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Il était une fois… les Sept Soeurs.
Cette série de quatre documentaires d’environ 50 minutes retrace l’histoire des Sept Sœurs, le cartel des plus grandes compagnies pétrolières et de leurs manipulations pour s’emparer du pétrole mondial.
Retracer l’histoire du pétrole… vaste sujet. Comment vous êtes-vous lancé dans une telle aventure ?
Arnaud Hamelin : C’était un véritable challenge ! L’idée de ce film est née au cours d’un banal déjeuner. Il se trouve que Frédéric Tonolli et moi-même faisons partie des rares personnes à connaître l’accord d’Achnacarry qui, en 1928, marque la création d’un cartel international visant à partager entre ses membres les réserves mondiales de pétrole. Après une partie de chasse en Ecosse, les magnats du pétrole de l’époque se sont entendus dans le plus grand secret… Ce cartel, qui va dominer la planète durant un siècle, est encore omniprésent. Dans les nouvelles zones d’exploitation, il y a toujours une, voire plusieurs des Sept Sœurs présentes. C’est leur histoire, véritable et inavouable, que nous avons voulu raconter.
Comment avez-vous pensé votre récit ?
Arnaud Hamelin : Nous avons découpé Le Secret des Sept Sœurs de telle manière que chaque film puisse être vu indépendamment des autres. Raconter à chaque fois le début de l’histoire, c’est-à-dire le fameux rendez-vous à Achnacarry, permet d’avoir des unitaires qui font partie d’un ensemble et d’entrer tout de suite dans le vif du sujet. L’idée était de retracer l’histoire du pétrole sur un siècle avec ses innombrables dérapages, ce qui, convenons-en, n’a rien de simple. Pour rendre le sujet plus compréhensible, nous avons choisi de le faire de manière chronologique, mais en nous intéressant à chaque fois à une partie différente du globe. Ainsi, le premier épisode, Tempêtes et fortunes du désert, nous emmène au Moyen-Orient (Iran, Irak, Arabie saoudite…), où tout a commencé ; Safari dans l’eldorado noir plante le décor en Afrique (au Gabon, en Libye, au Nigeria, en Algérie…) ; La Danse de l’ours analyse plus particulièrement l’histoire du pétrole en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques (Azerbaïdjan, Géorgie) ; Le Temps des mensonges constitue la fin de l’exposé et revient sur la guerre économique que se livrent aujourd’hui les Etats-Unis, la Chine et la Russie pour la conquête de nouveaux marchés et de nouveaux territoires à exploiter.
Le film est jalonné de témoignages d’experts. Comment les avez-vous choisis et avez-vous essuyé des refus ?
Arnaud Hamelin : Pour un producteur, ce film a été un pari difficile et périlleux. C’est un projet d’envergure qui nous a demandé deux ans et demi de travail. Trouver les bons interlocuteurs n’a pas été de tout repos. Nous ne souhaitions pas donner la parole à des « stars ». Nous voulions des gens qui sachent de quoi ils parlent et qui fassent avancer nos propos. Et nous avons réussi à obtenir l’accord de quasiment tous ceux que nous avons approchés. Leur qualité et celle de leurs interventions valaient bien les attentes et les doutes… Cheikh Yamani, l’ancien ministre saoudien du Pétrole, par exemple, apporte un témoignage exceptionnel. C’est quelqu’un qui a une vision très moderne de la question.
Dans le film, vous utilisez à la fois le récit à la première personne et le commentaire…
Arnaud Hamelin : Au départ, notre idée était de réaliser un road-movie mondial sur le pétrole. Frédéric Tonnoli, dont les qualités de réalisateur ne sont plus à démontrer — il a reçu notamment le prix Albert-Londres —, devait partir à la rencontre des populations dans une vingtaine de pays ; mais il n’est pas un expert en matière de pétrole. La double écriture s’est donc imposée naturellement. En parallèle des déplacements de Frédéric Tonolli, nous avons décidé d’insérer un commentaire qui soit à la fois le prolongement du road-movie et le lien entre ce dernier, la géopolitique, la géoéconomie et la géostratégie. Cela nous semblait essentiel pour éclairer au mieux nos propos. Ce qui nous intéressait, c’était de montrer le côté sociologique de l’affaire, de s’interroger sur ce que le pétrole a apporté aux populations locales. Finalement, pas grand-chose…
Propos recueillis par Beatriz Loiseau pour France 5.
Lien : http://mecanoblog.wordpress.com/2011/10/10/le-secret-des-sept-soeurs-video/