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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 20:01

Michel Collon sur l’intervention militaire en Libye

Michel Collon est un journaliste indépendant, créateur du réseau d’information Investig’action pour « décoder l’information et de diffuser des textes de citoyens qui n’ont pas voix dans les médias traditionnels. »

Dans la vidéo ci dessous, on peut voir son intervention dans l’émission « Ce soir ou jamais » qui a eu lieu hier soir, le 21 Mars 2011, à propos de la Libye.
Avec notamment l’Ancien président de Médecins sans frontières Rony Brauman, et l’ancien diplomate en Libye, Patrick Haimzadeh.

 

 


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A lire également cet article publié sur son site :

 

Cinq remarques sur l’intervention contre la Libye par Michel Collon
1. Humanitaire, mon œil !

Vous croyez aux raisons humanitaires ? Obama, Cameron et Sarko sauveurs des Libyens alors qu’ils envoient des troupes saoudiennes massacrer les démocrates du Bahrein ? L’Occident soucieux de démocratie alors qu’il protège la répression du dictateur au Yemen ?
Vous croyez que Bernard-Henri Lévy se soucie vraiment de « sauver des Arabes », lui qui applaudissait aux bombardements sur les civils de Gaza ? « Le plus remarquable dans l’affaire, le vrai sujet d’étonnement, ce n’est pas la « brutalité » d’Israël. C’est, à la lettre, sa longue retenue » avait-il affirmé.

2. Qui a le droit de « changer de régime » ?

Le peuple libyen mérite certainement un meilleur leader qu’un dictateur qui a rempli les comptes suisses de toute sa famille. Kadhafi a aussi soutenu quelques dictateurs africains détestés.
D’un autre côté, il a fermement soutenu les Palestiniens et nationalisé le pétrole pour assurer des services sociaux à sa population. Le contraire de Moubarak et Ben Ali. Et c’est pour ça que l’Empire voudrait le remplacer par une parfaite marionnette.

Si demain, les Libyens étaient dirigés par un Chavez ou un Evo Morales, pour une véritable démocratie avec une justice sociale, qui n’applaudirait pas ? Mais si c’est pour le remplacer par des agents US comme Karzaï ou Al-Maliki et plonger ce pays dans le chaos pour des décennies comme l’Irak et l’Afghanistan… Comment appeler ça un progrès ?

Chaque peuple a le droit de se débarrasser de dirigeants qui ne lui conviennent pas, mais ce droit n’appartient pas aux grandes puissances impériales : USA, France et Grande-Bretagne. Celles-ci ne poursuivent que leurs intérêts propres. En fait, les intérêts de leurs multinationales.

3. Les buts cachés.

S’il n’y avait pas de pétrole en Libye, jamais l’Occident ne serait intervenu. Il faut quand même rappeler que la plupart des dictateurs africains ont été mis en place et sont protégés par les Etats-Unis ou la France, ou les deux ensemble.

Le véritable but de cette guerre, comme en Irak, c’est de conserver le contrôle du pétrole. A la fois source de profits énormes et instrument de chantage pour contrôler toutes les économies. En fait, les USA n’utilisent pas eux-mêmes le pétrole du Moyen-Orient, mais veulent contrôler l’or noir dans le monde entier. Comme instrument d’hégémonie.

Pour garder ce contrôle, il leur faut absolument sauver Israël. Et pour ça, lui assurer un cordon protecteur de régimes arabes corrompus mais présentant trois qualités :

  • Dociles envers Washington
  • Conciliants avec Tel-Aviv
  • Refusant d’appliquer la volonté de leurs peuples de faire respecter les droits des Palestiniens

4. La « communauté internationale » existe-t-elle ?

Manipulé par l’argent et les chantages des USA, l’ONU n’est pas démocratique et ne représente pas les peuples. Les grandes puissances (néo)coloniales – USA, France et Grande-Bretagne – prétendent parler au nom de la « communauté internationale ».
Mais leur agression n’est soutenue ni par l’Allemagne, ni par la Russie, ni par la Chine. De plus, le Conseil de l’Europe avait exigé que l’Union africaine donne son accord, pour une intervention en Libye ; or, celle-ci a rejeté l’intervention.

Et toute l’Amérique latine a soutenu l’idée d’une médiation lancée par Hugo Chavez. Pourquoi les Occidentaux ont-ils refusé ? Parce que ce qui les intéressait n’était pas de sauver des gens, mais de s’emparer du pétrole.

En fait, les agresseurs sont une minorité. Comme par hasard, il s’agit des puissances les plus riches et les plus coloniales, et le terme « communauté internationale » est juste un terme de marketing. Car la politique des multinationales (vol des matières premières, surexploitation de la main d’œuvre, destruction de l’agriculture locale et des ressources naturelles, maintien de dictatures, provocation de guerres civiles) maintient dans la pauvreté une grande partie de l’humanité. Les intérêts sont donc entièrement opposés. Parler de « communauté internationale » est donc une imposture politique. Quand les médias reprennent cette expression, ils se rendent complices.

Si un peuple est uni et déterminé contre un dictateur, il trouvera la force de le renverser. Mais s’il s’agit d’une guerre civile (et personne ne nie que Kadhafi a également des soutiens importants), la solution de ce conflit n’est pas dans l’agression par les grandes puissances. Partout où elles sont intervenues (Irak, Afghanistan, Yougoslavie), la situation s’est aggravée. Elles ne poursuivent que leurs intérêts indignes, et s’ils l’emportent, le peuple libyen sera appauvri et plus exploité.

Dans le tiers monde, on comprend tout ceci beaucoup plus facilement. Mais dans les pays riches, non. Pourquoi ?

5. Chaque guerre est précédée d’un grand médiamensonge.

Même dans la gauche européenne, on constate une certaine confusion : intervenir ou pas ? L’argument – massue « Kadhafi bombarde les civils » a pourtant été démenti par des sources occidentales et des sources de l’opposition libyenne. Mais répété des centaines de fois, il finit par s’imposer.

Etes-vous certains de savoir ce qui se passe vraiment en Libye ? Quand l’Empire décide une guerre, l’info qui provient de ses médias est-elle neutre ? N’est-il pas utile de se rappeler que chaque grande guerre a été précédée d’un grand médiamensonge pour faire basculer l’opinion ? Quand les USA ont attaqué le Vietnam, ils ont prétendu que celui-ci avait attaqué deux navires US. Faux, ont-ils reconnu des années plus tard. Quand ils ont attaqué l’Irak, ils ont invoqué le vol des couveuses, la présence d’Al-Qaida, les armes de destruction massive. Tout faux. Quand ils ont bombardé la Yougoslavie, ils ont parlé d’un génocide. Faux également. Quand ils ont envahi l’Afghanistan, ce fut en prétendant qu’il était responsable des attentats du 11 septembre. Bidon aussi

 

http://www.julg7.com/blog/2011/03/22/michel-collon-sur-lintervention-militaire-en-libye/

 

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Rappel :

 

Guerre impérialiste en Libye: 7 points capitaux

le août 29, 2011 par Résistance 71

Sept points sur la Libye

Par Domenico Losurdo

Url de l’article original en français:

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26226

Url de l’article en italien:

http://domenicolosurdo.blogspot.com/2011/08/sette-punti-sulla-guerra-contro-la_27.html

Désormais même les aveugles peuvent être en mesure de voir et de comprendre ce qui est en train d’arriver en Libye :

  1. C’est une guerre promue et déclanchée par l’OTAN qui est en cours. Cette vérité finit par filtrer sur les organes mêmes d’ « information » bourgeoise.  Sur La Stampa  du 25 août, Lucia Annunziata écrit : c’est une guerre « entièrement « extérieure », c’est-à-dire faite par les forces de l’OTAN » ; c’est « le système occidental, qui a promu la guerre contre Kadhafi ». Une vignette de l’International Herald Tribune du 24 août nous montre des « rebelles » qui exultent, mais ils sont commodément installés sur un avion qui porte l’écusson de l’OTAN.
  2. Il s’agit d’une guerre préparée depuis longtemps. Le Sunday Mirror du 20 mars a révélé que déjà « trois semaines » avant la résolution de l’ONU étaient à l’œuvre en Libye des « centaines » de soldats britanniques, encadrés dans un des corps militaires  les plus sophistiqués et les plus redoutés du monde (SAS). Des révélations ou admissions analogues peuvent être lues sur l’International Herald Tribune du 31 mars, à propos de la présence de « petits groupes de la Cia » et d’une « ample force occidentale en action dans l’ombre », toujours « avant l’éclatement des hostilités le 19 mars ».
  3. Cette guerre n’a rien à voir avec la protection des droits humains. Dans l’article déjà cité, Lucia Annunziata observe avec angoisse : « L’OTAN qui a atteint la victoire n’est pas la même entité qui a lancé la guerre ». Entre temps, l’Occident est gravement affaibli par la crise économique ; réussira-t-il à garder le contrôle d’un continent qui, de plus en plus souvent, perçoit l’appel des « nations non occidentales » et en particulier de la Chine ? Par ailleurs, ce même quotidien qui présente l’article d’Annunziata, La Stampa, ouvre le 26 août sur un titre en pleine page : « Nouvelle Libye, défi Italie-France ». Pour ceux qui n’auraient pas encore compris de quel type de défi il s’agit, l’éditorial de Paolo Paroni (Duel de la dernière affaire) est clair : depuis le début des opérations guerrières, caractérisées par l’activisme frénétique de Sarkozy, « on a immédiatement compris que la guerre contre le Colonel allait se transformer en un conflit d’un autre type : guerre économique, avec un nouvel adversaire, l’Italie évidemment ».
  4. Voulue pour des motifs abjects, la guerre est menée de façon criminelle. Je me limite  seulement à quelques détails repris dans un quotidien au-dessus de tout soupçon. L’International Herald Tribune du 26 août, dans un article de K. Fahim et R. Gladstone, rapporte : « Dans un campement au centre de Tripoli ont été retrouvés les corps criblés de balles de plus de 30 combattants pro-Kadhafi.  Deux au moins étaient ligotés avec des liens en plastique, et ceci laisse penser qu’ils ont subi une exécution. Parmi ces morts, cinq ont été trouvés dans un hôpital de fortune ; l’un était sur une ambulance, étendu sur un brancard et ligoté par une ceinture et portant encore une perfusion intraveineuse dans le bras ».
  5.  Barbare comme toutes les guerres coloniales, la guerre actuelle contre la Libye démontre comment l’impérialisme se fait de plus en plus barbare. Dans le passé, innombrables ont été les tentatives de la Cia d’assassiner Fidel Castro, mais ces tentatives étaient conduites en secret, avec un sentiment si ce n’est de honte du moins de crainte des possibles réactions de l’opinion publique internationale. Aujourd’hui, par contre, assassiner Kadhafi ou d’autres  chefs d’Etat non appréciés à l’Occident est un droit ouvertement proclamé. Le Corriere della Sera du 26 août 2011 titre triomphalement : « Chasse à Kadhafi et à ses fils, maison par maison ». Tandis que j’écris, les Tornado britanniques, se prévalant aussi de la collaboration et des informations fournies par la France, s’emploient à bombarder Syrte et à exterminer l’entière famille de Kadhafi.
  6. Non moins barbare que la guerre a été la campagne de désinformation. Sans le moindre sentiment de pudeur, l’OTAN a martelé systématiquement le mensonge selon lequel ses opérations guerrières ne visaient qu’à la protection des civils ! Et la presse, la « libre » presse occidentale ? Elle a, à un moment, publié avec ostentation la « nouvelle » selon laquelle Kadhafi bourrait ses soldats de viagra de façon à ce qu’ils puissent plus facilement commettre des viols de masse. Cette « nouvelle » tombant rapidement dans le ridicule, voici alors une autre « nouvelle » selon laquelle les soldats libyens tirent sur les enfants. Aucune preuve n’est fournie, on ne trouve aucune référence à des dates et des lieux déterminés, aucun renvoi à telle ou telle source : l’important est de criminaliser l’ennemi à anéantir.
  7.   Mussolini en son temps présenta l’agression fasciste contre l’Ethiopie comme une campagne pour libérer ce pays de la plaie de l’esclavage ; aujourd’hui l’OTAN présente son agression contre la Libye comme une campagne pour la diffusion de la démocratie. En son temps Mussolini n’avait de cesse de tonner contre l’empereur éthiopien Hailé Sélassié comme « Négus des négriers » ; aujourd’hui l’OTAN exprime son mépris pour Kadhafi « le dictateur ». De même que la nature belliciste de l’impérialisme ne change pas, ainsi ses techniques de manipulation révèlent de significatifs éléments de continuité. Pour  clarifier qui exerce réellement aujourd’hui la dictature à niveau planétaire, plutôt que de citer Marx ou Lénine, je veux citer Emmanuel Kant. Dans un texte de 1798 (Le conflit des facultés), il écrit : « Qu’est-ce qu’un monarque absolu ? Celui qui, quand il commande : « la guerre doit être », la guerre suit en effet ». En argumentant de la sorte, Kant prenait pour cible, en particulier, l’Angleterre de son époque, sans se laisser tromper par les formes « libérales » de ce pays. C’est une leçon dont nous devons tirer profit : les « monarques absolus » de notre époque, les tyrans et dictateurs planétaires de notre époque siègent à Washington, à Bruxelles et dans les plus importantes capitales occidentales.

 

Voir aussi :

 


 

 

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