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Tout sur la crise financière, économique, sanitaire, sociale, morale etc. Infos et analyses d'actualité. Et conseils, tuyaux, pour s'adapter à la crise, éventuellement au chaos, et même survivre en cas de guerre le cas échéant. Et des pistes, des alternatives au Système, pas forcément utopiques. A défaut de le changer ! Un blog d'utilité publique.

L’actualité des crises : La terre brûlée comme politique (F. Leclerc)

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L’actualité des crises : LA TERRE BRÛLÉE COMME POLITIQUE, par François Leclerc

18 avril 2011 par François Leclerc | Print L’actualité des crises : LA TERRE BRÛLÉE COMME POLITIQUE, par François Leclerc

 

Billet invité.

En ce début de semaine, une avalanche de déclarations, toutes aussi péremptoires les unes que les autres, tente de convaincre on ne sait trop qui que la restructuration de la dette grecque n’est pas sur la table (ou bien pas à l’ordre du jour, selon une autre version). C’est à qui contribuera à nier avec la plus farouche énergie et la voix assurée ce dont les marchés sont pour leur part largement convaincus. Il leur est même – un comble – reproché de se tromper, par ceux-là qui en font d’ordinaire leur oracle.

Toutes nos vieilles connaissances sont au rendez-vous : Jean-Claude Trichet et Dominique Strauss-Kahn, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Juncker, sans oublier Lorenzo Bini Smaghi, Klaus Regling et on en passe.

Deux indices ne trompent pourtant pas à cet égard : le taux des obligations grecques à 10 ans à dépassé le seuil de 14% et les valeurs des banques allemandes et françaises, connues pour être particulièrement exposées à celles-ci, chutent en bourse.

Les marchés ont toujours raison ! Une restructuration de la dette grecque sonnerait en effet le glas des tentatives européennes de stabiliser la crise de la dette et ouvrirait grand la porte à d’identiques remises en cause en faveur d’autres pays de la zone des tempêtes, précipitant le système bancaire européen à nouveau dans une chute libre. Ceci explique cela.

 Christine Lagarde, ministre française de l’économie et des finances, redoute les conséquences d’une restructuration de la dette grecque, en raison de ses effets négatifs pour le pays, tout en occultant dans la grande tradition de franc-parler des milieux financiers son vrai danger. Effacer la dette serait « catastrophique », car une telle mesure empêcherait selon elle la Grèce de retourner « un jour » sur les marchés. Comme si, par ailleurs, elle en prenait le chemin en ne s’y résolvant pas.

Heureusement, le premier ministre grec tient bon envers et contre tous, et celui de l’Irlande vient de déclarer qu’il ne voulait pas créer le chaos. Nous voilà rassurés.

Le début des négociations entamées avec les Portugais, ou leur poursuite sans fin avec les Irlandais, passent dans ces circonstances au second plan. Des rumeurs circulent à ce propos de désaccords entre le FMI et l’Union européenne à propos des délais de remboursement qui devraient être consentis au Portugal et du taux dont il devrait bénéficier – le FMI proposant par réalisme de soulager un peu la peine – mais la crise autour de la restructuration de la dette grecque est en train de faire sérieusement déraper la situation là où on craint que l’Espagne y contribue en entrant résolument dans la danse.

Le risque que le nouveau gouvernement finlandais, issu de la consultation de ce week-end, bloque le sauvetage du Portugal, dont la négociation vient à peine de débuter, ou que la course d’obstacle de la chancelière Angela Merkel au Bundestag devienne impraticable à force d’embûches en deviennent somme toute également secondaires.

On en oublierait presque, dans ce ciel d’orage, de mentionner que l’agence Standard & Poor’s vient d’abaisser à « négative » la note AAA de la dette souveraine américaine, suscitant comme faible répartie de Tim Geithner, le secrétaire d’Etat au Trésor, que « Le monde perçoit toujours les Etats-Unis et le système politique américain comme étant à la hauteur (…) Si vous regardez le coût auquel nous empruntons aujourd’hui, vous voyez qu’il y a toujours une confiance énorme dans le monde dans la capacité du système politique ». S’il le dit…

Les négociations à répétition entre démocrates et républicains à propos du déplafonnement de la dette américaine, comme la perspective d’une longue campagne électorale présidentielle – qui a déjà commencé – à propos de la très douloureuse réduction du déficit public font que les Européens vont se sentir désormais moins seuls sur ce chemin qui ne mène nul part sauf dans le vide.

De coups de semonce en coups de semonce, c’est toute une stratégie qui progressivement se révèle être dans l’impasse, sans qu’aucune alternative ne soit envisagée. Une politique de la terre brûlée est menée partout, comme en témoigne sous son aspect le plus cru le programme des républicains américains, qui préconisent tout uniment de sabrer les programmes sociaux et de réduire les impôts. L’équivalent européen étant l’actuelle marche forcée en cours vers une Europe à deux vitesses, avec comme modèle nos sociétés elles-mêmes.

Sans plus tergiverser, quand elles auront le dos au mur une fois de plus, les plus hautes autorités finiront par accepter une restructuration de la dette grecque, avec encore l’illusion de pouvoir la doser afin d’en limiter les effets et la contagion. En privilégiant un rééchelonnement sur une décote, ou bien une baisse des taux, au pire, autant d’astuces de banquier pour essayer de se faire rembourser en douceur quand on ne peut plus le faire en force, et qu’un désastreux et impensable défaut non négocié ne peut plus être évité.

Rare voix discordante dans la meute, celle d’Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, qui a estimé que « tout ce qui pouvait être fait pour diminuer le taux d’intérêt des prêts européens [à la Grèce et à l’Irlande] serait très utile », remarquant que les programmes d’aide ont été jusqu’ici « une très bonne affaire » pour ceux qui ont prêté… Faisant également valoir que s’il n’était pas possible pour ces pays d’accroître la croissance économique, vu les « ajustements macro-économiques et budgétaires très difficiles » qui leur sont demandés, il ne restait plus qu’à diminuer les taux des prêts pour qu’ils puissent être un jour remboursés. CQFD.

 

Les dirigeants européens, en passe d’être rattrapés par les Américains, sont en train de précipiter eux-mêmes le rebondissement de la crise. Sans attendre que le système financier se charge à nouveau de cette basse besogne. Une victoire de plus à porter au crédit de leur clairvoyance

 

http://www.pauljorion.com/blog/?p=23468

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