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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 21:07
L'ECO-HABITAT, HABITAT GROUPE...

Eco-habitat, habitat écologique, autonome, habitat groupé, coopératives d'habitants...: ces projets d'habitats collectifs associent des personnes partageant des motivations écologiques et solidaires.


  • Représentations et réalités de l'éco-habitat

Les premiers habitats écologiques, dits aussi autonomes, sont apparus dans les années 1970. La notion d'autonomie peut se traduire par la création de ses propres médias (radios), par l'autosuffisance alimentaire, en eau et/ou en énergie... Outre la dimension environnementale, d'autres motivations sont donc susceptibles d'animer les porteurs de projets.

Les représentations communes assimilent la construction autonome à une idélogie politique, telle que la mouvance libertaire, ou écologique (qui est en elle-même une position politique). Mais "l'autonomie" s'associe surtout à une volonté de mieux-être social. La vie communautaire peut émerger de la mise en commun de matériel, de nourriture et/ou de terres. La foi ou l'ascétisme spirituel peuvent aussi susciter une association de personnes dans ce type d'habitat.

Les communautés sont plutôt mal perçues en France, au contraire d'autres nations telles que les USA ou le Canada. La question sous-jacente est celle de l'ouverture du groupe, de sa capacité d'accueil de nouveaux membres et d'adaptation à l'environnement dans lequel il est implanté.


  • L'éco-habitat dans le droit français

En France, l'habitat autonome se démocratise par l'ouverture de la législation à l'habitat groupé. Cependant, le droit français reste fondé sur la propriété individuelle: quand une demande collective est formulée, chacun ayant des niveaux de revenus différents, les porteurs du projet sont face à un vide juridique dès qu'il s'agit d'emprunt banquaire. D'autre part, tout groupement ayant l'ambition de construire un lieu de vie commun est soumis au projet d'urbanisation de l'agglomération (COST), qui programme un nombre d'habitants au m² : la construction d'immeubles est parfois imposée.

Des questions de législation sont parfois à contourner. A titre d'exemple, pour qu'un terrain soit constructible, il doit être raccordé au tout-à-l'égout et à EDF. Par conséquent, un projet basé sur l'autonomie énergétique et en eau est mis à mal.


  • Pour une approche du rôle de l'éco-habitat dans l'organisation sociale et économique

Il faut comprendre que le mouvement des éco-habitats n'encourage pas la croissance économique. Son renouveau est ancré dans le contexte de la crise actuelle. Le mode de vie qu'il implique remet en cause l'organisation socio-économique que nous connaissons. Par exemple: la mise en commun de terres agricoles – vers l'autosuffisance alimentaire – l'artisanat, les échanges de pratiques de récupération d'eau, l'autonomie énergétique... mais aussi les échanges de services et de matériel – sur le modèle des SEL. De manière générale, cette logique limite l'empreinte écologique des logements.  Le développement de l'éco-habitat est un projet politique.

Cette dynamique conduit à une évolution conjointe des membres du collectif. A l'échelle individuelle, il faut avoir conscience que la vie de groupe demande aussi un travail sur soi, des compromis : avancer d'un même élan n'est pas chose facile. Il est nécessaire d'avoir un espace à soi. Les éco-villages restent des lieux semi-collectifs. Des espaces et des biens individuels ou familiaux peuvent être préservés. Reste que ces expériences sont riches d'enseignements.

La dérive la plus courante est que l'initiative devienne une vitrine pour la commune d'implantation. Certains soulignent également qu'il importe que les habitants ne se coupent pas de la vie sociale ordinaire. Certains d'entre nous interrogent encore cet engouement pour la construction de nouveaux habitats alors que de nombreux terrains construits (friches industrielles, immeubles vétustes, biens communaux...) sont inoccupés. S'il faut effectivement trouver des alternatives pour faciliter l'accès au logement pour tous, nous aurons bientôt surtout besoin de terres à cultiver...

La marginalité est toujours relative : chacun sait avoir besoin des autres pour fonctionner. Nous cultivons notre propre manière de penser, de consommer et nous nous rapprochons des personnes ayant des modes de vie semblables. Avec ce type de projet, on essaie de s'en sortir au mieux, ensemble, face au malaise de l'occident.


  • Co-existance des finalités individuelles et collectives au sein des projets

Habiter en semi-communauté implique de déconstruire ce que nous avons appris. A titre d'exemple, le système éducatif français ne nous apprend pas à travailler en équipe, de manière solidaire. Notre éducation, puis l'entrée dans la vie professionnelle nous inscrivent dans la compétition. Alors, faut-il se former, repartir de zéro ? Nous avons le droit à l'erreur. La démarche la plus juste est sans doute de chercher à reconnaître nos besoins premiers, et partir de ces constats. Ne pas passer par cette réflexion préalable peut conduire à l'avortement de nos projets. Quelques questions simples peuvent nous guider:

-        Quel est le but de notre initiative (finalité, vers quoi tendons-nous) ?

-        A qui cela va-t-il servir (à l'extérieur du nouveau collectif) ?

-        Qu'est-ce que ça va nous apporter, individuellement et collectivement ?

Cette réflexion intéresse les personnes qui vont vivre la mise en oeuvre du projet, en lien avec l'environnement dans lequel il va se développer. Elle ne concerne pas les financeurs potentiels et les élus: leurs intérêts ne vont pas toujours dans le sens du pouvoir à redonner aux habitants, par la coopération.

Cela nous amène à reconsidérer le groupe à la lumière de l'idée de pouvoir. La centralisation des décisions autour d'une seule personne risque de rompre la dynamique. Il faut redéfinir l’idée de solidarité, sans perdre de vue les gains acquis en liberté individuelle. Pour recréer un mouvement collectif à partir des individus présents, il s'agit de garder à l'esprit son propre désir, son propre besoin. L'équilibre en tension de la somme des désirs individuels est le composant du fond du projet.

Se pose aussi la question de la cohésion du collectif : pourquoi une personne décide-t-elle de partir ? Peut-on former un projet cohérent avec des personnes très différentes ? Faut-il toujours chercher à rassembler tout le monde, à mettre tout le monde d'accord ? De plus, chacun réagit différemment selon qu'il intègre un projet naissant, ou qu'il s'associe à un groupe constitué. Qu'a-t-on envie de vivre ?

Pour trouver un consensus, une charte est souvent rédigée, formelle ou informelle, plus ou moins souple. Il ne s'agit pas de fusion, d'osmose... Plutôt de trouver des buts communs à un projet concret, au croisement du désir de chacun, en tenant compte des contraintes de la réalité. Pour cela, il faut que le maximum de choses soient débattues. Un collectif n'est pas la somme des individualités, mais il ne faut pas non plus les "gommer".

Les différents projets d'habitat évoqués témoignent que c'est à chacun de prendre ses moyens, de se donner le droit d'agir. Il n'y a pas de modèle : tous les modes de vie peuvent être représentés. Le principe est que les personnes concernées aient des bases communes, souvent politiques.

Pour faire évoluer le droit, il faut le prendre, et argumenter ses finalités. Tentons de faire un pas de côté, face à une organisation sociale qui témoigne de notre dépendance:  "Quand nous affirmons que notre sécurité dépend d'abord de nous-même, que la liberté c'est prendre des risques, nous ne sommes pas compris": la sécurité trouvée est différente de celle qu'on nous présente. Il est question d'affirmer sa propre dignité par l'autonomie ; la dignité humaine, loin des substituts qui tiennent lieu de lien social.

D'après le compte-rendu d'un atelier de l'Altervillage 2009 rédigé par Marie LB

 

Pour en savoir plus:

Sites d'information

Site sur les sociétés coopératives d’habitants définies ainsi: groupes de personnes qui veulent gérer et améliorer, ensemble, les logements qu’ils occupent dans un même immeuble ou sur un même terrain et dont les valeurs fondamentales sont la propriété collective, la sortie du système spéculatif et la démocratie.

Le réseau de l’habitat groupé a pour objectif de rendre visible et possible les démarches d’habitat groupé dans leur diversité et sur tous les territoires urbains et ruraux. C’est un réseau aujourd’hui informel qui regroupe des porteurs de projets qui partagent leur expérience, mutualisent leurs ressources et s’entraident.

Le site propose des outils réseaux permettant de faciliter la création de groupes pour réaliser un projet d'autopromotion ou d'habitat groupé ou encore de coopérative d'habitation..

Site belge destiné à aider les groupes constitués ou en constitution à structurer leur projet d'habitat groupé. :

Sites de projets locaux:

Habitats éco-construits et solidaires en région parisienne

Ecoquartier ou quartier durable, dont les habitations, conçues par les futurs résidents, sont portées par les murs d’anciens chais, derniers vestiges de l’activité portuaire de la ville, en acquérant une friche urbaine de Bordeaux

Projets de coopératives d’habitants à Toulouse

Le projet d’habitat groupé écologique de trois familles.

Un projet d'immeuble écologique sur Villeurbanne (Rhône) conçu par ses habitants, dont ils sont, collectivement, propriétaires, et qu'ils gèrent démocratiquement sans spéculation ni but lucratif.

Projet de coopérative d'habitants à Saint Germain au Mont d'Or avec l'association Coop en germ’

Projet d'habitat collectif convivial, ouvert, favorable à une mixité sociale, intergénérationnelle sur un terrain de 3ha à Dieulefit dans la Drôme.

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VIE COMMUNAUTAIRE OU COLLECTIVE

 Les ateliers organisés à Rennes lors de l'Altervillage 2009 avec la participation de membres de différentes communautés ont permis d'échanger sur ce qui motive la vie en communauté de nos jours et sur ce qui peut aider à pérenniser ces modes de vie alternatifs.


  • Qu'est-ce qui distingue une "communauté" d'un "collectif"?

Dans un collectif, les personnes se regroupent autour d'un projet commun, dans un but précis. Les entrées et les sorties sont plus faciles, un collectif étant souvent plus en lien avec l'environnement extérieur qu'une communauté.

Les communautés sont plus ou moins ouvertes ou fermées. Il s'agit d'une communauté de vie, envisagée sur le long terme. Elle fonctionne grâce à une identité commune, un fort sentiment d'appartenance, pouvant s'approcher de celui de "famille". La vie quotidienne est partagée: il y a mise en commun d'espace, de biens, de savoirs...


  • Une idée de ce qui peut motiver ce mode de vie

Un habitant de l'Elaboratoire- la Villa, à Rennes, explique qu'il a choisi ce mode de vie pour retrouver un quotidien plus humain, plus proche des gens. Si dans les caravanes, il arrive d'être aussi entassés que dans des appartements, ce quant-à-soi est là, mais ouvert à l'ensemble des autres personnes qui vivent sur le site. On peut faire ensemble, tout en gardant son espace.

Dire qu'on est chez soi en appartement sonne comme un mensonge. Notre vie est alors dépendante de celle des autres : du loyer à verser au propriétaire, des abonnements donnant accès à l'eau et l'électricité ; des voisins, qu'on ne connaît pas mais que l'on entend... Une promiscuité anonyme. Les membres de l'Elaboratoire (vivant pour la plupart à la Villa) ont une charte, un projet artistique en commun : c'est une expérience collective. Cela se vit, par exemple, à travers l'organisation d'événements, la création, l'accueil de nouvelles personnes et de visiteurs...


  • L'organisation de la vie en communauté.

70 personnes vivent à la Villa, dans des caravanes ou des camions aménagés. Le lieu reste ouvert, selon la place et le nombre de personnes installées. Personne n'a envie que le site se transforme en un terrain similaire à ceux des gens du voyage ou en parking.

Chacun peut potentiellement participer. La charte en elle-même est un peu artificielle... Ce qui importe c'est qu'elle ait été écrite ensemble : elle est reconnue par tous. Sans cela, quelques-uns se retrouveraient autour de valeurs non-dites, ce qui pourrait entraîner des rapports de force.

Une réunion, le mardi, est organisée pour étudier l'accueil de nouveaux projets, de nouvelles personnes. C'est une tentative pour susciter un réel intérêt pour la vie collective, bien que certains ne s'en soucient pas toujours. Un autre temps, le mercredi, est consacré à la vie quotidienne : chacun peut s'impliquer. Les problèmes individuels et communs y sont abordés, ainsi que les projets en cours. Sur les 70 résidents, une trentaine sont généralement présents. Ce ne sont pas des temps informels (comme les grands repas), ni des séances de réflexion sur la vie commune. Il s'agit bien de parler concrètement du fonctionnement, des besoins, des problèmes qui se posent, dans le respect des absents.


  • Les moyens de régulation

Les personnes viennent de tous les horizons. Il faut accepter cette base apparente de chaos: on est dérangé, de toute façon. Les différences entre individus impliquent d'accepter les autres en allant voir au fond de soi. Il s'agit de faire en sorte d'évoluer avec les autres.

Si l'intégration est souvent implicite, des conflits peuvent toujours se présenter : il faut un minimum de règles. Les outils écrits sont une base pour les nouveaux arrivants, notamment ceux qui n'ont pas pris le temps de découvrir ce qui n'est pas dit. Il peut y avoir besoin d'un parrain, qui joue le rôle de régulateur et assure une sorte d'accompagnement. Il existe une période d'essai, de la caravane à la cuisine commune, chez les voisins... S'il y a exclusion, c'est que la personne n'a pas respecté les lieux, le matériel ou les personnes. Le processus est réciproque : le lieu accepte le nouveau, le nouveau accepte le lieu.

Certaines règles sont implicites. Elles évoluent en fonction des personnes qui arrivent et qui s'impliquent. A l'inverse, quand des personnes s'en vont, le collectif change aussi de physionomie.

La mise en oeuvre de projets est une autre forme d'organisation collective. S'engager, d'accord, mais pour combien de temps ? Y a-t-il des risques pour le collectif, si on tient compte des tensions avec la municipalité ?

Les ressources de La Villa proviennent des loyers (30€), de la mise en commun de nourriture et de boissons et des tâches partagées de récupération (matériaux de base pour les productions, fruits et légumes sur les marchés). Entre l'accueil, les réunions, les questions de base et l'entretien de son installation, il n'y a pas beaucoup de contraintes.


  • Le ciment qui fait le collectif

Les rapports entre L'Elaboratoire-La Villa et la mairie sont complexes. Il y a un grand décallage entre le regard des services municipaux et les membres de l'Elaboratoire. Le choix de vie de ces derniers n'est pas pris en compte. L'Elaboratoire n'est pas seulement un lieu création, comme le pensent les administrateurs. Cette incompréhension conduit à des procédures d'expulsion. D'autres questions plus litigieuses sont des obstacles à l'occupation des lieux : la pollution des sols, et, étonnament, les projets de construction du service d'urbanisme... Pour comprendre la vie interne, il faut y vivre. Et il y a toujours cette rupture entre ceux qui résident à la Villa, entreprennent à L'Elaboratoire et ceux qui ne font que les écouter.


  • D'autres exemples de communautés.

Légalement, l'affirmation "nous nous installons sur un terrain innocupé, il nous appartient" ne tient pas. Il y a un autre propriétaire. Les membres du squat de Clermont-Ferrand ont choisi une alternative : se déplacer d'un lieu à l'autre en sauvegardant la vie interne, la cohésion du groupe. Ils vivent donc tout autant les questions qui se posent à l'accueil de nouvelles personnes, ainsi que l'idée de relations "intérieures" et extérieures". Ce collectif a choisi de rester ouvert aux gens de passage.

Parfois, les motivations militantes prennent le pas sur le développement du lieu. L'exemple des "colocations" nous vient de Berlin. Différent du sens que nous lui donnons en France, ce mode de vie est très répendu et très organisé. On trouvera des immeubles dont une partie est louée et l'autre squatée. Les travaux de rénovation sont courants : il y a un sentiment d'attachement à la résidence. Il arrive que des immeubles soient ainsi rachetés par les collocataires.

Description rapide d'une colocation type :

-      une cuisine par étage, utilisée selon les affinités

-      un fonctionnement autogéré

-      lieu d'asile résistant à la répression et l'exclusion

-      un projet politique ou artistique commun

Ces projets collectifs et alternatifs sont politiques. La vie quotidienne est pensée en opposition au pouvoir patriarcal par le partage des responsabilités. Le mouvement est aussi en opposition au système marchand. Ces locations peuvent proposer un bar, une scène publique, la mise en commun de biens... L'argent peut être centralisé dans une caisse commune, avec un octroi de 300€ par personne. Le reste revient à l'organisation d'événements. Beaucoup de locataires et squateurs défendent le droit au logement, quelle que soit la situation socio-économique des intéressés.


  • Ouverture à la solidarité entre les générations

Face à la jeunesse des membres des groupes cités, on peut s'interroger sur l'ouverture de ces communautés de vie aux personnes âgées. Les témoignages des uns et des autres rappellent que leur expérience en appelle à un mode de vie plus simple. Pourquoi demander plus qu'être là, simplement, dans l'échange: il y a différentes manière d'être "présents aux autres". Cela est fonction des besoins et encore une fois de ce qui passe dans la relation. Des habitats groupés se fondent sur un projet d'entraide entre personnes âgées, jeunes gens et familles. En Allemagne, des personnes âgées ouvrent d'elles-mêmes leur logement à la colocation : non seulement accueillantes, elles sont réellement intégrées.

C'est une question qui nous concerne tous: nous connaissons la précarité de l'aide sociale. Il est temps de penser à de nouveaux modes de vie, dans l'entraide, plus solidaires et ouverts. L'habitat communautaire en est un exemple.

 

D'après le compte-rendu de Marie LB

 

http://www.spirale.attac.org/book/export/html/249

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