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Tout sur la crise financière, économique, sanitaire, sociale, morale etc. Infos et analyses d'actualité. Et conseils, tuyaux, pour s'adapter à la crise, éventuellement au chaos, et même survivre en cas de guerre le cas échéant. Et des pistes, des alternatives au Système, pas forcément utopiques. A défaut de le changer ! Un blog d'utilité publique.

Année de crise. Année des peuples qui bougent ! (Patrick Le Hyaric)

Année de crise. Année des peuples qui bougent !

by Patrick Le Hyaric

 

eurodéputé, directeur du journal l'Humanité

L’année s’étire lentement sans que l’hiver ne vienne encore. Cette douceur apparente cache bien des basculements. Ainsi, le chaos du réchauffement climatique dont on a parlé à Durban. Cette conférence aura déçu. Le débat qui l’a entourée aussi. Et, comme souvent en fin d’année, un navire, sans tenir compte des consignes de sécurité, est sorti du port de Lorient pour aller vomir sur les belles plages d’Erdeven. Insupportable !

S’attaquer à la crise écologique reviendrait à tenter de résoudre la crise globale. Ceci nécessiterait en effet, dans une visée de métamorphose environnementale, d’impulser la recherche, la transformation des systèmes productifs pour le bien des êtres humains et de la nature, d’investir comme jamais dans les services publics des transports, de l’énergie, du logement et dans une nouvelle agriculture, une nouvelle industrie.

Ceci créerait des millions d’emplois et relancerait l’activité.

S’attaquer à la crise globale passe par une impulsion sociale audacieuse : nouvelle répartition des richesses au bénéfice des travailleurs et de la société, réforme de la fiscalité et du crédit, sécurisation de l’emploi et de la formation en sont les outils. Autant dire que la récession qui se profile n’a rien de fatal.

 

André Carrel, le résistant, le journaliste

L’année s’étire lentement et vient de nous enlever celui qui a animé la rédaction de l’Humanité Dimanche trente-quatre années durant. André Carrel a en effet été le rédacteur en chef de votre magazine de 1957 à 1981. Une grande épopée historique. André Carrel a été avec André Tollet l’un des libérateurs de Paris. Ce grand résistant n’avait depuis cessé de maintenir « comme une flamme vivante » les valeurs de la Résistance et du Conseil national de la Résistance. Parmi ces acquis, il défendait ardemment les ordonnances sur la presse de 1944 comme, disait-il,  « un très grand moment émancipateur de notre histoire. Non seulement la presse de la collaboration fut mise en cause, mais aussi la toute puissance de l’argent sur l’ensemble de la presse ».

Son imposante stature physique ne cachait ni sa vivacité d’esprit, ni sa culture étendue, ni ses talents de journaliste.

Acteur des événements du siècle et décrypteur de ces événements, André Carrel, le résistant, le journaliste, le camarade restera un exemple de courage, de modestie, d’écoute de l’autre pour nous tous.

Dans le patrimoine qu’il nous lègue, il y a ce beau magazine l’Humanité Dimanche.

Le 10 décembre dernier, près de trois cent de ses militants s’étaient réunis pour poursuivre et revivifier cette œuvre, avec les équipes de l’Humanité et de l’Humanité Dimanche.

 

Pluralisme à défendre

C’est un besoin pour la respiration de la démocratie.

Cette année qui s’étire aura été celle de la destruction de nombreux journaux à travers le monde.

Ici, c’est France-Soir et la Tribune qui se trouvent dans une terrible agonie. D’autres journaux souffrent, alors que le pouvoir réduit les aides publiques au pluralisme de la presse. La mobilisation pour le défendre ne doit pas se relâcher. Ce pluralisme des idées doit aussi vivre à la radio et la télévision où le Front de Gauche n’a pas la place qui lui revient. A l’intérieur de celui-ci, le Parti communiste est plus que spolié, méprisé, insulté parfois, alors que l’extrême-droite a quasiment micros et plateaux de télévision ouverts pour déverser, comme si de rien n’était, ses mensonges, ses fausses solutions, son rejet de l’autre. J’ai été outré que durant toute l’émission politique sur France 5, avec Mme Le Pen, l’écran affiche en permanence : « M. Le Pen : reine des invisibles ». Révolté aussi de la manière dont on a parlé du secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, dans l’émission d’Yves Calvi « C dans l’air ». C’est proprement scandaleux ! Tout aussi ignoble,  tous ces lettrés qui répètent que la Corée du Nord est régie par un régime communiste. La dictature est l’antinomie du communisme.

 

Derrière le « produire français » une mystification

Mystification ! Parmi les solutions lancées à la volée des débats, en cette fin d’année, il y a le « produire français ». Que n’a-t-on pas entendu lorsque le Parti communiste l’a dit, en attirant, à l’époque, l’attention sur la gravité de la désindustrialisation et de l’affaiblissement de l’agriculture.

Derrière la propagande actuelle de la droite et de l’extrême-droite se cachent un mensonge et un projet redoutable. Celui non pas de défendre nos nombreux atouts mais d’abaisser encore les niveaux de rémunération et de protection sociale pour les aligner sur les pays à bas niveaux sociaux.

Le mensonge : il n’y aura pas de relance de notre production nationale ni de création d’emplois avec un euro si élevé, comparé au dollar, ni avec le dogme du libre-échangisme intégral qui met en concurrence les activités et les salariés entre eux à l’échelle de la planète. On ne peut donc être,  à la fois  pour le développement de notre industrie et pour les traités européens.

Le redoutable projet : c’est donc la baisse des salaires. Le projet de la droite et de l’extrême-droite vise à culpabiliser les salariés et les paysans en leur demandant d’être compétitifs par rapport à ceux d’autres pays, donc d’accepter l’allongement de la durée du travail et la baisse des salaires, des prix agricoles à la production et des niveaux de protection sociale. C’est le nivellement par le bas. C’est la spirale antisociale.

Au nom de ce mot d’ordre qui n’est que celui de la guerre économique, il propose de marcher et marcher encore vers le recul de civilisation. C’est ce qui se produit en Allemagne. Une étude vient de montrer que la durée de vie des travailleurs les moins bien payés a reculé de deux années. Il ne faut donc pas laisser faire. Les chercheurs, les travailleurs, les agents des services publics sont en mesure de relancer une nouvelle grande politique industrielle et agricole.

 

Récession et triple… ?

L’expérience des prétendues actions contre la crise a montré qu’elles aggravent cette même crise au point de placer la zone euro et la France dans une inquiétante récession. C’est-à-dire ce que les économistes appellent une « croissance négative ». La combinaison de la récession et de l’asphyxie du crédit pourrait préparer une catastrophe pour nos vies quotidiennes. On parle même de plus en plus d’un anéantissement de la zone euro. Ce serait une très mauvaise nouvelle pour nos vies quotidiennes.

Il n’y a qu’une issue. Et il y a urgence ! Celle, de forcer par décision politique, la Banque centrale européenne à racheter tout ou partie des dettes des Etats par création monétaire et à impulser un crédit à très bas taux d’intérêt pour refinancer les banques qui favoriseraient des projets d’investissement, de développement, créateurs d’emplois.

Cet enjeu devrait faire l’objet d’une grande bataille publique pour sortir des actuelles impasses, pour empêcher que le chômage et la misère s’étendent dans toute l’Europe.

C’est donc un combat d’intérêt général.

Loin des psalmodies contradictoires de M. Sarkozy. Le 29 octobre il déclarait à la télévision : « Nous avons le triple A, c’est-à-dire que nous sommes considérés comme un pays bien géré ». Et le 12 décembre il disait, avec le même aplomb : « Si les agences de notation devaient nous retirer le triple A ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable ». Pourquoi alors avoir imposé la contre-réforme des retraites et deux plans d’austérité au nom du triple A ? C’est le triple mensonge ! Les citoyens européens ne laissent pas faire. Ils ont raison ! D’autant que se prépare dans leur dos un nouveau traité européen dont les maîtres mots sont : « discipline » et « sanctions » pour les Etats qui ne respecteraient pas les ordres de la toute puissance d’une Commission européenne, non élue.

L’une des grandes missions que devrait se fixer le Front de Gauche serait de les aider à dégager pour les classes populaires une issue progressiste, transformatrice. Il doit s’assigner comme devoir de ne pas laisser les classes travailleuses et les privés d’emploi entre les griffes de l’extrême-droite qui les trompe. Et faisons éclater la vérité ! Jean-Luc Mélenchon est du côté du mieux-être pour les peuples. Du côté de ceux qui veulent se débarrasser du capitalisme. La famille Le Pen est la représentante des fortunés de Saint-Cloud et du national capitalisme.

Il faut sans cesse se rappeler à l’histoire au moment où des peuples cherchent à s’émanciper de l’oppression et de dictatures corrompues.

 

Union nationale : le piège

Voilà que D. Cohen-Bendit reprend l’idéet de la droite de créer une unité nationale. Non. On ne peut pas associer les responsables de la crise et ceux qui la subissent, ceux qui « rassurent » les marchés financiers et ceux qui veulent les faire plier.

 

Salah Hamouri, libre… enfin

C’est un beau mouvement de solidarité qui a permis enfin de sortir Salah Hamouri des geôles israéliennes. Son courage, sa ténacité forcent l’admiration. Injustement incarcéré sept ans durant, le gouvernement français doit maintenant demander des comptes aux autorités israéliennes et réclamer réparation du vol de sept années de sa jeunesse.

Il a été libéré avec cinq cents autres prisonniers politiques palestiniens. Maintenant, il faut que tous les prisonniers palestiniens incarcérés, soient libérés sans condition. Marwan Barghouti est leur figure de proue. C’est le Mandela d’aujourd’hui.

 

Cesaria Evora, une perle s’en va

L’année s’étire et une voix magnifique d’insoumise, venue des tréfonds d’un si lointain et si bel archipel, s’en est allée. En quittant la grande scène de la Fête de l’Humanité en 1997, elle avait dit simplement qu’elle avait « éprouvé ici quelque chose de spécial : la fraternité ». Quel bel hommage ! Nous regrettons déjà cette femme créatrice, libre, rebelle.

 

Vaclav Havel nous a quitté

Lui aussi nous quitte au terme d’une maladie longue. J’avais rencontré, il y a quelques mois, le cofondateur de la « Charte 77 ». Cet intellectuel, écrivain, philosophe, qui a tant donné pour la démocratie et la liberté. Opposant au régime soviétique de Tchécoslovaquie, il est devenu le Président libéral et conservateur de son pays. Il était aussi un militant de l’unité européenne. Son soutien à la guerre en Irak et au libéralisme européiste nous séparait, mais son idée du « pouvoir des sans-pouvoir » est forte et belle. Qu’elle vive et se réalise.

 

Le manifestant

Signe des temps : le magazine nord-américain « Time » vient de désigner le manifestant comme sa personnalité de l’année 2011. Parce qu’ils « ont déjà changé l’histoire et ils changeront l’histoire à l’avenir », selon l’éditorial du magazine. Du printemps arabe à Athènes, d’Occupy Wall Street jusqu’à Moscou, des actions pour les salaires à celles pour l’emploi, de l’action contre la précarité à celle contre la pollution à Etel et ailleurs, de l’action contre la corruption à la défense des droits et des libertés, jusqu’à la reconnaissance de l’Etat palestinien à l’ONU, c’est la figure du manifestant qui se lève.

Dans l’immense affrontement que mène la classe de l’oligarchie capitaliste contre les peuples, c’est le « manifestant » qui se lève. Il fera lever l’espoir. Ce sont les peuples qui font l’histoire. Ils peuvent même l’accélérer dès 2012.

Car les consciences des peuples, comme la réalité, sont à un point de basculer vers… autre chose. Le monde change. Il ne sera plus le même qu’avant cette crise. A nous de lui donner le sens du partage, de la mise en commun, contre la toute puissance de la marchandise et du profit.

L’année s’étire, l’année de la crise totale. L’année où les peuples se lèvent. Nous vous souhaitons les meilleures fêtes de fin d’année possibles.

En 2012, nous serons toujours là, fidèles à vos aspirations, vos colères, vos espoirs.

Patrick Le Hyaric | 22 décembre 2011 at 5 05 54 125412 | Catégories: L'Humanité-Dimanche,

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