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Par Ophélie Latil | Porte-parole de Génération précaire | 09/01/2011
Le texte publié Rue89 et intitulé « Lettre ouverte d'une crevure néolibérale aux jeunes chômeurs » se voulait sans doute cinglant, mais ce n'est que le coup de gueule d'une trentenaire qui doit bien s'ennuyer. Notre super méchante anonyme n'a pas tort : les jeunes d'aujourd'hui, c'est un peu comme les enfants de la chanson de Didier Super : ils sont prétentieux, ils se rêvent tous cosmonautes ou cascadeurs.
On sent, à lire son texte, le vocabulaire « consulting » de celle qui bosse avec des gens « timesheetés » (chemises bleues-trois téléphones portables- beuglant « propal », « asap » et « monitoring » dans l'open space, tout en tweetant qu'ils sont charrette sur leur BBM). Elle doit sans doute expliquer, exaspérée, à ses stagiaires que « quand on n'avance pas, on recule ».
Et bien navrée, ce n'est pas un discours très original, surtout pour un lecteur régulier des pages Emploi du Figaro, journal qui s'interroge souvent sur cette Génération Y, mercenaire et immature.
Mais soyons conciliants : soit, les jeunes sont prétentieux.
Pourquoi ? Ils arrivent, forts de plusieurs années d'études ponctuées de voyages à l'étranger, de jobs étudiants, de quelques mois à plusieurs années de stage selon leur cursus, gonflés à bloc par leurs enseignants. Ils sont prêts à rembourser le prêt étudiant contracté afin de financer toutes ces étapes, indispensables à leur arrivée sur le marché du travail.
Bon, c'est là que ça commence à sentir le roussi. Les pauvres, les précaires, tout ça, c'est pénible. En fait, ne devraient travailler que les gens qui ont les moyens de le faire. Parce qu'il y a du travail, mais pas d'emploi. Rémunéré, j'entends.
Du moins, il faut attendre. Entre trois et cinq ans, la dernière option s'étant généralisée depuis « la crise ». Les DRH vous le diront tous, il faut cinq ans d'expérience en moyenne pour
obtenir, en qualité de « débutant », son premier emploi durable. Ce dernier s'obtient aujourd'hui en France, en moyenne, à 28 ans, comme le rappelle la sociologie Camille Peugny dans son livre « Le Déclassement ».
« La crise » ! Notre anonyme ne doit même pas savoir avec quelle terreur elle est perçue par nos petits précaires, en suspension quelque part entre études et sacro-saint contrat de travail. On leur explique qu'on évite les boulets inutiles, mais en même temps, on les rappelle pour être stagiaires en tant que chefs de projet, business managers, chefs de produit marketing, chargés du recrutement ou consultants.
Et oui, pour votre gouverne, on peut être stagiaire responsable du recrutement de 600 personnes. Par ailleurs, on peut être consultant en tout : SSII, business intelligence, pots de fleurs, propriété industrielle, c'est d'une richesse sans fin, le consulting.
Par voie de conséquence, un petit loup ne comprend pas qu'après avoir été, lors d'un stage, manager de cinq personnes et chef de projet payé 400 euros, on ne veuille pas même lui refiler un CDD pour la même chose, lui qui l'a déjà un peu fait et commence à avoir ses marques. D'accord, son expérience n'est pas sans failles, mais la formation, c'est tout au long de la vie, on le lui a seriné à l'école, et ses parents ont pu changer de voie et monter en grade sans que ça semble poser problème.
Pour le néo-entrepreneur, il faut avoir l'enthousiasme de la jeunesse sans sa prétention, mais aussi l'expérience et la sagesse du senior. Et accepter de ne pas être intégré à l'effectif de l'entreprise, donc être externalisé, que ce soit en tant que stagiaire ou comme autoentrepreneur.
Il y a à peine quinze jours, je réponds à une annonce. Vous allez me dire que je suis une sale assistée, que je réponds à une annonce au lieu de faire des candidatures spontanées ou de me déclarer autoentrepreneuse (entrepreneuse en quoi, ben en rien, juste pour dire que je suis une entrepreneuse de moi-même)…
Etaient proposés dix-huit mois dans un secteur porteur, avec des missions qui semblaient pas mal, la personne recrutée devant prendre la tête d'un département en cours de création.
On me rappelle dans les cinq minutes, et ça, c'est toujours signe que quelque chose cloche. Discours dithyrambique au téléphone, tout ça pour me demander de me rencontrer très vite. Je suis déjà un vieux singe, alors mes alarmes intérieures commencent à clignoter. Non sans raison, car à la fin, la personne m'annonce très décontractée :
« Nous avons omis de mentionner dans l'annonce que c'est un stage, vous n'avez pas été trop induite en erreur, c'est bien ce que vous recherchez ? »
Bien sûr coco, deux ans de stage et deux ans de CDD, je parle quatre langues et je vais faire le tiers de ton chiffre d'affaires pour 400 boules par mois, mais tu m'as prise pour qui ?
Ben, en fait, tout simplement pour un de ces jeunes un peu bêtes, qui on enchaîné les stages et les jobs dans leurs études, et qui d'un coup, paf, se retrouvent pantois sur le marché du travail.
On leur a à peine expliqué comment rédiger un CV, on leur a bien tapé sur le système en parlant en « kilo-euros » et donné des fourchettes de salaires en début de carrière invraisemblables, alors forcément, quand ils se rendent compte que leurs profs leur ont menti en disant qu'après les sacrifices des mois de stage, ça finirait bien par payer, la couleuvre est dure à avaler.
Mais cette amertume est de courte durée : en général il faut bien manger et donc trouver très vite quelque chose qui vous occupe et idéalement vous aide à payer le loyer -là-dessus, chère néolibérale, vous serez d'accord, on est tous égaux, on a tous besoin d'un toit.
Pour le suite, on sera pas d'accord, et il vous faut noter deux ou trois choses.
Quand on accepte un job alimentaire le temps de trouver mieux, on se fait démonter en entretien. Ça donne quelque chose comme ça :
« Ah oui, vous avez fait du télémarketing, mais vous n'avez que ça à faire ? Vous avez trouvé un job d'assistant, mais vous n'avez vraiment aucune ambition ? Pourquoi vous ne partez pas à l'étranger, vous voyez bien qu'on ne veut pas de vous ici ?
Ils font quoi vos parents, ils ne peuvent pas financer votre loyer le temps que vous bossiez chez nous et qu'on soit certains qu'on veut de vous ? Il fait quoi votre conjoint ? Parce que franchement, à part vos stages, vos jobs manquent d'ambition…
Vous demandez que ça comme salaire ? Vous fuyez les responsabilités ? Ah, désolée, je ne comprends par les jeunes, à votre âge, j'étais vraiment un jeune con… »
OK, ils ont un statut de cadre, une chemise bleue, un Blackberry et une bouche tordue à la lecture de votre CV, mais ils sont pas si forts. La plupart parlent anglais avec un accent français bien de chez nous. Ils font des fautes d'orthographe. Ils oublient de faire des reportings fréquents, la valeur de l'exemple ils en ignorent jusqu'au concept, et ils sont souvent très mal élevés.
Ils disent rarement bonjour aux plus petits qu'eux, sont très cavaliers parce que se tutoyer c'est tellement cool, ils confondent franchise et manque de tact, trouvent très spirituel d'appeler tous les juniors par le même prénom et de vous faire bosser le week-end, ne connaissent pas le mot « s'il te plait », et oublient jusqu'aux concepts de type « don et contre-don ».
Donc soyez cools en entretien, le type en face n'est généralement pas une flèche, donc évitez de lui parler avec stupeur et tremblements [l'état dans lequel on doit s'adresser à l'empereur au Japon, ndlr], c'est pas exactement un empereur céleste.
J'ai passé des entretiens avec des peaux de vache avec qui j'ai travaillé par la suite, et qui me demandaient conseil à tout bout de champ. Relativisez, il a le pouvoir, mais pas forcément la compétence qu'il vous demande.
Incroyable comme la conscience d'appartenir à une classe d'âge dominante vous enlève le sens commun. Et c'est bien un truc de « winner », de dire qu'on est tellement « full » qu'on n'a même pas le temps de répondre aux CV.
C'est bien gentil, la morale néolibérale, mais un constat : quand on envoie son CV aux Anglais, aux Allemands, aux Américains, qui sont pas exactement membre de l'ex-URSS, ils traitent votre candidature en moins de quarante-huit heures. Et ils ont traversé la même crise que nous, non ? Ils sont bien lotis question taux de chômage, même si nos jeunes à nous sont quelque peu plus nombreux.
Mais dans ces pays-là, votre diplôme, ils s'en foutent. Vraiment. En France, on vous le dit, histoire de justifier le taux de chômage des jeunes ultra-diplômés, mais c'est pas vrai, en fait, arrêtez de lire les pages Emploi du Figaro. Si vous n'avez pas fait les bonnes études, on va vous dire « mais comment osez-vous postuler chez nous », et quand vous les avez faites on vous dit « vous auriez pu mieux utiliser votre temps ».
Leurs conseils de vie sont biaisés, car leur monde n'est pas le même. Ils ont connu une précarité relative à une période où il y avait moins de deux millions de stagiaires et où les boss ne vous appelaient pas pour vous dire : « Je remplace actuellement ma team de consultants en CDI par des autoentrepreneurs, vous voulez en être ? »
Les néolibéraux, ils vous donnent du « moi aussi, j'ai galéré ». Or il y a dix ans, il y avait dix fois moins de stagiaires en France, pas d'autoentrepreneurs, et les loyers étaient trois fois moins cher. Et aujourd'hui, pour avoir un logement, il faut être en CDI.
Parce que quand même, on nous le répète qu'on coûte trop cher, et c'est vrai : on paie toujours trop quand on paie. Donc autant rien sortir. Les « néolibéraux », Adam Smith doit se retourner dans sa tombe rien que de les voir pérorer. La base du libéralisme n'était-elle pas l'échange ?
Un gentil conseil gratuit : ne croyez jamais quand on vous promet que vous passerez chef de quelque chose au bout de trois ans ; si vous êtes bon en calcul, vous verrez bien qu'au grand banquet de la nature, on ne peut pas tous être chef de projet. Et ils l'ont promis à tout le monde.
Idem pour les stagiaires, à qui ils disent : « Vous serez consultant, juriste ou chef de projet, vous aurez en charge les stagiaires en licence ou master 1, et si vous êtes bon, ben vous serez pris à la fin. »
Le stage, comme on dit souvent à Génération précaire, c'est un peu comme la prostitution en Thaïlande. Vous ne quittez cette situation pas parce que pour vous, pas d'alternative. Et comme il y a parfois une prostituée qui épouse un de ses clients, il arrive qu'une entreprise embauche un de ses stagiaires.
Comme ça peut tomber sur vous, vous vous accrochez. Parfois, ça marche !
La « crevure néolibérale » n'a pas tort quand elle dit que les jeunes sont des moutons, tous persuadés que la situation générale est dure mais qu'eux, au final, ils s'en sortiront bien. La faute aux enseignants : le monde réel, ils ne connaissent pas, pour eux, proposer un enseignement de professionnalisation se résume en fait à externaliser ce dernier, via la pratique du stage à outrance.
Notre sniper en talons hauts semble préférer un jeune diplômé à l'esprit entrepreneur, qui vous propose d'être freelance, plutôt qu'un quémandeur de CDI. C'est bien, mais ça montre une certaine propension à ne pas savoir comment le monde réel fonctionne : en général, s'il a les moyens de commencer comme freelance, c'est tout simplement qu'il habite chez ses parents.
Les plus assistés sont donc ceux qui réussissent, parce qu'ils n'ont pas d'impératif budgétaire. Avoir un CDI ne fait pas particulièrement rêver, mais c'est le sésame, entre autres, pour le logement, une vision à long terme, l'autonomie quoi.
Donc, les jeunes, si vous avez bien suivi : ne vous bradez plus ! N'acceptez plus ces stages à rallonge qui sont les seuls moments où l'on vous propose d'avoir des responsabilités à condition de cacher que l'on est stagiaire, et n'acceptez pas de « délocaliser » les CDI en autoentreprenariat.
Des « crevures libérales » comme celle qui témoigne dans Rue89, il y en a plein. Ils vous expliquent qu'ils ont trouvé la voie. Qu'ils sont les vrais entrepreneurs, parce qu'ils parlent en « kilos euros ». Quels losers.
Mais ils vous enseignent au moins une chose : les entrepreneurs français sont frileux. Ils sont incapables de prendre le risque d'embaucher quelqu'un en CDI. Imaginez ! Quelque chose peut mal se passer, l'employé ne convient pas, il sent mauvais, ou sa famille est victime d'un tremblement de terre et il est déprimé, ou alors c'est une fille et elle a le culot de nous pondre un gamin…
Les néo-entrepreneurs, comme disait Chirac : « Pas un qui soit équipé anatomiquement. » La prise de risque, c'est aussi une expérience qu'ils doivent savoir acquérir et partager, et à Génération Précaire, on compte sur vous pour le leur rappeler, quitte à paraphraser Aimé Césaire : « Le précaire, il t'emmerde ! »
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http://eco.rue89.com/2011/01/09/reponse-des-precaires-pretentieux-a-la-crevure-neoliberale-184694
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Les émeutes sociales qui font la une de l’actualité maghrébine en Tunisie et en Algérie révèlent au grand jour le grand décalage entre les attentes populaires en matière de politique sociale d’une part et les modèles de développement économique imposés par les pouvoirs en place dans la région de l’autre. Si le mode d’insertion à l’économie internationale reste marqué essentiellement par la dépendance des bourgeoisies locales à l’égard du centre du capitalisme mondial, les formes varient d’un pays à l’autre et posent des problèmes structurels différents par-delà la similitude des conséquences sociales vécues par les populations défavorisées.
La crise du modèle tunisien
Le fait que les émeutes aient commencé en Tunisie est à lui seul instructif. Il ne s’agit pas de n’importe quel modèle de développement dans la région. Il s’agit du « meilleur » modèle si on s’en tient aux critères des institutions économiques et financières qui régentent le capitalisme mondial. Sous la protection d’un Etat policier particulièrement répressif, le pays s’est taillé une part non négligeable dans la division régionale et internationale du travail. Des salaires relativement bas assurent un véritable dopage social et encouragent l’investissement direct étranger.
Le développement d’une industrie locale de substitution aux importations (ISI), grâce aux facilités administratives d’un Etat devenu entremetteur au service du capital étranger, assure l’enrichissement d’une bourgeoisie « nationale » sous-traitante au service des multinationales et la consolidation d’une bureaucratie civile et policière corrompue qui constitue la base sociale du régime. Ces options économiques sont présentées dans un pays pauvre en matières premières comme le prix à payer pour assurer l’emploi et le développement d’un pays qui ne peut compter autrement que sur la manne touristique.
Mais la dépendance économique a son revers de la médaille. Dès le retournement de la conjoncture économique internationale de 2009, la Tunisie s’est trouvé piégée par un modèle artificiel avec toutes les conséquences néfastes sur l’emploi et le revenu intérieur. Jusqu’ici, les émeutes et les manifestations populaires pointent du doigt les conséquences sociales d’un modèle de développement (chômage des jeunes, cherté de la vie, absence d’infrastructures et de projets économiques dans les régions du centre et de l’ouest du pays…) mais tôt ou tard, le mouvement social sera appelé à remettre en question un modèle fondé sur la dépendance et le développement inégal. Cette remise en question ne saurait éluder plus longtemps la question de la mondialisation qui, contrairement aux discours dominants du FMI et de la Banque mondiale, n’a fait qu’engendrer plus de dépendance et de sous-développement sans les effets d’entraînement technologique supposés.
Mais dans un pays politiquement verrouillé, les perspectives à court terme ne sont pas des plus optimistes : à l’ombre de l’autoritarisme musclé du régime, les forces qui surfent sur la vague du populisme religieux attendent leur heure. L’empire américain ne saurait rester indifférent aux évolutions d’une région en contact direct avec le Moyen Orient. Par-delà les discours idéologiques servis ici et là, les enjeux géopolitiques primeront sur tout le reste. Peu importe la couleur idéologique du changement escompté, pourvu qu’elle assure la stabilité et la pérennité des intérêts de l’empire dans la région. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la dernière réaction américaine en date, à savoir la convocation de l’ambassadeur tunisien par le Département d’Etat pour lui signifier les préoccupations de Washington quant à l’exigence du « respect des libertés individuelles » et à l’accès au Net.
Paradoxalement, la crise du modèle tunisien est apparue au grand jour au moment où fortes de la caution intéressée des institutions économiques et financières internationales, des voix libérales pseudo-modernistes en Algérie n’hésitent pas à chanter les bienfaits du modèle tunisien. On connaît la chanson : un pays sans pétrole ni gaz qui réussit des performances économiques enviables et qui commence de ce fait à attirer les investissements d’entrepreneurs algériens fuyant la « bureaucratie » et des touristes algériens cherchant le « farniente » à moindre prix !
La crise du modèle algérien
Si en apparence, les mêmes causes produisent les mêmes effets, les émeutes sociales qui ont éclaté en Algérie révèlent néanmoins des enjeux sociaux et politiques plus complexes. Comme en Tunisie, les émeutes sociales sont un révélateur politique sérieux : en l’absence de canaux sociaux et institutionnels démocratiques, il ne reste que la rue comme mode d’expression de la révolte sociale. On peut déplorer les violences et les atteintes aux biens et aux personnes mais la responsabilité première incombe au gouvernement qui a fait des autres canaux politiques et syndicaux des chambres d’enregistrement et d’exécution des demandes du pouvoir et les a ainsi transformés en coquilles vides sans crédibilité ni influence sur la population.
Comme en Tunisie, il s’agit de la faillite d’un modèle de développement basé sur la dépendance même si elle a prend dans ce dernier cas une autre forme. Une économie qui s’est spécialisée dans la mono-production et la mono-exportation des hydrocarbures pour officiellement répondre aux exigences de l’accumulation primitive qui nécessite d’énormes capitaux. Mais ce modèle qui date maintenant de plus de quarante ans n’a pas donné les résultats escomptés. Non seulement, la dépendance à l’égard des hydrocarbures n’a pas assuré les bases d’un développement agricole et industriel indépendant mais elle a aggravé le cercle vicieux de la dépendance à l’égard du marché mondial dominé par les multinationales : le pays importe jusqu’à 70% de son alimentation et la part de l’industrie nationale dans le PIB est descendue à …5% !
Bien entendu, ce serait succomber à une schématisation outrancière que de réduire la nature de classes du régime algérien à celle des régimes tunisien et marocain. Dans les deux derniers cas, nous avons affaire à des régimes autoritaires et compradores qui sont directement liés aux centres du capitalisme mondial comme l’illustre leur alignement géopolitique systématique sur les projets américains dans la région, leur armement exclusivement d’origine occidentale et surtout leur intimité organique avec les lobbies israéliens qui font chez eux le beau temps et la pluie. Dans le cas de l’Algérie, pour des raisons historiques liées au processus de décolonisation du pays, l’insertion dépendante à l’économie internationale, qui a obéi et continue d’obéir aux fluctuations des rapports de forces internes et externes, apparaît sous un jour plus contradictoire.
Par définition, la bourgeoisie bureaucratique qui a toujours été hégémonique dans le bloc social au pouvoir n’est pas homogène. En son sein, il existe des fractions qui aspirent à un développement économique national auto-centré et des fractions alliées à la bourgeoisie compradore spécialisée dans l’importation des produits finis et qui n’a aucun intérêt à voir une industrie nationale se substituer aux importations des biens et des services. Au gré des rapports de forces fluctuants, les luttes d’intérêts se reflètent dans des politiques économiques et sociales divergentes.
C’est ainsi que les fractions de la bourgeoisie compradore s’opposent par tous les moyens à toute politique économique visant à freiner ou à diminuer les importations en vue de les remplacer par une production locale. Pour ne retenir que quelques chiffres révélateurs de l’année 2009 : les valeurs des importations algériennes ont atteint 40 milliards de dollars ! La valeur des seules importations alimentaires a dépassé les 8 milliards de dollars ! La valeur des importations de médicaments a dépassé quant à elle les 2 milliards de dollars ! Derrière chaque fraction de la bourgeoisie compradore spécialisée dans tel ou tel créneau d’importation, il y une multinationale, un Etat impérialiste et bien entendu un grand bureaucrate et/ou un général algérien ! D’où l’interférence systématique des questions économiques et des questions politiques et l’interférence non moins systématiques des questions intérieures et des questions extérieures à caractère géopolitique ou diplomatique.
Pour des raisons propres à chacune des fractions de la bourgeoisie algérienne et de leurs alliés naturels au pouvoir, la paix sociale reste un dénominateur commun. Aucune fraction ne peut continuer à vaquer à ses affaires sans un minimum de paix sociale et de stabilité assurées par le rouleau compresseur d’un Etat militaro-policier. Les dépenses sociales annuelles de l’Etat algérien sont estimées à 12 milliards de dollars. Dans ces dépenses, il faut compter notamment le soutien de l’Etat aux prix des produits de large consommation (farine, lait, huile) qui sont revendus sur le marché intérieur à des prix inférieurs à ceux du marché mondial.
Si le soutien aux prix des produits de première nécessité apparaît comme la contrepartie financière pour s’assurer une paix sociale indispensable à la pérennité du système, il n’en demeure pas moins que cette politique, en apparence sociale, fait directement le jeu de la bourgeoisie compradore qui contrôle les circuits de l’importation et de la distribution des biens alimentaires et ce, depuis le démantèlement des monopoles publics à la faveur de la politique de privatisation imposée au pays par les institutions financières internationales au pays depuis la crise de la fin des années 80. Cette politique de dérégulation anarchique s’est aggravée au milieu des années 90 quand les seigneurs de la guerre ont profité d’une crise particulièrement sanglante pour dépecer le pays et se partager ses morceaux en toute impunité pendant que la majorité des Algériens cherchaient tout simplement à sauver leur peau…
Manne pétrolière et rivalités entre fractions bourgeoises
La flambée des prix du pétrole depuis 2006 allait constituer une aubaine pour de larges secteurs de la bourgeoisie compradore. Les autorisations d’importation allaient exploser en quantité et en valeur assurant un matelas financier propice à toutes les manœuvres économiques et politiques. Mais cette nouvelle donne n’est pas sans générer des tendances contradictoires. Si elle a bénéficié aux importateurs de biens et de services, l’augmentation de la manne pétrolière a aussi contribué à consolider des fractions de la bourgeoisie d’entreprise dans les secteurs du BTP et de l’industrie non sans alimenter au passage les circuits de la corruption au profit de la bourgeoisie bureaucratique qui détient les leviers de l’autorisation administrative des projets d’investissement.
Mais chose moins visible, l’augmentation de la manne pétrolière a fini par renforcer le statut des jeunes officiers appartenant à la génération de l’indépendance et formés dans des académies modernes tant en Algérie qu’à l’étranger et ce, à la faveur de la mise en œuvre d’un programme de professionnalisation et de modernisation de l’armée. Ces jeunes officiers, convaincus de leur rôle éminent dans le sauvetage de la république lors de la décennie rouge, regardent avec envie et mépris l’enrichissement des analphabètes de l’import-import et n’hésitent plus à pointer du doigt la corruption de certains de leurs supérieurs incompétents et leur alliance contre-nature avec les barons de l’économie informelle. De ce fait, ils joignent ainsi leurs voix à celles des secteurs de la bourgeoisie technocratique et industrielle et des classes moyennes qui se verraient mieux loties dans un système fondé sur l’intelligence et le travail.
La réussite d’un capitaine d’industrie comme Issad Rebrab, même s’il n’aurait sans doute jamais atteint une telle réussite sans le coup de pouce de quelques généraux amis qui lui ont permis de bénéficier d’un prêt avantageux de la Banque mondiale au milieu des années 90, est regardée comme un modèle à suivre : on peut réussir et faire fortune en produisant localement, en créant de la valeur et de l’emploi et en comptant sur la matière grise algérienne. Une bourgeoisie nationale basée sur l’industrie ne serait plus aussi utopique que certains voudraient le présenter.. Si la dépendance à l’égard des multinationales n’est pas supprimée du jour au lendemain, du moins elle pourrait être atténuée et limitée à certaines matières premières ou à certaines technologies difficiles à maîtriser à court terme. Même s’il ne faut pas oublier les enjeux économiques et de pouvoir qui se cachent derrière ces luttes entre fractions bourgeoises rivales, il est important de les situer par rapport à l’enjeu capital qui reste celui du mode d’insertion dans l’économie internationale. Vues sous l’angle de la mondialisation, ces luttes acquièrent une importance considérable dans la mesure où de l’issue de ces dernières dépend en grande partie la nature des rapports que le pays pourrait avoir avec le système mondial. C’est pourquoi, l’issue de ces luttes ne saurait laisser indifférent le mouvement social.
Le populisme au secours de la bourgeoisie compradore
Les émeutes sociales qui ont éclaté ces derniers jours en Algérie s’inscrivent dans ce contexte particulièrement complexe. Les tentatives maladroites du gouvernement d’assainir les circuits commerciaux de distribution, si elles ne pouvaient que satisfaire les secteurs de la bourgeoisie nationale, n’allaient pas laisser les barons de la bourgeoisie compradore les bras croisés. Seuls les imbéciles qui gouvernent actuellement l’Algérie pouvaient croire que cette réforme allait passer naturellement.
A moins que la grossière maladresse du gouvernement n’ait finalement été qu’une manœuvre souterraine pour donner le signal d’alarme aux alliés économiques et matrimoniaux qui contrôlent le commerce de gros. De quoi s’agit-il exactement ? Le gouvernement a pris une mesure draconienne en vue d’assainir le commerce de gros : plus d’opérations commerciales sans documents officiels (registre de commerce) et plus d’opérations commerciales supérieures à 500 000 DA ( 5000 euro) en cash. Pour ce genre d’opérations, seuls les chèques seront désormais autorisés à partir de mars 2011. Comment ont réagi les barons du commerce de gros ? Avant même l’entrée en vigueur de la mesure gouvernementale, ils ont inclus la TVA et une autre taxe locale (au total 20%) sur leur prix de vente aux commerçants. Si on ajoute à cela les manœuvres de rétention des biens de première nécessité comme la farine, on comprend aisément la flambée des prix et les émeutes qui s’en ont suivi.
Soucieux de sauvegarder la paix sociale à tout prix (même au prix de la compromission de l’avenir de la société à moyen terme) le gouvernement algérien a reculé et a décidé de suspendre les mesures en question. Ferme et intraitable quand il s’agit de réprimer les manifestations pacifiques des travailleurs de l’industrie, de la santé et de l’éducation, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de capituler devant une bourgeoisie parasitaire formée pour partie de délinquants économiques qui refusent d’opérer avec des factures, de payer la TVA et les impôts. Comment assurer les services à la collectivité sans impôts ? C’est une question qui ne traverse même pas l’esprit de cette bourgeoisie vorace et archaïque.
Mais le plus grave, c’est que cette bourgeoisie continue d’avoir des relais d’influence au sein de l’Etat et de la société. Hier, elle a pu exiger et avoir la tête du principal représentant de la bourgeoisie nationale, l’ancien ministre de l’économie et des finances, le professeur Abdelatif Benachenhou. Ce dernier était partisan d’un programme de régulation des dépenses publiques à des fins de développement industriel et technologique pour barrer la route aux fractions de la bourgeoisie compradore et à leurs alliés au sein de l’Etat décidés à se jeter sur la manne pétrolière comme des affamés. Pire, en l’absence d’un véritable mouvement social organisé et conscient de la complexité des enjeux de la mondialisation et de ses effets dévastateurs sur la société, cette bourgeoisie compradore en vient à profiter des émeutes sociales qu’elle a réussi à instrumentaliser dans une stratégie conservatrice puisque le gouvernement a fini par accepter un sordide deal avec elle : tu surseois à l’augmentation des prix et en contrepartie je surseois aux mesures régulatrices et je ferme les yeux sur ton commerce informel, ainsi tu continueras à accroître ta fortune clandestine et je continuerai à avoir la paix sociale…Le blanchiment de l’argent sale (drogue, terrorisme, corruption) a encore de beaux jours devant lui...
A travers ce deal qui ne dit pas son nom, la perpétuation de l’alliance de la bourgeoisie bureaucratique et de la bourgeoisie compradore au détriment du développement du pays et de la société risque malheureusement de durer encore quelques années, tant que le prix du baril de pétrole continue à assurer au gouvernement les recettes indispensables pour porter à bout de bras le corps d’un système économique et politique en putréfaction avancée…Ce sombre tableau est d’autant plus appelé à perdurer que le niveau lamentable des élites politiques algériennes, au pouvoir comme dans l’opposition, ne laisse entrevoir à court terme aucune perspective de sortie du cercle vicieux de l’autoritarisme et du populisme qui se nourrissent mutuellement pour briser tout élan de changement véritable.
Trop d’intérêts s’opposent aujourd’hui à la mise en œuvre d’un programme de réformes visant, non pas une utopique déconnexion par rapport au système mondial, mais seulement la redéfinition d’une nouvelle insertion dans la division internationale du travail, plus à la hauteur de l’histoire du pays et de ses potentialités naturelles et humaines et plus respectueuse de son environnement et de ses habitants.
L’empire américain veille au grain. S’il ne saurait tolérer des changements radicaux dans une région aussi sensible, il n’a pas non plus intérêt à y voir s’installer le chaos, du moins pas pour le moment. La manne pétrolière peut servir à assurer à court terme un semblant d’équilibre et de stabilité. Les luttes de fractions continueront parce qu’elles se nourrissent des tendances profondes qui structurent l’économie et la société algériennes. La classe moyenne qui vit de son effort et de son travail, et qui commence à peine à relever la tête après deux décennies de dérégulation, de précarisation et de violences, a tout intérêt à s’organiser pour prendre part à ces luttes si elle veut faire pencher la balance au profit du travail et de l’intelligence car c’est seulement à cette condition que le système basé sur l’économie rentière, la paresse et la corruption pourra être dépassé et avec lui toutes les menaces qui pèsent aujourd’hui sur la cohésion de la société et l’indépendance du pays.
Je suis une étudiante en medecine mais je m'interesse de près aux informations surtout aux actualités sociales et politiques et je suis très indignée de voir les terribles évenements que l'on nous cache et ce lavage de cerveau qui se déroule dont nous sommes les cobbayes et je pense comme vous qu'il est vraiment primordial que les esprits s'éveillent pour le bien de notre futur et de l'humanité entière nous vivons actuellement dans une société de consommation qui ne pousse sans cesse à dépenser au profit d'une minorité égoïste parasite et arrogante. Je suis jeune mais je refuse de subir ce lavage de cerveau car notre société actuelle est aux mains de personnes très très très dangereuses, cette société est une prison à ciel ouvert dont les barrières sont invisibles et où un système très efficace y est fortement ancré: LES MEDIAS, dont la force d'endoctrinement n'est plus à prouver .
Cependant je reste optimiste et ces personnes membres du Bilderberg sont des êtres fanatiques qui se croient superieurs mais restent néanmmoins des êtres humains très minoritaires qui ont déjà trop perpétué de crimes contre l'humanité et pour la mémoire des personnes qui se sont battues avec énormément de courage et qui avaient d'ores et déjà compris les enjeux de cette lutte, il nous faut leur rendre hommage et transmettre le flambeau de la liberté et de la dignité humaine qu'ils ont portés et combattre comme le fait de manière impressionnante et admirable en ce moment même NIGEL FARAGE qui m'inspire beaucoup. Beaucoup de personne ouvrent les yeux et je pense qu'il nous faut travailler activement et sérieusement à rassembler toutes ces forces, toutes ces personnes qui forment le peuple souverain et qui disent NON afin que l'histoire ne se répète et j'y crois fortement sans naïveté mais de manière lucide que cela marchera, c'est effectivement loin d'être gagné d'avance mais c'est notre combat commun sans distinction d'origine de nationalité de classe sociale de sexe d'âge.
Dans le fond,nous sommes tous pareil et il nous faut nous réunir pour la même cause qui est vitala à l'homme, la LIBERTE .
Justement je fais des études de medecine pour devenir médecin parce que je ne supporte plus de voir souffrir des gens de manière inhumaine, qu'on délaisse de manière volontaire, c'est juste inacceptable .
Si je vous écris c'est que je crois en vous, et c'est pour vous prier de créer aussi petite soit elle, une organisation active, je pense que vous avez assez de contacts nécessaires pour le faire, pour ramener les gens à notre cause et leur montrer que c'est l' affaire de tous et des générations à suivre, en fait créer une véritable organisation de résistance où il y aurait des rendez vous réguliers entre les membres bien sûr en fonction de leur disponibilité (moi même j'ai beaucoup de travail) pour agir de manière concrète et efficace.
En attendant de manière impatiente votre réponse, cordialement
(...)
"93 ans. La fin n'est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir en profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique : le programme élaboré il y a soixante-six ans par le Conseil National de la Résistance".
Réchappé des camps de Buchenwald et de Dora, co-rédacteur de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme en 1948, élevé à la dignité d'Ambassadeur de France et de Commandeur de la Légion d'honneur.
Pour Stéphane HESSEL, le "motif de base de la résistance, c'était l'indignation".
Les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme, certes, mais l'écart entre les très riches et les très pauvres, la course au "toujours plus ", à la compétition, la dictature des marchés financiers et jusqu'aux acquis bradés de la Résistance - retraites, Sécurité sociale..-, en sont la démonstration.
Franck Biancheri ajoute :
L'éloignement grandissant de la période de la seconde guerre mondiale et la globalisation se sont conjugués pour permettre aux forces européennes des années 1920/1930 de revenir en force déguisés sous les habits de la "modernité" et du "néo-libéralisme", qui ne sont que les versions actualisées de la loi du plus fort, cette "liberté" d'écraser les faibles.
C'est justement cette "loi du plus fort" qu'ont réussi à maîtriser pour un temps ceux (dont Stéphane Hessel fait partie) qui ont écrit l'Histoire il y a soixante-cinq ans par la défaite du nazisme, la Résistance et la reconstruction de l'Europe autour d'un projet commun.
Mais avec la crise globale qui marque la fin du monde tel qu'on le connait depuis 1945, c'est cette victoire transitoire qui est remise en cause.
Rien dans l'histoire n'est jamais acquis. Chaque génération doit faire face aux défis de son époque. Et notre époque, donc dans un cadre désormais mondial, et non plus seulement européen, est le théâtre d'un nouvel épisode de ce contrat entre ceux qui pensent que la race, la naissance ou Dieu leur donne le droit de diriger, de piller, d'écraser...; et ceux qui pensent que la légitimité du pouvoir tient à ses valeurs morales, à son aptitude à prendre en compte l'ensemble de la société et que la responsabilité est une charge provisoire et non pas un privilège inné ou acquis.
C'est ce qu'a mis en oeuvre le programme du Conseil National de la Résistance après guerre, comme ce fut le cas sous diverses formes pour les autres pays d'Europe occidentale. C'est aujourd'hui ce qui est menacé, sous couvert de "réalisme économique" quand il ne s'agit pas d'idéologie.
Indignons-nous comme le recommande le livre de Stéphane Hessel. Et que cette indignation serve de moteur aux actions collectives et individuelles qui à nouveau permettront de remettre sous contrôle cette "loi du plus fort" en pleine résurgence.
Espérons cette fois-ci que nous pourrons faire l'économie d'un conflit global :
le meilleur moyen pour l'éviter c'est ne pas attendre pour agir
http://millesime.over-blog.com/article-indignez-vous-par-stephane-hessel-64559154.html
http://ile-de-groix.info/blog/spip.php?article3985
Maghreb se soulève contre les dictateurs
Ce début de l’année 2011 sera marqué par le mouvement de révoltes populaires qui secouent présentement le Maghreb. Des révoltes de la faim, disent certains, mais sûrement pour la justice et la fin des dictatures et autres régimes maffieux, qui gouvernent ces pays par la force et la répression. Alors qu’en Tunisie les émeutes se poursuivent depuis plusieurs semaines, en Algérie, depuis mercredi, les quartiers populaires de la capitale et des grandes villes d’Algérie s’embrasent dans l’explosion de la colère des jeunes, nourrie par un quotidien des plus absurdes dans un pays, qui croule sous les pétrodollars, détournés ouvertement par les despotes au pouvoir depuis des décennies.
La jeunesse algérienne est estimée à plus de 70 % de la population, mais rien dans les politiques officielles n’offre d’ouverture, ni de prise en charge sérieuse de ces millions de jeunes livrés à eux-mêmes sans le moindre espoir à l’horizon. Ils sont acculés à un chômage endémique, à la toxicomanie et la prostitution, à la hogra (injustice en tous genres) et au harraguisme, souvent suicidaire, de même qu’à l’indigence, ce vide culturel et politique sidéral dans un pays déserté par le bon sens et le sel de la vie, parce qu’étouffé sous les lois de l’état d’urgence, bousillé par la corruption des gouvernants et soumis à l’ignorance et à son avatar le plus fidèle : l’intolérance.
En sortant dans les rues pour manifester violemment contre leurs oppresseurs, les jeunes Maghrébins prennent ainsi le monde en témoin de leur désespoir, mais marquent également leur ressentiment envers leurs élites et autres leaders de l’opposition. Cela est d’autant plus vrai en Algérie où les jeunes se sentent livrés à leur sort et abandonnés par les générations précédentes, celle de la Révolution qui a fait la gloire du pays, et celle de l’indépendance, qui n’a jamais su assumer le rôle qui est le sien, à savoir réaliser l’État de droit, objectif ultime de la Révolution algérienne.
Depuis la violation de la constitution par le président Bouteflika pour se payer un 3e mandat, alors que le bilan des 2 précédents était plus que déplorable, autant pour le pays livré aux inconditionnels de l’affairisme local et international souvent sans scrupules, que pour le peuple soumis à des conditions de vie épouvantables, se débattant comme un diable pour assurer sa survie, tout en se faisant agressé par le luxe indécent qu’affichent ouvertement les tenants du pouvoir. Cela fait des années que la situation allait en s’aggravant, mais force est de constater qu’en continuant d’humilier et de mépriser le peuple, de réprimer la liberté d’expression, d’interdire l’ouverture du champ politique et médiatique, d’assurer l’impunité aux grands voleurs et corrompus connus de l’opinion et épinglés pour de multiples forfaitures et trahisons, le régime de Bouteflika est d’ores et déjà responsable de toute tragédie menaçant l’Algérie.
Le président a failli à toutes ses promesses électorales, menti aux Algériens, pire, il a innové dans la mauvaise gouvernance en s’entourant de 13 ou 14 ministres de son propre village, remettant au goût du jour le pouvoir clanique au lieu de moraliser un tant soi peu les mœurs politiques en initiant et balisant une bonne gouvernance, prélude à l’état de droit qu’il avait promis. Le seul deal auquel semble tenir le président, en plus de la mégalomanie et la vanité qui caractérisent les dirigeants arabes, deal qu’il a bien exécuté depuis son arrivée au pouvoir, c’est de pomper plus de pétrole pour que le pécule à partager entre son clan et les militaires soit toujours plus imposant et garant d’une clientèle totalement acquise à sa présidence. Une clientèle qui a choisi de vivre loin de la misère ambiante, dans les forteresses cossues, des citadelles inaccessibles avec des étendues verdoyantes et des plages publiques privatisées par « décret », pour les soustraire au patrimoine public. Avec l’argent du peuple, ils ont édifié des petits paradis et devenus les plus chanceux des milliardaires, puisque contrairement aux occidentaux qui ont souvent trimé pour édifier leurs fortunes, les dictateurs, dont les dirigeants algériens, n’ont qu’à puiser dans le trésor public de leur pays pour assouvir le moindre de leurs désirs. Une situation que le peuple algérien ne veut plus subir. Il revendique la dignité humaine que le pouvoir totalitaire lui a confisquée en le privant du minimum décent pour vivre, à savoir une distribution équitable des ressources nationales, le droit à un travail correctement rémunéré, à un logement pour fonder une famille, et bien sûr cette liberté de penser et d’évoluer sereinement. Autant de revendications qui ne s’accommodent pas avec une dictature, mais exigent plutôt l’instauration d’un État de droit.
Est-ce le début de la fin des dictatures au Maghreb? La balle est dans le camp des élites et politiciens intègres de ces pays qui doivent, no seulement endosser les revendications de leurs peuples, mais aussi les faire entendre autant sur les tribunes locales que sur la scène internationale. Une façon de mettre devant leurs responsabilités, les grandes puissances qui soutiennent les dictatures au mépris de tant de peuples sur la planète. Désormais, le déni des droits humains ne peut plus durer, ni au Maghreb, ni en Afrique, ni en Amérique latine. Les gouvernants se sont concertés pour promouvoir, voire imposer la mondialisation des marchés, aujourd’hui, en 2011, les peuples se lancent dans la mondialisation de la démocratie.
Zehira Houfani
Voir les premières vidéos sur les émeutes en Algérie :
http://www.kalimadz.com/fr/News-sid-Emeutes-en-Algerie-Les-premieres-videos-189.html
Zehira Houfani est auteure.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=22676
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http://irlande.web-sy.fr/
6 janvier 2011 (Nouvelle Solidarité) – Hier matin lors d’une interview sur la chaîne publique irlandaise RTE, le Président du Sinn Fein, Gerry Adams, a déclaré que son parti se présenterait aux prochaines élections [*] non pas pour proposer une simple négociation du plan de renflouement imposé par l’UE, la BCE et le FMI, mais pour obtenir du peuple le mandat pour l’annuler entièrement. Le parti de l’indépendance irlandaise, dont les intentions de vote ont doublé depuis l’annonce du plan, se distingue ainsi des tièdes que sont le Fine Gael et le Parti travailliste, les deux principaux partis d’opposition.
« Il ne s’agit pas de renégocier les plans de renflouement mais de revenir totalement sur ces politiques qui ont donné le pouvoir à des gens extérieurs qui veulent contrôler l’Etat dans l’intérêt du système euro plutôt que de l’Irlande (…) Les citoyens irlandais n’ont absolument aucune responsabilité vis-à-vis des dettes contractées par les banques privées (…) il faut couper le lien établi entre dette souveraine et dette des banques », a-t-il déclaré, expliquant que l’Etat devrait simplement se débarrasser de l’Allied Irish Bank et des autres banques toxiques, et les laisser se débrouiller. Évidemment, les journalistes ont tenté de refroidir ses ardeurs en lui rappelant qu’il faudrait que le Sinn Fein se mette à « l’art du compromis » sur ces positions afin de pouvoir participer à une coalition gouvernementale, et Gerry Adams leur a rétorqué : « Je pense que la politique est l’art de faire l’impossible ! »
A l’écoute des propos tenus par le chef du Sinn Fein, l’économiste américain Lyndon LaRouche, tête de file des patriotes rooseveltiens outre-atlantique, a déclaré : « Il a raison, pas de renégociation ! Pas de compromis sur Glass-Steagall ! »
En France, le candidat présidentiel Jacques Cheminade a souligné que le mécanisme de renflouement pour l’Irlande, devant servir de modèle pour le reste de l’Europe, « implique un transfert de souveraineté, en faveur d’un trio constitué par la Commission, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, qui exercent leur tutelle pour assurer une « conditionnalité stricte » de l’assistance financière. Il s’agit de la constitutionnalisation du pouvoir en faveur d’instances non élues sur les gouvernements, les élus et les citoyens. »
Les syndicats irlandais seraient sur le point de lancer une mobilisation nationale contre ce plan d’austérité assassin. Le syndicat UNITE (60 000 adhérents) a présenté à l’intersyndicale irlandaise (ICTU) une proposition de grève générale, pas dans le simple but d’exprimer la colère contre l’austérité, a expliqué son secrétaire général Jim Kelly, mais pour préparer les élections anticipées en envoyant un message très fort aux politiques sur ce que doit être la politique économique du prochain gouvernement. A savoir : aucune baisse des dépenses publiques, un plan d’investissement public pluriannuel de plusieurs milliards d’euros, et laisser les banques et leurs actionnaires se débrouiller, pas le peuple, avec leurs pertes. « Nous devons nous assurer que notre base soit mobilisée pour faire en sorte que le nouveau gouvernement adopte une politique radicalement différente. Nous devons être au coeur d’un mouvement social représentant l’intérêt commun et rejetant l’idée que les banquiers et les élites politiques savent mieux que les autres (…) Nous devons faire entendre une voix alternative collective et recourir à des actions à grande échelle pour montrer la force de notre engagement pour un avenir meilleur pour l’Irlande que ce qui est possible sous les politiques actuelles. »
Le secrétaire général de l’ICTU, qui représente un million de travailleurs, a appelé à une rencontre des dirigeants syndicaux le 27 janvier, afin d’élaborer un plan d’action. Selon des sources syndicales, il ne s’agit pas d’organiser une simple journée de grève, mais une véritable campagne pour que le mouvement atteigne d’autres couches de la population, y compris les associations locales et nationales.
La City n’a qu’à bien se tenir et les Irlandais adopter ouvertement le remède Glass-Steagall. Soutenons-les en faisant de même ici !
http://www.solidariteetprogres.org/article7309.html
http://guerissez-le-monde.20minutes-blogs.fr/archive/2009/12/28/gaza-un-an-apres-le-plomb-durci.html
Michel Warschawski
à Strasbourg le 11 Janvier 2011
Deux ans après l’opération Plomb Durci contre la population de Gaza, 1400 morts dont 400 enfants, des milliers de blessés, des destructions, alors que le blocus criminel se poursuit dans la quasi indifférence de la « Communauté Internationale »
Le 11 janvier 2011 |
17h30 dans la Salle Blanche de la Librairie Kléber
à à à
Réunion-débat :
20h00 à la Maison des Syndicats
1 rue Sédillot à Strasbourg
Organisée par :
Avec le soutien de :
Femmes en Noir Strasbourg – Farrah France – AIPPP – Handicap Solidarité – La Coordination de l’Appel de Strasbourg – Civimed Initiatives – Amis du Monde Diplomatique 67 – Association REDA de la Dynamique Présence Musulmane – Calima – NPA – PCF67
Ses deux précédents livres :
- Programmer le désastre – La politique israelienne à l’œuvre , La Fabrique 2008
- Destins croisés – Israéliens-Palestiniens, l’histoire en partage, Riveneuve 2009
On assiste à quelque chose dont on désespérait de voir un jour! Les peuples maghrébins, notamment, soumis à leur dictature mise en place avec la complicité de l’empire occidentaliste, USA et France notamment, commencent enfin à se lever! Enfin! Nous peuple d’occident on doit se sentir solidaire d’eux car ils se soulévent contre l’oppression, la dictature, le libéralisme imposé, le chômage de masse:
De Tunisie, au Maroc en passant par l’Algérie il y a comme une prise de conscience globale que nous sommes, tous!, pris dans un système global qui broie les peuples pour en extirper le sang vital aux banques et aux multinationales pour prospérer! Elles prospérent sur notre sang! Alors solidarité avec les peuples soumis du monde. Vive l’Algérie libre! Vive la Tunisie libre! Vive la Côte d’ivoire libre! Solidarité avec les peuples du monde contre l’oligarchie mondiale!
Quelques témoignages en vidéo:
Mais surtout ne tombez pas dans la violence! Restez calmes et déterminés! L’oligarchie mondialiste n’attend que cela pour vous détruire.Plus d’infos ICI et sur cette page facebook.
PS: Si vous avez des vidéos et des témoignages à remonter je me ferai un plaisir de publier les meilleures sur ce billet.
Il y a des video sur ce site
SOURCE :http://lesouffledivin.wordpress.com/2011/01/06/les-peuples-du-maghreb-se-soulevent-solidarite/
Et il y a la Tunisie.....
Cinq mille personnes ont assisté aux funérailles, le 5 janvier, du jeune tunisien qui s'était immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid. L'effervescence persiste en Tunisie, notamment dans le centre-ouest (nous reviendrons sur cette situation dans notre édition de février). A l'appel du conseil de l'ordre, les avocats ont fait grève le 6 janvier pour protester contre les mauvais traitements dont ils sont l'objet de la part de la police. Ce mécontentement traduit les nombreux échecs du régime et met en lumière les défis auxquels il est confronté.
Le malaise social qui s'exprime ouvertement en Tunisie est indissociable de la crise économique. 2009 a marqué une rupture profonde : la croissance a réduit ses ambitions de moitié, les exportations industrielles ont fortement reculé, les touristes européens sont restés chez eux, les investisseurs étrangers également. La mauvaise récolte de 2010 n'a rien arrangé. Résultat, l'emploi a souffert : la croissance n'absorbe plus, bon an mal an, que la moitié d'une classe d'âge, contre près des deux tiers avant la crise.
Réélu il y a un an à l'issue d'un pseudo-scrutin présidentiel sans risque ni enjeu, le président Zine el-Abidine Ben Ali - au pouvoir depuis 1987 - doit faire face à quatre défis majeurs. Une dégradation rapide de la situation priverait à terme le régime de son principal produit d'appel vis-à-vis de l'étranger : la stabilité politique et sociale.
LA POLITIQUE. L'exécutif écrase le régime, le président étouffe le modeste jeu des institutions pourtant prévu par la Constitution, le Parlement n'est qu'une chambre d'enregistrement, et la justice est aux ordres. Les quelques mesures prises en 2010 l'ont été pour la galerie comme, par exemple, les 20 % de sièges réservés à l'opposition, quel que soit son score, dans les conseils municipaux. L'ouverture s'impose d'urgence. Elle pourrait commencer au Parlement et au sein du parti. Les députés, même mal élus, plus au contact de la population et de la province que les hommes du président, doivent retrouver une influence dans la détermination des politiques publiques, avant que se tiennent rapidement des élections plus « propres » et sans exclusive.
Cela passe aussi par une réforme du parti dominant, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), héritier du Néo-Destour du père de l'indépendance Habib Bourguiba. Actuellement, le président de la République, qui est aussi président du parti, en nomme tous les responsables, du bureau politique aux secrétaires généraux, fédéraux ou de sections. Le rétablissement de l'élection comme mode de désignation de ses dirigeants lui redonnerait vie et offrirait un premier débouché au mécontentement.
L'INFORMATION. Internet, Facebook et les télévisions satellitaires arabes ont mis à mal le contrôle de l'information en place depuis une vingtaine d'années. Le blocage médiatique n'a servi à rien, sinon à exaspérer l'opinion. Le ministre de l'information - que l'on pourrait plutôt définir comme ministre de la propagande - M. Oussama Romdhani, à la tête du secteur depuis 1996, l'a payé de son poste (...)