En mars et avril de cette année, la déforestation au Brésil a atteint des chiffres records. Au point que le gouvernement brésilien lui-même s’en est ému et doit envisager un durcissement de sa politique d’autorisation des cultures sur les terres boisées, alors que débute une crise alimentaire mondiale, prévue pour être l’une des plus fortes de ces dernières décennies
La Ministre de l’Environnement, Izabella Teixeira, a annoncé, en conférence de presse, avoir créé un « cabinet de crise » pour rechercher les causes de cet accroissement, sans précédent, de la déforestation amazonienne, qui touche essentiellement le centre-ouest de l’Etat du Mato Grosso. La surface de forêt tropicale perdue, durant les mois de mars et d’avril, atteindrait, selon les données obtenues par les cartes satellites, 593 km², soit 473% de plus que pour la même période en 2010.
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La Ministre de l’Environnement, Izabella Teixeira
Durant celle qui va d’août 2010 à avril 2011, on mesure une augmentation de 27% de disparition de la forêt tropicale. Cela préfigure un chiffre record de la déforestation pour la présente année 2011. Les chiffres de mars et d’avril sont d’autant plus inquiétants qu’ils correspondent à une période saisonnière, où ceux-ci devraient être normalement bas. Plus rien ne semble donc arrêter les bûcherons, pas même les saisons et les pluies !
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La forêt amazonienne aura perdu 25% de sa couverture originelle
La politique incohérente donne le pas à l’agro-alimentaire
Comme nous le disions plus haut, cette situation exceptionnelle a amené le gouvernement de Brasilia à réagir. Mais il a été bloqué, au Congrès, par la discussion d’un projet de loi, déposé fin 2010, sur un nouveau Code de la Forêt. Et celui-ci inclut, en particulier, l’amnistie de tous les fermiers qui, ces dernières années, auraient illégalement déboisé sur leurs terres.
Aussi, les écologistes soulignent-ils les incohérences des politiques gouvernementales de la gauche « alternative » au pouvoir, qui concède par la loi beaucoup de poids aux intérêts économiques des lobbys fermiers, en abandonnant tous les progrès obtenus dans ce domaine par les luttes écologiste et indigène pour la préservation de ce qu’il faut bien appeler la « forêt du monde » et le « poumon de la planète ».
Les écologistes, mais aussi nombre d’avocats ou de députés de gauche, ont dénoncé l’effet nocif, sur les planteurs, du décret d’amnistie prévu par le Code. La destruction de la forêt, causée largement par le déboisement pour le bétail et l’augmentation des terres cultivées, est une source majeure d’émissions polluantes contribuant au changement climatique en cours.
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Une forêt en danger
Qu’est-ce que le Code de la Forêt ? Il s’agit d’un texte régulateur, un peu pensé comme l’ancien Code Noir sur l’utilisation « légale » des esclaves. C’est-à-dire qu’il ne vise pas l’’interdiction du défrichage dans des zones protégées, réclamée vigoureusement par les écologistes et les Amérindiens mais il se propose d’être un texte de compromis avec les fermiers, exprimant du coup, pour certains, une position réaliste face à une situation locale de prédation générale.
Le Code de la Forêt a fait l’objet de vifs débats au Parlement, entre partisans d’une croissance infinie et défenseurs de la forêt. En fait, sur cette question de la déforestation, le gouvernement brésilien est gêné aux entournures et prisonnier de ses contradictions, à la fois économiques et écologiques, car dans sa dernière campagne électorale, Dilma Rousseff avait promis, aux communautés indigènes et aux écologistes, la protection « intégrale » de la forêt !
Des politiciens aussi roublards que chez nous
Le Code de la Forêt réduit la proportion de forêt que les fermiers doivent protéger ; il autorise le déboisement du haut des collines, jusqu’alors interdit, et il déclare l’amnistie générale pour tous les défrichements passés. Le texte a été plutôt bien accueilli chez les fermiers brésiliens.
Il est, pour eux, satisfaisant puisque, c’est en ayant plus de flexibilité sur les régulations environnementales, qu’ils affirment pouvoir faire face à la concurrence des grosses fermes des Etats-Unis ou du voisin argentin. Le Brésil, ne l’oublions pas, compte parmi les plus gros exportateurs mondiaux de soja, de bœuf carné, de poulet, de café et autres produits agricoles phares.
En fait, ce qui a causé la détérioration récente de la déforestation dans l’Etat du Mato Grosso n’est pas très clair. L’Etat provincial a perdu, rien qu’en avril, la moitié de la forêt qu’il avait perdue durant toute l’année 2010 (400km²) ! Malgré ces chiffres inquiétants, le gouvernement se dit décidé à mettre un terme aux excès des bûcherons et veut s’assurer que, durant la période de juillet-août, le déchiffrement soit stoppé ou, du moins, sévèrement encadré.
L’ordre a été donné, aux gouverneurs de province, de réduire drastiquement la déforestation en juillet. « C’est une promesse sur laquelle le gouvernement s’engage fermement. Nous devons achever notre plan national de lutte contre le changement climatique » a martelé la Ministre de l’Environnement.
Durant la période 2009-2010, la déforestation de l’Amazonie était tombée à son plus bas niveau, avec 6 500 km² et ce, après un pic exceptionnel de 11 235 km² au milieu des années 90.