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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 20:46

publié par
roland (Dazibaouebmaster) le 07/08/2009 17H02

Dessin de NonoPar Vogelsong (Piratage(s))


Moins d’un an après la débâcle financière, les traders se goinfrent encore. La banque BNP-Paribas provisionne un milliard d’euros de bonus. “Je suis particulièrement choqué que Le Figaro trouve que ce soit une bonne chose et s’en réjouisse, je trouve que c’est très dangereux […] un certain nombre de gens dans la presse disent que tout va très bien“, mauvais coucheur, P. Jorion ne mesure pas l’importance d’une telle nouvelle. En effet, la finance retrouve du souffle, le monde va mieux. Et cela, grâce aux réformes qui furent adoptées lorsque les grands de la planète décidèrent de réguler le capitalisme. Conscients que l’économie était au bord du collapsus final. L’ironie a ses limites, le sérieux aussi. En la matière, le journal conservateur les franchit sans cesse. Rien n’a été fait lors du G20 du printemps. Rien n’a changé dans le comportement des financiers. Rien n’a changé dans l’aveuglement médiatique qui fait croire, quoi qu’il en coûte, en un système usé, vicieux, mortifère.

IcebergIl aura suffi de quelques minutes à l’antenne d’une radio publique (avec l’amphigourique J. Attali) pour comprendre toute la vacuité et l’aveuglement d’un système économique qui part à vau-l’eau, hors du temps, de l’espace et du réel. Les sommes destinées aux traders sont détournées des revenus des ménages pour financer les banques. On a beaucoup palabré lors des G20 au mois de septembre et avril 2008. Ce fut à celui qui sauverait le plus le monde. Lors de cette compétition freudienne, le président français est sorti largement vainqueur. La presse nationale de concert a loué sa pugnacité pour arracher contre “vents et marrés” : “la moralisation du capitalisme”. Rien que ça. Seuls quelques plumitifs confinés à l’Internet purent faire entendre une voix discordante. Un filet d’eau noyé dans le flux médiatique monotone. Aujourd’hui, Y. Thréard rouvre les vannes.
Dans un éditorial oublieux dont lui seul à la recette*, il se félicite de la provision d’un milliard d’euros pour le versement de bonus aux traders de BNP-Paribas. Pour le journal sarkozyste, les pisse-vinaigres qui s’offusquent de telles pratiques sont frappés d’un mal bien français qui culpabilise la réussite, le gain, le fric. Un exemple. Le milliard d’euros représente 25 % des besoins annuels de financement du déficit du système des retraites. Il équivaut à combien d’écoles, à combien de milliers de professeurs ?
L’État a injecté 10,5 milliards d’euros dans le système bancaire. 8 mois plus tard, l’équivalent de 10% est recyclé par une seule banque pour rémunérer le risque pris avec l’argent des ménages. Un risque, loué à longueur de colonnes dans le quotidien du vendeur de Mirages. Comme le précise
P. Jorion, “la finance joue un rôle de parasite par rapport à l’économie…“. Les bonus versés aux traders ne sont pas une contre partie positive des effets du système spéculatif dans le monde sensible, “cet argent est pris quelque part, l’argent gagné par les banques est pris à d’autres endroits. Il y a des gens qui travaillent quelque part et c’est leur travail qui n’est pas récompensé, ces sommes qui sont partagées entre autres traders“.
Dans une estimation basse, L. Wauquiez et X. Darcos susurrent qu’il pourrait y avoir 800 000 chômeurs supplémentaires en 2009. Mais pour les troubadours du capitalisme, aujourd’hui appelé pudiquement libéralisme, une bonne nouvelle pour les traders est en soi une excellente nouvelle.

P. Jorion dans un ouvrage écrit en 2004 ” Vers la crise du capitalisme américain” annonce  avec minutie la crise des subprimes qui s’abattra 3 années plus tard. Depuis 2009, il affirme à qui veut l’entendre que la seconde vague sera encore plus dévastatrice. Une courbe en W descendant illustre parfaitement le scénario de crise qui se noue. Avec une question fondamentale, fatidique, restera-t-il quelque chose de récupérable à la fin de la seconde hécatombe (au bas du second V) ? Après le premier plongeon de l’automne 2008, les places financières se ressourcent. Factice, car cela ne correspond à rien de tangible, la croissance est négative pour paraphraser le ministère de l’Économie et de “la dette”, l’emploi au plus mal. Aux USA, les ménages ne sont plus solvables, lessivés. L’économie du crédit est arrivée à son terme, laminé. Les banques encaissent de moins en moins les paiements d’une population qui n’a plus de moyens. Un second coup de tabac point. Plus violent, et se surajoutant à un système déjà ébranlé et vérolé. P. Jorion prévoit des banqueroutes, des nationalisations massives et des souffrances réelles. Dans ce processus unilatéral, l’impact sera puissant. Les perdants sont toujours du même côté. La majorité des citoyens qui vivent de leur travail. Pour les banques, c’est le lucre, le stupre ou l’apocalypse.

Sombre, F. Fillon convoque les banquiers. Non pas qu’il soit en colère contre la finalité de leurs pratiques. Il se targue (à raison) de la victoire idéologique des valeurs du marché, du fric. Mais il se soucie de l’image que son système hégémonique diffuse dans l’opinion.
Au creux de l’été, le fidèle du journal Le Figaro se rassérène sur la pertinence de ses valeurs. Il y aura toujours un Y. Thréard pour lui affirmer qu’il a raison de penser comme il pense : pognon, spéculation. Il pourra alors chandail marin sur les épaules, canard sous le bras reprendre ses activités de yachting en se disant qu’il ne risque pas le naufrage.

*Le Figaro p.19 du 6 juillet 2009

Vogelsong – 6 août 2009 – Paris


Source: Piratage(s)

Dessin ajouté par Dazibaoueb (Source)


http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=5359

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