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Augustin Barruel
Augustin de Barruel, né à Villeneuve-de-Berg le 2 octobre 1741 et mort à Paris le 5 octobre 1820, est un prêtre jésuite, et essayiste polémiste catholique français.
Ses travaux consistent à montrer que la Révolution française n'a pas été un mouvement de révoltes spontanées du peuple, mais un processus organisé pendant plusieurs décennies dans des loges et dans des clubs (en particulier celui des Jacobins) afin de permettre à la bourgeoisie libérale de s'emparer du pouvoir. Karl Marx arrivait aux même conclusions.
Ses recherches sur les réseaux de pouvoirs parallèles - avant et pendant la Révolution - ont été continuées au début du XXe siècle par le chartiste Augustin Cochin.
Ces deux historiens sont les fondateurs d'une école historique qui est qualifiée de conspirationnisme ou de Théorie du complot par les tenants d'une révolution spontanée et populaire qu'ils expliquent par la philosophie de l'histoire.
Sommaire
Biographie
Premières années et études
Issu d'une famille authentiquement noble, Barruel fait ses humanités au collège de Tournon avant de devenir jésuite en 1756. Après les années de formation spirituelle, il enseigne la grammaire au collège de Toulouse. C'est là, en 1764, que le surprend le décret de Louis XV expulsant les jésuites du royaume de France. Contraint à l'exil, il se rend d'abord en Pologne, puis en Bohême (maintenant République tchèque) où il termine ses études de théologie et est ordonné prêtre à Chomutov en 1768. Il enseigne également en Moravie, puis revient en France comme précepteur privé d'une famille aristocratique slovaque. Il se trouve à Avignon lorsque la Compagnie de Jésus est supprimée par le pape Clément XIV en 1773. Le Père Barruel sera précepteur des enfants du prince François-Xavier de Saxe, frère de la Dauphine de France. Il va vivre avec cette famille princière pendant trois ans, de juillet 1774 à mai 1777 au château de Chaumot (dans l'Yonne) puis dans celui de Pont-sur-Seine (dans l'Aube).
Écrivain et polémiste
Devenu abbé par la force du décret, Barruel survit comme précepteur et se met à écrire. Il publie des vers en faveur de l'avènement de Louis XVI et collabore à L'Année littéraire de Fréron entre 1774 et 1784. En 1781, il publie sous le titre d'Helviennes des lettres anti-lumières contre les Encyclopédistes et la philosophie des Lumières. Il exerce sa verve de polémiste dans le Journal ecclésiastique dont il est presque le seul rédacteur entre 1788 et 1792. D'abord favorable aux idées démocratiques — il renonce volontairement à la particule nobiliaire —, sa vigoureuse opposition à la constitution civile du clergé le contraint finalement à s'exiler à Londres en 1792. Il est tout d'abord hébergé par le philosophe Edmund Burke qui, bien que franc-maçon, le félicitera pour son Mémoire pour servir… pourtant antimaçonnique1. Il a tout le loisir qu'il lui faut pour écrire son Histoire du clergé pendant la Révolution, parue en 1793, qui dénonce la persécution religieuse. Suivent ses Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, parus en quatre volumes entre 1797 et 1799, qui connaissent un vif succès et sont traduits en plusieurs langues. Ces Mémoires développent la thèse d’une Révolution antichrétienne fomentée par les philosophes, les francs-maçons et les Juifs2.
Publication des Mémoires
Les Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme de l'abbé Barruel soutiennent une théorie du complot selon laquelle les Illuminés de Bavière, groupe fondé le 1er mai 1776 par Adam Weishaupt, ont infiltré la franc-maçonnerie et d'autres sociétés, afin de renverser les pouvoirs en place, aussi bien politiques que religieux, pour asservir l'humanité. Cette thèse, qui veut que la Révolution française résulte d'un complot fomenté par les philosophes athées, les nouveaux templiers, les rosicruciens, les francs-maçons, et certains protestants contre l'Église et la royauté, sous l'influence des Illuminés, a connu une postérité considérable dans les milieux contre-révolutionnaires. D'autant plus qu'à la même époque, une thèse similaire avait été proposée par l'Écossais John Robison, qui suggérait que la Révolution Française avait été suscitée par l'action secrète de la franc-maçonnerie et de ses comparses. Augustin Barruel déclare avoir été lui-même reçu en loge3. Dans son acception radicale, sa thèse n'a été retenue par aucun historien, à l'exception, peut-être, de Louis Blanc3.
Retour en France
Rentré en France après le 18 brumaire, Barruel ne reste pas inactif. En 1803, il publie une apologie du Concordat, Du Pape et de ses droits religieux, qui lui vaut d'être nommé chanoine de la cathédrale de Paris par Napoléon. Cette lune de miel avec le pouvoir napoléonien ne dure pas. Il est emprisonné en 1811 pour avoir soutenu Pie VII, qui s'opposait à la nomination de Jean-Sifrein Maury comme archevêque de Paris. Après la restauration universelle de la Compagnie de Jésus par Pie VII en 1814, Barruel demande et obtient l'année suivante sa réadmission parmi les jésuites.
Le 20 août 1806, il reçoit à Paris une lettre de Florence provenant d'un capitaine italien, Jean Baptiste Simonini, dans laquelle ce dernier exprime la satisfaction que lui a procuré la lecture de ses Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme. Il tient toutefois à évoquer un témoignage personnel qui prend la forme d'une théorie du complot juif évoquant la thèse de la judéo-maçonnerie, la maçonnerie étant sous la direction du judaïsme. Barruel transmet la lettre au pape Pie VII, qui lui répond par son secrétaire, puis au roi Louis XVIII4. Ces correspondances ont été publiées pour la première fois en 1882, dans le journal La Civiltà Cattolica5.
Il meurt à Paris, le 5 octobre 1820, à près de 80 ans.
Dans la littérature
Augustin Barruel et la lettre du capitaine Jean Baptiste Simonini font partie de la trame du roman d'Umberto Eco Le Cimetière de Prague.
Publications
- Ode sur le glorieux avènement de Louis-Auguste au trône, présenté à la Reine, Paris, Valade, 1774 disponible sur Gallica.
- Traduction du latin de M. l'abbé Boscovich, Les Éclipses, poème en six chants, Paris, Valade et Laporte, 1779.
- Les Helviennes, ou Lettres provinciales philosophiques, Amsterdam et Paris, Laporte, 1781 ; Amsterdam et Paris, Moutard, 2 vol., 1784 et 3e vol., 1784-1785 ; Amsterdam et Paris, Briant, vol. 4-5, 1788 ; 7e éd. Paris, Pailleux, 1830 Vol. 1, Vol. 2, Vol. 3 et Vol. 4 6éme édition de 1833 disponibles sur Internet Archive.
- Lettres sur le divorce, à un député de l'Assemblée nationale, ou bien, Réfutation d'un ouvrage ayant pour titre : « Du Divorce », Paris, Crapart, 1789 disponible sur Google Livres.
- Le Patriote véridique, ou discours sur les vraies causes de la révolution actuelle, Paris, Crapart, 1789 disponible sur Gallica.
- Le Plagiat du Comité soi-disant ecclésiastique de l'Assemblée nationale, ou Décret de Julien l'Apostat, formant les bases de la Constitution civile du Clergé français, suivi des représentations de saint Grégoire de Nazianze, Antioche et Autun, Imprimerie impériale, 1790 disponible sur Gallica.
- Les Vrais Principes sur le mariage, opposés au rapport de M. Durand de Maillane et servant de suite aux lettres sur le divorce, Paris, Crapart, 1790 disponible sur Gallica.
- De la conduite des curés dans les circonstances présentes. Lettre d'un curé de campagne à son confrère, député à l'Assemblée nationale, sur la conduite à tenir par les pasteurs des ames, dans les affaires du jour, Paris, Crapart, [1790] disponible sur Google Livres.
- Développement du serment exigé des prêtres en fonction par l'Assemblée nationale, Paris, Craparad, 1790 disponible sur Internet Archive.
- Question nationale sur l'autorité et sur les droits du peuple dans le gouvernement, Paris, Craparad, 1791 disponible sur Gallica.
- Question décisive sur les pouvoirs ou la juridiction des nouveaux pasteurs, Paris, Crapart, 1791 disponible] sur Google Livres.
- Développement du second serment appelé civique, décrété le 16 et le 29 novembre 1791, Paris, Crapard, [1791] ; Pergamon press, « Les archives de la Révolution française », 1989.
- Préjugés légitimes sur la constitution civile du clergé et sur le serment exigé des fonctionnaires publics, Paris, Crapart, [1791].
- (éd.) Collection ecclésiastique ou recueil complet des ouvrages faits depuis l'ouverture des états généraux, relativement au clergé, à sa constitution civile, décrétée par l'Assemblée Nationale, sanctionnée par le roi, Paris, Crapart, 1791-1793.
- Lettre pastorale de M. l'évêque d'Evreux, à ses diocésains. En leur adressant l'Apologie de la conduite du Pape, dans les circonstances présentes, Paris, Crapart, 1792.
- Histoire du clergé pendant la Révolution française, Londres, J. Debrett, 1793 ; Ferrare, Pomatelli, 1794 ; Londres et Anvers, C.-H. de Vos, 1794 ; Londres et Paris, 1797.
- Histoire du clergé pendant la révolution française, 2 vol., Londres et Paris, Chez les libraires, 1797.
- Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, Hambourg, 5 vol., P. Fauche, 1798-1799.
- Rééditions : Hambourg, P. Fauche, 1803 ; Édition revue et corrigée, 1818 ; Abrégé par E. Perrenet éd. Paris, La Renaissance française, 1911 ; avec un introduction de Christian Lagrave, Diffusion de la pensée française, « Les Maîtres de la Contre-révolution », 1974 ; Extraits sous le titre : Spartacus Weishaupt, fondateur des Illuminés de Bavière, Ventabren, Les Rouyat, 1979 ; Pergamon press, « Les archives de la Révolution française », 1989 ; Éditions de Chiré, « Les Maîtres de la Contre-révolution », 2 t., 2005.
- Abrégé des Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, 2 vol., Londres, P. Le Boussonnier, 1798, 1799 ; Luxembourg, 1800 ; Hambourg, P. Fauche, 1800, 1801 ; Paris : A. Le Clère, 1817.
- Lettres d'un voyageur à l'abbé Barruel, ou nouveaux documents pour ses mémoires, nouvelles découvertes faites en Allemagne, anecdotes sur quelques grands personnages de ce pays, chronique de la secte, etc. (1er juin-1er novembre 1799), Londres, Dulau, 1800.
- Du Pape et de ses droits religieux, à l'occasion du Concordat, 2 vol., Paris, Crapart, 1803.
- Trois propositions sur l’Église de France, établie en vertu du concordat, Londres, J. Booker, [1804].
- Du Principe et de l'obstination des Jacobins, en réponse au sénateur Grégoire, Paris, 1814 ; Trad. italienne : Del principio e della ostinazione dei Giacobini ; risposta dell’abate Barruel al senator Gregoire, Torino, Galletti, 1814.
- Réplique pacifique aux trois avocats de M. le sénateur Grégoire, Paris, [s. n.], 1814.
- (éd.) Recueil précieux pour les historiens de ce temps, ou choix de brochures et de pamphlets sur les personnages et les événements de la Révolution à dater de la première abdication de Buon aparte jusqu'au moment présent, 4 vol., Paris, Chez les marchands de nouveautés, 1815.
- Réponse a l’avocat de la Petite-Église, Laval, Portier, [1818].
- Lettres inédites de Barruel à son retour d’exil (1802-1806), publiées par Abel Dechêne, Aubenas, C. Habauzit, 1923.
- Traductions des Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme
- En anglais (Grande-Bretagne) : Memoirs illustrating the history of Jacobinism, 4 vol., trad. Robert Clifford, London, E. Booker, 1798 ; Extraits : The Antichristian and antisocial conspiracy, on extract from the French of the Abbe Barruel to which is prefixed, Jachin and Boaz, or, An authentic key to the door of Free-masonry, ancient and modern, Lancaster [Pa], Joseph Ehrenfried, 1812.
- En anglais (États-Unis) : Memoirs illustrating the history of Jacobinism, First American Edition, from the second London edition, New York, Hudson & Goodwin, 1799 ; Selections from the Abbe Barruel’s “Memoirs Illustrating the history of Jacobinism”, Pittsfield [Mass.], Phinehas Allen, 1802.
- En catalan : Memorias para servir á la historia del jacobinismo, trad. de Fr. Raymundo Strauch y Vidal, Perpiñan, J. Alzine, 1827.
- En italien : Storia del giacobinismo : massoneria e illuminati di Baviera, Carmagnola, trad. Pietro Barbiè, 1852 ; rééd. avec une préface de Albert Cesaro Ambesi, Carmagnola, G. Oggero, 1989.
- En portugais (extraits) : O segredo revelado ou Manifestação do systema dos Pedreiros Livres e Illuminados, e sua influencia na fatal revolução franceza, obra extrahida das Memorias para a Historia do jacobinismo do abbade Barruel, trad. de José Agostinho de Macedo, Lisboa, na Imp. Regia, 1809-1810.
Notes et références
- ↑ Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Le livre de poche, article « Edmund Burke », p. 113
- ↑ Voir l’Église et la Révolution, de Pierre Pierrard, p. 117.
- ↑ a et b Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Le livre de poche, article « Barruel », p. 66
- ↑ Aleksander Dmitrievich Netchvolodow, L'Empereur Nicolas II et les Juifs, Etienne Chiron, Paris, 1924, ASIN B001D7RNEA, p.231-236
- ↑ Nicolas Deschamps, Les Sociétés Secrètes et la Société, III, p. 661.
Voir aussi
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Bibliographie
- Michel Riquet, Augustin de Barruel : un jésuite face aux jacobins francs-maçons (1741-1820), Paris, Beauchesne, 1989.
- Christian LAGRAVE, « L’abbé Barruel, ses idées et leurs sources » in Le Sel de la terre (49240 Avrillé), nº 55 (janvier 2006), p. 210-232.
Article connexe
Liens externes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_Barruel
Notes eva : PA Taguieff intervient toujours pour discréditer les chercheurs de vérité et réhabiliter ou justifier les gens de sa tribu.
Abusivement, et pour discréditer ceux qui veulent comprendre le monde, les agents de la Pensée unique traitent de "conspirationnistes" tous ceux qui ne se contentent pas de l'info officielle, tous les journalistes d'investigation comme moi, par ex, ou les politiciens non-alignés, comme François Asselineau. C'est ça, la démocratie ? En tous cas, comme je le dis toujours, il est bien évident que les dirigeants politiques élaborent des plans, rien n'est jamais improvisé. Déjà, Shakespeare disait : "Des fous conduisent des aveugles". Voulons-nous être aveugles ? Moi, je réponds non ! Et je traque inlassablement la vérité.... Si on veut être honnête intellectuellement parlant, et neutre, on est nécessairement amené à dénoncer les mensonges des médias, à prendre le contre-pied de l'info officielle.
Mais attention, il ne faut pas confondre ceux qui se réfèrent aux "Illuminatis", comme l'Abbé Barruel, et ceux qui comme M. Asselineau en politique, ou en tant que journalistes d'investigation, Michel Collon ou moi-même, dénoncent les ménsonges des Médias courtisans, et cherchent les clés permettant de comprendre les politiques menées par les Décideurs, comme le fameux "Diviser pour régner".
eva
TAGS : Augustin Barruel, Conspirationnisme, Augustin Cochin, Karl Marx, Michel Collon, François Asselineau...
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Le conspirationnisme n’a pas eu lieu
Posté par
Webmestre le
3 janvier 2013
Dans la rubrique Presse libre
(Source : Agoravox – GaelR)
Plus que jamais les grands médias sont méfiants. Avec l’avènement des réseaux sociaux, tout un chacun peut s’improviser enquêteur, journaliste et commentateur.
N’importe qui, grâce à la toile, s’empare d’un sujet, s’exprime et acquiert potentiellement une large audience.
« Méfiez-vous, disait Arlette Chabot, méfiez-vous des adeptes de la théorie du complot, je vous demande d’être prudent(…) un jour vous vous apercevrez que vous avez été trompés, manipulés. Ayez aussi en tête que le « buzz » qui doit vous faire réagir peut-être organisé aujourd’hui par des sociétés spécialisées . »
Ainsi nous alertait Arlette Chabot dans un documentaire intitulé « Huit journalistes en colère » diffusé surArte en février 2010.
Depuis le 11 septembre 2001 notamment, on nous suggère de nous méfier d’internet, on y trouve tout et n’importe quoi.
Tout est matière à remises en cause, à rumeurs, à fantasmes.
Avec le temps, un nouveau qualificatif est apparu dans le langage courant : « le théoricien du complot », aussi appelé « conspirationniste » ou « complotiste ».
Ces termes souvent utilisés dans les grands médias par les journalistes et les commentateurs désignent semble-t-il celui qui s’imagine que la vérité nous est toujours cachée. Selon lui, des puissances occultes orchestrent les grands événements pour nuire au plus grand nombre. Le conspirationniste souffre d’un délire de persécution et voit des complots partout.
A priori, rien ne semble distinguer le théoricien du complot du paranoïaque.
A l’exception du diagnostique médical, les deux individus souffrent des mêmes symptômes : ils se sentent persécutés et s’imaginent des choses extraordinaires qui se trameraient dans leur dos.
Alors pourquoi est apparue cette expression et que signifie-t-elle ?
Prenons le terme « conspirationniste ».
Il est constitué de la racine « conspiration » et du suffixe « isme »
A-t-on besoin ici de définir ce qu’est une conspiration/ un complot ? Tout un chacun peut se reporter à la définition du dictionnaire et y songer à l’envi. En effet, les termes « complot » ou « conspiration » peuvent désigner un grand nombre de situations, qu’il soit question d’évènements historiques, mythologiques, ou surgis dans le quotidien. L’existence de complots entre les humains jalonnent notre existence. Comme le dit Jacques Alain Miller dans un entretien à l’Express de décembre 2011, « dès qu’on parle, n’est-il pas vrai qu’on complote ? »
La terminologie en « isme » désigne en revanche quelque chose de très précis.
Un isme est un concept. Le suffixe « isme » ajouté à la fin d’un mot permet de désigner une doctrine, un dogme, une idéologie ou une théorie (exemples : catholicisme, bouddhisme, cubisme, surréalisme,gaullisme, socialisme, darwinisme… etc).
Ainsi en se référant à la structure du terme on peut s’interroger :
- Soupçonner l’existence d’un complot, est-ce une doctrine, un dogme ou une idéologie ?
À l’évidence non.
Présumer une conspiration, c’est une intuition, une opinion.
S’il arrive qu’une opinion -une perception même- soit le fruit d’une idéologie, l’opinion elle, n’est pas une idéologie.
C’est un jugement personnel que l’on porte sur une question (un jugement qui n’est pas obligatoirement juste d’ailleurs).
- Soupçonner l’existence d’un complot, est-ce un théorie ?
Le fait de mettre en doute les premiers pas de l’Homme sur la lune, la version officielle du 11 septembre ou l’attentat de JFK ne peut se réclamer d’une même théorie. Chaque mise en cause d’un fait historique suggère une théorie particulière.
Si l’on suppose que tous ces événements sont liés par un dessein commun, on ne pourra jamais englober l’ensemble des complots existants dans une même théorie. « La conspiration » dans son acception générale n’est donc pas une théorie.
A l’instar de « conspirationniste » ou « complotiste », l’expression « théoricien du complot » définit le sujet comme un adepte d’une discipline ou d’une croyance particulière (on parle d’ailleurs « d’adepte de la théorie du complot » comme on parle « d’adepte d’une secte » !). Ce terme, comme ses équivalents, tend à catégoriser sous une même expression toute personne suspectant l’existence d’une manipulation quelle qu’elle soit. C’est absurde !
En réalité les termes « conspirationniste », « complotiste » et « théoricien du complot » sont des formules qui n’ont aucun sens.
Leur structure même le prouve.
Par conséquent ces termes sont des exemples édifiants de ce qu’Orwell appelait le novlangue.
Le novlangue est un langage inventé par Georges Orwell dans son livre 1984.
C’était la langue officielle du gouvernement autoritaire de l’Océania.
Basé sur l’idiome de l’époque, il consistait à créer une langue simplifiée, débarrassée des termes jugés inutiles.
Le postulat était qu’en modifiant le langage, on transformerait l’esprit des gens.
Il était entendu que lorsque le novlangue serait une fois pour toute adopté et que l’ancilangue serait oubliée (la langue d’origine), une idée hérétique -c’est à dire une idée s’écartant des principes de l’angsoc- serait littéralement impensable, du moins dans la mesure où la pensée dépend des mots.
- Georges Orwell 1984
Le novlangue est donc défini par une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées subversives et à éviter toute formulation de critique ( et même la seule « idée » de critique) de l’Etat.
Ainsi nous constatons aujourd’hui l’émergence d’expressions installées de manière volontaire ou non, visant à discréditer toute personne qui met en cause la parole du Gouvernement.
En effet, « être conspirationniste » est discréditant à deux égards :
1°) Comme explicité plus haut, l’expression « conspirationniste » (« complotiste » ou « théoricien du complot ») vise à assimiler le sujet non comme une personne qui exprime librement son opinion, mais comme un croyant ou un disciple d’une secte ou d’un dogme particulier. On ne peut pas discuter avec lui d’un sujet rationnel puisque celui-ci obéit au dogme conspirationniste. Le théoricien du complot est un mystique qui ne voit la réalité qu’au travers du prisme complotiste.
2°) L’expression « conspirationniste » fonctionne par amalgame.C’est Donald Rumsfeld le premier, qui lors d’une conférence de presse au lendemain du 11 septembre, a attribué un caractère antisémite aux tenants de la thèse du complot. Aussitôt l’ensemble des médias s’est engouffré dans la brèche. On a accusé Thierry Messan de propager des thèses haineuses. David Ray Griffin et les réalisateurs du filmLoose Change avaient prétendument puisé leur sources dans les milieux d’extrême droite. Quelques années plus tard, c’est la chroniqueuse d’une émission grand public qui affubla Mathieu Kassovitz du titre de « Négationniste du 11 septembre ». Manuel Walls lui, dans un entretien avec des internautes, avança que ceux qui croyaient au complot du Bilderberg étaient les mêmes qui mettaient en cause la version officielle du 11 septembre et l’existence de la Shoa.
L’association est clairement établie depuis longtemps :
Conspirationnisme = révisionnisme = antisémitisme
En somme ce qui sous-tend l’accusation « conspirationniste » c’est un procès en nazisme !
Les théoriciens du complot sont les hérétiques des temps modernes.
Si jadis on accusait certains de sorcellerie, aujourd’hui on les accuse de complotisme. Si hier ils passaient sur le bûcher, aujourd’hui ils sont voués aux gémonies.
Les théoriciens du complot sont des infréquentables. Ils propagent des rumeurs nauséabondes, manipulent, divulguent de fausses informations. Ils prennent corps dans des cercles extrêmistes et infestent le reste de la société. C’est une espèce qui se répand par contagion. Soyez vigilant, personne n’est immunisé !
Je me souviens de cette scène où un journaliste osait confronter Bernard Henry Lévy sur les doutes concernant l’existence des tirs de l’armée de l’air Lybienne sur sa propre population. Celui-ci répondant à son interlocuteur : « Méfiez-vous, vous n’êtes pas loin de la théorie du complot ! »
Assurément, toute personne qui doute de la version du Gouvernement est un conspirationniste qui s’ignore.
Bernard Henry Lévy comme Arlette Chabot nous alertait :
Méfiez-vous, méfiez-vous des adeptes de la théorie du complot, je vous demande d’être prudent (…) un jour vous vous apercevrez que vous avez été trompés, manipulés. Ayez aussi en tête que le « buzz » qui doit vous faire réagir peut-être organisé aujourd’hui par des sociétés spécialisées.
Arlette Chabot, comme sept autres de ses confrères, s’était retrouvée devant les caméras d’Arte pour la réalisation d’un documentaire destiné à redorer le blason d’une presse en crise. Une ronde de journalistes fameux venaient courber l’échine, confesser leurs fautes, leurs faiblesses, tenter d’exciter la charité du téléspectateur.
Dans son intervention, Arlette Chabot nous donnait un bel exemple de l’imposture de notre classe journalistique : elle nous alertait au sujet des théories du complot en reprenant paradoxalement la thématique des officines secrètes et des puissances occultes, elle usait ainsi de cette ruse orwellienneque je dénonce dans cet article.
En conclusion, les journalistes et les commentateurs refusent de reconnaître leurs contradicteurs, ils refusent de leur donner voix au chapitre et de faire écho à leur thèses. Ils font passer leurs adversaires pour des fous, des croyants, des fanatisés et s’indignent à la seule évocation de leurs thèses. Le terme novlangue décrypté ci-dessus est un outil qui permet de légitimer cette attitude. Les expression « conspirationniste », « complotiste » et « théoriciens du complot » ne signifient rien et ne visent qu’à empêcher les gens de contester la parole du Gouvernement.
Nous avons ici un exemple typique d’une stratégie sectaire.
Ainsi, nos journalistes et nos commentateurs assurent la pérennité de la pensée unique et du dogme officiel.
http://etat-du-monde-etat-d-etre.net/du-reste/presse-libre/le-conspirationnisme-na-pas-eu-lieu
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