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Tout sur la crise financière, économique, sanitaire, sociale, morale etc. Infos et analyses d'actualité. Et conseils, tuyaux, pour s'adapter à la crise, éventuellement au chaos, et même survivre en cas de guerre le cas échéant. Et des pistes, des alternatives au Système, pas forcément utopiques. A défaut de le changer ! Un blog d'utilité publique.

Quant au patronat ... - Commodes amnésies

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Jeudi 9 avril 2009

Le patronat, de la collaboration à la corruption

Les commodes amnésies du petit milieu patronal

Un article de L'Humanité

UIMM : alors que le Parisien a révélé une double affaire, un compte suisse et une « réserve » de 100 millions d’euros, personne, au MEDEF, n’est au courant…

Ils ne savent rien. Rien de rien. Laurence Parisot, présidente du MEDEF, n’en a, promet-elle, jamais entendu parler. Frédéric Saint-Geours, dirigeant de l’UIMM, n’en connaissait pas, jure-t-il, l’existence. Même Denis Gautier-Sauvagnac, son prédécesseur à la tête de la principale fédération patronale, mis en examen pour « abus de confiance » dans l’affaire des retraits d’argent en liquide sur les comptes de l’UIMM, se paie le luxe de faire dire, par le biais de son avocat, qu’il en ignorait absolument tout et qu’il ne s’en explique pas la raison d’être.

 

Chez PSA, l’un des acteurs les plus importants des organisations professionnelles de la métallurgie et, on s’en souvient, bien placé au palmarès des ultimes bénéficiaires de la caisse « antigrève » de l’UIMM Le constructeur automobile a reconnu avoir touché, à l’issue du long conflit social à Aulnay en 2007, 550.000 euros du fonds dit d’« entraide professionnelle des industries de la métallurgie » (EPIM).  À Aulnay, l’UIMM a financé la fermeté de PSA , on « tombe des nues », paraît-il. Révélée, mardi, par le Parisien, la double affaire du compte suisse et du magot de plus de 100 millions d’euros de « réserves », détenus par Groupe des industries métallurgiques de la région parisienne (GIM), la chambre territoriale de l’UIMM en Île-de-France, relance le grand bal des amnésiques du petit milieu patronal.

À Neuilly, l’UIMM roule sur l’or

Après le déclenchement du scandale, fin 2007, l’UIMM a dû admettre qu’elle disposait de plus de 600 millions d’euros de trésorerie, émanant, selon elle, des excédents de sa caisse « antigrève ». Et aujourd’hui, d’après les informations de nos confrères, confirmées depuis par Étienne Bernard, le président du GIM depuis 2004, cette structure territoriale de l’UIMM, sise dans un immeuble cossu de Neuilly-sur-Seine et comptant parmi ses adhérents quelques-unes des plus grandes entreprises industrielles françaises implantées en Île-de-France (Renault, PSA, Dassault, EADS, Areva, Thales, Safran, IBM, etc.), bénéficie de fonds propres évalués à 112 millions d’euros. Ce qui équivaut, pour cette « simple » déclinaison locale d’une « banale » fédération patronale, à une trésorerie plus de trois fois supérieure au budget annuel de fonctionnement déclaré par le MEDEF lui-même…

 


Autre élément de ces révélations, les barons de la métallurgie de la région parisienne, réunis au sein du GIM, ont, admettent-ils aujourd’hui, tablé sur le secret bancaire en Suisse. Selon eux, au printemps 1968, dans le contexte pour le moins agité des grèves ouvrières et du mouvement étudiant, une opération confidentielle aurait conduit les têtes pensantes du GIM à « mettre suffisamment d’argent à l’abri pour pouvoir repartir de zéro, là-bas (à Genève, en Suisse - NDLR), si la maison tombait en France ». Et ce n’est qu’à la fin de l’année dernière que le GIM se serait décidé à clôturer ce compte secret en Suisse. D’après Étienne Bernard, interrogé mardi par le Parisien, il n’était plus doté que de 3 millions d’euros et il « n’a fait l’objet d’aucun mouvement, ni dépôt ni retrait, depuis au moins dix ans ». Dans l’édition d’hier, Jean-Loup Giros, président d’honneur du GIM et ancien trésorier de la Fédération des industries mécaniques (FIM), affirme, « faute d’avoir réussi à convaincre Étienne Bernard de la nécessité de rapatrier ces fonds », avoir pris seul ses responsabilités à l’hiver 2008 : « J’ai moi-même rapatrié l’argent déposé en Suisse en novembre dernier », lance-t-il. Au passage, Jean-Loup Giros admet sans fard en avoir transporté une partie en liquide.

Le patronat pas sorti de sa « préhistoire » ?

Derrière les grandes manœuvres dans le patronat, où, entre les partisans de Laurence Parisot et les défenseurs de Denis Gautier-Sauvagnac, les couteaux sont tirés et où ça larde encore dans tous les sens, la technique est parfaitement rodée, d’un côté comme de l’autre : les montants dans les caisses donnent le tournis, mais restent un mystère total. D’où viennent les fonds ? Où sont-ils passés ? À quoi ont-ils servi pendant des décennies ? Combien de comptes en Suisse ou au Luxembourg peut-on encore s’attendre à découvrir ? Personne ne dit rien, et ceux qui parlent tentent de minimiser la portée du scandale.
« Allons, allons, tournons la page », nous encouragent en substance les patrons des patrons qui évoquent la « préhistoire » du mouvement. « Je ne sais rien de ce qui s’est passé avant, lance Étienne Bernard. Je ne vais pas interroger les morts ! » Pour Jean-Loup Giros, c’est encore plus simple : le compte du GIM en Suisse dont on parle aujourd’hui n’a tout simplement « servi à rien » : « Jamais, depuis sa création, ce compte n’a été actif. » Et quoi qu’il en soit, ajoute-t-il, « rien de tout cela n’était illégal ». Les héritiers des instigateurs des « caisses noires » du patronat ont-ils la mémoire qui flanche ? Ils prétendent aujourd’hui que l’argent accumulé sur leurs comptes dissimulés a servi aux « missions traditionnelles » de l’UIMM et de ses déclinaisons locales : avec ces fonds, il s’agit, selon Étienne Bernard, d’« aider nos adhérents », de « les conseiller ». Le problème, pour ce patronat dans l’embarras, c’est que ce ne sont pas les morts qui parlent, mais les livres d’histoire et les archives de presse, y compris récentes…

Dans l’ADN de l’organisation patronale

Depuis sa création, en 1920, le GIM, à l’instar de l’UIMM qui l’englobe et sur laquelle il pèse, « aide » ses adhérents, leur « conseille » de rester fermes face aux revendications salariales et active ses « réseaux » parlementaires pour faire la loi. Dès l’origine, Étienne Villey, l’un des hommes clés du patronat de la métallurgie, théorise le regroupement des entreprises comme le meilleur moyen de juguler les grèves ouvrières, l’émergence d’un syndicalisme combatif et, en particulier, du Parti communiste. Des « caisses d’assurance » contre les grèves et le chômage forcé sont mises en place ; des actions de propagande « antibolcheviques » sont lancées à destination des ouvriers ; face à un patron tenté de céder aux exigences ouvrières, l’Union se charge de rappeler la nécessaire solidarité patronale. Cette conception de l’action patronale a été hégémonique pendant près d’un siècle dans les rangs du patronat : elle a conduit, par exemple, le GIM et l’UIMM à financer directement les activités des « réseaux Albertini »*, une officine qui, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, a recyclé de nombreux pétainistes pro-nazis, puis dans les années soixante-dix, les chiens fous de l’extrême droite comme Alain Madelin ou Hervé Novelli, dans l’action contre le « péril rouge », avec fichage des militants syndicaux, travail de « contre-propagande » et opérations barbouzardes… Le compte du GIM en Suisse, créé selon la version officielle au printemps 1968 par Claude Ventre (le successeur d’Étienne Villey à la tête de la chambre territoriale de l’UIMM), s’inscrit manifestement dans le même climat. Tout comme la caisse « antigrève » de l’UIMM, constituée officiellement en 1972, sous la houlette de François Ceyrac… Mais au MEDEF, à l’UIMM et au GIM, personne ne sait rien. Rien de rien.


Thomas Lemahieu


* POUR EN SAVOIR PLUS SUR LES RESEAUX ALBERTINI,
le passé de collaboration avec les nazis, les liens avec le grand patronat (et aussi avec la SFIO, le parti socialiste d'alors), les officines anticommunistes, Le Figaro, les syndicats "indépendants", les ultralibéraux de l'ALEPS (qui poursuivent leur activité aujourd'hui, en liaison avec l'UIMM et le GIM

Voir notre blog canempechepasnicolas
l'appel à lire dans "DEUX LIVRES A LIRE" :
"Le dossier Georges ALBERTINI, une intelligence avec l'ennemi"


http://pcfcapcorse.over-blog.com/article-30086941.html

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E
Merci de ton texte, je l'ais mis en post, cordialement, eva
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A
UIMM-GIM : d’où vient l’argent du compte suisse ?<br /> Curieuse affaire que celle de la caisse noire de l’UIMM. Voici qu’on nous révèle un compte secret en Suisse (Le Parisien du 7 avril) qui est clôturé depuis une bonne année. Et voilà une nouvelle affaire qui n’a rien de bien méchant puisque le président du Groupe des industries métallurgiques (GIM), Etienne Bernard, explique tranquilllement que ce compte n’avait "plus de sens". Que se passait-il dans ce compte ? Etienne Bernard répond : "Je n’en sais rien, je ne peux interroger les morts".<br /> La vraie question est pourtant bien de savoir d’où venait l’argent qui alimentait ce compte ainsi que d’autres. Là, personne ne répond. Or, nous révélions dans un numéro de Politis daté du 30 avril (voir l’article en accès libre "Mauvais fonds") les mécanismes qui ont permis d’alimenter ces fameux comptes de l’UIMM-GIM. Et nous parlions déjà de ce GIM et aussi de la fédération des industries mécaniques (FIM), qui regroupe une cinquantaine de syndicats patronaux. GIM et FIM, disions-nous, n’ignoraient rien des mécanismes permettant d’alimenter la caisse noire et les fameux comptes. Pas besoin d’aller en Suisse pour le découvrir.<br /> Le GIM (1), principal syndical patronal, détenait depuis plus de quarante ans un compte bancaire à la PKB de Genève dans le plus grand secret, apprend-on. Mais, heureux hasard, le compte a été clôturé en 2008. Pourquoi ? En raison du scandale de l’UIMM, révélé en septembre 2007. Osons dire que ces puissantes organisation ne voulaient qu’on en sache trop sur la provenance des fonds amassés, c’est-à-dire plus de 700 millions d’euros identifiés dans le cadre de l’enquête du juge Roger Le Loire.<br /> Le juge chargé de l’enquête sur la caisse noire de l’UIMM détient pourtant de précieux témoignages sur la provenance de ces fonds. Dont celui d’Annick Lepage, ancienne chargée de mission de Mécavenir, association chargée de la formation professionnelle au sein de la FIM. Annick Lepage avait notamment une intéressante mission : elle consistait à mettre fin à des "dysfonctionnements importants" dans un centre de formation. En clair, elle décrit un certain nombre de détournements de fonds de la formation professionnelle.<br /> Elle présente en 1997 un dossier dit "sensible" par sa direction, qui sera transmis à Jean-Loup Giros. Qui est-il ? L’ex-président du GIM, l’ex-trésorier de la FIM et l’ex-président de l’Aforp, un important centre de formation du GIM. Le même GIM qui avait un compte secret en Suisse… Et qui s’agitait dans les années 2000 quand l’une de ses salariées rendait compte des comptes domiciliés à la Caisse des dépôts.<br /> Le même Jean-Loup Giros, auquel à succéder Etienne Bernard (président du GIM depuis 2004), déclare au passage (Le Parisien du 8 avril) que le compte du GIM en Suisse n’a "servi à rien" : "Jamais, depuis sa création, ce compte n’a été actif". Ah bon ? Mais comment a-t-il été alimenté ? Pas seulement par les cotisations des 2700 entreprises adhérentes. Et où sont les autres comptes ? "Mon dossier a provoqué de nombreuses réunions avec les hautes instances de la Fédération des industries mécaniques, de l’Union des industries métallurgiques et minières et le Groupement des industries métallurgiques (sic)", explique cette dame qui ne comprenait pas à l’époque qu’elle avait découvert une partie d’un circuit fort nauséabond.<br /> Que nous dit le dossier sensible signé par un dirigeant de la FIM ? D’abord que l’existence de comptes domiciliés à la Caisse des dépôts par le biais de l’association des anciens élèves d’un centre de formation, avec des mouvements de fonds importants, était chose courante. "des membres de la famille des "permanents du système" (qui) bénéficient des retours sur commissions par le biais de la création d’entreprise qui produisent des fausses factures ; des permanents d’organisations professionnelles (qui) se font rémunérer par des interventions en tant que "conseiller en …" Des bricoles qui ont été évaluées à plus de 1,2 millions d’euros en un an et demi. Pas mal.<br /> Annick Lepage a aussi le culot d’affirmer que les membres de la FIM, de l’UIMM et du GIM étaient "parfaitement au courant du système mis en place". En 2000, écrit Le Parisien, le nouveau délégué général du GIM, Pierre Chasseguet, "décide de remettre d’équerre les finances de cette vieille maison et embauche un expert-comptable chargé d’auditer les comptes chaque année mais sans pour autant les divulguer". Ce sont les services de Jean-Loup Giros et de Pierre Chasseguet, note Annick Lepage, qui "établissait le montage de mon dossier de licenciement". Pas très moral tout ça. C’est sans doute pour cette raison que le dossier d’Annick Lepage n’est pas encore sur la place publique…<br /> <br /> HISTOIRE D’UNE 3ème CAISSE NOIRE CACHEE !!!!!!!!!!!!!<br /> Extrait de : UIMM : un siècle de pressions patronales<br /> Par David Servenay | Rue89 | 21/03/2008 | 18H13<br /> Une première affaire de caisse noire, au Luxembourg<br /> Autre aspect, révélé dans les Dossiers du Canard de 1988, une caisse noire au Luxembourg. Cette fois-ci, c'est une association entre l'UIMM et Assimilor (Association des chambres syndicales de la sidérurgie et des mines de fer de Lorraine) qui décident de placer 1,35 million de francs (reliquat des restructurations dans la région) en actions. Robert Eisenkopf, comptable de l'entreprise Wendel et des associations patronales, est chargé de cette tâche délicate. <br /> Il place ces fonds au Luxembourg, dans une succursale de la Chase Manhattan Bank. Manque de chance, le 14 juin 1977, le comptable est intercepté dans l'express Luxembourg-Paris, alors qu'il consulte des documents bancaires dans le train. Incapable de justifier de la moindre autorisation d'ouverture de compte à l'étranger, il raconte tout aux douaniers. <br /> Finalement, après une semaine de prison, il est libéré suite à l'intervention de Maurice Papon, alors ministre du Budget. En échange, l'UIMM accepte de régler une amende de 2,7 millions de francs. Conclusion du Canard : « Pas de procès, pas de scandale. » <br /> 2008 - Une crise profonde, avant une normalisation ? <br /> Ironie de l'histoire, le 19 août 1997, une partie des archives du Crédit Lyonnais partent en fumée dans l'incendie de trois hangars au Havre. Les experts sont formels : ce n'est pas un accident. Or, dans ces entrepôts, outre les archives de neuf banques relatives à la période de Vichy, se trouvait aussi une partie des archives du GIM de la région parisienne. <br /> Tout cela ne répond pas à la question de savoir où sont passés les 19 millions d'euros distribués en liquide par l'UIMM, entre 2000 et 2007 ? D'autant plus que la cotisation à l'Epim est passée de 0,2 pour mille à 0,4 pour mille en 2001. Dans ces conditions, comment croire à la défense du septième délégué général, Denis Gautier-Sauvagnac ?
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