Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 05:42

Bank for International Settlements.jpg

                                             Banque des règlements internationaux à Bâle © free-photos.biz

http://www.tete-a-tete-magazine.fr/fr/economie/178-le-maintien-de-la-note-aaa-un-objectif-tendu-pour-la-france/

.

Oligarchie financière: La Banque des Règlements Internationaux ossature du Nouvel Ordre Mondial…

 le février 7, 2013 par Résistance 71

 

Qui contrôle l’argent ? Une banque centrale du monde, responsable devant personne et dont les membres ne sont pas élus

 

Michael Snyder 
Economic Collapse

 

Le 6 Février 2013

 

~Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Une organisation internationale immensément puissante dont la plupart des gens n’a jamais entendu parler contrôle secrètement toute la source monétaire mondiale. Elle est appelée la Banque des Règlements Internationaux (ou BRI, BIS en anglais pour Bank for International Settlements) et elle est la banque centrale des banques centrales. Elle est localisée à Bâle en Suisse et possède des succursales à Hong Kong et à Mexico City. Elle est essentiellement une banque centrale du monde dont les membres ne sont pas élus et ne sont responsables devant personne ; elle possède une immunité totale contre toute imposition que ce soit ainsi que contre les lois nationales. Même Wikipedia admet “qu’elle n’est responsable devant aucun gouvernement”. La BRI fur utilisée pour blanchir l’argent des nazis durant la seconde guerre mondiale, mais de nos jours, le but de la BRI est de guider et de diriger le système financier global et sa planification centralisée.

Aujourd’hui, la BRI se compose de 58 banques centrales et elle a bien plus de pouvoir sur la performance de l’économie américaine (et au delà de toute autre économie) dans l’année à venir que n’importe quel politicien. Tous les deux mois, les banquiers centraux du monde se réunissent à Bâle pour une nouvelle “réunion sur l’économie mondiale”. Durant ces réunions, des décisions sont prises qui affecteront la vie de chaque personne sur la planète et pourtant personne d’entre nous n’a quoi que ce soit à dire ou y redire. La Banque des Règlements Internationaux est une banque qui fut créée par l’élite mondialiste et elle opère pour son bénéfice; elle est supposée être une des pierres angulaires du système économique unique mondial émergeant. Il est primordial que nous éduquions les gens sur cette organisation, sur ce qu’elle est, ses plans de domination de l’économie mondiale.

Malheureusement, seulement un tout petit nombre de personnes est au courant de ce que la BRI est en realité et encore moins de gens sont au courant des réunions sur l’économie mondiale qui se tiennent à Bâle tous les deux mois.

Ces réunions firent l’objet d’un article récent du Wall Street Journal (in the Wall Street Journal…)

Chaque deux mois, plus d’une douzaine de banquiers se rencontrent ici un dimanche soir pour discuter et dîner ensemble au 18ème étage de ce bâtiment cylindrique contemplant le Rhin.

Les discussions qui s’y tiennent sur l’argent et l’économie sont plus qu’académiques. A la table se tiennent les patrons des plus grosses banques centrales mondiales, représentnat des pays qui produisent annuellement plus de 51 000 milliards de dollars en PIB, les trois-quarts de l’économie mondiale.

L’article poursuit sur le descriptif de la pièce où se tiennent ces réunions sur l’économie mondiale. Cela semble sorti tout droit d’un roman…

Le patron de la Banque d’Angleterre Mr King mène les discussions du dîner dans une pièce décorée par la firme aerchitecturale suisse Herzog & de Meuron, la même entreprise qui a créée le “nid d’oiseau”, stade olympique des JO de Pékin. (NdT: Nous avons dit à maintes reprises ici même que la City de Londres, où siège la Banque d’Angleterre, est le véritable centre de l’économie mondiale et que Wall Street n’existerait pas sans la City, cette disposition des réunions et sa hiérarchie ne fait que confirmer cet état de fait..). Les hommes ont des places désignées autour d’une table ronde qui trône au milieu d’une pièce parfumée d’orchidées blanches, encadrée de murs blancs, d’un plafond noir et de vues panoramiques.

Les banquiers centraux qui se rassemblent lors de ces réunions ne sont pas là seulement pour socialiser. Aucun membre du personnel des banques n’est admis à ces réunions et celles-ci s’effectuent dans une atmosphère de secret absolu…

Les affaires sérieuses suivent les entrées, le vin et les petites discussions, d’après des personnes familières avec ces dîners. Mr King traditionnellement demande à ses collègues de parler des conditions économiques de leur pays respectif. D’autres posent des questions. Les réunions n’ont aucun transcrit, compte-rendus officiels ou officieux, aucun personnel des banques n’y est admis. Ainsi donc , la destinée de l’économie mondiale est-elle exclusivement déterminée par un groupe de banquiers centraux, personnes non élues, non-représentatives, au cours de réunions secrètes dont personne n’entend jamais parler ?

Cela ne semble pas très “démocratique”.

Néanmoins, ceci est la direction vers laquelle la “gouvernance mondiale” nous emmène. L’élite (NdT: auto-proclamée il va sans dire…) croit que les “grandes décisions” sont bien trop importantes pour être laissée “aux gens” et donc la vaste majorité des “institutions internationales” qui ont été établies par cette “élite”, opèrent de manière totalement indépendante du processus démocratique.

Il est bien triste de constater que tout ceci a été planifié de la sorte depuis bien longtemps.

Dans un récent article intitulé: “Who Runs The World? Solid Proof That A Core Group Of Wealthy Elitists Is Pulling The Strings“, j’ai inclus une citation du professeur d’histoire de l’université de Georgie, Carroll Quigley, citation d’un livre qu’il écrivit en 1966 et dans lequel il parlait des grands plans que l’”élite” avait pour la Banque des Règlements Internationaux:

Les puissances du capitalisme financier avaient un but plus ambitieux, rien de moins que de créer un système de contrôle financier mondial, qui serait mis dans des mains privées et qui serait capable de dominer le sytème politique de chaque nation ainsi que l’économie mondiale dans son entièreté. Ce système devait être contrôlé de manière féodale par les banques centrales mondiales agissant de concert par le biais de réunions secrètes fréquentes au cours lesquelles des accords seraient établis pour y parvenir. Le summum de ce système serait la Banque des Règlements Internationaux (BRI) de Bâle en Suisse, une banque privée possédée et contrôlée par les banques centrales mondiales, étant elles-mêmes des entreprises privées.”

A cette époque, la BRI commençait seulement son rôle majeur dans les affaires internationales. Mais au fil des ans, la BRI devint de plus en plus importante. Ce qui suit est un extrait d’un article de Ellen Brown (by Ellen Brown)

“Pendant des années la BRI tint profil bas, opérant de derrière le rideau depuis un hôtel abandonné. Ce fut là que des décisions importantes telles que dévaluer ou réévaluer des monnaies furent prises, ou fixer le prix de l’or, réguler les paradis fiscaux, augmenter ou baisser les taux directeurs. En 1977, la BRI abandonna son anonymité en échange d’un QG plus efficace. Le nouveau bâtiment fut décrit comme “une tour circulaire de 18 étages s’élevant au dessus de la cité médiévale comme un réacteur nucléaire complètement déplacé.” Le bâtiment fut vite reconnu comme “La tour de Bâle”. Aujourd’hui la BRI a une immunité gouvernementale, ne paie aucun impôt et possède sa propre force de police privée. Elle est, comme l’avait envisionné Mayer Rothschild, au dessus des lois.

Oui, ceci ressemble beaucoup à la Tour de Babel comme vous pouvez le constater sur la photo de cette article ( in this article). Une fois de plus, l’”élite”mondialiste essaie d’unifier l’humanité sous un système unique et ceci n’est certainement pas une bonne chose.

Beaucoup de ces élitistes sont totalement convaincus que la “gouvernance mondiale” correspond à ce dont l’humanité a désespérément besoin. Ils nous disent même publiquement ce qu’ils comptent faire, mais les gens n’écoutent pas.

Ceci par exemple, est un extrait du discours que l’ancien président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, fît au Council on Foreign Relations (CFR) à New York…

Dans le domaine de la coopération de la banque centrale, la réunion sur l’économie mondiale constitue le forum principal, qui se réunit au QG de la BRI à Bâle. Ces dernières années, ce forum a réuni 31 gouverneurs de banques centrales comme membres permanents plus un certain nombre de gouverneurs se rendant aux réunions sur une base de rotation. La réunion sur l’économie mondiale, à laquelle tous les gouverneurs de Banque Centrale des économies systémiques émergentes participent, est devenue le groupe principal de gouvernance mondiale parmi les banques centrales.

Le discours s’appelait “La gouvernance mondiale aujourd’hui”, et vous pouvez trouver le transcript complet ici: right here. La plupart des gens n’ont jamais entendu parler d’une chose telle qu’ “une réunion sur l’économie mondiale” pour la simple et bonne raison que les médias n’en parlent que très, très rarement. Ils sont trop occupés à mettre sous les feux de la rampe les derniers scandales des célébrités ou les dernières escarmouches entre les démocrates et les républicains.

Si vous allez sur le site internet de la BRI, vous y verrez que les objectifs de l’organisation paraissent pour le moins innocents et même un peu ennuyeux…

La mission de la Banque pour les Règlements Internationaux (BRI) est de servir les banques centrales dans leur recherche de stabilité monétaire et financière, de développer la coopération internationale dans ces domaines et d’agir comme une banque pour les banques centrales

De manière générale, la BRI remplit sa mission en:

  • Promouvant la discussion et en facilitant la collaboration entre les banques centrales
  • Soutenant le dialogue avec les autres autorités qui sont responsables de la stabilité financière.
  • Conduisant des recherches sur les problèmes politiques confrontant les banques centrales et les autorité de supervison financières.
  • Agissant comme contre-partie principale pour les banques centrales dans leurs transactions financiéres et
  • Servant d’agent ou de trustee en connexion avec les opérations financières internationales.

Le bureau principal est à Bâle en Suisse et il existe deux bureaux de représentation internationale: un dans la région administrative spéciale de Hong Kong pour la République Populaire de Chine et un autre à Mexico City.

Mais quand vous commencez à regarder aux détails de l’opération, les choses deviennent bien plus intéressantes.

Comment donc la BRI parvient-elle à réaliser la “stabilité monétaire et financière” ? Un article publié sur Invertor Insight ( on investorsinsight.com) décrit comment cela est accompli…

C’est fait par le contrôle des devises. Elle détient actuellement 7% de toutes les devises du monde, dont l’unité de mesure a été changée en Mars 2003 du Franc suisse or aux Special Drawing Rights (SDR), une monnaie artificielle dont la velur est basée sur un panier de monnaies (44% de US$, 34% d’Euros, 11% de Yen japonais et 11% de Livres britanniques)

La banque contrôle également une énorme quantité d’or, qu’elle à la fois stocke et prête, lui donnant un très bon levier sur le prix des métaux et la puissance que cela apporte sur le marché, car l’or demeure toujours la seule monnaie universelle. Les réserves d’or de la BRI ont été listées dans le dernier rapport en date (2005) à 712 tonnes. Quel est la quantité d’or en stock et la quantité prêtée ? Information non divulguée.

En contrôlant les changes ainsi que l’or, la BRI peut s’engager sur du long terme à déterminer les conditions économiques de tout pays. Rappelez-vous que la prochaine fois que Ben Bernanke (NdT:patron de la Réserve Fédérale américaine) ou le président de la BCE annoncent un hausse des intérêts, vous pouvez parier que cela ne s’est pas fait sans l’accord du bureau de la BRI.

Ces dernières années, il est devenu de plus en plus évident qui possède véritablement le pouvoir.

Quand Barack Obama parle, les marchés bougent en général très peu.

Quand Ben Bernake parle, les marchés répondent souvent avec de vastes mouvements.

Un article récent publié sur CNBC et intitulé: ““Central Banks: How They Are Ruling the Financial World” détaillait l’impact énorme qu’ont eu les banques centrales sur le système financier mondial en 2012…

En tout, 13 autres banques centrales dans le monde ont suivi la Fed et ramené leur taux d’intérêt très proche de zéro dans un effort de conserver les liquidités et de doper leurs économie malades. Ces 14 économies représentent un incroyable 65 000 milliards de dollars en obligations de capitalisation de marché et d’équités combinés d’après Bank of America Merrill Lynch.

Plus loin dans le même article, l’auteur parle des sommes très importantes d’argent que les banques centrales ont créé de l’air du temps…

“Quand vous additionez toutes les banques centrales du monde, cela représente 9000 milliards de dollars”, a dit Marc Doss, investisseur en chef pour la banque privée de la Wells Fargo. “Cela revient à créer la seconde plus grande économie mondiale de rien, de l’air du temps”.

De fait, la banque centrale est un fait économique par lui-même, un empire représentant un marché de multi-trillions dollars qui massage et manipule les marchés, qui répond au doigt et à l’œil à la moindre nouvelle émanant des comités décisionnaires de ces entités.

Qui contrôle l’argent alors ?

Les banques centrales du monde le font.

Et qui donc contrôle ces banques centrales ?

La Banque pour les Règlements Internationaux le fait.

Si nous n’aimons pas ce que fait la BRI, que pouvons-nous y faire ?

Rien. La Banque des Règlements Internationaux est au-dessus des lois…

Peut-être nous sentirions mieux à propos de la BRI si elle était un plus transparente, mais la vaste majorité de ce qu’elle fait, incluant la réunion bimestrielle de ses membres, est enveloppée du mystère du secret. Peut-être plus inquiétant encore, est que la BRI échappe à tout contrôle. De par les droits qui lui sont accordés par la grâce du Conseil Fédéral Suisse, toutes les archives de la banque, tous ses documents et “toute donnée médiatique” sont “inviolables en tout lieu et en tout temps”. De plus, les employés et officiers de la BRI “jouissent de l’immunité de toute jurisdiction criminelle et administrative, dans la mesure où cette immunité n’est pas levée de manière formelle… et ce même après qu’une personne ait cessé d’être officiellement employée de la banque”. Finalement, aucune plainte contre la BRI ou ses dépositaires ne peut être appliquée “sans l’accord préalable de la banque.”

En d’autres termes, elle peut faire absolument ce qu’elle veut, sans conséquence aucune. Que dites-vous de ce parapluie administratif complètement étanche ?

Si la BRI veut “intervenir” dans les marchés financiers, elle le fait tout simplement.

Si la BRI désire sauver de grosses banques ou des nations entières, elle le fait tout simplement.

La BRI me rappelle cette vieille blague:

Q: Où s’assoit un gorille de 400 kg ?

R: Absolument où il le veut.

Alors, quel est le futur pour la BRI ??

Beaucoup ont spéculé que le but n’est éventuelelment que d’obtenir une monnaie mondiale unique, qui ne sera administrée que par une banque centrale unique. La BRI utilse déjà les SDR, considérés comme un précurseur de la monnaie unique à venir. La BRI a joué un grand rôle dans l’adoption de l’Euro et une intégration plus avant des monnaies est certainement dans l’agenda des années à venir…

Au bout du compte, la façon dont vous ressentirez la BRI ne sera que le reflet de ce que vous ressentirez pour une monnaie unique. La banque fut un participant important de la création de l’Euro comme la monnaie commune de l’Europe. Il y a des rumeurs que le prochain projet est de persuader les Etats-Unis, le Canada et le Mexique de passer à une monnaie régionale similaire, qui sera peut-être appelée “l’Amero” et il est logique d’assumer que le but ultime de la banque est une monnaie unique mondiale. Ceci simplifierait les transactions et solidifierait vraiment le contrôle des banques sur l’économie planétaire.

Mais si les Etats-Unis abandonnaient un jour le dollar, ceci constituerait une gifle majeure à notre souveraineté nationale.

Quand quelqu’un d’autre contrôle votre monnaie, il importe peu qui fait les lois. (NdT: Ceci est pourtant déjà en cours aux Etats-Unis puisque la Banque de la Réserve Fédérale est un cartel de banques privées transnational, la monnaie bidon qu’est le dollar US est déà contrôlé par les banques transnationales depuis 1913…)

Malheureusement, l’élite mondialiste semble être absolument obsédée par l’idée d’une monnaie unique mondiale, un système économique unique mondial et un gouvernement mondial le régissant.

Rien de tout ceci ne va se produire cette année, mais les choses bougent en ce sens. Avec chaque nouvelle crise qui émerge, les solutions qui nous seront imposées impliqueront toujours plus de centralisation et toujours plus de mondialisation.

Que pensez-vous donc de tout cela ?

 

 

Sur cet excellent site,

 

Guerre impérialiste et reconquête coloniale de la France au Mali… et ailleurs !

Guerres impérialistes et ingérence: Vous reprendrez bien un peu de Qatar ?…

http://french.irib.ir/info/afrique2/item/240516-guerre-au-mali-les-terroristes-du-nord-mali-sous-la-protection-du-qatar

 


 

 

.

Partager cet article
Repost0
6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 07:38

NOM-peur-M-44-7c910.jpg

 

Ainsi, une fois de plus, j'ai entrevu, intuitivement,

ce qu'on nous prépare ! (eva)

Voir ici :

Alerte ! Le Nouvel Ordre Mondial avance rapidement ses pions, voici pourquoi

Derrière le "mariage pour tous", alerte ! L'ombre du Nouvel Ordre Mondial

Mariage pour tous : François Hollande agent du Nouvel Ordre Mondial

N'y aura-t-il plus aussi, bientôt, d'école "maternelle" ?

NOM : Vers un monde unisexe, promotion mode masculin-féminin

Voir aussi l'article-introduction que je viens d'écrire sur mon site offciel :

De la civilisation à la barbarie. Du mariage pour personne au monde unisexe

 

...

 Le Meilleur des Mondes unisexe d’Attali :

retour à l’androgynie primordiale platonicienne

Le mythe platonicien de l’androgynie est relaté par le personnage d’Aristophane, dans le Banquet (189c – 193e). Au commencement, les êtres humains doubles : mâle/mâle, femelle/femelle et l’androgyne formé de l’un et de l’autre. Ayant provoqué la colère des dieux, ils furent punis par Zeus qui les sépara chacun en deux moitiés. Ainsi chaque moitié recherchant l’autre, s’enlace avec elle, s’embrassent et meurent tristes, ne pouvant se réunir. Si les choses devaient rester ainsi, les humains mourraient. Or Zeus, pour toujours avoir l’amour de ses sujet remet les organes génitaux sur le devant, formant les êtres humains actuels. Ce mythe explique donc le phénomène amoureux et sa recherche.

Jacques Attali: (retour) Vers l’humanité unisexe
Publié le 29/01/2013 sur Slate.fr
Plutôt que de nous opposer à une évolution banale et naturelle du mariage, il est urgent de nous préoccuper de permettre à l’humanité de définir et de protéger le sanctuaire de son identité.
Londres, 2007. REUTERS/Alessia Pierdomenico

La famille nucléaire, un modèle des plus récents

Comme toujours, quand s’annonce une réforme majeure, il faut comprendre dans quelle évolution de long terme elle s’inscrit. Et la légalisation, en France après d’autres pays, du mariage entre deux adultes homosexuels, s’inscrit comme une anecdote sans importance, dans une évolution commencée depuis très longtemps, et dont on débat trop peu:
Après avoir connu d’innombrables formes d’organisations sociales, dont la famille nucléaire n’est qu’un des avatars les plus récents, et tout aussi provisoire que ceux qui l’ont précédé, nous allons lentement vers une humanité unisexe, où les hommes et les femmes seront égaux sur tous les plans, y compris celui de la procréation, qui ne sera plus le privilège, ou le fardeau, des femmes.

Bien des forces y conduisent, issues de demandes parfois contradictoires.

1. La demande d’égalité.

D’abord entre les hommes et les femmes. Puis entre les hétérosexuels et les homosexuels. Chacun veut, et c’est naturel, avoir les mêmes droits: travailler, voter, se marier, avoir des enfants. Et rien ne résistera, à juste titre, à cette tendance multiséculaire. Mais cette égalité ne conduit pas nécessairement à l’uniformité: les  hommes et les femmes restent différents, quelles que soient leurs préférences sexuelles.

2. La demande de liberté.

Le divorce pour tous

Elle a conduit à l’émergence des droits de l’homme et de la démocratie. Elle pousse à refuser toute contrainte; elle implique, au-delà du droit au mariage, les mêmes droits au divorce. Et au-delà, elle conduira les hommes et les femmes, quelles que soient leurs orientations sexuelles, à vouloir vivre leurs relations amoureuses et sexuelles libres de toute contrainte, de tout engagement.

Libres mais seuls, sans enfants

La sexualité se séparera de plus en plus de la procréation et sera de plus en plus un plaisir en soi, une  source de découverte de soi, et de l’autre. Plus généralement, l’apologie de la liberté individuelle conduira inévitablement à celle de la précarité; y compris celle des contrats. Et donc à l’apologie de la déloyauté, au nom même de la loyauté: rompre pour ne pas tromper l’autre.

Le mariage pour personne

Telle est l’ironie des temps présents: pendant qu’on glorifie le devoir de fidélité, on généralise le droit à la déloyauté. Pendant qu’on se bat pour le mariage pour tous, c’est en fait le mariage de personne qui se généralise.

3. La demande d’immortalité,

Qui pousse à accepter toutes mutations sociales ou scientifiques permettant de lutter contre la mort, ou au moins de la retarder.

4. Les progrès techniques découlent en effet de ces valeurs et s’orientent dans le sens qu’elles exigent:

Procréer sans les femmes, au nom de la Liberté, de l’Égalité, et de l’Immortalité

En matière de sexualité, cela a commencé par la pilule, puis la procréation médicalement assistée, puis la gestation pour autrui. Ces questions de bioéthique ne découlent évidemment pas des demandes d’égalité venant des couples homosexuels et concernent toutes les formes de reproduction, y compris -et surtout- «hétérosexuelles». Le vrai danger viendra si l’on n’y prend garde, du clonage et de la matrice artificielle, qui permettra de concevoir et de faire naitre des enfants hors de toute matrice maternelle. Et il sera très difficile de l’empêcher, puisque cela sera toujours au service de l’égalité, de la liberté, ou de l’immortalité.

«Pourquoi Zeus nous oblige à passer par les femmes pour avoir des fils? [...] Quel besoin a-t-on des femmes, quand l’esclave est là pour les travaux ménagers, et l’adolescent désirable pour les ébats amoureux ?» – Eschyle, poète antique grec

5. La convergence de ces trois tendances est claire:

Abolition de la reproduction sexuée et de la maternité

Nous allons inexorablement vers une humanité unisexe, sinon qu’une moitié aura des ovocytes et l’autre des spermatozoïdes, qu’ils mettront en commun pour faire naitre des enfants, seul ou à plusieurs, sans relation physique, et sans même que nul ne les porte. Sans même que nul ne les conçoive si on se laisse aller au vertige du clonage.

6. Accessoirement, cela résoudrait un problème majeur qui freine l’évolution de l’humanité:

Naître sans mère pour accélérer l’évolution vers le Surhomme

L’accumulation de connaissances et des capacités cognitives est limitée par la taille du cerveau, elle-même limitée par le mode de naissance: si l’enfant naissait d’une matrice artificielle, la taille de son cerveau n’aurait plus de limite. Après le passage à la station verticale, qui a permis à l’humanité de surgir, ce serait une autre évolution radicale, à laquelle  tout ce qui se passe aujourd’hui nous prépare. Telle est l’humanité que nous préparons, indépendamment de notre sexualité, par l’addition implicite de nos désirs individuels.

Les vrais enjeux de l’Humanité

Alors, au lieu de s’opposer à une évolution banale et naturelle du mariage laïc, qui ne les concerne pas, les Églises devraient plutôt se préoccuper de réfléchir, avec les laïcs, à ces sujets bien plus importants:

  • Comment permettre à l’humanité de définir et de protéger le sanctuaire de son identité?
  • Comment poser les barrières qui lui permettront de ne pas se transformer en une collection d’artefacts producteurs d’artefacts?
  • Comment faire de l’amour et de l’altruisme le vrai moteur de l’Histoire?

Jacques Attali

 

 

http://matricien.org/2013/02/02/le-meilleur-des-mondes-unisexe-dattali-retour-a-landrogynie-primordiale-platonicienne/

 

 

Laïciser l’Etat, enfin!

Si la question du mariage pour tous fait tant bondir toutes  les Eglises, ce n’est pas tant parce que les droits et privilèges de l’union devant le maire seront ainsi étendus aux couples homosexuels, que parce que les autorités religieuses sont horrifiées par  l’usage du mot  » mariage » pour qualifier cette union.

Et cette querelle de mots  révèle une ambiguïté de l’Histoire de France,  qu’il est urgent de clarifier: depuis plus d’un siècle au moins  les Eglises ne doivent plus être maîtres des mots du droit ; elles sont en charge de la seule morale et pour leurs seuls fidèles. Le droit est laïc ; seule la morale est religieuse, pour ceux qui le désirent.

Si on cède à cette demande, on s’apercevra bientôt que les extrémistes chrétiens font, sans le savoir,  le jeu d’extrémistes d’autres religions qui voudront aussi un jour,  imposer a une société laïque leur sens des mots et des rythmes de vie: comment refuser aux uns ce qu’on aurait continué d’accorder aux autres? .

De fait, le  mot  » mariage »,  introduit en français au 12ème siècle,  utilisé d’abord par l’Eglise catholique,  a été ensuite repris par les autorités laïques. Celles-ci auraient pu employer un autre vocable pour designer l’union contractuelle de deux personnes devant le maire de leur commune ; elles ne l’ont pas fait. Et désormais, le mot « mariage’  est un mot irréversiblement laïc. Et  la représentation nationale a le droit,  si elle en décide, d’accorder ce qualificatif à toute union dont elle souhaite renforcer la valeur contractuelle.

Si les Eglises n’en sont pas contentes,  elles n’ont qu’à trouver un autre mot, (peut être celui de « union religieuse « ) pour designer la cérémonie qu’elles proposent à leurs fidèles, en complément du mariage,  devenu cérémonie  civile.  On notera d’ailleurs  qu’il y a d’innombrables mariages  sans sacrement  religieux alors que l’inverse est exclus.

Il convient même,   désormais, d’aller plus loin et d’enlever de notre société laïque les derniers restes de ses désignations d’origine  religieuse.  Par exemple, les  jours fériés  ne devraient être que laïcs, tels  le 1er janvier, le 1er Mai, le 14 juillet et  le 11 novembre. Les autres, dont les noms conservent encore une  connotation religieuse (la Toussaint,  Noel, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte,  l’Assomption) devraient se voir attribuer  des noms laïcs (« fête des enfants » pour Noel  et « fête de la liberté » pour Pâques) ou être considérés comme des fêtes religieuses, que les citoyens pourraient choisir  comme jours fériés, parmi d’autres jours fériés pour d’autres fêtes religieuses (Kippour,  l’Aïd, l’anniversaire du Dalai Lama).

Cette proposition  n’est pas un caprice de laïc, soucieux d’affirmer une illusoire victoire sur le religieux.  C’est au contraire une mesure de salut public, qui rendrait à César ce qui est à César, si on ne veut pas que d’autres religions, aux pratiquants  peut être un jour plus nombreux que les catholiques,  ne réclament à bon droit que  des jours  soient fériés pour tous à l’occasion de  leur propres fêtes.

On rétorquera que la France est fille ainée de l’Eglise et que cela donne à celle-ci quelques privilèges.  On aura pourtant du mal à convaincre les générations à venir que les privilèges de la noblesse aient été abolis et que ceux d’un clergé devraient rester  toujours aussi vivaces.

La religion est une affaire privée. Les mots qu’elle emploie et les rites qu’elle pratique ne sauraient en rien influer sur la démocratie de demain.  La fraternité, au 21eme siècle, aurait tout à y gagner.

 

j@attali.com

 

http://blogs.lexpress.fr/attali/2013/02/04/laiciser-letat-enfin/

 

.

 

Du mondialisme patriarcal au Nouvel Ordre Mondial : de l’atomisation des sociétés claniques à l’individu seul face à l’état-bancaire global

Le mondialisme patriarcal

Maîtres du monde : impérialismes mondialistes d'hier et d'aujourd'hui

Dans le monde antique, l’instauration du patriarcat, basé sur les valeurs de la conquête, de la dominance, et de la maîtrise de la nature, de l’idéalisation de la concurrence, de la lutte, de la guerre, du développement de l’individu au détriment des autres… renverse l’ordre précédent, celui de la Déesse-mère de l’amour et de la fécondité.

Cet immense bouleversement qui, de la Mésopotamie, va gagner le monde fait naître une société nouvelle, fondamentalement masculine et guerrière, qui va, pour plus de 1000 ans, plonger le monde antique dans un chaos d’où sortiront les cités fortifiées et les États militaires centralisés. La condition de la femme se transformera en tragédie : mariage forcé, viol, violences conjugales, inceste, répression sexuelle, prostitution…

Ernest Bornman, universitaire à Berlin décrit ce nouvel âge ténébreux : «Tout ce qu’il pouvait y avoir de maternel, de généreux, d’indulgent et de fécond (…) s’était changé en un horrible culte destructeur et tourné contre lui-même. Mutation d’Eros en Thanatos.(…) L’idéalisation de la concurrence, de la lutte, de la guerre, du développement de l’individu au détriment des autres… tout cela a été l’œuvre des hommes».

Bernard Marillier, B.A.-BA Indo-européens : « Véhiculant une vision du monde patriarcale, pastorale, guerrière et hiérarchisée, possédant une haute spiritualité de type masculin, viril et ourano-solaire, ils subjuguèrent les vieilles populations autochtones au mode de vie végétatif, agricole, égalitaire, pacifique et matrilinéaire, à la spiritualité féminine, sombre et telluro-chthonienne. De cette implosion et de cette heureuse conquête naîtront les peuples européens historiques de l’Antiquité: Celtes, Grecs, Romains, Hittites, Perses, Aryens, Germains, etc., créateurs des plus grandes cultures que connut jamais le monde ».

Psychanalyse de l'impérialisme

Le culte du Père et la paternité bouleversèrent l’équilibre social (hiérarchisation), opposant les individus entre eux, et créant ainsi un monde concurrentiel déséquilibré, qui pour trouver à nouveau l’équilibre, est amené à s’unifier indéfiniment jusqu’au mondialisme : empires achéménide, hellénistique, romain, omeyyade, incas, aztèque, chinois, mongole, birman, ottoman, britannique, USA, URSS, Union Européenne, OTAN, Nouvel Ordre Mondial… Enfin, la suppression de la parenté, de toute organisation familiale et le culte de l’individu, conduiront à l’unification totale de l’humanité…

Le Meilleur Des Mondes

Mais la marche de l’Histoire ne s’arrête pas là. A chacune de ses étapes correspond un modèle familial, une urbanisation, une forme de propriété et une forme de pouvoir. Tandis que les masses populaires soumises s’individualisent, l’hyper-classe de l’élite se collectivise, et le monde se globalise :

Après le clan matriarcal, puis le clan patriarcal, et la famille nucléaire conjugale, place à la famille mono-parentale et à la disparition totale de toute forme de famille. Bientôt la procréation industrielle par génie génétique, et l’euthanasie des inactifs trop coûteux à la collectivité (chômeurs, handicapés, retraités…) ?

1984 George OrwellAprès la vaste demeure clanique, puis la petite maison conjugale, place au studio individuel. Après le collectivisme clanique multi-échelles (communisme primitif), la propriété individuelle (capitalisme), la mono-propriété collective nationale (communisme), place au collectivisme oligarchique : Fusions & acquisitions des petites entreprises par les grosses entreprises. Communisme = capitalisme d’état. La communauté de l’élite possède collectivement tous les moyens de production ( »1984 » de Georges Orwell).

Après la souveraineté populaire, puis la monarchie absolue de droit divin, la république oligarchique, place à la ploutocratie bankster. Après les confédérations claniques, les états-nations centralisés, place au gouvernement global du Nouvel Ordre Mondial

 

http://matricien.org/patriarcat/histoire/mondialisme/

 

Partager cet article
Repost0
5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 21:23
JPEG - 27.2 ko
http://www.temoignages.re - http://www.temoignages.re/statu-quo-dans-l-est,32472.html

 

5 février 2013
PAC ou le statut-quo ultralibéral  

Alors que le secteur avicole breton est déjà dans une grave crise, voici que la Commission de Bruxelles n’a rien trouvé de mieux à faire que de lui porter un nouveau coup de grâce avec la décision autoritaire de supprimer les crédits européens soutenant les exportations.

Les grands groupes dominants dont Doux et Tilly Sabco ont immédiatement réagi, … non contre la décision de la Commission, mais contre les aviculteurs en annonçant une diminution immédiate du prix d’achat de la volaille, une réduction des quantités à produire et une baisse d’activité des usines se transformant en réduction d’emploi. Prétexte ? Oui, en partie ! Puisque le maintien des restitutions aux exportations depuis des années n’a pas empêché le groupe Doux de liquider des usines, des emplois et des éleveurs.

Cependant, dans la phase actuelle, il est nécessaire de maintenir ces aides aux exportations, tout en menant une discussion entre les pays pour créer progressivement les conditions de la souveraineté alimentaire dans les pays importateurs et une mutation de notre industrie de transformation agro-alimentaire pour créer plus de valeur ajoutée à partir de nos productions. Ceci suppose évidemment d’assurer des prix garantis aux producteurs avicoles, comme aux autres pour des volumes régulés de production.

Ce n’est évidemment pas le chemin pris par la prochaine « réforme de la politique agricole commune ». Après le vote de la Commission agriculture du Parlement européen, nous redoutons un « statut-quo » entérinant les déréglementations et les libéralisations passées. Après avoir débattu près de 8000 amendements, la Commission du Parlement européen n’a proposé aucune disposition nouvelle pour la création de prix de base stables à la production. Tout juste a-t-elle acté le concept « d’agriculteurs actifs »  pour exclure certains abus dans l’attribution des aides, mais elle n’a plafonné celle-ci qu’à hauteur de 300 000 euros. Plusieurs études ont pourtant montré qu’un plafonnement à 100 000 euros des aides par exemploitation aurait permis de dégager 7 milliards d’euros pour soutenir les petites fermes.

Les grandes déclarations sur un prétendu « verdissement » qui aurait aussi permis de défendre mieux une agriculture paysanne et surtout, grâce à une rotation des cultures, préserver la biodiversité, les sols et permettre de compenser un peu nos déficits en protéagineux n’ont accouché de rien.

De même l’harmonisation intra-européenne se fera à pas très lents puisque les mécanismes dits de « convergence » favorisent plutôt les anciens membres de l’Union européenne. Ceci ne fera qu’amplifier encore la concurrence au détriment de l’emploi, des territoires et de la qualité.

Enfin, aucun système nouveau d’amélioration des prix ou de régulation de production n’est envisagé. Les seules nouveautés consisteraient à favoriser la création d’organisations de producteurs et de fonds d’assurances privées pour, prétendument garantir un revenu en cas de crise. Le terrible exemple du lait montre l’inefficacité de tels projets et les systèmes d’assurances privées sont un moyen de plus de financiariser ce qui relève de l’intérêt public. La suppression des quotas laitiers est maintenue. Les quotas de production du sucre sont maintenus jusqu’à l’année 2020 et le droit de plantation jusqu’en 2030.

Bref, si le Parlement votait ces textes en séance plénière à la mi-avril, nous serions dans une sorte de statut-quo ultralibéral contre les paysans, l’emploi et la vie de nos territoires. Ceci serait encore renforcé par les actuelles prévisions de baisse du budget européen qui peuvent aller de 80 milliards à 105 milliards pour la période qui s’étale de 2014 à 2020. Cela reviendra à réduire considérablement les moyens pour un développement social et durable de la production agricole. L’action, en direction des députés européens d’ici le vote ne sera pas inutile pour une autre politique agricole commune.

 

http://patricklehyaric.net/2013/02/05/pac-ou-le-statut-quo-ultraliberal/

 

.

Et pour l'industrie,

 

266 fermetures d'usine annoncées en un an

 

Sur le Monde

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/02/05/en-france-les-fermetures-d-usines-s-accelerent_1827072_3234.html

Un salarié de l'entreprise M-Real à Alizay, dans l'Eure, participe au blocage de l'entrée de son usine pour la quinzième journée consécutive, le 3 novembre 2011.

La scierie Lefèbvre à Buironfosse (Aisne), la manufacture de clarinettes de La Couture-Boussey (Eure), la fabrique de sacs Mondi de Saint-Jean-d'Illac (Gironde)... La disparition de ces usines-là n'a pas fait la une des journaux ni l'ouverture du "20 heures". Mais ces dossiers reflètent la réalité de la désindustrialisation autant sinon mieux que des sinistres spectaculaires comme Petroplus ou Goodyear.

De plus en plus de petites usines de ce type sont en effet rayées de la carte. En 2012, quelque 266 fermetures de sites industriels ont été recensées, soit 42 % de plus qu'en 2011. En moyenne, la taille de ces sites se limite à 71 salariés, selon les chiffres publiés, mardi 5 février, par la société Trendeo, qui traque les annonces de création et de destruction d'emplois.


LE DÉLITEMENT S'ACCÉLÈRE


Au final, Arnaud Montebourg a beau se mobiliser en faveur du "redressement productif", le délitement du tissu industriel tend au contraire à s'accélérer. Et l'année 2013 démarre mal : "Le mois de janvier, avec les annonces de Renault puis de Goodyear, a été le plus mauvais en termes de suppressions d'emplois depuis que nous collectons des données", indique David Cousquer, de Trendeo.

Après avoir culminé en 2009, au plus fort de la tempête économique, les fermetures de sites et les plans sociaux s'étaient un peu calmés en 2010 et 2011. Le mouvement est reparti de plus belle à partir de l'été dernier, alors que le nombre de créations d'usines progressait très légèrement, à 166.

Résultat : en quatre ans, 1 087 fermetures ont été annoncées, pour seulement 703 ouvertures. La France compte ainsi 384 sites industriels de moins qu'au début de 2009. C'est "le pays le plus désindustrialisé d'Europe", selon Patrick Artus, de Natixis.

Denis Cosnard

Plus fort recul de l'activité du privé depuis quatre ans L'activité du secteur privé français a replongé en janvier, enregistrant son plus fort recul depuis mars 2009. L'indice  PMI confirme ainsi la première estimation publiée fin janvier et se replie à 42,7 points, contre 44,6 points en décembre, soit son plus bas niveau depuis 46 mois. Il s'éloigne fortement du seuil de 50 points qui marque la frontière entre périodes d'expansion et de contraction.
Cet indicateur avancé de la conjoncture, considéré comme fiable par les analystes, avait déjà touché en septembre son plus bas depuis mars 2009, mais la contraction de l'activité avait depuis ralenti sa cadence. Dans le détail, malgré la faiblesse actuelle de l'activité des services, la confiance des prestataires de ce secteur se renforce et atteint son plus haut niveau depuis cinq mois. Le PMI manufacturier, déjà rendu public, s'est lui replié de 44,6 points à 42,9 points en un mois

Partager cet article
Repost0
5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 14:35

..

(Relaxnews/Abaca) - Le style …..

 

Partager cet article
Repost0
3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 03:15

 

  Article publié sur mon blog officiel, sous mon vrai nom, eva

 

NOM-Zola-riche-et-esclaves.jpg

 

 

Le Nouvel Ordre Mondial

avance rapidement tous ses pions,

voici pourquoi.

Par Chantal Dupille

 

 

Le Nouvel Ordre Mondial, rebaptisé "Nouvelle Gouvernance Mondiale", avance ses pions à une allure vertigineuse. Et je suis sûre que la plupart des citoyens ne s'en rendent même pas compte !

 

Sans entrer dans les détails, je vous donne des pistes.

 

Dernièrement, j'ai écrit des articles pour attirer l'attention sur l'idéologie monstrueuse du NOM qui se cache derrière le Mariage pour tous (1). Vers un monde unisexe, la PMA, la marchandisation des pauvres, le mariage pour personne, et puis plus de genre, plus de père, plus de mère, plus d'école maternelle, etc ! Un  être humain unique, créé scientifiquement et de qualité supérieure, ensuite !

 

Et cela nous mène aussi, insidieusement, à une religion unique, d'essence satanique, avec à la clef mépris et même sacrifice d'humains, en tous cas viols, pédophilie, etc : Et déjà, haro sur les Catholiques, sur les Orthodoxes - et surtout sur les Musulmans, coupables d'être si non-alignés, apôtres d'une finance non usurière, et vivant dans des régions au sous-sol si riche à voler, à piller !

 

N'insistons pas sur la langue unique (le Français devienda un vulgaire patois), imposée à tous, non pas l'Esperanto, mais l'Anglais ! (2)

 

Le NOM avance en Europe, avec son idéologie unique : Toujours plus technocrate, concentrée, bureaucratique, libérale, atlantiste, néo-sioniste, au seul service des intérêts des gangsters de la Finance. Tout sera décidé à Bruxelles : Marché Unique, Monnaie unique, Défense Unique - au seul service de l'OTAN usraélien et de ses guerres impériales et impérialistes de prédation et de domination. Et par-dessus tout, l'Europe est comme je l'ai déjà entrevu en 2009, "le tremplin du Nouvel Ordre Mondial (3).

 

Et toutes les guerres avec des armes de destruction massive ensanglantant des régions entières et même des continents, ruinant tout espoir d'autonomie et de développement des peuples, c'est encore, évidement, pour l'avancement du NOM qui pousse ses pions partout, afin de contrôler tous les territoires insoumis, non-alignés, et leurs ressources, sinon avec une marionnette à son service, du moins en bombardant tout ce qui résiste à son emprise totalitaire et diabolique !

 

Alors oui, discrètement, pas à pas, le Nouvel Ordre Mondial nous emprisonne toujours plus dans les mailles de son filet totalitaire, esclavagiste, eugénique.

 

Alerte ! Nous sommes les 99%, dénonçons l'horreur à venir et refusons-la ! La Grèce appelle à la grève générale, emboîtons le pas, de manière illimitée, et postons-nous devant toutes les Rédactions pour exiger une information enfin libre !

 

Nous n'avons pas le droit de baisser les bras. Au moins pour nos enfants !

 

Chantal Dupille

 

(1)Derrière le "mariage pour tous", alerte ! L'ombre du Nouvel Ordre Mondial

Mariage pour tous : François Hollande agent du Nouvel Ordre Mondial

N'y aura-t-il plus aussi, bientôt, d'école "maternelle" ?

 

(2) The French Army informs you… (Article en Français, colère des militaires)

 

(3) L'Europe de la paix désormais au service de la guerre,de l'Empire,du NOM

 

 

resister-au-capitalisme.jpg

Partager cet article
Repost0
2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 04:53

 

 

http://lejournaldusiecle.com/2013/01/04/la-nouvelle-bulle-de-1000-milliards-qui-menace-les-etats-unis/

.Etudiants américains

 

 

Vers l'abolition du «goulag chinois»


Les sinistres camps de travail chinois pourraient disparaître dès cette année. C'est le plus haut responsable chinois en matière de sécurité, Meng Jianzhu, qui l'a annoncé ce lundi, en révélant que le projet de suppression du système de «rééducation par le travail» avait été soumis aux commissions compétentes du Parlement chinois...

 

Le Figaro

 

 

Emprunts étudiants:

La nouvelle bulle qui menace les États-Unis


1 000 milliards de dollars! C'est le montant des emprunts contractés par les Américains pour leurs études. Un fardeau de plus en plus insupportable... et une "bulle" qui pourrait exploser. Sur les réseaux de type Copains d'avant, qui pullulent sur Internet, il n'est pas rare de voir des "amis" grisonnants célébrer, à plus de 50 ans, la dernière mensualité de leurs cours de sociologie...

 

L'Express

 

 

.

Emprunts étudiants:
La nouvelle bulle qui menace les États-Unis

 Par notre correspondant Philippe Coste (L'Express) - publié le 03/01/2013 à 18:05

1 000 milliards de dollars! C'est le montant des emprunts contractés par les Américains pour leurs études. Un fardeau de plus en plus insupportable... et une "bulle" qui pourrait exploser.

  •  

5

À l'université de Harvard (Massachusetts), la facture s'élève à près de 28 000 euros par an, sans compter le logement et l'assurance médicale.
À l'université de Harvard (Massachusetts), la facture s'élève à près de 28 000 euros par an, sans compter le logement et l'assurance médicale.
Reuters/Brian Snyder

Son diplôme est maintenant au fond d'un tiroir, enseveli sous les lettres de relance et les mises en demeure. Depuis sa sortie de la prestigieuse Rhode Island School of Design, une école d'architecture, en 2005, Silas Adams a pu rembourser un temps une partie des quelque 133 000 dollars (100 000 euros) d'emprunts contractés pour le paiement de ses études. Tant qu'il travaillait en Californie pour le compte d'un grand promoteur immobilier, les traites de son student loan, son prêt étudiant, étaient supportables. Mais son choix de revenir dans sa région natale, au nord de New York, pour tenter sa chance comme entrepreneur, a bouleversé la donne. "Je n'ai plus les moyens de payer, à moins de me retrouver à la rue, reconnaît-il. Et, parmi les décisions qui m'ont conduit à cette situation, je n'en regrette qu'une : celle d'avoir demandé la caution solidaire de mes parents. Depuis, les créanciers les appellent plusieurs fois par jour."

Aux quatre coins des Etats-Unis, les sonneries de téléphone suscitent aujourd'hui les mêmes angoisses pour des millions de familles. Après les ravages de la crise des prêts immobiliers subprime - la saisie pour impayés de milliers de logements achetés avec des crédits illusoires -, c'est un autre versant du rêve américain qui s'effrite : l'en-cours des emprunts par les étudiants atteint à présent 1 000 milliards de dollars (plus de 753 milliards d'euros), un chiffre équivalant au montant de la dette en cartes de crédit des ménages. Si les institutions financières n'ont jamais tant prêté, depuis près de dix ans, pour aider les jeunes Américains à payer leurs droits d'inscription et leurs frais quotidiens sur les campus, plus de 11 % de ces dettes individuelles n'ont pas été honorées ces trois derniers mois. Un taux d'impayés supérieur à celui du crédit à la consommation !

Emprunts étudiants: la nouvelle bulle qui menace les États-Unis

Brian Snyder / Reuters

19% des ménages ont un prêt étudiant à rembourser

40% des ménages de moins de 35 ans ont un prêt étudiant en cours

26 682 dollars c'est l'endettement moyen des étudiants

(Source : institut Pew, en 2010)

Les études universitaires, investissement clef de la promotion sociale américaine, offrent désormais plus de désillusions que de carrières prospères. Dans un pays qui compte près de 8 % de chômeurs, le recul des salaires et l'absence de perspectives de carrière peuvent rendre impossibles les remboursements. Or l'endettement étudiant n'a jamais atteint de tels sommets. 68 % des jeunes diplômés améri- cains sortent avec un emprunt à rembourser, évalué en moyenne à 26 600 dollars (20 000 euros), pour moins de 10 000 dollars (7 500 euros)en 1989.

1 étudiant sur 10 issu de médecine ou d'une business school réputée entre dans la vie active lesté d'une ardoise proche de 62 000 dollars (47 000 euros). A l'heure où l'économie patine, le fardeau apparaît de moins en moins supportable. Près de 20 % de l'ensemble des ménages américains, toutes générations confondues, paient chaque mois la facture de leurs études.

Sur les réseaux de type Copains d'avant, qui pullulent sur Internet, il n'est pas rare de voir des "amis" grisonnants célébrer, à plus de 50 ans, la dernière mensualité de leurs cours de sociologie. Mais, de facto, les plus endettés sont les ménages âgés de moins de 35 ans. Pour 40 % de cette tranche d'âge, le student loan s'ajoute au crédit immobilier et aux traites de l'automobile. De plus en plus souvent, cette dette interdit l'accès à la propriété, freine la consommation quotidienne et, par extension, la croissance du pays. Cet horizon, assombri par le chômage, les bas salaires, et des décennies d'endettement, devrait dissuader les vocations d'étudiants. Déjà, un tiers seulement des élèves inscrits au college, le premier cycle universitaire, vont jusqu'au diplôme.

Pourtant, vu la situation de l'emploi, beaucoup tentent d'améliorer leur formation et leurs chances d'être embauchés par un retour temporaire dans les amphis, qui offre aussi un autre avantage, paradoxal : "Tant que l'on est à la fac, les remboursements sont suspendus, explique Kevin Stump, âgé de 23 ans et "plombé" par plus de 13 000 dollars (9 800 euros) de dette. Voilà pourquoi, quand j'ai compris que mon premier salaire ne me permettrait jamais de rembourser mon emprunt, je me suis réendetté pour suivre un nouveau cycle à mi-temps, tout en travaillant." Sa stratégie consiste maintenant à obtenir son diplôme "le plus lentement possible", dans l'espoir que le marché de l'emploi s'améliore et que ses futures qualifications, dans les relations publiques, lui apportent un salaire décent.

 

1 sur 2 page suivante

 

http://lexpansion.lexpress.fr/economie/emprunts-etudiants-la-nouvelle-bulle-qui-menace-les-etats-unis_367074.html

 
Partager cet article
Repost0
2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 02:09
Une député PS veut changer le nom de l'école «maternelle», trop sexiste selon elle

Nous allons vers une société unisexe, alerte ! Tout est fait pour nous amener au "genre" unique, à un seul sexe ! Pas après pas ! Eva - Voir ici :

Derrière le "mariage pour tous", alerte ! L'ombre du Nouvel Ordre Mondial


t

ÉCOLE - Il renverrait trop, selon elle, à l'image de la seule mère...

 

Est-ce bien le moment? En plein débat sur la modification des rythmes scolaires, et alors que Vincent Peillon tente d'éteindre l'incendie dans la maison éducation nationale en annonçant de possibles primes pour les enseignants, voilà que la députée PS parisienne Sandrine Mazetier souhaite débaptiser l'école maternelle, comme elle l'a expliqué ce vendredi sur RTL.

C'est que la terminologie serait «trop sexiste» selon elle. «La maternelle, c'est une école. Ce n'est pas un lieu de soin ou un lieu de maternage. 

 

Suite ici :

 

 

http://fr.news.yahoo.com/d%C3%A9put%C3%A9-ps-veut-changer-nom-l%C3%A9cole-maternelle-sexiste-141400958.html

 

.

Partager cet article
Repost0
1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 03:35

 

bilderberger-rule-the-world

http://diaconescotv.canalblog.com/archives/2012/12/02/25723293.html.

 

De lourdes accusations sur le Groupe Bilderberg

 

Il y a quelques années, nous étions une faible minorité à connaître l’existence du Groupe Bilderberg. Maintenant, quelques personnes pourtant encore bien ignorantes du « monde réel » dans lequel nous vivons, évoquent, par exemple au cours d’une soirée, l’existence du Groupe Bilderberg.


On se souvient, il y a pas si longtemps, d’un journaliste ‘professionnel’ comme J.-F. Kahn, interrogé par le l’animateur de C dans l’air à propos du Groupe Bilderberg, répondre en ouvrant de grands yeux tout en feignant ignorer ce que tout journaliste consciencieux doit connaître quand il traite de sujets d’actualité sérieux.

 

 

Le juge anti-mafia Imposimato accuse le groupe Bilderberg de terrorisme
 

 

 

VIDEO :

Graves accusations sur le Groupe Bilderberg - Qu'est-ce que Bilderberg ?

  

Aujourd’hui, c’est le président honoraire adjoint de la Cour de Cassation italienne, Ferdinando Imposimato, qui égratigne sérieusement le Groupe Bilderberg. En effet, lors de la présentation de son livre La république des tragédies impunies, il assure que cette entité qu’ont fréquenté et que fréquentent nombre de tartuffes siégeant aux postes éjectables de la république française, fut impliquée dans les attentats tragiques des années 1970 et 1980 en Italie. Derrière le terrorisme imputé aux cellules terroristes et de la mafia… il y a surtout les services secrets américains.


« La stratégie servait à entraver l’émergence de gouvernements de gauche, et était orchestrée par la CIA ».


Bien des choses ont changé depuis… Les gouvernements de gauche sont à la solde des services US et préparent le terrain juridique pour rajouter la France, belle ‘province’, à la liste des nombreux Etats américains. En ce sens, les sieurs Sarkozy/Hollande font un tandem merveilleux pour faire avancer le chimlblic

 

(Coluche).

 

A voir :


2 adresses pour de l'Info sans langue de bois - dérangeante ! A relayer..

 

 

Rappel :

 

Imprimez cet article. Imprimez cet article.

20 mai 2008 par Laurence Kalafatides | consulté 20249 fois  FMIOMCPrivatisationBilderbergCorruption   5

 

Ceux qui ignorent l’histoire se condamnent à la répéter (Georges Langlois)

 

Bilderberg_dees-300x183.jpg

 

La nouvelle vient juste de tomber. Cette année, le Bilderberg tiendra sa conférence annuelle du 5 au 8 juin, à Chantilly, près de Washington. Cette information, venue des Pays-Bas, a peu de chance d’intéresser les téléspectateurs français car, depuis le 4 mars 2008, ils « savent » que le Bilderberg n’existe pas. En effet,ce soir là, Yves Calvi, consacrait son émission C dans l’air – une de ces cuistreries dont la télévision française est friande – à la question : “ Qui gouverne le monde “.

Yves Calvi, journaliste depuis 1986 (France Info, FRI, Europe 1) recevait quatre éminents spécialistes du sujet : Gérard Chaliand (spécialiste des problèmes géopolitiques et stratégiques), Nicole Bacharan (historienne et politologue franco-américaine), Jean-François Khan (historien, journaliste depuis 1964 – Europe 1, l’Express, le Monde – fondateur de l’Evénement du Jeudi puis de l’hebdomadaire Marianne),et enfin Jacques Rupnik (Directeur de recherches au Centre d’études et de recherches internationales). Comme à l’accoutumée, la fin de l’émission fut dédiée aux questions des téléspectateurs. Yves Calvi se saisit d’un message et posa la question à brûle-pourpoint : [1]

- Y. Calvi : Que savez-vous de l’organisation mondiale Bilder … beurk, je vais y arriver… Bilderberg, moi j’en avais jamais entendu parler, qui réunit chaque année les personnages les plus influents du monde ? vous connaissez ça vous ?
- Réponse unanime des invités : NON
- Y. Calvi : Ben voilà, c’est un bide en direct
- J-F Khan : Je connais la Tricontinentale [2] , je connais Davos, mais je connais pas …
- N. Bacharan : Je ne connais pas du tout cette organisation donc je n’en dirais rien
- Y. Calvi : c’est peut-être une invention d’un téléspectateur qui a de l’humour, qui nous teste ?
- N. Bacharan : peut-être qu’il voulait vérifier…
- G. Chaliand : Je me méfie beaucoup de ces organisations mondiales qui dans l’ombre se réunissent et distribuent en quelque sorte les dividendes et les rôles. C’est une longue histoire.
- Y. Calvi : Vous êtes peut-être en train de répondre très habilement à une fausse question, ce qui est très rare, et ce qui pour le coup est d’une grande intelligence, enfin moi, ça m’arrange !

La suite de l’émission importe peu. Les téléspectateurs auront retenu que le Bilderberg n’existe pas puisque cinq journalistes et spécialistes de géopolitique n’en ont tout simplement jamais entendu parler.

A la décharge de nos brillants “experts” il faut reconnaître que le Groupe de Bilderberg n’existe QUE depuis 54 ans, et que ce club ultra huppé ne reçoit QUE des têtes couronnées, des ministres,des secrétaires généraux de l’OTAN, des PDG, des patrons de presse. On le voit, il n’y a là rien qui puisse éveiller la curiosité des invités d’Yves Calvi. Pourtant…

Le Bilderberg, ce fantasme de gauchiste [3]

Pourtant, la genèse du Groupe de Bilderberg est une histoire fort instructive qui mérite d’être contée, car elle donne à voir une réalité qui se situe à l’exact opposé de la démocratie. Depuis sa création en 1952, le Bilderberg a largement contribué à construire le condominium euro-américain, sous leadership US, que l’on voit à l’oeuvre aujourd’hui. Ce condominium transatlantique peut être considéré comme la clé de voûte du nouvel « ordre mondial » que le président américain Harry Tuman a annoncé en 1947. Plan Marshall, OTAN et son réseau secret Stay-Behind, Union Européenne, CIA , MI6 et Bilderberg font partie des instruments utilisés pour mettre en place cet « ordre mondial » et mener la guerre froide.
Pour autant, façonner ce nouvel ordre mondial, selon l’architecture décidée par Washington, implique la collaboration des pays membres de l’Alliance Atlantique. Le Bilderberg a précisément pour fonction d’assurer cette collaboration. La filiation OTAN/Bilderberg peut se lire au travers des nombreuses sessions consacrées « aux questions sur lesquelles un accord au sein de l’Alliance Atlantique peut s’avérer difficile. » Sous couvert de débats, le Bilderberg exerce une véritable diplomatie parallèle au prétexte que, selon ses propres termes,  » les dimensions et les possibilités des contacts officiels [ des hommes d’Etat et des diplomates ] ont leurs limites et ne couvrent pas tout le champ que les fondateurs de Bilderberg avaient en idée. »

Le Groupe de Bilderberg, dont l’objectif affiché est de construire « l’unité du monde occidental » ne recrute que » des gens importants et respectés et qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs que le Bilderberg s’est assigné. [4] » Au début de chaque conférence, une note distribuée aux participants indique que l’on attend d’eux qu’ils usent de leur « influence afin que l’Alliance Atlantique puisse fonctionner d’une façon plus efficace. » Quant à la diversité des sujets débattus, elle découle, selon un document de 1957, de « l’intérêt commun des membres de l’OTAN [ qui ] s’étend constamment au-delà de la sphère d’application limitée du Traité Atlantique. [5] » Il va sans dire que pour faire entériner cette « politique occidentale qu’il serait peut-être plus exact bien que moins diplomatique d’appeler américaine » [6] la plus grande quiétude est nécessaire. C’est la raison pour laquelle ces conférences annuelles – qui regroupaient environ 50 personnes dans les premières années et qui aujourd’hui en comptent 120 – se tiennent loin des regards, dans des hôtels ultras sécurisés et ne donne lieu à aucune communication externe.

Amitié Transatlantique

Paris, 25 septembre 1952. Ce jour-là, 13 personnes se réunissent pour jeter les bases de ce qui deviendra deux ans plus tard, le Groupe de Bilderberg. En plus du Baron François de Nervo, hôte de la réunion, on note des personnalités venues de toute l’Europe :
- Paul Van Zeeland, ministre belge des affaires étrangères
- Bernhard De Lippe-Biesterfeld, Prince consort des Pays-Bas, époux de la Reine Juliana
- Ole Bjorn Kraft, Ministre danois des affaires étrangères, président du Conseil de l’OTAN
- Dr Rudolf Mueller, avocat d’affaires allemand, ancien président de la German Economic Administration de la zone anglaise.
- Panagiotis Pipinelis, représentant permanent de la Grèce à l’OTAN
- Paul Rykens, président de la firme multinationale Unilever
- Hugh Gaitskell, ancien chancelier de l’Echiquier, trésorier du parti travailliste
- Guy Mollet, président le la SFIO
- Antoine Pinay, Président du Conseil ; ministre des Finances et Affaires économiques

Et enfin les deux chevilles ouvrières du Bilderberg en cours de constitution :
- Sir Colin Gubbins, ancien Général de l’armée britannique, qui durant la guerre fut chargé de la planification des actions subversives et de sabotage au sein du S.O.E. – Special Operation Executive – Démantelé en juin 1946, le SOE fut remplacé, à l’intérieur du service de renseignement MI6, par une nouvelle section secrète  » Special Operations » dont Colin Gubbins prit le commandement. En liaison avec Frank Wisner – directeur du bureau de coordination politique des opérations spéciales de la CIA (OPC ) Gubbins s’activa à créer les armées secrètes de l’OTAN – Stay Behind – dans toute l’Europe [7].

- Joseph Retinger : Cet ami intime de Gubbins fut conseiller diplomatique du Général Sikorski, chef du gouvernement polonais en exil à Londres durant la Deuxième Guerre mondiale [8]. Les services secrets français le considéraient comme un agent du contre-espionnage polonais passé au service de l’Intelligence Service de Grande-Bretagne [9]. Lorsqu’en 1952, Retinger se lance dans la création du groupe de Bilderberg, il occupe le poste de secrétaire général du Mouvement européen.

Sont excusés, Max Brauer, membre du parti socialiste allemand, Maire de Hambourg et Lord Portal de Hungerford, ancien maréchal de la Royal Air Force, contrôleur pour la production de l’énergie atomique au ministère de l’approvisionnement.

Pour Retinger et ses amis, la première tâche consiste à redonner du dynamisme à la campagne antisoviétique en Europe, et à faire battre en retraite les partis communistes jugés trop puissants. Mais pour ce faire, il s’avère nécessaire de pacifier les relations euro-américaines. Il est vrai que de nombreux nuages se sont accumulés sur l’ horizon transatlantique depuis la fin de la guerre. Le comité européen pointe du doigt l’ingérence américaine dans les affaires intérieures des pays européens, à ce point outrancière que les élus peinent à la masquer à l’opinion publique. Problème amplifié par le comportement « vulgaire et arrogant » de nombreux Américains en postes en Europe et qui alimente un certain « anti-américanisme » dans les populations. Cette situation donne, selon les membres du Comité, des arguments aux partis communistes qui dans certains pays engrangent de belles victoires électorales. Le groupe échafaude alors un plan d’action destiné à « attirer l’attention des autorités compétentes sur des mesures qui puissent renforcer l’amitié et la confiance qui doivent régner entre l’Amérique et l’Europe«  et décide, dans la foulée, de créer un Comité analogue aux Etats-Unis.

Peu de temps après, Joseph Retinger et le Prince Bernhard, s’envolent pour les Etats-Unis où ils rencontrent Averell Harriman [10], directeur de la Mutual Security Agency – agence chargée de coopération économique – Walter Bedell Smith [11], directeur de la CIA et C.D. Jackson [12], Président du Comité pour une Europe Libre . Le 1° octobre 1953 une lettre du directeur de la CIA, informe Retinger que le Comité américain est constitué. 18 mois plus tard, le 8 février 1954, Européens et Américains se réunissent, de nouveau chez le Baron François de Nervo, et valident un rapport – N°3 – où se trouve également consignée leur stratégie : « Les membres du Groupe, usant de leurs relations avec leurs autorités respectives, s’assureront que les points de vue développés dans le rapport n°3 seront soumis aux divers gouvernements ». Ils décident d’organiser  » dans un futur proche, une réunion restreinte de personnalités triées sur le volet et d’environ cinquante personnes ; la conférence discutera des problèmes mentionnés dans le document N°3 et si possible conviendra que ses conclusions sont la meilleure voie possible pour réaliser une entente parfaite entre l’Europe et l’Amérique. Les participants seront des personnalités influentes et informées des sujets débattus. »

La conférence dont il est fait mention est prévue pour les 29-30et 31 mai 1954 à Oosterbeek (Pays- Bas ) dans l’hôtel Bilderberg. Les thèmes inscrits à l’ordre du jour sont les suivants :
a) L’attitude générale envers le communisme et l’Union soviétique
b) L’unification de l’Europe
c) La Communauté européenne de Défense et la défense européenne
d) Le problème des colonies
e) Les problèmes économiques

Trouver un consensus qui permettrait d’adopter une position commune « envers le communisme et l’Union Soviétique » n’est pas chose aisée. Les Etats-Unis se montrent inflexibles envers « l’ennemi » et reprochent à l’Europe de s’orienter vers une politique de négociation avec l’URSS, voire même, blasphème, une politique d’apaisement. Pour leur défense, les Européens arguent d’un fort électorat communiste dans certains pays contre lequel la « solution » américaine semble inadéquate. Déterminés à aller de l’avant, les participants concluent que la réconciliation se fera grâce à un front commun contre l’Ennemi, à savoir le communisme.
Au fait, en quoi consiste cette menace communiste contre laquelle on mobilise tant de monde et tant d’argent ?

Le capitalisme en danger

En 1945, le Reich à peine vaincu, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis envisagent sérieusement un revirement d’alliance. Nombre de personnalités des deux nations considèrent que l’ennemi « naturel » n’est pas le nazisme, mais le bolchevisme. Il est, momentanément, question que les armées britanniques et américaine « marchent sur Moscou ». Churchill donne l’ordre – secret – au Maréchal Montgomery de ne pas désarmer les unités allemandes capturées et de les tenir prêtes pour un possible emploi contre l’armée rouge. De son côté, le Général Patton demande à réarmer deux divisions de la Waffen SS afin de les incorporer dans la troisième armée américaine pour les diriger contre les Russes. Dans le même temps, les services de renseignements américains recrutent des espions nazis ainsi que des gradés SS et exfiltrent un nombre considérable de criminels de guerre [13].

Toutefois, les opinions publiques ne sont pas prêtes à un tel revirement de situation et sont loin de considérer l’URSS comme une ennemie. En 1945, l’armée rouge jouit d’un grand prestige parmi les soldats stationnés en Europe, et un sondage indique que 55% des Américains déclarent vouloir conserver l’URSS comme allié après la guerre [14]. Durant l’année 1946, John Strohm, président de l’Association américaine des journalistes agricoles voyage plusieurs mois à travers la Russie, de retour, il racontera dans un livre que partout où il est allé, il a pu constater chez les Russes un profond sentiment d’amitié à l’égard des USA. Le diplomate américain Summer Welles, quant à lui, affirme publiquement que les véritables objectifs de la politique soviétique sont « la sécurité, la reconstruction, l’industrialisation des républiques soviétiques, et le développement des ressources naturelles comme partie essentielle d’un programme visant à élever rapidement le niveau de vie des Russes. » [15]

Ces prises de position s’avèrent extrêmement contrariantes pour ceux qui se sont considérablement enrichis grâce à l’économie de guerre et envisagent d’un mauvais oeil la baisse des carnets de commandes. D’ailleurs, en 1946, des économistes sonnent l’alarme : une crise de surproduction menace et le spectre de la récession n’est pas loin. Pour l’administration américaine, l’ urgence est de trouver des débouchés pour les produits et les capitaux américains, et de remettre en selle la stratégie de la « porte ouverte » [16]. Les regards se tournent vers l’Europe qui manque de tout, vers ses colonies dans lesquelles les Américains veulent pouvoir s’implanter et enfin vers les pays d’Europe sous l’influence de L’URSS .
Mais en Europe de l’Ouest, l’ antifascisme radical se double d’une remise en cause du capitalisme. Dans de nombreux pays, syndicats et partis de gauche acquièrent une influence considérable. En Allemagne les ouvriers mettent en place des « conseils d’entreprises souvent dirigés par des communistes » [17] y compris dans les filiales allemandes des entreprises américaines Ford ou General Motors. Ces conseils d’entreprises « inquiètent tous ceux qui craignent que la Deuxième Guerre mondiale ne débouche sur une révolution sociale, exactement comme la guerre franco-prussienne de 1870 et la Première Guerre mondiale avaient engendré la Commune et la Révolution d’Octobre. » [18] En Grande- Bretagne, le parti travailliste qui remporta les élections contre Winston Churchill en 1945 développe une politique qui répond aux aspirations d’une population extrêmement éprouvée par la guerre. De grandes réformes sociales sont mises en place, telle que la création de la sécurité sociale, ou la nationalisation des industries lourdes et de la Banque d’Angleterre. En Italie, les élections communales de 1946 amènent une large victoire des partis de gauche, tandis qu’en France, le général de Gaulle au pouvoir entreprend des nationalisations, et concède quatre ministères aux communistes. Les élections législatives de novembre 1946, font du PCF le premier parti politique en voix.

Quand Harry Truman était « fatigué de pouponner les soviétiques » [19]

Fort opportunément, en février 1946, un conseiller de l’ambassade américaine en URSS, George Kennan, rédige un long document dans lequel il fait part de ses réflexions sur le défi soviétique auquel est confronté l’Amérique. Bien que convaincu qu’il n’existe pas de risque de conflit entre les deux « grand », il préconise une grande fermeté vis-à-vis du Kremlin ainsi qu’ une politique offensive visant à réduire l’influence soviétique sur les pays satellites. Ce « long télégramme » sera utilisé, peu de temps après, par l’establishment américain pour agiter la menace d’une agression militaire imminente de l’URSS.

Quelques mois plus tard, le sous-secrétaire d’Etat Dean Acheson réunit les principaux dirigeants du Congrès et leur présente la Russie comme une nation « agressive et expansionniste » et conclut qu’un gouffre idéologique infranchissable sépare l’URSS des Etats-Unis [20]. De son côté, la CIA informe le Président américain que « le plus grand danger pour la sécurité des Etats-Unis est la possibilité d’un effondrement économique en Europe occidentale et par conséquent l’accession au pouvoir d’éléments communistes » [21]
Le 6 mars 1947 , le Président Harry Truman attaque lors d’un discours à l’université Baylor le principe de l’économie administrée, visant par là non seulement l’URSS, mais aussi des pays comme la Grande-Bretagne ou la France. Truman décrit ainsi le « chemin pour l’ordre mondial » :  » Partout le futur est incertain. Les politiques économiques sont fluctuantes. Dans cette atmosphère de doute et d’hésitation, le facteur décisif sera le type de conduite que les Etats-Unis donneront au monde… Le peuple [ américain ] est prêt à assumer le rôle de guide qui lui revient … Nous sommes le géant du monde économique… Que nous le voulions ou non, la structure future des relations économiques dépend de nous. Le monde attend et observe pour voir ce que nous ferons. Ce choix est le nôtre. » Ce discours précède d’un mois le lancement du « Plan Marshall ». Entre temps le sénateur Vandenderg, président du Comité des Relations étrangères au Sénat, avait réussi à convaincre le président Truman « d’épouvanter » l’opinion afin de la préparer à la nouvelle politique antisoviétique [22]. Cette épouvante ira crescendo grâce à la « Croisade pour la Liberté » destinée à présenter une image apocalyptique de l’Union soviétique. Le général Eisenhower en personne, accuse Moscou de chercher à « contrôler le monde » et à « détruire la liberté humaine », dans la foulée il annonce que l’Amérique doit se préparer à une bataille aux « conséquences mortelles » qui menacent » l’existence même des Etats-Unis » [23] . En 1952, la « chasse aux sorcières » du sénateur McCarthy ayant accompli son oeuvre, « une véritable crise d’hystérie s’est emparée de l’Amérique et l’opinion croyant la guerre proche s’inquiète de la construction rapide d’abris antiatomiques. » [24]

De retour aux Etats-Unis, George Kennan, est nommé directeur du Policy Planning Staff, division du Département d’Etat chargé d’élaborer la politique étrangère américaine. Dans un mémorandum adressé au secrétaire d’Etat Dean Acheson il expose ce que devrait être la position américaine vis-à-vis du reste du monde « Nous disposons de près de 50% de la richesse mondiale, mais seulement de 6,3% de la population… Notre véritable tache dans la période à venir est de concevoir un modèle de relations qui nous permettront de maintenir cette position de disparité… Notre attention devra partout se concentrer sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous devons cesser de parler d’objectifs vagues et irréels tels que les droits de l’homme, l’amélioration du niveau de vie, et la démocratisation. Le jour où nous devrons raisonner en terme de concepts clairs de pouvoirs n’est pas si loin. Moins nous serons entravés par des slogans idéalistes et mieux cela sera » [25]

Mais l’agression militaire soviétique imminente est un bluff. A la fin de la guerre, l’URSS est à genoux. Vingt millions de Soviétiques sont morts au front, l’industrie a été dévastée par les armées d’Hitler et partout dans le pays la nourriture manque. Contrairement aux affirmations péremptoires des propagandistes, les « maîtres du Kremlin » n’ont pas l’intention de lancer une nouvelle guerre. En 1945, le ministre des affaires étrangères britannique, Antony Eden déclare devant le parlement anglais, être absolument convaincu que les mesures prises par les Russes en Europe occidentale sont seulement destinées à empêcher une dangereuse résurrection de la puissance allemande : « nous savons que les dispositions russes ne sont pas dirigées contre nous » [26] . D’ailleurs, en 1957, George Kennan lui-même prendra ses distances avec la position belliciste américaine et fera une mise au point : « Je n’ai jamais cru que le gouvernement soviétique, à aucun moment depuis 1945, ait désiré une guerre générale, ou qu’il aurait été amené, pour quelque raison politique valable, à entamer une telle guerre » [27]

Halloween au Bilderberg

Dans les salons du Baron de Nervo, le Comité de Bilderberg ne semble pas traumatisé par une quelconque attaque bolchevique. En revanche ce qui inquiète l’assemblée réunie ce 8 février 1954, est le manque d’enthousiasme évident des populations européennes pour la croisade américaine contre l’Union Soviétique. Selon le Comité européen, le problème est dû en partie, au McCarthysme qui a créé de « très grands dommages » dans l’opinion publique européenne surtout dans les pays où existe un fort électorat communiste. L’inquiétude monte d’un cran vers la fin de l’année lorsque C.D. Jackson averti le Département d’Etat que « l’Europe occidentale veut la paix, le relâchement des tensions internationales et la dissipation de la guerre froide » [28]. La Conférence de Barbizon, en mars 1955, est l’occasion de relancer l’ardeur au combat. Sur un ton mélodramatique, lors de la session consacrée à « l’infiltration communiste dans les divers pays occidentaux », les conférenciers jouent à se faire peur et relatent le  » péril rouge » qui sévit chez eux :En Grande-Bretagne, ’ »les communistes ont dû agir par voie d’infiltration pour tenter d’atteindre la position dominante qui leur est nécessaire. » En Allemagne, « les activités communistes se sont accrues…Il existe certains courants très sommaires au sein des masses laborieuses qui… peuvent être exploitées par la propagande communiste. » En France explique Guy Mollet « Il existe une tendance profondément enracinée à penser que le progrès est à gauche … Ce que le terme gauche signifie exactement n’est pas très bien saisi. Du fait que le communisme est ainsi baptisé, il n’y a rien là qui soit de nature à alarmer une large fraction de la population ». Quant à l’Italie : « on a pas réussi à isoler le communisme… La gravité de la situation [ économique ] donne aux communistes une sorte de monopole de l’espoir. » Les populations européennes, résume le Prince Bernhard, sont vulnérables du fait que « le communisme a deux attraits : l’égalité sociale ou la possibilité pour chacun de trouver sa place dans le système, et la sécurité économique qu’il offre à la partie non ambitieuse de la population, laquelle constitue la majorité. »

Heureusement, il existe des pays sains. La Suisse par exemple où les communistes sont très peu nombreux et sont « principalement des indigènes, pour la plupart ouvriers » auxquels s’ajoutent « une partie d’étudiants qui traversent ce qu’on peut appeler une crise de croissance. » A la fin de la session, les participants parviennent à se mettre un peu de baume au coeur : « Au Portugal, le communisme se présente sous un aspect largement négatif. Il est bon de savoir qu’il existe au moins un pays du monde où le communisme ne joue pas de rôle. » En effet, le Portugal est une dictature. En 1926, date du coup d’Etat, le parti communiste, interdit, a dû entrer en clandestinité. Après l’accession au pouvoir du dictateur Salazar, en 1933, les communistes furent massivement arrêtés. Ceux qui n’ont pas été sommairement exécutés furent torturés et déportés dans le camp de concentration de Tarafal au Cap-Vert.

La deuxième séance voit l’assemblée s’enflammer sur la question de la « défense de la démocratie » et la manière de s’y prendre pour la sauver. Le problème, résume un intervenant, est que « la guerre froide a quelque chose d’une guerre civile dans la mesure où une partie de la population fait fonction d’agents de l’étranger. ». Des mesures doivent être prises. Certains envisagent de faire appel à l’Eglise afin de contrer la « propagande pseudopacifiste » des communistes. D’autres exhument une « vieille loi néerlandaise de 1855 qui autorise la proscription des partis non démocrates » et qui mérite d’être examinée de près pour éventuellement servir de modèle aux autres. Impossible rétorque Alberto Pirelli – industriel fasciste et ancien ministre de Mussolini [29] – car en Italie les « choses sont devenues extrêmement difficiles depuis l’abrogation des lois fascistes. »
A défaut de pouvoir utiliser des lois fascistes pour sauver la démocratie, les conférenciers décident une « offensive de propagande » pour laquelle il sera nécessaire d’utiliser « plus particulièrement la presse … spécialement en Italie et en France ».

L’Europe, l’Europe, l’Europe

En ce début des années cinquante, la grande affaire transatlantique est incontestablement l’intégration européenne. Celle-ci fit d’ailleurs partie intégrante du Plan Marshall pour le relèvement de l’Europe. Pour l’Administration américaine, l’Europe a reconstruire s’envisageait d’abord comme un gigantesque marché à ouvrir aux produits et aux capitaux américains, permettant ainsi à l’industrie US d’échapper une crise de surproduction. Les conditions posées aux nations européennes pour avoir accès à l’aide Marshall étaient claires : créer une « union douanière » et rendre les monnaies européennes convertibles entre elles et avec le dollar. Afin de verrouiller ce nouveau marché, le Congrès américain vota tout un arsenal juridique, empêchant de facto les pays d’Europe de l’Ouest de commercer avec le « bloc de l’Est » [30]. Mais le Plan Marshall fut aussi un instrument d’ingérence dans les affaires de politique intérieure des pays « aidés ». « Le but de l’ERP [ Plan Marshall ] est fondamentalement politique … Il est nécessaire de coordonner et d’intégrer le mieux possible toutes les phases de l’effort du gouvernement américain, particulièrement la diplomatie, l’ECA [ administration du plan Marshall ], l’aide militaire et les opérations secrètes de guerre politique [ comprendre coups tordus de la CIA]«  [31] Cette ingérence fut telle qu’elle finit par faire grincer des dents y compris dans les rangs américanophiles.

Pour le Bilderberg, pas question de laisser les choses s’envenimer. Lors de la réunion du 8 février 1954, la situation est froidement analysée : « la pression exercée par les Américains sur les Européens pour accélérer le processus d’unification indigne l’opinion européenne, y compris les plus ardents amis de l’Amérique. » De plus, les dernières nouvelles indiquent que l’on s’achemine vers un rejet, par le parlement français, de la Communauté européenne de Défense ( CED ), ce qui fera prendre un sérieux retard au réarmement de l’Allemagne décidé par les USA. L’inquiétude des membres du Bilderberg est d’autant plus vive que la plupart d’entre eux sont des figures majeures de la construction européenne.

Le projet d’une Europe fédérée sur les plans politique, économique et culturel fut le fruit de réflexions et de concertations menées à Londres, en 1943, par un petit groupe de personnalités. Edmond Giscard d’Estaing, Paul van Zeeland, Joseph Retinger en furent les principaux acteurs [32]. Trois ans plus tard, Van Zeeland, Retinger et son « vieil ami » Colin Gubbins créèrent la Ligue Indépendante de Coopération Européenne (ILEC). Il s’agissait d’un groupe de pression transnational composé d’hommes d’affaires, de banquiers et de politiques européens dont l’un des objectifs était l’établissement d’un marché commun européen et d’une monnaie unique. L’ambassadeur américain en Grande-Bretagne, Averell Harriman mit sur pied la section américaine de l’ILEC.
Au mois de septembre 1946 Winston Churchill appela solennellement à « ériger quelque chose comme les Etats-Unis d’Europe«  [33]. Cet appel fut relayé par le Congrès américain qui exigea que les Etats bénéficiaires du Plan Marshall s’engagent à participer à ces Etats-Unis d’Europe [34]. Au même moment se créait, autour d’ Alexandre Marc, de Denis de Rougemont et d’Henry Frenay, l’Union Européenne des Fédéralistes (UEF) dont le rôle essentiel était de mobiliser l’opinion publique. De leur côté, les socialistes fondèrent le Mouvement Socialiste pour les Etats-Unis d’Europe, tandis que les chrétiens démocrates s’agrégèrent dans les Nouvelles Equipes Internationales. Afin de coordonner ces mouvements, Duncan Sandys – gendre de Churchill – et Joseph Retinger organisèrent un grand Congrès, financé par des fonds du Plan Marshall, à la Haye en mai 1948. Ce congrès donna naissance au Mouvement Européen dont Retinger devint le Président. Dès le début, mouvements fédéralistes et unionistes furent financés par la CIA. Mais ce nouveau Mouvement Européen, avait besoin de beaucoup d’argent pour fonctionner. A cette fin la CIA créa une organisation spécifique : l’ACUE ( American Committee for United Europe ) à la direction de laquelle on trouvait Walter Bedell-Smith, directeur de la CIA et Allen Dulles directeur des plans de la CIA. D’autres fonds parvinrent via la Fondation Ford dont un des dirigeants, Shepard Stone, lança en 1951 une grande campagne de soutien au Mouvement Européen. En 1952, ce même Shepard Stone finança la création du Groupe de Bilderberg dont il devint un membre du comité directeur.

L’Europe était sur les rails. Tout le monde cependant ne partageait pas ce bel enthousiasme. Le Général de Gaulle fit connaître son opinion par voix de presse : « N’est-ce pas tuer l’Europe que de fabriquer, à grand renfort d’intervention américaine, ce monstre, ce robot, ce Frankenstein, que pour tromper le monde, on appelle la Communauté ? » [35] Et de pointer un doigt accusateur sur cette construction communautaire où l’on voyait  » s’y employer des synarques [36] qui rêvent d’un empire supranational, des politiques qui croient tout perdu si l’on ne cède pas à l’étranger, enfin cette sorte de gens qui sont toujours prêts à s’inscrire pour le voyage de la lune, en souhaitant secrètement que le départ soit différé. Tous voulaient être les prophètes de l’Europe. » [37]

Pas question cependant de laisser le Général de Gaulle jouer les troublions dans cette Alliance Atlantique dont le but était « d’établir un ordre mondial stable » [38]. Mais la France, « pierre angulaire de l’Europe de l’Ouest continentale » [39] était sous bonne surveillance, plusieurs organismes américains étaient installés à Paris. L’ECA (Economic Cooperation Administration tout d’abord, dont le siège était situé dans l’hôtel Talleyrand, était en charge de la coordination, au niveau européen, de l’attribution des aides du plan Marshall. L’ECA était dirigé par Averell Harriman qui, de retour aux USA en 1952, supervisa la mise en place du Comité américain du Bilderberg. Également présent dans la capitale française le Comité France-Amérique administré entre autres par David Rockefeller et C.D. Jackson, tous deux membres du comité directeur du Bilderberg. Quant à Radio Free Europe – officine de la CIA – elle avait ses bureaux sur les Champs Elysées, et était dirigée par C.D. Jackson. Dans ce contexte,il n’est pas surprenant que les réunions constitutives du Bilderberg se soient tenues à Paris.

Le formatage de l’élite transatlantique

Le Bilderberg est un club élitiste, ne sont convié aux conférences que « des personnes influentes dont les relations personnelles avec les hommes placés à la tête des affaires publiques pourraient contribuer … a rechercher une attitude commune sur les terrains politiques, culturels, économiques et social. » Ses fondateurs estiment « beaucoup plus fructueux d’obtenir une compréhension et une bonne volonté mutuelles entre des hommes occupant les positions-clés dans chaque pays que d’essayer d’influencer directement l’homme de la rue par voie de publicité ou de propagande » [40]. La méthode du Bilderberg pour embrigader les élites qui s’emploieront à manipuler l’opinion publique, est identique à celle utilisée par le Congrès pour la Liberté de la Culture [41] : « La CIA faisait circuler les objectifs américains de politique extérieure et en retour, elle écoutait attentivement un groupe dont la connaissance de l’Europe de l’Ouest pouvait faciliter ou même modifier les méthodes et les arguments utilisés pour formuler les mêmes objectifs. » [42] La recette, concoctée par le Conseil de Stratégie Psychologique – PSB – créé en 1951 par le Président Truman, était basée sur le manuel d’instruction des stratèges de la CIA, qui préconisait de « contester la théorie politique égalitaire et de montrer la persistance et le caractère incontournable du pouvoir de l’élite, même en un âge d’égalité. » Le PSB proposait la mise en place d’un « mouvement intellectuel à long terme » afin de « briser les modes de pensées doctrinaires hostiles aux objectifs américains. » Pour cela il suggérait de prendre appui sur une élite définie comme étant « un groupe numériquement limité … Qui forme ou du moins prépare les attitudes et opinions de ceux qui à leur tour dirigent l’opinion publique. » [43] Ce parallélisme entre le Bilderberg et le Congrès pour la Liberté de la Culture n’est pas le fruit du hasard et l’on retrouve les mêmes acteurs dans les deux instances. La doctrine fut élaborée par le PSB à la demande du président du National Committee for Free Europe ( officine de la CIA ), C.D. Jackson, qui, au même moment, constituait le Comité américain du Bilderberg. Nommé, en 1953, conseiller spécial pour la guerre psychologique du président Eisenhower il devient, en 1954, administrateur du comité américain pour la Liberté de la Culture et membre du comité directeur du Bilderberg. Cinq autres personnalités sont liées aux deux instances : Hugh Gaitskell, chancelier de l’échiquier britannique, Denis Healey député travailliste, Stone Shepard directeur de la Fondation Ford et David Rockefeller président de la Chase Manhattan Bank.

Le mode d’emploi

Le fonctionnement du Bilderberg est décrit dans la brochure de présentation du groupe :
Le Prince Bernhard des Pays-Bas est le président et dirige chacune des réunions. Il est assisté par un secrétaire général pour l’Europe – Joseph Retinger jusqu’en 1958 [44] – et un secrétaire général pour les USA – Joseph E. Johnson [45]- Le Prince centralise toutes les activités de Bilderberg, désigne les membres du Comité directeur et après consultation de ces derniers décide des personnes à inviter aux conférences annuelles. Le Comité directeur se réunit au moins deux fois par an. Sa composition est variable à l’exception d’un petit groupe d’hommes qui sont toujours présents. Si, au début des années cinquante, les Conférences de Bilderberg comptent une cinquantaine d’invités, on en dénombre, aujourd’hui environ cent vingt. Considérant que « les dirigeants réels d’un pays ne sont pas seulement les politiciens [et que ] d’autres grands intérêts – religieux, financiers, industriels, syndicaux, intellectuels – jouent également leur rôle en matière de relations entre pays [46]« , la répartition des conférenciers est la suivante : environ 1/3 d’hommes politiques, 1/4 d’hommes d’affaires, le reste étant des intellectuels, des syndicalistes, des diplomates, des fonctionnaires et des représentants de la presse. Les conférences durent trois jours, dans un hôtel entièrement réservé à cet effet et gardé par une escouade de policiers. Ni les conjoints, ni les secrétaires ne sont acceptés. Chaque participant aux conférences devient « membre » de facto du Bilderberg et même s’il n’est plus invité par la suite, il peut sur demande recevoir les comptes rendus des réunions et ainsi continuer à user de son « influence » pour « contribuer à la réalisation des objectifs que Bilderberg s’est assigné ». La relation à la presse est ainsi décrite pas la brochure de présentation : « La presse en tant que telle n’est pas admise aux conférences, cela ne signifie pas pour autant que les journalistes soient exclus des réunions. En fait, d’éminentes personnalités de la presse ont assisté à la plupart des conférences, mais ils ont participé, comme tous les autres en leur qualité personnelle » [47]. Cette belle architecture faillit toutefois s’effondrer en 1976 lorsque le Prince bernhard fut pris dans la tourmente d’un scandale financier. Il fut contraint de reconnaître qu’il avait reçu 1 million de dollars de pots-de-vin de la firme Lockheed afin d’influencer le gouvernement hollandais pour l’achat d’avions de chasse F-16. Le Prince démissionna de la présidence du Bilderberg et il n’y eu pas de conférence cette année-là.

Les socialistes sont nos meilleurs amis

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aux Etats-Unis, le clivage politique dans le domaine des affaires étrangères ne se fait plus selon une ligne Républicains/Démocrates mais selon une ligne isolationniste/interventionniste. Dès 1941, le courant interventionniste – politique de la porte ouverte – était devenu majoritaire dans les deux camps. En 1952, le président Harry Truman institua une règle visant à assurer la continuité de la politique extérieure quelque soit la majorité au pouvoir [48]. Situation dont se félicite le Comité américain lors de la Conférence de Bilderberg à Barbizon en 1955 : « Le large soutien auquel le Président est maintenant en mesure de faire appel pour sa politique étrangère, et qui couvre sans doute les deux tiers ou les trois quarts du parti républicain et une part considérable du parti démocrate, permet de traiter maintes questions importantes dans un climat de modération et de responsabilité. » L’objectif de Washington est d’exporter ce modèle en Europe afin que la ligne atlantiste soit conservée quelque soit le gouvernement en place, autrement dit s’assurer que si les partis socialistes viennent au pouvoir, ils adoptent une ligne compatible avec les intérêts américains. A la fin de la guerre les Etats-Unis organisèrent la Non Communist Left Policy – NCLP -( politique de gauche non communiste ) qu’Averell Harriman, résuma en ces termes au Congrès : « Les socialistes sont nos meilleurs amis en Europe«  [49]. Sur le terrain, les Américains savaient pouvoir compter sur de nombreux soutiens afin de développer cette politique. En Italie tout d’abord, où dès 1945 les « Etats-Unis érigèrent la Démocratie chrétienne italienne (DCI) – un ramassis de collaborationnistes, de monarchistes et de fascistes – comme rempart au communisme » [50]. Son dirigeant, Alcide De Gasperi, président du Conseil Italien et ministre des Affaires étrangères de 1946 à 1953, qui recevait secrètement de l’argent de la CIA, suggéra à celle-ci de financer aussi le parti socialiste. « Bonne idée » qui fut immédiatement mise en pratique [51]. Sa mort inopinée en 1954 priva le Bilderberg de sa collaboration. [52] En France, autre pays fortement contaminé – selon Washington – par les idéaux communistes, c’est l

’ambassadeur américain Jefferson Caffery, qui avait chargé les relations avec les socialistes. En 1946, celui-ci fit savoir à Washington que Guy Mollet, qui s’apprêtait a devenir secrétaire général de la SFIO, « n’avait aucune sympathie pour les communistes et souhaitait par-dessus tout entretenir avec Washington des rapports amicaux [53] » Une note du 21 janvier 1947, des services de renseignement français – SDECE – indiquait par ailleurs que « la NCLP prenait forme et que le soutien économique des partis européens de gauche non communistes a été décidé [54] » Fort de cette relation de proximité, l’ambassadeur Caffery discuta avec les socialistes de l’éviction des ministres communistes du gouvernement Ramadier. Eviction réalisée en mai 1947. Lorsqu’en mars 1949 les élections municipales montrèrent une forte poussée des conservateurs, Caffery, fit savoir au président du Conseil, Henri Queuille, que « pour les Etas-Unis, les socialistes devaient continuer à participer à la coalition gouvernementale » et dans la foulée alla trouver Guy Mollet pour lui demander de soutenir Queuille [55] . Guy Mollet devint en 1952 membre fondateur du Bilderberg. De l’autre côté de la Manche, l’affaire s’annonçait délicate. Il était question de mettre le Labor Parti (Parti travailliste) dans le « droit chemin ». Un organisme crée en 1948 par le premier ministre travailliste Clement Attlee fut utilisé à cet effet. L’IRD – Information Research Department – sorte de ministère secret de la guerre froide rattaché au Foreign Office était étroitement relié à la CIA [56]. Sa mission était de produire et de divulguer des documents de propagande anticommuniste [57]. Pour parvenir à ses fins,l’IRD cherchait à se « concilier les gens et les institutions qui, dans la tradition politique de gauche, étaient généralement perçus comme des opposants aux centres de pouvoir. Le but d’une telle conciliation était de se rapprocher des groupes « progressistes » afin de contrôler leurs activités en les influençant de l’intérieur. » [58] L’aile droite du Labor, en lutte contre le communisme était principalement conduite par Hugh Gaitskell et Denis Healey. C’est par ces proches de l’IRD que « la CIA espérait réussir à mettre la pensée politique britannique au service de ses projets pour l’Europe«  [59]. Hugh Gaitskell fut nommé ministre de l’économie en 1950, puis Chancelier de l’Echiquier. Membre fondateur du Bilderberg, il prendra la tête du parti travailliste en 1955. Denis Healey , quant à lui, dirigeait le Département international du Parti travailliste depuis 1948. Elu député travailliste en février 1952, il rejoignit le Comité directeur du Bilderberg en 1954.

Quand le Bilderberg voulait rééduquer le tiers-monde

Au milieu des années cinquante, les Etats-Unis opèrent un virage sur l’aile. Les activités paramilitaires [60] et les opérations de propagande s’avérant contre-productive, ils décident d’adopter une politique moins agressive. La « libération » des pays d’Europe de l’Est prendra un peu de retard d’autant plus que l’occident ne semble pas au mieux de sa forme : sur le plan militaire, « les Russes ont pris de l’avance en matière d’armement » [61] quant à l’économie, « le taux généralement élevé de croissance économique [ de l’URSS ] semble être supérieur aux taux occidentaux. Ceci contraste péniblement avec la récession et le chômage croissant aux Etats-Unis. » [62] En réalité l’urgence du moment se situe du côté des anciennes colonies principalement en Asie et en Afrique.

Sur la scène internationale ont émergé d’importantes personnalités du tiers monde qui ne se laissent guère intimider par la cupide et belliqueuse élite occidentale. Pourtant si les prises de position de leaders politiques tels que Sukarno, Nerhu, Hô Chi Minh, Nasser, irritent Washington elles constituent néanmoins une opportunité à saisir afin de prendre la main dans des pays jusqu’ici dominés par l’Europe. Difficile exercice pour lequel il s’avère nécessaire d’amadouer les alliés occidentaux que l’on s’apprête à dépouiller. La tension entre l’Europe et les Etats-Unis est vive sur la question coloniale, et la réunion de Bilderberg du 8 février 1954 est en partie consacrée à trouver un consensus entre les membres. En première analyse, les Européens relaient le ressentiment des gouvernements à l’encontre de l’attitude américaine en Birmanie, en Indonésie, en Indochine, au Maroc et plus généralement dans les Territoires de l’Union Française [63]. Face à cette mise en cause, le Groupe américain se retranche derrière son opinion publique, laquelle est, dit-on, en proie à une « réaction sentimentale » et « hautement émotionnelle » sur la question du colonialisme et se place résolument du « côté des aspirations nationalistes des peuples des colonies ». Une fois encore le grand Satan communiste permet aux deux rives de l’Atlantique de se rapprocher et d’adopter une position commune ainsi résumée :  » Dans presque tous les cas l’abandon du pouvoir par les Européens a laissé les peuples des colonies dans une compréhension du gouvernement démocratique inadéquate et un manque de maturité pour affronter les tâches auxquelles ils sont confrontés. Dans la confusion économique et politique qui en résulte,les communistes sont en position de prendre le contrôledugouvernement. Nous devons insister sur le fait que c’estprécisément le but recherché par Moscou … Nous devons considérerque les troubles [ fomentés par la Russie ] vont croître et que le problème des pays sous-développés va monter en importance. »

La question du colonialisme est d’autant plus prégnante que trois mois plus tard, en avril 1954, à l’initiative du président indonésien Sukarno, une conférence au sommet réunira à Colombo, capitale de Ceylan, les présidents d’Indonésie, d’Inde, de Ceylan, du Pakistan et de la Birmanie. L’objectif de cette conférence, qui mettra sur les rails le courant des « non-alignés » est de proposer une action commune pour mettre fin à la guerre d’Indochine, où la situation est des plus confuse, et où français et Américains sont engagés dans un véritable bras de fer.

A la fin de la 2°Guerre Mondiale, le Département d’Etat considérait que parmi toutes les administrations coloniales de l’Asie du Sud-Est, l’administration française en Indochine avant la guerre avait été la pire. Il entendait malgré tout obtenir de la France la liberté du commerce en l’Indochine ainsi que la possibilité d’établir des bases américaines. En octobre 1948 les USA se donnèrent pour mission de débarrasser l’Indochine de l’influence communiste d’Hô Chi Minh et d’instaurer un Etat entretenant avec l’Amérique des liens d’amitié, tout en étant formellement associé à la France. Si bien qu’en 1954, la guerre d’Indochine menée par la France était encore financée à plus de 80% par les Etats-Unis [64]. Mais la cuisante défaite de Diên Biên Phu change la donne.

Les accords de Genève de juin 1954, signés pour la France par Pierre Mendès France, prévoient la partition du Vietnam en deux entités, le retrait des troupes occidentales, et des élections générales dans les deux pays, en 1956. A la Maison Blanche, ces accords sont qualifiés de « désastre » et l’on décide, premièrement de les saboter et deuxièmement de prendre la place des Français. Un accord secret conclu entre Paris et Washington en septembre 54 engage la France à soutenir Ngô Dihn Diêm, le candidat des américains – profondément anti-français – pour les futures élections. Un nouvel accord, militaire celui là interviendra quelques semaines plus tard. Tandis que négociateurs européens et Américains mènent leurs discussions, sur le terrain, au Vietnam, services secrets français – défenseurs des puissants intérêts financiers en place – et CIA se livrent une guerre souterraine faite de coups tordus, de sabotages, de manipulations et de tentatives d’assassinats. [65]

Cette guerre souterraine n’empêche pas, toutefois, le ministre français des Affaires étrangères, Antoine Pinay [66], de consacrer trois jours de son précieux temps à la Conférence de Bilderberg qui, en cette année 1955, est hébergée à Barbizon En parallèle du conflit larvé franco-américain, une autre guerre se dessine. Il s’agit, et la conférence de Bilderberg y consacre une session entière, de se mettre en ordre de bataille afin de lutter contre le neutralisme, problème déclaré par le président Eisenhower comme étant encore plus préoccupant que le communisme. La question des « peuples non engagés » ainsi définis :  » nationalistes d’Asie, d’Afrique et du Moyen Orient qui ne sont pas pleinement ralliés aux idéaux et aux idées de l’Occident » est longuement débattue et se voit conférer le statut d’ « urgence politique ». Urgence liée au calendrier, car nous sommes au mois de mars et le 18 avril, 29 pays se réuniront à Bandung [67] pour une Conférence dont le programme est, d’ores et déjà, considéré par le Bilderberg comme un catalogue de « déclarations anti-occidentales fondées sur l’anticolonialisme le plus superficiel et le plus mal digéré. »

A Barbizon, les conférenciers se livrent alors à une séance de psychanalyse d’où il ressort que ces peuples « encore pauvres et inefficaces » n’ont pas opté pour l’Ouest dans sa lutte contre le communisme du fait d’une « psychose » qui prend racine dans le « ressentiment et la jalousie » vis -à – vis de pays occidentaux dépeints comme étant des « boucs émissaires ». L’assemblée décide de trouver des « remèdes à cet état morbide qui peut nous faire perdre militairement et politiquement l’Afrique et l’Asie » et conclu à la nécessité de « persuader ces peuples d’accepter nos idées de société démocratique comme étant la seule solution équitable des problèmes de l’humanité. » Une première piste se dégage qui fait l’unanimité, et la Conférence se prononce pour un programme visant à établir des « relations franches avec les chefs de ces pays » dont la principale tâche doit-être de « rééduquer leurs peuples ».

Pour renforcer les nouveaux liens avec ces peuples « incapables de se rappeler que l’existence humaine est une vallée de larmes » une solution de nature économique, cette fois, est envisagée. Mais il faudra, auparavant, que l’occident se soit « débarrassé de sa complaisance passive pour la bonté et la perfection de son système » et ce, d’autant plus rapidement, que jusqu’à présent il n’a pas « subi d’agression de la part des Russes sur le champ de bataille de l’économie ». A leur grand étonnement, les conférenciers observent que jusqu’à présent, les Russes n’ont fait « aucune tentative pour détraquer l’économie du monde libre par l’usage de leur propre puissance ». Cette situation devra être exploitée au plus vite, car « lorsque les peuples comparent ce qui s’est produit dans un pays qui a été pris en main par le communisme et dans un pays qui est demeuré libre de celui-ci, nous nous trouvons en face d’un immense défi. »

Pourtant, cet allant novateur ne portera pas ses fruits et la conférence du Bilderberg réunit à Fiuggi du 4 au 6 octobre 1957, constatera que la « pénétration de la civilisation, de l’éthique et des idéaux de l’Occident dans les pays non engagés » a échoué et que la classe dirigeante des pays neufs manque toujours « d’admiration pour nos standards techniques » et tarde à adopter « nos standards politiques et moraux. » La crise de Suez n’avait sans doute pas laissé que de bons souvenirs.

Nous sommes tous des américains [68]

Aujourd’hui, la guerre froide est terminée, l’Union Soviétique a disparu ainsi que le Pacte de Varsovie. En revanche, l’OTAN est toujours là, le Bilderberg aussi.
Des protagonistes de la première heure seuls sont toujours vivants, et assidus aux conférences, David Rockefeller (92 ans) et Henry Kissinger (83 ans). La principale fonction des conférences n’a pas changé, à savoir tester et affiner la propagande que les « élites » au service de l’empire américain utiliseront pour manipuler l’opinion publique, notamment lors des guerres de prédation menées au nom de la Liberté.
Depuis sa création, le Bilderberg, présidé depuis l’an 2000 par le Vicomte Etienne Davignon, a monté en prestige et aujourd’hui, l’on se flatte « d’en être ». La reine Béatrix des Pays-Bas, fille du Prince Bernhard, honore de sa présence les conférences depuis de nombreuses années.
En plus des ministres en exercice, des députés, des journalistes, des banquiers et des PDG, sont régulièrement invités, la plupart des commissaires européens ( leur voyage est payé par la Commission européenne ), les présidents du FMI et de la Banque Mondiale, ainsi que le directeur général de l’OMC. Pour assurer la sécurité de ces VIP, le gouvernement du pays hôte déploie une armada policière, armada rétribuée cela va sans dire, par les contribuables. Et l’on nous dit, depuis 54 ans, que tout ceci est de nature strictement privée [69]. Il serait peur-être temps de rappeler à cette pseudo élite la sentence du Président Roosevelt : « La liberté dans une démocratie n’est pas assurée si le peuple tolère que la puissance privée grandisse au point qu’elle devienne plus forte que l’état démocratique lui-même. Ce qui, fondamentalement est le fascisme ».

 

 


Articles sur le même thème :


  1. Anesthésié ou à froid : Romney ou Obama ?Robert BIBEAU  Si Romney avait été président, à n’en pas...

http://www.oulala.info/2008/05/lhistoire-du-bilderberg-racontee-a-y-calvi-et-j-f-khan/

 


Partager cet article
Repost0
31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 07:46

 

 

 

 

NOM-jeu-images.jpg

 

Voir aussi mes articles :

 

NOM, alerte ! Bientôt tous les travailleurs seront de vulgaires pions

A l'horizon, l'horreur du Nouvel Ordre Mondial: Se débarrasser des retraités
La dramatique disparition de nos paysans - Le choix de la terre, de la vie
Comment la dictature de la Pensée se met en place. Le sort des intellectuels

Comment allons-nous vivre dans quelques années ? Imaginons demain..

 

.

Dans chaque homme, un mouton ?
 
 
La découverte d'une zone cérébrale incitant l'être humain au conformisme éclaire d'un jour nouveau le débat sur l'influence des masses et des sondages.
  


Sébastien Bohler
Mercredi 30 Janvier 2013

 

Dans chaque homme, un mouton ?
Le biais de conformité, que l'on pourrait aussi appeler syndrome de Panurge, désigne la tendance que nous avons parfois à délaisser notre raisonnement intime pour rallier l'avis de la majorité - indépendamment du bien-fondé de celui-ci. Dès les années 1950, le psychologue Solomon Asch avait montré que dans une simple tâche perceptive consistant à comparer les longueurs de différents segments de droite, la connaissance de l'avis majoritaire suffit à faire prendre des décisions absurdes à des individus qui, isolés, répondent correctement.

Récemment, des psychologues de l'Université de Princeton ont étudié ce qui se passe dans notre tête lorsque nous nous laissons entrainer dans des processus de ce type. Une structure cérébrale nommée insula, repli du cortex cérébral au niveau des tempes, semble déterminer le basculement d'opinion, l'abandon de l'analyse personnelle au profit de la posture conforme aux attentes du groupe. Cette insula est réputée centraliser des informations de nature émotionnelle en provenance du corps, et s'activer lorsque l'individu sent peser la menace d'être exclu de son groupe d'appartenance. Le biais de conformité résulterait d'une pression sociale exercée par le groupe sur l'individu, créant une peur d'être marginalisé.

Les conséquences de cet effet touchent notamment aux mécanismes électoraux. Condorcet, philosophe et mathématicien, montrait au XVIIIe siècle que le système démocratique livre des décisions sensées, à condition que les électeurs soient ignorants des décisions prises par leurs voisins. Autrement dit, il faut savoir se protéger du biais de conformité. C'est aussi ce qu'a montré une étude réalisée dans l'entre-deux tours de l'élection présidentielle française en 2012. Quelque 1 000 votants étaient interrogés sur leurs intentions de vote au second tour ; dès lors qu'on leur présentait les résultats d'un sondage fictif allant dans le sens contraire de leur intention initiale, ils changeaient d'opinion dans 25 pour cent des cas, pour rallier l'avis majoritaire exprimé par le sondage. Neurosciences, mathématiques et psychologie sociale concordent donc sur un point : pour éviter de réveiller le mouton qui sommeille en l'homme, évitons de le perturber par des influences majoritaires.


D. tomlin et al., The neural substrates of social influence on decision making, PLOS ONE, 9 janvier 2013.

http://fr.sott.net/article/12961-Dans-chaque-homme-un-mouton http://fr.sott.net/article/12961-Dans-chaque-homme-un-mouton

 

http://www.alterinfo.net/Dans-chaque-homme-un-mouton_a86202.html

 

.

Des porcs suisses veulent dépénaliser l’inceste…

Lemon_IncestVoici une vidéo d’école qui démontre comment l’empire maçonnique change les mentalités, comment il fait commencer un débat sur un non sujet que personne n’a demandé ! Alors que les urgences sociales, économiques, éducatives, sanitaires se multiplient, les politicailleux suisses n’ont rien trouvé de mieux que de légiférer sur l’inceste en le dépénalisant. Cette émission est un exemple de pilpoul extraordinaire. Qu’il est beau le philosophe avec son nœud papillon ! Mon Dieu que c’est ridicule et grossier…

 

 

 

 

 

.

Le suicide fait presque trois fois plus de victimes que les accidents de la route.
Suicide et sacrifice, par Jean-Paul Galibert
Bernard GENSANE

En 1897, Émile Durkheim postule que le suicide est un fait social à part entière. Il observe que les individus intégrés sont davantage préservés que les personnes marginalisées. Les guerres, les révolutions protègent du suicide car le sentiment d’appartenance à la société est renforcé par de grands enjeux.


Durant le XXe siècle, la période durant laquelle les Français se sont le moins suicidés fut la Deuxième Guerre mondiale. Un des pays où aujourd’hui, on se suicide le moins est Gaza. Même en temps de paix, on s’est toujours moins suicidé au Mali qu’en Suède. Un suicide se produit en France toutes les quarante minutes. 700 000 personnes ont mis fin à leurs jours depuis 1945. Deux fois plus qu’au Royaume-Uni, en Espagne ou au Pays-Bas. Le suicide fait presque trois fois plus de victimes que les accidents de la route.

L’intérêt du livre de Jean-Paul Galibert – qui va toujours à l’essentiel – est d’établir une relation dialectique entre suicide et hypercapitalisme, un mode de production qui préfère « détruire que produire ». Détruire le travail, détruire les classes ouvrières, en exigeant de tous et de chacun qu’ils soient « absolument rentables, c’est-à-dire qu’ils rapportent tout et ne coûtent rien. » Une des stratégies de l’hypercapitalisme est la scotomisation du réel par des écrans qui nous donnent tout à voir, mais qui sont seuls à donner à voir. En outre, nous sommes libres, à condition d’être vus en permanence par les écrans. L’hypercapitalisme « capte et supprime toutes les existences ». Il nie les cultures, les authenticités et les remplace par des images.

Ce qui n’est pas rentable est détruit. La production sera donc détruite puisqu’elle ne fournit pas de dividendes à deux chiffres. L’hypercapitalisme a choisi d’investir dans l’hyperrentabilité des activités commerciales ou publicitaires, touristiques ou spectaculaires, où le travail est dérégulé. Le travailleur qui ne peut se conformer à ces nouvelles exigences sera lui aussi détruit, ou se détruira.

Une entreprise rentable détruit du salaire en licenciant, en délocalisant, en infligeant des plans dits « sociaux ». Le travailleur qui perd tout est renvoyé à lui-même, à ses déficiences, à sa faute. Comme par un fait exprès, les employés et les ouvriers se suicident trois fois plus que les cadres. La littérature de fiction est désormais riche de romans policiers ou noirs, où des travailleurs se tuent ou tentent de tuer les autres (http://bernard-gensane.over-blog.com/article-florilege-34-70...). Plus de solidarité, mais la quête du maillon faible (« le plus faible » dans le jeu anglais d’origine, ce qui signifie que TOUS les maillons sont faibles). Lorsqu’un employé de France Télécom se suicide, les survivants se réconfortent en se disant qu’eux, au moins, ne sont pas morts.

Autre stratégie de l’hypercapitalisme qui tue, le principe de précaution : « rassurer pour angoisser ». L’individu ne doit plus avoir peur de quelque chose, il doit être, de manière intransitive, dans un état permanent de crainte. Lors de la canicule de 2003, les autorités françaises ont laissé mourir 15 000 personnes (70 000 dans toute l’Europe) en produisant un discours rassurant (il n’y aurait que 3 000 morts), en étant absentes (le président de la République, le ministre de la Santé étaient en vacances), en ayant recours à des expédients de fortune (des morts furent parqués dans une chambre froide de Rungis, et surtout en incriminant les citoyens eux-mêmes : pour Jacques Chirac, les Français avaient manqué de solidarité, le lien social envers les personnes âgées s’étaient dégradé.

Pour l’auteur, nous vivons dans une société de la roulette russe, les jeunes en particuliers. Ceux-ci s’adonnent par exemple au binge drinking, qui nous vient de Grande-Bretagne. Dans les sociétés traditionnelles, les rites de passage ou initiatique incorporent l’individu au groupe en reconnaissant sa valeur, sa force. La défonce à l’alcool, avec le risque de ne pas arriver vivant à l’hôpital, épure le groupe de ses maillons faibles en une fête suicidaire d’élimination. Le binge drinking, comme le saut à l’élastique d’ailleurs, sont des conduites ordaliques : en validant son existence à pile ou face, l’individu n’est plus maître de son destin. Ces comportements excessifs – comme d’autres qui le sont moins – renforcent la solitude chez des individus dont le moi est toute la réalité. « Je suis mon monde » (Wittgenstein), comme lorsque, en plein solipsisme, j’évacue l’autre dans les cybercafés où je ne parle pas, ou dans les réseaux sociaux qui m’enferment dans ma chambre.

En dérégulant, en créant des zones de non-droit, l’hypercapitalisme tue. Comme en Inde où Monsanto crée un coton non reproductible, cause du suicide de 1 000 paysans. Toujours en Inde, où l’hypercapitalisme tue indirectement en produisant du Coca Cola – qui nécessite trois litre d’eau pour un litre du précieux soda – dans des régions manquant d’eau potable.

L’hypercapitalisme est donc « un système suicideur qui nous rend suicidaire ».

Bernard Gensane

Jean-Paul Galibert. Suicide et sacrifice. Le mode de destruction hypercapitaliste. Paris : Nouvelles Éditions Lignes, 2012.

http://bernard-gensane.over-blog.com/

URL de cet article 19127
http://www.legrandsoir.info/suicide-et-sacrifice-par-jean-paul-galibert.html
Partager cet article
Repost0
31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 02:52

 

Imprimez cet article. Imprimez cet article.

20 mai 2008 par Laurence Kalafatides | consulté 20249 fois 022.pngFMIOMCPrivatisationBilderbergCorruption  023.png 5

 

Ceux qui ignorent l’histoire se condamnent à la répéter (Georges Langlois)

 

Bilderberg_dees-300x183.jpg

 

La nouvelle vient juste de tomber. Cette année, le Bilderberg tiendra sa conférence annuelle du 5 au 8 juin, à Chantilly, près de Washington. Cette information, venue des Pays-Bas, a peu de chance d’intéresser les téléspectateurs français car, depuis le 4 mars 2008, ils « savent » que le Bilderberg n’existe pas. En effet,ce soir là, Yves Calvi, consacrait son émission C dans l’air – une de ces cuistreries dont la télévision française est friande – à la question : “ Qui gouverne le monde “.

Yves Calvi, journaliste depuis 1986 (France Info, FRI, Europe 1) recevait quatre éminents spécialistes du sujet : Gérard Chaliand (spécialiste des problèmes géopolitiques et stratégiques), Nicole Bacharan (historienne et politologue franco-américaine), Jean-François Khan (historien, journaliste depuis 1964 – Europe 1, l’Express, le Monde – fondateur de l’Evénement du Jeudi puis de l’hebdomadaire Marianne),et enfin Jacques Rupnik (Directeur de recherches au Centre d’études et de recherches internationales). Comme à l’accoutumée, la fin de l’émission fut dédiée aux questions des téléspectateurs. Yves Calvi se saisit d’un message et posa la question à brûle-pourpoint : [1]

- Y. Calvi : Que savez-vous de l’organisation mondiale Bilder … beurk, je vais y arriver… Bilderberg, moi j’en avais jamais entendu parler, qui réunit chaque année les personnages les plus influents du monde ? vous connaissez ça vous ?
- Réponse unanime des invités : NON
- Y. Calvi : Ben voilà, c’est un bide en direct
- J-F Khan : Je connais la Tricontinentale [2] , je connais Davos, mais je connais pas …
- N. Bacharan : Je ne connais pas du tout cette organisation donc je n’en dirais rien
- Y. Calvi : c’est peut-être une invention d’un téléspectateur qui a de l’humour, qui nous teste ?
- N. Bacharan : peut-être qu’il voulait vérifier…
- G. Chaliand : Je me méfie beaucoup de ces organisations mondiales qui dans l’ombre se réunissent et distribuent en quelque sorte les dividendes et les rôles. C’est une longue histoire.
- Y. Calvi : Vous êtes peut-être en train de répondre très habilement à une fausse question, ce qui est très rare, et ce qui pour le coup est d’une grande intelligence, enfin moi, ça m’arrange !

La suite de l’émission importe peu. Les téléspectateurs auront retenu que le Bilderberg n’existe pas puisque cinq journalistes et spécialistes de géopolitique n’en ont tout simplement jamais entendu parler.

A la décharge de nos brillants “experts” il faut reconnaître que le Groupe de Bilderberg n’existe QUE depuis 54 ans, et que ce club ultra huppé ne reçoit QUE des têtes couronnées, des ministres,des secrétaires généraux de l’OTAN, des PDG, des patrons de presse. On le voit, il n’y a là rien qui puisse éveiller la curiosité des invités d’Yves Calvi. Pourtant…

Le Bilderberg, ce fantasme de gauchiste [3]

Pourtant, la genèse du Groupe de Bilderberg est une histoire fort instructive qui mérite d’être contée, car elle donne à voir une réalité qui se situe à l’exact opposé de la démocratie. Depuis sa création en 1952, le Bilderberg a largement contribué à construire le condominium euro-américain, sous leadership US, que l’on voit à l’oeuvre aujourd’hui. Ce condominium transatlantique peut être considéré comme la clé de voûte du nouvel « ordre mondial » que le président américain Harry Tuman a annoncé en 1947. Plan Marshall, OTAN et son réseau secret Stay-Behind, Union Européenne, CIA , MI6 et Bilderberg font partie des instruments utilisés pour mettre en place cet « ordre mondial » et mener la guerre froide.
Pour autant, façonner ce nouvel ordre mondial, selon l’architecture décidée par Washington, implique la collaboration des pays membres de l’Alliance Atlantique. Le Bilderberg a précisément pour fonction d’assurer cette collaboration. La filiation OTAN/Bilderberg peut se lire au travers des nombreuses sessions consacrées « aux questions sur lesquelles un accord au sein de l’Alliance Atlantique peut s’avérer difficile. » Sous couvert de débats, le Bilderberg exerce une véritable diplomatie parallèle au prétexte que, selon ses propres termes,  » les dimensions et les possibilités des contacts officiels [ des hommes d’Etat et des diplomates ] ont leurs limites et ne couvrent pas tout le champ que les fondateurs de Bilderberg avaient en idée. »

Le Groupe de Bilderberg, dont l’objectif affiché est de construire « l’unité du monde occidental » ne recrute que » des gens importants et respectés et qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs que le Bilderberg s’est assigné. [4] » Au début de chaque conférence, une note distribuée aux participants indique que l’on attend d’eux qu’ils usent de leur « influence afin que l’Alliance Atlantique puisse fonctionner d’une façon plus efficace. » Quant à la diversité des sujets débattus, elle découle, selon un document de 1957, de « l’intérêt commun des membres de l’OTAN [ qui ] s’étend constamment au-delà de la sphère d’application limitée du Traité Atlantique. [5] » Il va sans dire que pour faire entériner cette « politique occidentale qu’il serait peut-être plus exact bien que moins diplomatique d’appeler américaine » [6] la plus grande quiétude est nécessaire. C’est la raison pour laquelle ces conférences annuelles – qui regroupaient environ 50 personnes dans les premières années et qui aujourd’hui en comptent 120 – se tiennent loin des regards, dans des hôtels ultras sécurisés et ne donne lieu à aucune communication externe.

Amitié Transatlantique

Paris, 25 septembre 1952. Ce jour-là, 13 personnes se réunissent pour jeter les bases de ce qui deviendra deux ans plus tard, le Groupe de Bilderberg. En plus du Baron François de Nervo, hôte de la réunion, on note des personnalités venues de toute l’Europe :
- Paul Van Zeeland, ministre belge des affaires étrangères
- Bernhard De Lippe-Biesterfeld, Prince consort des Pays-Bas, époux de la Reine Juliana
- Ole Bjorn Kraft, Ministre danois des affaires étrangères, président du Conseil de l’OTAN
- Dr Rudolf Mueller, avocat d’affaires allemand, ancien président de la German Economic Administration de la zone anglaise.
- Panagiotis Pipinelis, représentant permanent de la Grèce à l’OTAN
- Paul Rykens, président de la firme multinationale Unilever
- Hugh Gaitskell, ancien chancelier de l’Echiquier, trésorier du parti travailliste
- Guy Mollet, président le la SFIO
- Antoine Pinay, Président du Conseil ; ministre des Finances et Affaires économiques

Et enfin les deux chevilles ouvrières du Bilderberg en cours de constitution :
- Sir Colin Gubbins, ancien Général de l’armée britannique, qui durant la guerre fut chargé de la planification des actions subversives et de sabotage au sein du S.O.E. – Special Operation Executive – Démantelé en juin 1946, le SOE fut remplacé, à l’intérieur du service de renseignement MI6, par une nouvelle section secrète  » Special Operations » dont Colin Gubbins prit le commandement. En liaison avec Frank Wisner – directeur du bureau de coordination politique des opérations spéciales de la CIA (OPC ) Gubbins s’activa à créer les armées secrètes de l’OTAN – Stay Behind – dans toute l’Europe [7].

- Joseph Retinger : Cet ami intime de Gubbins fut conseiller diplomatique du Général Sikorski, chef du gouvernement polonais en exil à Londres durant la Deuxième Guerre mondiale [8]. Les services secrets français le considéraient comme un agent du contre-espionnage polonais passé au service de l’Intelligence Service de Grande-Bretagne [9]. Lorsqu’en 1952, Retinger se lance dans la création du groupe de Bilderberg, il occupe le poste de secrétaire général du Mouvement européen.

Sont excusés, Max Brauer, membre du parti socialiste allemand, Maire de Hambourg et Lord Portal de Hungerford, ancien maréchal de la Royal Air Force, contrôleur pour la production de l’énergie atomique au ministère de l’approvisionnement.

Pour Retinger et ses amis, la première tâche consiste à redonner du dynamisme à la campagne antisoviétique en Europe, et à faire battre en retraite les partis communistes jugés trop puissants. Mais pour ce faire, il s’avère nécessaire de pacifier les relations euro-américaines. Il est vrai que de nombreux nuages se sont accumulés sur l’ horizon transatlantique depuis la fin de la guerre. Le comité européen pointe du doigt l’ingérence américaine dans les affaires intérieures des pays européens, à ce point outrancière que les élus peinent à la masquer à l’opinion publique. Problème amplifié par le comportement « vulgaire et arrogant » de nombreux Américains en postes en Europe et qui alimente un certain « anti-américanisme » dans les populations. Cette situation donne, selon les membres du Comité, des arguments aux partis communistes qui dans certains pays engrangent de belles victoires électorales. Le groupe échafaude alors un plan d’action destiné à « attirer l’attention des autorités compétentes sur des mesures qui puissent renforcer l’amitié et la confiance qui doivent régner entre l’Amérique et l’Europe«  et décide, dans la foulée, de créer un Comité analogue aux Etats-Unis.

Peu de temps après, Joseph Retinger et le Prince Bernhard, s’envolent pour les Etats-Unis où ils rencontrent Averell Harriman [10], directeur de la Mutual Security Agency – agence chargée de coopération économique – Walter Bedell Smith [11], directeur de la CIA et C.D. Jackson [12], Président du Comité pour une Europe Libre . Le 1° octobre 1953 une lettre du directeur de la CIA, informe Retinger que le Comité américain est constitué. 18 mois plus tard, le 8 février 1954, Européens et Américains se réunissent, de nouveau chez le Baron François de Nervo, et valident un rapport – N°3 – où se trouve également consignée leur stratégie : « Les membres du Groupe, usant de leurs relations avec leurs autorités respectives, s’assureront que les points de vue développés dans le rapport n°3 seront soumis aux divers gouvernements ». Ils décident d’organiser  » dans un futur proche, une réunion restreinte de personnalités triées sur le volet et d’environ cinquante personnes ; la conférence discutera des problèmes mentionnés dans le document N°3 et si possible conviendra que ses conclusions sont la meilleure voie possible pour réaliser une entente parfaite entre l’Europe et l’Amérique. Les participants seront des personnalités influentes et informées des sujets débattus. »

La conférence dont il est fait mention est prévue pour les 29-30et 31 mai 1954 à Oosterbeek (Pays- Bas ) dans l’hôtel Bilderberg. Les thèmes inscrits à l’ordre du jour sont les suivants :
a) L’attitude générale envers le communisme et l’Union soviétique
b) L’unification de l’Europe
c) La Communauté européenne de Défense et la défense européenne
d) Le problème des colonies
e) Les problèmes économiques

Trouver un consensus qui permettrait d’adopter une position commune « envers le communisme et l’Union Soviétique » n’est pas chose aisée. Les Etats-Unis se montrent inflexibles envers « l’ennemi » et reprochent à l’Europe de s’orienter vers une politique de négociation avec l’URSS, voire même, blasphème, une politique d’apaisement. Pour leur défense, les Européens arguent d’un fort électorat communiste dans certains pays contre lequel la « solution » américaine semble inadéquate. Déterminés à aller de l’avant, les participants concluent que la réconciliation se fera grâce à un front commun contre l’Ennemi, à savoir le communisme.
Au fait, en quoi consiste cette menace communiste contre laquelle on mobilise tant de monde et tant d’argent ?

Le capitalisme en danger

En 1945, le Reich à peine vaincu, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis envisagent sérieusement un revirement d’alliance. Nombre de personnalités des deux nations considèrent que l’ennemi « naturel » n’est pas le nazisme, mais le bolchevisme. Il est, momentanément, question que les armées britanniques et américaine « marchent sur Moscou ». Churchill donne l’ordre – secret – au Maréchal Montgomery de ne pas désarmer les unités allemandes capturées et de les tenir prêtes pour un possible emploi contre l’armée rouge. De son côté, le Général Patton demande à réarmer deux divisions de la Waffen SS afin de les incorporer dans la troisième armée américaine pour les diriger contre les Russes. Dans le même temps, les services de renseignements américains recrutent des espions nazis ainsi que des gradés SS et exfiltrent un nombre considérable de criminels de guerre [13].

Toutefois, les opinions publiques ne sont pas prêtes à un tel revirement de situation et sont loin de considérer l’URSS comme une ennemie. En 1945, l’armée rouge jouit d’un grand prestige parmi les soldats stationnés en Europe, et un sondage indique que 55% des Américains déclarent vouloir conserver l’URSS comme allié après la guerre [14]. Durant l’année 1946, John Strohm, président de l’Association américaine des journalistes agricoles voyage plusieurs mois à travers la Russie, de retour, il racontera dans un livre que partout où il est allé, il a pu constater chez les Russes un profond sentiment d’amitié à l’égard des USA. Le diplomate américain Summer Welles, quant à lui, affirme publiquement que les véritables objectifs de la politique soviétique sont « la sécurité, la reconstruction, l’industrialisation des républiques soviétiques, et le développement des ressources naturelles comme partie essentielle d’un programme visant à élever rapidement le niveau de vie des Russes. » [15]

Ces prises de position s’avèrent extrêmement contrariantes pour ceux qui se sont considérablement enrichis grâce à l’économie de guerre et envisagent d’un mauvais oeil la baisse des carnets de commandes. D’ailleurs, en 1946, des économistes sonnent l’alarme : une crise de surproduction menace et le spectre de la récession n’est pas loin. Pour l’administration américaine, l’ urgence est de trouver des débouchés pour les produits et les capitaux américains, et de remettre en selle la stratégie de la « porte ouverte » [16]. Les regards se tournent vers l’Europe qui manque de tout, vers ses colonies dans lesquelles les Américains veulent pouvoir s’implanter et enfin vers les pays d’Europe sous l’influence de L’URSS .
Mais en Europe de l’Ouest, l’ antifascisme radical se double d’une remise en cause du capitalisme. Dans de nombreux pays, syndicats et partis de gauche acquièrent une influence considérable. En Allemagne les ouvriers mettent en place des « conseils d’entreprises souvent dirigés par des communistes » [17] y compris dans les filiales allemandes des entreprises américaines Ford ou General Motors. Ces conseils d’entreprises « inquiètent tous ceux qui craignent que la Deuxième Guerre mondiale ne débouche sur une révolution sociale, exactement comme la guerre franco-prussienne de 1870 et la Première Guerre mondiale avaient engendré la Commune et la Révolution d’Octobre. » [18] En Grande- Bretagne, le parti travailliste qui remporta les élections contre Winston Churchill en 1945 développe une politique qui répond aux aspirations d’une population extrêmement éprouvée par la guerre. De grandes réformes sociales sont mises en place, telle que la création de la sécurité sociale, ou la nationalisation des industries lourdes et de la Banque d’Angleterre. En Italie, les élections communales de 1946 amènent une large victoire des partis de gauche, tandis qu’en France, le général de Gaulle au pouvoir entreprend des nationalisations, et concède quatre ministères aux communistes. Les élections législatives de novembre 1946, font du PCF le premier parti politique en voix.

Quand Harry Truman était « fatigué de pouponner les soviétiques » [19]

Fort opportunément, en février 1946, un conseiller de l’ambassade américaine en URSS, George Kennan, rédige un long document dans lequel il fait part de ses réflexions sur le défi soviétique auquel est confronté l’Amérique. Bien que convaincu qu’il n’existe pas de risque de conflit entre les deux « grand », il préconise une grande fermeté vis-à-vis du Kremlin ainsi qu’ une politique offensive visant à réduire l’influence soviétique sur les pays satellites. Ce « long télégramme » sera utilisé, peu de temps après, par l’establishment américain pour agiter la menace d’une agression militaire imminente de l’URSS.

Quelques mois plus tard, le sous-secrétaire d’Etat Dean Acheson réunit les principaux dirigeants du Congrès et leur présente la Russie comme une nation « agressive et expansionniste » et conclut qu’un gouffre idéologique infranchissable sépare l’URSS des Etats-Unis [20]. De son côté, la CIA informe le Président américain que « le plus grand danger pour la sécurité des Etats-Unis est la possibilité d’un effondrement économique en Europe occidentale et par conséquent l’accession au pouvoir d’éléments communistes » [21]
Le 6 mars 1947 , le Président Harry Truman attaque lors d’un discours à l’université Baylor le principe de l’économie administrée, visant par là non seulement l’URSS, mais aussi des pays comme la Grande-Bretagne ou la France. Truman décrit ainsi le « chemin pour l’ordre mondial » :  » Partout le futur est incertain. Les politiques économiques sont fluctuantes. Dans cette atmosphère de doute et d’hésitation, le facteur décisif sera le type de conduite que les Etats-Unis donneront au monde… Le peuple [ américain ] est prêt à assumer le rôle de guide qui lui revient … Nous sommes le géant du monde économique… Que nous le voulions ou non, la structure future des relations économiques dépend de nous. Le monde attend et observe pour voir ce que nous ferons. Ce choix est le nôtre. » Ce discours précède d’un mois le lancement du « Plan Marshall ». Entre temps le sénateur Vandenderg, président du Comité des Relations étrangères au Sénat, avait réussi à convaincre le président Truman « d’épouvanter » l’opinion afin de la préparer à la nouvelle politique antisoviétique [22]. Cette épouvante ira crescendo grâce à la « Croisade pour la Liberté » destinée à présenter une image apocalyptique de l’Union soviétique. Le général Eisenhower en personne, accuse Moscou de chercher à « contrôler le monde » et à « détruire la liberté humaine », dans la foulée il annonce que l’Amérique doit se préparer à une bataille aux « conséquences mortelles » qui menacent » l’existence même des Etats-Unis » [23] . En 1952, la « chasse aux sorcières » du sénateur McCarthy ayant accompli son oeuvre, « une véritable crise d’hystérie s’est emparée de l’Amérique et l’opinion croyant la guerre proche s’inquiète de la construction rapide d’abris antiatomiques. » [24]

De retour aux Etats-Unis, George Kennan, est nommé directeur du Policy Planning Staff, division du Département d’Etat chargé d’élaborer la politique étrangère américaine. Dans un mémorandum adressé au secrétaire d’Etat Dean Acheson il expose ce que devrait être la position américaine vis-à-vis du reste du monde « Nous disposons de près de 50% de la richesse mondiale, mais seulement de 6,3% de la population… Notre véritable tache dans la période à venir est de concevoir un modèle de relations qui nous permettront de maintenir cette position de disparité… Notre attention devra partout se concentrer sur nos objectifs nationaux immédiats. Nous devons cesser de parler d’objectifs vagues et irréels tels que les droits de l’homme, l’amélioration du niveau de vie, et la démocratisation. Le jour où nous devrons raisonner en terme de concepts clairs de pouvoirs n’est pas si loin. Moins nous serons entravés par des slogans idéalistes et mieux cela sera » [25]

Mais l’agression militaire soviétique imminente est un bluff. A la fin de la guerre, l’URSS est à genoux. Vingt millions de Soviétiques sont morts au front, l’industrie a été dévastée par les armées d’Hitler et partout dans le pays la nourriture manque. Contrairement aux affirmations péremptoires des propagandistes, les « maîtres du Kremlin » n’ont pas l’intention de lancer une nouvelle guerre. En 1945, le ministre des affaires étrangères britannique, Antony Eden déclare devant le parlement anglais, être absolument convaincu que les mesures prises par les Russes en Europe occidentale sont seulement destinées à empêcher une dangereuse résurrection de la puissance allemande : « nous savons que les dispositions russes ne sont pas dirigées contre nous » [26] . D’ailleurs, en 1957, George Kennan lui-même prendra ses distances avec la position belliciste américaine et fera une mise au point : « Je n’ai jamais cru que le gouvernement soviétique, à aucun moment depuis 1945, ait désiré une guerre générale, ou qu’il aurait été amené, pour quelque raison politique valable, à entamer une telle guerre » [27]

Halloween au Bilderberg

Dans les salons du Baron de Nervo, le Comité de Bilderberg ne semble pas traumatisé par une quelconque attaque bolchevique. En revanche ce qui inquiète l’assemblée réunie ce 8 février 1954, est le manque d’enthousiasme évident des populations européennes pour la croisade américaine contre l’Union Soviétique. Selon le Comité européen, le problème est dû en partie, au McCarthysme qui a créé de « très grands dommages » dans l’opinion publique européenne surtout dans les pays où existe un fort électorat communiste. L’inquiétude monte d’un cran vers la fin de l’année lorsque C.D. Jackson averti le Département d’Etat que « l’Europe occidentale veut la paix, le relâchement des tensions internationales et la dissipation de la guerre froide » [28]. La Conférence de Barbizon, en mars 1955, est l’occasion de relancer l’ardeur au combat. Sur un ton mélodramatique, lors de la session consacrée à « l’infiltration communiste dans les divers pays occidentaux », les conférenciers jouent à se faire peur et relatent le  » péril rouge » qui sévit chez eux :En Grande-Bretagne, ’ »les communistes ont dû agir par voie d’infiltration pour tenter d’atteindre la position dominante qui leur est nécessaire. » En Allemagne, « les activités communistes se sont accrues…Il existe certains courants très sommaires au sein des masses laborieuses qui… peuvent être exploitées par la propagande communiste. » En France explique Guy Mollet « Il existe une tendance profondément enracinée à penser que le progrès est à gauche … Ce que le terme gauche signifie exactement n’est pas très bien saisi. Du fait que le communisme est ainsi baptisé, il n’y a rien là qui soit de nature à alarmer une large fraction de la population ». Quant à l’Italie : « on a pas réussi à isoler le communisme… La gravité de la situation [ économique ] donne aux communistes une sorte de monopole de l’espoir. » Les populations européennes, résume le Prince Bernhard, sont vulnérables du fait que « le communisme a deux attraits : l’égalité sociale ou la possibilité pour chacun de trouver sa place dans le système, et la sécurité économique qu’il offre à la partie non ambitieuse de la population, laquelle constitue la majorité. »

Heureusement, il existe des pays sains. La Suisse par exemple où les communistes sont très peu nombreux et sont « principalement des indigènes, pour la plupart ouvriers » auxquels s’ajoutent « une partie d’étudiants qui traversent ce qu’on peut appeler une crise de croissance. » A la fin de la session, les participants parviennent à se mettre un peu de baume au coeur : « Au Portugal, le communisme se présente sous un aspect largement négatif. Il est bon de savoir qu’il existe au moins un pays du monde où le communisme ne joue pas de rôle. » En effet, le Portugal est une dictature. En 1926, date du coup d’Etat, le parti communiste, interdit, a dû entrer en clandestinité. Après l’accession au pouvoir du dictateur Salazar, en 1933, les communistes furent massivement arrêtés. Ceux qui n’ont pas été sommairement exécutés furent torturés et déportés dans le camp de concentration de Tarafal au Cap-Vert.

La deuxième séance voit l’assemblée s’enflammer sur la question de la « défense de la démocratie » et la manière de s’y prendre pour la sauver. Le problème, résume un intervenant, est que « la guerre froide a quelque chose d’une guerre civile dans la mesure où une partie de la population fait fonction d’agents de l’étranger. ». Des mesures doivent être prises. Certains envisagent de faire appel à l’Eglise afin de contrer la « propagande pseudopacifiste » des communistes. D’autres exhument une « vieille loi néerlandaise de 1855 qui autorise la proscription des partis non démocrates » et qui mérite d’être examinée de près pour éventuellement servir de modèle aux autres. Impossible rétorque Alberto Pirelli – industriel fasciste et ancien ministre de Mussolini [29] – car en Italie les « choses sont devenues extrêmement difficiles depuis l’abrogation des lois fascistes. »
A défaut de pouvoir utiliser des lois fascistes pour sauver la démocratie, les conférenciers décident une « offensive de propagande » pour laquelle il sera nécessaire d’utiliser « plus particulièrement la presse … spécialement en Italie et en France ».

L’Europe, l’Europe, l’Europe

En ce début des années cinquante, la grande affaire transatlantique est incontestablement l’intégration européenne. Celle-ci fit d’ailleurs partie intégrante du Plan Marshall pour le relèvement de l’Europe. Pour l’Administration américaine, l’Europe a reconstruire s’envisageait d’abord comme un gigantesque marché à ouvrir aux produits et aux capitaux américains, permettant ainsi à l’industrie US d’échapper une crise de surproduction. Les conditions posées aux nations européennes pour avoir accès à l’aide Marshall étaient claires : créer une « union douanière » et rendre les monnaies européennes convertibles entre elles et avec le dollar. Afin de verrouiller ce nouveau marché, le Congrès américain vota tout un arsenal juridique, empêchant de facto les pays d’Europe de l’Ouest de commercer avec le « bloc de l’Est » [30]. Mais le Plan Marshall fut aussi un instrument d’ingérence dans les affaires de politique intérieure des pays « aidés ». « Le but de l’ERP [ Plan Marshall ] est fondamentalement politique … Il est nécessaire de coordonner et d’intégrer le mieux possible toutes les phases de l’effort du gouvernement américain, particulièrement la diplomatie, l’ECA [ administration du plan Marshall ], l’aide militaire et les opérations secrètes de guerre politique [ comprendre coups tordus de la CIA]«  [31] Cette ingérence fut telle qu’elle finit par faire grincer des dents y compris dans les rangs américanophiles.

Pour le Bilderberg, pas question de laisser les choses s’envenimer. Lors de la réunion du 8 février 1954, la situation est froidement analysée : « la pression exercée par les Américains sur les Européens pour accélérer le processus d’unification indigne l’opinion européenne, y compris les plus ardents amis de l’Amérique. » De plus, les dernières nouvelles indiquent que l’on s’achemine vers un rejet, par le parlement français, de la Communauté européenne de Défense ( CED ), ce qui fera prendre un sérieux retard au réarmement de l’Allemagne décidé par les USA. L’inquiétude des membres du Bilderberg est d’autant plus vive que la plupart d’entre eux sont des figures majeures de la construction européenne.

Le projet d’une Europe fédérée sur les plans politique, économique et culturel fut le fruit de réflexions et de concertations menées à Londres, en 1943, par un petit groupe de personnalités. Edmond Giscard d’Estaing, Paul van Zeeland, Joseph Retinger en furent les principaux acteurs [32]. Trois ans plus tard, Van Zeeland, Retinger et son « vieil ami » Colin Gubbins créèrent la Ligue Indépendante de Coopération Européenne (ILEC). Il s’agissait d’un groupe de pression transnational composé d’hommes d’affaires, de banquiers et de politiques européens dont l’un des objectifs était l’établissement d’un marché commun européen et d’une monnaie unique. L’ambassadeur américain en Grande-Bretagne, Averell Harriman mit sur pied la section américaine de l’ILEC.
Au mois de septembre 1946 Winston Churchill appela solennellement à « ériger quelque chose comme les Etats-Unis d’Europe«  [33]. Cet appel fut relayé par le Congrès américain qui exigea que les Etats bénéficiaires du Plan Marshall s’engagent à participer à ces Etats-Unis d’Europe [34]. Au même moment se créait, autour d’ Alexandre Marc, de Denis de Rougemont et d’Henry Frenay, l’Union Européenne des Fédéralistes (UEF) dont le rôle essentiel était de mobiliser l’opinion publique. De leur côté, les socialistes fondèrent le Mouvement Socialiste pour les Etats-Unis d’Europe, tandis que les chrétiens démocrates s’agrégèrent dans les Nouvelles Equipes Internationales. Afin de coordonner ces mouvements, Duncan Sandys – gendre de Churchill – et Joseph Retinger organisèrent un grand Congrès, financé par des fonds du Plan Marshall, à la Haye en mai 1948. Ce congrès donna naissance au Mouvement Européen dont Retinger devint le Président. Dès le début, mouvements fédéralistes et unionistes furent financés par la CIA. Mais ce nouveau Mouvement Européen, avait besoin de beaucoup d’argent pour fonctionner. A cette fin la CIA créa une organisation spécifique : l’ACUE ( American Committee for United Europe ) à la direction de laquelle on trouvait Walter Bedell-Smith, directeur de la CIA et Allen Dulles directeur des plans de la CIA. D’autres fonds parvinrent via la Fondation Ford dont un des dirigeants, Shepard Stone, lança en 1951 une grande campagne de soutien au Mouvement Européen. En 1952, ce même Shepard Stone finança la création du Groupe de Bilderberg dont il devint un membre du comité directeur.

L’Europe était sur les rails. Tout le monde cependant ne partageait pas ce bel enthousiasme. Le Général de Gaulle fit connaître son opinion par voix de presse : « N’est-ce pas tuer l’Europe que de fabriquer, à grand renfort d’intervention américaine, ce monstre, ce robot, ce Frankenstein, que pour tromper le monde, on appelle la Communauté ? » [35] Et de pointer un doigt accusateur sur cette construction communautaire où l’on voyait  » s’y employer des synarques [36] qui rêvent d’un empire supranational, des politiques qui croient tout perdu si l’on ne cède pas à l’étranger, enfin cette sorte de gens qui sont toujours prêts à s’inscrire pour le voyage de la lune, en souhaitant secrètement que le départ soit différé. Tous voulaient être les prophètes de l’Europe. » [37]

Pas question cependant de laisser le Général de Gaulle jouer les troublions dans cette Alliance Atlantique dont le but était « d’établir un ordre mondial stable » [38]. Mais la France, « pierre angulaire de l’Europe de l’Ouest continentale » [39] était sous bonne surveillance, plusieurs organismes américains étaient installés à Paris. L’ECA (Economic Cooperation Administration tout d’abord, dont le siège était situé dans l’hôtel Talleyrand, était en charge de la coordination, au niveau européen, de l’attribution des aides du plan Marshall. L’ECA était dirigé par Averell Harriman qui, de retour aux USA en 1952, supervisa la mise en place du Comité américain du Bilderberg. Également présent dans la capitale française le Comité France-Amérique administré entre autres par David Rockefeller et C.D. Jackson, tous deux membres du comité directeur du Bilderberg. Quant à Radio Free Europe – officine de la CIA – elle avait ses bureaux sur les Champs Elysées, et était dirigée par C.D. Jackson. Dans ce contexte,il n’est pas surprenant que les réunions constitutives du Bilderberg se soient tenues à Paris.

Le formatage de l’élite transatlantique

Le Bilderberg est un club élitiste, ne sont convié aux conférences que « des personnes influentes dont les relations personnelles avec les hommes placés à la tête des affaires publiques pourraient contribuer … a rechercher une attitude commune sur les terrains politiques, culturels, économiques et social. » Ses fondateurs estiment « beaucoup plus fructueux d’obtenir une compréhension et une bonne volonté mutuelles entre des hommes occupant les positions-clés dans chaque pays que d’essayer d’influencer directement l’homme de la rue par voie de publicité ou de propagande » [40]. La méthode du Bilderberg pour embrigader les élites qui s’emploieront à manipuler l’opinion publique, est identique à celle utilisée par le Congrès pour la Liberté de la Culture [41] : « La CIA faisait circuler les objectifs américains de politique extérieure et en retour, elle écoutait attentivement un groupe dont la connaissance de l’Europe de l’Ouest pouvait faciliter ou même modifier les méthodes et les arguments utilisés pour formuler les mêmes objectifs. » [42] La recette, concoctée par le Conseil de Stratégie Psychologique – PSB – créé en 1951 par le Président Truman, était basée sur le manuel d’instruction des stratèges de la CIA, qui préconisait de « contester la théorie politique égalitaire et de montrer la persistance et le caractère incontournable du pouvoir de l’élite, même en un âge d’égalité. » Le PSB proposait la mise en place d’un « mouvement intellectuel à long terme » afin de « briser les modes de pensées doctrinaires hostiles aux objectifs américains. » Pour cela il suggérait de prendre appui sur une élite définie comme étant « un groupe numériquement limité … Qui forme ou du moins prépare les attitudes et opinions de ceux qui à leur tour dirigent l’opinion publique. » [43] Ce parallélisme entre le Bilderberg et le Congrès pour la Liberté de la Culture n’est pas le fruit du hasard et l’on retrouve les mêmes acteurs dans les deux instances. La doctrine fut élaborée par le PSB à la demande du président du National Committee for Free Europe ( officine de la CIA ), C.D. Jackson, qui, au même moment, constituait le Comité américain du Bilderberg. Nommé, en 1953, conseiller spécial pour la guerre psychologique du président Eisenhower il devient, en 1954, administrateur du comité américain pour la Liberté de la Culture et membre du comité directeur du Bilderberg. Cinq autres personnalités sont liées aux deux instances : Hugh Gaitskell, chancelier de l’échiquier britannique, Denis Healey député travailliste, Stone Shepard directeur de la Fondation Ford et David Rockefeller président de la Chase Manhattan Bank.

Le mode d’emploi

Le fonctionnement du Bilderberg est décrit dans la brochure de présentation du groupe :
Le Prince Bernhard des Pays-Bas est le président et dirige chacune des réunions. Il est assisté par un secrétaire général pour l’Europe – Joseph Retinger jusqu’en 1958 [44] – et un secrétaire général pour les USA – Joseph E. Johnson [45]- Le Prince centralise toutes les activités de Bilderberg, désigne les membres du Comité directeur et après consultation de ces derniers décide des personnes à inviter aux conférences annuelles. Le Comité directeur se réunit au moins deux fois par an. Sa composition est variable à l’exception d’un petit groupe d’hommes qui sont toujours présents. Si, au début des années cinquante, les Conférences de Bilderberg comptent une cinquantaine d’invités, on en dénombre, aujourd’hui environ cent vingt. Considérant que « les dirigeants réels d’un pays ne sont pas seulement les politiciens [et que ] d’autres grands intérêts – religieux, financiers, industriels, syndicaux, intellectuels – jouent également leur rôle en matière de relations entre pays [46]« , la répartition des conférenciers est la suivante : environ 1/3 d’hommes politiques, 1/4 d’hommes d’affaires, le reste étant des intellectuels, des syndicalistes, des diplomates, des fonctionnaires et des représentants de la presse. Les conférences durent trois jours, dans un hôtel entièrement réservé à cet effet et gardé par une escouade de policiers. Ni les conjoints, ni les secrétaires ne sont acceptés. Chaque participant aux conférences devient « membre » de facto du Bilderberg et même s’il n’est plus invité par la suite, il peut sur demande recevoir les comptes rendus des réunions et ainsi continuer à user de son « influence » pour « contribuer à la réalisation des objectifs que Bilderberg s’est assigné ». La relation à la presse est ainsi décrite pas la brochure de présentation : « La presse en tant que telle n’est pas admise aux conférences, cela ne signifie pas pour autant que les journalistes soient exclus des réunions. En fait, d’éminentes personnalités de la presse ont assisté à la plupart des conférences, mais ils ont participé, comme tous les autres en leur qualité personnelle » [47]. Cette belle architecture faillit toutefois s’effondrer en 1976 lorsque le Prince bernhard fut pris dans la tourmente d’un scandale financier. Il fut contraint de reconnaître qu’il avait reçu 1 million de dollars de pots-de-vin de la firme Lockheed afin d’influencer le gouvernement hollandais pour l’achat d’avions de chasse F-16. Le Prince démissionna de la présidence du Bilderberg et il n’y eu pas de conférence cette année-là.

Les socialistes sont nos meilleurs amis

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aux Etats-Unis, le clivage politique dans le domaine des affaires étrangères ne se fait plus selon une ligne Républicains/Démocrates mais selon une ligne isolationniste/interventionniste. Dès 1941, le courant interventionniste – politique de la porte ouverte – était devenu majoritaire dans les deux camps. En 1952, le président Harry Truman institua une règle visant à assurer la continuité de la politique extérieure quelque soit la majorité au pouvoir [48]. Situation dont se félicite le Comité américain lors de la Conférence de Bilderberg à Barbizon en 1955 : « Le large soutien auquel le Président est maintenant en mesure de faire appel pour sa politique étrangère, et qui couvre sans doute les deux tiers ou les trois quarts du parti républicain et une part considérable du parti démocrate, permet de traiter maintes questions importantes dans un climat de modération et de responsabilité. » L’objectif de Washington est d’exporter ce modèle en Europe afin que la ligne atlantiste soit conservée quelque soit le gouvernement en place, autrement dit s’assurer que si les partis socialistes viennent au pouvoir, ils adoptent une ligne compatible avec les intérêts américains. A la fin de la guerre les Etats-Unis organisèrent la Non Communist Left Policy – NCLP -( politique de gauche non communiste ) qu’Averell Harriman, résuma en ces termes au Congrès : « Les socialistes sont nos meilleurs amis en Europe«  [49]. Sur le terrain, les Américains savaient pouvoir compter sur de nombreux soutiens afin de développer cette politique. En Italie tout d’abord, où dès 1945 les « Etats-Unis érigèrent la Démocratie chrétienne italienne (DCI) – un ramassis de collaborationnistes, de monarchistes et de fascistes – comme rempart au communisme » [50]. Son dirigeant, Alcide De Gasperi, président du Conseil Italien et ministre des Affaires étrangères de 1946 à 1953, qui recevait secrètement de l’argent de la CIA, suggéra à celle-ci de financer aussi le parti socialiste. « Bonne idée » qui fut immédiatement mise en pratique [51]. Sa mort inopinée en 1954 priva le Bilderberg de sa collaboration. [52] En France, autre pays fortement contaminé – selon Washington – par les idéaux communistes, c’est l’ambassadeur américain Jefferson Caffery, qui avait chargé les relations avec les socialistes. En 1946, celui-ci fit savoir à Washington que Guy Mollet, qui s’apprêtait a devenir secrétaire général de la SFIO, « n’avait aucune sympathie pour les communistes et souhaitait par-dessus tout entretenir avec Washington des rapports amicaux [53] » Une note du 21 janvier 1947, des services de renseignement français – SDECE – indiquait par ailleurs que « la NCLP prenait forme et que le soutien économique des partis européens de gauche non communistes a été décidé [54] » Fort de cette relation de proximité, l’ambassadeur Caffery discuta avec les socialistes de l’éviction des ministres communistes du gouvernement Ramadier. Eviction réalisée en mai 1947. Lorsqu’en mars 1949 les élections municipales montrèrent une forte poussée des conservateurs, Caffery, fit savoir au président du Conseil, Henri Queuille, que « pour les Etas-Unis, les socialistes devaient continuer à participer à la coalition gouvernementale » et dans la foulée alla trouver Guy Mollet pour lui demander de soutenir Queuille [55] . Guy Mollet devint en 1952 membre fondateur du Bilderberg. De l’autre côté de la Manche, l’affaire s’annonçait délicate. Il était question de mettre le Labor Parti (Parti travailliste) dans le « droit chemin ». Un organisme crée en 1948 par le premier ministre travailliste Clement Attlee fut utilisé à cet effet. L’IRD – Information Research Department – sorte de ministère secret de la guerre froide rattaché au Foreign Office était étroitement relié à la CIA [56]. Sa mission était de produire et de divulguer des documents de propagande anticommuniste [57]. Pour parvenir à ses fins,l’IRD cherchait à se « concilier les gens et les institutions qui, dans la tradition politique de gauche, étaient généralement perçus comme des opposants aux centres de pouvoir. Le but d’une telle conciliation était de se rapprocher des groupes « progressistes » afin de contrôler leurs activités en les influençant de l’intérieur. » [58] L’aile droite du Labor, en lutte contre le communisme était principalement conduite par Hugh Gaitskell et Denis Healey. C’est par ces proches de l’IRD que « la CIA espérait réussir à mettre la pensée politique britannique au service de ses projets pour l’Europe«  [59]. Hugh Gaitskell fut nommé ministre de l’économie en 1950, puis Chancelier de l’Echiquier. Membre fondateur du Bilderberg, il prendra la tête du parti travailliste en 1955. Denis Healey , quant à lui, dirigeait le Département international du Parti

travailliste depuis 1948. Elu député travailliste en février 1952, il rejoignit le Comité directeur du Bilderberg en 1954.

Quand le Bilderberg voulait rééduquer le tiers-monde

Au milieu des années cinquante, les Etats-Unis opèrent un virage sur l’aile. Les activités paramilitaires [60] et les opérations de propagande s’avérant contre-productive, ils décident d’adopter une politique moins agressive. La « libération » des pays d’Europe de l’Est prendra un peu de retard d’autant plus que l’occident ne semble pas au mieux de sa forme : sur le plan militaire, « les Russes ont pris de l’avance en matière d’armement » [61] quant à l’économie, « le taux généralement élevé de croissance économique [ de l’URSS ] semble être supérieur aux taux occidentaux. Ceci contraste péniblement avec la récession et le chômage croissant aux Etats-Unis. » [62] En réalité l’urgence du moment se situe du côté des anciennes colonies principalement en Asie et en Afrique.

Sur la scène internationale ont émergé d’importantes personnalités du tiers monde qui ne se laissent guère intimider par la cupide et belliqueuse élite occidentale. Pourtant si les prises de position de leaders politiques tels que Sukarno, Nerhu, Hô Chi Minh, Nasser, irritent Washington elles constituent néanmoins une opportunité à saisir afin de prendre la main dans des pays jusqu’ici dominés par l’Europe. Difficile exercice pour lequel il s’avère nécessaire d’amadouer les alliés occidentaux que l’on s’apprête à dépouiller. La tension entre l’Europe et les Etats-Unis est vive sur la question coloniale, et la réunion de Bilderberg du 8 février 1954 est en partie consacrée à trouver un consensus entre les membres. En première analyse, les Européens relaient le ressentiment des gouvernements à l’encontre de l’attitude américaine en Birmanie, en Indonésie, en Indochine, au Maroc et plus généralement dans les Territoires de l’Union Française [63]. Face à cette mise en cause, le Groupe américain se retranche derrière son opinion publique, laquelle est, dit-on, en proie à une « réaction sentimentale » et « hautement émotionnelle » sur la question du colonialisme et se place résolument du « côté des aspirations nationalistes des peuples des colonies ». Une fois encore le grand Satan communiste permet aux deux rives de l’Atlantique de se rapprocher et d’adopter une position commune ainsi résumée :  » Dans presque tous les cas l’abandon du pouvoir par les Européens a laissé les peuples des colonies dans une compréhension du gouvernement démocratique inadéquate et un manque de maturité pour affronter les tâches auxquelles ils sont confrontés. Dans la confusion économique et politique qui en résulte,les communistes sont en position de prendre le contrôledugouvernement. Nous devons insister sur le fait que c’estprécisément le but recherché par Moscou … Nous devons considérerque les troubles [ fomentés par la Russie ] vont croître et que le problème des pays sous-développés va monter en importance. »

La question du colonialisme est d’autant plus prégnante que trois mois plus tard, en avril 1954, à l’initiative du président indonésien Sukarno, une conférence au sommet réunira à Colombo, capitale de Ceylan, les présidents d’Indonésie, d’Inde, de Ceylan, du Pakistan et de la Birmanie. L’objectif de cette conférence, qui mettra sur les rails le courant des « non-alignés » est de proposer une action commune pour mettre fin à la guerre d’Indochine, où la situation est des plus confuse, et où français et Américains sont engagés dans un véritable bras de fer.

A la fin de la 2°Guerre Mondiale, le Département d’Etat considérait que parmi toutes les administrations coloniales de l’Asie du Sud-Est, l’administration française en Indochine avant la guerre avait été la pire. Il entendait malgré tout obtenir de la France la liberté du commerce en l’Indochine ainsi que la possibilité d’établir des bases américaines. En octobre 1948 les USA se donnèrent pour mission de débarrasser l’Indochine de l’influence communiste d’Hô Chi Minh et d’instaurer un Etat entretenant avec l’Amérique des liens d’amitié, tout en étant formellement associé à la France. Si bien qu’en 1954, la guerre d’Indochine menée par la France était encore financée à plus de 80% par les Etats-Unis [64]. Mais la cuisante défaite de Diên Biên Phu change la donne.

Les accords de Genève de juin 1954, signés pour la France par Pierre Mendès France, prévoient la partition du Vietnam en deux entités, le retrait des troupes occidentales, et des élections générales dans les deux pays, en 1956. A la Maison Blanche, ces accords sont qualifiés de « désastre » et l’on décide, premièrement de les saboter et deuxièmement de prendre la place des Français. Un accord secret conclu entre Paris et Washington en septembre 54 engage la France à soutenir Ngô Dihn Diêm, le candidat des américains – profondément anti-français – pour les futures élections. Un nouvel accord, militaire celui là interviendra quelques semaines plus tard. Tandis que négociateurs européens et Américains mènent leurs discussions, sur le terrain, au Vietnam, services secrets français – défenseurs des puissants intérêts financiers en place – et CIA se livrent une guerre souterraine faite de coups tordus, de sabotages, de manipulations et de tentatives d’assassinats. [65]

Cette guerre souterraine n’empêche pas, toutefois, le ministre français des Affaires étrangères, Antoine Pinay [66], de consacrer trois jours de son précieux temps à la Conférence de Bilderberg qui, en cette année 1955, est hébergée à Barbizon En parallèle du conflit larvé franco-américain, une autre guerre se dessine. Il s’agit, et la conférence de Bilderberg y consacre une session entière, de se mettre en ordre de bataille afin de lutter contre le neutralisme, problème déclaré par le président Eisenhower comme étant encore plus préoccupant que le communisme. La question des « peuples non engagés » ainsi définis :  » nationalistes d’Asie, d’Afrique et du Moyen Orient qui ne sont pas pleinement ralliés aux idéaux et aux idées de l’Occident » est longuement débattue et se voit conférer le statut d’ « urgence politique ». Urgence liée au calendrier, car nous sommes au mois de mars et le 18 avril, 29 pays se réuniront à Bandung [67] pour une Conférence dont le programme est, d’ores et déjà, considéré par le Bilderberg comme un catalogue de « déclarations anti-occidentales fondées sur l’anticolonialisme le plus superficiel et le plus mal digéré. »

A Barbizon, les conférenciers se livrent alors à une séance de psychanalyse d’où il ressort que ces peuples « encore pauvres et inefficaces » n’ont pas opté pour l’Ouest dans sa lutte contre le communisme du fait d’une « psychose » qui prend racine dans le « ressentiment et la jalousie » vis -à – vis de pays occidentaux dépeints comme étant des « boucs émissaires ». L’assemblée décide de trouver des « remèdes à cet état morbide qui peut nous faire perdre militairement et politiquement l’Afrique et l’Asie » et conclu à la nécessité de « persuader ces peuples d’accepter nos idées de société démocratique comme étant la seule solution équitable des problèmes de l’humanité. » Une première piste se dégage qui fait l’unanimité, et la Conférence se prononce pour un programme visant à établir des « relations franches avec les chefs de ces pays » dont la principale tâche doit-être de « rééduquer leurs peuples ».

Pour renforcer les nouveaux liens avec ces peuples « incapables de se rappeler que l’existence humaine est une vallée de larmes » une solution de nature économique, cette fois, est envisagée. Mais il faudra, auparavant, que l’occident se soit « débarrassé de sa complaisance passive pour la bonté et la perfection de son système » et ce, d’autant plus rapidement, que jusqu’à présent il n’a pas « subi d’agression de la part des Russes sur le champ de bataille de l’économie ». A leur grand étonnement, les conférenciers observent que jusqu’à présent, les Russes n’ont fait « aucune tentative pour détraquer l’économie du monde libre par l’usage de leur propre puissance ». Cette situation devra être exploitée au plus vite, car « lorsque les peuples comparent ce qui s’est produit dans un pays qui a été pris en main par le communisme et dans un pays qui est demeuré libre de celui-ci, nous nous trouvons en face d’un immense défi. »

Pourtant, cet allant novateur ne portera pas ses fruits et la conférence du Bilderberg réunit à Fiuggi du 4 au 6 octobre 1957, constatera que la « pénétration de la civilisation, de l’éthique et des idéaux de l’Occident dans les pays non engagés » a échoué et que la classe dirigeante des pays neufs manque toujours « d’admiration pour nos standards techniques » et tarde à adopter « nos standards politiques et moraux. » La crise de Suez n’avait sans doute pas laissé que de bons souvenirs.

Nous sommes tous des américains [68]

Aujourd’hui, la guerre froide est terminée, l’Union Soviétique a disparu ainsi que le Pacte de Varsovie. En revanche, l’OTAN est toujours là, le Bilderberg aussi.
Des protagonistes de la première heure seuls sont toujours vivants, et assidus aux conférences, David Rockefeller (92 ans) et Henry Kissinger (83 ans). La principale fonction des conférences n’a pas changé, à savoir tester et affiner la propagande que les « élites » au service de l’empire américain utiliseront pour manipuler l’opinion publique, notamment lors des guerres de prédation menées au nom de la Liberté.
Depuis sa création, le Bilderberg, présidé depuis l’an 2000 par le Vicomte Etienne Davignon, a monté en prestige et aujourd’hui, l’on se flatte « d’en être ». La reine Béatrix des Pays-Bas, fille du Prince Bernhard, honore de sa présence les conférences depuis de nombreuses années.
En plus des ministres en exercice, des députés, des journalistes, des banquiers et des PDG, sont régulièrement invités, la plupart des commissaires européens ( leur voyage est payé par la Commission européenne ), les présidents du FMI et de la Banque Mondiale, ainsi que le directeur général de l’OMC. Pour assurer la sécurité de ces VIP, le gouvernement du pays hôte déploie une armada policière, armada rétribuée cela va sans dire, par les contribuables. Et l’on nous dit, depuis 54 ans, que tout ceci est de nature strictement privée [69]. Il serait peur-être temps de rappeler à cette pseudo élite la sentence du Président Roosevelt : « La liberté dans une démocratie n’est pas assurée si le peuple tolère que la puissance privée grandisse au point qu’elle devienne plus forte que l’état démocratique lui-même. Ce qui, fondamentalement est le fascisme ».

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog d' Eva, R-sistons à la crise
  • : Tout sur la crise financière, économique, sanitaire, sociale, morale etc. Infos et analyses d'actualité. Et conseils, tuyaux, pour s'adapter à la crise, éventuellement au chaos, et même survivre en cas de guerre le cas échéant. Et des pistes, des alternatives au Système, pas forcément utopiques. A défaut de le changer ! Un blog d'utilité publique.
  • Contact

Recherche