« Manière de voir » n°120 / Décembre 2011-janvier 2012
Ces guerres qu'on dit humanitaires
Le nouvel interventionnisme humanitaire, avatar du droit ou du devoir d'ingérence, se pare de toutes les vertus face au sort catastrophique des faibles, auxquels il faut sans tarder porter secours, quoi qu'il en coûte. Mais aucune opération, même ornée du bleu de l'ONU et apparemment destinée à sauver des vies innocentes, n'est chimiquement pure. Les arrière-pensées stratégiques, économiques, géopolitiques demeurent.
Mélange des genres
Philippe Leymarie et Anne-Cécile Robert
Glossaire
Tout commence souvent par des images : une femme qui fuit un bombardement en emportant un bébé dans ses bras, des cadavres étalés devant les caméras de télévision, le visage d'un dictateur qui menace. Viennent ensuite les mots entrelardés de chiffres alarmistes : dans la bouche des intellectuels ou sous la plume des éditorialistes, ils exhortent la « communauté internationale » à agir pour « éviter l'irréparable ». Une guerre de propagande obscurcit alors le dialogue diplomatique, tandis que monte la pression de l'urgence, l'appel des uns à éliminer un « nouvel Hitler » (Saddam Hussein, Slobodan Milosevic, Mouammar Kadhafi...) répondant à la dénonciation de l'impérialisme des grandes puissances par les autres.
Parfois, les crimes dénoncés sont réels, parfois exagérés ou carrément imaginaires. Souvent, ils ne constituent que des prétextes dans le jeu des puissances qui s'abritent derrière les organisations internationales. Les pays dominants cherchent à marquer des points sur l'échiquier géoéconomique mondial, à liquider un dirigeant peu accommodant... Les bonnes intentions donnent souvent de mauvaises idées, disait Machiavel. Alors comment s'y retrouver ? Sans doute en feuilletant les pages de l'histoire récente qui fournissent maints exemples des pièges tendus à la conscience. Les étudier permet de repenser la nécessaire prévention des conflits.
Les révoltes arabes et le chaos libyen
Serge Halimi
« Pourquoi occupons-nous l'Irak ? »
Howard Zinn
Le défi de la prévention des conflits
Virginie Raisson
Au nom de l'humanitaire
Jacky Mamou
La bonne conscience endort la gauche...
Jean Bricmont
Une guerre pour les femmes ?
Christine Delphy
Le Koweït, un pion dans le jeu américain
Chapour Haghigat
Paris confronté au génocide des Tutsis
P. L.
Arrière-pensées européennes en République démocratique du Congo
Raf Custers
Cachez cette guerre que je ne saurais voir... Ces dernières années, au lieu de guerroyer, on « s'interpose » (Bosnie), on « assiste » (Afghanistan), on « protège » (Libye), on « sépare » (Côte d'Ivoire), etc. Mais rien ne sert de s'abriter derrière les mots. La chancelière allemande Angela Merkel l'avait longtemps fait, pour ne pas susciter l'ire de ses concitoyens. La réalité l'a rattrapée ce jour de 2010 où, pour la première fois, elle a dû accueillir sur un tarmac les cercueils de plusieurs soldats de la Bundeswehr tués en Afghanistan.
Même présentée comme « humanitaire », une guerre reste une guerre, comme le savent - mieux que d'autres - les militaires. S'il est impossible de demeurer simple spectateur des violences faites aux populations, sans doute faut-il prendre garde à ne pas endosser dans la précipitation le costume du gendarme ou celui du boute-feu. Car, une fois la guerre jugée nécessaire, rien n'empêchera plus les armes de parler, les hommes de tomber.
L'éthique à l'épreuve de la force au Kosovo
Robert Fisk
Offensives-éclair, paix impossibles en Afghanistan et en Irak.
Pierre Conesa
Silencieux exil des Irakiens en Syrie
Theodor Gustavsberg
En 1991, derrière le slogan du « zéro mort », l'hécatombe
Beth O. Daponte
Désastre écologique dans le Golfe
Mohamed Larbi Bouguerra
Au nom de la « protection des populations »
P. L.
Libye, les conditions de l'unité nationale
Patrick Haimzadeh
L'anthropologie, arme des militaires
William O. Beeman
Sainte propagande
Alain Gresh
« Il faudrait que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste, écrivait le philosophe Pascal. (...) Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. » La construction d'un ordre international pacifique relève de la même dialectique. C'est l'ambition des Nations unies (ONU). Loin d'être parfaites, elles tentent néanmoins de créer un espace de discussion entre les acteurs mondiaux, qui doivent alors régler leurs différends par des moyens non violents. Il s'agit moins de procédures juridiques que de batailles d'idées pour imposer une hiérarchie des valeurs. Or, depuis la fin de l'affrontement Est-Ouest, la guerre fait l'objet d'une réhabilitation morale.
Si elle n'avait jamais disparu des moeurs internationales, elle suscitait une réprobation officielle, et le but affiché de l'ONU était son éradication. Tordant les textes juridiques (« droit d'ingérence », « guerre préventive »...), et parfois la réalité, des juristes et surtout des dirigeants de premier plan ne répugnent plus à faire primer la force sur le droit. On va même jusqu'à mettre des têtes de chefs d'Etat à prix, comme les bandits dans le Far West du XIXe siècle. Pourtant, la Charte de l'ONU, première victime de cette dérive, contient déjà les moyens de lutter contre les crimes de masse. Toutes les voies d'un pacifisme actif n'ont pas encore été explorées.
Des vicissitudes du « droit d'ingérence »
A.-C. R.
La guerre préventive, un concept dangereux
Paul-Marie de La Gorce
Au Kosovo, il y avait une autre solution
Noam Chomsky
Unilatéralisme des grandes puissances
Philip S. Golub
Le néfaste précédent de 1939...
Henry Laurens
La justice internationale au défi de la politique
A.-C. R.
Réconciliation en Sierra Leone
Michel Arseneault
Et si on avait cru aux Nations unies en 1990...
Monique Chemillier-Gendreau
Un rêve contrarié
Olivier Corten
Le photographe James Nachtwey, qui a arpenté les zones de guerre trente années durant, témoigne des ravages subis par les populations prises dans les affrontements. De ces années passées sous des orages d'acier est né « Inferno » (Phaédon), dédié à leurs victimes.
Olivier Pironet
Première guerre du Golfe (1990-1991)
Opération « Liberté de l'Irak » (2003)
Rwanda 1994, opération « Turquoise »
Kosovo 1999, opération « Force alliée »
Afghanistan 2001, opération « Liberté immuable »
Un militaire canadien au Rwanda
Une diplomate américaine et l'Irak
Une magistrate suisse face à Milosevic
Un humanitaire français en Somalie
Philippe Rekacewicz, avec Agnès Stienne
La constellation du maintien de la paix
Quand les armes ont parlé...
Au Nord les armées, au Sud les conflits
Olivier Pironet
Essais
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L'Irak entre Iran et Etats-Unis
Le chef d'Etat major irakien Babaker Zebari est en visite à Téhéran. A cette occasion son homologue iranien le général Pakpour a souligné que l'Iran n'épargnerait aucun effort pour aider les Irakiens…
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