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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 04:00


   Allez donc à Ghaza
   De Téhéran à Ghaza

mercredi 1er juillet 2009 - 08h:40

Aissa Hirèche K. Selim/Le Quotidien d’Oran

 


Parce que les droits de l’homme sont indivisibles, universels et indifférents aux races, aux rites, aux endroits, aux religions... il est déplacé qu’on justifie la campagne médiatique qui se focalise sur l’Iran par les droits de l’homme alors que, à Ghaza, on se tait, on ne dit rien sur ce que font les Israéliens et... certains Arabes.
Allez donc à Ghaza

par Aissa Hirèche

Tout est là pour montrer et même exagérer ce qui se passe en Iran. Rien ne doit être loupé. Les manifestants, les cris, les flammes, les motos brûlées, les édifices saccagés, les heurts entre manifestants et policiers... bref, tous les ingrédients à une bonne mise en scène à l’américaine sont là. Que veulent-ils par là ?

S’ils veulent simplement informer, cette information a dépassé toutes les normes. Elle est devenue, comme nous en ont habitués certains médias, une guerre plus qu’une information et rien, absolument rien, ne justifie pourquoi des chaînes en font leur info préférée, du matin au... matin.

S’ils veulent s’inscrire en défenseur des démocraties (il faut utiliser le pluriel pour bien marquer la différence qui n’a jamais aussi fortement existé), et comme l’ont si bien signalé d’autres, il fallait faire la même chose lorsque la démocratie fut piétinée à Nouakchott. Il fallait crier au scandale, oeuvrer pour un blocus, militer pour sauvegarder les restes d’une démocratie en panne parce que, et c’est ce qu’ignorent ou font semblant d’ignorer les Occidentaux, à chaque fois qu’une démocratie est violée ou violentée quelque part dans le monde, c’est leur propre régime, leur manière de voir, leurs idéaux, leurs repères qui sont frappés. Il ne fallait surtout pas se taire au moment du putsch de Mauritanie pour venir aujourd’hui faire la pleureuse au chevet de la démocratie.

S’ils veulent manifester leur soutien aux droits de l’homme à Téhéran, disons simplement que ce qui se passe à Téhéran ne veut rien dire sur ce plan-là. Du moins pas devant ce qu’est en train de vivre le peuple palestinien à Ghaza où les aides humanitaires n’entrent que selon le bon vouloir des bourreaux israéliens. Ni ciment, ni bois, ni autres matériaux de construction ne sont tolérés aux passages qui demeurent fermés à une longue liste de produits si nécessaires pourtant. De quels droits de l’homme peut-on parler à Téhéran lorsqu’on tourne le dos à Ghaza ?

Parce que les droits de l’homme sont indivisibles, universels et indifférents aux races, aux rites, aux endroits, aux religions... il est déplacé qu’on justifie la campagne médiatique qui se focalise sur l’Iran par les droits de l’homme alors que, à Ghaza, on se tait, on ne dit rien sur ce que font les Israéliens et... certains Arabes.

Que Ahmadinejad remporte les présidentielles ou quelqu’un d’autre, cela ne peut être ni un problème de démocratie, ni un problème de droits de l’homme. C’est tout juste une information à donner avant de repartir pour... Ghaza où des innocents continuent de souffrir du silence de la communauté internationale plus que des Israéliens eux-mêmes.

Analyse

De Téhéran à Ghaza

par K. Selim

Les Occidentaux unanimes, avec leurs dirigeants, leurs opposants, leurs journaux et leurs penseurs, nous ont invités, au cours de ces dernières semaines, à nous mobiliser pour l’Iran et à défendre la démocratie et la justice. Sur les chaînes de télévision occidentales, un nombre impressionnant de personnes s’improvisant spécialistes de l’Iran nous ont invités à saisir que quelque chose de fondamental se jouait dans les rues de Téhéran. La nuance n’était pas permise. Dénoncer la répression des manifestations, tout en refusant de prendre pour argent comptant la thèse de la fraude électorale, n’est pas accepté. Ceux qui pensent pour nous ne veulent pas de nuances et encore moins faire référence aux réalités terre à terre de l’Iran. Comme de souligner que le populisme d’Ahmadinejad, fondé sur une redistribution de la rente, a été jugé plus acceptable par le grand nombre que le discours économique libéral des Moussavi et consorts.

Dans l’affaire de l’Iran, l’opinion était sommée de suivre, ceux qui refusaient passant tout simplement pour des défenseurs de la dictature. Dans cet Occident pluraliste et démocratique, les dirigeants et les médias ont marché en ordre serré et ont répété en boucle la même antienne. Les lectures divergentes ont été rares. Et même dans l’extrême gauche où il est de tradition d’être méfiant à l’égard de la pensée dominante, on a reproduit le discours ambiant.

Pourtant, les Occidentaux apportent un soutien décomplexé à de nombreux despotismes dans des pays où, contrairement à l’Iran, il n’y a ni vote ni vie politique. Cette lecture unique imposée par une orchestration remarquable est donc un traitement particulier réservé à l’Iran. La crise post-électorale iranienne aurait permis - c’est positif - à une opposition de se cristalliser, de se compter et de prendre date. Mais la lecture binaire qu’on essaie d’imposer au monde ne passe pas.

Ce discours de la liberté qui a déferlé ces derniers temps dans les médias occidentaux aurait eu du sens si ceux qui décident de ce qui est bien ou mal avaient accordé une part infime de l’intérêt pour l’Iran à la détresse de 1,5 million de Palestiniens à Ghaza. La guerre et le blocus sont une entreprise de saccage physique et psychologique effroyable subie par toute une population dans l’indifférence la plus totale. Même Benjamin Netanyahu a pu, sans susciter le moindre étonnement dans la presse du monde libre, donner des leçons de démocratie à l’Iran. On aurait volé leur vote aux Iraniens, c’est grave ! On vole leurs vies aux Palestiniens, cela n’a rien d’essentiel...

On se contentera de faire une dépêche du terrible rapport du CICR sur la situation des Palestiniens, mais lancer une mobilisation universelle pour Ghaza ne sera jamais à l’ordre du jour. Comment donc croire ces défenseurs d’un humanisme à géométrie variable ? Mais au fond, peuvent-ils accepter ceux qui pensent que la vie est digne d’être défendue aussi bien à Téhéran qu’à Ghaza ?


Editorial


De Aissa Hirèche :

-  Juridiction internationale ?
-  Questions sur le Nobel de paix !
-  Afghanistan : Les questions légitimes et le blabla...
-  Bateaux pour Gaza : Ne serait-ce que comprendre !
-  Trop jeune, Noé, trop jeune

De K. Selim :

-  Irak : "Occupation économique"
-  L’Iran « n’est pas la Géorgie »
-  Iran : Crise complexe, médias simplistes
-  La vie en commun des Libanais
-  Les mots ne suffisent pas


http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6874

Lire aussi :

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6813
(l'Iran n'est pas la Georgie)

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=6799
(Crise complexe médias simplistes)

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