Et avec cette quatrième séquence on entre dans le cœur du processus de contagion qui va faire exposer la bombe de l'endettement fédéral US. Car, d'une part, en créant un contexte médiatique et financier mondial ultra-sensibilisé aux questions d'endettement public, Wall Street et la City ont rendu visible l'ampleur insoutenable des déficits publics US, britannique et japonais (20). Cela a même obligé les agences de notation, fidèles chiens de garde des deux places financières, à se lancer dans une folle course à la dégradation des notes des Etats. C'est pour cette raison que les Etats-Unis se retrouvent maintenant sous la menace d'une dégradation, comme nous l'avions anticipé, alors même que cela paraissait impensable à la plupart des experts il y a seulement quelques mois. Et parallèlement, le Royaume-Uni, la France, le Japon, … se retrouvent également dans le collimateur des agences (21).
Rappelons-nous que ces agences n'ont jamais rien anticipé d'important (ni les subprimes, ni la crise mondiale, ni la crise grecque, ni le Printemps arabe, …). Si elles dégradent à tout va aujourd'hui, c'est qu'elles sont prises à leur propre jeu (22). Il n'est plus possible de dégrader A sans toucher à la note de B si B n'est pas en meilleure situation. Les « présupposés » sur le fait qu'il est impossible à tel ou tel Etat de faire défaut sur sa dette n'ont pas résisté à trois ans de crise : c'est en cela que Wall Street et la City sont tombés dans le piège qui guette tous les apprentis-sorciers. Ils n'ont pas vu qu'il leur serait impossible de maîtriser cette hystérie entretenue autour de la dette grecque. Ainsi aujourd'hui, c'est au Congrès US, dans le cadre du violent débat sur le plafond d'endettement et les coupes budgétaires massives, que se développent les conséquences des articles manipulateurs de ces derniers mois sur la Grèce et la zone Euro. Encore une fois, notre équipe ne peut que souligner que si l'Histoire a un sens, c'est indéniablement celui de l'ironie.
Et les apprentis-sorciers n'ont pas fini de payer leurs erreurs car le système bancaire mondial va être la première victime d'une restructuration de la dette grecque. Les banques grecques, françaises, allemandes qui sont les plus exposées à la dette grecque seront affectées directement par les pertes que vont représenter ces rééchelonnements de dettes. L'état d'insolvabilité structurelle du secteur bancaire occidental (il suffit de regarder les bilans de la Fed, de la BCE, de la Banque d'Angleterre, de la Banque du Japon pour constater que ce secteur est soutenu à bout de bras par les liquidités des banques centrales), dans un moment de récession économique mondiale (23) (ce dans quoi nous entrons au second semestre 2011 (24)), va générer un effet domino qui, partant des banques de l'Euroland, va s'étendre à toutes les banques occidentales. Pensez au cas de l'Irlande dont l'Etat a purement et simplement racheté les banques en faillite (comme au Royaume-Uni d'ailleurs) et où les banques US et britanniques sont sur-exposées : combien de temps entre un rééchelonnement grec et une panique autour des banques irlandaises ? Moins d'une semaine selon notre équipe. Et une semaine de plus pour que Wall Street et la City soient à nouveau emportées dans la tourmente.