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Honduras : le double jeu des Américains

 

Monde 29/09/2009 à 15h47
Honduras : le double jeu des Américains
ANALYSE

Le coup d'Etat du 28 juin porte la marque de fabrique des États-Unis, qui ne manquaient pas de mobiles.

 

YANN LIBESSART

John Negroponte à Bagdad en janvier 2009

John Negroponte à Bagdad en janvier 2009 (Erik de Castro / Reuters)


Enfin des gestes de bonne volonté. Le président putschiste du Honduras, Roberto Micheletti, s'est dit prêt lundi soir à «abroger» son décret instaurant un état de siège de 45 jours et a renouvelé son invitation à une mission de médiation de l'Organisation des Etats américains (OEA) qu'il avait fait expulser la veille. En parallèle, son rival Manuel Zelaya, toujours réfugié à l'ambassade du Brésil, appelait la communauté internationale à «restaurer l'état de droit» dans le pays, rompant ainsi avec ses précédentes déclarations encourageant le soulèvement populaire.

Washington avait rappelé à l'ordre les deux hommes lundi par l'intermédiaire d'un des représentants des Etats-Unis à l'OEA, Lewis Amselem. Ce dernier avait qualifié l'expulsion des diplomates de l'OEA d'«insultes à la communauté internationale», tout en décrivant le retour clandestin de Manuel Zelaya d' «acte irresponsable et idiot». Hillary Clinton serait en fait furieuse que ce retour impromptu, facilité par le Brésil et le Vénezuela, ait fait échouer la médiation du président costaricain Oscar Arias, fidèle allié des Etats-Unis.

Usual suspects

Lors du putsch mené le 28 juin, les protestations américaines étaient pourtant restées timides, accréditant la thèse d'un blanc-seing de Washington, voire d'un pilotage secret d'anciens membres de l'administration Bush, dont le diplomate John Negroponte.

Au début des années 1980, ce dernier était ambassadeur de Ronald Reagan à Tegucigalpa, la capitale hondurienne. Il reste considéré comme le coordinateur de l'Irangate, soit le financement des Contras du Nicaragua, les paramilitaires opposés à la révolution sandiniste de l'actuel président nicaraguayen Daniel Ortega, par l'intermédiaire de ventes d'armes clandestines à l'Iran, alors en guerre contre l'Irak.

Après le 11 septembre 2001, George W. Bush avait nommé Negroponte ambassadeur à l'ONU, puis à Bagdad, avant de le placer en février 2005 à la tête de la direction du renseignement national, un placard doré créé pour lui, d'où il était sorti début 2007 pour devenir l'adjoint de Condoleeza Rice au Département d'Etat. Depuis l'élection d'Obama, le nervi républicain conserve un poste de conseiller dans l'équipe d'Hillary Clinton.

Un autre homme possède un CV suspect. L'actuel ambassadeur des Etats-Unis au Honduras, Hugo Llorens, proche de Negroponte, avait déjà été cité comme instigateur du coup d'Etat avorté contre Hugo Chavez en février 2002. Il dirigeait alors les affaires andines au conseil de sécurité nationale. Début juin, quelques jours avant le putsch, le réfugié cubain naturalisé avait déclaré au sujet du projet de Zelaya de modifier la constitution: «On ne peut pas enfreindre la constitution pour créer une autre constitution, parce que si l'on ne respecte pas la constitution, nous vivons tous sous la loi de la jungle.»

La Françafrique américaine

Les Américains, inquiets de la poussée gauchiste en Amérique latine et soucieux de préserver leur base militaire hondurienne de Soto Cano, à Palmerola, ne manquaient pas de mobiles pour souhaiter la chute de Zelaya, dont le rapprochement avec Hugo Chavez lui valait des ennemis jusque dans son propre camp du parti libéral.

L'implication souterraine des réseaux néoconservateurs est plus que probable au regard du lourd passif de ces derniers. Reste à savoir si l'administration Obama a ignoré, fermé les yeux, ou encouragé leurs manoeuvres dans le pré carré sud-américain des Etats-Unis, qui n'a décidément rien à envier à notre Françafrique.



http://www.liberation.fr/monde/0101594070-honduras-le-double-jeu-des-americains?y=1
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