http://www.madinin-art.net/socio_cul/sida_haiti.htm
Les résultats du vote du 28 novembre 2010 pour l'élection présidentielle haïtienne ne sont toujours pas connus. Le Conseil électoral provisoire a donc décidé de reporter le second tour prévu le 16 janvier. Dans son édition de janvier, Le Monde diplomatique consacre deux articles aux crises politique (Alexander Main, « Voter dans un pays qui ne s'appartient plus »), humanitaire et sociale (Christophe Wargny, « Haïti entre Dieu et ONG ») qui s'aggravent dans l'île. Alors que le nombre des victimes de l'épidémie de choléra augmente, la colère de la population vis-à-vis de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) - accusée d'avoir accidentellement introduit la bactérie dans l'île - s'intensifie.
Deux enquêtes épidémiologiques internationales ont confirmé que la source de l'épidémie provenait du camp népalais de la Minustah, situé près de Mirebalais, dans le centre du pays. Les déchets produits par le camp infecté ont été déversés - « en quantités phénoménales », selon le premier rapport - dans un affluent du fleuve Artibonite, le plus important du pays.
L'épidémie a déjà officiellement causé plus de 3 000 décès et affecté plus de 52 000 personnes. Mais, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de cas pourrait atteindre 70 000, la maladie touchant environ 400 000 personnes au cours des douze prochains mois. De leur côté, les autorités sanitaires et les organisations non gouvernementales (ONG) se déclarent impuissantes à enrayer la contagion.
Ces révélations viennent ébranler la crédibilité de la force internationale dirigée par le Brésil, dont l'efficacité a déjà été mise en question. Alors que l'incertitude sur l'issue du scrutin électoral et les suspicions de fraude provoquent une nouvelle flambée de violence dans la capitale, Port-au-Prince, que près d'un million de personnes vivent toujours dans des campements insalubres livrés aux gangs, l'action onusienne est ressentie une nouvelle fois comme un échec, échec d'ailleurs pleinement reconnu par M. Ricardo Seitenfus, qui représente l'Organisation des Etats américains (OEA) en Haïti depuis 2008 : « Haïti est la preuve de l'échec de l'aide internationale », a-t-il concédé dans une entrevue accordée au journal suisse Le Temps le 20 décembre. Immédiatement après ces propos, le haut fonctionnaire a été rappelé au siège de l'organisation.
La Minustah est la cinquième mission de maintien de la paix organisée sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies (ONU), qui compte dix-sept ans de présence dans le pays. Elle a fait suite à l'intervention américaine qui renversa le président élu Jean-Bertrand Aristide : son mandat de « restauration de la démocratie » ne manqua pas de susciter quelques doutes parmi la population (...)
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-01-12-Haiti
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