61 % des Français tiennent à l’Europe, et 71 %, à l’euro, qu’ils n’envisagent pas une seconde d’abandonner pour un retour au franc. Mais cela n’empêche pas 88 % d’entre eux d’être formidablement inquiets devant l’évolution du continent, le poids de la dette, le montant des déficits. La France peut-elle demain connaître une « dérive grecque » ? 61 % des personnes interrogées par l’Ifop – un pourcentage impressionnant – répondent sans hésiter : oui, hélas ! Du coup, en Europe, ce sont les Français, après les Britanniques, qui sont proportionnellement les plus nombreux (50 %) à souhaiter que l’on « zappe » – ou, au moins, que l’on mette entre parenthèses – les accords de Schengen (qui ont organisé la libre circulation au sein de l’Union) et que soient rétablis des contrôles aux frontières. Toute l’ambivalence du rapport compliqué des Français à l’Europe est contenue dans ces chiffres. Que disent, en effet, les Français ? A la fois un « oui » à l’Europe (protectrice) et un « non » à l’Europe (poreuse et qui s’effiloche). C’est là le fruit d’une grande enquête conduite dans toute l’Europe par l’Ifop à la demande du Mouvement pour la France (MPF), du souverainiste Philippe de Villiers, lequel en a confié les résultats en exclusivité à France-Soir. Quatre leçons principales à tirer
1. Les Français tiennent à l’Europe Pas question d’abandonner l’euro, disent 71 % des sondés (une adhésion record à l’échelle de l’Europe). Oui, la construction européenne est « plutôt une bonne chose », estiment 61 % des personnes interrogées. Sans surprise, les Britanniques, qui habitent une île, restent les plus réticents. En revanche, l’adhésion est forte en Espagne (74 %), en Italie (72 %) et aussi en Allemagne (65 %). 2. Les Français s’affolent du montant des dettes En Europe, les plus inquiets sont les Italiens (90 %). Juste derrière : les Français et les Espagnols (88 %). Les Allemands ne sont pas loin (84 %). 3. Les Français craignent la contagion grecque Qui l’eût imaginé voilà quelques années ? 61 % des sondés (dont 69 % des 35-49 ans, 70 % des ouvriers et 76 % des sympathisants du Front national) pensent que la France, sur la pente actuelle, n’est pas à l’abri d’un destin grec. Les seuls – et cela en dit long – qui s’estiment protégés sont les Allemands : 64 % n’y croient pas pour eux (soit 10 points de plus qu’en décembre 2010). Du coup, ils sont 59 % à estimer que leur pays a déjà beaucoup fait et n’a aucune raison d’aider la Grèce davantage. En fait, les plus compréhensifs envers la Grèce sont les pays qui se disent qu’ils pourraient avoir besoin un jour d’une aide de ce type ou que, sans cette aide, eux-mêmes basculeront, dans l’ordre : l’Italie, la France, l’Espagne. 4. 50 % des Français souhaitent des contrôles aux frontières Tous les autres pays – à l’exception de la Grande-Bretagne – restent majoritairement favorables à la libre circulation au sein de l’Union, conformément aux accords de Schengen. Jamais l’Europe, du moins pour les pays du continent, n’est apparue aussi vitale et, en même temps, doutant autant d’elle-même. A l’heure du laxisme dévastateur de nos amis grecs et des déficits qui s’empilent, ce dossier-là, c’est une évidence, sera au cœur de la campagne présidentielle de 2012. D'où viennent ces chiffres ?
Les résultats du sondage sont tirés d'enquêtes menées par l’Ifop pour le MPF en France du 21 au 23 juin et dans les autres pays du 22 au 27 juin, par questionnaires autoadministrés en ligne,
– en France auprès d’un échantillon national représentatif de 1.006 personnes.
– en Allemagne auprès d’un échantillon de 603 personnes
– en Espagne auprès d’un échantillon de 600 personnes
– en Italie auprès d’un échantillon de 605 personnes
– au Royaume-Uni auprès d’un échantillon de 604 personnes.
Chaque fois, les personnes interrogées étaient âgées de plus de 18 ans. Méthode des quotas.