Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 00:34
Militer au milieu des ruines
 Nous sommes indubitablement entrés dans une ère de recomposition politique. Depuis l’échec du FN à l’élection présidentielle, la droite nationale, canal historique, est convulsée de doutes et semble être entrée dans un processus irréversible se dislocation.

Monopolistique il y a encore 10 ans, elle est aujourd’hui bousculée à la fois sur sa droite par l’émergence d’une nouvelle génération qui se retrouve plutôt sur le positionnement des identitaires et sur sa gauche par l’irruption d’une gauche nationale qui a trouvé en la personne d’Alain Soral un porte-parole charismatique. Au milieu, la tendance catholique a pris ses distances avec un FN en voie de “marinisation” et, malgré une valse-hésitation, éprouve bien du mal se reconnaitre dans un MPF désormais rangé derrière Sarkozy l’Américain. Orpheline et sans parti fixe, ses meneurs sont, comme beaucoup à droite, demandeur d’une alternative nouvelle.


La fin des mouvements de masse

Reste toutefois à prendre en compte un contexte politique sérieusement sinistré. L’époque n’est plus au mouvement de masse, la dépolitisation des foules est générale et les vocations se font de plus en plus rares.

Désormais réservé à une caste d’experts ou de vieux bourlingueurs, le champ miné du politique offre bien des embuches aux néophytes qui, de plus en plus dépourvus de bagages idéologiques solides, se montrent mal à l’aise dans le maniement des concepts et arguments. Ils font alors des proies faciles pour ceux qui, parmi nos adversaires, se disent nos amis et savent déguiser leur discours afin de mieux abuser de leur naïveté.

Le fait que la révolution des blogs sur Internet ait permis de faire émergé une population de cybermilitants et de forumeurs de qualité ne doit pas nous faire oublier la foultitude de ceux grossiers, médiocres, contreproductifs, ineptes, manipulés et brouillons qui ont inondé la toile. Ajoutons à cela, cette déplorable culture du pseudo qui permet au dernier des crétins de dire tout et n’importe quoi dans le plus total anonymat. Internet a ceci de profondément pervers qu’il procure au bloggeur anonyme l’illusion gratifiante de l’engagement militant sans lui en faire assumer les risques ni subir les conséquences.

Désormais, l’engagement politique emprunte des voies autonomes et individuelles qui permettent à tout un chacun de trouver rapidement une tribune en s’affranchissant de la difficile étape, pourtant hautement formatrice, du militantisme de contact dans le cadre d’un mouvement politique structuré. S’en suit un extraordinaire fourbi dans lequel s’insinuent manipulateurs malintentionnés, excentriques volubiles, amateurs facilement influençables, égos surdimensionnés et faux-amis retors qui n’ajoutent que de la confusion à la confusion. Qui se cache derrière tel site qui dégueule sa bile, dans le plus total anonymat, sur untel ou untel ?

Qui est derrière celui-là qui verse dans une surenchère islamophobe et ordurière ? Combien sont-ils réellement ceux-là qui se présentent, sur leur site, comme un mouvement révolutionnaire d’envergure nationale et inondent la toile de communiqués au contenu toujours plus grandiloquent ?

Ajoutons à cela que si Internet sait être un formidable outil de diffusion de nos idées, il peut aussi se révéler un redoutable amplificateur de discorde interne et d’auto-intoxication. La moindre brouille est alors relatée avec moult détails sur tel forum, abondamment commentée sur tel blog et déformée sur tel autre, et tout cela au vu et au su de tout le monde. Tout le monde se monte réciproquement le bourrichon en affirmant à qui mieux mieux qu’il représente un courant structuré et puissant en militants. Poudre de perlimpinpin que tout cela !


Une cyberagitation qui cache mal un cruel manque de bras

Ce qui semble surtout être la spécificité de notre époque, c’est cette extraordinaire cyberagitation comparée à la faible capacité de mobilisation militante, en termes humains et quantitatifs, des organisations politiques toutes tendances confondues dès lors qu’il s’agit de sortir sur le terrain du monde réel. Ce sentiment d’être constamment confronté à des forces ou des interlocuteurs factices est probablement la marque de fabrique de cette nouvelle façon de faire de la politique qui caractérise nos sociétés de l’abrutissement festif et de la virtualité médiatique.

Nous sommes entrés dans l’ère de l’intox tous azimuts dont l’unique principe repose sur la capacité à abuser ou à bluffer son adversaire. Dans ce jeu de dupes théâtralisé, les rapports de forces ne valent plus que pour ce que chacun veut bien leur accorder et dépendent essentiellement du crédit que leur donnent les médias de masse.

Une dizaine de salariés associatifs professionnels, filmée avec un angle fermé au JT du 20h, vitupérant des slogans aussi ineptes que généreux, suffit parfois à faire croire à une mobilisation portée par une adhésion populaire massive et spontanée. De même, une poignée de militants identitaires dont une action d’agitprop serait accidentellement médiatisée peut laisser entendre, à l’écoute des commentaires inquiets du journaliste, qu’un courant de fond est sur le point d’ébranler la société française. Nous savons qu’il n’en est rien.

Et malheureusement, si ces artifices suffisent parfois à tromper nos propres partisans, quelques journalistes crédules et des populations atones réduites à l’état de spectatrices, nous savons surtout qu’ils se montrent bien incapables d’inquiéter l’establishment qui sait, quant à lui, parfaitement à quoi s’en tenir sur la capacité de nuisance réelle des organisations politiques dissidentes.

A cet égard, l’ancien leader activiste d’un mouvement pacifiste outre-Atlantique des années soixante, Todd Gitlin, a dressé un bilan négatif des stratégies qui faisaient la part trop belle aux champs médiatiques. Il démontra de quelle manière “les médias choisissaient en vue de les rendre célèbre “les dirigeants du mouvement” qui correspondaient le plus fidèlement à ce que doit être un dirigeant d’opposition pour être conforme à ce que les clichés préfabriqués attendent de lui”. Les mouvements radicaux commencèrent alors à caler leurs choix tactique et stratégique sur les attentes supposées des médias, privilégiant ainsi le sensationnel sur le fond et le court terme sur le long terme. De façon pernicieuse, les médiatiques les incitèrent à abandonner leurs thématiques trop radicales pour une posture démago-militante plus acceptable, faisant la part belle à l’émotionnel. Exclus des plateaux, les radicaux authentiques furent réduits au silence et la scène de l’opposition politique finit par être phagocytée par une poignée d’hurluberlus pittoresques, tragicomiques et sans consistance.


Des frigos pleins au milieu du grand chaos

Il convient donc de repenser le politique à la mesure de la réalité d’aujourd’hui.

Grandes absentes des confrontations politiques, les masses tondent leur pelouse, vont à la pêche, bronzent à Paris-plage, dealent et gèrent leur petit bizness parallèle dans leur quartier sordide, s’avachissent devant des séries TV débiles, déambulent hagards au milieu des immenses travées d’hypermarchés, écoutent du rap en boucle, suivent des séances de fitness et draguent en “vélib”. Les populations votent encore, mais au quotidien elles se désintéressent magistralement des grandes questions politiques de leur temps, dont les débats ne rassemblent plus qu’une infime minorité dans le cadre de revues ou réunions publiques confidentielles.

Les médias, tous passés entre les mains de grands consortiums mondiaux, discutent en boucle de la violence routière, du problème des accès pour handicapé ou du manque de voies cyclables, prenant bien soin d’évacuer de leur tintamarre les vrais problèmes. Ainsi, les questions brûlantes n’étant jamais posées, les bonnes réponses à leur apporter peuvent-elles être reportées sine die et les mauvaises prises dans le plus grand secret, à l’insu du peuple, bien évidement. Qu’une telle attitude soit à terme génératrice de problèmes encore plus insolubles importe peu, tellement la confiance de l’hyperclasse mondiale en la capacité hypnotique des médias est grande. Le tapage médiatique s’amplifiera donc à mesure que la situation se dégradera.

Cet état de fait permet aux décideurs économiques et leurs comparses des ministères de continuer à mener leurs affaires en dépit d’une situation de chaos généralisé. Mais ne nous trompons pas, car si le système tient, c’est aussi parce que les fondamentaux sont là ! Quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse, les ventres restent pleins, les frigos remplis et dans chaque foyer trône un écran plat géant de dernière génération. La réalité est là : la machine économique capitaliste tourne, croit et satisfait encore aux besoins premiers. Certes, le pouvoir d’achat baisse. La violence, l’égoïsme et la barbarie s’insinuent imperceptiblement partout, au travail, dans la rue, à l’école, au sein même des familles dites recomposées mais en fait décomposées. Sans aucun doute, le niveau culturel moyen s’est affaissé en dessous de seuils rarement atteints. Tout ceci est vrai et indiscutable.

Mais, répétons-le encore une fois, les frigos restent pleins. Ne pas vouloir voir cette réalité, ne pas la prendre en compte, c’est ne rien comprendre à ce massif courant de dépolitisation qui nous accable, l’élection triomphale de Sarkozy en étant une des vagues la plus visible. Dans les faits, la promesse de l’abondance capitaliste est remplie.


Des formes nouvelles de souffrance non perçues comme d’origine politique

Pourtant les gens souffrent, disent certains. Certes ! Mais les souffrances ont radicalement changé de nature.

Là où il y a un siècle les miséreux avaient faim et froid, aujourd’hui ils souffrent d’obésité quand ils ne sont pas insomniaques et gavés d’anxiolytiques. Les troubles modernes relèvent (en apparence seulement) de moins en moins de la politique et de plus en plus de la psychiatrie. Ils ne frappent plus des populations de déshérités, mais des individus mentalement paumés, plongés en une profonde déréliction et confrontés à une situation mêlant échecs existentiel, professionnel et affectif. On pense par exemple à ce père menant une vie morne, dont la femme est sous prozac, qui tente désespérément de reconstruire une relation affective avec sa fille anorexique. Quel discours politique tenir à cet homme profondément malheureux, mais dont le ventre est bien rempli ? S’il avait seulement faim, tout serait plus simple. Comment lui expliquer que ce qu’il vit n’est pas seulement le produit d’un échec individuel mais aussi la conséquence d’un projet de société matérialiste dont il est en quelque sorte une victime ? Comment lui faire comprendre qu’à ce titre, les tourments qu’il affronte appellent des réponses proprement politiques qui interrogent l’ensemble des postulats moraux de la modernité ainsi que tout le système de valeurs sur lequel elle repose ? Ce profond sentiment d’ennui qui le ronge, et avec lui toute l’humanité moderne - que d’aucuns cherchent à oublier dans l’aliénation par le travail et d’autres dans une boulimie consommatrice névrotique – offre-t-elle réellement une autre échappatoire que d’ouvrir son existence sur le tragique en jetant dans la balance le confort de sa vie réglée et bien rangée ?

Si les Français aspiraient vraiment à changer de vie, ils comprendraient que la seule issue pour échapper à leur condition serait de s’engager en en acceptant tous les risques. Or, il n’en est rien, car ils sont repus, et un homme repu est toujours un homme vautré, vide de toute volonté et abandonné par le courage. On voit bien ici l’extraordinaire difficulté du défi qu’il nous est donné de relever. A sa simple énonciation, on saisit la chimère d’une lutte qui emprunterait les moyens et techniques d’une persuasion simpliste.


Des mutations psychologiques majeures à l’œuvre aujourd’hui

A cet égard, c’est toute la formulation de notre discours politique qu’il faut repenser.

Pour viser juste, nous devons donc entrer dans le labyrinthe psychologique de nos contemporains afin d’en décrypter les mutations exercées sur eux par l’avènement de la postmodernité. Dans son ouvrage “La culture du narcissisme”, Christopher Lasch souligne le fait essentiel qu’un nombre croissant de psychiatres ont observé et décrit dans leur travail quotidien, depuis le tournant des années 50, une modification dans la forme des névroses faisant ainsi apparaitre des pathologies inconnues qui échappaient aux grandes catégories de diagnostics jusqu’alors établies.

Parmi ces troubles mentaux nouveaux, souvent définis comme des malaises vagues et mal définis, Lasch distingue clairement l’apparition en force d’un narcissisme de type pathologique qui s’est cristallisé tout au long de la seconde moitié du XXème siècle pour devenir le trait comportemental caractéristique de l’individu moderne. Ce diagnostic repose sur l’hypothèse d’une “continuité existant entre le normal et l’anormal”.

Autrement dit, l’apparition de nouvelles névroses dans les cabinets des spécialistes de psychiatrie, révèlerait en fait une évolution globale de la personnalité dans notre société. Lasch s’est alors appliqué à relever tous les indices d’une prégnance inédite du narcissisme sur notre société. Cette prégnance a remodelé les mentalités contemporaines au point d’avoir permis l’émergence d’une humanité nouvelle qui se reconnaît à “son désir ardent de bien s’entendre avec autrui ; son besoin d’être, même dans sa vie privée, en accord avec les grandes organisations ; sa façon d’essayer de se vendre comme si sa propre personnalité était un produit auquel on pouvait assigner une valeur marchande ; son besoin névrotique d’être aimé, rassuré et de se gratifier oralement ; l’aisance avec laquelle ses valeurs peuvent être corrompues.”

L’homme contemporain vit désormais sous le régime implacable de l’obsession de soi, se considère libre parce qu’ouvert à une sexualité tous azimuts, montre des signes patents d’hypocondrie, craint la dépendance affective, éprouve souvent une incapacité à s’affliger de la peine d’autrui et traverse l’existence dans la terreur de vieillir et de mourir.

Dépourvu d’un “sur-moi” élevé, le narcissique s’avère un individu dénué d’amour propre qui vit exclusivement par le truchement du regard des autres. Alors que la postmodernité chante en boucle le mirage d’un individu libre et émancipé, l’homme postmoderne, par son incapacité à assumer l’altérité solitaire et les relations conflictuelles, se révèle un être profondément conformiste et docile. Ceci explique pourquoi il fuit généralement l’affrontement et la compétition, qu’elle soit sportive ou professionnelle, pour leur préférer les manigances et les tactiques d’évitement. L’écart entre une image de soi innervée par un sentiment de supériorité et d’indépendance et la réalité d’une existence caractérisée par la fuite, l’esquive systématique, l’égoïsme, le renoncement, les petits reniements, la peur du qu’en-dira-t-on, un besoin d’être aimé et un reflexe de repli devant toutes les formes de rivalité alimente dans l’esprit de l’individu moderne de douloureuses frustrations enfouies ainsi qu’un profond sentiment de vide existentiel. Ce tiraillement insupportable cherche alors une évasion dans des formes de pathologie mentale, et notamment celle du narcissisme clinique. A cet instant, le narcisse moderne exprime l’impression nihiliste d’un malaise vague et indéfini, mélange d’une vie non accomplie, d’un quotidien factice strictement subordonné à tous les conformismes dominants auquel s’ajoute l’absence de valeurs propres réellement vécues et d’opinions clairement assumées, qui sont souvent endossées peureusement ou honteusement. Tel est le portrait type, à décliner à des degrés divers et sous des variantes multiples, d’un grand nombre des contemporains auxquels nous nous adressons !


Un nouveau type humain narcissique engendré par la société libérale

Les causes que pointe Christopher Lasch pour expliquer cette mutation survenue dans les psychologies occidentales sont multiples, mais toutes puisent leur élément actif dans les conditions sociales induites par le fonctionnement de la société libérale.

A ce titre, l’individualisme prôné par le libéralisme plonge chaque individu dans la sauvage bousculade d’une société ouverte à tous les conflits possibles et inimaginables. S’en suit un chaos que chacun est fermement sommé d’affronter seul. Ce sentiment de l’individu qui se regarde comme une monade cernée de toute part, notamment par la menace diffuse du tous contre tous, invite en retour le commun des mortels, par réflexe d’autoprotection, à se fondre dans la masse en se pliant aux plus vils des conformismes. C’est en partant de ce constat que Lasch arrive à la conclusion paradoxale que Narcisse, c’est-à-dire l’archétype même de l’individu libéral, s’avère être finalement celui le plus enclin à se conformer “aux normes sociales par crainte d’être puni par autrui”.

A ce titre, “l’éthique d’autopréservation et de survie psychique prend donc racine, non seulement dans les conditions objectives de la guerre économique, dans l’accroissement du taux de criminalité et dans le désordre social, mais également dans l’expérience du vide et de l’isolement.” Par ailleurs, l’idée trompeuse de vivre la fin de l’Histoire vient percuter de plein front l’équilibre familial. Ainsi, “les parents modernes tentent de faire en sorte que leurs enfants se sentent aimés et voulus ; mais cela ne cache guère une froideur sous-jacente, éloignement typique de ceux qui ont peu à transmettre à la génération suivante et qui ont décidé, de toute façon, de donner priorité à leur droit de s’accomplir eux-mêmes. L’association du détachement affectif et d’un comportement destiné à convaincre l’enfant de sa position privilégiée dans la famille constitue un terrain d’élection pour l’éclosion de la structure narcissique de la personnalité.”

Derrière les attitudes crâneuses se targuant de tendre vers un épanouissement immédiat se cache en fait la perception d’une société absurde, dangereuse, et surtout sans avenir ; autant de sentiments inspirés par un narcissisme incapable de s’identifier à une quelconque postérité. Tout se mesurant à la micro-échelle d’une existence étriquée, le fait de prendre des risques pour autre chose que sa survie propre est immédiatement analysé comme un comportement d’idiot. L’homme généreux, l’idéaliste, l’altruiste courageux ou le Saint se voient ainsi relayés au rang de simplets et de grands benêts. De facto, l’attitude narcissique non seulement est regardée comme socialement valorisante, mais constitue aussi, dans un environnement libéral, une des conditions nécessaires à la réussite professionnelle. La spirale peut alors dérouler son cercle infernal dont le terme n’est autre que la mort pur et simple du politique. Tout ceci doit nous inciter à comprendre que nous avons bel et bien changé d’époque et que le capitalisme avancé a, en quelque sorte, modelé une nouveau type anthropologique.


Le militantisme est le chemin de notre propre guérison

En conclusion nous pouvons dire que si l’on déplore que notre époque, rongée par l’individualisme, ne soit plus celle des grands mouvements de masse, force est de constater que le pendant de cette désertion collective fait la part belle aux minorités agissantes.

Avec peu de militants, il est aujourd’hui parfaitement possible d’occuper le vaste champ vierge du politique, à la seule condition toutefois d’aligner des militants parfaitement formés et courageux. Certes, le temps n’est donc pas aux foules en colère (pas encore du moins), mais comprenons bien que ceci le rend d’autant plus ouvert aux menées d’une élite militante pour peu que celle-ci soit déterminée et sérieuse. Mieux vaut donc viser la constitution d’une équipe locale d’une poignée de militants sérieux, disciplinés et capables de tenir un raisonnement individuel que de vouloir réunir cent excités incontrôlables et offerts à toutes les manipulations de l’adversaire.

Si notre époque est à l’élitisme militant, cela implique aussi que chaque militant doit se regarder comme un exemple. Or, le premier des exemples qu’il se doit de donner est celui du courage. Mais ne rêvons pas, le courage ne se décrète pas. Et ceci encore moins lorsqu’il doit être porté collectivement par tout un groupe. A cet égard, seule une solide et véritable chaine de solidarité et d’entraide militante pourra susciter l’éveil en chacun de nous de ce courage. Un courage hautement nécessaire et sans lequel toute entreprise politique est vouée à l’échec. Pour être efficace, cette chaine doit être polymorphe pour s’incarner dans des réseaux et sociétés parallèles dont leur but premier serait l’aide aux militants lésés. Cette chaine passerait par la mise en place de système d’aide à l’emploi, de mutualité d’entraide, de simili-agence immobilière, d’associations de rencontre communautaires, des cercles d’éducation privée faisant coopérer entre elles des familles. Autant cette tâche apparait comme un pont-aux-ânes, autant elle est probablement la plus difficile à mettre en œuvre car elle active chez nous les pulsions comportementales les plus atrophiées par le capitalisme terminal qui nous conditionne. En cela, elle nous invite à nous considérer comme des gens humbles voués à une vie d’abnégation et de partage. Ceci implique donc de louer les vertus d’une éthique en rupture totale avec les valeurs libérales. Ici encore, seule l’exemplarité pourra donner corps à cette éthique nouvelle, sans laquelle tous nos discours seront vains et condamnés à résonner dans le vide. Il ne s’agit donc pas de se mentir en cédant aux sirènes médiatiques ou en ne s’engageant que superficiellement. La politique ne doit pas être abordée comme un hobby mais bel et bien comme l’investissement d’une vie entière. C’est uniquement parce que nous serons exemplaires, en opposant au monde moderne un véritable contre-modèle humain, que nous triompherons.

Le militantisme doit d’abord et avant tout être un engagement intégral si l’on veut qu’il affute en nous les qualités humaines nécessaires. Comprenons bien que la modernité a fait de nous des hommes déglingués, de grands malades qui s’ignorent. Et ce n’est seulement que par le militantisme, dans l’âpreté d’une vie faite de lutte et de don de soi, que chacun d’entre nous trouvera le chemin de sa propre guérison mentale et morale. En quelque sorte, le moyen devient ici la solution. Là, et nulle part ailleurs, se situe la vraie rupture avec le monde moderne ! Quatre mots d’ordre doivent désormais guider nos pas : Détermination, Solidarité, Partage et Courage.

Karl Hauffen

Source : numéro 12 d’ID Magazine
http://www.egaliteetreconciliation.fr/Militer-au-milieu-des-ruines-21.html
Partager cet article
Repost0
18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 06:04
Eric SIMON

Prédation du système bancaire.

Le commerce repose sur des rapports de confiance. Une part élevée des ressources servent à couvrir les opérations des acteurs financiers, par des montages complexes et dévoreurs de capitaux. Lorsqu’une personne ou un établissement commercial se sait couvert contre un risque, il peut arriver qu’il relâche sa prudence, voire qu’il fraude pour tirer avantage de sa garantie. Cette réalité s’applique aux banques commerciales, trop souvent tentées par des activités hasardeuses. Tant que des spéculateurs assument les risques élevés en contrepartie d’ intérêts attractifs, le système est fluide. Que les spéculateurs perdent confiance, la mécanique s’enraye.

La dérégulation et la dérèglementation ont transféré une grande partie du contrôle de l’activité économique et financière des Etats vers les acteurs privés, décidés à mettre en place eux même les règles et les normes de fonctionnement de leur propre marché. Une récupération du pouvoir des banques par les Etats ne changerait pas fondamentalement la donne en l’état actuel, elle ne ferait que leur transmettre le mandat de poursuivre la même aventure.

En octroyant à la finance de marché le pouvoir de créer son propre univers de règles censé être compatible avec celui de la société, le système bancaire s’est affranchi de la légalité. Dès lors, le gendarme de la bourse a perdu son aspect dissuasif.

Il s’en est suivi que la criminalité a incrusté et irradié l’économie légale. Or, il existe une effet papillon de la fraude : un acte frauduleux insignifiant peut, à distance, causer des dommages considérables. Les trafics transnationaux, les mafias et les cartels, la délinquance économique et financière, la corruption nationale et internationale des élites, le blanchiment de l’argent sale, etc..constituent des menaces croissantes. En laissant la finance devenir l’arbitre de l’économie, ils ont ouvert la voie à une économie trafiquante . Dorénavant, les pratiques transgressives sont logées au cœur de la matrice financière. Le caractère impersonnel de ce type de prédation fait qu’il n’est pas imputable à des individus en particulier. Il est devenu une modalité à part entière de l’économie et de la finance....la fraude est devenue tantôt une variable d’ajustement de l’économie et de la finance, tantôt un mode de gestion.

Ostracisme du système bancaire.

Quand le système financier peut se passer de l’économie réelle, c’est-à-dire quand il peut faire de l’argent à partir de son propre argent sans passer par l’échange économique, pourquoi s’en priverait-il ?

L’économiste et conseiller Jacques Attali nous fait cet aveux : « dans les dix prochaines années, les principales forces économiques, financières et politiques se ligueront pour que rien d’essentiel ne change de par le monde sur le plan idéologique. » [1] La ploutocratie s’agrippe à ses privilèges de condition, bien déterminée à sauver le paradigme économique .**Car en vérité, ce sont les spéculateurs de la haute finance qui auraient beaucoup à perdre en cas d’effondrement du paradigme économique. Quand aux citoyens, à la société, notre capital humain, notre savoir faire resterait intacts et nous nous remettrions vite de cette situation grâce à des bases saines et solides. La planète finance est un monde à part. En France, 1% de la population possède 32% des revenus du patrimoine et48% des revenus exceptionnels déclarés (plus-values, levées d’option) selon l’étude de l’Insee sur les revenus et les patrimoines des ménages publiée en 2010 [2]. Les inégalités dans l’accès aux profits de la finance sont donc démesurées. Une petite oligarchie concentre l’essentiel de cette source de revenus.

Pour maintenir le paradigme économique contemporain sou perfusion, l’oligarchie s’appuiera sur les services fiscaux. Cela passera par une hausse des prélèvements obligatoires et la poursuite d’une diminution des dépenses publiques. De nouvelles « réformes » plus drastique sont donc inévitables. Pour faire passer la pilule, les gouvernants devront exceller dans l’art de manipuler les foules. Ce sont les classes moyennes et les plus modestes qui vont subir le plus durement les mesures de rigueur présentes et à venir, à travers les dégradations des services publics, la détérioration de la couverture du risque santé, le durcissement des conditions d’accès à une retraite à taux plein.

Eric Cantona a bien cerné le problème quand il déclare que « Le système est bâti sur le pouvoir des banques, donc il peut être détruit par les banques ». L’empressement de nos gouvernants à le contrecarrer, le manque de retenue du monde de la finance, en sont l’illustration. Quand le directeur de BNP Paribas, Baudoin Prot, assure comme Christine Lagarde que « les banques françaises n’ont aucunement contribué aux origines de la crise » et les aides de l’Etat de l’époque n’ont rien « coûté aux contribuables », il ment. Et pour preuve : les emprunts ont doublé entre 2007 et 2010, passant de 97,5 milliards à 188 milliards d’euros. Renfloués par l’Etat au plus fort de la crise, les établissements bancaires lui ont prêté une partie de l’argent qu’ils venaient de recevoir en souscrivant notamment au grand emprunt.... Le marché financier de couverture des dettes publiques est un indicateur de la domination de la finance sur la politique. En outre avec cet argent "reçue", les banques vont pouvoir continuer d’acheter les bons du trésor émis par les Etats pour combler les déficits publics et amortir la dette.

La taille des banques n’est pas sans incidence sur la stabilité d’ensemble du système financier. En cas de chute, les grandes banques en entrainent inévitablement beaucoup d’autres avec elles en raison des liens financiers qu’elles ont tissés entre elles. C’est pourquoi on dit qu’elles sont trop grosses pour qu’on les laisse faire faillite : les autorités monétaires et politiques se sentant obligées de les sauver en cas de difficultés. Forts de cette garantie de sauvetage, ces grands groupes sont cependant incités à prendre beaucoup plus de risques qu’ils ne le feraient s’ils avaient à assumer seuls les conséquences de leur chute.

Pour faire face à la crise actuelle, débutée en 2007, les banques centrales ont dû se résoudre à prendre des mesures non conventionnelles qui ont permis aux banques de se refinancer sans limite de montant à un taux fixe proche de 0%, pour une période bien plus longue qu’à l’accoutumée, en mettant en pension un éventail de titres bien plus larges qu’auparavant.

Le montant cumulé des plans de sauvetage entrepris pour éviter la banqueroute du secteur bancaire et financier avoisine les 1000 milliards de dollars dont 700 milliards de dollars pour les seuls américains. Bien entendu ces masses d’argent ont un coût d’opportunité : pendant qu’on les utilise pour sauver les banques on ne les utilise pas pour autre chose..... Un grave problème demeure cependant. Cette intervention, si elle est systématique, a l’inconvénient d’assurer un drôle de jeu au secteur financier : face il gagne, pile l’Etat perd. Un des problème de comportement fondamental, bien connu des assureurs est l’ « aléa moral ».

Espagne : trop gros pour se retrouver en défaut de paiement

Une crise de la dette souveraine, accentuée par les aides récentes accordées au système bancaire, peu survenir dans les pays surendettés de la zone euro. Après la Grèce, l’irlande, le Portugal, un effet dominos est redouté.

Parasitisme du système bancaire.

La responsabilité des banquiers dans les crises économiques conjoncturelles ne fait pas de doute : ils ont allègrement transféré sur d’autres les risques qu’ils ont vocation à gérer, incité leurs traders, par des systèmes pernicieux de rémunérations, à prendre d’énormes risques....

La part de responsabilité dans la crise chronique qui a touché la France de plein fouet en 1973 ne fait pas de doute non plus. La loi n°73-7 du 3 janvier 1973 qui a été votée sous l’impulsion du ministre des finances d’alors Valérie Giscard D’Estaing est responsable de l’austérité qui nous réserve pour les décénies avenir. Cette loi interdit au trésor Public d’emprunter directement à la Banque de France à taux nul comme auparavant. L’article 25 stipule : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France ». Jean-Luc Mélenchon a eu le courage de dénoncer cette loi de 1973 à mainte reprise, notamment dans l’émission « mots croisés ». On attend toujours qu’Olivier Besancenot se positionne sur cette arnaque bancaire et qu’il ose enfin soulever la chape de plomb qui protège les marchés financiers. Cette mesure a tout de même accru, à elle seule, l’endettement de la France d’environ 1350 milliards d’euros. Mesure qui fut étendue à toute la zone euro avec le traité Maastricht. On comprend dès lors mieux pourquoi le risque de crise de la dette souveraine et les mesures de rigueur pour l’enrayer concernent tous les pays de la zone euros. En effet, la haute finance ne souhaite pas tuer la poule aux œufs d’or et compte bien continuer à parasiter la société en prospérant sur le dos des citoyens.

Spoliation du système bancaire.

Dans un budget quel qu’il soit on compare les recettes avec les dépenses et la différence donne ledéficit. Pour le budget de l’Etat, la différence est de l’ordre de 20%. Depuis 1975, les dépenses excèdent les recettes de l’ordre de 20% (22% en 1996, 14,8% en 2000, 17,2% en 2006). Le ratio entre charge de la dette et recettes nettes de l’Etat amène à constater que plus du quart des recettes nettes sont consacrées à la charge de la dette. Voilà de la richesse nationale produite par la masse des travailleurs qui part en fumée !

Il faut combattre une idée fausse : la dette nous aurait permis d’équiper la France en routes, écoles, hopitaux, etc. Non, la dette n’a pas servi à l’investissement public mais aux dépenses de fonctionnement. Le rapport Pébereau est clair sur ce point : « C’est une gestion peu rigoureuse qui explique, pour l’essentiel la hausse continue des dépenses depuis 25 ans. » [3]

Qui gère concrètement la dette de l’État ? L’Agence France Trésor. Domiciliée à Bercy cette structure a été créée en 2001 pour gérer spécifiquement la dette de l’État. Elle est assistée dans sa tâche par le comité stratégique qui « la conseille sur les grands axes de la politique d’émission de l’Etat. ». On découvre sur le site officiel [4] que ce comité stratégique de dix membres comprend, entre autres, un représentant de la banque nationale suisse, un représentant du fonds souverain de Singapour, un représentant de la compagnie financière Edmond De Rotschild et de l’International Capital Market Association. Le chercheur en finance Philippe Herlin s’interroge : n’y-a-t-il pas là conflit d’intérêts ? [5]

Eric Simon

[1 ] Sept leçons de vie, survivre aux crises Ed. Fayard, Pg 40

[2] Les revenus et les patrimoines des ménages. Paris, « Insee références », 2010, P47.

[3] Michel Pébereau, Rompre avec la facilité de la dette publique, La documentation française, 2005.

[4] aft.gouv.fr

[5] France, la faillite ? Ed. d’organisation, groupe Eyrolles

article 12250 - Legrandsoir.info
Partager cet article
Repost0
17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 03:20

Notes sur oeuvres - Philosophie

 


weil

En 1934, Simone Weil écrit : « la période présente est de celle où tout ce qui semble constituer une raison de vivre s’évanouit. » C’est une femme désespérée, mais qui refuse le désespoir, qui écrit pour comprendre. Comprendre pourquoi le travail est devenu une aliénation, le progrès un cauchemar, l’avenir une impasse, la révolution un simple accélérateur de la décadence. A plus d’un titre, son époque rappelle la nôtre.

Simone Weil, pour comprendre, commence par déconstruire le marxisme. Elle explique en substance que le problème des marxistes est surtout de n’avoir pas correctement lu Marx (et accessoirement, que ce fut pour finir le problème de Marx lui-même). La concurrence, explique-t-il, est la cause de l’extorsion : c’est pour grandir que le patron pratique l’extorsion. Et le problème, dès lors, c’est que l’extorsion ne prend pas sa source dans le capitalisme, mais dans la nature même des sociétés humaines. Nous ne sommes pas aliénés parce que nous sommes soumis au capitalisme, mais parce que le capitalisme est inscrit dans la règle naturelle de la compétition. Le fait est que le capitalisme, grâce au progrès technologique, est parvenu à rendre l’aliénation plus parfaite qu’elle ne l’avait jamais été. Mais un autre système, inscrit dans les mêmes conditions technologiques, aurait exactement les mêmes résultats – ce que le socialisme soviétique a amplement démontré. La distinction radicale entre les fonctions d’exécution et de direction n’est pas la conséquence du règne de la bourgeoisie, mais la traduction, à un certain niveau de développement technologique, de la loi antérieure des sociétés : il faut être compétitif, pour survivre, et cela suppose une hiérarchie, fondée sur des monopoles (de l’argent, du savoir, de la force).

C’est donc une transformation de la culture et de la production qui, seule, pourrait libérer vraiment les hommes. Il s’agit d’élaborer les fondements d’une nouvelle civilisation. Le marxisme, en affirmant que la poursuite du développement technologique imposera l’effacement de la bourgeoisie devant une nouvelle classe plus à même de développer les forces productives, ne fait que nous annoncer le prolongement de l’aliénation, au-delà de la bourgeoisie. Marx a transformé la dialectique hégélienne en affirmant que c’était la matière, et non l’esprit, qui constituait la force motrice de l’Histoire : par quel miracle en a-t-il déduit que la matière avait la propriété de l’esprit, c'est-à-dire l’aspiration au mieux ? Et d’abord : pourquoi faudrait-il que la croissance des forces productives soit infinie ? Pourquoi, en outre, faudrait-il qu’une croissance infinie soit nécessairement une bonne chose ? A l’aune de ces questions, le marxisme apparaît comme un enfermement de la réflexion sur les causes de l’oppression, donc sur les moyens de lutter contre elle.

Ayant écarté le marxisme (sans nier la qualité de son analyse du capitalisme), S. Weil propose une autre analyse de l’oppression. Elle constate que les formes sociales les moins oppressives, partout, sont caractérisées par un très faible niveau technologique. C’est la complexification des processus de production qui, en amenant la spécialisation des acteurs, entraîne la dépendance des uns à l’égard des autres, et finalement l’établissement d’inégalités telles, dans un cadre tel, que la « machine » remplace la communauté comme modèle du lien social.

Les « hommes de droite sincères », continue S. Weil, pensent résoudre le problème par la stabilité d’un pouvoir bienveillant. Du conservatisme comme antidote à la différenciation croissante de l’humain par le progrès. C’est, dit-elle, une illusion, finalement très comparable aux rêveries anarchisantes. On n’arrête pas le progrès, et donc on n’arrête pas la course au pouvoir par le progrès.

La solution est ailleurs, parce que le problème est ailleurs. Il ne réside ni dans le capitalisme, ni dans le règne de la bourgeoisie, ni dans l’instabilité des systèmes politiques. Il réside, fondamentalement, dans la substitution des moyens aux fins, c'est-à-dire dans l’effacement de la conscience devant l’emprise du machinal. C’est cet effacement qui libère une soif de pouvoir illimitée, source de l’oppression. Inversement, c’est l’édification d’une conscience supérieure à l’emprise du machinal qui permet de borner le pouvoir, d’en fixer les limites, de l’enserrer dans des lois.

Comment construire cette conscience ? En comprenant, pour commencer, que la véritable loi de l’Histoire est la libération de l’homme à l’égard de la nécessité. C’est ce que l’Homme recherche. Il faut construire, sur cette base, une conscience du pouvoir qui l’oriente vers la maîtrise d’un processus qu’il doit conduire sans perdre de vue l’objectif réel : la construction de la liberté. Alors, la libération de l’homme à l'égard des nécessités naturelles pourra déboucher sur quelque d’autre que son enfermement dans les nécessités non-naturelles. La clef est la supériorité du niveau de conscience sur le niveau d’acquisition technologique, et cette conscience supérieure doit se fonder sur une exacte compréhension du concept de liberté.

La liberté ne se définit nullement par un rapport entre le désir et la satisfaction : elle est un rapport entre la pensée et l’action. Est libre celui qui détermine sa fin selon la raison, ainsi que les moyens d’y parvenir. Ainsi, la conscience supérieure au machinal est celle qui pense le machinal comme un instrument, que l’homme doit utiliser selon une fin qu’il détermine lui-même. Ceci suppose enfin, et c’est la clef de la résistance à l’oppression, que chaque homme puisse déterminer cette fin, donc que chaque homme comprenne la machine, dans toutes ses composantes – un idéal évidemment impossible à atteindre, mais qu’on peut poursuivre.

La conclusion de S. Weil, c’est donc que la résistance à l’oppression réside, fondamentalement, dans l’éducation. On ne libèrera pas les hommes en renversant le capitalisme, ou en détruisant la bourgeoisie. On les libèrera en les éduquant, en leur donnant un niveau de connaissance suffisant pour qu’ils développent une conscience supérieure au machinal, et une conscience de la nécessité de conserver cette supériorité.

A partir de là, elle parvient à sortir du désespoir, puisqu’elle comprend ce qui, en 1934, est en train de faire basculer son univers dans la folie. C’est l’avance prise par le progrès technologique sur la capacité des hommes à en saisir le développement qui explique la catastrophe. Le renversement total du rapport entre moyens et fins, caractéristique des sociétés totalitaires alors en expansion (comme aujourd’hui à nouveau), trouve sa source dans un décalage entre éducation et progrès.

Elle est sans illusion sur l’avenir. Elle a parfaitement compris, dès 1934, que les « rouages de la machine qui nous broie » sont infiniment trop puissants pour qu’on puisse les desserrer. Mais sa conclusion la sauve, parce qu’elle lui indique dans quelle direction aller, sinon pour vaincre, au moins pour refuser l’inaction, l’abattement, l’aboulie. Il s’agit, écrit-elle en substance, de sauver le principe même de la conscience – pour que, lorsque la machine sera parvenue au bout de sa course, ayant épuisé les ressources naturelles de la planète, ce principe puisse resurgir, et combler progressivement le retard accumulé.

Telle est, dans les très grandes lignes, la thèse de « Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale », un texte essentiel du XX° siècle.

 

http://www.scriptoblog.com/index.php?option=com_content&view=article&id=404:reflexions-sur-les-causes-de-la-liberte-et-de-loppression-sociale-s-weil&catid=52:philosophie&Itemid=55

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 21:53

logo-FSC.jpg Banksters, Union Européenne, FMI

Nous ne vous devons RIEN !


 


En ce 15 décembre nous faisons totalement nôtre cet immense et impérieux besoin d'action commune et de  résistance des peuples d'Europe face aux agressions dont nous sommes victimes.

 

 Unité, coordination, action commune mais en toute lucidité.

Nous le savons TOUS, les plans d'austérité, les remises en cause au forceps des conquêtes des travailleurs issues pour la plupart de l'époque de la Libération (salaires, emploi, retraites, sécurité sociale, statut de la fonction publique, nationalisations …) résultent de la crise du système et de la volonté des classes dominantes de la faire payer … à leurs victimes !

2 attitudes pour faire simple mais pour aller à l’essentiel, même si c’est plus complexe on le sait et même si l’appel à la complexité sert aussi souvent à noyer le poisson !

 

ACCEPTER de payer la crise c’est :

 

se déclarer d’accord avec l’allongement de la durée de cotisations pour les retraites.

accepter l’idée de sacrifices partagés entre classes privilégiées et classes populaires

considérer l’existence de la dette des états européens comme le signe que "nous avons vécu au-dessus de nos moyens" et qu’il faudra bien accepter des remises en cause de nos droits acquis.

Considérer qu’au final il faudra bien honorer la dette et faire preuve de rigueur pour garder la confiance des marchés financiers.

 

Toutes attitudes qui sont au fond celles de la social démocratie syndicale et politique, d’un Strauss Kahn par exemple, des partis socialistes au pouvoir en Europe comme en Grèce, au Portugal ou en Espagne ou du PS français, de même que d’organisations syndicales comme la CFDT ou la Confédération Européenne des Syndicats(CES) où la CGT joue un rôle important avec le poste de secrétaire général adjoint.

 

Et c’est en raison de cette orientation d’accompagnement docile du système (la CES, financée par l'UE, a soutenu la constitution européenne puis le traité de Lisbonne et accompagne "syndicalement" la construction européenne qui ravage les acquis des travailleurs sur le continent) que le Front Syndical de Classe se bat pour que la CGT quitte la CES. et que la FSU n’y adhère pas, mais adhèrent à la FSM.


 

REFUSER de payer la crise c’est :

 

Refuser l’ensemble de la contre-réforme des retraites et exiger de revenir sur les réformes de 1993, 2003 et 2007

Refuser l’idée de sacrifices partagés et s’en prendre exclusivement aux privilèges des classes dominantes

Considérer la dette comme résultant d’une construction politique destinée à exercer un chantage sur les peuples en vue de les conduire à accepter des politiques de rigueur et les ajustements structurels chers au FMI et à l’Union Européenne : licenciements, privatisations, blocage des salaires, contre-réformes …

Contester le paiement de la dette et exiger pour le moins son rééchelonnement en vue de dégager les états comme les citoyens de la domination prédatrice des banques et des marchés financiers.

 

 

 

TOUS ENSEMBLE donc pour "Ne rien lâcher" continuer et amplifier la formidable bataille que nous avons mené pour la défense des retraites !

 

TOUS ENSEMBLE pour l’augmentation des salaires, pour les emplois !

 

TOUS ENSEMBLE pour exiger un véritable partage des richesses

 

TOUS ENSEMBLE pour combattre la dictature des banques et des marchés financiers !

 


http://www.frontsyndical-classe.org/article-banksters-union-europeenne-fmi-nous-ne-vous-devons-rien-62728604.html

 

 

.

Merci à Maria pour l'envoi de ce post, et pour sa collaboration gracieuse si appréciable, eva

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 20:42

 

Avocats contre la réforme de la garde à vue

Par Yves LEBARATOUX

 

Ils dénoncent notamment l'instauration d'une audition libre, sans contrainte, mais sans assistance

Suspension de toutes les audiences correctionnelles aujourd'hui à Toulon et à Nice. Les avocats sont en grève. Ils protestent contre la réforme de la garde à vue, qui était examinée, ce matin, en Commission des Lois à l'Assemblée Nationale.

 

 

Ils craignent notamment que l'instauration d'une audition libre, sans contrainte, mais sans assistance, soit une atteinte aux libertés pour les personnes interpellées, et un moyen de détourner la réglèmentation européenne qui oblige la France à instaurer la présence d'un avocat pendant toute la durée de la garde à vue.

 

Voir ci-joint reportage réalisé au Tribunal Correctionnel de Grasse :

 

http://mediterranee.france3.fr/info/cote-d-azur/avocats-contre-la-reforme-de-la-garde-a-vue-66413980.html

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 02:55
Partager cet article
Repost0
14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 03:23

Le mouvement naxalite est d’ailleurs né dans les années 1970 au Bengale, une zone très marquée par les restes du culte de la déesse-mère (appelée localement Kali); culturellement il est également très lié à l’Etat de l’Andhra Pradesh, où la population est de culture historique dravidienne (par opposition aux envahisseurs indo-aryens, porteurs historique de la culture patriarcale).

http://www.contre-informations.fr/?m=200905

.

 

Naxalites : le salut rouge



Dans les jungles de l’Inde, c’est une guerre qui ne dit pas son nom. Elle oppose les rebelles maoïstes aux forces de l’ordre.


Le conflit perdure depuis plus de quarante ans et il a fait des milliers de victimes. Le message des insurgés n’a jamais changé : la défense des plus démunis, des aborigènes et des paysans sans terre. 


Sous l’impact de la mondialisation et de la libéralisation économique, l’insurrection maoïste se propage et s’étend aux campagnes oubliées de l’Inde. Elle est aujourd'hui active dans 20 des 28 états du pays. 


Pour contrer cette vague rouge, New-Delhi a lancé, l’an dernier, une vaste offensive paramilitaire. 
De part et d’autre, les représailles s’intensifient. Villages incendiées, civils exécutés, populations déplacées, maoïstes et policiers tués.


Vanessa Dougnac et David Muntaner ont obtenu l’autorisation exceptionnelle de vivre aux côtés des rebelles, ces mystérieux combattants de Mao, dépeints en «terroristes» par New-Delhi, accusés par la presse indienne d’être des «machines à tuer».


Depuis le renouveau de l’insurrection, aucune télévision indépendante n’avait obtenu l’accord de filmer leur vie quotidienne. Des images rares qui nous font découvrir leur réalité et les enjeux cachés de la rébellion.


Source :
http://www.arte.tv/fr/semaine/244,broadcastingNum=1181237,day=1,week=50,year=2010.html


Le documentaire « Naxalites : le salut rouge » à revoir sur ARTE le 12 décembre 2010.


Un autre reportage de Léo Mattei et Alex Gohari sur l’insurrection naxalite : « Les veines ouvertes du géant indien » : http://vimeo.com/8398072

.

.

La résistance naxalite contrôle une grande partie de l’Inde

 

Il va de soi que la progression fulgurante de la guerre populaire au Népal a également profité de l’existence de traditions matriarcales, portées par les populations non influencées par le patriarcat.
De fait, plus il y a de place pour les femmes, plus la révolution avance. Voilà aussi pourquoi en France, elle n’avance pas comme il se doit…

 

 

http://www.contre-informations.fr/?m=200905

Partager cet article
Repost0
13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 22:36

 

http://www.transbio.com/Francais/embryons.htm

 

 

URGENT et IMPORTANT

Merci de transférer ce mail au maximum de vos adhérents :

 

France : Une pétition pour s’opposer à la recherche embryonnaire.

 

Pour signer : cliquer ici . Si votre ordinateur refuse ce lien, copier toute l’adresse et coller la  dans la ligne supérieure de votre page internet:

 

http://web.stan.free.fr/index.php?option=com_petitions&view=petition&id=63&Itemid=115

 

Diffuser la en transférant ce mail au maximum.

 

De quoi s’agit-il ?

  


Une pétition a été lancée en France, vendredi 10 décembre 2010, hébergée par le site internet « les2ailes.com », ainsi dénommé en référence à la première phrase de l’encyclique « Fides et ratio » : « La foi et la raison sont comme deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité ».


C’est la seule pétition proposée actuellement aux français sur la question de la recherche embryonnaire dans le cadre de la prochaine loi de bioéthique.


Ses auteurs déclarent vouloir « exposer clairement, sans a priori religieux, les motifs des pétitionnaires pour lesquels ils demandent un moratoire sur la recherche embryonnaire, après les 5 ans de dérogations dont elle a bénéficié ».


Les arguments mis en avant ne sont pas d’ordre religieux. Ils font valoir  « la nature de l’embryon. De façon définitive, il s’agit d’un être humain : un « être » parce que ce n’est pas une chose, et « humain » parce que son développement ne conduit pas à la naissance d’un animal ». La pétition met également en exergue la différence philosophique existant « entre "l’être" et "l’avoir". Or la dignité de tout « être humain », inscrite dans les droits de l’homme, ne se mesure pas à la quantité d’ "avoirs" (facultés, handicaps, autonomie, projet parental, etc…), mais se fonde sur le seul fait d’être un "être" humain. Ce n’est pas parce que l’embryon est « dépendant » de ses proches qu’il en est moins humain ».

 

La pétition appelle les députés à ne pas se fonder sur le souci légitime de « l’utilité de nos pratiques » au point d’en arriver à « un principe d’utilité ». Elle rappelle que « l’utilité ne peut être un principe ayant même rang que celui de dignité. L’utilité des pratiques n’occupe qu’un rang second tant que tous les autres principes ne sont pas respectés, à commencer par celui de « dignité » cité dans plus de 40 articles du Code de Santé Publique ».


Au total, ce sont huit arguments qui sont mis en avant et qui appellent les parlementaires français « à déposer ou à voter un amendement valant moratoire sur la recherche embryonnaire ». 

  

  

Pour signer : cliquer sur l’adresse ci-dessous. Si votre ordinateur refuse ce lien, copier toute l’adresse et coller la  dans la ligne supérieure de votre page internet:

  

http://web.stan.free.fr/index.php?option=com_petitions&view=petition&id=63&Itemid=115

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 23:07

Un étudiant arrêté par les bobbies anglais, à Leeds, le 30 novembre 2010 (Nigel Roddis/Reuters).

(De Londres) Le Parlement britannique se prononce jeudi 9 décembre sur un triplement des droits d'inscription à l'université proposé par le gouvernement. Dans les facs, la mobilisation contre cette mesure ne faiblit pas. Le mouvement étudiant est en train de devenir la principale force d'opposition aux coupes budgétaires.

Depuis qu'il a dévoilé son plan de rigueur drastique, le 20 octobre, le gouvernement britannique peut s'estimer heureux. Il n'a rien à craindre des travaillistes, dont le nouveau leader, Ed Miliband, est inaudible.

Le front social est plutôt calme. Malgré les 91 milliards d'euros d'économies et les 500 000 emplois publics supprimés, les Britanniques semblent plutôt résignés face à la cure d'austérité qui se prépare.

De 7 000 à 10 600 euros de droits d'inscription en 2012

Seule exception, dans cette apathie générale : les étudiants ne décolèrent pas contre la hausse prévue des droits d'inscription à l'université. Actuellement plafonnés à 3 800 euros, ils vont grimper à 7 000 euros à partir de la rentrée 2012. Et certaines universités pourront même aller jusqu'à 10 600 euros par an.

Obsédé par la réduction des déficits, le gouvernement veut se désengager des universités (la réforme prévoit aussi un baisse de 80% du budget d'enseignement). Bien qu'il cherche à convaincre du bien-fondé de ses projets, plusieurs études montrent qu'un tel triplement des frais dissuaderait les plus modestes de poursuivre des études supérieures et accroîtrait considérablement l'endettement des jeunes diplômés.

La mise à sac, le 10 novembre, par un groupe d'étudiants radicaux, du siège du Parti conservateur en plein cœur de Londres, a été le premier signal d'alarme pour le gouvernement. Depuis, les manifestations sont strictement encadrées par les forces de l'ordre.

Mais les étudiants, qui se mobilisent par dizaines de milliers, sont toujours aussi déterminés. Une trentaine d'universités, dans toute l'Angleterre, sont touchées par des mouvements spontanés d'occupation partielle.

En Ecosse et au Pays de Galles, les revendications étudiantes ont été entendues par les autorités locales, qui ont annoncé qu'elles ne répercuteraient pas la hausse des droits d'inscription.

La « trahison » des libéraux-démocrates

La prochaine journée d'action est prévue pour mercredi 8 décembre, la veille du vote, au Parlement, sur le triplement prévu des droits d'inscription. Enhardis par des semaines de lutte, les étudiants pensent pouvoir mettre en échec le gouvernement.

Ils ont déjà réussi à faire tanguer la coalition au pouvoir. La réforme des universités, voulue par les conservateurs, va à l'encontre du dogme des libéraux-démocrates, qui, avant d'entrer au gouvernement, avaient promis de s'opposer à toute augmentation des droits d'inscription.

Cette promesse de campagne leur avait permis de rafler près de la moitié du vote étudiant aux élections de mai. Aujourd'hui, les étudiants se sentent floués. Et ils ont décidé de faire payer leur trahison aux lib-dems.

Le chef du parti, Nick Clegg, est passé, en quelques mois, du statut d'idole des jeunes à celui de ministre le plus impopulaire du gouvernement. Sa boîte aux lettres a été souillée d'excréments. Les services de sécurité lui ont déconseillé de sortir à vélo, comme il en avait l'habitude.

Le gouvernement lâche du lest

Nick Clegg est contesté jusque dans ses propres rangs. Plusieurs députés ont prévenu qu'ils voteraient jeudi contre l'augmentation des droits d'inscription. Et même le ministre en charge de la réforme, le lib-dem Vince Cable, envisage de s'abstenir.

Malgré cette cacophonie, l'arithmétique parlementaire devrait permettre d'adoption du projet. Le gouvernement a cependant été contraint de lâcher du lest en annonçant dimanche que les étudiants les plus défavorisés seraient dispensés de droits de scolarité pendant leur première année universitaire.

Il est donc peu probable que les étudiants fassent reculer le gouvernement. Mais leur mobilisation a permis de mettre à jour des failles dans la coalition au pouvoir.

C'est un mouvement spontané, sans leader clair, peu politisé et concentré sur un objectif précis. Mais face à la faiblesse de l'opposition travailliste et à l'apathie des syndicats, il apparaît aujourd'hui comme la principale force de résistance aux coupes budgétaires.

Photo : un étudiant arrêté par les bobbies anglais, à Leeds, le 30 novembre 2010 (Nigel Roddis/Reuters).

Ailleurs sur le Web

 

http://www.rue89.com/blog-londres/2010/12/06/contre-la-rigueur-a-langlaise-la-seule-resistance-etudiante-179351?page=0

 

 

londres-protest-etudiants-photo-Max-Nash-PA.jpg

http://2emedu-hautrhin.over-blog.com/article-londres-une-manifestation-d-etudiants-degenere-video-60729702.html

 

 

 

 

 

http://2emedu-hautrhin.over-blog.com/article-londres-une-manifestation-

 

 

 

d-etudiants-degenere-video-60729702.html

 


 

Partager cet article
Repost0
12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 00:27

Mourir pour les banques ? Non merci
 

Constantin Veluda

 

Bruxelles devait-elle soutenir le sauvetage des banques de la faillite ? Non, estime un juriste roumain, car le maintien de l'Etat providence est plus important. Et il cite l'exemple des Islandais, qui ont choisi de ne pas financer le sauvetage de leurs banques.


Entre octobre 2008 et octobre 2010, la Commission européenne a approuvé des aides d'Etat pour les banques à hauteur de 4 589 milliards d'euros, soit le PIB de la Roumanie sur 45 ans. On ne sait pas combien parmi ces aides d'Etat sont passées inaperçues, car la Commission était (trop) généreuse avec ce type de financement. Mille milliards d'euros ont été dépensés pour sauver les banques en 2008 et 250 millions en 2009. Pour tous les autres secteurs économiques réunis, les aides d'Etat approuvées au cours de la même période s'élevaient à 73 milliards d'euros (soit 60 fois moins).


Les aides d'Etat représentent le soutien accordé aux entreprises par les autorités publiques, avec l’argent public. Elles sont octroyées sur des décisions de l'administration, des décisions fondamentalement anti-concurrentielles et opaques, et sur lesquelles les citoyens ne sont pas consultés. Sans le savoir, le contribuable européen est impliqué dans cet effort, à la limite de la légitimité, de sauvetage des banques de la faillite.


Le contribuable ne se limite pas à payer des impôts, c’est également un citoyen. Et le citoyen a des droits, et pas seulement des obligations. Avant de le rendre solidaire des banques endettées au bord de l'effondrement et avant de l'associer aux risques que comportent leurs combines, le citoyen doit d'abord avoir la certitude que ses droits sont garantis, ou du moins l'espoir légitime que tel sera le cas.

Le sauvetage des banques rend caduc
le devoir de payer les impôts

Nous acceptons de payer des taxes et des impôts parce que nous nous attendons à ce que l'Etat finance correctement et à temps le système d'éducation, de santé, l'ordre public, la justice et la Défense. Les déficits majeurs de ces secteurs, parce que l'Etat a considéré comme prioritaire le sauvetage des banques de la faillite, rend caduc le devoir des citoyens de payer leurs impôts. Nous ne souhaitons pas payer des impôts pour que l’Etat les balance dans les trous noirs d'un système financier qui est (encore) guidé par le slogan "greed is good" (la cupidité est bonne).
Nous contribuons aux systèmes de sécurité sociale parce que nous nous attendons à ce que, lorsque nous en avons besoin, ces systèmes nous aident avec de l’argent et des prestations sociales qui nous permettent de sortir de l'impasse ou de mener une existence décente en cas d'invalidité, de maladie, de congé parental, d’accident, etc.
Ces prestations sociales, financées longtemps à l’avance par les cotisants, sont plus importantes que la nécessité de sauver un système financier responsable de sa propre crise et qui, dans son ensemble, fait de toute manière des bénéfices par diverses magouilles dans le trading, sur les marchés des changes, des aides d'Etat ou en jonglant avec l’argent virtuel.


Les banques et leurs créanciers, y compris les détenteurs d'obligations, doivent supporter le risque des mauvais investissements. Ce sont des professionnels du risque, qui savent évaluer le risque d'un investissement et les ressources nécessaires pour assumer ce risque. Ils spéculent même sur l'évolution des événements, acceptant à tout moment la possibilité de perdre, et donc ils ne peuvent pas et ne doivent pas être protégés.
Les particuliers, cependant, n'ont pas les mêmes moyens que les banques. C'est la raison pour laquelle ils sont les destinataires exclusifs des lois de protection (en tant qu'investisseurs, épargnants, consommateurs ou contribuables).

Les Islandais, eux,
ne se sont pas laissés impressionner

Les banques ne sont pas les seuls créanciers de l'Etat : les citoyens le sont également. En fait, les citoyens sont les créanciers les plus importants et les plus nombreux. Récapitulons : l'Irlande n'a pas accepté de laisser ses banques faire faillite ; elle les a sauvées, payant à leur place environ 60 milliards d'euro (ce qui a porté le déficit à 32% du PIB). Maintenant, en tant qu'Etat, elle est en faillite, et sous le contrôle des créanciers financiers, et non plus des citoyens irlandais.

 

En revanche, l'Islande a accepté de mettre toutes ses banques en faillite. Leurs dettes sont ainsi supportées par leurs créanciers. Les Islandais n'ont pas été directement affectés, même s’ils étaient de toute manière touchés par la crise.
L'Islande a même organisé un référendum, par lequel les citoyens ont rejeté le sauvetage des banques. Ils ne se sont pas laisser impressionner par des expressions telles que "too big to fail" (trop gros pour faire faillite), conçues pour manipuler les esprits.
Leur président, Ólafur Ragnar Grímsson avait dit à l’époque : "Comment pourrions-nous obliger les gens à payer pour les erreurs des banquiers ?" C'est une bonne question pour un président, pour un Premier ministre, pour un gouverneur. En Roumanie, comme ailleurs.

http://www.presseurop.eu/fr/content/article/425231-mourir-pour-les-banques-non-merci

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog d' Eva, R-sistons à la crise
  • : Tout sur la crise financière, économique, sanitaire, sociale, morale etc. Infos et analyses d'actualité. Et conseils, tuyaux, pour s'adapter à la crise, éventuellement au chaos, et même survivre en cas de guerre le cas échéant. Et des pistes, des alternatives au Système, pas forcément utopiques. A défaut de le changer ! Un blog d'utilité publique.
  • Contact

Recherche