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Tout sur la crise financière, économique, sanitaire, sociale, morale etc. Infos et analyses d'actualité. Et conseils, tuyaux, pour s'adapter à la crise, éventuellement au chaos, et même survivre en cas de guerre le cas échéant. Et des pistes, des alternatives au Système, pas forcément utopiques. A défaut de le changer ! Un blog d'utilité publique.

L’appât du gain plutôt que le sens d’une mission au service d’autrui ?

 

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a affirmé lundi qu'elle était prête à «regarder» la question du prix des assurances professionnelles des médecins, alors que les chirurgiens des cliniques privées et les internes des hôpitaux publics démarrent un mouvement de grève.

http://www.leparisien.fr/economie/medecins-en-colere-touraine-veut-bien-regarder-la-question-des-assurances-12-11-2012-2314199.php

 

 

La suppression des dépassements d’honoraires n’est toujours pas d’actualité...

L’appât du gain plutôt que le sens d’une mission au service d’autrui ?

Par Pascal Marichalar, sociologue au Groupe de sociologie politique européenne.


Les négociations sur l’encadrement des dépassements d’honoraires des médecins viennent de se terminer... mal.Actuellement, la loi précise seulement que le médecin « doit fixer ses honoraires avec tact et mesure », une formulation particulièrement creuse. Des études récentes montrent que les dépassements d’honoraires fournissent plus du tiers des revenus des médecins les plus riches. Les 1 % des médecins libéraux aux plus hauts revenus touchent 32 000 euros par mois au seul titre des dépassements, en plus de leurs 42 000 euros par mois au titre des honoraires tarif Sécu... On sait également que certains praticiens hospitaliers touchent jusqu’à 50 000 euros par mois grâce à leurs consultations privées données au sein de l’hôpital public, aux files d’attente bien plus courtes que les consultations publiques données par les mêmes.

Pourtant, la Confédération syndicale des médecins français s’oppose à un encadrement de ces dépassements par la loi, avançant ­plutôt l’idée d’une revalorisation du tarif Sécu standard afin d’inciter les médecins à ne pas pratiquer de dépassements. De la discussion sur les revenus très élevés de certains ­médecins, on a ainsi glissé de manière habile à une discussion sur la revalorisation nécessaire des honoraires d’une majorité de médecins insuffisamment reconnus, voire en voie de paupérisation.

Pour clarifier ce débat, quelques données statistiques s’imposent.

97 % des Français sont payés moins que les médecins libéraux. En 2008, les médecins spécialistes libéraux ont déclaré en moyenne environ 10 100 euros par mois de revenus à l’administration fiscale ; les médecins généralistes libéraux, environ 6 400 euros par mois.

Comparons. Dans la population active française, le revenu fiscal médian des ­ménages s’élevait au même moment à environ 1 700 euros par mois (50 % des personnes déclaraient moins que ce niveau, 50 % des personnes déclaraient plus). Au final, le niveau moyen de revenus des généralistes libéraux les situe parmi les 3 % les plus riches de nos concitoyens ; celui des spécialistes libéraux les situe parmi les 2 % les plus riches.

On peut remarquer également que ­l’attractivité des rémunérations est devenue un argument explicite dans le choix des ­spécialités d’internat ou des modes d’exercice. Sur les forums Internet de carabins, on n’a plus honte à dire qu’on cherche à gagner beaucoup d’argent.

Un futur médecin se demande par exemple : « D’un point vue purement financier, est-il préférable, donc plus lucratif, de faire un temps-plein à l’hôpital ou travailler en clinique ? » Un autre avoue : « Chirurgie plastique, ça me botte bien. Même si je suis dans un groupe de cliniques, tu peux faire des dépassements monstrueux. » Un troisième : « Je voulais faire chirurgie mais il n’y a pas de salut en dehors de la chirurgie plastique, de l’orthopédie, de l’ophtalmo ou de l’ORL, sinon tu ne gagnes pas bien ta vie. » Un étudiant hésite : « A priori si je gagne 5 000 euros par mois, je suis un médecin pauvre... mais ça dépend des aspirations de chacun. » Alors qu’un de ses camarades estime au contraire que c’est « catastrophique en médecine générale : 5 000 par mois de trente à soixante-cinq ans (donc sans évolution) ».

Quelques années plus tard, ces mêmes ­étudiants livreront un serment solennel lors de la soutenance de leur thèse de doctorat : « Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la ­recherche de la gloire... »

Le problème des revenus des médecins est lié en grande partie à la composition sociale du groupe des aspirants médecins. Environ 45 % des médecins sont issus d’une famille de cadres supérieurs (contre 8 % de l’ensemble de la population active) ; seuls 8 % sont issus d’une famille ouvrière (contre 39 % de la population active).

La plupart des futurs médecins grandissent ainsi dans un milieu dans lequel il est courant de recevoir des rémunérations de 4 000, 5 000 euros par mois et plus, parfois bien plus. Leurs camarades d’école, également issus des classes supérieures pour la plupart, vont eux-mêmes devenir cadres supérieurs dans de grands groupes, courtiers dans la finance, avocats. C’est à ces modèles que les médecins comparent leurs perspectives de ­revenus, plutôt par exemple qu’aux enseignants, bien moins payés, et pourtant également une profession à mission d’intérêt général et à longues études.

Le jour où un gouvernement aura le ­courage d’encadrer strictement les honoraires des médecins, au nom de la santé publique et de la maîtrise des comptes de l’assurance maladie, certains de ces étudiants qui ­raisonnent en « kilo-euros » donneront peut-être finalement leur préférence aux ­métiers de la finance ou du pétrole.

Cela créera un appel d’air pour des ­candidats issus de milieux moins favorisés pour lesquels un revenu « normal » se situera à un niveau plus proche du revenu médian de la population générale ; et plus généralement, à des candidats motivés non tant par l’appât du gain que par le sens d’une mission au service d’autrui.

Rien ne permet de dire que ces médecins seraient moins bons que leurs prédécesseurs qui cumulaient les consultations et les dépassements et étaient prêts à signifier à un patient que « non, monsieur, si vous n’êtes pas prêt à payer le tarif fort, alors il faudra attendre six mois supplémentaires ».

 

Pascal Marichalar

 

http://www.humanite.fr/societe/l-appat-du-gain-plutot-que-le-sens-d-une-mission-au-service-d-autrui-507133

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