de ce monde (70 % de tout ce que vend cette chaîne américaine, première entreprise mondiale, provient de Chine) et provoquerait une spirale inflationniste catastrophique dans les pays importateurs. Étant donné que 80 % des ménages occidentaux sont déjà très lourdement endettés, une soudaine hausse des prix entraînerait le défaut de paiement et la faillite personnelle de nombreux consommateurs comme ce fut le cas en 2008 aux États-Unis lors du crash de l’immobilier, une crise dont l’économie mondiale ne s’est pas encore remise (16). 

L’intérêt présent de la Chine est de résister à la cupidité des multinationales occidentales installées sur son sol et de maintenir le pouvoir d’achat des consommateurs occidentaux en attendant qu’elle ait développé son marché intérieur et conquis les marchés africain et sud américain et consolidé ses positions sur les marchés occidentaux. Le gouvernement chinois vient d’annoncer 1 500 milliards de dollars d’investissement afin de développer de nouveaux secteurs de production. C’est donc la Chine qui présentement jugule les poussées inflationnistes sur les marchés occidentaux. Quand le temps sera venu, les capitalistes chinois passeront à la caisse, et alors les temps seront très difficiles pour leurs concurrents occidentaux. C’est alors que la bourgeoisie nous serinera à l’oreille le chant raciste et sinophobe de la guerre impérialiste contre les Chinois, contre les Coréens et contre tous ces « jaunes hypocrites » qui appauvrissent « nos » misérables riches.

2. La guerre contre l’Iran

2. 1 Pourquoi l’Iran ?

Quand George W. Bush a envahi l’Irak, ce n’était pas seulement l’Irak qu’il visait… Quand George W. Bush a agressé l’Afghanistan, ce n’était pas seulement l’Afghanistan qu’il visait… Quand un président américain attaquera l’Iran, ce ne sera pas seulement l’Iran qu’il visera, ce sera surtout le Détroit d’Ormuz. Pour entraver le commerce du pétrole dans le Golfe persique, il faut pouvoir fermer le Détroit d’Ormuz à toute navigation. Les stratèges américains en sont venus à la conclusion qu’il leur fallait attaquer l’Iran qui, occupant les côtes Nord et Est du détroit, possède la capacité militaire de fermer le détroit, en laissant croire que les États-Unis s’y opposent (17).

 

Les États-Unis se préoccupent très peu des ogives nucléaires pakistanaises pourtant grandement menacées par l’instabilité de ce gouvernement moribond. Les États-Unis ne se sont pas préoccupés du nucléaire iranien quand le Shah était au pouvoir à Téhéran et qu’il avait placé le pétrole iranien sous contrôle américain. Les États-Unis se sont préoccupés du nucléaire iranien quand l’Iran a réuni, il y a quelques années, une dizaine de pays exportateurs de pétrole et de gaz ainsi que quelques clients, dont la Chine et quelques pays membres de l’Organisation de Coopération de Shanghai et qu’elle leur a proposé de transiger les hydrocarbures en se servant d’un panier de devises duquel serait exclu le dollar de plus en plus problématique.

Tel que souligné précédemment, le jour où les pays exportateurs de pétrole abandonneront le dollar comme devise pour leur commerce marquera la fin de la suprématie du dollar et la fin de l’hégémonie financière des États-Unis d’Amérique. Barak Obama l’a réaffirmé devant le Congrès américain à l’occasion du premier anniversaire de son intronisation « Je ne laisserai pas les États-Unis devenir la seconde puissance mondiale ».

Voilà pourquoi la superpuissance déclinante se préoccupe tellement de l’Iran et ce pour quoi elle a lancé son Pitbull israélien sur la piste du nucléaire iranien. Les États-Unis possèdent quelques milliers d’ogives nucléaires de nouvelle génération extrêmement performantes et destructrices. La première bombe iranienne, de première génération, fait bien rire les stratèges du Pentagone. Jamais on ne les entendra rire cependant ; il faut un prétexte sérieux pour fermer le Golfe persique à la navigation internationale. 

2.2 Rétablir l’hégémonie du dollar

Nous faisons l’hypothèse que l’attaque contre l’Iran visera essentiellement à fournir le prétexte pour qu’en représailles ce pays ferme le Détroit d’Ormuz à la circulation pétrolière internationale privant instantanément le monde de la moitié de ses approvisionnements en hydrocarbures. Imaginons un instant la crise économique qui s’ensuivra. Hausse drastique du prix du pétrole, renchérissement des marchandises, inflation, déclin des capacités chinoises de production (la Chine tenue à dessein dépendante du pétrole du Golfe persique), hausse de la valeur de la monnaie refuge (le dollar) et baisse de la valeur des monnaies des pays concurrents devenus incapables de faire fonctionner leurs usines ou de livrer leurs marchandises.

Ceux qui auront songé à utiliser un panier de devises pour les échanges pétroliers devront se raviser. Les « majors » américaines contrôlant la plupart des autres gisements de pétrole sur terre (sauf au Venezuela) approvisionneront les « bons » et sanctionneront les « méchants »… « Vous êtes avec nous ou contre nous, disait Georges W. ». Soulignons que les États-Unis s’approvisionnent en pétrole dans le Golfe du Mexique, en Alaska, au Venezuela et au Canada (sables bitumineux de l’Alberta), et qu’ils ne sont pas du tout dépendants du pétrole du Moyen-Orient.

Il est fort probable que ce remède drastique pour rétablir la crédibilité du dollar et la puissance financière américaine ne sera utilisé qu’en dernier recours car les conséquences seront énormes pour l’économie mondiale ainsi que pour l’économie des alliés de Washington (Europe et Japon). Dans la vie, les impérialistes ne se préoccupent que de leurs profits, pas de ceux de leurs amis.

Tous les préparatifs de guerre des différents pays du pourtour du Golfe persique ne visent que cet objectif. Les Américains viennent de vendre pour 125 milliards d’armements aux pays du Golfe (excluant l’Iran évidemment) en prévision de cette attaque.

2.3 L’agression

Certes on ne peut prédire avec certitude la date exacte de l’attaque, mais dans la mesure où Barak Obama a prévu pour 2014 le retrait des troupes de l’OTAN d’Afghanistan, on peut penser que l’assaut aura lieu entre 2011 et 2014, possiblement en 2013 l’année suivant son hypothétique réélection. Si Barak Obama n’était pas réélu, on peut penser que le président républicain qui le remplacera ne sera que plus pressé de déclencher l’agression. L’assaut sera essentiellement aérien. Suite aux expériences irakienne et afghane, l’Amérique sait qu’elle ne peut occuper un pays trois fois plus étendu que l’Irak et trois fois plus peuplé que l’Afghanistan. Il est donc hors de question de s’emparer et de contrôler directement les puits de pétrole iraniens. L’armée américaine peut détruire ce pays du haut des airs, mais elle ne peut le contrôler ni l’administrer si elle ne l’occupe pas militairement.

La « révolution verte » ayant tourné court, il est maintenant évident que les politiciens amateurs qui aspiraient à s’emparer du pouvoir en Iran, à la faveur d’une élection truquée, ne font pas le poids devant la confrérie des mollahs. Le gouvernement d’Ahmadinejad sera ébranlé mais pas renversé. Ce ne serait pas utile de toute façon. Au contraire, comment justifier le minage du Détroit d’Ormuz avec un gouvernement coopérant installé à Téhéran ?

Les militaires israéliens hystériques continueront de trépigner à Tel-Aviv, ils ne seront pourtant pas autorisés à attaquer, histoire de ne pas froisser la susceptibilité des princes arabes qui, tout en demeurant alliés des Américains, subiront tous les inconvénients de leur tactique militaire (arrêt temporaire de leurs exportations). L’armée israélienne aura pour mission d’attaquer le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Sud Liban ; ils s’y préparent déjà. Les troupes israéliennes parviendront à détruire les infrastructures et à assassiner des milliers de civils libanais et gazaouis, mais ils ne parviendront pas à éradiquer le Hamas et encore moins le Hezbollah qui pourrait bien infliger un troisième revers consécutif à l’armée sioniste (18).

L’Irak retombera dans la guerre civile sous la poussée des milices chiites sous influence iranienne. Mais les États-Unis se seront déjà dégagés de ce guêpier. Par contre, la réussite de cette tactique nécessite que la crise afghane soit déjà réglée.

2.4 L’Afghanistan et le Pakistan

Dans un article paru en juin 2010, je soulignais le fait qu’une escadre américaine composée du porte-avions Truman et d’une douzaine de navires d’escorte dont un lanceur de missiles israélien avaient traversé le Canal de Suez en direction de la Mer rouge, ce qui ne signifiait nullement qu’une attaque contre l’Iran était imminente (19). En effet cette escadre allait alors renforcer la ligne d’attaque contre les talibans repliés dans les « zones tribales » au nord-ouest du Pakistan (20).

 

Pendant ce mois de juin 2010 les services militaires israéliens furent particulièrement agités. Ils firent courir le bruit, via le Sunday Times de Londres, d’un accord de l’Arabie Saoudite pour un usage offensif de son espace aérien en prévision d’une attaque aérienne imminente. Après le démenti saoudien, comme de raison les rumeurs émanant de l’État-major israélien se tournèrent vers la base américaine de Diego Garcia qui effectivement fut mise à contribution, non pas pour attaquer l’Iran comme nous le savons maintenant, mais pour intensifier l’agression contre le Nord du Pakistan, sanctuaire des forces de la résistance afghane. Cette intensification de l’agression bat son plein présentement et chaque jour les drones américains guidés par satellite depuis les États-Unis s’abattent du haut des airs sur la population du Pakistan et de l’Afghanistan (21). Ce ne serait pas une surprise d’apprendre que le porte-avions Truman n’est jamais entré dans le Golfe persique et qu’il s’est sagement amarré en mer d’Oman à l’entrée du Golfe. En effet, ses avions, ses missiles et ses drones peuvent ainsi attaquer les talibans sans survoler l’espace aérien iranien.

À tour de rôle les généraux de l’OTAN l’ont admis : ils ne gagneront jamais leur guerre afghane, pas plus que les Russes n’ont gagné la leur. Alors pourquoi cette intensification des bombardements et bientôt ces 30 000 soldats américains supplémentaires dans une guerre perdue d’avance ? Les Américains n’occupent pas ce pays des plus pauvres de la planète pour s’emparer de ses richesses naturelles (mis à part le pavot) ; ce n’est pas non plus pour y chasser la centaine de survivants d’Al Qaida que le Pentagone sait avoir décimés depuis longtemps ; ce n’est pas non plus pour enfoncer les principes de la démocratie en mettant du plomb dans la cervelle des Afghans. Alors pourquoi toutes ces dépenses pour massacrer un peuple pauvre, analphabète, jouissant de l’espérance de vie parmi les plus courtes de la planète (45 ans) ?

Notre hypothèse, c’est qu’ils se préparent en vue d’espionner et d’agresser les principaux protagonistes de l’Organisation de coopération de Shanghai (Chine, Russie). À cette fin, ils ont besoin des talibans « modérés », ceux qui acceptent de négocier, qui seront contraints d’accepter l’établissement dans leur pays de quelques bases militaires secrètes de l’OTAN. Quand les résistants afghans « modérés » auront accepté ces conditions, le pauvre Karzaï, s’il est toujours vivant, leur sera abandonné. Mais la partie n’est pas jouée pour autant, car les talibans sont en position de force et ne sont pas disposés à négocier. Il y a encore fort à faire pour les armées de l’OTAN pour les forcer à négocier (22). Grâce à ces bases militaires à partir du territoire afghan, des commandos américains pourront mener des raids secrets vers l’Ouzbékistan, le Turkménistan et vers le Kazakhstan afin de dynamiter les oléoducs que la Chine a déjà fait construire en prévision de cette guerre afin de maintenir ses approvisionnements en gaz et en pétrole russe, kazak et iranien. Il n’est pas question que la Chine obtienne par voie terrestre ce qui lui aura été refusé par la mer

Il ne sera même plus utile d’exhiber l’épouvantail de l’oppression de la femme iranienne (« Jamais sans ma fille »), irakienne, pakistanaise ou afghane (« retirer cette burqa que je ne saurais voir ») à moins que certaines ONG féministes estiment qu’elles peuvent collecter quelques deniers supplémentaires avant de plier bagage devant la colère populaire des mères amères. Ce qu’elles attendent, ces femmes afghanes, pakistanaises, irakiennes et iraniennes, ce n’est pas l’aumône de ces ONG, ou qu’elles reconstruisent ce que les armées détruisent, mais que chacune d’entre elles retourne dans son pays d’origine arrêter le bras séculier de leur gouvernement.

Il est vrai que l’Alliance de Shanghai a refusé la demande d’adhésion iranienne afin de ne pas se retrouver en situation d’avoir à défendre l’Iran lors de l’attaque américaine. Le bloc asiatique n’est pas encore préparé à engager le conflit ultime avec le bloc transatlantique.

Ceux qui doutent de l’alliance entre Pékin, Moscou et Téhéran, suite à l’annulation par la Russie de la livraison du système antimissile S-300 à l’Iran, découvriront, le jour de l’attaque, que l’Iran possède des systèmes S-300 ou l’équivalent. Wikileaks nous a appris que la Russie avait troqué les systèmes S-300 destinés à l’Iran contre l’accès à la technologie des drones américano-israéliens. Cependant, la Russie n’a jamais déclaré qu’elle n’aiderait pas l’Iran à se défendre.

2.5 La suite

Qu’adviendra-t-il suite à ce « désastre » iranien ? Des milliers de morts civils en Iran, à Gaza, au Liban, des pays ravagés, détruits en partie mais pas domptés pour autant. On peut penser que les capacités d’exploitation et de raffinage de l’Iran seront réduites à néant pour quelque temps. Le dollar sera réévalué et il aura repris momentanément la première place comme devise de réserve, les autres monnaies auront été dévaluées et les devises du monde entier seront retournées enrichir les financiers de Wall Street. Les populations qui auront fait les frais de cette guerre de rapine, de ce conflit du pétrole et de cette crise économique prendront quelques années à s’en relever.

Dans la mesure où les capacités économiques et industrielles de la superpuissance chinoise et de son allié russe n’auront pas été affectées durablement, rien ne sera joué pour autant. L’axe Pékin-Moscou-Téhéran se sera raffermi et le bloc asiatique – Alliance de coopération de Shanghai –  sera prêt à affronter à nouveau le bloc transatlantique dans une ronde subséquente pour le partage des ressources naturelles et des marchés mondiaux.

Les propriétaires des moyens de production (usines, transports, ressources naturelles, services), les banquiers et les financiers, les spéculateurs et les tondeurs de coupons richissimes ne peuvent plus accepter aujourd’hui ce qu’ils ont dû concéder hier. La situation économique et politique n’est plus la même, l’empire est en déclin et l’ennemi impérialiste étranger est à l’intérieur de la cité. Branle-bas de combat. La guerre des monnaies annonce la guerre des blocs, et les peuples du monde feront les frais de cette guerre interimpérialiste à moins que les sautes « d’humeur » populaires, les combats sur le front économiques pour la défense du pouvoir d’achat ne se transforment en révolte politique consciente. L’impérialisme, c’est la guerre, disait un homme célèbre. La résistance est la seule protection du peuple, disait un autre.

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* Il va de soi que nous sommes sortis du “capitalisme” primitif, concurrentiel, tel que le Marx et Engels en ont effectué l’analyse et la critique : il s’agit d’une forme mutante et tératologique du capitalisme d’antan (qui fut d’abord un capitalisme patrimonial), à savoir un anarchocapitalisme d’actionnariat, oligarchique, intégré (capital industriel et capital bancaire) et internationaliste en phase impérialiste.

** Une telle pratique financière est basée sur le principe de la pyramide, le spéculateur financier devant sans cesse trouver un plus grand nombre de nouveaux investisseurs spéculateurs dont l’argent lui sert à payer les intérêts des spéculateurs précédents jusqu'à ce que la pyramide s’écroule faute de nouveaux investisseurs spéculateurs (23). 

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(1) Mecanopolis. La disparition des États-Unis en tant que superpuissance mondiale. 12.12.2010. http://www.centpapiers.com/la-disparition-des-etats-unis-en-tant-que-superpuissance-mondiale/52049

(2) Laurent L. Jacque. Guerre des monnaies, mythes et réalités. 1.12.2010. http://www.monde-diplomatique.fr/2010/12/JACQUE/19920

(3) Barry Grey. La Réserve fédérale américaine attise une guerre monétaire mondiale. 10.11.2010. http://www.wsws.org/francais/News/2010/nov2010/mone-n10.shtml

(4) Mecanopolis. La disparition des États-Unis en tant que superpuissance mondiale. 12.12.2010. http://www.centpapiers.com/la-disparition-des-etats-unis-en-tant-que-superpuissance-mondiale/52049

(5) Gilles Bonafi. Crise systémique : l’heure de vérité approche. 10.12.2010. http://www.oulala.net/Portail/spip.php?article4851

(6) http://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Bretton_Woods

(7) Paul Craig Roberts. Le déclin de l’empire américain : la Chine et la Russie larguent le dollar US. 7.12.2010. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=22308 

(8) La balance commerciale des biens et services reflète la différence entre les exportations de biens et services et les importations de biens et services, exprimée en pourcentage du PIB. Une balance positive indique que les exportations dépassent en valeur les importations (excédent commercial). Une balance négative indique au contraire que les importations dépassent en valeur les exportations (déficit commercial). La statistique met en relation ce solde avec la taille de l'activité économique (PIB). http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?langue=fr&codePays=USA&codeStat=NE.RSB.GNFS.CD&codeStat2=x
Les États-Unis ont accusé un déficit budgétaire record de 1.409 milliards de dollars pour l'ensemble de l'exercice 2008-2009, clos fin septembre. Le déficit équivaut ainsi à 9,9% du PIB américain, un niveau inédit depuis 1945, écrit le CBO dans son analyse mensuelle sur le budget. Cela reste moins que prévu, selon l'estimation du Bureau du budget du Congrès (CBO) publiée mercredi. Cette estimation doit encore être confirmée par le département du Trésor, qui publiera les chiffres officiels pour l'année 2008-2009. La Maison Blanche et le CBO avaient indiqué fin août qu'ils attendaient un déficit fédéral de 1.580 milliards de dollars pour l'ensemble de l'année budgétaire passée. http://www.20minutes.fr/article/557461/Economie-Deficit-budgetaire-americain-record.php

(9) Jean-Claude Paye. Attaque contre l’euro et démantèlement de l’Union Européenne. 6.7.2010. http://www.voltairenet.org/article166199.html

(10) Marc Fiorentino. Les contribuables européens vont payer des dizaines de milliards d’euros pour recapitaliser la Banque Centrale Européenne. 14.12.2010. http://bellaciao.org/fr/spip.php?article111629

(11) Jean-Claude Paye. Attaque contre l’euro et démantèlement de l’Union Européenne. 6.7.2010. http://www.voltairenet.org/article166199.html

(12) 1000 milliards de dollars – le discret fiasco des fonds de retraite US. http://mai68.org/spip/spip.php?article1976

(13) Jacques Adda. Les leçons de la déflation japonaise. 1.12.2008. http://www.alternatives-economiques.fr/les-lecons-de-la-deflation-japonaise_fr_art_801_40862.html

(14) AFP. Chine : boom du commerce extérieur avant des discussions avec Washington. 11.12.2010. http://www.inversalis-productions.eu/blog/2010/12/chine-boom-du-commerce-exterieur-avant-des-discussions-avec-washington/

(15) AFP. Chine : boom du commerce extérieur avant des discussions avec Washington. 11.12.2010. http://www.inversalis-productions.eu/blog/2010/12/chine-boom-du-commerce-exterieur-avant-des-discussions-avec-washington/

(16) Radio-Canada. Le Canada parmi les plus endettés. 17.11.2010. http://finances.ca.msn.com/actualites/rc-article.aspx?cp-documentid=26411090 

(17) Wikipedia. Cartes de l’Iran. http://fr.wikipedia.org/wiki/Iran http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Iran_topo-fr.jpg

(18) Al-Manar TV. On nous a offert d’acheter les documents de l’enquête internationale ! 15.12.2010. http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=166129&language=fr 

(19) Robert Bibeau. Une attaque imminente contre le Pakistan et l’Afghanistan. 24.06.2010. http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=19887

(20) Wikipedia. Cartes du Pakistanhttp://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gions_tribales_%28Pakistan%29

(21) Marc Lemaire. Revue de presse sur le Pakistan. 20.12.2010. http://www.robertbibeau.ca/palestine/pakistan.doc

(22) Le Monde. Des experts internationaux appellent Obama à négocier avec les talibans. 11.12.2010. http://www.lemonde.fr/depeches/2010/12/11/des-experts-internationaux-appellent-obama-a-negocier-avec-les-talibans_3210_60_44031772.html

(23) L.D. Pyramide de Ponzi. 21.2.2009. http://www.pause.pquebec.com/sujet/pyramide-de-ponzi.htm

 

par Robert Bibeau (son site) samedi 15 janvier 2011 - 7 réactions
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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 20:32

 

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http://www.youtube.com/watch?v=Y7DHbydFfWk&feature=player_embedded

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